Mais qu’est-ce qui se passe ?

Ces derniers temps… Jeanne ne contrôlait plus sa vie. On la baladait. A droite. A gauche. Souvenir, Grande Prêtresse, Famille, Amis, Amante. Pourquoi ? Pourquoi elle ne pouvait plus avoir de choix ? On la tire. Elle suit. Peut-être… qu’elle était trop fatiguée pour réfléchir.Ou qu’elle n’était plus assez forte pour prendre des décisions. Elle subit. Encore une fois.

Son esprit était embrouillé. Pourquoi ? Pourquoi il fallait que ça se passe comme ça ? Ils auraient… Ils auraient pu faire différemment. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Jeanne regarde derrière elle Malta qui avait décidé de lutter seule contre les Démolosses. Pourquoi cette guerre ? Elle n’avait… aucun sens. Même pour les Démolosses. C’était absurde. Pourquoi personne ne voyait ça ?

C’est simple. Il n’y avait qu’elle qui avait vécu dans les deux mondes. Ne pourrait-on pas parler d’univers, à ce niveau là ? Chacun voyait l’autre comme un ennemi.



Un murmure, un souffle, un songe. Impossible de l’entendre. Il n’y avait qu’elle pour voir cette folie. Cependant, elle n’avait plus la force de s’opposer à quoi que ce soit. Sa mère avait raison finalement. Elle était tellement chamboulée qu’elle ne pouvait plus rien faire. Juste être une spectatrice. Encore. Quelle funèbre tragédie. Des morts dans les deux camps. Des visages familiers. Malta. Jeanne avait déjà perdu des soldats, mais jamais elle n’avait eu aussi mal au ventre en voyant ce désastre.


Après les éboulements, Jeanne relâcha la main de Laurel pour aller vomir. Elle pleurait de nouveau, ne sachant pas à qui elle devait adresser ses prières et son âme hurlait à la mort. Son coeur saigne. Aucune blessure physique et pourtant, elle avait tellement mal qu’elle pensa un instant qu’elle ferait tout pour que tout s’arrête.



Komodo était dans les bras de sa soeur évoluée. Probablement aussi triste qu’elle que Malta soit partie pour toujours. Il l’aimait bien, Malta. Elle était forte, Malta. On leur avait dit que la mission était risquée, mais naïvement, il pensait que tout se passerait bien. Le grand frère ne savait pas quoi dire.

Tourmaline et Nival regardait Jeanne en faiblesse. La mentali s’en voulait. Si seulement, à ce bal, elle avait pu empêcher Ténébrae de l’emporter avec elle. Ils n’en seraient pas là. Il n’y aurait pas eu de blessé et Malta… Cette dragonne au caractère ronchon était un pilier dans la famille. On avait l’impression que rien n’aurait pu l’arrêter.

Hématite et les autres pokémons s’approchèrent et beaucoup sentirent l’atmosphère lourde. Invar chercha immédiatement Malta et en croisant le regard lourd du Goupix des neiges, il comprit. Il avait du mal à le croire, mais… Il gonfla la poitrine. Jeanne n’était pas encore en état de diriger, c’était prévisible. Il pleurait. Plus tard.

Falkor s’approcha de Jeanne et vint lui léchouiller le visage. Cela lui rappela un vieux souvenir… D’une demoiselle qui s’isolait pour ne pas montrer ses émotions. Allons Jeanne, Croc Bleu, ou Vagabonde… N’as-tu pas appris ?
Non. Elle avait oublié. Mais Jeanne arbora un minuscule petit sourire en revoyant tous ses êtres dont elle avait rêvé. Elle les caressa un par un, les nommant avec une précision hallucinante. Atre l’attrapa dans ses bras et la fit tourner dans tous les sens, bien heureux de la retrouver. La petite Laurel avait bien dû mal à s’accrocher à l’épaule de Jeanne  mais, elle les connaissait tous. Elle les avaient vu combattre le Roi Dragon. C’était des pokémons de confiance et plutôt balèze.
Ouai, elle n’avait pas tout saisi à la situation.

Hématite mit fin à tout ceci en attrapant la main de Jeanne. Tous les pokémons se tournèrent une dernière fois vers les éboulement, adressant un dernier hommage à cette courageuse dragonne qui avait payé sa vie pour sauver leurs précieuses amis… Mais il ne souhaitait pas que ses efforts soient vains. Il fallait avancer.
La mettre en sécurité. L’aider à se rétablir. Parce que là, c’était à peine si ses yeux semblaient vivants.

Une petite boule de poil rose vint enrouler un ruban autour du poignet de Jeanne pour la soulager. Cela fonctionna. Un petit peu. Elle se revenait dans le présent. Ah oui… Rentrer les pokémons.
…
Ah… Elle avait oublié la captis ball de Laurel.
Quant à ses autres compagnons… Ce n’était pas elle qui avait leurs sphères.



Atre pouvait être rapide et porte Pyrite et Komodo. Falot lévitait sans effort. Zen… Il pouvait monter sur le dos d’Invar et s’accrocher. Tourmaline et Nival ne prenaient pas beaucoup de place sur la Léviator. Laurel resterait dans ses bras. Quant à Kita, elle pouvait sauter sur le dos de Papy-Dragon. Cette stratégie lui semblait familière, comme si elle y avait déjà pensé, mais oublier.
Oui. C’est possible. Après tout, on lui a fait perdre la mémoire.

Jeanne regarda Kira s’adresser à un bébécaille et un salamèche. Elle commença alors un discours encourageant ce qui sembla motiver les deux pokémons et Croc Bleu avait eu la gentillesse d’attendre que les deux acceptent pour donner son avis.



Jeanne lâcha la main d’Hématite et s’avança vers… vers son amie. Du moins, c’est ce qui lui semblait.





Son visage transpirait de non-dit. Mais elle se résigne en poussant un soupir. Elle n’avait pas envie d’en dire plus. Cela servait à rien. Ses mots servaient à rien. Ils n’avaient jamais changé quoi que ce soit. Sauf à empirer les choses.
Il fallait fuir, c’est tout.

Jeanne s’approcha de Laurel. Que dire ? Elle-même avait du mal à garder l’esprit clair, sans compter son sens du timing pour le moins légendaire. Elle l’attrapa par la main et posa la deuxième sur son épaule.



Et c'est ainsi qu'on ouvre un troisième chapitre dans son histoire.


Ps : x-x
Crédit gif : LaurieSparx