Ayant laissé le champ libre à son ami de Ran, la demoiselle aux cheveux bleus resta en retrait. Apparemment, elle avait bien fait car voilà que le cavalier se prenait pour un héros avec sa posture spécifique. Mila se mit alors à rire doucement, en espérant que Baal n’entendrait rien. Il avait fière allure ainsi, mais cela n’impressionnait pas la jeune femme. Au contraire, elle aurait pu également se charger du Drakkarmin. Du moins, c’était ce qu’elle pensait. Mais elle ne le saurait probablement jamais, car la motivation de Balthial était à son paroxysme. Il rassembla son équipe et la Bleuette devina qu’ils allaient attaquer en groupe. Cela n’était pas très fair-play, mais le dragon était le fautif. Il y avait d’autres façons de régler ses problèmes qu’avec la violence. Bon, sauf quand le camp adversaire ne voulait pas entendre raison bien entendu. Et ce Pokémon-là était bien trop dangereux pour les autres. La Teddiursa avait fini par fuir après l’exclamation du Ranin. C’était dommage car Mila aurait bien aimé lui offrir un biscuit ou une baie. En tout cas, le Balbuto était toujours là, et le Piafabec aussi.

Alors, tandis que le cavalier s’occupait de l’écailleux, Mila entendit le ricanement de l’oiseau fougueux. Il n’était pas parti bien loin celui-là ! Et son comportement ne plaisait pas trop à la jeune femme. Bien sûr, elle voulait le laisser tranquille mais… Elle était dans une période particulière. Si bien que son envie de combattre s’éveilla en entendant le Piafabec. Elle imagina que Garuda avait besoin de combattre aussi. Le rapace de fer était resté bien calme depuis un moment, malgré le fait qu’il ait fait fuir la créature malpolie. En bref, c’était le moment idéal de délier les langues car il ne faisait aucun doute que Mila et ses Pokémon avaient envie de combattre. Après tout, ils étaient là pour cela ! Balthial menait sa propre bataille, alors ils devaient en faire de même. L’érudite se tourna donc vers son oiseau, avant de montrer le Piafabec moqueur.


Garuda acquiesça avec un cri puissant. Oui, elle avait bien besoin de lui faire ravaler sa langue à celui-là ! Se moquer du malheur des autres était une très mauvaise chose. Mila demanda alors à ses autres Pokémon de patienter. Ils auraient certainement l’occasion de se défouler à leur tour. L’Airmure s’envola ensuite et fonça droit vers le moineau. Celui-ci s’envola à son tour et une course poursuite aérienne eut lieu. La Bleuette ne quittait pas la cible des yeux. C’était Garuda qui avait l’avantage… Cela dit, le Pokémon sauvage avait de la ressource. Il utilisa la capacité Poursuite pour retourner la vapeur. En un instant, il se retrouva derrière l’oiseau de fer, la poursuivant à son tour. Le combat serait très long s’ils ne réagissaient pas.


C’était un plan assez étrange sur le principe. Pourtant, il faisait sens car le Piafabec était le poursuiveur. Il n’y avait pas grand-chose à faire pour la femelle d’acier qui n’avait pas les bonnes capacités pour le moment. De plus, sa défense était plutôt bonne alors elle encaisserait le coup. Faisant donc confiance à son humaine, l’Airmure se posa en toute hâte, et à peine elle eut le temps de se retourner que le Piafabec lui asséna une capacité Furie. Ses coups étaient très précis, peut-être grâce à son talent, mais cela était insuffisant. Ces coups de bec ne percerait jamais les défenses de Garuda. C’était le moment de répliquer.


Elle s’exécuta  et trancha l’air avec son aile aiguisée. L’onde provoquée renversa le moineau belliqueux qui tomba au sol. C’était le moment d’enchaîner.


Et effectivement, l’attaque fit mouche. Les coups de bec de l’Airmure étaient bien plus impressionnants. Ainsi, le Pokémon sauvage avait apparemment son compte… Il s’enfuit. Mais l’instant d’après, il était de retour, frappant dans le dos de son adversaire sans gêne ! Garuda eu donc à essuyer l’attaque Poursuite. Cela infligea plus de dégâts, mais surtout, c’était mal. Mila n’avait pas apprécié cela de la part du Piafabec.


Entre temps, le cavalier venait de finir son Drakkarmin. C’était une bonne nouvelle. La Bleuette devait accélérer la cadence pour ne pas se faire distancer par son ami. Elle demanda alors à Garuda d’entraîner le moineau avec elle dans les airs. Les deux oiseaux échangèrent ensuite des coups n’équivalents pas à des capacités typiques. C’était plutôt un échange de force entre deux oiseaux. Et au bout d’un moment, le Piafabec était épuisé. L’Airmure était légèrement plus puissante, et surtout, plus endurante. C’était le moment pour le coup final.


L’ultime attaque fut Griffe Acier. Elle envoya le moineau au sol avec force. Voilà à quoi ressemblait un véritable combat. Il était encore plus féroce que celui de Tiamat contre Garuda. Mila tremblait un peu à cause de la tension, mais elle avait gagné avec son amie. Ainsi, la demoiselle rejoignit le Piafabec farceur et elle le soigna grâce à des baies. L’oiseau n’en demanda pas plus et quitta les lieux en criant son mécontentement. Ils pouvaient enfin souffler. Ou presque.

Si le Balbuto était encore en train de tourner (oui, c’était possible), Nepenthes avait abandonné. Ce n’était plus amusant pour lui. Tiamat avait fini par rejoindre les Pokémon de Balthial pour les jauger et Amarok attendait, patient. Mais voilà, Mila n’eut le temps de rien faire d’autre que des Pokémon apparurent. Elle fut en effet rejointe par un Coupenotte femelle et un Pompepik. Si la dragonne avait l’air sympathique, ce n’était pas le cas de la pomme de pin… Quant au Ranin, il devait composer avec un Tylton et un autre Drakkarmin. Mais cette fois, la situation était beaucoup plus simple. Ces deux-là s’amusaient, en chantant à leur façon. C’était joli à entendre. Pour la Bleuette, le moment n’était plus au combat.

Elle invita alors les créatures sauvages à rejoindre tout ce beau petit monde. Seul le Pomdepik fut retissant, mais grâce à la Coupenotte, il accepta. Finalement, ils partagèrent tous un goûter de baie. Heureusement, à eux deux, les humains avaient de quoi nourrir le groupe. Mai le stock était à présent vide, alors il faudrait faire avec. La panse pleine, trois Pokémon sur les quatre quittèrent les lieux. Il ne restait que la gentille Coupenotte. Elle appréciait la gentillesse de Mila et elle voulait rester un peu avec eux. Quant au Balbuto, il avait mangé lui aussi et avait cessé de tourner. Il discutait à présent avec Garuda qui se reposait après son combat. La situation était bonne.


Tandis qu’ils profitaient de l’instant, ils pouvaient bien échanger un peu. Après tout, c’était le but de l’entraînement et la Bleuette était heureuse que tout ce soit bien déroulé. Mais peut-être qu’ils n’en avaient pas fini avec cette chaude journée…

Alors que le bonheur régnait actuellement, Mila n’attendait que la réponse de son partenaire de travail. Son combat contre le Piafabec sauvage lui avait-il plût ? Effectivement, c’était le cas. Le cavalier complimenta non pas une mais deux fois la Bleuette. Elle sentait son visage devenir un peu chaud, mais cela était aussi dû à la chaleur du canyon. Cela dit, elle était bien forcée d’admettre que les paroles de Balthial lui faisaient plaisir. Après tout, la jeune femme avait su tiré parti de son entraînement à elle pour transposer son apprentissage sur celui de sa Airmure. Cela n’était pas banal venant d’une érudite qui était encore novice du combat Pokémon il y a quelques temps de cela. Alors oui, Mila était comblée en cet instant. Ses Pokémon profitaient d’un moment de calme et de partage. Ils avaient bien mangé et étaient bien contents. Toute leur tension s’était évaporée après le combat mené par Garuda. Si bien que Tiamat dormait à présent. Amarok patientait,  il observait les lieux d’un œil distrait. Quant au rapace, elle discutait toujours avec son nouvel ami des sables. Naga, elle, avait regagné une nouvelle fois sa Ball pour éviter le dessèchement. Même la Coupenotte sauvage était sage.

Il n’y avait bien que le petit Saehr pour faire des bêtises d’enfant. Le petit Mélo s’ennuyait alors il invita son humain à jouer avec lui. Attendrie par ce spectacle, Mila resta silencieuse, un doux sourire lui étirant le visage. Elle pouvait voir que le cavalier était vraiment une personne au grand cœur et la demoiselle ne regrettait pas d’avoir fait appel à lui pour l’entraînement. Certes, ces deux-là n’étaient pas issus du même royaume, ni du même milieu, mais leur amitié existait bel et bien. Néanmoins, la Bleuette ne put pas continuer de rêver car d’un seul coup, le Ranin se redressa, délaissant son Pokémon. Il était sur ses gardes. De ce fait, Mila retrouva également son sérieux. Elle s’attendait à devoir combattre une nouvelle fois. Après tout, il y avait vraiment des Pokémon farouches par ici, ce qui n’était pas étonnant compte tenu du fait que le canyon était un endroit aride.

En premier, ce fut une nouvelle dragonne qui déboula. Après l’expérience avec le Drakkarmin, la noble sentit son corps se tendre de tous ses muscles. Cela dit, la Draïeul n’avait vraiment pas l’air agressive. Son regard était doux, quoiqu’un peu fatigué et surtout, elle ne poussait pas de rugissements effrayants. Le reptile s’approcha donc de Mila et cette dernière attendit de voir ce qu’il pouvait se passer. De son côté, Balthial avait moins de chance. Il fut confronté, en quelque sorte, à deux Pandespiègle en plein combat. Pour le territoire ? Non, ils avaient l’air jeune. Peut-être qu’ils s’entraînaient eux aussi. Dans tous les cas, l’érudite n’eut pas le loisir de continuer son observation car un caillou fut propulsé devant ses yeux. Puis un autre. Et encore un troisième qui, cette fois, percuta les ailes cuirassées de Garuda. Avec un bruit métallique, la femelle tourna la tête vers le lieu du jet. Elle n’avait pas eu mal, mais c’était agaçant.

L’instant d’après, la gentille Draïeul se plaça devant Mila et ses compagnons en faisant office de bouclier contre les pierres. Elle n’était vraiment pas dans le genre du dragon de tout à l’heure… Cela toucha Mila en plein cœur et elle ne pouvait pas laisser le Pokémon prendre des coups à sa place. La demoiselle se leva donc et chercha la cause de la projection des cailloux. Au début, elle ne vit rien. Puis en une seconde, un Racaillou d’Alola apparut pour lancer un projectile avant de retourner se cacher. Ce manège n’avait pas échappé à l’érudite cette fois-ci. Le Racaillou n’avait pas l’air d’être un Pokémon foncièrement mauvais mais son comportement était déplacé… Et quelque peu dangereux. Dame Valni décida de voir cela avec lui directement, alors que le Ranin devait se débrouiller avec le duo de panda.

La demoiselle s’approcha donc de la roche vivante, les mains sur les côtés, dans une position de réprimande. Elle se posta devant l’agresseur caché et elle racla sa gorge. Timidement, le Racaillou passa sa tête, puis se cacha de nouveau en voyant la dame.


Un petit rire s’échappa de Mila. Elle ne voulait pas faire mal au Racaillou mais il n’avait pas le droit de leur lancer des pierres ainsi. Il devait avoir un problème, tout simplement.


… La créature sauvage resta silencieuse et cachée. L’érudite demanda alors à la Coupenotte et à la Draïeul de faire du pourparler. Les deux dragons acceptèrent sans peine et cela réjouit la Bleuette. Elle ne s’attendait pas à ce que les deux femelles soient d’accord pour l’aider. Mais à croire que sa bonté naturelle était suffisante pour convaincre. La discussion commença quand le caillou vivant accepta de sortir de sa cachette. Bien sûr, il gardait un œil sur Mila, mais elle restait en retrait pour ne pas l’effrayer. Au bout de quelques minutes, une solution se dégagea. La Coupenotte se dirigea vers le Balbulto de tout à l’heure et elle lui parla. L’étrange Pokémon ne dégageait aucune expression mais il semblait avoir compris quelque chose. Il alla à la rencontre du Racaillou et le duo minéral semblait heureux ainsi.


Ainsi, les deux Pokémon plutôt étranges allaient partir, quand la Draïeul amicale poussa un petit cri. Elle souhaitait accompagné ces deux-là pour leur offrir sa protection, après l’avoir offerte à l’érudite. Ainsi, ce ne fut plus un duo mais bien un trio qui quitta les lieux. Mila avait retrouvé son si beau sourire en voyant cela. La coopération entre les Pokémon était vraiment une chose formidable à ses yeux. Cela dit, quelque chose perturbait la jeune femme. La Coupenotte était toujours présente. Comme si… Comme si elle ne voulait pas quitter ces deux humains. La Bleuette allait devoir tirer cela au clair, mais pour le moment, il y avait déjà le cas des Pandespiègle à gérer. Du moins, Mila devait s’assurer que Balthial s’en sorte avec ces deux énergumènes.

Après les adieux, Mila s’occupait en observant son ami résoudre le conflit entre les deux pandas. Ces deux petits êtres étaient bien trop hargneux pour leur taille. Cela dit, c’était certainement l’un de leur trait de caractère symbolisant les Pandespiègle… La Bleuette n’en savait rien mais cela ne l’empêchait pas d’observer la scène avec attention. Dans un premier temps, Balthial avait tenté la voie de la diplomatie. Pour l’érudite, c’était un bon point. Elle avait résolu bon nombre de conflits grâce au dialogue après tout. Les mots avaient ce pouvoir d’être parfois aussi puissant que la meilleure des lames. Néanmoins… Dans la situation actuelle, cette attitude pacifiste était inutile. Les deux mammifères se fichaient bien de ce qu’un humain pouvait dire. Mila était amusée à présent. A n’en point doutait, le cavalier n’allait pas en rester là. Il avait beau être digne d’un chevalier servant, il cachait cet esprit combatif qui ne plierait pas devant l’adversité. L’instinct de la jeune femme ne la trompa pas car l’épée du Ranin vint se planter entre les deux Pokémon.

Surpris, ils frappèrent l’un et l’autre la lame et un bruit métallique résonna l’espace d’un instant dans le canyon. La demoiselle se rappela alors la dangerosité de leur lieu d’entraînement. En effet, ces escarpements n’avaient pas à rougir face à un volcan par exemple ! La hauteur était conséquente et il fallait être très prudent pour ne pas glisser sur une roche et tomber. Suite à cette pensée, la gorge de Mila se serra. Mais inutile de se préoccuper de ce genre de chose, après tout, ils faisaient attention à leur environnement. Retour donc sur la bataille entre les deux Pandespiègle. Cette fois-ci, après que le dialogue simple fut purement inutile, Balthial opta pour une approche plus agressive. Il était d’ailleurs épaulé par son équipe. Rapidement, les deux pandas n’en demandèrent pas plus et ils prirent la fuite. La Bleuette fut quelque peu surprise par le dénouement de la situation. Elle s’attendait à un combat mais il n’en fut rien. D’ordinaire, elle aurait pu s’en réjouir mais là, c’était différent. Bien entendu, elle était heureuse de voir qu’il n’y avait pas de blessé, surtout chez les Pokémon. Mais tout de même, c’était un bon entraînement de perdu !

Voilà qu’elle pensait comme une guerrière. Cela la surprenait réellement. Mila n’était pas chevalier ou même apprentie… Elle était érudite et elle étudiait, elle ne devait pas vouloir le combat. Cela dit, c’était un détail qui ne méritait pas que l’on s’attendre dessus. Pour le moment sans doute. Le conflit était réglé et c’était le plus important. D’autant plus que le Ranin était désormais silencieux et qu’il observait la dame et le dragon sauvage. Comme si quelque chose était censé se produire. Remarquant cela, la femme de Kuni se mit à rougir un peu, ne sachant pas trop quoi faire. Bien sûr, l’idée de capturer la Coupenotte lui avait traversé l’esprit. Elles se ressemblaient après tout. Mais… Est-ce que cela était la bonne solution ? Est-ce que le Pokémon accepterait de venir ? Mila refusait de perdre la face devant son professeur de la journée. C’était une question de fierté spontanée, très certainement. En tout cas, après sa défaite à l’épée, la dame n’avait pas envie de se montrer faible de nouveau.

Malgré cela… Mila devait bien avouer que la créature en écaille lui faisait de l’œil. La Coupenotte attendait, paisible. Peut-être que son but était de rejoindre l’érudite aux yeux bleus ? De toute façon, c’était assez étrange de rester debout à attendre que quelqu’un prenne la parole, alors la Bleuette se lança…


Ces félicitations sonnaient néanmoins à moitié justes et à moitié fausses. Non pas que Mila ne reconnaissait pas le talent de son ami, mais elle avait la tête ailleurs, alors sa voix la trahissait.


Au moins, elle l’avouait, bien que cela fût embarrassant.


Interpelée, la créature sauvage mais gentille, observa Mila de ses grands yeux. Elle avait une bouille qui ne laissait pas la jeune femme indifférente.


La Kunioise se mit à fouiller dans sa sacoche qu’elle avait posé un peu plus loin. Elle rapporta une Captis Ball et la tendit à la dragonne verte.


La situation pourrait être qualifiée de ridicule actuellement. La Bleuette était sincère, elle ne voulait pas se battre avec un Pokémon aussi gentil. Même si les combats Pokémon pouvaient parfois être réalisés dans les règles et en toute beauté, c’était tout de même quelque chose que la noble voulait éviter. Alors le plus simple était de proposer directement à la créature de rejoindre l’équipe… Ce qui n’était pas une mauvaise idée en soi, mais la Coupenotte ne semblait pas très réactive sur le moment. Mila se sentait alors un peu mal. Elle ne voulait pas forcer la patte à la dragonne et la situation semblait bloquée. Désemparée, Dame Valni déposa sa Ball au sol et piétina un peu, essayant de ne pas montrer sa gêne. Sans succès.


Elle avait beau essayé de garder la tête froide, Mila n’en était pas moins déstabilisée. Seule, elle aurait probablement rit de la situation avec bonheur. Mais là, c’était différent. Il y avait Balthial Zajin et c’était important pour la demoiselle. Plus question de faire l’idiote en sa présence, elle voulait lui montrer de quoi elle était capable. Grâce à lui, elle avait pris une grande décision. Toutefois, tout ne se passait pas toujours comme prévu et la jeunette n’avait pas l’habitude de ce genre de situation. Alors aussi forte qu’elle voulait être, Mila ne s’attendait pas à un refus et elle ne savait pas quoi faire en présence de son ami de Ran.

Ainsi, la Bleuette allait tout abandonner et demander à partir, lorsque la Coupenotte réagit enfin. Elle se déplaça jusqu’à l’humaine et elle plaça une de ses petites pattes sur la jambe de la noble. Cette dernière quitta ses pensées grâce au toucher et fut surprise de voir la proximité du dragon avec elle. Mila lui sourit alors, bien que ce sourire ait une touche de tristesse en lui. C’était un peu bête à y penser. Ce n’était pas la fin du monde si un Pokémon refusait d’intégrer l’équipe, n’est-ce-pas ? Et pourtant… Toujours fut-il que la demoiselle pouvait remercier son destin plus tard, car la dragonne poussa un petit cri mignon et se plaça à côté de la Captis Ball. Ne sachant pas vraiment comment réagir, la Bleuette balbutia quelque chose.


Le destin dicterait la suite des évènements.

Le regard posé sur la Coupenotte, Mila observa ses moindres mouvements. La gueule de la dragonne semblait sourire, bien que cela soit difficile à voir à cause de ses énormes quenottes ! Puis l’instant d’après, c’était une petite patte qui activa la Captis Ball. La boule bougea dans tous les sens, avant de s’immobiliser. Il régnait alors un sentiment de confiance entre l’humaine et le Pokémon. La Bleuette éprouvait un énorme soulagement désormais. La petite femelle avait accepté ses sentiments, comme l’avait fait Naga avant elle. Ce n’était pas la manière la plus classique de faire une capture, mais c’était celle qui convenait le mieux à l’érudite. En effet, elle préférait éviter les combats pour ne pas créer de souffrances inutiles. Bien que parfois, cela était inévitable et certains Pokémon voulaient jauger l’humain avant.

Mila ramassa donc doucement la Captis Ball et la plaça contre sa poitrine, dans un geste protecteur et maternel. Un nouvel ami pour la dame de Kuni… Elle devrait remercier sa petite créature comme il se doit une fois rentrer à l’auberge. Là pour le moment, il était peut-être temps de songer à partir pour de bon. Le Soleil commençait déjà à disparaître et la température à chuter. D’ailleurs, après des félicitations (décidemment, Balthial était trop généreux en mot), le jeune homme eut la même idée, puisqu’il envoya Sleipnir chercher un abri. Du moins, c’était ce que supposait Mila en voyant la petite zèbre partir. Il fallait aussi que tout le monde se repose, alors la demoiselle s’assura que ses Pokémon, sauf Amarok, étaient en sécurité dans leurs Balls. Ensuite, le cavalier vint se placer devant elle et lui proposa quelque chose.

Rester sur place, en passant la nuit à la belle étoile ? Ou bien repartir, tout simplement. La première idée n’était pas celle qui était venu en tête de l’érudite… Néanmoins, elle était attirante. Cela pourrait être une bonne expérience après tout ! Bien sûr, en vingt-cinq ans d’existence, la Bleuette avait déjà eu l’occasion de dormir sans toit sur la tête. Mais pas dans un lieu aussi dangereux, car il ne fallait pas se leurrer… Ici, ce n’était pas très prudent de rester sans précaution. Il y avait des roches pointues, une température tantôt chaude, tantôt froide. Et puis il y avait les Pokémon sauvages, et en particulier les reptiles… Ils étaient nombreux dans le Canyon, en témoignaient leurs rencontres d’aujourd’hui. Mila opterait donc pour rentrer. Ses amis étaient exténués et la jeune femme ne voulait pas les mettre en péril pour une envie puérile.

Ainsi, alors que Sleipnir revenait de son expédition, avec une trouvaille à la clef, Mila donna son avis.


Cela sonnait presque comme un regret. En fait, s’en était un. Mais tant pis. La demoiselle de Kuni ne pouvait pas se permettre de placer son égoïsme avant le reste ! Elle croisa donc les bras contre elle, pour se tenir chaud, et aussi à cause de la gêne.


Mais alors que la Bleuette s’apprêtait à avancer pour indiquer le départ, elle remarqua qu’Amarok était tendu. Le Dynavolt ne bougeait plus.


Il y avait un problème… Mais quoi ? Des monstres de poche allaient-ils faire leur apparition une nouvelle fois ? Amarok n’avait pas peur de l’obscurité en tout cas et il faisait encore assez clair, car le Soleil n’était pas encore couché. Non… C’était une sensation différente. Le chien vert n’avait pas pour habitude d’être aussi tendu. Mais lorsque Mila voulu s’enquérir de sa santé, le Dynavolt se mit à renifler frénétiquement le sol, ce qui surprit son humaine. Il avança ensuite de plusieurs pas, la truffe au sol… Puis il aboya deux fois avant de se mettre à courir. Sans attendre quoi que ce soit, Mila en fit de même, elle ne pouvait se résoudre à laisser son Pokémon partir seul.

Rapidement, Balthial les perdit de vue car l’endroit était trop accidenté. Il fallait faire très attention à ne pas chuter. De plus il commençait à faire vraiment sombre, malgré la Lune qui pointait le bout de son nez. La Bleuette ne remarqua même pas que le cavalier de Ran n’était pas derrière elle. Au bout d’un moment, son souffle devenait tranchant. Amarok ne s’arrêtait pas, il bondissait partout et Mila devait faire des détours pour le suivre.


Puis, en bout de course, le chiot se stoppa net. Il fut rejoint par son humaine aux cheveux bleus. Cette dernière poussa un long soupir, avant de reprendre une respiration plus saccadée. Elle voulait ensuite récupérer son Pokémon et faire marche-arrière, mais elle sentit quelque chose d’étrange. Comme un regard pesant… Reprenant ses esprits, la Bleuette releva doucement la tête qu’elle gardait penchée et, surprise. Il y avait quelqu’un au bout du plateau rocheux. Il semblait porter un masque... Un frisson parcouru l’échine de la Kunioise. Qu’est-ce que c’était que cela… ? Mila tenta alors une approche très incertaine.


Doucement, Mila attrapa Amarok dans ses bras, mais lorsqu’elle tourna les talons, elle se retrouva nez-à-truffe avec… Un Démolosse ?! La peur lui monta dans les tripes et la demoiselle recula de plusieurs pas avant de tomber à la renverse. Elle cria également pendant le processus. Sa voix se réverbéra entre les rochers et dans le vide, et nul doute que Balthial l’aurait entendu. Mais enfin… Un Démolosse, c’était vraiment pas de chance ! En effet, l’érudite en avait une peur bleue. Sur tous les Pokémon qu’elle pouvait rencontrer, c’était peut-être le pire. Son apparence démoniaque, ses crocs acérés et son hurlement des ténèbres… Et puis aussi, ce jour où…


Une voix sinistre s’éleva, c’était l’homme qui se trouvait derrière elle. La demoiselle voulu se remettre sur ses pieds, mais elle en était pour le moment incapable, la peur était trop présente. Mais Amarok ne se laisserait pas faire ! Il bondit des bras de Mila et se présenta, menaçant, devant l’autre canidé. Le Démolosse le dévisagea mais il ne fit rien de plus. En fait, les secondes qui suivirent furent étrangement calmes… La jeune en profita pour se relever, doucement. Elle entendit ensuite des pas dans son dos, mais son regard ne pouvait pas quitter le chien des enfers. Tout à coup, quelque chose effleura sa chevelure, suivit de son épaule. Un souffle dans son cou. D’un seul coup, l’érudite se retourna et fit un pas en arrière pour s’échapper de l’étreinte future de l’inconnu. Son cœur rata un battement tant la situation semblait irréelle. Amarok poussa un cri en direction de l’agresseur, l’avertissant de ne pas s’approcher encore une fois. Il portait un masque à l'effigie de son Pokémon, effrayant.

Quoi ? Pas encore ! Ce personnage lui rappelait les bandits de Mido. Non cette fois, elle ne manquerait pas de courage et de force pour faire face à son adversaire. Tremblante, Mila agrippa Sieglinde, du moins le pommeau, en signe de défense. L’autre ricana et claque des doigts. Son Démolosse surgit de derrière la jeune femme et bondit sur le Dynavolt. Les deux chiens se livrèrent un combat de morsures rapides et des touffes de poils volèrent dans l’air.


N’écoutant que son instinct, Mila sortir la lame de son fourreau et voulu frapper le chien noir avec. Mais ce dernier fut très vif et il attrapa l’épée dans sa gueule. La vision était horrifiante pour la jeune femme, si bien qu’elle en lâcha son arme et eu de nouveau un mouvement de recul. Amarok revint ensuite vers elle, toujours prêt à la défendre. Le Démolosse n’attrapa pas Sieglinde et se contenta de revenir auprès de son maître.


Dans un geste lent, l’homme dégaina effectivement une épée. Le bruit de l’acier qui frotte résonna, c’était sinistre. L’inconnu se mit ensuite en position pour débuter un combat. Mila n’avait pas d’autre choix que de se joindre à cette danse spéciale. Elle attrapa donc Sieglinde, tremblante et se tint prête devant l’homme. Celui-ci s’élança le premier et il fit reculer la demoiselle sans mal. Un coup, puis un autre. Mila se faisait débordée avec une facilité déconcertante. Néanmoins, elle reprit un peu de force avec le désespoir et parvint à parer quelques coups. Cela dit, ce fut une tentative bien inutile… Son agresseur la désarma, le métal frottant l’un contre l’autre. Sieglinde tomba au sol, plus loin, la femme avait perdu cette joute.


Un frisson parcouru encore le corps de la Bleuette. Elle détestait la façon dont cet homme disait son prénom. Et puis comment le savait-il pour commencer ?! Amarok tenta de protéger la dame, mais il fut plaqué au sol avec violence par le Démolosse. Son couinement glaça le sang de la noble. Une main s’approcha d’elle, et elle ferma les yeux, impuissante en cet instant. Sa force… Pourquoi la situation se répétait-elle encore… ?

L’espoir quittait Mila. Que pouvait-elle faire face à un homme aussi mystérieux et compétent ? Il l’avait désarmé sans même une once de difficulté… C’était comme si un enfant affrontait un adulte qui avait déjà plusieurs années d’expérience devant lui. Comme si Mila n’était rien de plus qu’une gamine parfois capricieuse et qui prenait ses désirs, ses idéaux… Pour la Réalité. Au final, elle se retrouvait sur le sol, impuissante face à un inconnu qui semblait la connaître. Mais pas elle. Raison de plus pour avoir la rage au ventre. Qui était-ce ? Comment connaissait-il son prénom, et plus encore, son existence ? Cet homme-là semblait savoir des choses qu’elle-même ignorait… La frustration gagnait en intensité à chaque pensée. Amarok passait également un sale quart d’heure, et pourquoi ? Il manquait d’entraînement et de force. Cela n’était que de la faute de l’érudite… Même des enfants parvenaient à faire évoluer des Pokémon ou au moins à les rendre vifs et puissants. Là, le Dynavolt pouvait seulement souffrir des morsures qu’il recevait. Ces morsures que… Mila ne s’en souvenait que trop bien. Elle avait peur de Démolosse, vraiment très peur. Si bien qu’elle n’osait plus le voir.

…

La Bleuette rouvrit les yeux lorsqu’elle entendit le bruit d’un choc. D’abord, elle vit cet individu qui lui voulait du mal. Enfin, elle voyait son masque horrifiant. Mais ensuite, elle aperçut en arrière-plan que le canidé des enfers avait des problèmes. L’instant d’après, c’était à son dresseur d’avoir quelques difficultés. Balthial. Le cavalier était arrivé et il menaçait l’homme de son épée. Mila n’apprécia pas le ton agressif de son ami, mais elle ne pouvait pas le blâmer de lui avoir sauvé la vie… Elle tentait déjà de reprendre ses esprits, c’était le plus urgent. Quant à Baal, il avait désormais la tâche de combattre l’agresseur. Ils échangèrent des coups féroces. Ensuite, le Ranin fit appel à ses Pokémon pour protéger la jeune femme. Mila réalisa alors la situation lorsque qu’Amarok vint lui donné un coup de museau désespéré. Son ami canin avait de sérieuses brûlures… Sans perdre un instant, la demoiselle rappella donc son fidèle compagnon, tout en le remerciement mentalement. Il avait besoin de repos et dans sa Ball, il ne risquait rien. En théorie.

Retour sur le combat entre les deux humains. Balthial semblait avoir un léger avantage car il parvenait à faire reculer l’adversaire… Mais ce dernier riait. Ce faisait froid dans le dos Derrière son masque de Démolosse, il était vraiment effrayant. Puis rapidement, le combat changea. Cette fois, c’était au cavalier de se retrouver en difficulté. De toute évidence, le Masqué avait fait exprès de lui laisser l’avantage… Dans le but de miroiter une victoire ? Peut-être. Le Ranin fut désarmé, comme Mila auparavant. L’inconnu restait donc intouchable et en position de force. L’érudite serra les dents, honteuse de son impuissance. Elle mettait Balthial et ses Pokémon en danger, en plus de cela ! C’était inacceptable. Son ami venait d’ailleurs de se faire entailler le bras. Heureusement, la blessure avait l’air superficielle mais s’en était trop pour la jeune femme.

Elle se releva. Son regard se planta sur le masque Démolosse. Le Pokémon, lui, attendait les ordres. Il était menaçant et Mila avait bien du mal à conserver son sang-froid… Elle souhaitait que tout cela ne soit qu’un mauvais rêve. Mais c’était impossible. C’était là la Réalité. Alors elle se réveilla mentalement. Peut-être qu’elle ne faisait pas le poids face à son adversaire. Elle était plus petite, plus frêle. Son talent à l’épée n’atteignait pas le sien. Ses Pokémon non plus, néanmoins… Il lui restait une petite force de caractère. Celle-là même qui ne se manifestait qu’en cas d’urgence. L’énergie du désespoir ? Certainement. Ainsi, la Bleuette s’avança entre Balthial et l’homme masqué. Même si ce dernier protestait, elle semblait ne pas entendre. Cet homme… Il la connaissait, il était là pour elle, c’était sûr. Il fallait qu’elle règle le problème d’elle-même.


Derrière le masque, l’inconnu éclata de rire. Il lui fallut quelques secondes pour revenir à un état normal…


Question rhétorique. Mais oui, elle le connaissait. C’était celui qu’utilise Krishna. Ou encore ses parents, lorsqu’ils étaient encore de ce monde…


Mila regarda Balthial en coin. Il bouillonnait, mais cette fois, il devrait attendre que l’érudite en sache plus.



Comment ? Le royaume de Sakai, c’était celui de naissance de Mila… Secouant la tête, elle ne comprenait pas là où l’homme venait en venir. Voyant cela, il clarifia les choses.



L’individu masqué ricana de nouveau. Il offrit ensuite une caresse à son Démolosse avant de dévisager la jeune femme.


Interdite, Mila regarda l’homme s’éloigné. Si Balthial tentait quoi que ce soit, elle l’arrêterait d’un geste de bras. L’agresseur était très énigmatique et il en savait beaucoup trop pour que la Bleuette se permette de l’ignorer. Ayden, elle, Sakai… Il y avait Serpang sous roche. C’était trop tentant et trop intriguant pour que la demoiselle refuse d’obéir. Il n’y avait donc qu’une chose à faire. Oubliant presque l’escarmouche, Mila se retourna pour regarder le cavalier. Elle avait un air désolé et triste… Mais également déterminé. Le cœur battant, elle posa la question qui lui brûlait les lèvres.