Il y a quelques jours, Mila avait envoyé sa Airmure en direction de Ran. Mais l’oiseau en armure n’était pas parti sans rien, il avait un message accroché à la patte. Il était inutile de préciser que la Bleuette attendait le retour de Garuda avec impatience. Non seulement elle s’inquiétait pour son Pokémon, ce qui était tout à fait normal. Mais la présence de la femelle à ses côtés lui manquait plus que prévu. Dame Valni n’avait pas pour habitude de se séparer de ses compagnons pour un bon moment. Pour ainsi dire, elle ne le faisait jamais… Dans le cas de Garuda, qui était une formidable messagère, elle l’avait bien envoyé plusieurs fois au travers de Vénovos. Mais le rapace revenait toujours en quelques minutes ou quelques heures. Jamais la créature de fer n’était partie aussi longtemps. Bien entendu, Mila savait que le voyage jusqu’à Ran prendrait du temps. Non seulement le royaume du sable était loin, mais en plus, il fallait que l’Airmure se repose régulièrement.

Tout cela mis à part, la demoiselle ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter pour sa Garuda. Avait-elle réussi à atteindre la ville de Balthial sans encombre ? Etait-elle actuellement sur le chemin du retour ? Mila se demandait également s’il existait des brigands des airs… Auquel cas, elle avait encore plus de souci à se faire. Une telle inquiétude était naturelle après son voyage à Mido. La belle commençait seulement à panser ses blessures de cette mauvaise expérience. Elle avait vraiment peur, à présent, de tomber sur des voleurs ou des kidnappeurs. Ainsi, Dame Valni ne traversait plus jamais la ville seule. Avant, cela lui arrivait quelques fois… Mais c’était de l’histoire ancienne pour le moment. Soit elle voyageait avec son tuteur, ce qui était normal. Soit l’érudite était entourée d’Amarok et de Tiamat, en plus d’avoir la surveillance ailée de Garuda. Dès qu’il y avait un problème, la demoiselle était avertie par ses Pokémon et elle faisait demi-tour… Cela pouvait s’apparenter à de la paranoïa, oui. Mais il ne fallait pas oublier que la jeune femme était encore novice au monde qui l’entoure. Si elle avait eu l’occasion de voyager plusieurs fois pour ses études, c’était toujours en bonne compagnie… Et l’érudite avait passé une bonne partie de son enfance recluse, n’ayant que son frère comme personnage du même âge, avec qui apprendre et s’amuser.

Une telle peur traumatique était inévitable. Mila le savait bien. Elle se connaissait suffisamment pour savoir que ce sentiment ne disparaîtrait pas avec quelques jours de repos. Non, ce que cette femme avait besoin, c’était de s’entraîner et de devenir plus forte. Pas seulement ses Pokémon, elle aussi en avait besoin. Cruellement. Plus que de la force physique, c’était de la puissance mentale qu’il fallait. Cependant, la Bleuette était prête à faire les deux entraînements en parallèle. Ainsi, elle pourrait reprendre ses études et ses voyages plus rapidement. Cela serait certainement éprouvant, mais tant pis… De plus, Balthial Zajin devait être son partenaire à l’épée et pour le combat Pokémon. Une telle perspective réjouissait la demoiselle. Mais pour cela, il fallait encore que Garuda rentre à la maison…

Une bonne heure plus tard, elle était toujours dans sa chambre, à la fenêtre. Dame Valni guettait l’horizon avec fébrilité. Le jour était déjà bien entamé et elle savait que l’Airmure n’allait pas être capable de se diriger de nuit. L’inquiétude grandissait alors… Même les autres Pokémon de Mila ne pouvaient rien y changer. Naga la Barpau était installée dans un bac d’eau en bois et elle lançait des regards curieux à son humaine. Amarok, qui était aux côtés du poisson, se sentait mal pour Mila. Il n’en menait pas large… Même Tiamat et Nepenthes étaient calmes pour une fois ! C’était dire que la situation était tendue. Aucun n’osait faire ses bêtises habituelles, et pourtant avec des énergumènes pareils, c’était facile…

Puis tout à coup, Mila poussa un cri de victoire. Elle se pencha ensuite par le trou dans le mur et elle agita les bras. Cela surpris Amarok qui se jeta aux pieds de son humaine aux yeux bleus. Il avait peur qu’elle tombe mais il n’avait rien pour l’agripper, la jeune femme était affublée de sa jupe habituelle. Il aboya alors et Dame Valni le rassura.


Le chiot pencha la tête sur le côté, puis il s’écarta. La fenêtre était trop haute, il n’y voyait rien mais si son amie oiseau était bel et bien de retour, elle aurait besoin de place pour se poser. L’instant d’après, l’armure volante apparue et cacha les derniers rayons du Soleil. Elle se percha d’abord à la fenêtre, puis entra à l’intérieur lorsque Mila l’y invita. Garuda ne se fit pas prier et elle s’installa en position de repos tout de suite après. Elle souffla un coup avant d’observer les autres Pokémon qui l’entouraient, curieux.


L’étreinte offerte par la Bleuette surpris l’oiseau dans un premier temps. Mais elle se détendit bien vite, profita de la douceur de l’humaine. Puis la femelle se rappela qu’elle avait, bien entendu, la réponse du Ranin. Elle tenta tant bien que mal de montrer sa patte, mais heureusement, Mila s’y attendait. Elle décrocha donc le papier, avant de retourner à la fenêtre pour y voir clair. Ses mains tremblaient et elle lut à haute voix la réponse du Bleuté.

…

Ils avaient rendez-vous dans deux semaines. Bien, cela était un bon délai. La jeune femme avait ainsi tout le loisir de préparer ses affaires pour effectuer le voyage. Cela allait lui prendre quelques jours de toute façon. De plus, pour rejoindre les escarpements à partir de la capitale, il faudrait bien une bonne demi-journée. Enfin, la demoiselle avait son parcours bien en tête. Elle ne demanderait pas l’aide de Krishna cette fois. Elle pouvait faire le voyage à dos de son Airmure, ce qui facilitait grandement la tâche. Une fois dans Ran, elle n’avait qu’à louer un Galopa ou une autre monture pour se rendre rapidement à l’endroit désigné. Avec un peu de chance, elle réussirait tout, toute seule. La dame retint alors son enthousiasme et expliqua le plan à toute son équipe. Le Soleil, lui, entamait sa descente pour disparaître le temps de la nuit. Mais nul ne doute que Mila n’allait pas dormir de sitôt…

[…]

Enfin. Les deux semaines étaient écoulées. Dame Valni s’était rendue, comme prévu, dans le royaume de Ran. Elle était arrivée le jour dernier, de quoi avoir le temps de se reposer. Garuda avait donc fait le voyage dans les airs pour déplacer son humaine, et elle avait grandement besoin de repos elle aussi. Mais là, c’était le moment de partir. L’érudite avait été bien incapable de dormir plus que trois heures. Pour être honnête, le Soleil n’était même pas encore arrivé dans le ciel que la demoiselle quitta son auberge. Elle avait loué un Galopa pour se rendre au lieu de rendez-vous la veille. Heureusement, la Bleuette retrouva sa monture saine et sauve et elle galopa dans la ville, puis dans le Canyon pour rejoindre les Escarpements. Le voyage dura approximativement une demi-journée donc.

Une fois arrivée en haut d’un plateau, Mila espérait que Balthial s’y trouverait également. Elle laissa sa monture se reposer et l’attacha à un rocher. Puis la belle fit quelques pas. Il faisait déjà une chaleur certaine à laquelle la jeune femme n’était pas vraiment habituée. Cela lui rappela les sources des Geysers. Mais Ran était un royaume magnifique, alors c’était supportable. Et puis au bout d’un moment, la dame aperçu quelqu’un. Il y avait aussi une monture et cette allure, avec une cape… Sa cape. N’écoutant que son instinct, Mila alla à la rencontre de l’inconnu pour constater qu’il s’agissait bien du cavalier Ranin. Elle le salua de loin.

Elle ne cacha pas son enthousiasme et arriva devant le garçon. Après une petite inclinaison du dos pour saluer correctement son ami, la kunioise avait un sourire aux lèvres.


Adoptant un comportement similaire à celui de la fin du festival, l’érudite pouvait passée pour une mère-poule aux yeux de l’autre personne mais cela lui était égal. Elle attendait la réponse de Balthial avec impatience.

Mila espérait vraiment qu’encore une fois, Balthial serait indemne. De vue, il n’avait pas l’air d’avoir de grosses blessures. Pour ainsi dire, il n’y avait pas une grande cicatrice lui barrant un œil ou un bras manquant, ce qui était déjà une bonne nouvelle en soi… Mais la Bleuette s’inquiétait vraiment pour des blessures mentales, souvent plus profondes que la pire des blessures physiques. Elle s’inquiétait d’autant plus qu’elle-même faisait face à des perturbations de l’esprit en ce moment même. Mais heureusement, comme pour l’autre fois, le cavalier assura qu’il allait bien, qu’il était même en excellente santé. La dame lâcha un soupir de soulagement, tandis qu’elle portait une main à son cœur. Elle remercia mentalement le dieu Zekrom pour la protection qu’il pouvait avoir apporté à son ami. Cela dit, la suite des évènements plaisait moins à la jeune femme. Balthial lui demandait, à raison, si elle allait bien. Alors, ne souhaitant pas inquiéter le Ranin, la jeune femme réprima une grimace avant de répondre.


Puis, le jeune homme se rendit compte de la gêne occasionnée. Et bien que Mila ne lui en voulait pas, il s’afféra à sortir ses Pokémon pour changer de situation. La douce fut très heureuse de constater que le petit Mélo prenait toujours soin de son cadeau. Le foulard présentait une petite salissure à un endroit, ce qui était tout à fait normal. Mais sa condition proche du neuf faisait chaud au cœur. Le petit Pokémon en prenait vraiment bien soin. Ce fut ensuite au Dinoclier et au Phanpy de s’approcher. Elle les gratifia donc d’un sourire et d’une salutation. Quant à Sleipnir, la Zébibron, elle restait fidèle à elle-même, ce qui avait le don d’amuser la jeune femme.

Mais alors que Mila était prête à faire part de ses observations à son ami, elle constata que le visage de ce dernier était devenu sombre. Fermé. Il regrettait ses paroles un peu maladroites avant d’enchaîner sur le fameux entraînement requis par la noble. Elle fut un peu surprise en voyant l’armé dégainée du cavalier, mais Balthial avait raison. La parlotte c’était bien, cependant, l’entraînement était plus important.


La Bleuette fit signe aux Pokémon de s’écarter, puis elle se mit en position également. Un pas en avant, la posture droite. Elle dégaina lentement sa lame, Sieglinde, dans un geste calculé. La magnifique épée brillait sous le Soleil du royaume de Ran. Mais si sa facture était remarquable, elle n’était pas à son maximum entre les mains de la Kunioise… Du moins, c’était au fils Zajin de le juger. Il laissait le champ libre à sa partenaire pour commencer l’attaque. Mila n’avait clairement pas l’habitude de combattre quelqu’un, et encore moins de donner l’assaut. Mais justement. Elle était là pour apprendre. Sachant cela, la jeune femme se lança. Dans un élan, elle courut jusqu’à son adversaire de la journée et elle utilisa son épée pour frapper le cavalier. Celui-ci n’eut aucun mal à parer le coup, mais la jeune femme avait de la ressource malgré tout. En un bond arrière, elle fut hors de portée avant de recommencer une attaque. Une nouvelle fois, il y eut une parade de la part de Balthial. Dame Valni se recula donc de quelques pas, tout en gardant une posture défensive. Avec un demi-sourire sur le visage et la chevelure qui volait au vent, elle questionna son instructeur.


Galvanisée par le combat qui commençait, l’érudite était presque méconnaissable. Il fallait la comprendre. Son envie de devenir plus forte était insatiable. Elle ne voulait plus être sans défense et faire face à d’autres problèmes comme les bandits de Mido.

Toujours en position défensive, la Bleuette s’attendait à recevoir des instructions de la part de son ami de Ran. Son air de défiance était là pour pousser le jeune homme à ne pas retenir ses coups et à expliquer clairement les manœuvres à effectuer. En effet, Mila ne voulait pas de demi-mesure. Être une femme n’enlevait en rien sa détermination, et si elle manquait certainement de force, c’est sur sa rapidité et sur son agilité qu’elle comptait. La demoiselle n’allait pas se laisser faire… Elle écouta attentivement la réponse de son professeur du jour. Selon lui, la noble manquait encore cruellement d’entraînement et son corps ne réagissait pas comme il le faudrait lors d’un combat. C’était prévisible, quoiqu’un peu vexant pour la Bleuette. Elle avait de l’entraînement derrière elle, attention ! Ce fut Ayden, son frère, en personne qui lui a appris tout ce qu’elle sait sur l’épée… Mais cela, Balthial ne pouvait pas le savoir. Alors Mila était certainement rouillée par son manque d’entraînement, mais ce n’était pas comme si elle n’en avait jamais fait. Elle pourrait prouver cela au Ranin plus tard. Cela dit, il avait raison sur un point. Un entraînement de type militaire était évidemment le meilleur moyen de manier correctement une arme. Elle ferait sans.

Puis, le fils Zajin ne lui laissa pas de répit. La demoiselle se prépara à l’attaque à venir. L’homme se jeta sur elle de façon parfaitement coordonnée. Néanmoins, Balthial avait dû retenir son coup car l’érudite réussit à le parer. Le choc des lames se fit entendre. Il pivota ensuite, ce qui surpris un peu la jeune femme, mais Mila parvint une nouvelle fois à assurer sa défense. Pour ainsi dire, c’était souvent comme cela avec son frère. Il était celui qui attaquait le plus, et Dame Valni se défendait beaucoup. Cependant, la faible distance séparant les deux combattants fut réduite grâce à ses attaques répétées. Plusieurs coups plus tard, la demoiselle n’en pouvait plus et elle baissa sa garde l’espace d’un instant. Ce fut suffisant pour que Balthial place son épée prêt de la nuque de son adversaire. Dans un vrai combat, elle serait morte.

Mila était essoufflée et la proximité avec son ami n’arrangeait rien. Cependant, elle n’était pas autant perturbée que le Ranin. Lui semblait totalement perdre ses moyens en voyant le visage de sa partenaire de combat aussi près. Il rougissait. Puis il s’écarta, sentant la tension de la situation. La Bleuette n’avait pas bougé d’un pouce, sachant sa position délicate. Balthial bégaya ensuite quelques compliments, mais Dame Valni n’en avait cure. Oh bien sûr, elle appréciait mais le fils Zajin avait réussi à réveiller la flamme en elle. Cela faisait bien longtemps que l’érudite n’avait pas eu autant envie d’échanger des coups d’épée. Cette situation lui rappela ses entraînements avec Ayden… Sans répondre au cavalier, la dame resserra son emprise sur Sieglinde.

L’instant d’après, elle fonçait sur son adversaire et, avec un cri, abattit son épée. Cette fois, le jeune homme eut plus de mal à parer. Peut-être parce qu’il était encore perturbé ? Mais cela n’avait aucune importance. Mila recommença une attaque, puis une autre. Elle sentait que son cœur allait sortir de sa cage thoracique. Deux attaques consécutives suivirent. Elle n’était pas très forte, mais sa rapidité faisait petit à petit la différence. L’érudite s’était inspirée de l’assaut de son professeur pour réaliser son propre combo. Au final, les deux épéistes se retrouvèrent bloqués, les lames l’une contre l’autre. Mila avait un regard de braise.


La voix de la demoiselle tremblait légèrement, entrecoupée par son souffle. Mais elle ne lâchait rien. Elle voulait montré son fameux talent.

Ils étaient piégés dans un statu quo créé par Mila. Cependant, le Ranin était plus malin que la jeune femme dans ce domaine. Il souriait, comme si la situation n’était pas figée dans la pierre pour lui. Le plus logique aurait été que les deux combattants se fassent un signe de tête, comme pour dire « le match est nul, reculons d’un pas chacun ». Mais non, pour Balthial, l’entraînement n’était pas terminé et il avait encore un petit quelque chose à apprendre à la Bleuette. Il utilisa sa force naturelle pour retourner la vapeur en faisant ployer la jeune femme, avant de se reculer d’un seul coup. La pression soudainement lâchée, Mila fut un peu décontenancée. Mais surtout, elle attendait de voir la suite qui ne tarda pas. Poussant un cri de surprise, l’érudite se retrouva au sol après un fauchage de la jambe de la part du cavalier. La belle se précipita sur sa jupe pour cacher ce qui ne saurait être vu, juste au cas où. Lorsqu’elle redressa la tête pour demander au Ranin ce qui venait de lui prendre, elle se retrouva avec la pointe de la lame sur la gorge. Elle eut beaucoup de mal à déglutir et tint sa langue.

L’instant d’après, son professeur rengaina et lui tendit une main. Si Mila voulait refuser, toujours vexée, elle écouta ce que lui disait son ami, avant d’accepter. Une fois redressée, elle se concentra sur les paroles du fils Zajin. Il avait vraiment raison. Dans ce monde, les coup-bas étaient plus que monnaie courante. La jeune femme aux yeux bleus le savait d’expérience récente… Jouer sur le moral des autres ou bien les faire tomber pour s’assurer une victoire, cela n’était que des techniques parmi tant d’autres. Elle s’en voulait d’être tombée dans le panneau mais cela lui avait appris une bonne leçon. Cela dit, Balthial voulait en arrêter là. Mila ne protesta pas. Après tout, elle avait eu sa dose de combat pour le moment. Sa cuisante défaite n’en resterait pas là néanmoins. La jeune femme avait hâte de recommencer une autre fois, un autre jour, pour montrer ses progrès au Ranin.

Ensuite, la question tomba. Celle-là même que Mila comptait avouer. En effet, le cavalier trouvait la facilité d’apprentissage de Mila un peu déconcertante. Il devinait, à juste titre, que la demoiselle avait déjà eu un professeur, si on peut le dire ainsi. Elle se décida alors à dire la vérité, de toute façon, c’était son intention. Mais cela faisait un coup au moral de la jeune dame. Son frère lui manquait vraiment, et s’ils avaient pu être ensembles plus longtemps, peut-être serait-elle déjà très douée avec Sieglinde.

Alors, quelque peu dépitée, la demoiselle resta sur le sol poussiéreux. Elle ne se souciait pas vraiment de se salir actuellement. Mila se replaça ensuite à genoux. Elle posa son épée sur ses jambes et l’observa avec un air triste sur le visage. Elle ne redressa pas la tête lorsqu’elle répondit à Balthial.


La Bleuette demeura renfermée sur elle-même.


Mila sentait déjà les larmes lui montaient aux yeux. Cependant, elle parvint à se retenir. Après tout, elle ne pouvait pas céder à la tristesse, et surtout pas devant le cavalier. Il allait croire que tout était de sa faute et l’érudite voulait éviter cela. Elle se releva donc, puis rengaina sa lame de bonne facture. Elle reprit ensuite du poil de la bête, un petit sourire lui tirant les lèvres.


La jeune femme en resta là. Libre à Balthial de vouloir en savoir plus ou de s’en contenter. Ils pourraient toujours en parler plus tard, ou bien prendre le temps de la pause pour discuter un peu famille. Mila avait l’air encore un peu bouleversée, mais pas au point de se fermer à toute conversation.

Balthial n’a pas choisi de continuer dans le sens de la conversation. C’était certainement mieux ainsi. Mila était soulagée qu’il n’en demande pas plus à propos d’Ayden. Bien sûr, s’il l’avait fait, elle aurait répondu du mieux qu’elle le pouvait. Mais ce n’était certainement pas le moment idéal pour raviver les douleurs du cœur. Non, le plus important, c’était l’instant présent et le fait d’être avec le Ranin. Alors quand le petit Saehr vint à la rencontre de l’érudite en proie au doute, cette dernière sentit quelque chose en elle revivre. Ce Mélo avait le don de rendre de l’espoir à la jeune femme apparemment. Tant et si bien que Dame Valni laissa son frère de côté pour se concentrer sur l’homme du moment : Baal. Elle redressa la tête vers lui, alors qu’il proposait de continuer l’entraînement.

Il démontra une attaque en duo qui impressionna la jeune femme. Les Pokémon du cavalier avaient fait en sorte d’unir leur force pour détruire la roche. C’était un spectacle intéressant et la Kunioise mourrait d’envie d’en faire autant. Elle se souvint alors qu’elle n’avait jamais mener de combat avec deux créatures de poche à la fois. Par peur ? Pas vraiment. Disons plutôt que la Bleuette n’y avait jamais pensé. Pourtant, cela tombait sous le sens, surtout après que son équipe se soit considérablement agrandie… D’ailleurs, Balthial n’était pas encore au courant à propos des deux nouveaux venus. Et puisqu’il le demandait, c’était le moment de montrer tout ce beau petit monde. Mila était fière de son équipe, même si pour le moment, elle était encore faible et en manque de liens solides.


Pour répondre à cette question, il fallait les faire sortir et c’est ce que Mila fit. En un instant, cinq Pokémon apparurent aux côtés de la dame qui s’était relevée pour l’occasion. Il y avait donc Amarok, le Dynavolt téméraire mais gentil. Tiamat, la Tritox voleuse et arrogante. Garuda, la fidèle Airmure. Puis les petits nouveaux, à savoir Nepenthes, le Chétiflor hargneux mais sensible. Et pour finir, Naga, la Barpau naïve et fan du Dynavolt. Cela faisait une bonne petite troupe et nul ne doute que le Ranin serait impressionné ! Mila fit donc les présentations rapidement avant d’enchaîner. Elle aussi voulait réussir à faire une attaque en duo. Pour cela, elle choisit Amarok et Naga. Ils avaient le plus d’affinité ensemble. Mais allaient-ils réussir à faire quelque chose d’utile… ?


Le Dynavolt n’était pas certain mais il était prêt. Quant à la Barpau, elle n’aimait pas trop l’environnement dans lequel elle était. Dame Valni oubliait que ce Pokémon était un poisson parfois… La femelle peinait donc à faire quelque chose, et ce malgré le fait que son humaine l’ait ramassée. Se rendant compte du problème, la jeune femme rappella son Pokémon aquatique. Tant pis pour le duo. Alors un peu gênée, elle s’adressa à son ami bleuté :


Au moins, elle avait le courage d’avouer toutes ses erreurs. Non pas que Mila n’admette rien, mais elle ne voulait pas perdre la face devant le cavalier. Surtout après sa défaite à l’épée. Elle se tourna donc vers Tiamat, son autre choix. La petite femelle avait bien besoin de travailler en équipe, vu son renfermement quotidien !


La Tritox regarda Mila. La Bleuette s’attendait à ce qu’elle baille et refuse de bouger ses fesses… Mais contre toute attente, elle se leva pour exécuter sa capacité de feu. Encore, et encore. Il fallait beaucoup de flammes pour espérer réchauffer la pierre de façon significative. Une fois cela fait, Tiamat laissa simplement la place au Dynavolt, non sans bomber le torse et faire la fière. Cela éveilla Nepenthes qui avait désormais une folle envie de se battre… Néanmoins, il attendait son tour, ne voulant pas décevoir l’érudite. Ce fut donc à Amarok de jouer. Le chiot vert couru vers la roche fragilisée, tout en s’entourant d’éclair. Lorsqu’il frappa, il recula à cause du choc et la roche était fissurée, mais pas détruite. Mila vint à la rescousse de son ami quadrupède pour lui masser une patte avant.


Ainsi le duo devint un quatuor. Ecoutant leur humaine, Nepenthes et Garuda s’avancèrent. C’était incroyable de les voir coopérer ainsi. Peut-être qu’ils voulaient aider Mila à devenir plus forte… Peut-être qu’ils avaient vu son combat à l’épée et sa détermination. Le Chétiflor utilisa alors Fouet-Liane pour frapper à plusieurs reprises le rocher. Ensuite, ce fut le coup de grâce porté par l’Airmure. Elle s’envola avant de retomber sur la roche avec un bon coup de bec d’acier. Cette fois, la cible fut détruite. Cela avait pris plus de temps que prévu, mais c’était fait. La Bleuette attendait alors la suite du programme. Il était certainement temps de s’affronter pour de vrai maintenant. En tout cas, l’équipe de Kuni était prête à en découdre.

Après une formidable attaque combinée, les Pokémon de Mila étaient dans un état d’âme particulier. Son équipe était plutôt belliqueuse à bien y regarder. Seule Naga n’était pas très attirée par le danger. En fait, c’était le danger qui venait à elle… Parenthèse mise à part, les félicitations du copain Ranin n’eurent d’autre effet que de galvaniser encore plus les troupes. Ainsi, ils voulaient tous en découdre et la tension commençait à monter. La Bleuette espérait alors que ses compagnons auraient assez de savoir vivre pour ne pas sauter sur ceux de Baal… Bon, elle ne s’inquiétait pas trop pour Amarok. Il avait beau aimé la bagarre, il écoutait son humaine autant que possible. Garuda avait sa propre dignité, l’oiseau de fer n’irait pas la mettre en péril pour des enfantillages. En revanche… L’érudite gardait du coin de l’œil sa plante et son lézard. Ces deux-là étaient les plus imprévisibles du groupe, si bien que la jeune femme se sentait déjà prête à intervenir. Nepenthes avait au moins la volonté de plaire à Mila, mais Tiamat, elle s’en fichait bien. C’était son bonheur avant celui des autres.

Fort heureusement, il ne se passa rien de spécial, malgré l’excitation du combat. Les Pokémon de la noble attendaient avec impatience la suite. Balthial enchaîna d’ailleurs. Il proposa soit un combat classique, opposant les deux équipes. Soit une autre alternative : débusquer des Pokémon sauvages pour acquérir de l’expérience. Pour Mila, cela n’avait que peu d’importance. Dans les cas, elle y trouverait son compte. Bien sûr, combattre son ami serait très intéressant, car ce n’est pas identique à un combat classique dans la Nature. Cela dit, le Ranin semblait opter pour l’autre option, alors la jeune femme ne s’y opposa pas. Ils auraient bien d’autres occasions pour s’affronter. D’ailleurs, le destin ne laissa pas beaucoup de place à l’imagination, vu le boucan qui s’approchait de la troupe.

En un instant, deux Pokémon firent leur apparition. Le premier était pour le moins… Bizarre. C’était un Balbuto qui, fidèle à lui-même, tournait comme une toupie. L’autre créature était un Teddiursa, mignon et sentant le sucre à plein. Nul ne doute que cette odeur allait ravir les deux équipes ! D’ailleurs, Tiamat se léchait déjà les babines… Mais la femelle ne fut pas la seule à apprécier l’odeur. Un dragon menaçant, bleu et rouge, débarqua dans une colère noire. Il frappa les rocs avec fureur. Que lui arrivait-il ? Un peu loin, un Piafabec s’était posé, observant la scène, moqueur. Décidemment, cela en faisait du monde. Néanmoins, Mila n’avait pas très envie de les combattre.

Le Balbuto était mignon à sa façon… Et surtout, il ne cherchait pas les ennuis. C’était peut-être plus utile de le laisser tranquille pour le moment. Pour s’en assurer, la demoiselle aux yeux bleus demanda quelque chose de singulier à son Chétiflor. Si Nepenthes le voulait bien, il devait s’occuper de continuer à faire tourner la toupie Pokémon… De quoi occuper un garnement et la créature étrange. La jeune pousse ne refusa pas et s’exécuta. C’était simple pour lui. Grâce à sa liane, il parvenait à maintenir le Balbuto dans un tourbillon constant. Avec un peu de chance, il finirait même pas tomber dans les vapes… Maintenant, la petite ourse. Elle n’avait pas vraiment l’air agressive… L’érudite tenta donc tout simplement de la faire venir auprès des autres Pokémon. Mais la femelle avait peur, ou plutôt, elle n’aimait pas trop se montrer. D’un ton rassurant, Mila l’invita simplement à se cacher près d’eux car le combat allait éclaté d’un instant à l’autre.

En effet, le reptile sauvage faisait des ravages. De la fumée sortait de ses narines. Il respirait la tension ambiante, prêt à se battre. Par gentillesse peut-être, Dame Valni laissa l’honneur au cavalier.


Après tout, il était le professeur de la journée, non ? Mais l’homme pouvait tout aussi bien refuser, quoi que ce ne fût pas trop le moment. Cependant, Mila n’avait pas peur d’affronter la créature en colère, elle laissait simplement le champ libre au Ranin… Peut-être que cela lui ferait plaisir. Quant à l’oiseau, Mila le chassa grâce à Garuda. Il alla s’installer plus loin, toujours en tant qu’observateur. Peut-être reviendrait-il à la charge après ? Mais il y avait plus important à faire…