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 Amongst the flowers [ft. Darla T. Jaegan]
Bravoure Bresingra
Bravoure Bresingra

Poison


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Écus : 610
Âge du Personnage : 53 ans.
Métier / Occupation : Chef de Sakai.
Lieu de Résidence : Palais Obscur, Enogen.
Équipe Pokémon :
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Vengeance, Aspicot ♀
Obscur, Zarbi ∅
Devoir, Gringolem* ∅
Prospérité, Galekid* ♀
Humble, Ptéra ♂
Téméraire, Miaouss ♂
Poison


Message Sujet: Amongst the flowers [ft. Darla T. Jaegan]   Amongst the flowers [ft. Darla T. Jaegan] EmptyVen 24 Avr 2020 - 19:03

Amongst the flowers [ft. Darla T. Jaegan] 031t

Amongst the flowers

feat. Darla T. Jaegan.


B
ravoure avait ordonné à ce que l’on vide la salle. Les affaires avaient été envoyées à la famille par petits paquets. Malgré tout il en restait encore qui traînaient attendant d’être emporté. Elle se tenait dans l'embrasure de la porte, ne sachant si elle pouvait entrer ou si elle devait rester dehors. La première option semblait être un blasphème tant le lieu était chargé d’une émotion indescriptible. C’était comme si sa présence allait briser le semblant d’harmonie qui s’était formée après la mort de la conseillère. Le palais entier était en deuil. Sakai était en ruines. Et elle avait perdu une amie.

La Dame prit une inspiration avant de se risquer à faire un pas à l’intérieur de la pièce. Le monde ne cessa pas de tourner, le soleil ne s’éteignit pas, les oiseaux chantaient toujours. Son regard glissa sur le mobilier vieillit par les années de service, lui non plus n’avait pas encore bougé de place. Ses pas la menèrent jusqu’à une large armoire en ébène, elle posa la main sur la poignée. De son vivant Marian la gardait toujours verrouillée. C’était là que la conseillère sanitaire gardait ses potions et autres expériences, elle ne pouvait pas risquer que quelqu’un y touche sans les protections nécessaires. Tout ici n’était pas bénéfique pour l’humain. Bravoure tira sur la poignée. Les gongs grincèrent mais tournèrent. L’armoire était vide.

« C’est ça que tu cherches ? »
demanda une voix derrière elle.

« Non. » répondit la chef sans même se retourner. « Laisses-moi Romarin. »

Un bras se glissa autour de ses épaules. Musclé malgré l’âge. La Maître Espionne de Sakai veillait à garder la forme. Elle tenait dans sa main gauche une fiole. C’était un prototype de soin contre une violente maladie qui ravageait les populations de pokémons dragons. Auparavant les solochis, sonistrelles et ptiranydurs parcouraient les monts de Sakai, maintenant ils avaient fui à Ran. Et dire qu’il y avait des années de cela les trioxhydres faisaient la fierté de la cavalerie aérienne. Quand est-ce que le vieux royaume avait-il commencé sa descente aux enfers ?

« Elle y était presque. Je le sentais. Du bout de mon nez. Littéralement je veux dire, elle empestait les couloi- »

« ASSEZ ! » gronda la chef.

La femme à ses côtés se tut. Elles restèrent ainsi, dans un silence de plus en plus pesant, deux vestiges d’une époque révolue. La dénommée Romarin finit par retirer son bras pour faire le tour de la pièce, pas un bruit ne trahissait sa présence. Bravoure se retourna vers elle. Il n’y avait aucune animosité dans son regard, aucun dédain pour sa familiarité, ni pour sa désinvolture. La Dame y était habituée. Elle savait aussi que ce n’était que du jeu d’acteur.

« Tu devrais être à Mido. » constata-t-elle.

« Je voulais voir si tout allait bien. On m’avait dit que le palais était détruit mais… » elle soupira, faisant un signe vague. « Il lui faut un remplaçant. »

Le regard de la chef s’assombri à ces mots qu’elle savait véridique. Elle anticipait déjà la suite du discours.

« Sieur Baufond est un excellent candidat. Il est vieux, certes, mais ne le sommes-nous pas tous ? »
commenta Romarin.

« L’avoir au conseil nous assureras le soutient de sa famille et une importante somme d’argent, ce dont Sakai a cruellement besoin au vu des dégâts. » confirma Bravoure, l’amertume coulant de sa voix.

« Exactement. » sourit la femme, pendant un instant avant de prendre un air plus sombre. « Mais tu ne le soutiendras pas. »

Ce n’était pas une question. La femme aux mille visages connaissait les goûts et les couleurs de sa Chef. Elle savait aussi qu’elle avait déjà un autre candidat en tête. Des pas se firent entendre dans le couloir. Romarin se glissa discrètement derrière un meuble pendant que Bravoure allait fermer la porte du bureau. Elles attendirent que les échos s’estompent puis disparaissent dans le couloir. La Chef resta quelques secondes de plus à la porte, pour s’assurer que personne d’autre ne puisse essayer d’épier. L’autre femme sortit de l’ombre, continuant la conversation comme si elle n’avait pas été interrompue.

« Elle a un enfant. »

Bravoure se figea.

« Un tout petit bébé qui pleure et couine et fait des trucs de petit bébé ennuyant. Tu ne voudrais pas séparer une mère de son enfa- »


Romarin se baissa pour éviter un livre qui alla s’écraser contre le mur. Les lèvres de Bravoure étaient retroussées dans une grimace pleine de rage. L’autre femme resta impassible, ramassant le livre comme si de rien n’était pour laisser le temps à son amie de reprendre contenance.

« Marian voulait que ce soit elle. » déclara de but en blanc la chef. « Tu penses à ce qui serait le mieux pour le conseil. Je te demande de penser à ce qui servirait le mieux le royaume. »

Romarin eu un haussement d’épaule. Comme si toute cette conversation n’avait pas d’importance. Elles auraient pu parler toutes deux de la météo le ton aurait été le même. Leurs désaccords reposaient toujours sur les mêmes points. Le bien du peuple face au bien du conseil. Le court terme face au long. Evidemment, Romarin avait raison, un palais détruit ou un conseil appauvrit menacerait l’équilibre de Sakai toute entière. Une veille nation comme elle avait besoin d’une poigne ferme. De femmes et d’hommes qui savaient prendre les décisions difficiles sans craindre les sacrifices. Des fous qui dansaient toujours à la limite de l’oligarchie. Pas facile d’abandonner les anciennes traditions. Même si la royauté n’était plus, il faudrait attendre une génération neuve pour que Sakai puis réellement se débarrasser de son emprise. Nombreux sont les nobles qui cherchaient encore à étendre leurs pouvoirs comme il en était cas autre fois.

« Et puis avoir un- une descendance n’a jamais posé problème à Marian. »
conclu Bravoure.

Romarin reste silencieuse, suivant le regard de sa chef. Le cadre sur le bureau de l’ancienne conseillère sanitaire n’avait pas été touché. Le croquis du nouveau-né se tenait là, l’enfant devrait avoir trois ans à présent. Bravoure ne l’avait jamais rencontré. Ça allait changer le jour où elle devrait apporter ses condoléances à la famille. Elle se demanda brièvement s’il avait les yeux de sa mère. Probablement pas.

Lorsque la Chef se décida à relever la tête, Romarin n’était plus là. Disparue de la même manière qu’elle était venue. A sa place une note griffonnée à la va-vite dans un langage codé. Bravoure la parcouru rapidement.


« Tu as pris ta décision. Rendez-vous avec la demoiselle dans le jardin à none pour une auscultation. Prends ta médecine. »


La chef froissa rapidement le bout de parchemin avant de le jeter en l’air pour qu’un zarbi puisse le détruire d’un coup de Puissance Cachée. Il lui restait un peu de temps avant le rendez-vous, elle pouvait aller finir ses comptes avec le conseiller économique puis s’assurer de l’avancement des travaux. Les premiers échafaudages devraient être élevés dans les jours qui viennent, pour l’instant on continuait inlassablement à déblayer les pierres et compter les morts. C’était sans fin.

Une quinte de toux la secoua brusquement. Fermant les yeux, elle la laissa passer. Celles-ci se faisaient plus fréquentes ces derniers temps. Il fallait dire que la poussière de cette salle avait été bien remuée et n’aidait en rien. La respiration sifflante elle s’accouda contre le mur. Marian n’avait même pas la quarantaine. Elle avait été la plus jeune du conseil, un souffle nouveau pour le pays. Un souffle qui comme celui de sa chef se retrouva brusquement étouffé. Bravoure se laissa glisser sur le sol. Ils avaient retrouvé le corps de la jeune femme dans les décombres. Méconnaissable. La seule chose qui leur avait permit de mettre un nom sur cette carcasse éclatée était une vieille broche portant les armoiries de sa famille. Un cadeau de son époux pour leur mariage quelques années auparavant. Le morceau de ferraille qui avait été porté avec tant de fierté avait perdu sa forme et son éclat. Il y avait tout juste de quoi faire des funérailles convenables. Une dernière toux fit trembler Bravoure avant que l’éclat ne se calme, pour le moment. Il lui était devenu impossible de prédire la prochaine crise depuis la Lumière. Il n’y avait plus qu’à espérer que la succession soit à la hauteur.

La Chef se redressa, remettant en place sa robe et s’assurant de l’état de sa coiffure. Elle carra ses épaules et redressa sa tête. La femme qui sortit de la pièce n’avait en rien à voir avec celle qui s’était écroulée quelques minutes auparavant. Personne n’aurait pu soupçonner la faiblesse de Bravoure Bresingra. Et c’était mieux ainsi.

La Dame savait que la jeune Jaegan devait être avec Brigit à cette heure. La veille infirmière n’avait presque pas dormi la nuit passée, trop occupée à soigner les patients et organiser les troupes. Elle ne pouvait plus s’occuper la santé déclinante de sa Chef. Darla avait été un petit miracle dans cette apocalypse, elle avait un savoir inestimable sur les troubles respiratoires. Il se trouvait aussi qu’elle était la seule personne dans tout Sakai dont la première conseillère ne tarissait pas d’éloges. Marian avait réellement eu un coup de cœur pour la jeune femme après qu’elle l’aie soutenue à travers un accouchement difficile. Elle ne cessait de dire que sa bonté était aussi vaste que le lac noctali était sombre et que ses compétences étaient sans égales. Marian avait toujours eu tendance à enjoliver les choses. Le peu de temps temps que Bravoure avait pu passer avec Darla lui avait prouvé que ce n'étaient pas juste des hyperboles. La jeune femme avait sût la calmer durant l'une de ses plus violentes crises et même maintenant ses conseils étaient appliqués. Le fait était qu’elle était l’une des rares personnes que feu la conseillère considérait comme un successeur légitime et Bravoure ne pouvait qu'approuver.

Les nobles soutenaient la candidature de Petror Baufond, le conseil ne se prononçait pas et le peuple était perdu quant à la marche à suivre. Sakai avait besoin d’un conseiller sanitaire capable d’unir ces trois partis. Urgemment. Désespérément. Baufond, n’était pas ce que Bravoure recherchait. Il était vieux, compétent et riche. Il avait l’avantage d’être connu et le défaut d’être conservateur. La Chef ne souhaitait rien de cela, elle voulait quelqu’un qui puisse réellement faire le lien entre le peuple et la noblesse, quelqu’un qui n’ait pas peur de marcher sur quelques pieds pour le bien de tous, qui n’avait pas la langue dans sa poche et l’esprit vif. Le conseil avait besoin d’énergie, de mouvement, de vie. Le fait était, il avait besoin de Marian. Allait-il avoir besoin de Darla ? Elle jugerait cela bien assez tôt.

Les jardins du palais obscur avaient été épargnés par la destruction. Si l’hiver avait laissé ses marques, quelques bourgeons commençaient tout de même à pointer le bout de leur nez. C’était un havre de paix, jalousement caché derrière les tours sombres. Il était parsemé de haies plus hautes qu’un homme aux feuilles d’un vert sombre qui offrait intimités aux habitants. Des chemins étaient pavés dans le sol mais l’herbe poussait au travers malgré le dur labeur des jardiniers. Il y avait des arbres de toutes les espèces. En été les cuisiniers cueillaient les baies directement dans les jardins pour assaisonner les plats.

S’il n’arborait pas ses couleurs les plus resplendissantes, avec un peu d’imagination on pouvait visualiser des rangées de fleurs colorées et d’arbres aux longues branches dessinant de l’ombre sur des bancs, pour le plaisir des promeneurs. Bravoure avait ses endroits favoris. Elle aimait prendre le thé sous l’arche, assise à une vieille table de fer qui commençait à rouiller malgré l’attention qu’on lui portait. Néanmoins pour la rencontre d’aujourd’hui elle avait choisi la serre. Toujours feuillue quel qu’en soit le temps, cette construction formait une muraille de vitre et d’acier entre elle et le monde. Impossible de savoir s’il y avait quelqu’un à l’intérieur tant le verre déformait. C’était en ce lieu, presque secret que le palais cultivait nombre de ses plantes médicinales. Des lierres s’étendaient sur les arches soutenant la toiture d’où pendait des pots de toutes formes et tailles. Les plantes étaient ici à leur aise, c’était leur domaine et les humaines ne faisaient qu’y entrer. Il y avait une table de bois au centre où étaient déposés quelques vases, de la terre salissait les sièges, le jardinier était passé récemment.

Bravoure déplaça quelques plantes pour faire de la place, nettoyant un peu l’endroit en brossant la table de sa main. Du coin de l’œil elle vit un rubombelle voleter, elle fit signe à ses zarbis de le chasser. Les gardiens d’Enogen s’exécutèrent avec joie, ils lévitaient dans la pièce comme si elle leur appartenait, s’étendant de tout leur être, pas assez nombreux pour couvrir les plantes mais suffisamment présents pour avoir l’air d’insectes intéressés. Obscur passait de pot en pot avec curiosité. Il tenait à peine en place. Bravoure s’installa confortablement sur son siège, non loin d’un large romarin. Elle attrapa l’une des branches pour écraser quelques feuilles et les sentir. Elle avait toujours aimé cette odeur.

La porte de la serre grinça. Voilà que la nouvelle arrivée entrait. D’ici quelques temps des serviteurs viendraient apporter des gourmandises. Pour l’instant Bravoure se préparait mentalement à se faire ausculter. Car c’était officiellement pour cela que la jeune femme venait ici, le discours sur la place libre du conseil viendrait après. Elle avait été mandatée pour s’occuper des problèmes respiratoires qui tourmentaient la chef de Sakai. Brigit avait remarqué hier que ses concoctions ne faisaient plus effet. Pour l’instant elle avait augmenté les doses à outrance mais ce n’était pas viable au long terme. Bravoure elle craignait que le Lumière ait changé quelque chose en elle. Quelque chose d’imperceptible mais d’important. Ce n’était évidement qu’un pressentiment absurde, certainement basé sur la peur. Pour l’instant elle ne voulait pas s’en soucier. Elle ne devait pas s’en soucier.

« Entrez donc, je vous en prie. » invita-t-elle la jeune femme. « C'est un plaisir de vous revoir, même si j'aurais préféré que les circonstances soient meilleures. Le trajet n’a pas été trop compliqué ? »

Elle ne pouvait pas encore bien la voir avec les pots. Elle supposait néanmoins qu'elle ne devait pas avoir trop changé depuis la dernière fois. Une frimousse rousse rayonnante de douceur et des doigts graciles mais froids au touché. Avait-elle emmené son petit être ? Elle supposait qu'il était resté auprès du père.


« halloween »


Précisions:
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Darla T. Jaegan
Darla T. Jaegan

Fée


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Métier / Occupation : Conseillère Sanitaire de Sakai. Sage-femme. Guérisseuse de difficultés respiratoires.
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Message Sujet: Re: Amongst the flowers [ft. Darla T. Jaegan]   Amongst the flowers [ft. Darla T. Jaegan] EmptySam 8 Aoû 2020 - 15:29

Amongst the flowers.Avec Bravoure Bresingra - 12 avril 220.
Dame Marian n'est plus. Dame Marian n'est plus. Elle n'est plus. Ne sera plus. Rien de plus qu'un souvenir, l'étincelle douce-amère qui animera longtemps encore les mémoires de ceux ayant eu la chance de la connaître, comme tous ceux partis bien trop tôt. Je suis de ceux-là, ceux qui ont eu la chance inestimable de croiser son chemin & plus encore, de faire partie de son entourage. Son sourire & son énergie communicative, sa confiance alors qu'elle me présentait mine de rien les ficelles de son métier & de la vie à la cour, vont irrémédiablement me manquer. Déjà, quelques heures à peine après avoir eu vent de cette funeste nouvelle, avoir entendu au détour d'un couloir son nom s'ajouter à la liste des victimes de l'effondrement du Palais, ce manque m'étreint férocement déjà.

Je n'ignorais pas ses projets, ses espoirs à mon encontre. Les a-t-elle seulement formulés clairement un jour? Je n'en suis point certaine. Mais je les sais. Je les avais compris, aussi clairement que s'ils avaient été criés dans chacun de ses discours alors que je me trouvais seule en sa compagnie. Depuis un peu plus de trois ans, depuis que nous nous sommes connues pour la naissance de son enfant pour laquelle elle m'avait choisie comme sage-femme, son souhait a transparu dans ses actes & ses mots. Elle m'a préparée, à chacune de nos rencontres. Pour ce jour qui n'aurait jamais dû arriver si tôt. Elle aurait dû avoir tant d'années, tant d'années encore. Le temps de m'en parler, le temps de réaliser ses ambitions pour Sakai, le temps de voir grandir son enfant, le temps de réaliser son projet d'en voir naître un second... Le temps de vivre, tout simplement. Mais elle n'est plus. & son sourire ne reviendra jamais plus. Que nous reste-t-il, alors? Des souvenirs, & son héritage. Je n'étais pas prête. Je ne le suis toujours pas.

& pourtant, pourtant je ne reculerai pas. Pas d'un seul pas, pas même d'un millimètre, ni physiquement ni en pensée. J'ai toujours accueilli ses enseignements avec un grand respect, sans être certaine de vouloir les appliquer un jour, réaliser ce projet qu'elle avait pour moi. Je pensais avoir le temps d'en parler avec elle, le moment venu. De lui confier mes doutes & mes craintes, pour prendre une décision. Mais Giratina fut cruel, & le moment est venu bien avant l'heure. Je n'ai plus le temps de m'interroger désormais. Mes questions sont toujours présentes, tout comme mes doutes... Cependant, plus aucune hésitation ne demeure. Cette décision, je l'ai prise. Tout ce que dame Marian m'a laissé est son héritage. Celui que l'homme qui se revendique déjà candidat à sa suite, se pavanant entre les restes du Palais encore fumants, n'a visiblement aucune ambition de poursuivre. Quel meilleur moyen d'honorer sa mémoire, que de faire prospérer pour elle cet héritage, en devenant celle qu'elle souhaitait tant me voir être? En ne laissant certainement pas ce vieux riche balayer tous ses travaux & ses progrès d'un revers de manche. Le projet de Marian à mon égard, est pleinement mien désormais.

Alors que Nellia, repue, s'endort lentement contre ma poitrine, mon regard pensif parcourt une énième fois la missive qui me fut remise un peu plus tôt dans la journée. Brève & concise. Une convocation, dans les jardins du Palais. Pour une auscultation, de la plus haute personnalité du Royaume. Dame Bresingra. Je n'ai point souvent eu l'occasion de la rencontrer, une unique fois celle de lui parler. En qualité de cette guérisseuse que j'aurais pu être, assistant fortuitement à une impressionnante crise de sa part... Le jour même où dame Marian venait de donner la vie. Depuis, c'est surtout à Brigit, aux côtés de qui j'ai travaillé toute la nuit & toute la journée auprès des blessés de l'effondrement du Palais, que j'ai eu à faire. La vieille infirmière s'occupant de la santé de la Chef de Sakai m'a souvent demandé conseil après m'avoir vu agir une fois, & d'une certaine manière, dame Bresingra est demeurée ma patiente par son intermédiaire.

Aujourd'hui, pour la première fois en trois ans, la voici qui s'adresse de nouveau directement à moi. & malgré moi, mon esprit ne peut s'empêcher de s'interroger sur les réelles raisons de cette rencontre à la dérobée. Est-ce parce que Brigit est sans doute trop occupée en ce moment? J'imagine que dame Bresingra ne saurait ignorer que j'ai tenu le même rythme qu'elle ; on dit qu'elle a des yeux partout au Palais, après tout. Est-ce parce que l'effondrement du Palais, & les particules soulevées par les débris, auront causé une crise aussi importante que ce jour il y a trois ans, une détérioration de sa santé? Ce serait tout à fait probable bien entendu, & pourrait certainement justifier la discrétion demandée. Pourrait-ce également être lié... Non, non. Mon cœur repousse inlassablement cette idée, soufflant que ce n'est point la priorité, pas si tôt. Un murmure dans mon esprit tente pourtant perpétuellement de la formuler clairement, conscient malgré ma peine que Sakai ne pourra se permettre d'attendre & qu'il me faudra suivre sa trace au plus tôt pour ne point être dépassée & avoir mes chances.

Un petit rire m'échappe, frêle, alors que je dénoue prudemment le rebozo pour ne point réveiller ma toute petite. Voilà que je pense politique, dame Marian m'a bien formée. La vie ne peut s'arrêter, & celle du Royaume défile sans discontinuer. Je n'ai guère le temps de prendre mon temps, la course au Conseil n'attendra personne. Si je souhaite perpétuer l'héritage de mon mentor, il me faudra faire son deuil plus tard. Voilà pourquoi cette idée me taraudait depuis que j'ai reçu cette missive. J'ignore les intentions de dame Bresingra, peut-être sont-elles effectivement uniquement d'ordre médicinal. Dans ce cas, il me faudra être honnête de mon côté. & lui avouer mon intention de suivre les traces de feu sa Première Conseillère. Dame Marian la tenait en si haute estime, il me semble donc important qu'elle en soit la première avertie. Avant même ma propre famille, finalement. Déterminée, je noue alors le rebozo autour d'Evelyna, qui esquisse un petit sourire tendre en caressant les cheveux d'argent de ma fille, avant de lever ses yeux doux vers moi. Je me tourne alors vers la vieille infirmière, arrivant à l'instant dans l’alcôve où je m'étais réfugiée pour nourrir la petite, un fruit à la main sans doute pour prendre un encas rapide avant de retourner au charbon.

- Brigit, il me faut partir un moment. Une patiente m'attend, & je ne puis repousser cette rencontre. Je reviens au plus tôt ; Sylvia & Clémentine demeureront pour vous aider.

Sans attendre sa réponse, alors que none sonnera très bientôt, je prends aussitôt le chemin des jardins, louvoyant avec ma douce Macronium entre les décombres & passant quelques unes des infirmeries de fortune installées là où le risque de nouveaux effondrements semble être écarté. Sur mes talons, ma belle Nanméouïe fredonne tout bas une berceuse qui aide mon cœur à demeurer paisible, alors que ma vie s'apprête à prendre un tournant décisif. Bientôt, les végétaux disciplinés des jardins remplacent les débris éparses, sublimés par le retour du printemps. La tragédie du Palais semble avoir épargné entièrement les lieux & le travail des jardiniers. Un petit sourire s'esquisse sur mon visage, admirant ces lieux que j'ai tant & tant parcourus ces dernières années, comme si je les découvrais pour la première fois. Leur beauté est indéniable, bien que fort différente de la magnificence sauvage des forêts de Mido. A leur manière, chacun de ces deux paysages savent m'offrir calme & sérénité. Evelyna le sait tout à fait, & bien assez tôt, alors que la silhouette de la serre se dessine au détour d'un sentier, sa berceuse prend fin sur une note tranquille.

Le premier coup de none retentit alors que, offrant un petit sourire doux & reconnaissant à la Nanméouïe, j'ouvre précautionneusement la porte de la serre. Mes deux alliées se glissent dans ces lieux à ma suite, alors que la Chef de Sakai qui nous a déjà repérées m'invite à entrer. Si la rose demeure un peu à l'écart, présente avant tout en soutien muet & pour prendre soin de mon enfant tout en m'assurant les bras & l'esprit libre, la verte s'avance à mon côté vers l'endroit d'où s'est élevée la voix de dame Bresingra, installée sur un siège au milieu des plantes laissées ici bien plus libres que celles soigneusement disciplinées à l'extérieur. Arrivant à sa vue, j'esquisse une révérence rapide mais soigneuse, imitée par ma chère Macronium.

- Le plaisir est partagé dame Bresingra. Le trajet fut aussi rapide qu'aisé, grâce à Téléport, merci. Je ne puis hélas en dire autant de la nuit passée, les circonstances n'étaient guère au repos.

Je ne m'étends guère plus sur cette phrase, consciente qu'il n'en est nul besoin. Si ma tenue est des plus soignée pour avoir pris le temps d'en changer avant de venir, mes traits tirés & marqués par la fatigue en disent bien assez long. Trop ont eu besoin de soins, & la liste des défunts ne cesse de s'allonger ; nul guérisseur venu en renfort n'a réellement eu le temps du repos. & je fais partie de ceux qui n'ont même pas souhaité tenter d'en prendre. & ce n'est pas prêt d'arriver ; pas tant que tous les blessés n'auront pas au moins été sortis de là & stabilisés, au moins. Pas même en cet instant sous cette serre sublime ; ne suis-je pas venue a minima pour une auscultation, après tout?

- J'imagine que vous n'avez guère pu en prendre non plus. Comment vous sentez-vous, dame Bresingra?

Toute cette poussière flottant encore autour du Palais ne doit guère être de tout repos pour elle non plus, par ailleurs. Sans doute bien plus contraignante que toutes ses préoccupation de Chef.

Pokémons présents :
NB : Valérya la Macronium demeure au côté de Darla, & porte ses sacoches médicinales sur son dos.
Evelyna la Nanméouïe demeure en retrait, portant la petite Nellia endormie contre elle, dans une pièce de tissu midoyenne servant notamment au portage bébé (le rebozo).

Désolééééée j'ai énormément de retard :nuu: J'espère que ça te conviendra, n'hésite pas à me mp ou me discord au besoin!
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