La pluie, toujours la pluie. Même si les Snowthorn étaient habitués à ce climat, l'agacement commençait à se faire sentir. De la chance, dans ce malheur ... il pleut moins ici qu'à Kuni ! Les côtes et le pays entier se trouvait balayer par des vents jamais vu auparavant, voyant l'ampleur de la situation, l'ordre d'évacuation avait été lancé. Etant chef, la famille de Rafahel aurait du être évacué les premiers. Directive qu’évidemment ils n'ont pas suivi. Remettant les enfants à Brigit la gouvernante, le temps que Dafne et Rafahel puissent prêter main forte aux soldats. Néanmoins, ils ont rapidement été poussé vers la sortie.

Les voilà désormais sur la route de Kashaï, le Château de la forêt les attendait. Les enfants, fatigués du voyage, étaient calmes. Les jumeaux assis sur un Haydaim, les parents à pieds. Il avaient hâte d'arriver chez Lady Ceriza, cette dernière leur avait gentiment ouvert les portes de son palais. Le voyage ne serait plus très long, Lady Ildra c'était rattaché au groupe, un brin de discussion fit passer le temps plus rapidement.
Les voilà à bonne destination. Enfin ! Après tout ce temps passé sous les gouttes, cela faisait un grand bien de trouver un endroit sec. Aiguillé par Dame Ildra, le quatuor se prit le temps de se changer et se présentèrent aux gardes une fois chose faite. Dame Ceriza se présenta, accompagnée de Lady Ildra et de Asril. Précédemment rencontré.
Le regard de Nixie s'illumina devant cette dame imposante de part sa présence, Nerva lui, restait plus un retrait.

-Dame Shalos, merci pour votre accueil. Un grand merci également à Dame Ildra et Sieur Asril pour leur aide et leur compagnie, répondit Rafahel de son ton habituel. Sous le regard désapprobateur de Dafne, qui voulait dire "Tu exagères, montre un peu plus d'entrain !"

-Madame Shalos, vous me voyez extrêmement reconnaissante à l’égard de votre hospitalité et votre générosité, renchérit Dafne. Les enfants.

Les deux petites voix s’élevèrent dans la pièce, un "Bonjour et merci beaucoup Madame Ceriza" simultané se fit entendre. La famille baissa la tête en signe de réponse. Et la première à réagir aux dires de la cheffe de Mido, fut Nixie. Affamée par ce voyage trop long et qui avait écorché sa patience.

-Oh oui, je suis aussi affamée qu'un Manglouton, s'exclama la fillette rapidement reprise par sa mère.

-Nixie ... tu m'avais promis de te tenir tranquille. Qui plus est nous ne sommes pas à la maison, alors ne sois pas impatiente s'il te plait. Nous serions enchantée de partager un repas.

Rafahel quant à lui se rapprocha de Ceriza, qu'il connaissait assez bien. Ce soir, ils ne parleraient pas de politique. Il se permit même une petite boutade. Ce qui lui valu le regard noir de Dafne.

-Mon épouse a tendance à faire quelques manières, ne vous inquiétez pas. Il en profita pour faire sortir ses pokemon, d'abord Plue et rapidement suivie de Furie, puis de Cosmo. Vous souvenez-vous de cette Croquine rencontrée lors de notre entrevue ? Voyez comme elle a bien grandi.

Effectivement, la Croquine était devenue une Candine. D'ailleurs, pendant que les pokemon faisaient connaissances tout le monde prit place autour de la table. Les différents plats, dont le fumet chatouillait les narines de touts, donnaient l'eau à la bouche.

-Effectivement, et c’est un réel bonheur de la compter dans l’équipe. Pour ce qui est de l’entraînement, je crois qu’elle comme moi, avons hâte qu’elle devienne une Sucreine ahah.

Le gris se met à sourire, il approuve les paroles de la cheffe de Mido. Sa petite équipe commence à doucement se former. Il en est fier. Au tour de Ceriza de présenter ses nouveaux compagnons, magnifiques ! Voilà un groupe très intéressant. Rafahel les regarde un par un, mais son attention est portée sur le Kraknoix … comme toute l’assemblée. Une évolution en directe, les enfants sont émerveillés ! La petite chose orange vient de devenir une sorte d’insecte volant, un Vibraninf je crois.

-Quel beau spectacle ! Je vous retourne le compliment Ceriza, vous êtes également très bien entourée.

Une fois attablés, les délicieux arômes s’échappent des cuisines pour chatouiller les narines des convives. Tous salivent par avance ! Mais s’est sans compter le Vibraninf qui semble faire des siennes, de la nourriture au sol et une cheffe de Mido en mode réprimandes. Un sourire s’étire sur le visage de Rafahel, voilà une drôle de situation.
C’est en voyant Mlle Shalos à l’œuvre, que le Kuniois comprit qu’elle était une excellente cheffe. Ok, il le savait déjà ! Mais cela le conforte dans sa certitude. Elle impose le respect, possède une aura de leadeuse … tout ce qui fait un bon dirigeant.

-Eh bien, on devrait laisser notre terrible Nixie ici quelque temps. Je suis sûr qu’elle filerait au pas ahah. Il n’y a pas de mal, ça arrive.

La remarque n’a visiblement pas plu à la petite qui gratifie son père d’un regard vexé. Soit, elle se tiendrait à carreau pour une fois. Et ne se fait d’ailleurs pas prier lorsque que Dame Ceriza donne le feu vert pour entamer les plats. Miam miam !
La famille Snowthorn imite leurs hôtes en se servant une soupe et du pain. Dafne, qui prend plaisir à boire une gorgée de vin lève la tête. Le mot bibliothèque vient de la titiller.

-J’ai promis de ne pas trop travailler, mais si la bibliothèque est à disposition … Je ne saurais résister.

Une bourru de travail, après tout Dafne est une Sakaienne. Quoi de plus étonnant. Rafahel lui, discuterait éventuellement de politique avec Ceriza et encore. Il veut surtout profiter de se voyage à Mido pour se reposer et réfléchir. Une question trotte dans sa tête depuis pas mal de temps, a-t-il envie de continuer. Continuer à diriger Kuni.
Il est sorti de ses pensées par les voix de ses enfants.

-Promis Madame !

Voilà pourquoi il se pose cette question. Ses enfants, sa famille. Être chef est une lourde responsabilité, il passe parfois plusieurs semaines sans les voir. Et avec l’attaque du Grand Conseil, le pays ne semble plus aussi sûr qu’avant. Un dilemme l’attend. L'heure n'est pas à ces soucis !


-J'espère que la tempête va vite cesser, je n'ai jamais vu ça ! Avez-vous eu des nouvelles des autres pays ?

Le jeune chef regarde tous ces mets avec attention, sa gourmandise lui intime de se jeter sur tous ! Mais il garde le contrôle et décide d’imiter Lady Ildra, en prenant un poisson. Dont le fumé régale les narines. Rafahel adore le poisson ! Comme la plupart des Kunois en fait, puisqu’il s’agit en premier lieu d’un peuple de pécheurs. Première bouchée et c’est excellent. La cuisson est parfaite, la chaire fond en bouche et le goût titille les papilles. Le chef s’est surpassé, au grand bonheur de Rafahel. 

Inquiet du sort des autres pays, il lève la tête lorsque Ceriza répond à sa question, précédemment posée. Il espère entendre des bonnes nouvelles. 

-Je leur souhaite que rien de plus grave ne puisse leur, et vous, arriver. Le plus important reste l’absence de pertes humaines. 

C’est pour cela que Rafahel et Dafne avait tardé pour rallier Mido. Le couple souhaitait avoir la certitude que tous les Kuniois étaient bien évacués … ils avaient toute confiance dans la garde, bien évidemment. Néanmoins, ça leur tenait à cœur. Et puis ils ont « gentiment » étaient escortés vers la sortie. Kuni ne pouvait pas prendre le risque de perdre son chef et sa famille. 

-Nous sommes restés un peu plus longtemps que prévu à Kuni, pour aider à l’évacuation. 

Avant qu’il ne puisse poursuivre, une main se dépose sur son épaule. Il tourne la tête et aperçoit Nevra en train de piquer du nez. Il sourit, amusé. Le pauvre, il doit être éreinté de ce long voyage sous la pluie. 

-Si vous voulez bien m’excuser, je crois que ce petit a besoin de repos. 

Elle se lève de table et décale la chaise sur laquelle est assit son fils, afin de le prendre dans ses bras. Il a déjà les yeux fermés. Un baiser de sa sœur sur la joue et un baiser de Rafahel sur son front et le voilà déjà en direction de la chambre. 

-Il n’a pas très bien vécu ce périple.

Rafahel affiche désormais une mine inquiète. Nevra a une santé fragile depuis sa naissance et cette marche sous la pluie battante n’est pas la meilleure amie des maux. Enfin, il essaye de se rassurer en se répétant qu’ils étaient chez Lady Ceriza. Mais bon, inquiétude de papa.

Rafahel est inquiet, oui. Depuis l’attaque du Grand Conseil, il songe à la dangerosité de son poste. Il n’est plus le même, déjà qu’il n’était pas très engagé, là, il est encore moins. Il fait signe à Nixie de montrer, pour rejoindre sa mère et son frère. Ainsi, il pourra s’entretenir avec Ceriza. La remerciant par ailleurs d’un mouvement de tête.

La cheffe de Mido a raison, c’est une situation très compliquée. Encore plus maintenant que les enfants prennent de l’âge. Le double rôle père-chef, n’est plus si facile à jouer et à supporter. Cela, Rafahel le ressent chaque jours. Peut-être devrait-il démissionner et laisser sa place à un chef ayant davantage les épaules pour. Il acquiesce à tout ce que dit son hôtesse.

-J’ai peur effectivement. Je n’arrive plus à appréhender mon rôle de chef, comme je le faisais avant … Depuis l’attaque du Grand Conseil en tout cas. Dafne a du mal également.

Il marque une pause et arrête son regard sur le couple que forment Ceriza et Ildra, un merveilleux duo. Elles semblent heureuses et c’est le principal.
Rafahel en avait longuement discuté avec Dafne, de quoi faire s’il démissionnait. Rester à Kuni ou déménager, repartir à Sakai pour se rapprocher de la famille de Daf. Ils ne savaient pas encore quoi faire.

-On développe effectivement des capacités insoupçonnées lorsque l’on devient parent, mais croyez moi … rien de surhumains. On est même très fatigué ahah ! Il s’arrête quelques secondes avant de reprendre. Je dois vous avouer que je pense à démissionner, vous avez raison. C’est trop compliqué, dangereux et je n’ai plus la tête à ça. Je ne parviens plus à me couper en deux.

Il passe une main dans ses cheveux, il a bien en nom en tête. La fille De Rosfind, elle serait parfaite pour ce rôle. Mais il faut que le Conseil soit d’accord, chose qui ne devrait pas être trop compliquée. Il ne peut effectivement plus continuer comme ça. C’est soit son rôle de chef, soit son rôle de père et jamais il n’abandonnerait le second. La décision est prise.

-J’en pense qu’il est temps pour moi de laisser ma place.

Les paroles de Ceriza sont comme un électrochoc, ce dont avait besoin Rafahel pour réaliser qu’il se devait de prendre cette décision. Il songeait depuis quelque temps, appuyé par Dafne. Mais il n’avait peut-être pas eu le courage de se l’avouer et de le reconnaître. Cette discussion est tombée à point nommé, elle lui a ouvert les yeux sur ce qu’il souhaitait réellement. Reprendre un métier plus « classique » et être plus présent pour sa famille.

-C’est mon épouse qui va être heureuse si je fais preuve d’un peu plus de sagesse dans ma vie.

Il rit et la remercie d’un hochement de tête. Son sourire s’élargit lorsqu’il aperçoit les verres se lever, on ne va pas mentir, cela flatte son ego et il apprécie. Il lève le sien en guise de réponse. Au fond, il espère avoir été un bon chef. Très rapidement rassuré par Ceriza, qui scelle son geste avec une parole qui le touche. C’est un homme pudique, qui ne montre pas ses sentiments et cette situation ne fait pas exception. Même si toutes les émotions peuvent facilement se lire sur son visage.

Une fois la tempête terminée, il retournerait à Kuni pour faire part de sa décision au Conseil. Il resterait en poste pour aider la reconstruction de son lieu de vie et le temps qu’ils puissent élire une nouvelle personne à la tête du pays. Et même si dans quelque temps, il ne sera plus chef … il ne compte pas pour autant tomber dans l’anonymat.

-Je vais en discuter avec le Conseil en rentrant. Et j’ai effectivement un nom en tête, une certaine demoiselle de Rosfind. Ses parents siègent au Conseil.

Ce qui peut être une bonne chose, comme une mauvaise. Elle connaît déjà l’aspect politique du pays, garce à ses géniteurs. Mais il ne faut qu’elle soit élue juste pour ça … cela créerait une discorde dans le pays. Il n’est jamais très bien vu d’être un fils ou une fille "de".

-C’est vrai et je dois dire qu’Aryël et moi avons fait le bon choix.

Loin de lui l’idée de se jeter des fleurs, mais ils ont visé juste en proposant la candidature de Ceriza. Elle a réussi à redresser Mido, après la disparition de l’ancien dirigeant et ce n’était pas gagné.