Nous nous jaugeons mutuellement, le Chevalier d’Or et moi.

Son regard est de marbre, mais je peux sentir un feu ardent qui brûle en son sein. Rien d’étonnant bien sûr. Ces femmes et ces hommes sont la fine fleur de Kuni. Ils représentent la loi et la puissance de nos troupes. Ils sont tout simplement les meilleurs…

Même sans son armure, il m’impressionne. Je ne suis déjà pas bien grand alors je me sens encore plus petit. Ridicule même. Mais je n’ai pas l’intention de faire demi-tour. Je me suis inscrit pour briller ! Même Papa est là pour observer ma performance.

J’aimerais lui offrir cette victoire, même petite, qui me paraît si spéciale.

L’épreuve de Kuni… Ce n’est pas rien. Je me demande si la lutte ancestrale porte bien son nom ? Est-ce que nos ancêtres pratiquaient vraiment cet art du combat ? Peut-être. Cela pourrait aussi n’être qu’une invention pour rendre notre pays intéressant.

Dans tous les cas, je n’ai pas envie de perdre. Je dois prouver que la force brute ne suffit pas.

Dans la lutte, il faut aussi être rusé comme un renard l’est dans la nature. Les coups en fourbe, très peu pour moi. Pourtant, cela peut apporter la victoire dans une telle bataille.

Il faut savoir être vif, rapide. Il faut savoir se servir de sa tête plus que de ses bras. C’est simple : le bluff est parfait pour gagner. Ce n’est pas ma tasse de thé bien sûr. Je suis quelqu’un d’honnête et dont la gentillesse m’est parfois reprochée.

Sauf qu’aujourd’hui, il n’y a rien en jeu. Juste un peu de fierté personnelle et de représentation pour mon pays ; celui de l’eau et du dieu Kyogre.

Alors je dois… Je dois gagner ! Je n’ai pas peur.

Le combat commence. Le Chevalier d’Or m’attend. Il fait preuve d’une patience légendaire, je n’ai même pas à attendre longtemps pour le savoir. L’expérience se lit dans ses traits.

Un jour, peut-être, je serais son égal.

Pour le moment, je me contente de cette épreuve. Je suis donc le premier à m’élancer puisqu’il semble que la technique de mon ainé soit d’attendre l’adversaire. Pas le choix.

Je ne suis pas très à l’aise sur le billot. L’équilibre fait partie de l’entraînement de l’armée, mais ce n’est pas ce que l’on travaille le plus. Je peux dire merci à ma constitution qui, pour une fois, me permet d’avoir un avantage !

Je me glisse jusqu’à l’homme puis esquive un coup de poing en direction de mon visage. C’était moins une ! Il ne plaisante pas.

L’instant d’après, je suis agrippé et repoussé. Le chevalier n’a aucun mal à me propulser plus loin. Si bien que j’en perds l’équilibre pendant deux secondes. Encore une fois, j’ai failli perdre…

Je ne suis peut-être pas fait pour cela finalement. Mais bon. Abandonner ne fait pas partie de mes principes.

Un nouvel assaut de ma part. Cette fois, je parviens à être assez rapide pour porter un coup faible mais déstabilisant. C’est insuffisant mais l’homme est surpris. C’est le moment !

…

………

Q-que ? Voilà que je glisse sur une flaque que je n’avais pas vu ! Mon pied dérape et je trébuche. Je me retrouve en l’espace d’un instant à l’eau. Ma chute est si mauvaise que j’avale de l’eau dans le même temps. Pouah !

Alors que je tousse pour faire sortir le liquide de mes poumons, je tente de voir mon adversaire un peu plus haut. Il doit bien rire de cette piètre performance… Mince, j’espère que Papa n’a rien vu. Qu’est-ce que je raconte ? Evidemment qu’il a vu…

Eh bien Artemis, briller ce sera pour plus tard. Je vais mieux après avoir bu la tasse. Je me relève, piteux, et me dépêche de rejoindre mon paternel tandis que le Chevalier Doré est proclamé vainqueur une énième fois.

« Désolé Papa… »

Mais je ne peux pas me morfondre : un sourire et un câlin m’attendent.

Solo