Elle allait devoir parler avec Jeanne pour éclaircir tout ça. Ou tout du moins, pour se morfondre sur le fait qu’elle avait eu un comportement horrible avec sa chef qui, s’il y avait eu des gardes dans les parages, lui aurait certainement valu la prison. Laurel se ressassait les dernières minutes avec un effroi grandissant en réalisant toutes les choses qu’elle aurait pu dire ou faire pour que sa relation -non-existante- avec Aryël Eladan ne vire pas au cauchemar. Par Arceus ! Un simple « au revoir, je dois y aller » aurait pu suffire. Mais, non comme d’habitude elle ne réfléchissait pas et mettait les deux pieds dans le plat. Sans Jeanne à ses côtés pour lui donner la voix de la raison elle faisait n’importe quoi. C’était à se demander comment elle avait survécu sans elle.

Malta avait pris les devants. La carmache en avait franchement marre de ce lieu trop peuplé et de cette pluie immonde mais plus encore elle redoutait ce qui devait suivre. Maintenant, qu’elle avait évolué et gagné en force, il était temps pour elle de défier une nouvelle fois le monstre qui régnait dans les escarpements. La dragonne doutait fortement d’en revenir indemne. Chaque minute passé auprès de Laurel était probablement sa dernière et elle ne souhaitait pas les perdre à courir dans la foule. Plutôt, elle retrouverait la famille de Laurel, Jeanne y compris, plutôt elle pourra partir la sachant en sécurité. La Ranine bien sûr n’avait rien de marqué du tout.

Il ne fallut pas très longtemps après qu’elles se soient mises en route pour que Malta remarque l’odeur d’Âtre, qu’elle pista. Ou tout du moins, elle espérait que ce soit son odeur, à cause de la pluie tout semblait flou et atténué et une odeur de chien mouillé venait recouvrir toutes les autres plus subtiles. Elles passèrent justement un ponchien qui se secoua juste à côté d’elles.

Laurel remarqua Âtre presque en même temps qu’elle vit sa mère et Jeanne. Son torse se gonfla de stupeur avant qu’elle ne crie un « Maman ! » résonnant et ne se jette en courant dans les bras de celle-ci. Attica Senjak vacilla sous le poids de sa fille, surprise d’abord, puis réalisant qui était l’hurluberlue qui lui avait sauté dans les bras sans aucune sommation, euphorique. La mère de Laurel resserra son emprise autour de sa fille, l’écrasant presque de ses bras puissants. La joaillière était à la limite de suffoquer mais impossible de savoir si cela venait des larmes qui coulaient maintenant sur son visage ou de la pression sur sa poitrine.

Il ne fallut que quelques secondes pour que deux autres paires de bras ne viennent se joindre au câlin. Moxien s’était mis à pleurer au même moment que sa mère et sa sœur et Rene enserrait sa famille dans ses bras musclés. Après tout ce qui s’était passé il avait trop peur de les lâcher. Malta tira un pu sur la chemise sale du forgeron qui rigola un peut avant d’ouvrir ses bras pour qu’elle trouve sa place dans l’étreinte.

Seul manquant était Amun, le vieux mercenaire, qui restait coincé par terre, les yeux pétillants de bonheur et de soulagement de savoir sa chère Laurel saine et sauve. Il tourna néanmoins son regard vers la jeune femme qui était arrivée devant eux quelques secondes au paravent. La fixant quelques secondes de ses yeux de glace avant de déclarer à voix haute.

« Laurel, et si tu nous présentais ton amie ? »