Laissant le Lac Noctali derrière avec tous ses secrets, Mila était de retour sur la route. Son rendez-vous avait bien eu lieu, mais la demoiselle aurait voulu remonter dans le temps pour s’épargner telle peine. Elle n’en ressortait clairement pas victorieuse et, le cœur lourd, elle devait faire face à un nouveau problème. Balthial. Celui qui avait accepté de lui venir en aide, avec tout son altruisme. Mais aussi, par amour, comme le prouvait sa déclaration faite sur l’île enchanteresse. Le Ranin avait toujours été un atout pour la jeune femme, et il aurait donné sa vie pour elle… Mais désormais, il régnait un certain froid entre les deux protagonistes. Tant et si bien que le voyage était des plus maussades, et pour ne rien arranger, Kyogre faisait pleuvoir l’eau sur leurs têtes.

Les chemins commençaient à se changer en boue et la Bleuette plaignait le Bourrinos, ainsi que la Zéblitz du Ranin. Cela ne devait pas être de tout repos de voyager par ce temps. Trempée jusqu’aux os, la jeune femme avait vraiment envie de s’arrêter pour attendre que l’averse passe. Mais à quoi bon ? Les montagnes n’étaient plus très loin, et s’ils voulaient y arriver avant la nuit, il fallait éviter de faire des pauses. Alors tant pis. Elle prenait sur elle. De toute façon, c’était une bien maigre punition pour ce qu’elle avait commis, bien malgré elle.
Son regard azur se dirigea vers Balthial, qui ouvrait la marche. Le cavalier n’avait pas dit un mot depuis… Cet échange si particulier. Même pas lorsqu’ils avaient traversé Enogen pour se diriger vers leur destination. Rien. Le silence était le seul compagnon de Mila. Mais elle ne pouvait pas blâmer le jeune homme. Elle comprenait son ressentiment envers elle et elle se demandait encore pourquoi il acceptait de venir ? D’autant plus que les épreuves à venir seraient probablement très rigoureuses.

Gravir les montagnes serait un défi pour le duo, Mila le savait bien. Il y avait bien des guides pour aider les visiteurs, mais la demoiselle ne voulait pas en prendre un avec eux. Ce n’était pas une simple promenade qu’ils effectuaient, mais ils entamaient la fin d’un voyage des plus rudes… Cela dit, si Balthial avait besoin d’un guide, la Bleuette ne comptait pas s’y opposer. Elle ferait tout pour ne pas le décevoir une fois de plus. Mais pour le moment, elle continuerait ses prières jusqu’aux montagnes de Sakai…

[…]

Après un moment, ils arrivèrent enfin aux pieds rocailleux des mastodontes de la Nature. Mila se sentait vraiment insignifiante lorsqu’elle regarda vers le ciel. Les Pics semblaient si loin. Imprenables, comme une forteresse. Mais en tant que dame de Sakai, cela n’était pas un peu ironique ? Surtout venant de la fille Valni… Elle qui avait toujours voulu les voir, ces fameuses montagnes. Son ambition d’érudite l’avait poussé à faire des recherches sur elles, afin de les gravir un jour pour voir au-delà. Il y avait des légendes, comme quoi, leurs ancêtres à tous viendraient de derrière les monts noirs… Mila avait toujours voulu tirer cette histoire au clair. Mais le destin n’avait pas guidé ses pas ici pour cette raison. C’est qu’il pouvait être bien cruel quand il le voulait vraiment. Cela dit, la demoiselle regardait toujours en face désormais. Elle prenait cela pour des épreuves créées par Zekrom. Au début, elle doutait que son dieu soit sadique avec elle… Mais à présent, ces souffrances étaient devenues des épreuves.

Mise à part toutes ces pensées farfelues, il fallait bien agir. La jeune femme quitta donc le Bourrinos et tenta d’entamer la conversation avec Balthial depuis leur départ.

Ce n’était pas ce qui manquait en réalité. Les voyageurs venaient très souvent à dos de cheval, et ils étaient tous contraints de laisser leur Galopa, ou autre, au pied des montagnes. De ce fait, des personnes se chargeaient de garder les montures pour eux, assurant ainsi une ascension sans tracas. En théorie.
Pour en revenir à Mila, elle n’était vraiment pas fière de s’adresser à son ami pour cela. Elle aurait voulu lui dire tout un tas d’autres choses, mais elle en était incapable. Le voyage continuerait avant de pouvoir parler réjouissances…

Sans un mot, Balthial était d’accord avec Mila pour laisser les chevaux à quelqu’un. La situation avait un étrange goût de déjà-vu, de quoi dépiter la jeune femme dont la chevelure lui collait au crâne. Au lac, ils avaient fait la même chose pour des raisons pratiques. Un étrange pressentiment envahi alors la Bleuette. Et si leur aventure dans les montagnes allait être aussi éprouvante qu’au Lac Noctali ? Elle priait Zekrom pour que cela soit simplement un peu d’appréhension. Après tout, il n’y avait aucune raison que tout se passe mal. Ils auraient déjà fort à faire avec les chemins rocheux et escarpés.

Il se passa ensuite un bon moment depuis que l’ascension avait débuté. Le duo grimpait à une allure respectable, mais il pleuvait toujours. Mila regrettait alors de ne pas avoir pris de quoi s’abriter lorsqu’elle en avait eu l’occasion. Son départ de la maison de Krishna fut pour le moins rapide et chaotique… Néanmoins, la demoiselle n’avait pas besoin de se remémorer tout cela. Elle chassa la pensée, la pluie était largement supportable. En revanche, son ami et elle avaient grand intérêt à faire attention pour ne pas glisser sur une roche plate. Heureusement, pour le moment, il n’y avait pas de difficulté. Après tout, le voyage ne faisait que commencer et la pente n’était pas encore trop raide.

Cela dit, un peu plus tard, c’était une autre paire de manche. La jeune femme commençait déjà à sentir l’air devenir plus rare. Cela n’était pas encore handicapant bien entendu, mais tout de même. Balthial fit ensuite appel à Sleipnir, certainement pour qu’elle s’occupe de surveiller les alentours. Ne disant rien, la jeune femme envoya tout de même Amarok en renfort. Les deux Pokémon se connaissaient bien, et ils étaient en quelque sorte des rivaux… Mais positivement. Cela allait les motiver. D’ailleurs, le cavalier proposa une pause, en se tournant vers la Bleuette, avec un sourire. Mila fut quelque peu surprise, mais heureuse de s’arrêter un peu. Et surtout, le sourire, même léger, de son ami lui fit chaud au cœur. En plus de cela, à quelques pas, il y avait une roche creusée qui allait les mettre à l’abri de la pluie. Tant mieux, c’était un peu de répit mérité !

Maintenant, la proximité entre les deux humains était réduite. Cela n’était pas encore dérangeant, mais cela rendait la situation plus tendue. Alors que le silence était encore le maître des lieux, l’érudite se mit à réfléchir. Il fallait qu’elle trouve quelque chose à dire, car leur lien était en train d’être grignoté de plus en plus. Finalement, un sujet de conversation émergea bien vite. Peut-être qu’il ne plairait pas au Bleuté, mais il fallait tenter le coup…


Mais Balthial ne protesta pas. Au pire des cas, il pouvait garder les informations pour lui et en faire ce qu’il voulait.


Mila imagina alors son frère avec tout un tas de muscle et une immense barbe d’ermite. Elle frissonna, ce n’était pas vraiment ce qu’elle souhaitait ! Blague mise à part, Ayden avait bien entendu changé. Mais cela, ils en sauraient plus dans peu de temps. Consciente que le physique de son frère n’intéresserait pas beaucoup le cavalier, elle continua sur autre chose.


Au fait, Balthial savait-il qui ils étaient, ces Pokémon ?

L’érudite marqua une petite pause pour voir si le cavalier avait quelque chose à ajouter. Comme il n’en fut rien, son récit reprit.


Comme une certaine personne, voulut-elle ajouté. Mais Mila en resta là pour le moment. En plus, leurs Pokémon revenaient, en jouant ! Sleipnir courrait et Amarok était à sa poursuite. Cela soutira un rire franc à la demoiselle qui mit quelques secondes pour s’en remettre. Au moins, ces deux-là étaient là pour détendre l’atmosphère, et la pluie n’y changerait rien.

Après les révélations faites, Mila ne s’attendait pas à ce que Balthial réponde quoi que ce soit. Mais bien au contraire, il fut pris au jeu de la devinette et fit part de ses soupçons à la dame. Elle l’écouta attentivement. En revanche, à la fin du discours, le Bleuté reprit la route. Il n’attendit pas les impressions de son amie. D’ailleurs, il y avait du vrai dans les suppositions de Balthial. Déjà, ce qui était certain, c’était qu’Ayden avait bel et bien grandi avec un Pokémon de type Feu. Pour le reste, Mila préférait ne rien avancer de spécifique. Elle ne connaissait rien quant aux intentions de son frère… Dans un sens, c’était étrange qu’il envoi des étranges personnages à sa poursuite. Mais dans l’autre, la Bleuette savait qu’Ayden avait ses raisons. Elle lui faisait confiance, malgré tout. Une confiance qui semblait indéfectible…


Cette fois, Mila en resterait là. Balthial s’était montré quelque peu accusateur dans ses dernières paroles. Bien entendu, il avait largement de quoi être en colère. Mais sa façon de faire ne plaisait pas à la demoiselle. Les soupçons qu’il avait ne changeraient rien après tout.
Alors, elle choisit de se concentrer plutôt sur les Pokémon. Amarok aimait beaucoup l’air de la montagne apparemment. Il continuait sa course encore et encore, infatigable. Dommage que celui ne faisait aucun effet sur le Ranin.

Au final, le Soleil commençait doucement à décliner dans le ciel froid de Sakai. L’érudite se demanda alors s’ils arriveraient là où se trouve Ayden avant la nuit. Elle n’avait pas vraiment envie de passer sa soirée à grimper les chemins rocheux. D’ailleurs, il se trouvait où, exactement, Ayden ? Mila ne se souvenait pas qu’il existe des villages dans ces montagnes. Après tout, il serait très difficile d’y construire quoi que ce soit. Mais alors, il devait être dans un campement. Les conditions devaient être particulièrement rudes… D’ailleurs, plus ils montaient, plus la jeune femme avait l’impression de s’éloigner des Pics. C’était juste une impression désagréable, mais c’était embêtant.

Et puis le silence était retombé entre les deux humains. La Bleuette n’avait plus rien à dire à présent. Elle espérait donc qu’ils trouveraient rapidement ce qu’ils cherchaient… Etait-ce là l’ultime épreuve ? Ou bien un autre individu masqué allait-il faire son apparition ? Mila repensa aux propos du fils Zajin. Effectivement, ils avaient des masques basés sur des Pokémon Feu. Le premier fut un Démolosse… Dans un premier temps, la douce pensait que c’était fait exprès, car elle avait une peur bleue de ce Pokémon. Mais l’autre était un Feunard, pas de quoi l’effrayer. Alors oui. Peut-être qu’ils étaient tous liés par le feu, et donc par Reshiram. Cela ne ressemblait pas à la façon de faire d’Ayden mais depuis le temps, il avait probablement changé en bien des façons.

Bientôt, les réponses tomberaient. Bientôt, son but final serait atteint. Mila fut alors prise de doutes. Que faire par la suite ? Vivre avec Ayden était la solution la plus envisageable. Mais il y avait le cavalier. Lui n’allait pas vouloir rester à Sakai, et encore moins avec des personnes qui l’ont humilié… C’était un autre problème au final. La jeune femme en avait mal au crâne à force de réfléchir, en plus de l’air moins riche à cause de l’altitude. Elle aurait voulu que tout se passe normalement, comme une réunion de famille et que Balthial soit accepté. Mais le destin n’était jamais aussi généreux et il fallait faire avec.

[…]

La Lune était presque visible dans le ciel. Ce dernier se teintait de couleurs magnifiques. La vue dans les montagnes était incomparable. C’était un trésor de Sakai, tout comme l’était le couché de Soleil au-dessus de la mer, à Kuni… Il faisait de plus en plus froid. Désormais, la pluie était remplacée par de la neige. Ils étaient tellement en hauteur qu’on y trouvait de la neige éternelle. Mais il n’y avait pas âme qui vive. Mila s’enfonçait un peu dans la matière blanche et Amarok s’amusait à marcher dans ses pas. Il avait bien de la chance de ne pas avoir des tremblements à cause de la température !

Mais peut-être qu’il était temps de faire une nouvelle pause. Il y avait des rochers, pas de quoi faire un abri potable, mais ils pourraient protéger contre le vent mordant.


La jeune femme était à bout de souffle. Elle ne s’en était pas rendu compte, mais son corps éprouvait vraiment de la difficulté à tenir le cap. Elle posa d’ailleurs un genou à terre, avant de grimacer. Quelle froideur ! Mila eut alors l’idée de s’entourer le corps avec sa cape qui voletait dans son dos. Heureusement qu’elle possédait ce genre d’ornement, c’était plus utile qu’une simple jupe ! Amarok vint aussi apporter de l’aide à son humaine. Suite à cela, la Bleuette sortit Tiamat de sa Captis Ball et la serra contre elle.


La Tritox fit mine de ne rien comprendre, et elle se contenta d’attendre, au chaud dans la cape elle-aussi. Maintenant, étaient-ils proches du but ? On pouvait voir de nombreux pics un peu plus loin, perçants les cieux de leurs crocs. Bientôt, Mila, bientôt.

Le froid était rude et il cognait dur contre la peau tendre de Mila. Elle aurait souhaité qu’il ne neige pas, car après la pluie, cette météo n’arrangeait pas du tout le duo. Mais la jeune femme était résignée à présent. Elle n’allait pas se plaindre des flocons ou de quoi que ce soit d’autre. Ce voyage, c’était elle qui l’avait voulu et personne d’autre. Elle en payait maintenant les conséquences. Peut-être qu’ils auraient mieux fait de prendre un guide avec eux. Ils auraient certainement fait une ascension plus rapide, mais surtout, cette personne avait de l’expérience  en matière de montagne. Dès lors, le guide aurait pu trouver des vrais abris…

Cela dit, la Bleuette n’était pas livrée à son propre sort. Elle avait ses compagnons Pokémon, mais également Balthial. En effet, le jeune homme avait lui aussi un Pokémon capable de générer de la chaleur. La Chamollot chromatique que Mila avait vu au lac, entra donc en scène. L’érudite se rappela alors que la camélidé avait quelques difficultés pour garder une température constante qui ne soit pas trop intense. Cependant, sa présence était vraiment appréciable par ce mauvais temps. La neige ne l’atteignait même pas, car elle fondait dès qu’elle entrait dans le périmètre de la Chamallot. Et donc, la chaleur irradiait de son corps, plongeant Mila dans un état presque normal. Elle se sentait beaucoup mieux, mais ce Pokémon allait certainement souffrir de fatigue au bout d’un moment. Le Bleuté devait le savoir, puisqu’il quitta la douce pour aller chercher du bois. Evidemment, Mila n’avait pas fait le rapprochement au début, et elle s’inquiéta du manque de communication de son ami. Mais il revint ensuite, les bras chargés de branche.

Peu de temps après, le feu était prêt. Les flammes s’affairaient farouchement à dévorer le bois et à crépiter. Ce petit bruit avait quelque chose de rassurant, et au moins, la Chamallot pourrait prendre du repos un peu plus tard. Le fils Zajin appréciait son œuvre, et il s’installa sur le sol gelé. Mila était déjà près du feu, elle avait placé sa cape en dessous d’elle à présent. Le vêtement serait probablement trempé et il serait difficile de le porter, mais tant pis. Quant à Tiamat et Amarok, ils étaient tous les deux aux côtés de la Bleuette, profitant de la chaleur ambiante à leur tour. Avec une telle escorte, Mila n’avait plus peur de mourir de froid !

Balthial anima un peu l’instant en présentant plus en détail sa partenaire camélidé. Il s’agissait donc d’Imnir, qui venait de Ran. Cela n’était pas très surprenant, mais la jeune femme appréciait que le Ranin souhaite se confier un peu à elle. Certes, ce n’était pas non plus des confidences sur son état de santé, mais c’était déjà mieux que le silence assourdissant de par sa présence totale. Par la suite, le fils Zajin proposa de passer la nuit ici, près du feu et sous la protection des roches froides. Cela dit, il n’en était pas question pour la Bleuette.


D’un côté, l’homme de Ran avait raison. Il faisait noir et il neigeait toujours. Reprendre la route dans de telles conditions était vraiment risqué. Ils pouvaient tomber dans une crevasse, glisser et se casser une jambe. Ce genre de chose qui arrive en montagne. Mais Mila n’avait pas tort non plus. Ils étaient près du but, et nul ne doutais qu’Ayden avait un camp et de quoi vivre plus confortablement. De plus, le feu pouvait s’éteindre à tout moment et il serait impossible d’en refaire à cause de l’humidité du bois. Il ne resterait donc que les Pokémon pour les aider à survivre au froid… Mais il n’y avait vraiment qu’Imnir d’efficace, et la jeune femme voulait leur éviter des souffrances inutiles.

Néanmoins, lorsqu’elle voulut se relever pour appuyer ses dires, l’érudite resta comme bloquée sur place. La chaleur était bien, mais ses membres commençaient à s’engourdir tout de même. La situation n’était pas des plus favorables… Et cela voulait dire qu’ils passeraient la nuit ici. Cela sonnait presque comme du suicide. Alors tant pis, Mila n’avait pas le choix que de sortir ses autres compagnons pour qu’ils puissent tous se tenir chaud. Sauf Naga, bien entendu.  Chacun leur tour donc, apparurent Garuda l’oiseau de fer. Nepenthes, une petite pousse hargneuse, et Rahu, la jeune Coupenotte. Prenant froid rapidement, le Chétiflor et la dragonne se blottirent contre leur humaine aux yeux azurs. Cela tira les lèvres de cette dernière en un doux sourire. Garuda, elle, n’aimait pas le froid non plus mais elle avait l’avantage d’être plus résistante. Ainsi, elle se plaça de telle sorte qu’elle pouvait couvrir le petit groupe avec ses plumes d’argent. Néanmoins, Balthial n’était pas inclut. Non pas parce que le rapace ne voulait pas de lui, mais bien parce qu’il était à l’opposé de Mila. Voyant cela, la demoiselle n’avait pas d’autre choix possible.


Mais ce n’était pas tout. En alliant leurs forces ainsi, ils allaient être en mesure d’offrir plus de chaleur à leurs amis Pokémon. Mais aussi, ceci.


Certes, Mila avait rejeté ses sentiments la nuit dernière. Mais ce n’était pas le moment de faire la fine bouche. Et puis si Baal décidait de faire appel à ses Pokémon, ils auraient ainsi un petit groupe conséquent pour se tenir chaud mutuellement. Les plus grands Pokémon protégeraient les autres, profitant du feu. Et les plus fragiles pouvaient fournir de quoi tenir plus facilement.

Finalement, ils passeraient la nuit sans campement, mais ce n’était pas plus mal.

Le fils Zajin avait été plus que réticent à l’idée de venir se placer auprès de Mila. Bien sûr, ce comportement était largement compréhensible. Néanmoins, le jeune homme semblait prendre trop à cœur les déclarations de son amie… En l’état actuel, ils avaient d’autre chose à penser que des histoires de cœur. Au final, le cavalier était bien plus sentimental qu’il ne le laissait paraître. Cela était bien la veine de la Bleuette qui n’espérait qu’une seule chose : que leur amitié survive à ce froid et à cette aventure. Cela dit, le cavalier n’eut pas d’autre choix que de faire confiance à la jeune femme et à répondre à son invitation, car même son équipe avait fait le choix de rester en groupe. L’attitude solitaire de Baal fendit le cœur de la douce Mila. Bien qu’elle comprennait son état d’esprit, elle aurait vraiment voulu qu’il fasse de son mieux pour surmonter cela. Au moins le temps de passer l’épreuve de la montagne.

Finalement, tout le monde était bien de cette façon. Une mention spéciale revenait tout de même à Garuda, qui protégeait un maximum avec ses ailes et son envergure. Ainsi qu’à la Chamallot, qui faisait office de feu supplémentaire. Mais à ce stade, n’importe quel Pokémon finirait par réchauffer l’atmosphère, si bien que la demoiselle gardait la Ball de Naga dans l’une de ses mains. Ainsi, le petit Barpau avait l’impression de participer à ce dur labeur. Les minutes défilaient ensuite. Amarok fut le premier à trouver le sommeil, si l’on excepte Naga. En effet, ses cabrioles dans la neige avaient eu raison de sa volonté. Il fut rapidement suivit par Sleipnir, puis Nepenthes. Et enfin les autres Pokémon, si bien que seuls Garuda et les deux humains veillaient encore.

Mila prenait grand soin à ne pas trop toucher son ami, malgré tout. Elle s’en voudrait de faire un faux pas et de le mettre inutilement mal à l’aise. Bien sûr, la proximité restait la même, alors il y avait tout de même un certain malaise. Autant limiter les dégâts. Cela dit, l’érudite ne parvenait pas à trouver les bras de Morphée. Baal aurait bien voulu qu’elle se repose, mais la jeune femme n’y parvenait pas. Pas encore du moins. Elle avait les paupières lourdes et les jambes en feu à force de rester dans la même position. Sa hâte était simple : s’endormir et passer cette nuit horrible rapidement. Cependant, elle était tracassée par ce qu’elle avait dit au cavalier. Quelque chose s’était rompue entre eux, la nuit dernière. La demoiselle sentait qu’il était de son devoir de tenter de recoller les morceaux… Si elle le pouvait.

Mila rassembla donc son courage, puis elle éleva doucement la voix pour ne pas choquer le Ranin, et pour ne pas réveiller les créatures assoupies.


Cela serait difficile d’en parler, mais c’était la mission que la jeune femme venait de se fixer. Balthial n’aurait qu’à écouter, il n’avait nul besoin de répondre.


Sa confidence, la Bleuette l’avait sur le bout de la langue. Mais tout comme il avait fallu beaucoup d’audace à Baal pour déclarer son amour, il en fallait beaucoup à Mila pour s’exprimer sur le sujet.


Finalement, ce monologue avait fini par avoir raison de Mila. Elle s’endormit presque aussitôt après. Elle espérait néanmoins que cela donnerait matière à réfléchir pour le cavalier, et qu’il retrouverait un peu plus son sourire. Pour le moment, la nuit continuait son cours, sous l’œil avisé de l’Airmure qui surveillait tout le groupe hétéroclite.

Durant toute la nuit, Mila fut tourmentée par des cauchemars. Elle avait toujours eu l’habitude d’en faire, depuis sa séparation avec Ayden, son frère. Mais pour une fois, il ne faisait pas partie de la rêverie… Non, cette fois, c’était Balthial qui était au centre de tout. La Bleuette était rongée par le remord à cause de ce qu’elle disait à son ami venu de Ran. Elle avait beau être toujours cordiale, elle n’aimait pas ses mots envers lui. En fait, Mila ne se sentait plus capable de parler simplement au cavalier. Elle avait l’impression de lui enfoncer un couteau dans le cœur à chaque fois. C’était une impression assurément étrange et perturbante. Pourtant, ils s’entendaient vraiment bien avant l’histoire de l’îlot… Mais désormais, l’érudite avait l’impression d’être devenue un poids pour autrui.

D’ailleurs, elle fut réveillée en sursaut par la fin d’un cauchemar. Son esprit était embrumé et engourdi par le froid ambiant. Si bien que Mila ne savait même plus de quoi elle rêvait. Tout ce dont elle se souvenait, c’est que ce fut horrible… Cela dit, la jeune femme était la première réveillée. Même sa Garuda avait fini par céder au sommeil durant la nuit. Cela n’était pas vraiment étonnant, vu la froideur des montagnes. Le corps avait naturellement envie de dormir et de ne plus bouger, plongé dans la torpeur du gel. Ils avaient beaucoup de chance de ne pas être changer en glaçons. La Bleuette avait eu très peur que cela arrive, mais l’appel de Morphée fut plus attirant sans doute.

Mais voilà. Que pouvait-elle faire pour le moment ? Même Balthial dormait, il n’avait pas veillé toute la nuit. Bien entendu, l’érudite ne lui en voulait pas. Cela lui avait semblé irréel que le cavalier puisse garder l’œil ouvert pendant toute la nuit. Elle fut même satisfaite de le voir plongé ailleurs. Balthial avait besoin de repos plus que quiconque, après tout… Au final, les actions de la jeune femme étaient vraiment limitées. Elle n’avait pas envie de faire un geste brusque, d’autant que le Bleuté était juste à ses côtés. Peut-être même bien que le sommeil était la meilleure option… Le Soleil commençait seulement à se lever, bien que Mila n’avait aucune idée de l’heure qu’il pouvait être.

Ainsi donc, elle voulut se reposer encore un peu, fermant les yeux presque à contrecœur. Mais soudainement, cela la frappa. Ses magnifiques prunelles bleues s’éveillèrent, en proie à la panique. La douce redressa vivement la tête, ce qui fit tombé celle de Balthial de l’autre côté. Nul doute qu’un tel geste finirait pas le sortir de son sommeil. Quant aux Pokémon, ils s’éveillaient à leur rythme propre à cause de l’agitation nouvelle. Mila fixait quelque chose avec horreur. Elle n’en croyait pas ses yeux. Elle pensa même qu’elle devait encore être dans un cauchemar, ou peut-être que le froid lui faisait perdre la tête. Mais une voix bien réelle lui confirma que c’était la réalité.


Il y avait un Pokémon renard, là, devant le groupe. C’était un Feunard, et pis encore, il s’agissait de celui de l’humain du même nom ! Et cette voix, c’était bien la sienne, enjôleuse mais énervante. Mila se redressa sur ses pieds d’un bond. Tiamat sursauta et protesta. La Coupenotte et le Chétiflor tombèrent au sol, dans la plus grande surprise. Immédiatement, Garuda se redressa à son tour de toute sa splendeur. Elle scrutait les environs puis poussa un cri métallique lorsqu’elle vit le renard à neuf queues. Même les Pokémon du cavalier étaient à présent sur leurs gardes, tandis que l’humain mettait un peu plus de temps pour émerger. Bien sûr, la demoiselle ressentait beaucoup de douleur dans ses jambes, si bien qu’elle chancela et dû prendre appuie sur sa Airmure. Qu’à cela ne tienne, elle n’avait pas le temps pour les gelures ! Elle était prête à combattre, mais l’homme au masque était introuvable. Seul son Pokémon se trouvait là, presque provocateur.


Un sifflement lui répondit et Mila eut un frisson. Elle haïssait ce son, vraiment ! Il venait d’au-dessus des rochers qui leur servaient de protection. La Bleuette rangea la Ball de sa Barpau, puis s’arma de Sieglinde. Ils étaient pris la main dans le sac et cela ne plaisait pas du tout  à la demoiselle à la chevelure gelée. Elle fit quelques pas, et le Pokémon Feu s’éclipsa, disparaissant tel un fantôme grâce à la clarté de la neige. Quant au dresseur, il était bel et bien là, perché comme un oiseau sur la roche. Son masque de Feunard semblait sourire malicieusement, comme lors de leur première rencontre.


Un rire retentit dans la montagne, mélodieux et irritant. En un bond, le Masqué descendit de son perchoir et s’approcha à une distance raisonnable de Mila. Cette dernière dégaina son épée dans un geste précis et vif, fruit de ses entraînements. Mais Feunard n’avait pas l’air impressionné.


… Disait-il la vérité ou un mensonge ? La Bleuette ne pouvait affirmer ni l’un, ni l’autre. Cela dit… Elle n’y connaissait rien en orientation dans la montagne, et tous les pics se ressemblaient. Alors que lui, il devait s’y connaître…


Un nouveau ricanement.


Non, Mila n’en avait pas envie et son regard de braise le faisait savoir. L’homme claqua de la langue, quelque peu agacé par la défense de la jeune femme.


Ayden… Oui, il devait commencer à s’inquiéter depuis le temps. Ainsi, Feunard disait peut-être la vérité… De toute façon, ils n’avaient pas vraiment d’autre choix apparemment…


Feunard souffla quelque chose derrière son masque, mais Mila fut incapable d’en saisir le sens. Derrière elle, Balthial avait déjà rassemblé toutes leurs affaires et rentrer leurs Pokémon, à l’exception du Dynavolt et du Zébibron. Maintenant, ils n’avaient plus qu’à suivre l’individu jusqu’au campement, ou peu importe la destination.