Malta avait considérablement ralenti pour laisser le temps à sa dresseuse de sécher ses larmes. La foule semblait avoir déserté la bibliothèque. Tant mieux elle n’était pas d’humeur. Le garde à l’entrée essaya bien de lui bloquer l’entrée mais le regard noir de la Ranine et les crocs luisants de son dragon suffirent pour l’en dissuader. La Grand Bibliothèque était aussi grandiose que l’avaient pris les récits. Les rangées de livres semblaient s’élever vers les cieux. Elle parcouru les rayons, sans but réel. Ramassant des livres par-ci et par-là mais tous paraissaient fade. Elle pouvait voir les bibliothécaire déguerpir sur son chemin, faisant des détours comiques pour éviter la Carmache. Malta se pavanait, se délectant de la crainte qu’elle inspirait.

Laurel finit par se décider sur un livre d’aventure épais et un conte pour enfant où l’écriture était large et nette. Le premier durerait suffisamment longtemps pour garder son oncle occupé et le deuxième sera plus facile à lire pour ses yeux fatigués. De toute manière Amun n’avait jamais été très exigeant sur ses lectures. Elle gravit les étages, une sensation de désarroi emplissait sa poitrine à chaque pas. Elle avait prévu de visiter cette bibliothèque avec Vagabo- non, Jeanne, et cela semblait avoir perdu tout son sens sans elle.

Son pied butta contre un parchemin qui roula jusqu’à se cogner contre la marche du dernier escalier. Elle se baissa pour le ramasser et lire rapidement ce qu’il contenait. C’était une CT. Hydroqueue. Laurel eu un petit sourire. Était-ce un coup du sort ? Dame Fortune qui l’encourageait à apprendre à chasser les flammes ?

Elle la glissa dans sa sacoche à côté des romans puis gravit les marches. Elle avait la réponse à sa question finalement. On pouvait aller jusqu’au sommet de la Grande Bibliothèque et la vue était magnifique. Le soleil peignait la ville d’une teinte rosée lui donnant une allure féerique. Pourtant, avec une lumière aussi rase, les ombres s’allongeaient, dansant sur les façades tels de petits démons. Elle aurait voulu que Vagabonde soit là. Elle aurait aimé la vue. La dualité du jour et de la nuit, le silence des étoiles naissantes.

Laurel quitta finalement la Grand Bibliothèque, l’esprit plus clair maintenant qu’elle avait pris le temps de souffler. Pourtant, elle ne voulait pas encore rentrer au camp. Retourner là-bas signifiait découvrir si Jeanne était revenue. Et pour l’instant, pendant les quelques heures de jour qu’il restait, elle voulait imaginer qu’elle n’était pas partie.

Les rues s’étaient vidées mais elle trouva quand même quelques boutiques encore ouvertes. Avec ses écus restant elle acheta une selle pour Malta. Le cordonnier était une brave femme qui fit l’effort d’ajuster les sangles à la taille du dragon et de rajouter des attaches à la selle pour les jambes de Laurel. Comme ça elle pouvait se fixer dessus sans craindre de tomber si elle lâchait son bras. Le cuir était de bonne qualité et la Ranine y mis presque tous les écus qui lui restait. Mais ça en valait la peine.

Elle traîna dans les rues un peu plus longtemps, juste pour profiter de la vue, son pokémon la suivant docilement. Lors qu’elle vit des éclats. C’était de petits joyaux encore bruts, il y en avait de nombreuses couleurs différentes. Laurel passa sa main dans le lot, une idée naissant dans sa tête comme souvent lorsqu’elle voyait des matériaux pour ses bijoux. Elle entra dans la boutique et ne ressortit que plusieurs minutes plus tard avec un petit sachet. Elle avait choisi chacune des pierres les unes après les autres. 25 petits trésors. Elle savait ce qu’elle allait faire avec. Il ne lui restait plus qu’à trouver le temps.

Le retour au camp fut rapide sur le dos de son pokémon. Malta dérapait moins et ses virages étaient moins abruptes. Elle ressemblait définitivement à un dragon maintenant. Son petit gobelin était devenu grand.

Elle aborda son arrivée avec appréhension. Elle s’attendait à tout mais craignait qu’il n’y ait rien. Quel ne fut pas son soulagement lorsqu’elle vit Tourmaline, Nival et Invar. Et sa surprise lorsqu’elle vit le plat encore chaud. Laurel chercha dans les alentours mais ne vit aucune trace de Jeanne. Elle s’assit finalement pour déguster son repas, prenant les pokémons renards de son mentor sur ses genoux. Tourmaline c’était un peu Jeanne. Et elle était heureuse de l’avoir avec elle. Malta se coucha à côté d’Invar après avoir mangé sa portion.

Laurel ne savait pas ce que demain allait être. Elle savait juste que ce soir, malgré les cris et les larmes. Malgré l’amertume et la crainte. Malgré tout ce qui s’était dit et ce qu’il restait à dire.

Jeanne veillait.