Célébration printanière [PV Mayan]

Ce jour est spécial. Non pas dans le cœur des Hommes, mais dans celui des fidèles de l’Eglise Méridionale de Chevropolis.

Galatea Regalia, l’archevêque à la tête de la paroisse, est celle qui est à l’origine de cette petite fête. Point de prétention, cette célébration est là pour honorer le divin printemps et pour réconforter les cœurs meurtris par la faim et les récents évènements.

La femme dont les cheveux ondulent doucement a pris grand soin de faire appel à plusieurs cuisiniers bénévoles de tout Ran. Chevronnés ou débutants, aucune discrimination chez les braves au cœur tendre.

Des affiches furent ainsi placardées dans la capitale, mais aussi à Orion et dans quelques villages des environs. Des oiseaux s’envolèrent également pour délivrer des messages, juste devant les portes des artisans de la cuisine. Un appel impossible à rater, comme celui des divins.

Ainsi donc, plusieurs cuisiniers sont présents aujourd’hui pour apporter du baume au cœur et à l’estomac. Surtout à l’estomac, peut-être, mais c’est le principal. Un esprit dans un corps sain, l’un des crédos de l’Eglise.

Galatea est bien entendu présente pour superviser le tout. Aimable et de bon conseil, elle accueille les bénéficiaires de sa douce voix d’ange, et encourage les chefs à se mettre au travail. Aidée des moines et de quelques fidèles, la femme s’occupe de tout. Bien vite, l’organisation de la fête prend forme. Des tables sont installées dans le centre de Chevropolis, sur lesquelles sont disposés de beaux couverts et récipients à eau. Point d’alcool ici.

Elle s’arrête pour aider un jeune homme, dont le métier est de préparer des petits plats dans un village voisin. Il semble perdu avec la foule qui s’amasse. Des curieux et des pauvres qui viennent pour recevoir la pitance promise.

« Votre esprit s'est-il égaré ?

-Lady R-Regalia ! Oh par Arceus… Pardonnez-moi. C’est la première fois que je vous vois et… »

Gêné, il préfère se taire mais la teinte rosée de ses joues parlent pour lui. L’archevêque se contente d’un rire léger comme une hirondelle pour éviter de trop l’embarrasser. Elle ponctue cela d’un sourire réconfortant, avant de poser une main maternelle sur l’épaule du jeune.

« Gardez vos yeux pour ceux qui en ont besoin. Les cuisines sont par ici, peut-être serait-il judicieux de vous mettre au travail ? »

Autoritaire, elle l’est. Cela dit, c’est toujours avec une douceur calculée que Lady Regalia pousse les individus à lui obéir. Le jeune cordon-bleu n’en demande pas plus et s’exécute, sous le regard protecteur de la femme aux cheveux verts.

La fête bat son plein. Bientôt, les invités pourront régaler leurs papilles avec les mets confectionnés, avec amour, par les marmitons. Galatea observe le tout, attentive comme une mère qui garde un œil sur ses enfants. Il y a du monde, oui. Mais pas quoi impressionner l’archevêque. Les rassemblements rythment son quotidien.

Une bonne odeur de viande marinée et de légumes fondants commence à planer au-dessus des tables, portée par un vent divin et de bon augure. Les invités sont de plus en plus nombreux, le ventre qui gronde. Seuls les plus démunies sont conviés, cela va de soi.

Un étendard à l’effigie du dieu Sulfura flotte dans les airs, remué par les courants. Cet oiseau mystique est associé au printemps, dans l’Eglise Méridionale, en plus de Shaymin, Célébi et Démétéros. C’est l’un des dieux que Galatea affectionne le plus. Fenicia de son nom, elle est fière d’avoir au moins un point commun avec cette créature légendaire.

Trêve de divagation de l’esprit. La présence de l’archevêque est requise ailleurs semble-t-il. Une jeune femme vient d’arriver, et elle cherche probablement où sont les cuisines. Calmement, Galatea va à sa rencontre.

PV Mayan

by reira

Fouiiiiiiiiii ! Eh ben ! Déjà que j’avais eu du mal à me repérer à Kasahai avec des indications alors ici à Chevropolis, sans aide ! Pourtant, cette affiche au sujet de ce festival du printemps était alléchante ! J’avais ainsi appris en arrivant en ville qu’on cherchait des cuisiniers pour aider à la préparation de ce qui se profilait comme un banquet fort sympathique ! Et j’avais très envie d’en être !

Pourtant, rien n’était moins sûr si je continuais à errer ainsi dans la ville sans trouver mon chemin. Nik était à mes côtés, mais il semblait aussi perdu que moi. Enfin, après plus d’un quart d’heure à tourner en rond dans la ville, je me résolus à sortir mon arme de dernier recours : je sortis ainsi Gravelax de sa Pokéball et lui demandai simplement de repérer la plus grosse source de nourriture des environs. Normalement, je n’étais plus trop loin du banquet et le légendaire odorat culinaire du Griknot ferait le reste.

Comme prévu, ce dernier ne se fit pas prier et s’élança aussitôt à travers les rues d’un pas sûr, en courant presque. La seule raison pour laquelle il ne nous semait pas Nik et moi était qu’il savait qu’il se ferait rappeler sèchement à l’ordre par le Marisson s’il essayait.

Enfin, nous débouchâmes sur une grande place remplie de tables, de bancs, et de personnes qui s’affairaient autour. Plusieurs marmites étaient également sur le feu. Certaines étaient vides, d’autres ne contenaient pour le moment que de l’eau tandis que des dernières s’échappaient déjà un délicat fumet !

Miam ! Rien qu’à l’odeur, je pouvais dire qu’il y avait des connaisseurs parmi les cuistots rassemblés ici ! Trop occupée à contempler le spectacle qui s’offrait sous mes yeux, j’oubliai de garder un œil sur Gravelax qui profita de l’occasion pour se jeter sur une tarte tout juste sortie du four. Heureusement, Nik veillait au grain et il enserra le chenapan dans ses lianes avant que celui-ci puisse faire du dégât.

Machinalement, je fis la leçon au Pokémon indiscipliné -plus par habitude qu’autre chose, car je savais que ces rappels à l’ordre avaient sur lui un effet très limité dans le temps :

« Combien de fois je te l’ai dit Gravelax ? On ne se jette pas sur la nourriture sans la permission des gens ! »

Entre ma voix autoritaire et les regards noir de Nik, le petit Griknot afficha une mine contrite sincère. Et je savais qu’il ne jouait pas la comédie. Simplement, d’ici cinq minutes, il aurait déjà oublié ma mise en garde et essaierait de nouveau de boulotter tout ce qui passerait à sa portée.

« Pour la peine, je vais te renvoyer dans ta Captis Ball ! Tu pourras en sortir plus tard si tu es sage ! »

Le visage du petit requin était toujours aussi triste tandis qu’il regagnait sa ball, mais au moins sa punition me laissait quelques minutes de tranquillité que j’allais pouvoir employer à trouver quoi faire ici !

Alors que je regardais à droite et à gauche à la recherche d’une place de libre ou cuisiner ou d’un quelconque préposé chargé d’accueillir les nouveaux bénévoles, une femme magnifique entra dans mon champ de vision. Elle était grande – enfin un peu moins que moi mais grande par rapport à la moyenne avait de longs cheveux et des yeux verts et portait une longue robe blanche immaculée. Elle me fit immédiatement l’idée de la personnification d’Arceus. On aurait dit Arceus fait femme ! Elle avait beau être plus petite que moi, je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir minuscule. Et comble de la gêne, l’apparition m’avait repérée et se dirigeait droit vers moi !

Heureusement, mon brave Nik m’évita une situations des plus inconfortable en se plaçant vaillamment devant moi lorsqu’il remarqua mon trouble. Son soutien me permit de reprendre quelque peu mes esprits et lorsque la belle femme fut assez prête, je lui demandai :

« Excusez-moi madame euuuh… En fait, je suis cusinière et euuuh… Vous sauriez où on peut avoir besoin de mes services ? Toutes les tables de travail ont l’air pleines par ici ! »

Allez Mayan, respire, ça va bien se passer !

Légère comme le vent, la dame se déplace jusqu’à la jeune fille repérée grâce à sa voix éclatante. Galatea a la chance d’avoir aperçu l’un des Pokémon de la nouvelle venue, un petit Griknot dont la discipline semble être en construction.

Heureusement, cette jeune femme dont la taille est très impressionnante semble entre de bonnes mains. Un Marisson vient de se placer entre elle et l’archevêque, protecteur. Cela fait sourire la pieuse. Elle aime que les enfants directs d’Arceus soient vaillants et courageux. Cela ne l’empêche pourtant pas de couver l’autre humaine d’un regard paisible.

Ainsi donc, elle est bien cuisinière. Parfait ! L’archevêque ne peut pas demander plus et son cœur pur se gonfle de joie. Un artisan de la bouche en plus pour nourrir tous ces malheureux, c’est une bénédiction du ciel. Le légendaire et divin Sulfura doit être du côté de la fête en ce jour si particulier.

Avenante et délicate comme une mère le ferait avec un jeune enfant, Galatea ouvre légèrement les bras avant de sourire, radieuse comme le soleil.

« Soyez la bienvenue par ici, jeune cuisinière du cœur. Je vous en prie, ne vous mettez pas dans de tels états. » Explique la belle dame aux cheveux verts.

Elle se tourne vers les plans de travail. Il est vrai que la plupart des établis installés et équipés pour l’occasion sont déjà pris d’assaut par les autres gourmets. Toutefois, avec Galatea, il y a toujours de la place pour les braves. Elle se permet un petit rire discret devant la panique de la jeune fille. Une telle envie de rendre service est louable mais quelque peu comique.

« Comme vous le voyez, beaucoup de cuisiniers sont déjà au travail. Puisque c’est ainsi, prenez donc le temps de me faire votre présentation. Je n’ai pas souvent l’occasion de discuter avec les bonnes âmes qui nous rendent visite à l’Eglise Méridionale. Votre aide sera requise dans peu de temps, croyez-moi. »

La jeune dont la curiosité et la nervosité sont grandissantes est tombée à point nommé. L’archevêque n’a jamais l’occasion de connaître les artisans avec qui elle travaille. Que ce soit des menuisiers, des cordonniers ou des cuisiniers, tous sont prêts à faire leur labeur avant même d’en savoir plus sur les lieux ou sur Galatea.

Calme et posée comme si elle était en réalité une statue ancienne, la dame aux yeux de jade sonde discrètement la dernière venue. Son allure a de quoi surprendre, mais la jeune femme semble en pleine possession de ses moyens. C’est quelque chose qui fait plaisir à la croyante.

« Je vais commencer si vous le souhaitez. Enchantée de faire votre connaissance. Je suis Galatea Fenicia Regalia, archevêque de cette Eglise et voici la cathédrale de Chevropolis. » Ajoute-t-elle, les yeux brillants de sagesse.

Dans toute sa splendeur, Galatea semble rayonner comme l’astre de feu lorsqu’elle se présente. Nulle tourmente à avoir, cela dit. Elle est humaine.

PV Mayan

by reira

Heureusement que la belle dame prend l’initiative de se présenter sinon j’aurais continuer à bégayer pendant cinq bonnes minutes et j’aurais eu l’air encore plus ridicule ! Ouah, une archevêque ! C’est un poste assez élevé dans un clergé ça… Non ? Oui bon, je ne suis pas une spécialiste des religion mais le titre semble assez long pour désigner quelqu’un d’important… Rien d’étonnant donc à ce que cette dame paraisse aussi extraordinaire ! Heureusement, son ton a le don de m’apaiser, ce qui est bien pratique pour me présenter à sa suite :

« Enchantée madame Galatéa, moi je m’appelle Mayan, Mayan Zéra et je viens de la ville d’Orion au nord. Et je suis cuisinière aussi mais ça vous le savez déjà ! »

J’observe un instant la cathédrale que la jeune femme me désigne. Cette dernière est aussi majestueuse que celle qui me l’a montrée. Une maison digne d’une telle personne. Bon, je me doute bien qu’un « archevêque » n’habite pas dans son temple, mais qu’il y prie et mène des offices, mais là… On ne peut pas nier qu’il y a bien un lien entre cette femme et cette bâtisse qui sortent toutes les deux de l’ordinaire.

Je sens alors une tension au bas de mon pantalon. C’est Nik qui tire dessus pour... Me rappeler sa présence ! Misère, quelle idiote je fais, j’ai complètement oublié de présenter mon Pokémon ! Je me baisse donc pour le prendre dans mes bras afin que Galatéa puisse mieux le voir :

« Et je vous présente Nik, mon fidèle Marisson qui est aussi un excellent aide-cuisinier ! »

Pendant sa présentation, Nik remue joyeusement le bras pour saluer notre hôtesse. Poursuivant sur ma lancée, je continue les présentations :

« J’ai aussi un Griknot avec moi mais il est puni. Il a tendance à faire beaucoup de bêtise quand il y a de la nourriture dans les parages alors je préfère ne pas le sortir ici. Et j’ai aussi une Salamèche qui a une couleur assez spéciale. Elle est… « chromatique », c’est comme ça qu’on dit je crois ? »

Et je fais sortir l’intéressée de sa ball. Cette dernière se contente d’un rapide regard envers Galatéa avant de scruter les environs afin de comprendre où elle était. Comme j’ai fait le tour de mon équipe, j’en profite pour expliquer un peu plus en détail à l’archevêque les raisons de ma venue :

« J’ai appris à cuisiner avec mon mentor pas très loin d’Orion et durant ma formation il m’a transmis tous ces préceptes et l’un d’entre eux est de ne jamais rejeter d’emblée une occasion de cuisiner. Et comme j’aime bien ça aussi, je cuisine beaucoup et quand j’ai appris que vous organisiez un banquet, je me suis dit que je devais venir mettre la main à la pâte…
- Plus fort je te dis ! Plus fort ! C’est pas avec un feu comme ça que la marmite va bouillir ! »

La dernière phrase provenait de deux cuisiniers affairés juste à côté de l’endroit où Galatéa et moi nous tenions. L’un d’entre eux touillait le contenu d’une immense marmite -probablement de la soupe, même si l’odeur était très faible, faute d’un feu suffisant – tandis que l’autre s’échinait à manipuler un soufflet manifestement trop dur pour lui afin de raviver les flammes. Mais alors que j’allais proposer de leur donner un coup de main, Salamèche me devança et envoya de grosses flammes sur les brindilles et les braises situés sous la marmites qui s’enflammèrent en un instant… Tout comme la table en bois voisine de la nôtre !

Oh non c’est pas vrai ! A vouloir trop bien faire, Salamèche avait provoqué un incendie ! Combien de fois je lui avais dit de faire attention à ce qui l’entourait avant d’utiliser ses attaques. Contrairement à Lax, elle n’attaquait pas à tout bout de champ pour un rien mais si je n’étais pas là pour la canaliser, elle ne savait pas doser sa puissance, et comme en plus elle était susceptible…

Baste ! Je m’occuperai de son manque de maîtrise plus tard ! Pour le moment, il me fallait surtout de quoi éteindre ce feu ! Heureusement que ma formation m’avait aussi appris à gérer ce type de situations !

« Vite, votre eau ! Il va nous en falloir pour éteindre le feu » demandai-je aux cuisiniers encore interloqués par le spectacle.

Ils devaient forcément en avoir, ou au moins un Pokémon eau pour pouvoir remplir une marmite comme la leur. Nik était déjà en train d’écarter de son mieux les gens qui s’approchaient de nous tandis que Salamèche semblait assez indifférente à l’agitation qu’elle avait provoquée. Quant à moi, en attendant que l’eau arrive, je pouvais peut-être faire quelque chose ! Allez, réfléchis, réfléchis…
En regardant un peu partout autour de moi, je finis par repérer un banal rocher de taille moyenne posé sur le sol qui ferait parfaitement l’affaire. Canalisant l’énergie nouvelle qui avait récemment émergé en moi, je brisai le roc d’un seul coup en trois blocs plus petits et surtout en une multitude de gravillons et de grains de sable que je m’empressai de ramasser pour les jeter sur le feu, espérant ainsi l’étouffer avant qu’il ne se propage aux tables voisines. En me voyant faire, Nik s’empressa d’envoyer du sable de roche sur la table en feu avec son Fouet Lianes.

Seule l’adrénaline m’empêchait de penser aux terribles conséquences des actes de Salamèche pour moi et mon équipe : mon Pokémon venait de mettre le feu au mobilier du festin devant le maître de cérémonie lui-même. Si je n’avais pas été aussi occupée, j’aurais été très, très très, mal à l’aise...

L’archevêque ne peut pas empêcher ce malicieux sourire qu’elle arbore d’éclairer son visage de lait. Sa prestance a toujours son petit effet sur les inconnus et elle ne trouve cela sincèrement amusant, voire adorable dans certains cas.

La jeune femme qui lui fait face est bien plus grande et pourtant, c’est Galatea qui l’intimide. Heureusement, après une présentation en bonne et due forme, la cuisinière semble se détendre. Il subsiste néanmoins de l’admiration chez elle, ce qu’apprécie la femme de foi.

Voici donc Mayan Zera, cuisinière et création de mets pour régaler les papilles des habitants de Ran. C’est une profession pour laquelle Galatea a beaucoup de respect. Ce lien avec la nourriture, cette façon qu’ils ont de sublimer les plats les plus simples, ce sont des choses magnifiques. De plus, les fins gourmets sont souvent là pour répondre aux besoins des plus démunis ; un bon point pour eux.

Il semble en tout cas que Mayan ne soit pas la seule à vouloir répondre à la curiosité de la dame d’Eglise. Un petit Pokémon requiert l’attention de son humaine et aussitôt, il a le droit à sa propre présentation. Cela fait rire Galatea ; un rire cristallin.

« Merci. Me permettez-vous de vous appeler par votre prénom ? C’est fort aimable de votre part, Mayan. Enchantée Nik. Tu es le plus adorable des aide-cuisiniers. » Complimente la femme qui ponctue ses paroles d’un toucher discret sur le museau du Marisson.

Mais Nik n’est pas le seul compagnon de la jeune ranine et c’est avec joie que Galatea se délecte des paroles de son invitée. Les bonnes relations entre humains et Pokémon lui tiennent vraiment à cœur. Pour l’archevêque, rien n’est plus important que l’harmonie entre tous les enfants du Père créateur.

Puis, c’est losque Mayan évoque en toute innocence son Salamèche chromatique que le cœur de la belle dame lumière rate un battement. Elle n’ose en croire ses oreilles.

Cette espèce de Pokémon est symbolique pour elle. La famille Regalia a l’honneur de porter comme emblème un Dracaufeu. Le Pokémon en lui-même est fier et vaillant, mais ce n’est pas tout. Pour eux, il est aussi doré et ceci est dû à une vielle légende que les Regalia transmettent de générations en générations.

Alors un Salamèche doré… Voilà une évocation qui intrigue l’archevêque.

Heureusement, contrairement au petit Griknot mentionné plus tôt, le lézard ardent a le droit de sortir de sa Ball. Galatea a donc l’occasion de poser son regard sur cette magnifique création d’Arceus. Ces écailles luisantes, ce regard fier… Elle croit se voir dans un miroir, en toute humilité.

« Vous… » Prononce de mi-voix la dame avant de s’interrompre.

Mayan continue son récit sans prendre en compte la stupéfaction presque dissimulée de l’archevêque. Tant mieux, Galatea n’aime pas perdre la face devant autrui.

« Soyez remerciée pour votre bonté. Les cieux n’oublieront pas votre geste bénévole. Vous avez ma bénédiction Mayan. »

C’est un miracle que la croyante ne perde pas le fil de la discussion. Son regard ne cesse pourtant d’osciller entre l’invitée et son Pokémon chromatique.

Ce sont finalement les voix fortes d’autres cuisiniers qui tirent la belle femme de sa contemplation. Elle tourne doucement la tête pour voir ce qu’il se passe. Deux gourmets préparent un succulent met, mais leur feu commence dangereusement à faiblir. Le soufflet et inutile. Galatea pense qu’il est temps de les aider, mais avant qu’elle ou Mayan ne puisse intervenir, c’est la Salamèche qui entre en jeu.

L’archevêque observe, curieuse et emportée par sa joie intérieure de voir un tel Pokémon si près d’elle. Toutefois, rien ne se passe comme prévu. Les flammes provoquées par le reptile sont trop importantes… Tant et si bien que le tout prend le feu en un instant et se propage.

Galatea recule d’un pas instinctivement, tout en plaçant un bras protecteur devant son visage. Sa décontenance n’est que de courte durée, loué soit Arceus. La femme a l’habitude de faire face à des catastrophes Pokémon ou humaines. De plus, le feu l’attire et lui réchauffe le cœur. Elle n’en connait pas la peur.

Il peut sembler étonnant en revanche que l’archevêque ne lève pas le petit doigt. En fait, elle en profite pour tester les compétences de la cuisinière à ses côtés. Même le petit Nik y met du cœur à l’ouvrage en tentant d’empêcher la foule d’avancer en direction des flammes. Il est bien vite épaulé par Deirdra, la Fantyrm de Galatea qui se cachait dans son ombre depuis tout ce temps.

La petite et frêle dragonne n’est pas la mieux placée pour repousser autrui, mais son aspect fantomatique en rebute plus d’un. Une aubaine.

C’est alors que l’observation silencieuse de la femme émeraude est récompensée. La jeune ranine est décidément pleine de surprise. En manque d’eau, elle utilise ce que Galatea pense être de la magie afin de créer de la poussière et du sable pour endiguer l’incendie qui se régale actuellement.

Le tout fait merveilleusement son œuvre. Le Marisson a aussi prêté main forte pour cela. L’archevêque finit par apporter la touche finale en lançant de l’eau contenu dans un récipient qu’on vient de lui apporter.

Le feu est maîtrisé. C’est une bonne chose de faite, sous la bénédiction de Sulfura.

« Votre aide nous a été précieuse, chère habitante d’Orion. Merci pour tout. »

Galatea fait mine d’être totalement reconnaissante, comme si sans la cuisinière, les choses auraient escaladé. La vérité est toute autre. La femme aux yeux de jade est capable de maîtriser ce genre d’accident. Toutefois, si cela peut apporter du réconfort et de la fierté à Mayan, elle n’en sera que plus heureuse.

« Ne vous en faites pas pour les dégâts occasionnés. Ce sont des choses qui arrivent, hélas. Les moines vont aider à nettoyer et à remettre le tout en place. J’aimerais cependant m’entretenir un peu plus avec vous, si vous le voulez bien. Attendez-moi dans la tente sur votre droite. »

Souriante et sincère, l’archevêque indique la position du lieu de rendez-vous avant de monter quelques marches un peu plus loin. Elle surplombe désormais la foule quelque peu désordonnée et de sa voix puissante et céleste, elle s’adresse au peuple.

« Mes amis ! N’ayez nulle crainte. L’incendie est terminé, cela n’est qu’une petite erreur de notre part. Je vous prie, reprenez les festivités sans délai. Ce banquet est pour vous, que vos âmes se régalent ainsi que vos corps ! »

Galatea rayonne comme un soleil sur son piédestal. Son charisme fait son œuvre car rapidement, les invités reprennent leur place. On peut même entendre des soufflements de soulagement et des murmures joyeux. L’archevêque est un symbole qui rassure.

C’est après cela qu’elle se dirige vers la tente. Mayan l’y attend, probablement en train de culpabiliser.

« Merci de m’avoir attendu. Je vous en conjure, ne laissez pas cet incident vous ternir le visage. Ce jour est un jour de fête mon enfant. » Tente-t-elle dans le but de rassurer la cuisinière.

Les yeux de la femme se posent ensuite sur le Pokémon Feu qui accompagne la demoiselle. La Salamèche n’est nullement impressionnée par son propre désastre. C’est une attitude égoïste mais qui plaît en quelque sorte à l’archevêque.

« Dites-moi… Le lien qui vous unit me semble fragile. Quelque chose ne va pas avec Salamèche ? »

Galatea pose cette question en toute sincérité. Il arrive que des fidèles viennent à elle dans le but d’améliorer leur relation avec les Pokémon. Ce n’est donc pas nouveau.

PV Mayan

by reira

Alors que les remerciements de Galatéa suffisaient à peine à me permettre de ne pas perdre la face, elle me demanda, toujours aussi gentiment, d’aller l’attendre dans sa tente. Nik, lui, semblait ravi de l’attention que lui avait porté la dame blanche. La tête basse, j’obtempérai sans rien dire. Une fois dans la pièce de toile, je m’assis en tailleur sur le sol, en position méditative comme mon maître me l’avait appris. C’était un bon moyen pour moi de garder le contrôle.

Allez Mayan, respire. Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer. Galatéa n’est pas méchante, et elle ne t’aurait pas remercié en public pour te houspiller en privé… Sauf si elle voulait juste t’éviter une humiliation devant tant de monde sans pour autant se priver de te rappeler à l’ordre dans un endroit plus discret… Nik essaya bien de me remonter le moral en m’attrapant la main avec sa liane pour me manifester son soutien mais cela n’avait que peu d’effet. Quant à Salamèche, même si elle m’avait suivi dans la tente, elle ne me prêtai aucune attention et je le lui rendais bien.

J’entendis les pas de Galatéa à l’extérieur avant même de la voir entrer. Chaque pas augmentait mon mal-être malgré ma méditation. Je me sentais telle la condamnée qui entendait les pas de son bourreau résonner.

Heureusement, comme tantôt, Galatéa sut trouver les mots pour me calmer. Cette femme avait un vrai don pour ça. Etait-ce un simple talent naturel ou y avait-il un don atypique là-dessous, comme celui qui avait mystérieusement augmenté ma force de frappe ?

En fait, plutôt que courroucée, elle était plutôt curieuse à propos de ma relation avec Salamèche. En entendant son nom, la lézarde dorée se retourna vers moi puis haussa les épaules en grognant avant de se détourner à nouveau. Je pense que cela résumait plutôt bien notre relation. Parfois oui, parfois non… Mais l’archevêque méritait une explication un peu plus détaillée :

« Même si notre relation est difficile, je ne pense pas que Salamèche ne m’aime pas mais… C’est vrai que nous avons souvent du mal à nous comprendre... »

Est-ce que je continuais quitte à dénoncer les défauts de Salamèche devant elle ? Au point où j’en étais, je ne risquais plus grande chose et peut-être que Galatéa aurait une solution à me proposer ?

« En fait elle n’est pas méchante mais elle a eu une vie très solitaire jusqu’à ce que je la capture alors elle a tendance a penser à elle sans considérer le monde qui l’entoure. Ce n’est pas irrémédiable en soi mais elle a encore du mal à collaborer avec les autres.

Tout à l’heure, quand elle a voulu allumer le feu, je suis sûre qu’elle voulait sincèrement aider ces gens mais à sa façon, elle n’a pas pris en compte le fait qu’ils n’avaient besoin que d’un feu de cuisson, elle leur a simplement donné du feu… Mais elle ne comprends pas encore le fond des demandes des autres humains que moi, ou elle ne veut pas les comprendre, du coup ça donne ce genre… D’accidents... »

Mais le plus triste dans cette histoire était que je savais que Salamèche n’avait pas fourni du feu pour aider directement les deux cuisiniers. Elle l’avait fait parce qu’elle pensait que cela me ferait plaisir de la voir aider ces cuisiniers – et elle avait raison sur ce point. Depuis quelques temps, Salamèche se montrait moins farouche avec moi et dans les moments de plus en plus fréquents où elle ne m’ignorait pas, il lui arrivait de me faire comprendre à sa façon qu’elle appréciait ma compagnie.

Malheureusement, cette affection était exclusive : Salamèche n’appréciait pas Nik et encore moins Gravelax. Les deux dragons éprouvaient une rivalité teintée d’inimitié réciproque et ce avant même que je ne les rencontre. Si seulement elle pouvait s’ouvrir aux autres comme elle s’était ouverte à moi…

Un mouvement à ma taille me tira de mes pensées. Avant que je ne réalise ce qu’il se passait, Gravelax se tenait devant moi, complètement indifférent à l’ambiance morose. Au contraire, il affichait un immense sourire face à moi et il leva même ses petits bras en signe de victoire tellement il était fier de lui. Sa mimique vantarde m’arracha un sourire. En temps normal, j’aurais été horrifiée par cet événement : si Gravelax savait maintenant comment sortir lui-même de sa ball, Nik et moi devrions décupler nos efforts pour le surveiller. Mais là, sa pause était tellement exagérée et en décalage avec la situation qu’elle me fit le plus grand bien.

Hélas, cette accalmie ne devait pas durer : surprise par le cri de victoire du Griknot, Salamèche se retourna vivement vers lui. Aussitôt, une lueur haineuse apparut dans ses yeux et elle sortit les griffe. L’instant d’après, elle était sur le petit requin, le griffant de toute ses forces et sur tous les endroits accessible. Évidemment, ce dernier ne se laissait pas faire et jouait des crocs en retour, lui aussi avec une férocité que je ne lui avait jamais connue.

Les combats entre ces deux rivaux étaient fréquents mais d’habitude, ils s’arrêtaient après un ou deux coups échangés. Là, on aurait dit qu’ils voulaient réellement blesser leur ennemi, voire pire… Cette fois-ci, Nik et moi dûmes nous y mettre à deux pour retenir Gravelax tellement il semblait déterminé à achever Salamèche. Il ne reculait plus devant rien et j’eus même droit à plusieurs morsures, choses qu’il ne faisait jamais normalement…

Bon sang, mais pourquoi tout allait de travers aujourd’hui ? Pourquoi est-ce qu’il avait fallu que Salamèche choisisse ce moment précis pour déverser toute sa colère sur Lax ? Et d’ailleurs, même si Nik et moi faisions de notre mieux pour empêcher le dragon-requin de se battre tout en lui épargnant les coups de la lézarde furieuse, nous n’étions pas trop de deux pour ça si bien que personne ne retenait la petite furie.

En désespoir de cause, je demandai son aide à Galatéa :

« S’il vous plaît, vous voulez bien… AIE… Essayer de calmer Salamèche ? »

Si l’archevêque avait de l’expérience avec les Dracaufeu cela pourrait aider. Et si elle était aussi magnétique avec les Pokémon qu’avec les humains, elle n’aurait pas trop de mal à apaiser ce conflit. Mais malheureusement, elmle allait devoir faire vite car le pauvre Nik commençait à souffler de plus en plus fort tout en tendant ses lianes au maximum. Il n’allait pas tarder à lâcher...

Curieuse oui, mais patiente également. Galatea n’est pas là pour brusquer la demoiselle. Elle lui laisse donc le temps de s’approprier les lieux et les paroles.

Pendant ce temps, l’archevêque en profite pour servir du thé, saveur camomille, à la cuisinière. Ce n’est pas la boisson préférée de la dame émeraude, loin de là. Mais pour Mayan, cela peut-être un bon moyen de se sentir plus à l’aise.

Une fois la boisson prête à être servie, Galatea revient vers son invitée en silence. Elle écoute attentivement ce qu’elle a à raconter. Les relations entre humains et Pokémon ne sont pas toujours évidentes. C’est l’un des points qui attriste le plus la croyante. En effet, pour elle et son Eglise, humains comme Pokémon sont égaux. Alors pourquoi passent-ils leur temps à ne pas se comprendre ?

Il y a une relation étrange et complexe qui existe entre les deux espèces. D’un côté, les Pokémon sont naturellement plus doués pour la survie et sont en harmonie avec la nature. Avant l’apparition soudaine de la magie, les êtres humains faisaient pâle figure devant eux. Et pourtant, les enfants les plus proches d’Arceus le Père se font surclassés depuis bien longtemps. Peut-être cela est-ce dû à l’ingéniosité des Hommes, allez savoir.

Pour en revenir aux problèmes de la gourmet, il semblerait que ce soit bien un problème de compréhension entre les deux. Galatea doit avouer que cette Salamèche chromatique possède un caractère bien trempé. Elle ne ressemble pas, sur ce point, à Nik le Marisson. Il est plus docile et amical, cela peut se lire sur son corps.

Mais Mayan met l’accent sur quelque chose que Lady Regalia ne peut qu’approuver. Ces créatures de Feu sont très solitaires. La compétition est rude chez les Reptincel et les Dracaufeu, mais aussi chez le stade primaire. C’est ainsi. Alors oui, il faut souvent s’attendre à un lézard capricieux.

Dans tous les cas, ce que dit la jeune ranine est tout à fait pertinent. Assise en face de son interlocutrice, Galatea tend une oreille attentive et hoche la tête pour exprimer son accord avec les propos de la cuisinière.

L’archevêque sent toutefois qu’il y a Ohmassacre sous roche. Il y a quelque chose en plus… Cette Salamèche ne peut pas juste avoir des soucis de compréhension avec les humains. La plupart des Pokémon en ont après leur capture, c’est tout à fait naturel. Il faut un temps d’adaptation. Non, Mayan ne dit pas tout.

Pour en avoir le cœur net, Galatea décide de reporter son attention sur le reptile doré. La petite femelle semble renfermée, voire un peu triste. Ce n’est pas l’incendie qui provoque cet état. C’est plus profond, un certain mal-être probablement.

Soudain, un Griknot apparaît. Cela n’est pas très prudent de sa part. Mais la dame émeraude réalise bien vite que c’est Gravelax, l’autre Pokémon de la cuisinière d’Orion. Ceci prouve bien qu’il manque de discipline, mais qui pourrait lui en vouloir ? Galatea se contente d’observer la scène qui se joue devant ses yeux maternels. Le dragon tente de réconforter la jeune femme, c’est adorable.

Toutefois, cette tendre scène est coupée court. Il existe à n’en point douter une rivalité entre les deux écailleux. Galatea a tout juste le temps de sauver les tasses et le récipient. Ce n’est pas le plus important, mais Mayan parvient à retenir son Griknot tant bien que mal. Voilà de quoi endiguer le combat impromptu. L’assistance de la dame en blanc est ensuite requise.

Bien entendu, l’archevêque est prête à aider. Jamais elle ne laisserait une bataille inutile se produire sous son toit, aussi petit soit-il.

« Salamèche, calme toi, je t’en prie. Cette rivalité avec Griknot ne vous mènera à rien. »

Mais la créature ardente n’écoute rien. Ses pupilles sont dilatées ; elle est prête à bondir de nouveau. Cette fois s’en est trop pour Galatea Fenicia Regalia. Elle ne supporte pas qu’on lui résiste. D’un geste, elle se lève et surplombe le Pokémon Feu. La Salamèche est un peu surprise. Si elle est bel et bien féroce avec Gravelax, elle ne l’est pas autant avec les humains.

L’aura de la croyante s’intensifie. L’instant d’après, une ombre apparaît à ses côtés : il s’agit de Deirdra. Elle est prête à agir en cas de problème. Mais l’autorité de l’archevêque devrait suffire, avec quelques mots en plus.

« Ce comportement n’est pas digne de toi, Salamèche. Si tu as choisi de suivre cette jeune cuisinière, tu dois cohabiter. Dans le cas contraire, il en faut peu pour briser une Captis Ball. Le choix t’appartient. »

La femelle dorée est bouche-bée. Cette femme est impressionnante et puis ce qu’elle dit est pertinent. La liberté totale ? En y réfléchissant bien, la Salamèche ne sait pas si cela lui conviendrait. L’incendie qu’elle a provoqué était un accident. Son but était réellement de faire plaisir à Mayan et…

« Je comprends ton doute. Je sais également qu’il est dans vos natures de rivaliser. Mais il faut faire preuve de cohésion dans une équipe. C’est ainsi. »

La Salamèche réfléchit. Elle tourne le regard vers Gravelax. Non, vraiment, elle ne voit pas comment faire pour rester à côté de lui. C’est de la jalousie plus que de la rivalité.

« Mayan… Qu’en pensez-vous ? Salamèche n’est pas faite pour s’entendre avec les autres, mais elle a goûté à la vie avec nous autre humains. Elle fait face à un choix cornélien, mais peut-être pouvez-vous lui apporter conseil ? »

Galatea sait être persuasive. Si elle le voulait vraiment, nul doute que le lézard reprendrait sa vie solitaire rien qu’à écouter la croyante. Mais c’est plus que cela. Cette créature ardente souhaite plus que de la liberté. Il y a simplement des obstacles sur son chemin…

PV Mayan

by reira

HRP:

Après plusieurs minutes éreintantes, Gravelax se calma de mauvaise grâce et, chose inédite, il insista pour rentrer dans sa ball dans laquelle il finit par retourner avec une mine agacée non sans un dernier regard noir envers sa rivale. J’ai comme l’impression qu’il ne veut plus voir Salamèche autant qu’elle ne veut plus le voir…

Galatéa de son côté réussit à calmer Salamèche juste en lui parlant. Eh bien ! Sacré performance !

« Ce que veut vraiment Salamèche… En fait j’ai toujours eu l’impression qu’elle voulait juste former un duo avec moi, sans mes autres Pokémon. Et je n’ai pas envie de la forcer à cohabiter si elle ne le veut pas -et elle ne le veut pas. C’est comme ça, certaines personnes et certains Pokémon sont faits pour travailler et vire en groupe et d’autres préfèrent être seuls, c’est dans son caractère... »

A force d’y réfléchir, j’avais fini par réaliser à qui Salamèche me faisait penser. Bizarrement, son caractère était exactement celui que j’imaginais pour mon maître lorsqu’il était plus jeune. Du peu qu’il m’en avait dit, j’avais pu en déduire qu’il avait été un jeune homme talentueux mais aussi incompris et isolé, pour ne pas dire marginal. Et cette marginalité lui avait valu une réputation d’homme bourru auprès de ses semblables, réputation qu’il n’avait rien fait pour démentir.

Il lui avait probablement fallu beaucoup de temps pour s’ouvrir aux autres et accepter de prendre des disciples une fois son ses talents martiaux et culinaires reconnus par tous. Et Salamèche aurait sans doute besoin d’autant de temps pour se sentir à l’aise avec les autres. Malgré son côté turbulent, Gravelax avait tout de même beaucoup moins de problèmes pour s’intégrer à l’équipe.

Le souci était que si j’avais voulu apprivoiser Salamèche, il m’aurait fallu y consacrer beaucoup de temps et dans un environnement stable peuplé de visage familiers auxquels Salamèche pourrait s’habituer. Mais mon voyage n’était pas le cadre idéal pour éviter de susciter la jalousie de la lézarde.

Je bus une gorgée de mon thé qui a miraculeusement survécu à l’altercation entre les deux dragons pour me donner le temps de réfléchir à ma réponse à Galatéa :

« Je pense que vous avez raison, Salamèche est en recherche d’une relation avec un humain. Mais pour le moment, je pense qu’elle a besoin d’une relation stable et exclusive, le temps de s’habituer à faire confiance à autrui. Malheureusement, avec tous mes voyages, je suis trop occupée pour me consacrer à elle autant qu’il le faudrait et puis je ne peux pas non plus négliger mes deux autres Pokémon. »

Je n’avais pas les dons de l’archevêque pour charmer les Pokémon et les gens, mais même si je l’avais pu, je ne l’aurais pas utilisé sur mes Pokémon. Cela pouvait donner les résultats attendus à long terme mais avec un Pokémon comme Salamèche, cela pouvait empirer gravement la situation si elle se rendait compte qu’on essayait de la manipuler. Le jeu n’en valait pas la chandelle. Mais il me fallait m’assurer de mes hypothèses. Heureusement, la petite dragonne semblait désormais disposée à parler :

« Salamèche ?
-Sala !
-Est-ce que tu voudrais que je passe plus de temps avec toi ? »

Un hochement de tête me répondit. Je n’avais pas jugé utile de lui préciser qu’elle pouvait se montrer parfaitement sincère avec moi car je ne jugerais pas ses réponses. Salamèche n’était pas du genre à s’effrayer de l’avis des autres sur sa personne. Question suivante, plus difficile à poser pour moi :

« Est-ce que… Est-ce que tu voudrais qu’on passe plus de temps seules ensembles ?
-Mèche ! »

Nouveau hochement de tête. Malheureusement, c’est ce que je craignais. Sur les routes, ce temps je ne l’avais tout simplement pas. Bien évidemment, la lézarde était libre de gambader à mes côtés toute la journée si elle le voulait mais mes autres Pokémon l’étaient aussi. Au temps pour l’intimité.

Etait-ce utile de lui répéter que cela n’allait pas être possible ? Elle le savait déjà… Pourtant sa demande ne me paraissait ni irréaliste, ni irréalisable dans l’absolu. Je n’étais tout simplement pas la bonne dresseuse pour ce Pokémon…

Cette pensée me mit le cafard. D’un air peiné, je demandais à Galatéa :

« Je comprends ce que Salamèche veut et sa demande me semble légitime mais… Je n’ai malheureusement pas davantage de temps à lui consacrer, surtout en privé… Vous auriez une solution à ce problème ? »

Je n’avais pas dit ça sur un ton suppliant comme une enfant cherchant conseil auprès de ses parents mais sur un ton davantage résigné. J’avais bien une solution en tête mais elle ne me plaisait pas vraiment...

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