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 Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)
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Corvus Eddaryon
Corvus Eddaryon

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Message Sujet: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyLun 27 Avr 2020 - 8:30

Ce RP suit directement "Dreadful Swamp"


BREATHE IN. BREATHE OUT
Blood and tears never lie

Au cœur du grand hall du Manoir d’Eddar, l’apparition soudaine d’un groupe brisa le silence de la nuit. Leur arrivée raisonna un instant sur les murs sombres du vieux château, et il fut bientôt accompagné d’un cri de détresse qui gronda dans l’obscurité comme un coup de tonner. De toutes les créatures de ce vaste manoir, Ronan fut le premier à l’entendre, et donc à arriver.

Laissant l’air le porter, un Cornèbre apparut au détour des escaliers, silencieux comme une ombre. Non sans hâte, il se laissa glisser jusqu’au groupe et lorsqu’il se posa, ses griffes crissèrent sur les dalles froides du château. L’instant d’après, la corneille avait laissé place à un garçon dont les yeux turquoises brillaient dans la nuit. Il fixa un moment Azmitia, le bébé, puis les deux nobles inconscients au sol ; mais son regard s’attarda sur Corvus … pour finalement revenir sur Azmitia. Cette femme était étrange. Vieille. Il la dévisagea un instant… est-ce que c’était elle qui avait crié ? Qui d’autre ? Chassant l’obscurité de la nuit, Ronan alluma sans un mot les torches disposées un peu partout dans le grand hall, éclairant la large salle d’une lumière chaleureuse. Ils en auraient besoin. Puis, une voix s’éleva dans le manoir, ou plutôt une idée, qui résonna dans l’esprit de toutes les choses qui s’y trouvaient.

Sang ! Blessé ! Corvus !

Bizarrement, Ronan se sentait d’humeur taciturne ce soir. Il aurait pu être plus précis, faire une vraie phrase, décrire les faits, mais il savait aussi sa présence peu appréciée par les habitants du manoir. Le grand manitou détestait entendre la voix du Zorua dans sa tête et avisé, Ronan se gardait bien de le courroucer. En réponse à ses pseudo-parole, des aboiements lugubres de Grahyèna résonnèrent dans le château, d’abord lointain, puis de plus en plus proche … elles approchèrent à mesure que les secondes passèrent et, regardant Azmitia, le garçon lui offrit un sourire carnassier. L’aide était en chemin, ce n’était plus qu’une question de seconde désormais.

Les deux hyènes, Meyda et Lerangwa, déboulèrent à toute vitesse dans le grand hall, suivit de près par Korham qui, bien avant l’avertissement de Ronan, avait entendu les cris de détresse d’Azmitia. En découvrant le groupe au cœur du grand hall, le garde-chasse se figea un instant. Comment diable étaient-ils rentrés ? Le majordome s’approcha et d’un signe de main, il chassa le garçon.

« — Ronan, file de là » le houspilla le gardien « Assam va arriver, il va croire que tu te joues de lui … ce ne serait pas la première fois » fit-il remarquer.

Assam appréciait peu la présence de Ronan en son domaine et cela n’était un secret pour personne. En digne Zorua qu’il était, le renard ne perdait pas une occasion pour faire pester le maître des lieux, cependant cette fois-là n’avait rien d’une farce et Lord Eddaryon allait vite s’en rendre compte. Tandis que Ronan filait dans la nuit, Korham se pencha sur Azmitia, posa une main sur son épaule.

« — Tout va bien. Vous n’êtes plus seule » déclara le majordome.

Alors qu’il s’apprêtait à ajouter quelque chose, son attention fut soudainement attirée par l’arrivée d’Ewa, qui dévalait les escaliers. A son tour, elle se figea en découvrant la scène.

« — Korham ! Qu’est-ce qui se passe ? » lui demanda-t-elle en les rejoignant. Elle se figea de nouveau en apercevant le sang qui maculait les vêtements des deux nobles … et son cœur fit un bond lorsqu’elle les reconnu « Qu’est-ce que … » balbutia-t-elle « Corvus ? Est-ce que c’est … Leonys ? » La guérisseuse peinait à y croire. Elle ? Encore ? Pourquoi fallait-il que ce soit toujours elle ? Corvus ne pouvait-il donc pas malmener quelqu’un d’autre, la laisser tranquille ? « Mais qu’est-ce que … » commença Ewa, mais à son tour elle fut interrompue par l’arrivée de quelqu’un.

« — QU'EST-CE QUE TU AS FAIT A MON FILS LA SORCIÈRE ?! » gronda une voix en provenance des escaliers. C’était Assam Eddaryon, le maître des lieux, et il venait de tirer son épée en direction des nouveaux arrivant, et plus spécifiquement Azmitia « Si tu l’as empoisonné je te ferai brûler viv… » ajouta-t-il, mais il n’eut pas l’occasion d’achever sa phrase, car Ewa l’en empêcha.

Ewa leva son regard vers la vieille femme. Est-ce qu’Assam était idiot ?

« — ASSAM ! Calmez-vous ! » coupa brusquement Ewa en haussant le ton « Ce n’est pas le moment » déclara-t-elle en le fusillant du regard.

Vraiment, ce n’était pas le moment d’être discourtois et de menacer à tout bout de champ. Sans attendre, la guérisseuse s’agenouilla devant les corps inertes des deux jeunes nobles. Elle se tenait face à Azmitia et leva des yeux désolés vers elle.

« — Je vous en prie, ne prenez pas en considération les propos de mon mari » lui demanda-t-elle « C’est un homme fier, qui supporte peu l’idée qu’on fasse du mal au sien. La colère obscurcit son jugement » affirma-t-elle.

Hélas, Ewa aurait voulu que ce soit vrai. Assam détestait l’idée de voir des étrangers faire irruption chez lui et plus encore lorsque lesdits étrangers apportaient avec eux le corps de son fils couvert de sang. En de telles circonstances, le réfléchis Assam devenait prompt aux jugements hâtifs, mais prétendre qu’il n’avait pas cela naturellement en lui était un mensonge.

Pendant un instant, Ewa détailla ce qui se trouvait devant elle. Le torse de son fils était barré d’un pan de tissu rougit de sang, qui couvrait vraisemblablement une plaie qui continuait de saigner. Inconsciente, Leonys le couvrait de son corps, le peu de vêtements qu’elle portait tâchés de sang. Le sien ? Celui de Corvus ? Comment le savoir ? Assam avait fini par les rejoindre, avisant du regard l’état des deux jeunes gens. Sans attendre, la guérisseuse donna ses instructions … il n’était pas question de laisser l’occasion à Assam de commenter quoi que ce soit.

« — Mettez-le sur la table, dépêchez-vous » déclara-t-elle en désignant Corvus « Et allez me chercher de l’eau, Effie se chargera de la chauffer » ajouta Ewa.

Personne ne discuta ses ordres, pas même Assam qui, avec l’aide de Korham, s’affaira à hisser son fils sur la longue table qui, un mois plus tôt, avait accueilli des plats de victuailles destinées à une occasion bien différente de celle-ci. Ewa, elle, accueillit la jeune mère contre elle, effleura son visage de ses doigts. Une part d’elle s’apaisa en se rendant compte qu’elle n’était pas blessée.

« — Elle est brûlante » fit-elle remarquer en levant brièvement les yeux vers la vieille femme qui les accompagnait.

La kunioise était en piteux état. L’étrangère avait dans ses bras un enfant, vraisemblablement celui de Leonys … les deux femmes se connaissaient-elles ? Ewa le savait, cette femme n’était pas sa mère … alors qui ? Elle devait être quelqu’un d’important pour elle, sinon pourquoi lui aurait-elle confier son fils ?

« — Leonys ? Leonys ? Est-ce que vous m’entendez ? » tenta-t-elle de l’interpeller, mais seul le silence lui répondit. Alors, Ewa leva de nouveau les yeux vers la vieille femme, celle-là même qu’Assam avait eu le culot d’appeler sorcière « Qu’est-ce que … qu’est-ce qui s’est passé ? » lui demanda-t-elle finalement.

Des réponses ne manqueraient pas de lui apporter les éléments qui lui faisaient tant défaut. D’un signe de main, la guérisseuse interpella les domestiques qui paraissaient au compte-goutte et les manda d’apporter des couvertures ainsi que des tissus propres. Du côté de la table, Assam avait mis le torse de son fils à nu. Lorsqu’il souleva le pansement de fortune qui couvrait la plaie, une grimace se dessina un instant son visage. Une large entaille traversait de part en part la poitrine de Corvus. Bien que moins abondamment que cela l’avait été, du sang s’en échappait toujours, peignant la table d’une teinte sinistre.

« — Ewa » l’interpela Assam « La plaie est profonde » déclara l’ancien chevalier.

Assam n’était pas guérisseur, pourtant il savait bien malgré lui de quoi il parlait. Dans sa jeunesse, le vieil homme avait été témoin des tensions qui avaient opposés les royaumes avant que le Grand Conseil ne voit le jour ; et même en temps de paix, les hommes se battaient, se blessaient et mourraient.

« — Korham, envoyez un message à Alagash » ordonna le maître d’arme en se tournant vers le garde-chasse « Dites-leur de venir le plus vite possible. Corvus est blessé, et la fille aura surement besoin d’eux aussi » déclara-t-il

Abraxas avait une femme, qui elle-même possédait un pokémon capable de les guérir. Assam était bien des choses, mais l’homme qu’il était ne laissait jamais rien au hasard. Avec du temps, Corvus ne manquerait pas de guérir, mais le vieil homme ne comptait pas prendre de risque. Ils avaient le pouvoir d’avoir ce qu’il y avait de mieux et l’ancien chevalier comptait bien en profiter, même s’il fallait pour cela réveiller Abraxas et Mélanna Dyaga en plein milieu de la nuit.

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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyLun 27 Avr 2020 - 11:16

Seul le silence lui répond d’abord. Elle aurait presque pu manquer la caresse d’une pire d’ailes se laissant planer, or, tous ses sens sont aguets. L’âge a peut-être émoussé sa vision, mais son ouïe demeure étonnamment intouchée, solide. À l’approche du Cornèbre, elle reconnaît cette petite hésitation, ce frisson, cette étincelle que peu remarquent. Or, la vieille dame a l’habitude, après avoir côtoyé un Zoroark pendant des années. Elle ne peut faire autrement que reconnaît l’Illusion, ce qui se confirme par le changement de forme soudain du petit renard pour adopter celle d’un enfant au vif regard. Un petit malin celui-là. Ami ou ennemi ? Le Pokémon semble plus contemplatif qu’actif, qu’attend-il donc ? Une invitation ? Azmitia n’a guère la patience de composer avec lui, puisque dans le manoir, les gardiens s’éveillent et viennent confirmer leur présence. Les maîtres des lieux ne tarderont pas à se manifester, la vieille dame espère simplement que ce sera avant les créatures qu’elle entend aboyer. La main sur la balle d’un de ses alliés, elle n’hésitera pas à en faire usage si sa vie doit être menacée. Elle n’est pas là pour nuire mais si on la traite ainsi, elle n’a aucune raison de rester. Enfin, oui. Il y a toujours Leonys et son fils, qui repose désormais dans ses bras. Il va falloir se montrer docile, même devant ces nobles.

Voilà que les Grahyéna accourent dans le hall, leurs aboiements furieux faisant se crisper Azmitia. D’un geste protecteur, elle se place devant les deux jeunes gens inconscients sur les dalles de la pièce, offrant une œillade fière à l’homme qui vient d’entrer. Il ne semble pas être parmi les propriétaires de la demeure, plutôt un employé. Son attitude compatissante apaise quelque peu l’étrangère, qui se crispe malgré tout en sentant sa main sur son épaule. Ne sait-il pas qu’il est impoli de toucher une vieille dame sans son consentement ? Azmitia a totalement perdu l’habitude des contacts humains, elle pourtant plutôt tactile et démonstrative. Il faut dire que toute cette situation ne la rend pas plus à l’aise, et elle attend sans mal les accusations qui se porteront sur elle. Heureusement, le majordome  ne semble pas suspicieux. Une femme fait son entrée et Azmitia lève le regard vers elle. Celle qui lui face est d’une beauté pleine de grâce, malgré l’heure tardive et le réveil probablement brutal. Il s’agit de la mère de ce Corvus à n’en pas douter. Il se dégage d’elle l’aura à la fois d’une mère et d’une guérisseuse, la vieille dame de l’île Kokoae y mettrait sa main au feu. Elle a donc trouvé la personne qu’ils cherchaient, cette fameuse Ewa dont lui a parlé Leonys.

Malheureusement, son mari arrive à la manière d’une tempête furieuse, déferlant contre Azmitia les reproches et les accusations qu’elle pouvait attendre. Elle ne peut s’empêcher de sourire de manière narquoise devant le sobriquet utilisé. Il fait un moment que celui-ci l’amuse, à moitié du moins. Si elle avait été un homme, nul doute que l’autre aurait tenu un discours différent. Mais être vieille et une femme dans cette maison signifiait-il nécessairement être une sorcière ? Soit alors. Elle pourrait lui faire voir l’étendue de ses «pouvoirs», s’il le désirait. Heureusement, Ewa intervient à temps pour apaiser le feu qui grimpe en elle, lui partageant un regard qui en dit long sur son opinion des agirs de son époux. Azmitia doit se retenir de rire. Bon. Il faut avouer qu’elle l’aime bien cette guérisseuse. De toute évidence elle ne se laisse pas faire devant les excès du fameux Assam. La vieille dame apprécie ce genre de femme forte.


«Oh vous savez, il n’est pas le premier, ni le dernier à m’appeler «sorcière». À force, je commence à déplorer le manque d’originalité.»

De toute manière, tout ceci n’a pas d’importance. Ewa l’a compris, et bien entendu Azmitia s’écarte de son chemin pour la laisser travailler. Elle se satisfait d’ailleurs de son efficacité : elle s’en tient à sa mission primaire en distribuant des ordres, se concentrant sur les deux patients et non seulement son fils en très piteux état.

«Elle vient juste de tourner de l’œil, je pense qu’elle le sentait car elle m’a donné son fils juste à temps. Sa fièvre dure depuis quelques heures déjà, et suite à ce que nous avons vécu dans les marais…» elle frissonne, avant de poursuivre. «Je suis certaine qu’elle se serait écroulée avant si ce n’était de son désir de sauver votre fils.»

De cela, elle en est absolument convaincue. Ce n’est pas elle que Leonys est venu chercher dans la brume. Ce n’est pas son nom qu’elle a appelé dans le brouillard. Mais bien celui du jeune homme à ses côtés. La jeune femme ne répond d’ailleurs pas aux appels, ce qui fait s’inquiéter davantage la vieille dame. Alors que la guérisseuse réclame des explications, Azmitia ne peut les lui refuser.

«Je ne connais pas toute l’histoire, je suis arrivée plus tard, dans la nuit. De ce que votre fils m’en a raconté, Leonys serait tombée dans une tourbière et Corvus serait tombé sur elle par hasard. Elle a dû envoyer un de ces compagnons me chercher avant son arrivée. Enfin. Quand je suis arrivée à l’endroit indiqué par le Vibraninf de Lady Valencia, j’ai vu qu’elle n’y était plus. Nous avons repéré une grotte où ils se sont abrités pour la nuit. Leonys allait déjà mal, ainsi votre fils et moi sommes sortis pour trouver quelques plantes médicinales pour lui venir en aide. Nous avons été attaqués dans la nuit… Il y avait une brume dense et…»

À quel point peut-être révéler la nature de cette attaque quand elle-même ne parvient pas à se faire une tête sur cette créature qui les a attaqués ? Elle omet volontairement la part concernant les visions d’horreur pour se concentrer sur le concret. Elle n’a aucun désir d’inventer des réponses après tout.

«Un lancier a combattu Corvus, qui a été mesure de le blesser. Malheureusement, il a été blessé à son tour, et le responsable a fui dans la brume. J’ai ensuite demandé à mon Alakazam de nous mener en lieu sûr, et Leonys a suggéré ce manoir, en disant que vous seriez en mesure d’aider votre fils.»

Elle se tait. Elle espère que les renforts viendront rapidement. Tout ce sang sur la table où le garçon est posé l’angoisse. Elle n’a aucun attachement envers lui, néanmoins elle ne lui désire pas la mort tout de même. Puis elle se souvient de la réaction de sa protégée en voyant Corvus blessé.

«Je peux aider, au meilleur de ma connaissance. Je peux mélanger des herbes et aider aux soins avec des instructions. Et m’occuper du petit.»

D’ailleurs, la santé de celui-ci l’inquiète. Si Leonys doit être inconsciente encore longtemps, comment nourriront-ils le petit ? Une chose en son temps après tout.
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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyLun 27 Avr 2020 - 18:33


BREATHE IN. BREATHE OUT
Blood and tears never lie

Ewa écouta le récit de la vielle femme avec une attention toute particulière. Au fond d’elle-même, la mère qu’elle était se lamentait à chaque péripétie que lui contait l’étrangère. Si Corvus n’était plus un petit garçon, elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour lui ni de trembler à chaque fois qu’il frôlait le danger d’une manière ou d’une autre. Sur ce point, le cavalier ne l’épargnait pas et aujourd’hui ne faisait pas exception à la règle.

La guérisseuse ne connaissait pas beaucoup Leonys Valencia, pour ne pas dire pas du tout. Bien sûr, elle savait qu’elle venait de Kuni – de Venovos plus précisément – qu’elle descendait d’une noble lignée respectée au sein de la nation de l’est et que, bien que désormais veuve, elle avait été mariée à un important conseiller kuniois. Ces informations formaient son identité, celle que n’importe qui était en mesure de découvrir avec un peu de volonté, mais cela ne suffisait pas à Ewa pour comprendre. Si elle connaissait le penchant naturel qu’avait son fils à venir en aide à autrui, elle savait aussi qu’il ne manquait pas de réserve et que la méfiance qu’Assam avait insinué très tôt dans son cœur ne manquait pas de faire son œuvre. En d’autres termes, Corvus aimait aider mais il s’attachait peu, pourtant il portait un attachement évident à cette fille que le hasard mettait constamment sur sa route. Bien mieux que n’importe qui, Ewa savait que cela allait bien au-delà d’un simple attrait physique ou charnel … d’abord parce que la guérisseuse aimait à croire son fils plus raffiné que cela, ensuite parce que ce genre de choses ne valaient pas un séjour dans une tourbière et encore moins un combat sanglant au plein milieu de la nuit. Non, il y avait plus que cela … est-ce qu’il était vraiment aller lui cueillir des herbes ? Lui ? Ewa peinait à y croire, pourtant quel intérêt cette femme avait-elle de lui mentir ? Aucun. Cette Leonys avait quelque chose de spécial et Ewa aurait bien voulu savoir quoi.

L’heure, cependant, n’était pas aux divagations. Ewa gratifia la vieille femme d’un sourire, la remerciant de ce récit qu’elle venait de lui faire. Pour eux, cette nuit avait été particulièrement longue et éprouvante, et si jusqu’à présent cela n’avait été qu’une supposition pour elle, c’était désormais une certitude. Dans son dos, Ewa sentait le regard d’Assam sur elle … il voulait en savoir plus et elle le savait. Qui était ce lancier qui avait attaqué son fils ? L’avait-il fait en tout état de cause ? S’en était-il pris à la maison d’Eddar de manière singulière, ou Corvus s’était-il juste trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ? La guérisseuse tenta de ne pas y faire attention … ils auraient bien le temps de se poser ces questions une fois les deux nobles rétablis.

« — Je ne vous remercierai jamais assez de leur avoir permis d’arriver jusqu’ici » déclara Ewa, un sourire timide sur le coin des lèvres. Sans elle et son Alakazam, Leonys et Corvus seraient encore dans ce marais « Je sais que vous n’avez pas fait cela dans ce but, mais vous êtes venu en aide à une grande maison de Sakai. Assam est un homme chargé de défauts, mais il ne l’oubliera pas. Je ne l’oublierai pas, et Corvus non plus » affirma la guérisseuse. Assam et Corvus étaient doués pour ce genre de discours, mais Ewa avait tenu à le lui dire elle-même ; et elle ne le lui avait pas dit en tant que Lady Eddaryon, mais en tant que mère « Votre présence nous sera d’une grande aide. Quel est votre nom ? » lui demanda-t-elle finalement.

Le regard d’Ewa se posa sur le bébé, sur cette petite chose qui, vraisemblablement, avait vécu les mêmes horreurs que Leonys. L’épisode dans le marais, la nuit dans la caverne, le sang dans la brume … quel âge avait-il ? Deux mois, un peu plus, un peu moins ? Aucun être sur terre ne devrait avoir à subir cela à cet âge et le cœur de la guérisseuse se serra à rien qu’à cette idée.

« — Le petit … mes gens peuvent le prendre si vous le souhaitez » lui proposa-t-elle. Elle avait dit cela d’une voix un peu hésitante, comprenant la délicatesse de la chose « Je ne sais pas ce qu’aurait voulu Lady Valencia, mais j’ai le sentiment qu’il serait mieux au calme, loin de cette … pagaille. Si vous nous le permettez, je pense qu’il serait judicieux de faire de même pour elle, d’ailleurs. Nous avons des chambres à l’étage … un peu de calme et le repos leur seront bénéfiques. Vous devriez vous reposer, vous aussi, si tant est que vous le puissiez » déclara la guérisseuse.

Ewa voyait bien les œillades que l’étrangère portait en direction de Leonys. Se reposer, dans une telle situation ? C’était peu probable, pourtant la vieille femme pouvait se le permettre. Elle avait largement fait sa part et au fond d’elle-même, la guérisseuse espérait la voir accepter l’idée. Avant qu’Azmitia n’ait le temps de répondre, les deux femmes furent interrompues par l’arrivée d’une large marmite d’eau, portée par Korham et une domestique. Sans attendre ils la posèrent dans l’âtre de la cheminée, tandis qu’une seconde domestique – Nuna – tendait les couvertures et les tissus propres mandés par la guérisseuse. Ewa s’activa alors, s’affaira à récupérer des lambeaux de tissus.

« — Les plantes, vous les avez toujours ? » demanda Ewa à la vieille femme.

Qui sait, peut-être cela pouvait-il lui servir ? Les herbes fraiches étaient toujours plus efficaces que celles séchées. Ewa s’empressa de remplir un large récipient d’eau et y jeta les bandes de tissus. Elles étaient longues, suffisamment pour être pliées plusieurs fois sur elles-mêmes. Elle les désigna en s’approchant d’Azmitia.

« — Placez en une sur le front, deux autres de chaque côté du cou, et une sur chaque poignet, là où passent les veines. Il faudra les changer régulièrement, de manière à ce qu’elles soient toujours fraîches … avec un peu de chance, cela devrait faire baisser la température. Un peu » expliqua Ewa. En digne pédagogue qu’elle était, elle avait illustré de gestes chacune de ses paroles. A cette heure de la nuit, les possibilités de la guérisseuse étaient drastiquement restreintes … ce n’était pas grand-chose, mais c’était toujours mieux que rien « Je viendrai vous rejoindre lorsque … lorsque j’en aurais fini avec Corvus. N’hésitez pas à faire venir nos gens si vous avez besoin » déclara-t-elle.

Ewa donna le récipient à l’une des domestiques, qui déjà prenait le chemin vers l’étage. La guérisseuse tourna un regard vers la table, sur laquelle gisait encore Corvus, inconscient. Assam l’attendait, mais Ewa savait qu’elle n’en ferait pas beaucoup plus que ce qui avait déjà été fait. Corvus n’était pas à l’article de la mort : la perte de sang l’avait fait pâlir certes, mais aucune artère ne semblait avoir été touchée ; l’arme du lancier n’avait taillé que du muscle. C’était impressionnant mais point létale et Ewa n’était pas inquiète, car elle savait que Corvus n’aurait même pas besoin de guérir seul, du moins pas complètement. Tout ce qu’il avait à faire était d’attendre l’arrivée des Dyaga et de leur Nanméouïe, une tâche plutôt aisée au vu de sa situation.  

Laissant ses gens guider Azmitia vers l’étage, Ewa jeta un dernier regard dans sa direction. Korham avait hérité de la responsabilité de monter Leonys et l’avait pris dans ses bras avec d’infinies précautions. A la vue de Leonys montant vers les chambres, un sentiment étrange envahit un instant la guérisseuse … du plus loin qu’elle s’en souvenait, une telle situation n’était jamais arrivée au Manoir d’Eddar, pas depuis qu’elle s’y trouvait du moins. Corvus n’était jamais revenu dans cet état et n’avait jamais pris autant de risque. Ce n’était encore jamais arrivé et c’était bien cela qui l’inquiétait, ça plus que tout le reste

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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyLun 27 Avr 2020 - 21:26

«Famille riche à en crever ou famille de misère couverte de pustule, ça n’a absolument aucune importance. Oubliez si vous voulez, je ne pense pas avoir beaucoup de mérite dans ces circonstances. Je ne cherchais certainement pas la gratitude. Juste que quand on ressemble à ça au milieu d’un foutu marais, j’ai tendance à intervenir tout de même. Je suis peut-être une vieille sorcière aigrie, je ne suis pas une garce pour autant.»

Elle aurait aimé que sa voix soit plus douce, qu’elle mesure son agacement. Malgré ses efforts, l’irritation transpire dans son regard. L’identité de ce jeune homme n’a absolument aucune importance à ses yeux, qu’il soit riche à souhait ne change rien à ses yeux. Peut-être est-elle un peu sensible et fatiguée. Elle n’en veut pas à la guérisseuse pour ses mots, simplement que d’une autre époque elle a côtoyé trop de personnes séparant les Hommes selon des caractéristiques aussi insignifiantes que l’écu dans ses poches. Est-ce donc le type de personnes que côtoie Leonys ? Se fait-elle simplement ce même genre d’idée ? Oh, la jeune femme a très certainement été gâtée de sa vie, malgré tout Azmitia ne peut s’en convaincre. Elle soupire.

«Je suis ravie d’aider, mais s’il vous plaît, évitons les jolies manières. Je suis Azmitia, ça non plus ça n’a aucune importance. Je me trouve néanmoins sous votre toit, je suppose que je vous dois l’information.»

Se convaincre de se montrer moins sur ses gardes reste à faire. Malgré elle, ses réflexes se manifestent avec insistance, elle n’a aucun désir d’être le centre de l’attention de cette femme, aussi forte soit-elle, et de son imbécile de mari braillard. Elle ne devrait pas se trouver ici. Déjà l’anonymat lui manque. Sans la perspective de se rendre utile, et soulignons-le une méfiance inconsciente envers ces gens ici réunis, elle aurait probablement pris la poudre d’escampette sitôt elle en aurait eu la chance. Elle est une lâche, non ? La fuite la caractérise depuis trente ans maintenant. Pourquoi cette nuit seraite-elle différente ?

«Elle n’aimerait pas que je m’en départisse, elle a ses réserves. Mais bon, à l’écouter, elle préférerait jouer les martyrs sur ce plancher plutôt que de prendre soin d’elle. Nous prendrons cette chambre. Elle y sera bien mieux, effectivement. Ne vous inquiétez pas, je m’occupe de coucher le petit, comme ça elle l’aura près d’elle à son réveil.»

Azmitia semble s’être légèrement adoucie à cette perspective. Ses mots sont moins durs, il y a une ouverture dans son visage et son regard. Elle sourit, désormais, amusée.

«Oh, je sais veiller, jeune fille, vous seriez surprise. Montrez-moi simplement comment faire et je m’occuperai de Leonys jusqu’à ce que vous soyez disponible.»

Se rendre utile, clairement, la motive énormément. Elle tend les herbes fraîches cueillies en compagnie de Corvus à l’un des domestiques, en donnant des instructions pour concocter une tisane à sa patiente. Toute cette attention plaît à la vieille dame, elle pourrait y prendre goût. Il n’y a qu’elle pour s’occuper de gérer la maisonnée et ses besoins dans sa vieille cabane humide de l’île Kokoae après tout. Elle porte ensuite toute son attention à la guérisseuse, retenant chacun de ses gestes.

«Être en sécurité et au sec dans un lit confortable l’aidera certainement aussi. Merci de votre hospitalité. Puisse Cresselia guider votre fils vers la guérison.»

Azmitia, tenant toujours Aster contre lui, emboîte le pas au domestique qui mène sa protégée à l’étage, dans une chambre effectivement confortable, quoi qu’à la décoration un peu sinistre au goût de la vieille dame. Comme promis, elle installe le bébé auprès de sa mère, entre deux coussins pour éviter un malheur. Se retroussant les manches, elle s’active à reproduire les compresses de la même manière que lui a montré Ewa quelques instants plus tôt.

«Je ne voudrais pas me montrer trop gourmande, mais serait-ce possible de faire apporter quelque chose d’un peu plus convenable à Lady Valencia à mettre ? Une chambre de nuit, n’importe quoi de sec.»

Les soins prennent un moment. Azmitia, avec une patience d’ange, change ses vêtements, éveille doucement sa patiente pour qu’elle boive quelques gorgées de sa tisane. Confuse et endormie, la blondine s’exécute, les joues rougies par la fièvre. Clairement, elle ne conservera plus aucun souvenir des quelques mots qu’elles échangent alors. Elle se rendort quelques instants plus tard, alors que la vieille dame lui caresse doucement les cheveux. Comme elle le faisait à une autre époque, dans une autre vie lui semble-t-il. Avec Lexie. La petite avait souvent de la difficulté à dormir, prise de ses propres petites angoisses d’enfant, inquiète devant ce monde qu’elle tentait toujours de contrôler, pour constater l’impossibilité de sa tâche. Alors sa mère restait à son chevet, en caressant ses mèches blondes, jusqu’à ce que le sommeil ne l’emporte.

La vieille dame retire sa main, encore hantée par les terribles souvenirs de sa vision. Si la brume du marais lui a offert cette vision, ce n’est pas dû au hasard. À l’instar de bien des sakaiens, elle ne croit tout simplement pas en la chance. Le destin a placé Leonys sur son chemin, ce même mouvement involontaire qui l’a forcée à revivre cet instant si amer de sa vie.

«Je suis désolée, Leonys. Je n’ai pas toujours été honnête avec toi. Il y a tellement de choses que je ne t’ai pas dit. Des choses que j’aurais dû dire. Peut-être que si je m’étais ouvert au sujet de mon histoire… Peut-être n’en serais-tu pas ici. J’ai peur de ton jugement. Il est difficile de te satisfaire, tu sais ? Tu as des attentes envers les autres, autant qu’envers toi-même. Je vais te dire une chose, personne n’est parfait. Je sais que c’est ce que tu attends, après avoir vécu l’enfer. Je sais que c’est ce que tu t’imagines à mon sujet, que je possède toutes les réponses.»

Elle prend une grande inspiration.

«Si tu savais. Je suis encore cette jeune femme qui a tout quitté parce qu’elle avait trop peur. Il y a des jours où je te regardes… J’ai si peur que tu finisses de la même manière. Tu sais quoi ? Je ne te laisserai pas faire. Comme Corvus a dit. Même si tu dois me détester, à partir de maintenant, je ne serai plus ce que tu attends de moi, mais ce dont tu as besoin.»

Elle caresse avec douceur son front, prononçant ces derniers mots presque comme une sentence.


«Et moi, je tâcherai de m’en remettre. Et de cesser de mêler les choses.»


Elle sourit, pour elle-même finalement, car Leonys dort paisiblement sous son regard protecteur.

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Corvus Eddaryon
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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyMar 28 Avr 2020 - 11:52


BREATHE IN. BREATHE OUT
Blood and tears never lie



Ewa aimait bien cette Azmitia. Assam allait la détester, mais Ewa, elle, l’appréciait … car elle lui ressemblait, d’une certaine manière. Elle aussi goûtait peu aux manières de cette classe sociale si prétentieuse, si hors du temps et de la réalité. Si Ewa avait bien malgré elle prit certaines de leurs habitudes, la guérisseuse n’oubliait pas d’où elle venait. Elle n’oubliait pas le paradoxe improbable qui découlait de son union avec Assam – elle, habitante des pitoyables villages du nord et lui, riche héritier de la noble et illustre maison d’Eddar – Aujourd’hui encore, Ewa se demandait ce qui avait poussé Assam à faire ce choix, à l’épouser elle plutôt qu’une noble issue de sa classe. L’amour ? Peut-être. Assam avait cela au fond de lui, Ewa le savait. Elle savait qu’une part de lui aspirait à une vie simple, loin des conflits et des obligations, mais elle le savait aussi fier et chargé d’une responsabilité certainement trop lourde pour un seul homme, celle de faire prospérer une maison vieille depuis le début de leur âge. Malgré cela, Ewa pouvait comprendre de dégoût que la vieille femme semblait avoir pour les convenances et tous les faux-semblants qu’elles impliquaient généralement, mais pas toujours. Elle avait passé l’âge et certainement était-elle plus heureuse comme ça, car sans attente il ne pouvait y avoir de déceptions. Elle ne laissait plus le monde lui dire ce qu’elle devait faire et la guérisseuse l’admirait pour ça. Elle était libre et tous les luxes de leur monde ne valaient pas cette sensation.

Lorsque Azmitia, Leonys et Korham eurent disparu à l’étage, Ewa se tourna finalement vers la table où se tenait toujours Corvus et Assam. Elle les rejoignit et s’affaira à nettoyer le corps maculé de son fils sous le regard avisé de l’ancien chevalier, qui tentait de l’aider du mieux qu’il pouvait. Inconsciemment, Corvus se crispa lorsqu’elle fit couler du vin sur sa blessure et quand elle cessa enfin de saigner, Ewa l’enroula d’une large bande qu’elle attacha solidement … cela ferait bien l’affaire pour les quelques heures qui le séparait de l’arrivée des Dyaga. Lorsque tout fut terminé, Ewa posa un instant ses mains sur la table, profitant du calme qui avait désormais regagné le grand hall … pourtant, derrière elle, elle sentait Assam tourner comme un loup et faire les cent pas, l’esprit agité. Sa voix s’éleva finalement dans la grande salle.

« — Laissez-nous » ordonna Assam à l’attention des domestiques.

Et le grand hall se vida alors, laissant les maîtres des lieux seuls dans ce qui semblait désormais être un champ de bataille ou peu s’en fallait. Assam s’approcha de nouveau vers la table, posa son regard sur Corvus.

« — Un lancier, hein … » releva-t-il, un peu perplexe « Il faut qu’on en sache plus. Quelqu’un a manqué de tuer notre fils cette nuit. Si c’est un brigand de bas étage, il faut lui faire payer son affront. Si nous laissons n’importe qui s’en prendre à nous, les gens ne nous craindront plus, et s’ils ne nous craignent plus, ils ne nous respecteront plus » déclara-t-il.

Ewa soupira, ferma un instant les yeux à la fois de fatigue et d’agacement. Elle n’avait pas traversé la moitié de ce que Leonys et Corvus avaient vécu, pourtant l’émotion l’avait exténué.

« — C’est peut-être ça le problème, Assam » rétorqua-t-elle « Cette famille inspire la terreur plus que le respect. Les gens ont peur du bâton que vous brandissez depuis tant de générations et sans lui la maison d’Eddar n’est plus rien. Cette maison n’a pas évolué : elle a juste fait semblant, sans tirer la moindre leçon du passé. Le sang appelle le sang, regarde par toi-même » déclara-telle.

Et elle désigna le corps de Corvus. Si Ewa et Assam se vouvoyaient en présence d’autrui, les choses étaient différentes lorsqu’ils se retrouvaient seul à seul. Preuve en était.

« — Tu penses aussi que cette attaque fait office de représailles ? Peut-être Bresingra nous envoie-t-elle un message, un avertissement » supposa Assam, suspicieux comme à son habitude. Bien qu’étonnant, cela lui ressemblait bien après tout.

« — Non, je n’ai pas dit cela » lui répondit la guérisseuse « Je dis simplement que les choses n’iront pas en s’arrangeant. Toi et tes amis fidèles à la couronne jouez à un jeu dangereux. Tu ne mêles pas Corvus à cela et je t’en suis reconnaissante, mais il finira par en payer le prix un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre. Je n’ai pas la naïveté de croire que cela n’arrivera pas, et je sais que tu le sais aussi » affirma-t-elle « Que cela ait un rapport ou non avec ce qui s’est passé ce soir, ça n’a pas beaucoup d’importance. Des situations comme celle-là se reproduiront. Un jour, quelqu’un mourra dans cette famille et ce sera ta faute » déclara-t-elle finalement.

Ewa omettait volontairement de mentionner Leonys et cette étrange prédisposition que Corvus avait de se mettre en danger pour elle, véritable et unique raison de cette sanglante issue. La guérisseuse craignait que voir son attachement à son égard entacher son jugement et sa manière de réfléchir. Si la nature du lien qui les unissait indubitablement lui était inconnue – plus que jamais, Ewa se gardait bien de faire des suppositions trop hâtives – elle n’en demeurait pas moins suffisamment grande pour faire agir Corvus différemment. L’isolement généré par son statut et l’éducation stricte d’Assam avait rendu le garçon solitaire et peu habitué à être sujet d’une attention réelle, véritable. Dire qu’il avait manqué d’amour n’était pas tout à fait vrai car Ewa l’avait aimé et l’aimait, mais elle savait que cela n’avait pas suffi à lui donner les armes pour s’en sortir. Corvus semblait avoir fait irruption dans une sphère qui lui était en grande partie étrangère, une sphère qu’il ne pouvait qu’apprécier mais dont il ignorait les risques et les dangers. Ewa avait peur de le voir s’y perdre corps et âme … peut-être malgré elle, consciemment ou non, cette fille finirait par avoir le pouvoir de briser une part de lui. Si cela arrivait, Corvus n’avait jamais été préparé à ce genre de blessures et en cela, Ewa avait échoué en tant que mère et elle le savait. Personne n’était parfait. La réponse d’Assam la sortit finalement de cette pensée.

« — Nous sommes en guerre » rétorqua l’ancien chevalier « Je ne peux pas empêcher les gens de mourir, ni les blessures, ni les dommages collatéraux » affirma-t-il.

« — Non, nous ne sommes pas en guerre » lui répondit Ewa « La guerre, c’est toi qui la crée, Assam. Tu la crées en ravivant les braises d’un feu mourant, parce que tu n’acceptes pas de le voir s’éteindre. Les temps changent et le monde avec lui » De nouveau, Ewa désigna leur fils « Ça, c’est ce qui arrivera si toi et tes copains continuez de ne pas l’accepter » affirma-t-elle.

Sa voix avait fini par se faire tremblante. Si elle ignorait tout de l’identité de ce fameux lancier, le résultat restait le même : un jour, cela finirait par arriver. Ewa le sentait dans son instinct de femme, et l’instinct des femmes ne les trompaient jamais. Aujourd’hui, demain, dans deux mois, dans dix ans, cela finirait par arriver. Quelle autre issue sinon ? C’était la guerre comme il disait, et la guerre ne se gagnait pas sans effusion de sang. Cette histoire finirait pas dégénérer, immanquablement, et Ewa n’arrivait pas à se faire à cette idée, ne voulait pas l’accepter.

Ils furent interrompus par le retour de Korham qui venait de l’étage. Il descendit l’escalier pour rejoindre les maîtres des lieux, les observa un moment … la nuit avait pris une tournure bien étrange, un peu trop à son goût. Parce qu’Ewa jugeait sa discussion avec Assam terminée – que pouvait-elle bien dire de plus de toute manière ? – elle s’éloigna un instant de la table, soupira pour chasser les derniers vestiges du stress engendré par cette situation.

« — Montez-le, on ne va pas le laisser ici » déclara-t-elle en désignant Corvus.

Ewa prit soin de détacher sa ceinture de Captis Balls. Soudainement inquiète, la guérisseuse les soupesa … et si l’un de ses pokémons avait péri dans le combat ? Skadia ? Ou était l’Airmure ? Son angoisse retomba lorsqu’elle se rendit compte que les cinq balles étaient pleines. Sans faire de commentaires – son angoisse lui hurlait de le faire pourtant – elle observa Assam et Korham monter Corvus à l’étage, avant de finalement leur emboiter le pas. Les deux hommes l’installèrent sur sa couche et Ewa prit soin de le couvrir des fourrures sombres qui, savamment assemblées, lui faisaient office de couverture. C’était une habitude qu’Ewa avait rapportée des villages du nord et que Corvus n’avait, semblait-il, jamais quitté en grandissant. Non sans regret, elle jeta un dernier regard en direction de son fils, avant de finalement l’abandonner. Elle avait promis à Azmitia de passer la voir une fois qu’elle aurait terminé et comme tous les membres de cette maudite famille, la guérisseuse tenait ses promesses.

Doucement, Ewa frappa à la porte de la chambre avoisinante. Sans un bruit, la guérisseuse se glissa dans son entrebâillement ... elle avait beau être chez elle, Lady Sylpha avait cette volonté constante de respecter le jardin d’autrui, quand bien même se trouvait-il sur ses terres.

« — Azmitia ? » l’interpella-t-elle presque dans un murmure, afin de l’avertir de sa venue.

Ewa entra doucement dans la pièce, veillant à faire le moins de bruit possible. Le calme qui y régnait avait quelque chose d’apaisant … l’enfant et la mère avaient trouvé un semblant de sommeil. Ewa les observa un instant. La coupe vide lui permit de savoir qu’Azmitia était parvenue à faire boire la tisane à la jeune femme. C’était bien, inespérée. Elle posa une main sur la joue de la jeune mère … la fièvre était sensiblement descendue, peut-être ; en tout cas elle avait cessé de monter et c’était le plus important. Ewa leva les yeux vers la vieille femme … elles ne pouvaient rien faire de plus désormais, si ce n’était attendre.

« — Je vous en prie, reposez-vous maintenant » lui proposa la guérisseuse « Nous ne pouvons plus rien pour elle désormais, si ce n’est attendre que les herbes fassent leur effet » affirma-t-elle « J’ai bien compris que vous goûtiez peu à ce genre d’endroit, mais laissez-nous vous offrir l’hospitalité pour la nuit » l’implora presque Ewa « Je vous promets de faire en sorte que mon mari tienne sa langue » ajouta-t-elle, un sourire d’amusement sur le coin des lèvres.

Azmitia n’avait pas besoin d’elle pour cela et Ewa le savait. Aussi riche et important qu’il pouvait être, la guérisseuse savait bien que la vieille femme ne manquerait pas de renvoyer Assam dans ses quartiers si d’aventure il venait à hausser de nouveau le ton sur elle. Non, Ewa souhaitait simplement lui faire comprendre qu’elle restait la bienvenue ici malgré les propos qu’Assam avait pu tenir. De plus, elle avait le sentiment profond que sa présence permettrait à Leonys de se sentir mieux, ou du moins plus à l’aise, moins seule. Ewa ignorait qui des deux nobles se réveillerait le premier et la guérisseuse craignait de voir la gêne gagner la jeune femme à l’idée de se retrouver seule ici, si loin de chez elle et au cœur du lugubre repère des Corbeaux.
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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyMar 28 Avr 2020 - 15:15

Elle se sent lourde de cette décision. Il faut dire que la nuit a été forte en émotions. La vieille dame désormais ne dort pas plus de quelques heures tout au plus, sauf qu’elle doit se reconnaître assez fatiguée de toutes ces péripéties. L’odeur des herbes de cette tisane procure à cette pièce comme un effet aseptisé, mais aussi plutôt apaisant. Elle en hume le parfum, en se remémorant les événements de la soirée, espérant une fois de plus y faire de sens. Dans tous les cas, l’inquiétude lui est passée. Elle a vécu assez de printemps maintenant pour reconnaître chez sa protégée les symptômes d’une solide grippe, or, avec les soins nécessaires et son jeune âge, elle devrait s’en sortir. Pour ce qui est du garçon, Azmitia reste convaincu qu’il y survivra aussi grâce à leur réponse prompte pour le soigner. Néanmoins le réveil risque d’être pénible et particulièrement douloureux. La douleur forge l’esprit, pense la vieille dame, qui a connu son lot par le passé. C’est un soldat de Sakai après tout, ce ne doit certainement pas la première fois que son sang s’est versé, ni probablement la dernière fois. Quel sera alors le visage de son ennemi ? Azmitia l’ignore et ne s’y questionne pas, contrairement aux propriétaires des lieux qui débattent toujours dans le hall, loin de ses oreilles indiscrètes.

Elle erre dans cet état entre réflexion et sommeil quand une voix, pourtant douce, l’interpelle. Dans un sursaut, elle fait volte-face pour voir le visage d’Ewa apparaître. Même dans la pénombre de la pièce, Azmitia une fois de plus admire sa beauté si naturelle. La vieille dame lui fait signe d’entrer et la laisse examiner sa patiente. La guérisseuse en vient au même pronostic : effectivement, la jeune femme s’en sortira et sa fièvre s’est pour moins stabilisée.

«Je vous remercie pour votre hospitalité. Je vais rester auprès de Leonys jusqu’à ce qu’elle soit de nouveau en mesure de s’occuper de son enfant. Je vais veiller donc. Ne vous inquiétez pas, cette chaise est bien plus confortable que la couche de ma cabane. Merci pour vos soins aussi.»

La vieille dame tient donc parole. Elle reste auprès de sa protégée et du bébé jusqu’à ce que le sommeil ne la cueille elle aussi. Cet endroit a beau être sinistre, il règne dans cette chambre de grands épuisés assoupis une atmosphère détendue et irrésistible.

* * *

Le réveil est brutal. Aster s’est mis à pleurer, affamé. Je cherche tous mes repères, étourdie et mal. Ma gorge n’est plus que feu et je tousse à m’en donner des haut-le-cœur. Toujours victime de frissons désagréables, je porte l’enfant contre mon sein, qui se nourrit avec avidité. Quelle heure est-il ? J’ai perdu toute notion du temps et de l’espace. Les souvenirs se bousculent dans mon esprit, floutés, indécis, douloureux. Je ferme les yeux pour chasser cette sensation de vertige qui m’accapare, tentée de retourner me coucher au plus vite. Heureusement, une paire de bras me vient en aide. Azmitia est restée à mes côtés. Sans violence, elle me prend l’enfant des bras et entreprend de changer sa couche souillée. Elle le remet ensuite contre moi et nous nous rendormons jusqu’aux premières lueurs du jour. Je réalise qu’Aster m’a quitté, pour rejoindre un petit cercle de coussins savamment posé là pour le préserver d’une chute ou autre. Combien de temps ai-je dormi ? J’ai l’impression d’y avoir passé des jours, dans ce lit étranger et pourtant si confortable, m’appelant inlassablement au sommeil. Je le rejette cette fois néanmoins pour me concentrer non plus sur mes sensations physiques (bien insistantes d’ailleurs), mais sur le flot de mes pensées. Des certitudes, une à une, s’imposent à moi pour éclairer le portrait de cette situation.

Je suis loin de chez moi. Cette idée me traverse en premier. Ce lit n’est pas le mien. On m’a changée, on a dû m’offrir une tisane car j’aperçois sur la table de nuit une coupe vidée d’où s’échappe encore un fumet d’herbes amères. Dans le lit reposent des serviettes autrefois humides, quelqu’un a pris soin de moi. Azmitia ? Elle s’est de nouveau assoupie sur une chaise non loin du lit, dans une position qui nécessairement lui laissera des courbatures. Je me redresse, difficilement, la tête lourde et les muscles en feu, pour considérer la pièce autour de moi. Les lourds rideaux laissent filtrer la lueur pâle de l’aube. On a posé mon katana et mes balles au pied du lit. Cette décoration… je la reconnais. C’est celle du manoir Eddaryon.


CORVUS.


Le souvenir m’atteint de plein fouet. Je saute du lit en titubant et en frissonnant. Où est-il ? Qu’est-il advenu de lui ? En me souvenant de ce rouge barrant sa poitrine, je me sens défaillir. J’attrape une couverture du lit pour me couvrir à la manière d’une cape avant d’attraper une balle précise à ma ceinture. Celle de Solal. Je prends toutes les précautions du monde pour contourner le lit sans réveiller Azmitia. Je sais qu’elle désapprouverait l’idée, pourtant je m’y risque tout de même. J’ouvre la porte avec prudence, comme en m’attendant à ce qu’un garde y soit posté. Je ne suis pas prisonnière ici, je crois du moins. Personne ne m’attend dans le couloir pourtant. La maisonnée est tranquille, silencieuse, encore endormie. J’en profite donc pour me faufiler à l’extérieur, traînant la couverture sur mes épaules. Je fais appel à l’Héricendre qui aussitôt, se précipite dans mes jambes. Son petit cœur bat contre mes jambes nues. Je me penche difficilement pour lui caresser le dos, pour le rassurer.

«Ne t’inquiètes pas, Solal… ça va…»

À peine. Compte tenu des circonstances, je suppose que je m’en tire plutôt bien. Déjà cette escapade m’épuise, ainsi je raccourcis nos étreintes pour me concentrer sur ce qui m’intéresse.

«Tu connais l’odeur de Corvus… Peux-tu me dire laquelle est sa chambre ?»

Il me regarde d’abord sans comprendre, avant de pointer la porte d’à côté comme une évidence. Je soupire de soulagement avant d’inviter le petit hérisson de feu à me suivre. Voilà qui sera plus simple que de traverser tout le manoir dans une quête hasardeuse pour retrouver ses quartiers. Comme on peut s’y attendre d’un homme dans sa propre demeure, la porte n’est pas barrée. J’entre en faisant attention de ne pas avoir été repérée, quelque part j’ai l’impression d’enfreindre les règles. Quelque chose de plus fort que les conventions sociales me pousse à m’avancer dans la pièce et à refermer derrière moi. L’angoisse me serre les tripes. Et si Corvus me trouvait déplacée ? Et s’il… n’était pas là ? S’il était mort cette nuit ?

Non, il y a bien une silhouette sous les couvertures, une qui ne peut qu’appartenir à lui. Je m’approche en toute discrétion de la couche, pour l’y trouver là, sous les peaux, pâle mais bien en vie. Je m’en assure en suivant le mouvement régulier de sa respiration, à laquelle je calque la mienne. Il est vivant. Je ferme les yeux en prenant place dans le fauteuil à ses côtés, pour le regarder dormir. Je peine à y croire, mes yeux s’embuent de nouveau à la perspective qu’il aurait pu tout perdre pour nous protéger cette nuit. Je sens quelque chose grimper sur mes genoux : c’est Solal qui y prend place. Son corps est chaud et rassurant contre le mien. Je peux enfin lâcher prise. Sans même le réaliser, j’ai cédé une fois de plus au sommeil, un sommeil salvateur et paisible.
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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyMar 28 Avr 2020 - 19:35


BREATHE IN. BREATHE OUT
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L’aube pointait tout juste ses rayons lorsque Corvus se mit à s’agiter. Par intermittence, ses muscles tressaillirent et ses doigts se crispèrent … il rêvait du marais, de cet étranger qui les avait attaqué, d’Azmitia et Leonys seules dans la nuit. Qui allait les sauver puisqu’il n’était plus là ? L’eau montait toujours plus dans le marécage … elles allaient se noyer ! Dans les bras de Leonys, Aster hurlait à s’en rompre la voix, pleurait toutes les larmes de son corps. Ses cris d’effroi résonnaient encore et encore dans son esprit et impuissant, Corvus ne pouvait rien faire. Rien du tout.

Lorsque Corvus ouvrit finalement les yeux, il sentait son cœur tambouriner furieusement dans sa poitrine, encore en proie à la terreur que ses songes lui avaient fait voir et vivre. Hagard, il mit un moment avant de s’apaiser et plus encore à comprendre qu’il ne craignait rien. Dans sa bouche il sentait sa langue pâteuse et teintée d’un goût métallique qu’il ne connaissait que trop bien, celui du sang. Alors que les rayons du soleil paraissaient à l’est, les souvenirs de la nuit lui revinrent en mémoire. Le marais, l’achillée, l’attaque, Leonys. Leonys ! Corvus cligna des yeux, tenta de chasser la brume de son esprit … le marais, comment l’avait-il quitté ? Le jeune homme connaissait trop bien sa demeure pour ne pas savoir qu’il était chez lui, mais sa mémoire refusait de lui donner les réponses aux questions qui, bientôt, s’agglutinèrent dans son esprit. Corvus se souvenait très bien de la lance qui l’avait frappé, du sang maculant sa tunique, de Leonys penchée sur lui, de ses larmes … puis, plus rien. Corvus ne se souvenait de rien d’autre et son cœur fraichement apaisé s’emballa de nouveau à cette idée. Qu’est-ce qui s’était passé ? Leonys, Azmitia, étaient-elles saines et sauves ? Aster ? Corvus tenta un mouvement, mais il le regretta bien vite ; fulgurante, la douleur n’épargna aucune partie de son corps, absolument aucune. Plus que tout le reste, il sentait la large entaille qui lui barrait la poitrine s’étirer au moindre geste. Courbaturés comme jamais, ses muscles tremblaient si par malheur Corvus avait l’idée de les solliciter … il avait le sentiment d’avoir été sauvagement piétiné par un Bourrinos, mais c’était bien là le cadet de ses soucis : ne pas savoir ce qu’il était advenu des deux femmes dans le marais le troublait bien plus, beaucoup, beaucoup plus. Il devait savoir et tout de suite. Le regard de Corvus se porta alors dans la pièce et lorsque ses yeux se posèrent sur le fauteuil à côté de lui, son corps soudainement se relâcha.

Leonys.

Quelque chose en lui s’apaisa instantanément et il laissa sa tête se poser un instant sur les oreillers qui l’avait accueilli toute la nuit durant. Elle était là, juste là, vivante, entière. De nouveau, Corvus tâcha de calmer son cœur affolé, de respirer. Comment ils étaient arrivés ici, ce qui s’était passé dans le marais, comment les choses avaient fini, cela lui importait peu désormais ; elle était là et c’était tout ce qui comptait. Désormais serein – une part de lui continuait tout de même de s’inquiéter pour Azmitia et Aster – le jeune homme porta de nouveau son regard vers Leonys, la détailla un moment. Enveloppée dans une couverture, elle dormait sans un bruit, le visage tranquille, presque apaisée. Sur ses genoux reposait son petit Héricendre, Solal, qui dormait lui aussi à point fermé.

Pendant longtemps, Corvus fut incapable de détacher son regard d’elle. Il se souvenait de ses cris dans la brume, de sa voix dans l’obscurité, des larmes perlant sur ses joues. Malgré la confusion des évènements, ces détails étaient restés nets dans son esprit, comme une ancre le raccrochant à la réalité. Corvus ne l’avait pas rêvé, ne l’avait pas imaginé. Le jeune homme n’osait pas donner de sens aux choix de Leonys, ni à ses réactions ; pourtant cela le hantait déjà, l’obsédait. Il voulait savoir et se savait gourmand, trop pressé. La droiture qu’il s’imposait le forçait à mettre au clair toutes ces choses qu’il ressentait, celles qu’il croyait ressentir et celles qu’il ressentait vraiment ; et une part de lui aurait voulu voir Leonys faire de même, mais c’était impossible. Corvus ignorait encore beaucoup de choses sur elle, mais il savait que c’était impossible … c’était trop tôt, trop tout court ; cela ne lui ressemblait pas, tout simplement. Le jeune homme aurait voulu pouvoir prendre du recul, mais à l’instar d’une feuille en proie au vent, Corvus peinait à s’en soustraire. A mesure que les secondes passaient, cependant, le jeune homme s’en voulut d’avoir eu cette pensée. Ce désir égoïste ne servait en rien la jeune femme, ou si peu. Leonys Valencia avait autre chose à faire que de mettre au clair ce lien qui, d’une certaine manière, les unissait. Après tout, cela ne l’intéressait peut-être pas, tout simplement. Sa vie était déjà bien compliquée, chargée d’embûches et d’obstacles … pourquoi en rajouter ? Corvus se souvenait des paroles d’Azmitia et de ce qu’il lui avait lui-même dit ; il était des pas qu’il ne pouvait faire à sa place et celui-là en faisait partie. Leonys ne manquerait pas de le faire lorsqu’elle serait prête, si d’aventure l’envie lui en prenait … Corvus tentait de se consoler à cette idée.

Bien malgré lui, Corvus s’arracha à sa contemplation. La fixer infiniment dans son sommeil était indécent, non ? Pourtant, le soldat peinait à s’en défaire … l’observer l’apaisait. Avait-elle veillé ici toute la nuit ? S’était-elle glissée jusqu’ici aux abords du jour ? Corvus n’en savait rien et cela avait peu d’importance. Elle était là, ici, avec lui et c’était tout ce qui comptait. Sa présence apaisait les tourments de son corps, car elle allégeait son cœur : d’une manière, elle lui portait de l’intérêt ; et si Corvus n’en espérait pas tant, il chérissait cette idée comme un heureux présent.

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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyMer 29 Avr 2020 - 11:14

Solal se redresse. Il a entendu quelque chose de mouvoir dans la pièce. Le sommeil ne l’agitait qu’à moitié de toute manière; il est de ces dormeurs que le moindre son n’attire vers l’éveil. Il peut voir la silhouette étendue dans le lit bouger, ainsi il se redresse le museau pour mieux apercevoir son occupant. Il reconnaît les traits du jeune homme près du feu. Il porte sur lui l’odeur du sang et de la douleur. D’un bond maladroit, le petit Héricendre se hisse dans le lit pour le rejoindre, se croyant plus utile au blessé qu’à la malade qui, de toute manière, est bien couverte. Se lovant entre son bras et son torse, il forme une boule minuscule, qui une fois de plus trahit son jeune âge. Loin d’avoir atteint les cinquante centimètres habituels pour cette espèce, il n’en demeure pas tout aussi chaud qu’un autre et offre sans retenue son réconfort au soldat, comme je lui ai demandé.

Son saut n’a pas manqué de me réveiller. Ayant dû prendre appui sur mes genoux pour se propulser, il ne pouvait en être autrement. Je me mets à gémir en guise de protestation, refusant d’ouvrir les yeux. J’ai le sentiment que je pourrais dormir des jours et des jours et encore me sentir épuisée. Mon réveil s’accompagne de la toux, que je tente de contenir en me souvenant que je ne suis pas seule dans cette pièce. Car je me trouve toujours dans la chambre de Corvus n’est-ce pas ? Cette idée me force à entrouvrir mes yeux, encore larmoyants en raison de la toux. Il me regarde. Depuis combien de temps déjà ? Comment se sent-il ? Quelle réflexion dessine-t-il sous son crâne ? Que pense-t-il de cette intrusion ? Aura-t-il une mauvaise opinion de moi ? Se sent-il agressé dans son intimité ? Je l’aurais probablement été il faut dire. Qu’est-ce qui m’a pris de prendre place sur ce fauteuil ? Je devais simplement vérifier qu’il était sain et sauf et puis repartir. Mais je ne voulais pas repartir.

«Tu es réveillé.»

Ma voix, brisée par le passage de la toux, trahit mon soulagement. Je le scrute dans la pénombre de la pièce, faiblement éclairée par l’astre du jour. Je n’avais jamais réalisé la douceur de ses sombres prunelles. Ainsi cloué au lit, il me paraît moins imposant, vulnérable à son tour. Mon cœur se serre, car je suis responsable de cet état. La culpabilité me dévore, son étau froid enserrant ma poitrine. Le sourire timide jusqu’alors maître de mes lèvres se fane pour céder place au doute et à la tristesse. Je n’ose pas bouger, car j’ai créé au cœur de cette couverture un cocon de chaleur et de confort dont je préfère ne pas me départir. De toute manière, mes muscles refusent de m’obéir.

«Il y a tellement de choses que j’aimerais dire, tellement de questions qui me taraudent. Ce n’est pas le moment de les poser, mais j’aimerais, plus tard… que nous ayons l’occasion de discuter de ce qui s’est passé cette nuit. Ou peut-être était-ce hier ou même avant… J’avoue avoir perdu toute notion du temps. Je peux au moins raconter comment nous sommes arrivés ici. Peut-être ainsi me pardonneras-tu mon audace et mon manque de manières.»

Je prends une grande inspiration. Cette fois ma gorge se serre, non pas sous l’effet de la toux mais de l’émotion.

«Tu as sombré dans l’inconscience, dans ce marais et j’ai tenté du mieux que je pouvais de te soigner avec l’aide d’Azmitia. Heureusement, cette… chose… n’est jamais revenue nous hanter. Le reste est un peu flou, la fièvre alors était forte et certains détails m’échappent. J’ai souvenir d’avoir suggéré de nous déplacer ici par téléportation, grâce à l’Alakazam de mon amie. Je savais qu’Ewa… ta mère saurait te sauver. Après… je ne me souviens plus. Je me suis réveillée dans la chambre d’à côté. Tout le monde dormait et… je… je devais savoir ce qu’il était advenu de toi. Je suis désolée pour l’intrusion. Elle est impardonnable.»

Pourtant, je n’esquisse aucun geste pour partir. Quelque part, j’ai le sentiment qu’il n’a aucun désir de me voir regagner ma propre chambre, et à cette idée quelque chose que je croyais enfoui, impossible, se manifeste au creux de mon ventre. Une toute petite flamme, m’inondant de chaleur. J’évite son regard en me laissant vivre cette sensation, avant de m’éclaircir la gorge. Il vaut mieux l’oublier. Il ne s’agit ici que de l’effet de la fièvre de toute manière.

«Je veux aussi dire… Ce doit cesser. Tu ne peux pas te mettre en danger constamment devant mes étourderies… C’est insensé Corvus. Tu as failli mourir cette nuit et… comment aurais-je pu me le pardonner ?»

Encore une fois, mes yeux s’embuent. Je tâche de dissimuler mon émotivité, comme je fais avec tous. Malheureusement, Corvus a ce don de dévoiler des choses que je préfères garder pour moi.
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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyMer 29 Avr 2020 - 17:52


BREATHE IN. BREATHE OUT
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Lorsque Leonys s’éveilla à son tour, Corvus ne se cacha pas de l’avoir regardé, bien que la décence l’aurait certainement voulu. Il sentit contre lui quelque chose bouger et s’étonna à découvrir Solal lové contre lui. La chaleur du petit Héricendre avait quelque chose de réconfortant, d’apaisant.

Tu es réveillé.

Ils en étaient là. A quel moment avaient-ils franchi ce pas ? Corvus n’en était pas certains. Quelque chose s’était passé dans ce marais, quelque chose qui avait brisé la barrière et une partie de la glace. Corvus ne s’y était pas préparé, pourtant il l’accueillit avec véhémence. Ce pas, misérable pour certains, était grand aux yeux du sakaien et signifiait beaucoup ; et à mesure que Leonys parlait se dessinait toute l’étendue de son importance. Du mieux qu’elle le pu, la jeune femme lui fit le récit de ce qu’il avait manqué et Corvus fut heureux d’apprendre qu’Azmitia s’en était sortie elle aussi. Etait-elle restée au château elle aussi ? Corvus l’espérait, il voulait la remercier : sans elle et son Alakazam, la nuit lui aurait été fatale, sans doute. Silencieux comme à son habitude, le soldat écouta les paroles de la jeune femme, percevait ses regrets … sans les partager.

Alors que Leonys se perdait en excuses, Corvus tâcha de se redresser, un peu. L’effort le fit grimacer et il sentit le mouvement rouvrir une partie de la plaie. Il repoussa une partie des fourrures qui le couvrait et l’espace d’un instant il sentit l’air frais frôler sa peau mise à nue, et il frissonna. En bougeant, il avait dérangé le petit Héricendre et il s’empressa de lui offrir une nouvelle place tout aussi convenable. Il laissa ses doigts effleurer le pelage chaud du hérisson de feu, l’observa un instant avant de lever les yeux vers Leonys. Elle regrettait son intrusion dans la chambre, pourtant Corvus lui ne la regrettait pas.

« — Je suis heureux que tu l’aies fait, Leonys » déclara finalement Corvus « Je suis heureux que tu aies poussé cette porte et que tu sois entrée, et je suis heureux que tu sois restée même si ce n’était peut-être pas ton intention » affirma-t-il « Sans cela, je n’aurai jamais su que tu allais bien, et mon cœur ne se serait jamais apaisé » assura le soldat.

Corvus laissa ses mots résonner dans l’esprit de la jeune femme. Comme toujours, il était sincère avec elle et, presque malgré lui, il s’apprêtait à l’être encore plus. Laissant le silence les environner un instant, le jeune homme laissa ses doigts glisser sur le dos du Héricendre, le regard soudainement perdu dans le vide. Ce qui s’était passé dans le marais était insensé, oui, pourtant Corvus ne le regrettait pas. Il ne regrettait aucun de ses choix et aucune des erreurs qui en avaient découlé, il ne regrettait pas même ce regard et cette surprise qui avaient manqué de le tuer lorsqu’il Leonys était apparue dans la brume. Corvus ne regrettait rien et si cela était à refaire, il agirait de la même manière, exactement de la même manière.

Corvus hésita longtemps, très longtemps, tiraillé entre son désir d’être honnête et celui de la préserver. Lui mentir, à quoi bon ? Plus que jamais, Corvus le savait : il ne cesserait jamais de se mettre en danger pour elle. Jamais. Il ne pourrait jamais renoncer à ce désir viscéral qu’il avait de la protéger, à cette volonté qu’il avait d’être là pour elle. Pourquoi ? Jusqu’à présent, Corvus s’était refusé à l’admettre, mais désormais il ne pouvait plus le faire, pas après ce pas qu’elle venait de faire. Il n’y parvenait plus.

« — Je … » commença-t-il, mais les mots peinaient à sortir de sa bouche. Il était terrifié à l’idée des conséquences que ses paroles risquaient d’engendrer « Je suis désolé mais … » tenta-t-il de nouveau.

Comment lui dire ? Comment le faire sans l’effrayer ? Corvus sentit la peur le gagner, une peur profonde qui lui crispa les entrailles. Bien plus intense que celle du marais, elle alourdissait son cœur et changeait ses mots en pierres. Corvus la sentait s’insinuer sans ses veines et dans ses muscles, qui n’auraient pas manqué de trembler si les évènements de la nuit ne les avaient pas abattus. Le regard toujours fixé devant lui, Corvus ferma un instant les yeux, prit une inspiration. Un souvenir lui revint soudainement en mémoire. Est-ce qu’un homme peut être brave même s’il est effrayé ? demanda le petit garçon. C’est le seul moment où il peut vraiment l’être lui répondit la femme à côté de lui. Ewa avait toujours été d’une clairvoyance salvatrice, et le courage brillait par bien des manières.

« — Une part de moi t’apprécie plus qu’il ne le faudrait, Leonys. Je refusais d’y croire et plus encore d’y céder parce que … parce que je sais que ce n’est pas ce que tu attends de moi. Je … je suis désolé de t’imposer cela, mais je ne pourrai jamais renoncer à l’idée de te venir en aide et de te protéger. Jamais » déclara-t-il. Et ce faisant, il tourna ses yeux sombres vers elle, s’osa enfin à la regarder « Je suis désolé » ajouta-t-il enfin, le cœur plus serré que jamais.

Dans ses yeux se lisait toute l’étendue de son regret. Il était désolé d’y mettre des mots, désolé de rendre ça réel en pareille circonstance, désolé de le faire maintenant alors qu’elle venait de lui dire plus tard. Du bout des doigts, Corvus continuait de caresser le petit Héricendre. Cela l’apaisait. Incapable de soutenir celui de la jeune femme, le regard du soldat se figea de nouveau sur les fourrures. Quelque chose en lui se résignait à mesure que les secondes passaient … c’était trop tôt, il le savait. Il se souvenait des paroles d’Azmitia. Pourquoi devait-il toujours être si intègre avec elle ? Telle une explosion au cœur de la glace, son honnêteté allait tout faire éclater. Il la sentait gronder là, déjà, ce n’était qu’une question de temps maintenant.

« — Je suis sincèrement, profondément désolé » répéta-t-il une nouvelle fois.

Pourtant, il n’avait pas pu s’en empêcher. Il ne pouvait pas lui mentir et s’en voulait de la charger du poids de cette vérité. D’une manière, il se sentait la trahir ; trahir cette confiance qu’elle avait pu avoir en lui, trahir cette relation légère qu’ils étaient parvenus à construire, à bâtir malgré les tempêtes. De par ses mots, Corvus venait de lui donner une dimension nouvelle et il craignait de voir Leonys s’en offusquer. Comment pouvait-il en être autrement ? Après des années passées à endurer les coups d’Arthur, elle était enfin libre. Comment pouvait-il lui avouer cela, à elle qui avait passé tant d’années à souffrir de l’amour ? N’avait-il donc rien compris ? Qui était-il pour se le permettre ? Pourtant, il n’oubliait pas ses larmes, il n’oubliait pas sa voix dans la brume, tout comme elle ne pouvait oublier le sang qu’il avait versé. Il y avait quelque chose, juste là, à portée de main, une chose qui l’avait fait rester et qui la faisait encore rester. Accepterait-elle de le voir ? Rien n’était moins sûr.
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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyMer 29 Avr 2020 - 21:35

Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) A20b0a76ab31160664b3dfc49d46a9d3a257077dr1-540-300_hq

Combien d’interdits ai-je franchi ce matin ? J’ai pourtant dressé une liste. Une série de lois. À bien des égards, la distance prudente qui caractérise les milieux nobles, pour ne pas dire la froideur de nos manières, a bien arrangé mes prédispositions. Personne ne me reproche mon stoïcisme ou mon détachement lors de soirées mondaines, et j’y ai tout le loisir d’y passer inaperçue, de poursuivre sans interruption mon chemin solitaire. Corvus comprend ces lois, du moins une bonne partie. Il y est sujet lui aussi. Comment réagira-t-il face à cette intrusion alors ? Je me prépare à recevoir ses foudres, peut-être je les espère même. Je ne suis parvenue à le faire réagir négativement qu’une seule fois, et cette animosité a nourri une part angoissée de moi. Comme si j’examinais en quelque sorte les limites. Sauf qu’ici, j’ignore qui des siennes ou des miennes je teste réellement. Dans tous les cas, je me laisse baigner par cet échange tout autant qu’il peut le durer. Je retrouve un peu de cet instant de complicité près du feu, malgré ma gêne. Ici, elle n’existe plus, je n’ai plus la force de rabattre mes barrières habituelles. J’ai simplement envie de l’entendre parler pour véritablement convaincre mes pensées fatalistes qu’il se sortira de ce mauvais pas. Je vis avec l’espoir qu’il ne m’en voudra pas.

J’espérais trop peu.

Car il se décrit comme heureux de ma présence et la petite flamme au creux de mon estomac s’anime un fois de plus. Mon expression inquiète et préoccupée fond en un soulagement palpable. S’il m’avait chassée, alors j’aurais pleinement accepté les conséquences, peut-être même sa mésestime. Il me fallait savoir, aussi égoïste et puérile cette idée puisse paraître. Ce que nous avons vécu cette nuit transcende les bonnes manières, et je suis ravie qu’il soit de mon avis. De quelle manière aurais-je réagi si les situations avaient été inversées ? Aurais-je pu empêcher mon cœur de s’emballer sous le joug de la peur ? Cette nuit, nous avons partagé une proximité telle qu’il m’a fallu laisser de côté mes réticences habituelles. Peut-être n’aurais-je pas sursauté de le découvrir à mes côtés. Je préfère néanmoins ce scénario-ci, j’ai l’impression ainsi de prendre soin de son bien-être malgré mes limitations actuelles. S’il le désirait, alors j’attraperais un livre pour lui faire la lecture, ou tout simplement la conversation pour lui occuper l’esprit, loin de ces souvenirs traumatiques de la nuit, et je me doute de la douleur au torse qui l’accable.

«Eh bien que ton cœur s’apaise, ô noble héros.» je le charrie, un peu. Ce n’est peut-être pas bien gentil de profiter de sa situation vulnérable pour le faire. «Je vais bien… en fait non, je me sens horrible, mes poumons et ma gorge sont en feu, mes muscles me font souffrir le martyr, j’ai mal à la tête, aux yeux, partout en fait. Mais au moins je suis toujours en un morceau, tout comme mon fils d’ailleurs. C’est grâce à toi. Alors tu peux te reposer maintenant.»

En affirmant ce «maintenant», je veux un peu aussi dire toujours. Car je pense ce que j’ai dit. Je n’ai pas besoin d’un protecteur, surtout pas un qui courre sans cesse au cœur du danger. J’apprécie, or, je ne mérite certainement pas tant d’effort. Pourquoi se donne-t-il tant de peine à mon sujet ? Qui tente-t-il d’impressionner ? Il n’a qu’à être lui-même, cette présence tranquille et rassurante. Pourtant quelque chose le taraude, car il hésite. Je me redresse un peu sur mon siège pour mieux lui prêter toute mon attention. Acceptera-t-il enfin sa défaite à ce sujet ? Je jubile à cette idée, celle d’avoir finalement coincé Corvus Eddaryon ! Ha ! Comme quoi même les corbeaux se raisonnent à l’occasion. Or, il y a ce «mais». Ce mot qui suffit à effacer mon sourire quelque peu narquois. Je soupire. Il ne lâchera pas l’affaire de sitôt, n’est-ce pas ?

Une part de moi t’apprécie plus qu’il ne le faudrait, Leonys.
Pardon ?

Je pouvais m’attendre à tout sauf à ces mots. Rien ne m’y préparait. Une autre fois, il a parlé d’attachement, et j’ai rejeté l’idée en sachant pertinemment qu’il était tout désigné pour décrire notre relation naissante. Il est des gens qui se découvrent des affinités. Avec lui, tout est aisé, trop. Beaucoup trop. Il affaisse mes défenses avec une facilité déconcertante, j’aime à croire qu’il se dévoile un peu plus en ma présence. L’entendre le dire néanmoins me fait l’effet d’un vertige et je déglutis avec difficulté. J’aimerais me montrer naïve, hors je suis passée sur ce chemin auparavant.

Je suis passée par-là déjà.

Non.

Non.

J’avais dit plus jamais.

Je refusais d’y croire et plus encore d’y céder parce que … parce que je sais que ce n’est pas ce que tu attends de moi.

Il ne se tait pas. Pourquoi n’arrête-t-il pas de parler ? Tout en moi se crispe et résiste, mon regard, inconsciemment glisse à la porte. Corvus, non… Pourquoi, pourquoi, dois-tu affirmer ces choses ? Dis-moi que c’est la fièvre qui me force à ces hallucinations. Ne me place pas dans cette position. Peut-être alors demain en rirons-nous. Je n’ai pas la force de me questionner sur ce que ces aveux signifient pour moi, pour nous. Je veux conserver ce que nous avons, est-ce là trop demander ? Est-ce si compliqué ? Je veux être libre, je veux être libre.

Le vent. Il émane de moi sans que je ne puisse le retenir. Il voltige nerveusement entre nous, emportant ses mots. Il s’excuse, mais de quoi ? Il est bête. Stupide, stupide cavalier aérien. Je tâche de respirer normalement, de manière mesurée, mais quoi dire, quoi affirmer, devant ce que je ne veux pas même reconnaître ?

Le silence s’installe et il est brutal. Je ne trouve rien pour le meubler, pour atténuer les choses ou même les nier. Je n’ai pas envie de nier. Pas entièrement du moins. Corvus s’est toujours montré parfaitement honnête avec moi, même lorsque je n’en avais pas le désir. Il a toujours su malgré tout dire ce qu’il fallait. Peut-être pourrais-je en faire de même ?

«Corvus.»


Ma voix paraît si frêle. Je prends une grande inspiration, incapable d’affronter son regard et par le fait même ce qu’il vient d’affirmer d’une certaine manière. Je n’ai pas besoin de tout adresser. Certaines choses lui appartiennent. Je n’ai aucun contrôle sur ce qu’il peut ressentir.

«Il y a beaucoup de raisons qui me poussent à rejeter la protection des autres. J’ai vécu des choses… Affronter mes démons moi-même me permet de me sentir moins vulnérable. D’apprendre des choses pour moi-même. De me découvrir aussi. Je te l’assure, je n’ai aucun désir de courir après les dangers, même que je crains ce monde. Si seulement tu savais à quel point je peux avoir peur. Tout le temps. Je suis… je suis terrorisée.»


Je tremble désormais. Fort. La vérité fait mal. Comment y parvient-il si candidement ? Ne souffre-t-il pas de son honnêteté ? Qu’est-ce que tout ceci lui apporte ?

«En relevant des défis quotidiens, je parviens à me convaincre que je suis moins démunie qu’à une autre époque de ma vie. C’est puéril. C’est sot. Et probablement faux. Je suis fière, trop même. Mais ce n’est guère pour me montrer orgueilleuse que je ne peux pas accepter ta protection. Je ne sais pas… je ne sais plus faire confiance. J’ai du mal à me faire confiance à moi-même. Alors à quelqu’un d’autre ?»

Je poursuis. Maintenant que j’ai ouvert cette porte, je ne puis plus la refermer.

«Cependant je réalise que je ne pourrai pas réellement refuser ta protection. Quelque part, savoir que quelqu’un… veille sur moi… en quelque sorte… c’est… rassurant ? Je… Je ne sais pas toujours le montrer, ou le dire, ou même me montrer reconnaissante. Ou même trouver les mots, je n’ai pas ton éloquence. Tout ceci pour dire, je ne t’en empêcherai pas. Néanmoins sache que cela vient avec son prix. Et qu’en contre-partie, je ferai tout pour t’empêcher de me suivre dans le feu.»

Cette fois j’ai redressé les yeux vers lui. Solal a redressé le museau, comme pour tâcher de comprendre ce qui se trame entre nous. Je ne pourrais pas l’expliquer moi-même, comment le pourrait-il ?

«Je te protégerai de moi, du mieux que je puis. Nous voilà dans une jolie impasse.»

Une impasse qui sera peut-être, qui sait, notre équilibre. Une où je décide, pour le moment, de ne pas adresser certaines choses mentionnées dans son discours.
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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyJeu 30 Avr 2020 - 13:39


BREATHE IN. BREATHE OUT
Blood and tears never lie

Le silence qui s’empara de la pièce lui glaça le sang comme jamais, bien plus que toute la neige de l’hiver avait pu le faire. Les toundras elles-mêmes ne lui avait jamais paru aussi fraiches que cet instant présent. Si Corvus percevait ce silence ainsi, c’est parce qu’il avait peur ; peur des conséquences de cette honnêteté qui le caractérisait tant mais qui, pourtant, n’avait jamais été aussi dur à assumer. Du plus loin qu’il s’en souvenait, c’était même la toute première fois qu’il les craignait autant. Pourquoi ? Loin, bien loin de craindre un rejet, Corvus craignait d’avoir balayer de ses mots ce maigre quelque chose qu’ils avaient réussi à bâtir, et avec cela la confiance tout juste naissante que Leonys était parvenue à lui accorder. Ses mots n’avaient pas été une déclaration d’amour, juste une constatation, que Corvus avait été incapable de garder pour lui alors qu’il l’aurait peut-être mieux valu … mais il était comme ça, immanquablement, et de tous ses défauts c’était lui qui, un jour, finirait par causer sa perte. Il le savait depuis longtemps maintenant, en avait conscience, pourtant il ne pouvait s’en empêcher ; et cela avait tout gâché.

Un vent s’éleva dans la pièce et à son passage Corvus sentit ses cheveux se soulever un peu. C’était elle, il le savait, qui d’autre ? La tempête arrivait, le jeune homme pouvait la sentir gronder et enfler autour de lui. Il avait trahi, il le méritait. Comme pour se donner du courage, le soldat prit une inspiration, se prépara à l’impact. Elle allait partir, prendre peur, claquer la porte ; la bulle s’apprêtait à éclater. Finalement, pourtant, le vent retomba et un calme étrange s’empara de la chambre ; et quelque chose à laquelle il ne s’était pas attendu se produisit.

Corvus.

La voix de la jeune femme résonna presque dans la pièce. Deux syllabes. Cela faisait donc ça … Corvus avait le sentiment presque étrange de voir les rôles s’inverser. Comme il savait lui-même si bien le faire, Leonys s’apprêtait à lui dire quelque chose d’important et Corvus pouvait le sentir, le percevoir.  Sa voix tremblait presque, pourtant elle ne fit pas machine arrière, et le cœur du sakaien cessa de battre jusqu’à ce qu’elle eut terminée.

Au sens propre comme au sens figuré, la Leonys qu’il avait rencontré le soir du bal n’aurait pas manqué de fuir et il le savait. Comme un oiseau farouche, elle se serait soustraite aux paroles du jeune homme, n’aurait laissé aucune d’elles l’atteindre ni même l’effleurer. Au lieux de cela, elle parlait, osait-il dire s’ouvrait. Elle ne balançait pas tout comme Corvus s’y était attendu et en cela, Leonys le surprenait bien plus qu’il n’aurait pu se l’imaginer. Pour la première fois peut-être, elle semblait lui porter de l’intérêt, suffisamment pour l’empêcher de partir, suffisamment pour faire naître en elle le désir inattendu d’être sincère. A cette idée, le cœur de Corvus s’allégea quelque peu … ils étaient enfin – enfin ! – honnêtes l’un envers l’autre, du moins commençaient-ils.

Sans la regarder vraiment, Corvus écouta chacune de ses paroles. Elle avait peur, bien sûr qu’elle avait peur ; Corvus avait lu cela en elle dès le premier jour, dès le premier instant. Il avait vu cette peur dans ses yeux lorsqu’il s’était penché sur elle au marché. Elle n’était pas toujours visible mais demeurait immanquablement présente, quelque part tapit au fond d’elle-même. Cette peur avait bien des visages, bien des aspects, et son poison s’insinuait partout, absolument partout. C’était elle qui la faisait douter d’elle-même, elle encore qui rendait sa confiance si fragile, toujours elle qui la rendait si méfiante. Plus que jamais Corvus le comprenait désormais, et il comprenait aussi que seule Leonys pouvait faire face à cette peur. Personne ne pouvait le faire à sa place – lui comprit – et il le savait. Cette peur ne disparaîtrait jamais vraiment, mais peut-être s’apaiserait-elle avec le temps si Leonys le laissait faire … peut-être alors pourrait-elle finalement apprendre à vivre avec, faute de pouvoir la faire complètement disparaître.

Les mots de la kunioise les conduisirent finalement jusqu’à lui, et l’inattendue franchise de Leonys réconforta quelque chose au plus profond de lui. Si la jeune femme n’approuvait pas ce désir de protection que le soldat avait à son encontre, elle l’acceptait malgré tout, consciente que rien n’était en mesure de l’y faire renoncer ; mieux encore, une part d’elle s’y complaisait … en quelque sorte. Corvus n’attendait pas d’elle des remerciements ni même de la reconnaissance : savoir simplement qu’il n’était pas une contrainte pour elle lui suffisait et faisait s’envoler, déjà, les réserves qui l’avaient toujours tiraillé jusqu’à présent. Il y avait des risques bien sûr, un prix ; mais ce prix, Corvus était prêt à le payer, bien qu’il savait qu’il ne serait pas le seul à le faire. S’il lui arrivait quelque chose, d’autres autour de lui ne manqueraient pas de le regretter, à commencer sa mère. Son père aussi, peut-être, dans une moindre mesure, Leonys aussi, certainement. C’était un risque, pourtant, qu’il acceptait de prendre : il était soldat après tout. La mort faisait partie de son quotidien, comme une ombre au-dessus de lui elle planait sans cesse, là était le lot de ceux qui avaient choisi l’épée plutôt que la fourche ou les livres. S’il devait mourir cependant, il préférait le faire en défendant Leonys, plutôt qu’une cause ou des idéaux absurdes.

Lorsque les paroles de Leonys cessèrent finalement, Corvus laissa le silence les environner un instant. C’était une habitude maintenant, n’est-ce pas ? Le jeune homme se surprit à constater l’étendue du chemin qu’ils avaient parcouru. Il se souvenait encore de cette fille dans le grand hall du Manoir Corvaillus, celle qui avait quitté sa famille furieuse dans l’espoir d’être seule et qui, finalement, s’était retrouvée avec l’unique homme de la salle à ne pas fuir son animosité. Finalement, le sakaien tourna enfin son regard vers elle, plongea ses yeux sombres dans les siens.

« — Merci » déclara-t-il simplement « Merci d’avoir pris le temps de … enfin, tu sais, d’avoir fait ça » Il était vague, mais Corvus ne parvenait pas à y mettre de mots. Merci d’avoir été honnête ? Merci d’avoir pris le temps de chercher en toi ces mots, alors qu’il aurait été plus simple de fuir ? Merci d’avoir pris sur toi. Merci d’essayer quelque chose. Il espérait qu’elle comprendrait « Je sais ce que cela représente pour toi, je le sais vraiment » affirma-t-il. Puis, un sourire s’esquissa sur ses lèvres à l’idée de ce qu’il s’apprêtait à dire « J’essaierai de faire des efforts en te laissant un peu en danger de temps en temps » promit-il. Malgré la situation, l’amusement gagna son visage … un peu de légèreté, ils n’étaient plus à cela près maintenant.

Ce que Leonys lui proposait lui convenait. Si cela pouvait lui permettre d’accepter plus facilement ce désir qu’il avait d’être là lorsqu’elle en avait besoin, Corvus ne pouvait que l’approuver. Avait-il le choix de toute manière ? En réalité, c’était là plus une condition qu’autre chose, mais Corvus ne manquerait pas de s’y plier … il espérait simplement que la jeune femme n’aurait pas l’excès de couper tout contact avec lui.

« — Cela me paraît être un bon compromis » déclara Corvus « Et tant pis si cela ne nous mène nulle part. Où pourrions-nous bien aller de toute manière ? Ce n’est pas le but qui compte, c’est le chemin » affirma-t-il.

Car c’était vrai : malgré ce qu’il venait de lui dire, Corvus n’avait pas le désir d’aller quelque part avec elle ni n’en ressentait le besoin. Il ne voulait pas la changer ni changer lui-même, et ce qu’ils avaient là lui convenait. Corvus n’avait pas la volonté de faire partie intégrante de sa vie, ni de s’en faire aimer, encore moins de l’épouser. Il voulait juste être là pour elle, telle une ancre dans la mer à laquelle elle pourrait se raccrocher en cas de tempête. Il avait ce désir-là, car toute sa vie durant Corvus n’avait jamais su construire ce genre de choses. Maintenant qu’il avait l’occasion d’être quelque chose pour quelqu’un, il ne comptait pas lâcher prise. Pas le moins du monde.
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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyVen 1 Mai 2020 - 12:07

Depuis quand dansons-nous dans cet équilibre précaire ? Plus que jamais, j’ai l’impression d’avance sur ce fil ambigu où je me suis suspendue, au-dessus du gouffre, en espérant ne pas tomber. C’est le paradoxe propre au funambule, l’hérésie de son projet, celui de danser avec le danger. De se sentir libre et en pleine possession de ses moyens, tout en étant appelé, inlassablement, par les lois impardonnables de la chute. Ma relation avec le jeune homme y ressemble en tout points, de mon vécu du moins. Depuis le début, je tâche de résister, tout en sachant attachée de manière déraisonnée à tout ce qu’il représente. Un appui improbable parmi ma tempête. Je sens son désir, celui de m’aider. Je veux tendre la main, je veux me laisser aller, je veux ce souffle que ses yeux promettent. J’aimerais abandonner mes réserves. Le laisser jouer ce rôle auquel il aspire. Protecteur ? Ami ? Autre chose ? Seul lui pourrait l’affirmer, je ne puis à ce point-ci que me perdre dans des suppositions qui au final ne m’amèneraient pas bien plus de réponses. Car les questions, elles m’appartiennent, elles me concernent. Jusqu’où je pourrai aller avant de sombrer ? Ou suis-je en mesure de traverser le gouffre pour parvenir à mes fins, de l’autre côté ?

Je refuse d’avoir besoin. Besoin est d’admettre une part trop grande de ma faiblesse, mais aussi un rapport de force que je n’ai plus désir de vivre. J’avais besoin d’Arthur à une époque, besoin de lui pour me sentir entière. À son départ, il n’a laissé qu’une jeune femme écartelée, en dilemme identitaire. Plus jamais je ne laisserai une autre personne combler les parts indéfinies de mon être. Je dois, je dois, je dois faire cela par moi-même. Je ne suis pas certaine qu’il pourrait le comprendre parfaitement. Corvus semble savoir qui il est, ce à quoi il aspire, il a une destination, un cap. Moi ? Je progresse. Je le sais, je le reconnais, un pas à la fois j’y parviens. Or, il me reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Pour l’instant donc, je me dois de repousser la sensation de paix qui m’habite à son contact. J’ignore encore si celle-ci est salutaire ou si elle pourrait causer ma perte. Sans savoir si j’arriverai de nouveau à identifier les pièges, je me dois demeurer prudente. Néanmoins, je ne peux réprimer son désir d’agir pour ma protection. Ce serait perdre mon temps j’ai l’impression. Alors soit. J’agirai sur la seule chose sur laquelle je puis avoir du contrôle : moi-même et mes émotions.

Pour ce qui est du reste ? Ne parlons pas du reste.

En avoir autant révélé sur mon passé et sur mes pensées les plus intimes m’a laissée encore plus épuisée, confuse et méfiante qu’auparavant. Il y a encore cette crainte en moi, profonde, alimentée par un sentiment de honte et de culpabilité constant, incessant. S’il savait, ou du moins si j’avouais toutes les parts de mon histoire, quel jugement y porterait-il ? Ne suis-je pas déjà à ses yeux qu’une pauvre femme sans défense ? Qu’éprouverait-il ? Pitié ? Mépris ? Me ferait-il ce discours qui hante mon propre esprit tous les jours : pourquoi n’es-tu donc pas partie ? Tu n’avais qu’à partir Leonys. Je me sens seule, si seule dans cette épreuve. J’ai entouré ma poitrine de mes bras, comme à chaque fois où je tente de retenir mon cœur de se déchirer. Je me convaincs qu’il en sera toujours ainsi.

«Un jour, peut-être, aurais-je assez confiance pour t’expliquer ce que j’ai vécu par le passé.» peut-être, je pense. «Puis ce n’est pas un danger si c’est calculé ! Je calcule toutefois mieux les chiffres que le danger.»

Je m’assombris. Si j’avais su le repérer, je n’en serais pas ici. Ma vie serait totalement différente. Qui serais-je alors ? À quoi ressemble Leonys Valencia sans Arthur Torres ? Seuls les prochains mois pourront le déterminer. Je ne pourrai jamais effacer son passage, cependant je devrai faire sens de tout ce vécu pour mieux rebâtir. Je jette un regard grave vers Corvus. Je me suis flagellée si souvent de ne pas avoir su repérer chez Arthur les signes de ce qu’il deviendrait alors. De ne pas avoir posé les bonnes questions, d’avoir été aveugle à ses manigances. J’ai cru, j’ai cru chaque mot qu’il a prononcé, même les plus malhonnêtes. Or, quels étaient les signes ? Personne ne se présente en portant «abuseur» sur son front. Je me fais la réflexion en scrutant avec grande attention le visage de Corvus, malgré l’obscurité de la pièce. Je plonge mes yeux dans les siens, comme à la recherche d’une réponse fondamentale. De la nature de son âme. De ses intentions, que je n’ose plus questionner depuis ses révélations un peu plus tôt.

Pourquoi moi ?

Je chasse cette idée. J’y réfléchirai plus tard, lorsqu’il ne sera plus à proximité. Je me concentre plutôt sur ce qui m’intéresse. Encore une fois, je me trouve dubitative pour jauger autrui, particulièrement les hommes. Corvus n’est pas comme Arthur. Il est doux, charismatique d’une manière tranquille et apaisante. Il peut paraître froid; je le décrirais plutôt comme réfléchi voire discret à ses heures. Il gravite autour de moi sans chercher à m’orienter d’une part ou d’une autre. En tous ces sens, il est opposé à Arthur. Mon mari était une flamme, il vivait tout de manière intense, il illuminait une pièce de sa présence. Il vous éclipsait de son ombre. Il n’y avait que lui, et moi ? Je suivais, aveuglée de sa lumière. À m’en brûler les doigts.

«Je… Oui, certes.»

C’est un simple d’affirmer les choses ainsi. Car la destination m’effraie. «Nulle part» pourrait aussi m’emmener à souffrir. Et lui aussi d’ailleurs. Cela ne semble pas l’effrayer outre mesure. Fais-toi confiance, Leonys. Je peux gérer cette relation. Je peux y mettre fin à tout moment. Je saurai y mettre fin si elle me nuit. Cette idée me rassure. Je ne suis plus la même. Je prends une grande inspiration avant de me détacher de mes pensées pour me concentrer sur Corvus.

«Marché conclu alors. Cela va s’en dire, bien entendu, que je veillerai sur toi tout aussi scrupuleusement. Ce n’est pas parce que tu es un grand soldat de Sakai que tu es invincible, hm ? D’ailleurs, je devrais te laisser te reposer et faire de même de mon côté.»

J’ai besoin d’un temps pour digérer ses révélations de tout à l’heure aussi, même si je me garde de le mentionner. Je me relève en gémissant de douleur face à mes muscles qui refusent de coopérer. Solal se redresse à son tour, jetant un coup d’œil hésitant vers le soldat. Va-t-il nous suivre ? Évidemment que non, l’Héricendre ne comprend pas exactement l’étendue de sa blessure. Devant mon regard attendu, il saute du lit pour envahir mes jambes. Je pose ma main sur l’épaule de Corvus avant de réaliser que sa peau est nue sous mes doigts. Je retire ma main trop rapidement pour ne pas laisser mon malaise paraître.

«Hum… Prends soin de toi, Corvus. Je ne serai pas loin si tu as besoin de moi.»

Je souris timidement avant de m’engager vers la porte. Je m’arrête une dernière fois en posant ma main sur la poignée, croisant son regard brièvement, avant de m’éclipser dans le couloir. À voir où le chemin nous mènera maintenant.

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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptySam 2 Mai 2020 - 12:35


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Corvus l’observa partir. Il l’observa s’éloigner de lui, se retourner une dernière fois pour un ultime regard, puis disparaître derrière la porte. Solal avait quitté le lit pour la rejoindre et le jeune homme le vit s’éclipser malgré l’obscurité et sa petitesse. L’absence de sa chaleur le fit frissonner un instant et désormais seul, Corvus laissa de nouveau sa tête s’enfoncer dans les oreillers qui le soutenaient. Comme un mirage, sur son épaule le jeune homme pouvait sentir, encore, le contact de la main de Leonys sur sa peau. Cela avait été bref, fugace, inattendu. Presque étrange.

Tandis qu’il laissait le silence l’environner, Corvus laissa son esprit errer, en proie à de nombreuses pensées qu’il aurait voulu pouvoir écarter, oublier. Une crainte était née dans son cœur, une crainte insidieuse dont il ne parvenait plus à se défaire. Si Leonys ne semblait pas avoir porté attention à son étrange aveu, Corvus n’avait pas la naïveté de croire qu’elle ne l’avait pas entendu et que cela ne l’avait pas touché d’une manière ou d’une autre. Une part de lui regrettait profondément de lui avoir dit ça … qu’est-ce qu’il lui avait pris ? Depuis quand se laissait-il déborder par ses émotions ? S’il se savait honnête, le jeune homme peinait à se reconnaître. Où était passé le Corvus réservé, celui qui laissait les choses lui glisser dessus sans l’atteindre ? Avait-il perdu tant de sang dans ce marais, pour faire ainsi dysfonctionner ce qui lui faisait office de cerveau ? Par ses mots, Corvus les avait mis dans une situation bien délicate et il le savait. Qu’est-ce que Leonys allait penser de lui désormais ? La peur lui faisait croire que plus rien ne serait comme avant et peut-être avait-elle raison. Avant même de prononcer les mots, le jeune homme avait su que ce n’était pas une bonne idée. Il l’avait su au fond de lui, alors pourquoi l’avait-il fait ? Pourquoi ?! Leonys allait se méfier de lui maintenant, elle allait se méfier de chacun de ses gestes, de chacune de ses attentions, peut-être même allait-elle l’éviter. Etait-ce ce qu’elle avait voulu dire lorsqu’elle lui avait promis de le protéger d’elle-même ? Corvus le craignait désormais et il sentait son cœur s’écraser à cette idée.

Au fond de lui pourtant, Corvus savait qu’il aurait été incapable de lui mentir plus longtemps. Quand bien même cela pouvait-il la blesser, le lui cacher n’aurait pas été honnête, n’aurait pas été juste. Corvus voulait espérer que l’idée de se savoir appréciée – il n’avait pas dit aimée, non, il ne l’avait pas dit … il ne l’avait pas dit, n’est-ce pas ? – l’aiderait, en quelque sorte. Même si elle refusait de le voir ou même de l’accepter, il y avait cela en elle : les gens pouvaient l’apprécier ou même l’aimer. Il y avait des choses en elle qui brillaient plus qu’elle ne le croyait et elle ne pouvait pas en vouloir aux gens d’être attirés par ces choses, voir même de les chérir … n’est-ce pas ? Corvus tentait de s’en convaincre, et c’était là la seule chose qui l’empêchait de sombrer dans le désespoir.

Pour la première fois de sa vie, Corvus ne savait pas quoi faire. Devait-il lui présenter des excuses pour ce qu’il avait dit, et donc se trahir lui-même ? Devait-il prendre le risque d’en rajouter une couche ou, au contraire, devait-il laisser les choses couler et faire leur chemin d’elles-mêmes ? Le soldat était partagé, comme déchiré. Corvus goûtait peu à l’idée de laisser l’incertitude interférer dans sa vie, pourtant il était des choses qu’il ne pouvait contrôler et qu’il devait accepter de laisser libres. Leonys et ses sentiments à son égard – quels qu’ils soient – faisaient partie de ces choses-là. Comme pour beaucoup de choses, les erreurs ne se regrettaient pas mais s’assumaient … s’il devait perdre la jeune femme pour cela, Corvus devait l’accepter. Il devrait l’accepter même si cela lui coûtait, car après tout ce choix – celui de le laisser influer ou non sur sa vie, avec ce que cela impliquait – appartenait à Leonys et à elle seule. Ce choix, la jeune femme ne manquerait pas de le faire et il le savait. Sa sentence finirait bien par tomber un jour où l’autre et alors Corvus saurait ; en attendant l’incertitude serait sa pénitence. En ce monde tout avait un prix, l’honnêteté plus que tout le reste.


***

Combien de temps Corvus resta-t-il seul dans sa chambre à observer le jour se lever ? Lui-même n’aurait sur le dire. Finalement, il entendit des bruits de pas s’approchant de la porte, qui bientôt s’ouvrit pour laisser entrer Ewa et une autre tête qu’il ne connaissait que trop bien : Abraxas. A sa vue, le visage de Corvus s’obscurcit … que faisait-il là celui-là ? Il était suivi de sa femme, Mélanna, elle-même accompagné de Sarafia, sa Nanméouïe, que Corvus avait déjà eu l’occasion de rencontrer en de sombres hasards.

« — Corvus, tu es réveillé » s’étonna Ewa en entrant dans la chambre. Au grand désarrois de Corvus, ils entrèrent tous, même cet idiot d’Abraxas.

« — Le concept d'intimité vous est-il si étranger ? » déclara le jeune homme, soudainement de mauvaise humeur. Il n’était pas certain d’avoir la patience de supporter Abraxas en pareille circonstance.

« — Excuse-nous de venir t'aider, Corvus » lui répondit Ewa, un peu irritée par le manque cruel de courtoisie – et il fallait le dire, de reconnaissance – dont faisait preuve son fils.

« — Et bien, Ewa, je ne trouve pas qu’il soit si mal en point que cela » fit remarquer Abraxas, un sourire sur le coin des lèvres. Ils s’approchèrent de la couche, avisèrent un instant l’état de garçon, et Corvus fusilla alors Lord Dyaga du regard.

« — Qu’est-ce que vous faites là, Abraxas ? Vous venez vérifier que la carrure de Tauros est toujours là ? » lui demanda le jeune homme, acerbe. Malgré l’animosité du garçon, Abraxas eut de nouveau un sourire.

« — J’ai entendu dire qu’elle avait été un peu abîmée dans la nuit, hélas. J’avais envie de voir ça de mes propres yeux. Je m’inquiète pour vous, Corvus, que vous le croyez ou non » affirma le noble.

Il se fit bousculer par Mélanna qui souhaitait, elle aussi, accéder au garçon, pour des raisons bien plus évidentes. D’un bond, Corvus vit Sarafia se hisser sur le lit. Déjà, elle l’observait de ses grands yeux bleus.

« — Je suis désolé, Corvus » déclara Mélanna « Cet idiot ne restera pas longtemps, j’ai juste besoin de lui pour … enfin, au cas où » expliqua-t-elle, un peu trop vague aux yeux du garçon. Besoin de lui pour quoi ? Corvus jeta un regard suspicieux vers la guérisseuse … qu’est-ce qu’elle comptait lui faire au juste ?

Mélanna et Ewa se connaissaient bien, et pour cause : elles travaillent ensembles. La vie avait fait d’elles de proches amies ou peu s’en fallait. Corvus appréciait Mélanna pour ce qu’elle était. Bien plus discrète qu’Abraxas, ils formaient ensemble un couple atypique que tout séparait ou presque … pourtant, Mélanna était de ces femmes qui savaient s’imposer. Chacune de ses paroles étaient avisées et Corvus en était certain : malgré sa douceur, c’était elle plus que son mari qui gérait la maison. Avec l’aide d’Ewa, elle s’affaira à détacher la large bande qui entourait le torse de Corvus. Avec délicatesse, elle tenta de décoller le tissu que le sang avait plaqué sur la plaie. La sensation fit se crisper Corvus, dont les muscles endoloris se tendaient en réponse à la douleur.

« — Rah ! C'est un homme ! Enlevez tout d'un seul coup, il s'en remettra ! » déclara Abraxas en voyant les femmes hésiter.

« — Ferme-là, Abraxas » lui répondit Mélanna sans même lever les yeux vers lui. Finalement, à force de persévérance le bandage libéra la blessure et la guérisseuse le tendit à l’excentrique noble « Tiens, apporte ça aux domestiques et ne reviens pas » déclara-t-elle en tentant d’évaluer, déjà, l’entendue de la plaie. Du bout des doigts, Abraxas attrapa le bandage et l’air de dégoût qui gagna son visage fit sourire Corvus. Sans un mot, il disparut en refermant la porte et ne manqua à personne. Le jeune homme sentit la Nanméouïe s’approcher de lui « Tu connais Sarafia il me semble. Elle ne fait pas des miracles, mais elle va t’aider à t’en remettre. Je sais que c’est difficile mais … essaie de te détendre, d’accord ? C’est plus facile pour elle s’il n’y a pas de tensions » expliqua la guérisseuse.

Sarafia posa ses mains sur le torse nu du jeune homme et le bout de ses oreilles effleurèrent sa peau. Corvus la sentait le sonder, si bien qu’il en vint même à se questionner : était-elle en mesure de lire dans ses pensées ? Dans son cœur ? Corvus la vit fermer les yeux et l’instant d’après, une vague chatoyante irradia la pièce. Une chaleur étrange gagna la poitrine du soldat et doucement la plaie qui lui barrait le torse se referma. C’était désagréable mais sans douleur et bientôt il n’y eut plus sur sa peau qu’une bande rosée encore bien distincte. Sarafia se recula et se posa un instant dans les fourrures qui couvraient le lit … ce qu’elle venait de faire lui avait demandé beaucoup d’énergie et Corvus pouvait percevoir la fatigue gagner ses yeux.

Du bout des doigts, Mélanna parcourut la cicatrice encore fraiche.

« — Les muscles sont encore fragiles, Corvus. Ménage-les, ou cela se rouvrira » affirma-t-elle « Tu garderas une marque, j’en ai bien peur » ajouta-t-elle « Tu as perdu beaucoup de sang, tâche de boire dans les jours qui viennent » déclara Mélanna en jetant un dernier regard sur la plaie « De l'eau, bien évidemment »

Elle lui lança un regard entendu. Corvus la remercia d’un sourire et les deux femmes s’apprêtèrent à partir lorsque, presque soudainement, le jeune homme interpella Ewa avant qu’elle ne quitte définitivement la pièce.

« — Attends » lui demanda-t-il. Il venait de la tutoyer, cela lui échappait parfois. Ewa s’arrêta, se tourna vers Corvus « Skadia. Est-ce que Skadia est revenue ? » lui demanda-t-il, inquiet.

Malgré la confusion des évènements, Corvus se souvenait parfaitement de son cri dans la brume. Leonys ne lui avait rien dit à son sujet et maintenant qu’il y pensait, le cœur du jeune homme se serra à l’idée qu’il ait pu lui arriver quelque chose.

« — Elle était dans sa Captis Ball lorsque vous êtes arrivés » lui répondit Ewa sans attendre « Je suppose qu’Azmitia ou Leonys ont dû l’y remettre avant de partir » déclara-t-il.

Corvus eut un soupir de soulagement. Il avait fini par s’attacher à l’oiseau d’acier et l’idée de la voir mourir en tentant de le protéger lui était insupportable. Ewa disparut finalement de la pièce et Corvus tâcha alors de se lever. Ses muscles s’étiraient douloureusement à chacun de ses mouvements. Il fit monter de l’eau dans l’espoir de se débarrasser des derniers vestiges du marais et, enfilant des vêtements propres, il entreprit de rejoindre le monde. Ses cheveux n’étaient pas encore secs lorsqu’il quitta enfin ses quartiers.

En sortant, Corvus ne put s’empêcher de jeter un regard vers la porte avoisinante. Leonys ne lui avait-elle pas dit être à côté en cas de besoin ? Ewa se tenait devant la porte et échangeait avec Azmitia … sans doute était-elle venue s’enquérir de l’état de la jeune femme. L’espace d’un instant, le regard du jeune homme croisa celui de la vieille femme. La savoir ici si loin de son marais était étrange, mais Corvus se complaisait à la savoir après de Leonys. Le sakaien comptait la remercier pour ce qu’elle avait fait … cette vieille femme ne lui devait rien, pourtant elle l’avait ramené ici et Corvus ne comptait pas l’oublier.

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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptySam 2 Mai 2020 - 17:40

Puis-je simplement espérer refermer cette porte ? Je reste longtemps le dos appuyé contre celle de la chambre, physique, que j’ai laissée derrière moi. Des sentiments contradictoires m’envahissent. Est-ce la fin de notre histoire ? Serai-je en mesure d’accepter ce qu’il a dit un jour ? De composer avec cette idée ? Pourquoi mon cœur se serre-t-il à l’idée de le perdre ? Plus confuse que jamais, je fais un pas hésitant vers l’avant, la gorge entravée par plus que la toux. Je peux sentir les pattes de Solal contre mes jambes, comme s’il cherchait une fois de plus à comprendre ce qui m’accable. J’aimerais lui expliquer; or je n’y parviendrais pas avec moi-même. Il est temps de laisser cette conversation derrière moi, faute de solution plus productive.

Derrière moi. Il vaut mieux.

À mon arrivée dans la chambre, elle m’attend. Les jambes croisées, son regard turquoise luisant d’un feu que les années n’ont pas su éteindre. Sous cet examen silencieux, je me sens démunie, comme si elle pouvait lire chacune de mes expressions, chacun de mes ressentis. Saurait-elle interpréter les élans confus de mon âme ? Interpréter ce que je tente de déchiffrer en moi-même ? Devant elle, je m’affaisse, j’abandonne le masque. À quoi bon de toute manière ? Je n’ai plus l’énergie de le maintenir. Je vais vers elle simplement, ce qui la surprend. Je peux lire l’étonnement dans ses prunelles. Je m’accroupis pour poser ma tête contre ses cuisses, cette tête lourde et malade. Je la sens se raidir un moment, puis mettre ses mains contre ma chevelure sale de l’eau du marais. Elle n’y fait pas attention. Elle n’est que douceur. Cette émotion m’enveloppe; pour une rare fois de ma vie je me sens en sécurité contre elle malgré la houle qui m’accable. Je n’ai jamais eu avec elle les mêmes réserves que tous. Peut-être qu’il y a des choses, en cette femme, que je cherche, des choses que je n’ai jamais véritablement eu la chance de connaître.

«Tu es allée le voir.»


Il ne s’agit pas d’une question. J’inspire difficilement, incapable de formuler une pensée rationnelle ou organisée. Toutes les émotions depuis la veille me traversent. C’est trop. Qu’aurais-je fait si je les avais trouvés dans l’herbe du marais, terrassés par cette chose qui nous a attaqués ?

«Je suis vraiment heureuse que vous soyez là. Merci d’être restée. Merci.»

J’ai envie de pleurer, pour quelle raison au juste ? Pour défaire ce nœud dans ma poitrine certainement. Pour évacuer toute cette émotivité qui risque d’exploser. Et cette fatigue, due à la maladie. Son contact pourtant m’apaise, ses caresses contre mes tempes, mes épaules et mon dos aussi. Elles me rappellent celles que j’offre à mon fils, lorsqu’il ne trouve pas le sommeil. Je peux sentir mon corps s’engourdir, mes paupières se faire lourdes.

«Je me sens… vraiment épuisée, Azmitia. Je…»

«Mercia.»

«… Hum ?»

«Mercia, mon vrai nom… C’est Mercia.»


Oh. Ainsi, elle dissimulait une part de sa véritable identité. Pourquoi ? J’ai redressé la tête pour l’observer. Ses yeux m’intiment à poursuivre.

«Je devais absolument vous voir. J’ai des décisions à prendre. J’ai le sentiment de me trouver à la croisée des chemins. Je n’ai aucune idée de ce que je devrais faire. Je me sens… je me sens vraiment très seule.»

Une larme glisse contre ma joue. J’ai détruit tous les ponts. Un à un. Ce genre de choses ne se reconstruit pas du jour au lendemain, surtout sans avoir les outils nécessaires. Ces derniers temps, ma tempête me guette. J’ai tenté de retrouver la terre ferme, mais ce n’est pas aisé de le faire par moi-même. Pour une fois, j’accepte de jeter les armes et de l’admettre. Si j’ai traversé Ekoe, c’était pour obtenir sa guidance. Car je ne sais plus reconnaître la terre, du ciel et de la mer.

«Tu n’as pas à être seule, Leonys. Je suis là. Beaucoup de gens sont là pour toi. Tu dois simplement les laisser entrer.»

«Je ne sais pas comment. Je ne sais pas quoi faire.»

«Nous aurons l’occasion d’en discuter quand tu seras mieux, Leo. Va, repose-toi. À ton réveil, nous aurons cette discussion, je te le promets.»


Nous restons silencieuses un long moment. Je me redresse finalement pour rejoindre le lit, où je m’effondre. Sitôt ma tête touche mon oreiller que je sens le sommeil me guetter.

«Comment je fais pour ne pas le perdre maintenant, Mercia ?»

J’avais dit que je n’aurais pas besoin, plus besoin de personne et certainement pas d’un homme. Pourquoi, Corvus… Pourquoi ? Je n’entends pas la réponse, car je perds ce combat que je menais contre le sommeil.

* * *

«Elle va bien… Juste un peu émotive, je le crains. Elle a vécu son lot d’émotions cette nuit il faut dire. Elle dort à présent, j’hésite néanmoins à la réveiller sous peu pour lui permettre de se laver et surtout de manger. Elle n’a rien avalé depuis un moment de ce que j’en comprends, je crains qu’elle ne se déshydrate si elle poursuit ainsi. Qu’en pensez-vous ? Devrais-je simplement la laisser dormir ? La pauvre est complètement épuisée.»

En faisant son rapport à Ewa, les mains d’Azmitia se tordent nerveusement. Clairement, la détresse physique de sa protégée l’incommode, elle aimerait pouvoir en faire plus. Surtout, la vieille dame aurait offrir cette écoute à Leonys à laquelle elle aspirait tant. Car le mal de la jeune fille n’est pas seulement celui du corps et de la chair. Elle a progressé. Sur ce chemin épineux de la guérison. Aux yeux de Mercia, il s’agit d’une ascension. Lorsqu’on regarde en arrière, il y a parfois ce vertige, ce grand doute, qui nous force à effectuer quelques pas en sens inverse. Les rechutes. Azmitia les connaît ô que trop bien. Elle se rassure simplement en se disant que contrairement à elle-même, Leonys n’aura pas à les vivre seule. Puis il y a cette chose qu’elle a dit avant de dormir.

Elle parlait bien entendu de Corvus, il ne fait aucun doute aux yeux d’Azmitia. Néanmoins ce que ce questionnement implique, là il n’y a rien de moins sûr. Comme un cheveu sur la soupe, le jeune homme apparaît justement dans le couloir et à son arrivée, la vieille dame contourne son interlocutrice.


«Parfait, tu es levé toi. Ça tombe bien. Vraiment très bien. Pardonnez-moi, j’ai quelques petites choses à dire à votre fils. Je reviens sous peu.»

Elle n’attend pas la permission de toute manière, saisissant le bras du gaillard qui la surplombe d’une tête. Le contraste entre la frêle vieille dame et son cadet dans la force de l’âge et au sommet de sa forme pourrait être amusant si ce n’est de son air grave.

«Bon, plusieurs choses. Débutons par le plus important tout de même. Je suis contente de voir que tu t’en es sorti indemne. Je pense qu’autrement, il m’aurait fallu récupérer Leonys en morceaux, ç’aurait été fâcheux tout de même. J’ai bien vu que la petite est attachée à toi. Probablement plus que ce qu’elle ne laisse savoir.»

Elle ne veut rien dire par cette affirmation. Elle connaît juste les réserves de sa petite protégée.

«Aussi, c’est inutile de le mentionner à ce point-ci, mais merci d’avoir mené ce combat la nuit dernière. Je n’étais pas en état de me défendre après ces… horribles visions.» elle frissonne. «Et d’avoir veillé sur Leonys en attendant mon arrivée. Je n’ai pas été particulièrement agréable… Tu comprendras qu’elle est importante pour moi, malgré tout. Après ce qu’elle a vécu je ne voulais pas voir l’histoire se répéter. Car tel serait le cas j’ai déjà des idées de comment te démembrer dans les plus atroces souffrances. Ça n’a rien de personnel. C’est pour Leonys. J’ai bien compris cependant que je n’avais rien à craindre de ce côté.»

Car le voilà averti dans tous les cas, n’est-ce pas ? Il règne dans ses yeux cet éclat qui a pu lui offrir sa réputation de vieille sorcière. Certains méprennent sa détermination acharnée pour de la folie.


«J’ignore encore ce qui l’a poussé à faire tout ce chemin. Néanmoins, je te dirai ceci, en toute confidence : elle ne va pas très bien. De ce que j’ai compris, cela implique certaines décisions concernant son avenir. Lorsqu’elle sera mieux, je verrai à l’aider. Cependant il y a tout de même un truc qui me chipote. Elle a parlé de toi, peut-être était-ce la fièvre mais… Lorsqu’elle t’a visité ce matin, qu’a-t-elle dit ?»

Ce ne sont pas ses affaires, du tout. On ne la changera pas.
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Corvus Eddaryon
Corvus Eddaryon

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Message Sujet: Re: Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)   Breathe in. Breathe out (ft. Leonys) EmptyDim 3 Mai 2020 - 9:47


BREATHE IN. BREATHE OUT
Blood and tears never lie

Corvus entendit Azmitia l’interpeller et quelque part, une légère appréhension le gagna. Abandonnant Ewa devant la porte, la vieille femme s’approcha de lui et le jeune homme sentit ses doigts se fermer sur son bras. Un peu abasourdit, Corvus se laissa guider un peu plus loin et du coin de l’œil, il vit Ewa lui jeter un regard plus amusé qu’interloqué … elle ne semblait pas s’offusquer du traitement que lui réservait Azmitia, pas le moins du monde. Cette vieille dame avait du cran et, de toute évidence, cela plaisait beaucoup à la guérisseuse.

Corvus, lui, ne partageait pas tellement son avis. Qu’est-ce que pouvait bien lui vouloir Azmitia ? Est-ce que Leonys lui avait dit ce qu’il avait avoué dans la chambre ? Qualifier cela d’aveu était excessif … l’esprit tourmenté de Corvus préférait voir ça comme une information. Sans attendre, la vieille femme débuta avec les civilités, puis les remerciements … oui, lui aussi était heureux de s’en être sortit, et plus encore de savoir les deux femmes saines et sauves, du moins en un seul morceau et dans leur intégrité physique. Sans vraiment laisser le temps à Corvus de répondre, Azmitia débita ses paroles. C’était là des formalités, pourtant il y avait çà et là des informations que le jeune homme se garda bien d’approfondir malgré sa volonté de le faire. Leonys était attaché à lui, vraiment ? Oui, très bien, mais était-ce toujours le cas après ce qu’il lui avait dit ? Les paroles qui suivirent ne manquèrent pas de faire honneur à la réputation de sorcière qui lui ceignait. Le démembrer, vraiment ? Corvus n’aurait pas manqué d’en rire s’il n’avait pas su au fond de lui que la vieille femme était tout à fait sérieuse. Elle en était capable, le jeune homme en était presque sûr. Qui savait ce qu’elle avait au tréfonds de son île solitaire ? A cette idée, Corvus se sentit déglutir. Finalement, ses paroles se portèrent vers Leonys et le cœur du jeune homme se serra à l’idée qu’elle n’allait pas très bien. Bien sûr qu’elle n’allait pas très bien : elle avait passé une journée entière dans un marais puant et une nuit à trembler de fièvre avec pour seul vêtement une cape à peine rembourrée … pourtant Corvus savait bien qu’Azmitia ne parlait pas de cela et, plus que jamais, le jeune homme se sentit coupable. S’il n’avait pas la prétention d’être l’unique centre d’intérêt de Leonys, il savait qu’il avait joué un rôle dans ce mal-être, bien plus qu’il ne l’aurait voulu. Ses craintes étaient donc confirmées et Corvus sentit le désespoir gagner son cœur. C’était de sa faute … il avait beau vouloir la protéger, son plus grand ennemi dans cette quête était lui-même et il le savait. Il voulait la protéger des autres, mais qui la protégerai de lui-même, de ses erreurs, de ses maladresses ? La dernière question d’Azmitia l’interpela. Elle savait que Leonys était venu le voir mais n’en savait pas plus.

Elle ne lui avait pas dit.

Cette tâche lui revenait-il donc ? C’était de sa faute après tout, et le problème ne venait pas de ce que Leonys avait pu dire mais bien de ce qu’il avait dit, lui. Si peine il y avait dans le cœur de la jeune femme, Corvus devait en assumer la responsabilité. Tout comme il avait craint celle de Leonys, une part de lui craignait la colère d’Azmitia. N’avait-elle pas été claire avec lui dans le marais ? Si, bien sûr, et pourtant … pourtant il l’avait fait. Il avait fait ce pas en avant alors qu’il avait juré ou presque de ne pas le faire. Il l’avait fait pour lui, pour eux avait-il cru. L’espace d’un instant, Corvus organisa ses pensées. L’idée de nier qu’elle était venue dans la chambre ne lui traversa pas même l’esprit … à quoi bon de toute manière ? Les yeux du jeune homme parcoururent les environs. Ewa était loin, personne ne les entendait.

« — Elle m’a raconté ce qui s’est passé dans le marais, que nous sommes arrivés ici grâce à vous et votre Alakazam » déclara le jeune homme.

Corvus gagnait du temps, retardait l’échéance, omettait volontairement des choses et des détails. Si cela avait de l’importance pour lui, il savait que là n’était pas le problème. De toute manière, comment aurait-il pu retranscrire tout cela avec de simples mots ? Ce que Leonys lui avait dit était trop ineffable et Corvus ne se serait jamais oser à résumer le sens de ses paroles par lui-même ; de bien loin cela le dépassait, tout simplement. Lui-même était loin d’avoir complètement comprit toute leur étendue, comment aurait-il pu l’expliquer à quelqu’un d’autre ?

« — Elle … elle m’a demandé d’arrêter de la protéger et je … je lui ai dit que ça n’allait pas être possible, que je ne pouvais pas faire ça, que c’était impossible » affirma Corvus. Dans sa poitrine, le sakaien sentait son cœur battre à s’en rompre. Il fallait le dire maintenant, il fallait s’y résoudre, pourtant le regard d’azur que portait Azmitia sur lui le rendait nerveux, car il savait déjà ce qui l’attendait, du moins en était-il persuadé « Et je … je lui ai dit pourquoi » ajouta-t-il enfin.

Là était tout le problème.
Un silence les environna un instant. Avait-il besoin d’en dire plus ?

« — Je ... je savais que c'était une mauvaise idée avant même de le dire mais … mais je suis comme ça, je ne mens pas aux gens » affirma-t-il, comme pour se défendre. Ne le prouvait-il pas à cet instant précis ? Il ne mentait pas non plus à Azmitia « Je lui ai dit que je l'appréciais, plus que ... enfin, vous voyez. Plus qu'il ne le faudrait. J’ai été honnête » déclara le sakaien « Je sais que je n'aurai pas dû mais ... c’est trop tard maintenant. Ne pas le faire n’aurait pas été honnête, n’aurait pas été juste. Je … je ne voulais pas la trahir, vous comprenez ? Je ne voulais pas qu’elle se réveille un jour en découvrant que j’avais trahi sa confiance. Je voulais le faire moi-même, et pas laisser le hasard le faire » expliqua-t-il le jeune homme.

Corvus ne se cherchait pas des excuses. De la manière la plus juste et la plus exacte possible, il tentait d’expliquer à la vieille femme ce qui l’avait poussé à faire cela. Corvus ne l’avait pas fait par égoïsme : bien maladroitement, il avait fait cela pour la préserver. S’il n’était pas du genre forceur – de toute manière il était loin, bien loin d’avoir envie de tenter quoi que ce soit à l’égard de la jeune femme – Leonys savait maintenant qu’il y avait cela en lui, elle était avertie, et ce qu’elle comptait faire avec cela lui appartenait désormais. Cette vérité allait la gêner et il ne savait ; et il savait aussi qu’il avait, peut-être, mal choisis son moment mais … y aurait-il eu un jour un bon moment pour cela ? Corvus en doutait. Le jeune homme lui-même ne savait pas si cela grandirait ou non en lui, mais il avait fait le choix de le faire avant qu’il ne soit trop grand, et donc trop tard. Peut-être avait-ce été une erreur, peut-être pas … l’avenir seul, désormais, était en mesure de lui donner cette réponse.

« — Elle ne peut pas en vouloir aux gens de l’aim… de l’apprécier » ajouta-t-il finalement.

N’est-ce pas ? Corvus s’était repris juste à temps. Pourquoi est-ce qu’il disait tout ça à cette vieille sorcière ? Peut-être espérait-il au fond de lui qu’elle recollerait les morceaux. Qui sait, peut-être était-elle même en mesure de lui apporter son aide … elle connaissait Leonys mieux que n’importe qui – mieux qu’elle-même peut-être – et s’il ignorait tout de la relation qui l’unissait à la jeune femme, Corvus lui faisait confiance ; il la connaissait à peine, pourtant il lui faisait confiance. Pourquoi ? Parce qu’après tout, ils voulaient la même chose, exactement la même chose.
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Breathe in. Breathe out (ft. Leonys)
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