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 L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|
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Leonys A. Valencia
Leonys A. Valencia

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Message Sujet: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyVen 10 Avr 2020 - 12:13

«Il pleut.»

Une simple observation de ma part, tout de même teintée d’une pointe d’agacement. Ce voyage devait se dérouler sans encombre, avec efficacité. Pourtant je rencontre sur mon chemin bon nombre d’embûches venant compromettre ma planification pourtant assidue. J’ai pris, aux premières lueurs de l’aube, un vol guidé à dos de Trioxhydre. J’ai payé gros pour ce voyage privé, du haut des airs. Autant dire que mon estomac n’a pas beaucoup apprécié ces longues heures de vol et j’ai dû, ne serait-ce que le temps de me restaurer, me poser à une petite auberge où j’ai à peu près tout rendu mon repas du matin. Cavalière aérienne moi ? Eh bien, on en est loin. J’ai toujours du mal à m’habituer aux roulements, aux virages, aux assauts du vent. Malgré tout, quelque chose m’appelle dans ce ciel ! Comme l’a dit un certain fameux soldat aérien : les choses terrestres doivent prendre l’habitude, tout simplement. Je m’acharne à penser que j’y parviendrai, même si je conserve quelques fragilités à l’estomac suite à cette expérience. Au moins j’ai pu me rafraîchir en bonne et due forme, acheter quelques vivres puis repartir sur les routes sakaiennes. Mon espoir de trouver une monture s’est avérée sans succès et me voilà forcée à traverser les marais, l’endroit le plus dégoûtant à Ekoe, à pied. Cette fine bruine n’arrange en rien mon humeur. Heureusement que ma volonté transcende chez moi l’appât du confort, car il ferait longtemps que j’aurais fait demi-tour en pestant sur ce pays beaucoup trop humide (et c’est une kunioise qui l’affirme !).

Cette volonté pulse toujours dans mes veines. J’ai besoin de réponses. De quelqu’un de solide en qui je peux avoir confiance pour confronter mes idées et mes ressentis. Ces derniers temps, je spirale sans plus reconnaître ce qui appartient à mes insécurités et au réel. Il n’y a qu’une seule personne à qui je peux réfléchir possédant le caractère nécessaire pour me guider dans ces temps troubles : Azmitia. Je n’ai pas revu la vieille dame depuis mon accouchement et il me tarde de la retrouver après plusieurs mois sans la voir.

Quelque part, j’appréhende le face-à-face. Peut-être m’en voudra-t-elle de l’avoir laissée sans nouvelle. Je lui ai fait parvenir une lettre quelques jours avant mon départ, que j’ai dû retarder. Aster a été très, très malade ces derniers temps, si bien que nous avons craint pour sa vie. Cet événement m’a laissée épuisée, nerveuse, et amaigrie. Je n’ai presque pas dormi pendant cinq jours et cinq nuits, pendant lesquelles le petit a combattu avec bravoure le mal qui l’affligeait, une fièvre destructrice. À la fin, il refusait même de s’alimenter, passant tout son temps à pleurer, pleurer, pleurer, me déchirant le cœur. Impuissante. Cette fois je ne pouvais rien pour lui. La pire nuit, je me suis agenouillée face à la lune et j’ai prié, prié, prié. Je ne fus jamais pieuse, mais faute de moyen, je me suis tournée vers le spirituel pour me venir en aide. Ariane est restée auprès de moi, cette nuit-là alors que je rejetais pourtant tous. Il y a tant de douceur chez elle, je n'ai pas eu le coeur à la repousser lorsqu'elle s'est avancée vers moi, sur le balcon, se pressant contre moi. La petite n'était pas avec nous depuis longtemps pourtant j'ai bien senti sa loyauté, sa dévotion, à ce moment précis. Elle s'est éloignée un peu, levant le visage vers le ciel, et j'ai compris qu'elle allait prêter ses prières à la lune, elle aussi. Sa présence m'a fait beaucoup de bien. Tout à coup, je n'avais pas à porter ce poids seule. J'ignore à quel moment je me suis assoupie. À mon réveil à l’aube, elle avait changé, devenant un magnifique papillon des neiges, Beldeneige ! Croyant trouver mon fils sans vie, je me suis approchée du berceau. Il s’est réveillé et m’a regardée. J’ai su alors qu’il s’en tirerait.

Sa santé ne s’est qu’améliorée depuis. Il repose contre moi, bien au chaud dans mon manteau. Il fait encore frais en ce début mai malgré tout, et suite à sa maladie, je tente le plus possible de le préserver des intempéries. Le garçonnet dort profondément contre ma poitrine, bien ficelé contre moi. Danaé marche à nos côtés, ouvrant la voie. Elle connaît bien le chemin vers l’île Kokoae après tout, son île natale. Aetius nous suit depuis les airs. Je lui adresse un sourire, malgré la pluie. Depuis notre rencontre et les conseils avec Artemis, le Vibraninf se plaît à découvrir le ciel ! Ses ailes vrombissent au-dessus de nos têtes. La Lucario lui adresse un énième signe de la main, probablement un peu déçue de ne pas pouvoir l’accompagner dans ses escapades aériennes. Voyant sa mine un peu déconfite, je lui adresse ces quelques mots.

«Tiens, rentre. Je ferai bientôt halte moi-même puis ainsi tu éviteras la pluie.»

D’un signe de tête, la Pokémon chromatique active le bouton et disparaît à l’intérieur, me laissant seule sous la protection d’Aetius. Je déniche, non loin, un gros rocher où je peux faire halte pour allaiter quelques minutes et avaler une baie que j’ai glissé dans mon sac. J’ai posé mon katana sur le rocher, observant les alentours avec une pointe de dégoût. Les marécages. En plus de sentir mauvais, il n’y a rien de vraiment intéressant ici à voir. Quelques cris de Pokémon me parviennent, lointains, déformés par une mince brume qui offre à ce paysage un aspect lugubre. Je frissonne en espérant atteindre ma destination rapidement. Malheureusement, le soleil dégringole de plus en plus rapidement dans le ciel alors que l’après-midi s’achève pour céder place à la nuit. Je devrai évoluer dans le noir si je désire atteindre l’île Kokoae ce soir. Je n’avais pas prévu camper et n’ai préparé qu’un maigre sac pour le voyage. Tous mes muscles protestent de toutes ces heures à dos de Trioxhydre en plus de cette marche interminable. Vivement cette cabane de bois perdue. Je ne suis pas près d’arriver.

Maintenant que le petit achève sa tétée, je replace ma robe sous mon manteau et m’apprête à me lever dans un mouvement soudain à mes côtés vient me surprendre. Croyant qu’il s’agit du retour d’Aetius, je n’y prête pas plus attention avant de réaliser mon erreur. Un oiseau bleu vient de s’emparer de mon katana et de s’envoler avec, en direction du marais ! D’un bond, je me précipite à sa poursuite en criant au voleur ! Pas mon katana, non non non ! Je m’embourbe de plus en plus dans ces eaux bien plus danses que ce que je n’avais prévu, tendant le bras dans un geste désespéré. Je parviens à saisir l’arme dans les serres de l’oiseau et à tirer suffisamment pour qu’il lâche sa prise. Dans un croassement outré, il s’envole au loin. Pour ma part, je réalise dans quel pétrin m’a mis cet oiseau de pacotille. J’ai désormais de l’eau boueuse jusqu’à la taille, ce qui me fait émettre un cri de pure horreur. Dégoûtant ! L’eau l’infiltre dans tous mes vêtements, me trempant jusqu’aux os. Pire encore ! L’odeur ici est insupportable et provoque un haut-le-cœur heureusement sans suite. Je doute qu’Aster aurait apprécié, même si à cet effet, ç’aurait été de bonne guerre.

Les yeux brûlants de larmes d’humiliation et de dégoût, je tâche de faire volte-face vers le sentier, le rocher, et mon sac. Malheureusement, mon pied s’est enlisé dans la vase. Je peux sentir un effet de succion de plus en plus insistant contre mes chevilles, m’entraînant inexorablement vers le bas. Aster se met à chigner d’inconfort en sentant l’eau s’infiltrer dans le manteau ouvert, sur ses pieds recouverts de sa jaquette.

«AETIUS ! AETIUS !»

Le Vibraninf accourt, stabilisant son vol à mes côtés. Nous voyant dans cette fâcheuse position, il tente de s’accrocher à mon bras tendu pour nous tirer, mais il est trop léger pour nous sortir de ce mauvais pas. Je panique en le voyant se débattre sans succès. S’il poursuit en cette voie, il s’embourbera lui aussi.

«Arrête, arrête. Écoute, je ne m’enfonce plus, nous n’allons pas nous noyer…»

Malgré tout, ma voix demeure tendue. L’eau est froide et dégoûtante. Je crains davantage l’hypotermie à ce rythme. Déjà, mes dents claquent les unes contre les autres. Il nous faut un autre plan.

«Va chercher Azmitia. Tu voles assez bien maintenant. D’ici quelques heures, vous devriez être de retour.»

Mes autres balles sont à ma ceinture, néanmoins je ne parviens plus à les atteindre en raison de la boue, trop danse, qui enserre désormais ma taille. Je vois bien que le Vibraninf hésite. Néanmoins c’est la meilleure solution à laquelle je peux penser en ce moment. Je retiens un sanglot alors qu’il s’envole, me laissant seule, véritablement seule. Aetius et moi n’avons pas été séparés depuis la mort d’Arthur. Son départ enserre mon cœur d’angoisse, mais il faudra me montrer forte. Peut-être qu’en tentant de bouger une jambe après l’autre, j’y parviendrai ? La boue serre si fort mes jambes que j’en ressens une douleur. Je jette un regard désespéré vers cette forêt.

«À L’AIDE ! S’IL VOUS PLAÎT !»

Je ne vais quand même pas me remettre à prier, si ?

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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyVen 10 Avr 2020 - 18:24


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Même dans le ciel, la pluie tombait avec véhémence. Si les deux cavaliers avaient fait une partie du chemin au-dessus des nuages – et donc à l’abri de la pluie – ils avaient été obligés de passer sous le front aux abords d’Enogen, leur destination. Là-haut tout se ressemblait et il leur aurait été impossible de connaître leur emplacement exact sans voir défiler sous leurs yeux les reliefs de Sakai. Le mois de mai venait de commencer, pourtant mars les gratifiait toujours de ses averses aussi fugaces que torrentielles.

Corvus et Cassius revenaient de Mitka, où ils avaient eu la désagréable surprise de se faire poser un lapin par un éleveur de Tropius, destinés à aider les bâtisseurs pour la reconstruction du Palais Obscur d’Enogen, en partie détruit depuis l’étrange phénomène qui avait gagné tout Ekoe. Non content d’avoir perdu leur temps, les deux hommes avaient pris l’eau et avaient passé la journée depuis le levé du jour à voyager. Perchés sur leur monture qui filaient à toute vitesse, les deux sakaien avaient bon espoir de rejoindre Enogen avant la nuit. Ils survolaient le vaste marais de Sakai lorsque, soudainement, un oiseau traversa le ciel, manqua de les percuter. A travers la pluie et son masque, Corvus aperçut son plumage bleu et noir, et malgré sa taille relativement petite comparée à Skadia et l’imposant Ptéra de Cassius, les deux montures furent forcées de s’écarter pour le laisser passer. Aussi vite qu’il était apparu, l’oiseau disparu à travers les nuages, non sans avoir été gratifié au passage de salaces insultes de la part de Cassius.

Etrangement pourtant, malgré la disparition de l’oiseau, Skadia demeurait agitée. Son regard se portait constamment vers le sol et elle s’était mise à brailler à travers le vent et la pluie, ralentissant toujours l’allure à mesure qu’ils traversaient les marais. Intrigué par son comportement, Corvus incita Cassius à faire une pause et sans attendre, les deux cavaliers se posèrent sur la terre ferme, à bonne distance des eaux traîtres du marais. Lorsque Corvus mit pied à terre, il sentit le sol spongieux sous ses pieds … la pluie avait dû être incessante ici, à n’en pas douter. Les deux cavaliers prirent un instant pour se dégourdir les jambes. Ils étaient tous deux vêtu d’un casque, destiné à les protéger des vents violents provoqués par le vol rapide de leur monture mais également, dans une moindre mesure, des intempéries auxquelles la météo, dans son humeur constamment changeante, pouvait les soumettre.

Tandis que Cassius mangeait négligemment un morceau de viande séchée, le regard de Corvus se porta un instant vers le marais. Malgré le martèlement de la pluie sur son armure d’acier, Skadia ne cessait de piétiner sur place, de faire jouer les lames de ses ailes, de gratter la boue, nerveuse. Quelque chose l’attirait dans le marais, mais quoi ?

« — Je ne sais pas ce qu’elle a » affirma le sakaien, qui tentait bien en vain de calmer l’oiseau. Skadia fit mine de mordre Corvus, chercha à l’attirer vers elle.

« — Laisse tomber, Corvus » lui répondit Cassius « Il doit y avoir un pokémon coincé là-bas, c’est tout … c’est peut-être même ce maudit piaf qui a faillis nous percuter tout à l’heure ! » déclara-t-il en remettant son casque.

Ses paroles, cependant, ne convainquirent pas le jeune homme, qui continuait de fixer le marais. Ce n’était peut-être rien en effet, pourtant un doute persistait dans le cœur de Corvus. Et si ce n’était pas rien ? Corvus connaissait bien ses pokémons : quand bien même était-elle parfois bizarre, Skadia ne s’agitait jamais comme ça. Jamais. Le jeune homme se tourna vers l’instructeur.

« —  Rentre à Enogen. Je vais aller jeter un œil » déclara-t-il finalement. Le visage de Cassius avait beau être dissimulé derrière son casque, Corvus le vit lever les yeux au ciel.

« — Comme tu voudras, Corvus, mais ne t’attarde pas trop longtemps ici. La nuit va vite tomber maintenant » lui répondit simplement Cassius. L’instructeur avait depuis longtemps abandonné l’idée de raisonner le noble lorsque, d’aventure, il lui prenait l’envie d’avoir une idée en tête.

« — On se retrouve à la caserne » lui promit presque Corvus, tandis que Cassius se hissait déjà sur son Ptéra. Le jeune homme l’observa s’installer dans sa selle, passer ses pieds dans les étriers. Il salua son départ d’un signe de tête et, l’instant d’après, l’instructeur avait disparu dans le ciel.

Skadia ne fit même pas attention au départ du Ptéra ; déjà, elle trépignait à l’idée de s’enfoncer dans les marais. Sans attendre, elle prit le chemin des airs, abandonnant Corvus aux sentiers traîtres du marécage. Le jeune homme en connaissait les dangers, aussi chemina-t-il avec prudence. Ce n’était pas la première fois qu’il s’y aventurait et, sans pour autant le connaître comme sa poche, le sakaien demeurait confiant. Il l’avait déjà traversé plus d’une fois et aujourd’hui ne ferait pas exception à la règle. Partout autour de lui s’élevaient les clapotis de la pluie qui, toujours plus, gorgeait les terres humides de ce lieux si particulier. Les vêtements de Corvus étaient faits pour résister à la pluie, mais cela ne l’empêchait pas de sentir chacune des goutes s’écraser sur sa cape et marteler son casque.

A l’horizon, le cri strident de Skadia l’interpella. Corvus la distinguait à peine mais au loin, elle s’était mise à décrire des cercles dans le ciel, fixant quelque chose au sol. Prudemment, le sakaien se décida à la rejoindre et à mesure qu’il avançait, il entendit une voix s’élever, d’abord indistincte, puis de plus en plus claire. Elargissant ses foulés, Corvus se hâta … comme prédit par Cassius, il y avait bien quelque chose de coincé là-bas, mais ce n’était pas un pokémon. Pas du tout. Cette voix, Corvus était presque sûr de la reconnaître. C’était celle d’une femme et Skadia s’énervait au-dessus d’elle, furieuse de voir que son maître mettait tant de temps à venir. Lorsque, finalement, les yeux du jeune homme se posèrent sur la jeune femme, son cœur fit un bon dans sa poitrine. Choisissant consciencieusement les endroits où il posait les pieds, le sakaien s’approcha le plus possible. Parce qu’il doutait encore de ce qu’il voyait, Corvus ôta son casque, laissa son visage apparaître.

« — Leonys ? » l’interpella-t-il, presque hésitant.

Dans sa voix se mêlait à la fois la perplexité, l’étonnement et l’incompréhension. Mais qu’est-ce qu’elle faisait là ? Où étaient Danaé, Aetius ? Corvus l’observa un instant, évalua la situation … elle était enlisée là-dedans jusqu’à la taille, et son fils était avec elle. Avait-elle vraiment eut la folie de s’aventurer ici toute seule, avec un bébé ? La mâchoire de Corvus se serra … quel genre de désespoir avait bien pu la pousser à faire ça ?

Skadia se posa à côté de lui, brailla une nouvelle fois en direction de Leonys. Oui, bien sûre qu’il fallait faire quelque chose ! Mais il devait réfléchir, être malin ; l’aider, sans s’enliser lui-même. Il ne pouvait pas l’atteindre de là où il était et il n’y avait pas de lianes dans ce foutu marécage, que des joncs à pertes de vue et des troncs pourris, beaucoup trop lourds pour être portés par un seul homme. Quelle idée avait-il eu de se séparer de Cassius ! Le regard de Corvus se porta vers Skadia, puis de nouveau vers la jeune femme. Réfléchissant à toute vitesse, une idée lui vint, un début de solution. Afin de se trouver à sa hauteur, Corvus plia les genoux, s'accroupit.

« — Leonys, vous allez me donner Aster » déclara Corvus « Je vais venir le chercher du haut de Skadia, vous n’aurez qu’à me le tendre et je me pencherai pour l’attraper » expliqua-t-il « Je le mettrait à l’abri sur la berge, puis je reviendrais ici voir ce qu’on peut faire pour vous » proposa le sakaien « Ça va bien se passer, faites-moi confiance » lui demanda-t-il finalement.

Savoir le bébé hors de portée de l’eau serait un poids en moins, tant physiquement que mentalement. A moins qu’un Aligatueur ne décide de se pointer maintenant – ce qui était peu probable tout de même, puisque les Aligatueurs ne vivaient pas ici – Leonys n’était pas en danger de mort extrême, mais l’inconfort de la situation n’échappait pas à Corvus. Puisqu’il pouvait soulager un peu sa peine en mettant son fils à l’abri, il devait le faire. Malgré tout, le sakaien attendit son avis … c’était son fils, et donc à elle de décider. Lui confier son enfant était loin d’être évident, aussi Corvus lui laissa-t-il le temps d’y réfléchir. La pluie n’avait pas cessé depuis qu’il avait quitté le ciel et de toute évidence, elle ne comptait pas s‘arrêter là. Déjà, Corvus pouvait sentir ses cheveux trempés d’eau perler sur son visage, tandis que ses yeux attendaient la réponse de Leonys. Leurs rencontres se faisaient décidément toujours – toujours ! – dans les situations les plus inattendues.
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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyVen 10 Avr 2020 - 20:50

L’idée pourtant paraît alléchante. Elle aurait le mérite de me distraire de mon inconfort grandissant. L’étau contre mes jambes se fait de plus en plus insistant et je crains à la coupure de circulation sanguine dans mes pieds. Le froid m’assaille et cette pluie de plus en plus mauvaise n’arrange en rien cette sensation d’étouffement. L’angoisse monte malgré mes tentatives de conserver mon calme. Le dégoût se fait lui aussi insistant, provoquant une sensation désagréable sur ma peau, comme si des centaines d’insectes avaient glissé sous l’épiderme et s’y frayaient un chemin. Je tousse pour me débarrasser de l’assaut des volutes nauséabondes du marais, cherchant désespérément une issue. Dans ma course, j’ai négligé toute prudence. La berge repose à plus de deux mètres, parfaitement inaccessible. Même en m’étirant, brandissant le katana pour allonger mon bras, je ne peux m’approcher de la terre ferme. Ma respiration s’accélère de plus en plus, affolant au passage le bébé qui repose dans mes bras. Il se met à chigner de plus belle avant de fondre en larmes. Sa propre détresse n’arrange en rien la mienne et je sens les larmes affluer. Ridicule. Je suis ridicule. J’ai causé ma propre perte de la manière la plus stupide qui soit et voilà qu’Aster en subit les conséquences. Je tremble contre lui, que j’essaie de réchauffer et de rassurer. Impossible quand tout en moi panique.

À quoi bon crier à l’aide ? Personne ne viendra. Même les Sakaiens n’empruntent pas ce chemin à moins de désirer la discrétion. Je n’étais pas loin d’ici après tout lorsque j’ai subi l’attaque de bandits, plusieurs mois plus tôt. Il pleuvait comme aujourd’hui, une autre journée ayant tourné au cauchemar. Azmitia ne pouvait décidément pas habiter une jolie maison côtière. Je n’ai qu’une pensée pour elle à l’instant pour la presser de venir à ma rescousse. Comme pour répondre à cette prière, un cri retentit au-dessus de ma tête, me tirant un cri terrifié. Je ne reconnais pas la créature dans le ciel dans mon affolement, trop occupée à tenter de me défaire de la vase. Je n’ai aucune intention de servir de repas à un Pokémon affamé ce soir. La respiration saccadée, je gémis en tentant de tirer mon pied de son trou. Sans succès.

Puis une voix. Elle me fige dans mon mouvement et je redresse la tête juste à temps pour le voir retirer son casque, s’exposant à la pluie. Cette chevelure d’ébène, cette haute stature, ce regard beaucoup trop grave à l’heure actuelle… Le temps se fige un instant. Mon cœur se fait insistant sur mes côtes, alimentant la boule dans ma gorge. Les larmes m’échappent malgré tous les efforts pour conserver les apparences. De toute manière, ici, elles n’ont plus d’importance.

«Oh par Arceus Corvus… Corvus…»

Si je pleure d’espoir ou de désespoir, je ne saurais dire. Les nerfs, la fatigue accumulée et l’inconfort m’atteignent d’un coup. Avec ce qui me reste de dignité, je chasse mes larmes, tremblant de tous mes membres. Il est apparu comme un mirage et je ne pourrais être plus heureuse de le voir à l’heure actuelle. Sa présence me rassure, en un certain sens. Aster et moi ne sommes plus seul. Je tends les bras en sa direction, dans un espoir vain que cela couvrira une distance que j’ai pourtant entretenu entre nous.

Jusqu’à cette suggestion. Lui donner Aster. Autant dire lui confier une part de moi-même, de mon âme. Mon bras se retire vivement dans un geste qui le porte par-dessus l’enfant, que je serre un peu plus fort contre ma poitrine. Le bébé est désormais inconsolable, ses pleurs résonnant dans les marais. Ma panique, revenant au galop, ne doit certainement pas aider sa détresse. Corvus aurait pu suggérer de me couper une main ou de me crever un œil que je m’en serais sentie moins agressée. Je le dévisage en sentant l’angoisse monter dans ma poitrine, accélérer mon souffle de manière incontrôlable. Au bord de la crise de panique, je tâche de contrôler l’envie primitive en moi de faire fondre sur le jeune homme toutes sortes de noms peu flatteurs. Cette suggestion me heurte plus que je ne voudrais le reconnaître. Comment peut-il simplement proposer une chose pareille ? Lui faire confiance ? J’ai du mal à le faire le temps d’une danse, alors lui confier mon enfant, la prunelle de mes yeux, l’essence de ma vie ? La colère gronde en moi, ses vagues menaçant de m’enliser davantage. Je ne sais plus contre qui la diriger. Alors il s’en fait de nouveau victime, cette fois sous mon crâne. Mais mes yeux, mes yeux me trahissent.

Tout en moi résiste. Me séparer de mon fils s’est toujours avéré éprouvant, même entre des bras connus comme ceux d’Akeira. Mais le remettre à un homme ? Tout en moi résiste à cette idée. Je confonds les choses, je ne peux pas faire autrement quand il s’agit de mon fils. C’est trop sensible encore, trop douloureux. Pourtant quelle option me reste-t-il ? Il ne sera pas en sécurité auprès de moi. En respirant le plus lentement possible, je me contorsionne en affrontement bravement son regard. Je ne pense pas avoir besoin de lui dire. Ce que je lui confie vaut tout l’or du monde à mes yeux. S’il devait lui arriver du mal, il n’y a pas un seul endroit à Ekoe ou même par-delà les montagnes où il pourrait se soustraire de ma rage. Avec habitude, je défais le noeuf du reboso, ravalant mon angoisse au goût de bile. Je tire l’enfant des pans de mon manteau alors que Corvus s’active pour faire sa part, grimper sur Skadia et venir nous rejoindre. Alors qu’ils s’approchent, j’hésite encore, écartelée.

«Vous devez mettre votre main ici, sous sa tête, car il ne tient pas s-sa tête seul. Faites attention, je vous en prie.»

Un homme comme lui ne doit pas avoir manipulé beaucoup de bébés dans sa vie, hormis peut-être Soleil. Mais ce n’est pas la même chose, du tout. Je remets d’abord mon katana, qui gêne mes mouvements, à Corvus, avant de lui tendre, délicatement, l’enfant qui pleure de plus belle. Je dois déployer tous les efforts possibles pour ne pas éclater en sanglots à mon tour. Alors qu’ils s’éloignent en direction de la berge, j’ai la sensation qu’il emporte les deux éléments les plus importants de ma vie avec lui.

«J-je vais vous montrer comment attacher le rebozo. Je ne veux pas qu-que vous le laissiez seul sur la berge, s’il vous plaît ne le laissez pas seul. I-il sera rassuré si vous le tenez…»

Je peine à parler tant je me retiens de pleurer. Je m’efforce une fois de plus à respirer le plus doucement possible, combattant la crise d’angoisse emprisonnée dans ma gorge et ma poitrine. Je me mets à tousser, comme quelques fois depuis la veille. Il ne fallait plus que ça à une journée vraiment, vraiment pourrie.

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Corvus Eddaryon
Corvus Eddaryon

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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptySam 11 Avr 2020 - 11:14


DREADFUL SWAMP
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Le sang-froid de Corvus n’était plus à prouver. C’était ce qui faisait de lui un soldat meilleur que d’autres : il laissait rarement la panique et la peur le gagner, ne se précipitait pas et utilisait davantage sa tête que son cœur … enfin, le plus souvent. Ce qu’il demandait à Leonys était compliqué et il le savait. En temps normal, Corvus n’aurait jamais eu tant d’audace. Il avait appris depuis longtemps que, loin de se réclamer, la confiance se gagnait et le jeune homme avait le sentiment profond que c’était d’autant plus vrai pour cette kunioise au passé si confus, si mystérieux pour lui. Pourtant, malgré tout, Corvus priait pour la voir accepter … non pas pour lui, non pas pour son égo, mais pour elle et plus encore pour son fils. Si le jeune homme ne pouvait pas comprendre le lien si particulier qui unissait une mère et son enfant, Corvus ne fermait pas pour autant les yeux dessus. Il avait aperçu un fragment de sa force ce fameux soir au Manoir Corvaillus et, loin de saisir complètement toute l’importance qu’il avait pour Leonys – Corvus ne pouvait pas se l’imaginer, puisqu’il ne l’avait lui-même pas vécu – sa conscience, cependant, en effleurait la surface, et cela lui suffisait largement.

En comprenant qu’elle acceptait, Corvus s’activa avant de la voir changer d’avis. Il détacha sa ceinture sur laquelle était accrochée les cinq Captis Ball des pokémons qui l’accompagnaient et les posa sur la berge à bonne distance de l’eau. Il y laissa également son épée, inutile pour ce qu’il s’apprêtait à faire, et qui plus est risquait de gêner ses mouvements. D’un bond, il se hissa sur le dos de Skadia, laissa l’Airmure se stabiliser au-dessus de l’eau. Corvus ne mit pas longtemps à s’habituer au mouvement cadencé de ses ailes, tandis que Leonys lui donnait ses dernières indications. Sans y donner réponse, Corvus les écouta avec attention, conscient que l’erreur ne lui était pas permise. Pas la moindre.

Quittant le siège de sa selle, Corvus se pencha une première fois pour … quoi ? Qu’est-ce qu’elle lui tendait ? Est-ce qu’elle lui tendait vraiment un foutu sabre ? Les doigts de Corvus se refermèrent dessus et pendant un instant, le jeune homme fixa le katana et l’avisa, perplexe. Malgré la situation, le regard de Corvus passa du sabre à la jeune femme, de la jeune femme au sabre. Qu’est-ce qu’elle faisait avec ça exactement ? L’avait-elle trouvé ici, au milieu de ce marais ? Ou bien était-ce à elle ? Cette fille était décidément pleine de surprises. Chassant la stupeur de son esprit, Corvus l’accrocha à la selle de Skadia, puis se pencha de nouveau pour récupérer Aster.

Malgré la pluie, malgré la tension palpable qui régnait en cet instant précis, Corvus perçut les tremblements légers qui parcoururent les mouvements de Leonys lorsque ses doigts se refermèrent sur les pans de tissu dans lequel était enveloppé le bébé. Le jeune homme aurait voulu croire que c’était de froid, mais il savait bien que ce n’était pas cela … elle était terrifiée et le sakaien pouvait le sentir jusque dans son regard. Avec une lenteur extrême, Corvus hissa le bébé jusqu’à lui et raffermit sa prise de sa seconde main dès qu’il le put. Aster pleurait avec force mais cela avait peu d’importance … Corvus était de ces gens qui, loin de s’arrêter aux regards et aux avis d’autrui, avaient ce qu’il fallait au fond d’eux pour faire ce qui devait être fait ; avoir le mauvais rôle ne le gênait pas, tant qu’il savait au fond de lui que ce qu’il faisait était juste et nécessaire. Corvus posa l’enfant contre lui, soutint sa tête contre son torse comme Leonys le lui avait indiqué. Tandis qu’il sentait cette petite chose contre lui, un sentiment d’étrange s’empara un instant de lui. Plus que jamais, il avait la sensation d’avoir fait irruption dans la sphère de la jeune femme, celle-là même qu’elle tentait tant bien que mal de garder hermétique, fermée au reste du monde. D’un battement d’aile plus fort que les autres, Skadia s’éloigna de l’eau, coupant Corvus dans ses pensées.

Sans attendre, l’oiseau d’acier se posa sur la berge et chargé de ce paquet si précieux, Corvus se laissa glisser hors de la selle, bien plus doucement qu’il ne l’aurait fait en temps normal. Le jeune homme pouvait sentir sur lui le regard de Leonys, qui scrutait chacun de ses mouvements. De sa seule main libre, il décrocha le kanata et le déposa avec ses affaires. Malgré la distance, il pouvait entendre les paroles de la jeune femme … sa détresse lui serrait le cœur. Il aurait voulu la rassurer, lui dire que tout irait bien, mais Corvus savait bien que cela ne servirait à rien. Après tout, il n’était personne pour elle et prétendre que ce bal les avait rapprochés aurait été présomptueux, prétentieux. Leonys n’avait aucune raison de le croire ni de lui faire confiance et Corvus le savait. La seule et unique possibilité qui s’offrait à lui était de garder son calme à sa place et s’était ce qu’il comptait faire. Doucement, il se rapprocha d’elle, plia de nouveaux les genoux. Un air grave marquait son visage, c’était une habitude chez lui lorsqu’il s‘apprêtait à dire quelque chose d’important.

« — Leonys, écoutez-moi. Je ne vais pas le garder avec moi, c’est trop risqué » affirma le sakaien. Il poursuivit, empêchant la jeune femme de répliquer « Si je tombe en essayant de vous sortir de là, cela n’aura servis à rien. Je ne peux pas le garder, je suis désolé » expliqua-t-il. Corvus se retourna et désigna la zone où il avait posé ses affaires « Je vais aller le poser là-bas, il ne se sera pas tout seul » lui promis Corvus.

Le jeune homme se releva, s’éloigna du point d’eau. En réalité, il ne lui laissait pas tellement le choix et une part de lui s’en voulu pour cela. Si Leonys devait lui en vouloir pour ses choix, soit, cette colère ne lui faisait pas peur. La nécessité de ce choix finirait peut-être par lui apparaître une fois cette épreuve passée … ou peut-être pas, mais pour l’heure Corvus ne pouvait accepter l’idée de mettre davantage la vie de l’enfant en danger. Si le laisser seul sur la berge n’était pas sans risque, c’était toujours mieux que de le garder accrocher contre lui, alors qu’il s’apprêtait de nouveau à se contorsionner dans les airs.

Tournant le dos à Leonys, Corvus rejoignit ses affaires et fouilla un instant dans ses Captis Ball. Jedha ne lui servirait à rien ici – l’eau était trop peu profonde pour cela – et la petite taille de Soleil ne lui serait d’aucune utilité. Salava n’était pas un gage de confiance en cet instant précis, aussi ne lui restait-il que Shama, son Osselait. En sortant de sa Captis Ball, le petit pokémon laissa échapper un Osssss emplit de détermination, fixa un instant Corvus et le bébé contre lui. Sans perdre davantage de temps, le sakaien décrocha sa cape et la posa sur le sol. Elle était suffisamment large et longue pour servir à la fois de couverture et d’abri. Il y déposa Aster et Shama et tendit ce qu’il restait au-dessus d’eux, planta son épée protégée de son fourreau dans le sol de manière à soutenir le tout … cette tente de fortune ferait bien l’affaire le temps de sortir Leonys de là. L’espace d’un instant, Corvus se pencha sur Shama, plongea son regard sombre dans le sien.

« — Shama, c’est un bébé humain » affirma-t-il à voix basse, à moitié entre ses dents. Il avait désigné le bébé « Tu ne tapes pas dessus même si ça pleure beaucoup, tu m’as bien compris ? » déclara-t-il, l’air plus menaçant que jamais « Tu as compris ? » insista Corvus, comme pour s’assurer que le message était bien passé. L’Osselait approuva d’un signe de tête. C’était la première fois que Shama était confronté à ce genre de créature et d’un naturel prudent, Corvus préférait ne rien laisser au hasard. Il avait redoublé de discrétion et du fond du cœur, il espérait que Leonys n’ai rien entendu … il n’était pas question de l’inquiéter davantage.

Abandonnant Shama et Aster, Corvus retourna auprès de Skadia, sauta de nouveau sur son dos. Il comptait sortir Leonys de ce bourbier de la même manière et plus vite ce serait fait, plus vite la mère et son fils seraient réunis. Tout comme elle l’avait fait quelques instants plus tôt, l’Airmure se stabilisa au-dessus de l’eau.

Si attraper le katana et Aster avait été un jeu d’enfant pour lui, saisir la main de Leonys se révéla bien plus compliqué. Cette tâche impliquait le fait de se pencher excessivement dans le vide, ce qui mettait à mal l’équilibre de l’oiseau. Lorsqu’il y parvint finalement et que, par de puissants battements d’ailes, Skadia tenta de remonter, Corvus sentit ses muscles se tendre sous l’effort. Porter les deux nobles sur son dos pour une balade était une chose, sortir Leonys de la vase une autre et Skadia peinait à la tâche. Corvus, lui, refusait de lâcher prise. Skadia pouvait le faire, il le savait … déjà, il sentait ses efforts porter leur fruit. Une main accrochée sur la poignée de la selle, l’autre agrippée sur le bras de Leonys, le sakaien la sentait venir petit à petit, lentement mais surement. Corvus appuyait si fort sur son étrier que ses mollets en tremblaient.

Contre toute attente, la rupture ne vint pas de lui, ni de Skadia, ni de Leonys. Il y eut soudainement un claquement sec et l’instant d’après, Corvus se sentit glisser dans le vide. La selle accompagna son mouvement et tandis que l’Airmure s’élevait dans les airs, le sakaien perçu son corps percuter l’eau et le liquide froid s’infiltrer dans ses vêtements. La surprise couplée au choc thermique le gagna l’espace de quelques secondes. Il avait lâché Leonys, mais dans son autre main se trouvait toujours la selle, dont les sangles avaient cédé dans l’effort. Au-dessus d’eux, Corvus entendait Skadia brailler comme jamais tandis qu’il reprenait ses esprits. Rester courtois et poli face à ce revirement brusque de situation fut un véritable défi pour lui. Comprenant dans quoi il venait de se fourrer, Corvus tenta de bouger le moins possible, jeta un regard en direction de Leonys.

Ils étaient dans la glaise. Pour rester poli.

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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptySam 11 Avr 2020 - 16:46

Corvus suit mes instructions à la lettre et c’est sans le moindre mal que mon enfant parvient à bon port. Devant ce contact inconnu, Aster ne parvient pas à s’apaiser. Tout comme moi, il a certaines réticences au toucher d’étrangers… Est-ce même la toute première fois qu’un homme le porte contre lui ? Cette idée me troublerait si j’avais le temps de m’y attarder. Car maintenant que le bébé se trouve sur la berge, je peux presque sentir ce lien invisible qui nous unit me triturer l’estomac, l’élastique parvenu à son extrême. Comme si tout en moi me tirait vers lui, l’éloignement causant ce tirement douloureux, intolérable. Pourtant, je devrai m’y faire, ne serait-ce qu’un instant. Je me prépare déjà à fournir à Corvus les différentes étapes nécessaires pour fixer le rebozo de manière sécuritaire, quand il s’avance pour me parler. D’avance, je devine ce qu’il dira et me sens me crisper, murmurant pour moi-même quelques «non, non, non…» déraisonnables et terrifiés. Laisser mon fils seul, vulnérable, une proie facile pour un prédateur opportuniste ? J’ai attrapé mes cheveux que je tire et je tire, au point de les faire céder entre mes doigts. Tout en moi résiste à nouveau, écartelée entre raison et peine. Je m’épuise. Je n’ai plus la force combattre ou d’argumenter. Je me contente de lui adresser le regard le plus venimeux qu’il n’a jamais rencontré assurément.

Car à quoi bon ? Il a pris en charge la situation semble-t-il, monsieur le soldat ! Je ne peux qu’observer, bouillante de rage et de rancœur, alors que mon fils est posé contre sa cape sous une tente de fortune, sous la protection d’un Pokémon inconnu. Un Osselait, pour veiller sur un bébé ? La chose a perdu sa mère en bas âge et porte carrément son crâne en guise de casque ! Et porte un gourdin dans sa main ! Il a pensé une seule seconde ? Non. Parce qu’il n’a jamais eu d’enfant, il ne peut savoir ce que c’est de se sentir seul, et complètement, profondément misérable, sans lui. La colère m’empêche de céder aux mains de l’anxiété. J’appelle l’enfant, mais à quoi cela peut-il servir ? Il se déchire les poumons désormais me dérobe face à ses cris aigus, désespérés. Tout comme moi, il ne peut rien y faire, absolument rien y faire. Il est petit, si petit et fragile, et lui il le laisse là ! Je ravale mes larmes, car j’aurai l’occasion d’adresser mes reproches plus tard. Je vois bien qu’il fait attention à ses moindres gestes, qu’il donne quelques instructions à l’Osselait que je ne peux entendre. Je pourrais deviner ses efforts sans cette rage désespérée qui me consume.

Bientôt, bientôt je serai auprès de mon fils. Je le bercerai jusqu’à ce qu’il comprenne que je suis bien présente, que je ne l’ai pas abandonné à son sort, qu’il n’a plus rien à craindre. Le cavalier fait vite pour grimper de nouveau sur sa monture, qui le mène jusqu’à moi. L’exercice ne s’avérera pas sans risque. Skadia pourrait elle aussi s’embourber si elle s’approche de trop près, ainsi Corvus doit se pencher tout entier sur sa selle pour s’emparer de ma main tendue. J’attrape son bras avec soulagement, un peu moins fâchée maintenant que j’y vois une issue. Je peux sentir tous ses muscles se contracter pour me libérer de la prise de la boue et de la vase contre me jambes. J’y mets aussi toute ma force, bien limitée comparée à celle du cavalier aérien, mais l’adrénaline donne des ailes à ce qu’on dit. Bientôt, je peux sentir mes pieds progresser vers le haut. Ça fonctionne ! Ça…

J’avale une grande gorgée d’eau de marais que je recrache en toussant et en pestant. La chute de Corvus a causé une vague et autant le reconnaître : je m’en suis pris plein la gueule. Retenant l’envie de vomir, assaillie par le goût horripilant de la vase, je sens mon regard s’écarquiller en voyant l’autre émerger. Je ne sais pas si c’est la folie qui finalement m’étreint ou simplement les nerfs qui viennent de lâcher, mais devant la vue toute aussi misérable du noble dans la vase, un rire, un très grand rire nerveux, s’échappe de moi. Partagée entre sanglots et hilarité totale, je me maudis intérieurement, tâchant de reprendre le contrôle. Mais je mets du temps, beaucoup de temps. Lorsque tout ceci s’achève je ne suis même plus sûre de lui en vouloir. Je suis envahie de honte et de culpabilité. De la sensation, bien connue désormais, de l’impuissance.

«Eh bien, pardonnez l’expression, mais on est vraiment dans la merde.»

Pourtant, nous ne pouvons pas rester ici jusqu’aux secours d’Azmitia. Je regarde Skadia, affolée par cette chute causée par la rupture de la selle. Évidemment. Le jeune homme doit peser deux fois mon poids. Quelques sangles ne pouvaient supporter nos deux poids combinés sous cet angle. Je soupire. Quelque part, le fait d’y être à deux réduit un peu mon inconfort.

«Il va falloir trouver une meilleure solution. QUELQU’UN a laissé mon bébé sur la berge.» d’accord, peut-être que je lui en veux encore un peu finalement.

Malgré tout, il s’agissait de la meilleure solution. S’il était tombé ainsi avec Aster sur lui, il aurait pu le noyer. Il ne sert à rien de se prendre la tête. Je tâche de réfléchir à toute vitesse. Un souvenir s’impose à mon esprit, assez récent, d’une chute dans les escaliers. J’aurais pu m’y faire très mal, si ce n’est… Je n’ai jamais touché le sol. Comme si je ne pesais pas plus d’une plume, j’ai lévité quelques secondes avant de pouvoir me reprendre adéquatement et me relever sans le moindre mal. Il s’agit de mes nouvelles capacités à n’en pas douter. Je serais probablement capable de le reproduire, avec un peu de concentration.

«J’ai une idée. Depuis le trou dans le ciel, j’ai acquis la capacité de réduire mon poids à celui d’une plume. Néanmoins, je ne l’ai jamais fait sur commande. Si vous prenez mes mains et tirez, je peux tenter de… faire fonctionner ce pouvoir.»

Je lui tends mes mains. D’où il se trouve, il n’aura pas de mal à les attraper. Une fois bien accrochée à lui, je ferme les yeux pour me concentrer. Quelque part, j’ai la sensation que ce pouvoir s’effectue de manière beaucoup simple et naturelle que celui de contrôler le vent. Je tâche d’oublier la force exercée par le cavalier sur mes mains, cherchant à retrouver cette sensation de flotter. Le tout dure une minute, puis deux, puis presque trois. Je suis sur le point d’abandonner quand je me sens projetée vers l’avant à toute vitesse, extirpée de la vase… Et directement dans les bras de Corvus. Je m’écrase presque nez à nez avec lui, émettant un cri de celle qui a totalement la situation en main (non.) avant d’en émettre un autre, complètement subjugué :

«OH ARCEUS, JE FLOTTE !»


À l’horizontal au-dessus du marais, à quelques centimètres à peine du visage de Corvus mais… Au moins je ne suis plus prisonnière de la vase ?

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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyDim 12 Avr 2020 - 13:15


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Hagard, Corvus mit un certain temps avant de reprendre possession de toutes ses facultés. Une partie de sa fierté venait de prendre une sacrée claque et s’il n’était pas homme à se vexer si facilement – à se vexer tout court – force était de constater que son échec avait quelque chose de … rafraichissant, dans tous les sens du terme. D’ailleurs, Leonys ne l’épargna pas et tandis qu’il reprenait ses esprits, il l’entendit rire comme jamais. L’espace d’un instant, Corvus la fusilla du regard … elle trouvait ça drôle ? Vraiment ? L’hilarité la gagnait et bien malgré lui, Corvus ne pouvait que lui donner raison. A mesure que son rire s’étirait dans le temps, un sourire léger gagna le visage du sakaien … oui, après ce qu’il venait de lui faire subir, après toutes les émotions qui l’avaient traversé, Corvus pouvait bien lui concéder cela.

Lorsque, finalement, le calme retomba dans le marais – c’est que, la kunioise n’avait pas manqué de faire du bruit ! – la gravité relative de leur situation leur apparu enfin. Ils étaient dans la merde, oui, c’était peu de le dire.

« — Oui, je suis assez d’accord » lui répondit Corvus.

Il ne partageait cependant pas complètement son désespoir et une part de lui restait objective … après tout, la situation n’était pas si dramatique que cela. C’était embêtant certes, un peu humiliant, mais la probabilité de mourir ici restait infime. Skadia était toujours apte à voler et Enogen n’était pas si loin que cela. Corvus avait eu l’intelligence de laisser ses pokémons sur la berge et si d’aventure une créature venait à les découvrir, le jeune homme savait que Shama ne manquerait pas d’approcher ses Captis Ball suffisamment prêt de l’eau pour lui permettre de les faire venir à lui … Leonys, cependant, ne semblait pas décidée à attendre l’arrivée d’une potentielle aide. Déjà, elle cherchait un autre moyen de sortir d’ici, non sans le gratifier au passage d’une pique à son égard. Quelqu’un avait laissé le bébé sur la berge, hein …

« — Je suis sûr que ce quelqu’un ne regrette pas le moins du monde » rétorqua le sakaien, un air léger de défis dans la voix.

Bien sûre qu’il ne regrettait rien et au vu de la situation, le jeune homme était certain que désormais, Leonys non plus ne le regrettait plus. Qui sait ce qui aurait pu arriver à Aster si, d’aventure, Corvus avait eu la folie de l’écouter ? Du mieux qu’elle le put, Leonys se tourna finalement vers lui, lui fit part d’un plan qui, selon Corvus, ne manquait pas d’originalité … quoi ? Le katana, et maintenant les pouvoirs ? Le sakaien ne dissimula pas son ébahissement désormais, mais pendant un instant Corvus se demanda pourquoi cela l’étonnait tant. Tout le monde, à Ekoe, s’était vu pourvu de nouveaux pouvoirs … pourquoi Leonys aurait-elle fait exception ? N’avait-il pas les siens, lui aussi ? Pourtant, il ne put s’empêcher de commenter.

« — Vous êtes décidément pleine de surprises, Leonys » affirma-t-il.

Puis, sans attendre, il attrapa ses mains, bien qu’un peu sceptique. Elle ferma les yeux, se concentrant, et une part de lui se demandait pourquoi elle n’y avait pas pensé avant, mais il se garda bien de le faire remarquer. Pendant presque longtemps, Corvus tenta de la soulever du bout des mains. Le silence les enveloppait et la pluie continuait de tomber, gavant toujours plus les eaux du marais. Une minute s’écoula, puis deux, puis trois … rien ne se passait et le sakaien était sur le point de perdre patience lorsque, soudainement, la vase bulla sous eux, libérant la jeune femme de son emprise. Si Corvus avait été en mesure de le faire, il aurait sursauté. La proximité soudaine de la jeune femme manqua de le faire tomber et tandis qu’il tentait bien maladroitement d’accueillir sa chute, il la sentit s’élever doucement, lentement mais surement. Elle était beaucoup, beaucoup trop proche pour qu’il ne s’en fasse pas la remarque et si Corvus n’aurait pas manqué de l’apprécier en d’autres circonstances, il avait en cet instant précis la sensation étrange d’être débordé. Corvus ne s’y était pas préparé et bien qu’il savait que Leonys n’en était pas l’investigatrice – elle n’y était pour rien, bien évidemment ! –  une part de lui se sentait gêné d’avoir à gérer ça. Corvus aurait voulu ne pas s’en voir troublé, pourtant son visage si proche du sien rendaient les choses plus … compliquée encore qu’il ne l’aurait souhaité.

Lorsque Corvus se reprit finalement, Leonys flottait au-dessus de l’eau. Le sakaien n’avait pas lâché ses mains … est-ce qu’elle pouvait bouger ? Se déplacer ? Le jeune homme n’en savait rien. Sur la berge, il entendait Skadia émettre des cris stridents en voyant Leonys léviter ainsi ; elle s’agitait, trop heureuse de voir la jeune femme enfin sortit de là. Non sans hésitation, Corvus lâcha l’une de ses mains.

« — Très bien, je … je vais vous pousser un peu pour vous permettre de rejoindre la berge » déclara-t-il. Corvus n’avait aucune idée de ce qu’il faisait, pourtant il s’y aventura. Il posa sa seule main libre sur l’épaule de la jeune femme et la poussa doucement en direction de la terre ferme. Ses vêtements détrempés gouttaient à mesure qu’elle s’éloignait et lorsqu’elle atteignit enfin la berge, Corvus se remis à respirer.

Leurs problèmes, cependant, était loin d’être complètement réglés, mais Corvus était plein de ressources. Il plongea un instant dans l’eau pour récupérer la selle tombée dans le fond, l’examina un moment. Les coutures de la sangle abdominale avaient rompu d’un côté, à la jointure de la selle, ce qui lui laissait suffisamment de longueur pour atteindre la berge … oui, c’était comme ça qu’il allait sortir de là. Skadia n’aurait qu’à le tirer vers la berge, en espérant que les coutures tiendraient de l’autre côté. Lorsqu’il leva les yeux dans l’espoir d’interpeler Skadia, Corvus la découvrit en train de faire la fête à Leonys, ignorant complètement le sakaien toujours coincé dans le marais. L’Airmure trépignait sur place, humait la jeune femme de tous les côtés. Il n’en était pas sûr mais … est-ce qu’elle roucoulait ? Vraiment ? Corvus observa son manège un instant, avant de finalement l’appeler. Lorsque l’oiseau se rappela qu’il était là, elle quitta Leonys pour rejoindre le bord de l’eau, non sans laisser derrière-elle de profondes marques sur le sol gorgé d’eau.

Corvus avisa un instant la prise qu’il avait sur la sangle. Le cuir maculé de vase était glissant, mais cela devrait bien faire l’affaire. D’un mouvement large, il jeta la selle en direction de la berge … elle atteignait tout juste le rivage.

« — Skadia ! Attrape la poignée » lui indiqua le sakaien. L’Airmure s’empressa d’attraper l’étrier, bien plus proche que ne l’était ladite poignée. Corvus s’énerva « LA POIGNÉE SKADIA ! » rugit-t-il. La libération de Leonys avait rendu l’Airmure complètement hystérique et bien moins attentive.

La poignée de la selle se révéla bien plus compliqué à attraper, mais Corvus était persuadé qu’aucun autre élément ne serait assez épais pour résister aux dents acérées de l’oiseau. Skadia fut forcée de s’approcher dangereusement de l’eau et manqua plus d’une fois d’y tomber, soulevant à chaque fois le cœur du jeune homme. Lorsqu’elle y parvint finalement, l’oiseau tira avec véhémence. Ses griffes d’acier se plantèrent dans la boue et les à-coups qu’elle donnait dans son effort étaient si violents qu’ils lui déchiraient les articulations. Elle allait lui déboiter les bras si ça continuait ! Au bout de la sangle, Corvus se faisait trimbaler comme une bannière en proie au vent.

« — Doucement ! DOUCEMENT ! » s’écria-t-il entre deux gerbes d’eau.

L’effort de l’Airmure se fit alors plus régulier, moins violent, et donc plus efficace. Contre toute attente, Shama abandonna son poste pour venir l’aider. Prenant entre ses griffes l’étrier qui s‘offrait à lui, il tira de toute ses forces … c’était absolument ridicule mais il tentait et c’était tout ce qui comptait. Corvus n’était pas un poids-plume et ses vêtements chargés d’eau le rendaient encore plus lourds, mais Skadia n’abandonna pas et bientôt, le sakaien sentit la vase le libérer. Corvus se laissa traîner dans l’eau jusqu’à la berge et dans un ultime effort, il se hissa sur la terre ferme, s’allongea un instant sur le dos, le souffle un peu court. Sur son visage, il sentait la pluie qui continuait de tomber, mouillant ses cheveux déjà détrempés.

Corvus se releva avec difficulté, car son armure désormais gorgée d’eau était lourde, bien plus lourde. Du coin de l’œil il observa Leonys, de nouveau réunis avec son fils. Maintenant qu’ils étaient sortis d’affaire, le sakaien était curieux de savoir ce qu’elle faisait ici, seule avec son bébé, en plein milieu des marais de Sakai, qui figuraient parmi les endroits les plus dangereux d’Ekoe.

« — Leonys » l’interpella-t-il tandis qu’il tentait tant bien que mal de redonner un semblant de prestance à ses vêtements « Qu’est-ce que vous faites ici ? » lui demanda-t-il finalement « Si c’est un guide qui vous a abandonné ici, il faut que vous me donniez son nom. Nous ne tolérons pas cela à Sakai, et moi encore moins » assura-t-il.

Corvus en faisait déjà une affaire personnelle.

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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyDim 12 Avr 2020 - 15:20

Pourquoi n’y ai-je pas réfléchi plus tôt ? Ce pouvoir aurait pu empêcher la mauvaise chute du jeune homme dans les marais. Néanmoins, je n’aurais pas été en mesure d’y penser à cet instant précis, pour de nombreuses raisons d’ailleurs qui épongent en partie la sensation de culpabilité s’étant emparé de moi. Dans ma détresse de savoir mon fils si loin, je n’ai pensée qu’à l’issue proposée par Corvus, cette main tendue au-dessus du vide. Je manque aussi d’habitude quant à ces étranges habiletés, dont je n’ai absolument aucun contrôle. Cette expérience me pousse à croire qu’il existe des possibilités quant à la maîtrise de ces pouvoirs encore étrangers. Qu’en y mettant du mien, je parviendrais peut-être à les contrôler assez. Une sensation enivrante s’empare de moi, accentuée par la satisfaction de me savoir sortie de l’eau. J’ai la prémonition que le phénomène ne durera pas bien longtemps, ainsi il me faudra me dépêcher à atteindre la rive. Or, en redressant les yeux, je me trouve légèrement distraite dans ma mission en cours, sentant mon corps basculer vers l’eau une nouvelle fois. Trop proche. Beaucoup trop proche. D’ici j’ai une vue prenante sur son visage, ses yeux, son nez si particulier, tout ! Je devine une certaine surprise ou tout au moins un inconfort, partagé d’ailleurs. Je dois me mordre les lèvres pour éviter de céder à la panique et détruire mon emprise sur ma lévitation.

Maintenant quoi ? Je ne parviens pas à me déplacer de cette manière, je constate. Je sens mon corps s’alourdir, se fatiguer, comme si je maintenais mon poids de mes muscles eux-mêmes. Corvus a la bonne idée de me pousser, ce qui suffit à réduire la distance entre la berge et moi. Je poursuis ma lente course en sa direction quand finalement, je lâche prise sur le pouvoir, émettant un léger cri en touchant de nouveau l’eau. Ce n’était guère voulu, ainsi je peste en me débattant, pleine de grâce, dans la vase. Je parviens finalement à bon port, me redressant plus par orgueil que par réelle envie. Je tousse méchamment quelques secondes, sous les roucoulements enthousiastes de Skadia qui célèbre ma sortie de ce beau calvaire. Je l’observe tournoyer autour de moi, me reniflant, avec un petit rire qui se termine en toux. Je tremble de tous mes membres, trempée jusqu’aux os et frigorifiée. Je tente de me réchauffer de mes bras mais sans succès. Comme le dirait mon père parfois : j’ai froid jusqu’à mon âme ! Je caresse tout de même le bec de l’Airmure surexcitée, touchée par son excès d’affection qui me réchauffe le cœur. Nous n’aurions qu’à emporter Aster et nous envoler loin, loin de ce marais.

Oups. Il semblerait que nous ayons toutes les deux oublié quelque chose d’important. Corvus patauge toujours dans ces eaux dégoûtantes. Une petite part de satisfaction me traverse tout de même, une vengeance dégustée pour avoir laissé Aster seul sur la berge ! Bon, tout de même, il faudra le sortir de là car je m’en voudrais toute ma vie s’il attrapait froid par ma faute, en tentant de me sauver de ma position misérable. Skadia, appelée par son maître, attrape l’étrier de la selle plutôt que la poignée. Mon cœur se serre devant sa proximité de l’eau… Je ne peux pas m’imaginer qu’elle puisse y tomber. Abandonnant l’idée de rejoindre aussitôt mon fils, je tire une balle prisonnière de la boue, la nettoyant du mieux que je le puis sur ma robe détrempée avant de faire appel à son occupant. Oreste apparaît dans un éclat de lumière, fronçant le museau devant ce qui se trouve près de moi. Puis il se retourne, sans comprendre, alors qu’il mesure plutôt bien mes intentions habituellement.

«Lorsque Corvus sera plus près de la berge, aide-le à nous rejoindre.»

L’Absol me regarde d’une expression qui suggère le fond de ses pensées. Il semble remettre en cause ma demande, jetant un regard dégoûté tant à ma robe et mes cheveux vaseux, qu’à l’homme perdu dans le marais. Je lui adresse un regard suppliant, surveillant les progrès de Skadia en arrière-plan. Je grimace en voyant la force exercée par l’oiseau, certaine qu’elle m’aurait déboîtée le bras si j’avais été à la place du cavalier aérien. Tout ceci ne fera pas du bien demain, je me dis. Corvus la dirige en perdant un peu patience, ce qui me fait sourire malgré moi. Quelque part, cette part de lui-même le rend plus humain à mes yeux. Comme quoi il est atteignable, parfois ! Oreste, malgré ses réticences, s’est rapproché prudemment de l’Airmure dans l’attente de Corvus. Sitôt à sa portée, l’Absol attrape une courroi de son armure pour le tirer en sécurité. Après quoi il s’éloigne en trottinant jusqu’à moi. Sachant le soldat sain et sauf, j’attrape Aster pour le blottir contre ma poitrine. Il est froid, mais ainsi, je n’aurai pas la chance de le réchauffer. Je suis trempée, et cette pluie n’arrange rien. Heureusement, Aster est patient, et ma voix lui chantant une petite berceuse fait taire la majorité de ses cris. Il se contente de geindre, rebondissant au rythme même rythme que moi. Bientôt il se tait, bien réveillé, les yeux toujours pleins de larmes.

«Ce que je fais ici n’est pas vraiment de vos affaires, Corvus. Néanmoins, vous êtes tombés dans un marécage puant pour me venir en aide, j’imagine que je vous dois quelque explication. Je viens à la rencontre d’une amie qui préfère la discrétion. Ainsi je n’ai pas de guide. Incendiez-moi si vous en avez envie, ce serait probablement mérité à ce point-ci je suppose, mais ça ne nous avancerait guère.»

J’ai froid, tellement froid. Stupide pluie. Nous ne pouvons pas rester ici où je risque gros, et Aster aussi. Je lève un regard vers Corvus. Admettre mon erreur met à mal mon orgueil, mais j’ai passé une très mauvaise journée. Je n’ai pas envie de jouer la fière ce soir. Le soleil a disparu à l’horizon et il fait sombre. Je tousse une nouvelle fois, persuadée désormais avoir attrapé le même virus que mon fils. Je repose Aster dans la petite tente formée par le jeune homme, où il sera au moins au sec, et fait appel à Solal pour le réchauffer. Habitué, l’Héricendre vient se blottir contre le bébé qui soupire d’aise. Je souris, attendrie.

«C’était une bonne idée, cette tente. Au moins Aster est au sec. Je vous en veux encore terriblement de l’avoir laissé sur la berge, mais c’était la meilleure solution possible. Ce n’est pas facile pour moi de me séparer de lui. Nous avons vécu beaucoup de choses ensemble. Il vient tout juste de se remettre d’une terrible fièvre qui a bien failli l’emporter, vous savez ?»

Ça n’a aucune importance à ses yeux, je suppose. Mais je devais lui dire, que malgré ma colère, je lui suis redevable.

«Nous devons sortir de cette pluie. Ce n’est pas prudent pour lui. Vous allez attraper froid dans cette armure, aussi. Je dois retirer cette robe au plus vite.»

Je ramasse mon sac et mon katana, que je remets à ma ceinture comme un vieil ami. Le poids de la lame me rassure.

«Vous devriez rentrer chez vous, vous ne devez pas être loin, je suppose.» j’ignore où se trouve le manoir depuis ici. Pour mieux souligner mes dires, je me remets à tousser de plus belle. «Je vais attendre mon amie, j’ai fait envoyer Aetius la chercher. Je vous ferai renvoyer votre cape, ce ne sera pas un souci.»

Je m’entoure de mes propres bras, prenant place sur le rocher. Oreste se rapproche de moi, restant à proximité, mon gardien silencieux. En espérant que Azmitia fasse vite…
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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyDim 12 Avr 2020 - 20:07


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Corvus sentit quelque chose l’aider à sortir de l’eau et s’il ne fut pas en mesure de percevoir avec exactitude ce que cela était, les minutes qui suivirent lui en donnèrent largement l’occasion. En découvrant l’Absol, le sakaien eut un mouvement de recul et une peur viscérale, intense s’empara un instant de lui. Non ! C’était impossible ! Kassian était mort. Il était mort depuis longtemps, pourtant ne se tenait-il pas là, devant lui ? Corvus sentit son cœur s’emballer, tandis que ses yeux parcouraient la créature. Une large cicatrice lui barrait le visage et sa corne avait une forme étrange, atypique. Est-ce que Kassian était comme ça ? Corvus ne s’en souvenait pas. Ses souvenirs d’enfant étaient flous, lointains, indistincts, pourtant l’Absol mort d’Ewa hantait toujours sa mémoire. Alors que l’Absol s’éloignait déjà, Corvus s’accorda du temps, laissa son cœur se calmer et tant bien que mal, il tenta de reprendre ses esprits. Non, ce n’était pas lui, ce n’était pas Kassian. C’était impossible. Ce n’était qu’un Absol, rien d’autre qu’un Absol, celui de Leonys.

Lorsque Corvus se releva finalement, Leonys tenait Aster dans ses bras. Les paroles du sakaien se heurtèrent à l’esprit suspicieux de la jeune femme, couplé d’un orgueil visiblement blessé. Il fallait bien l’avouer, elle était vraiment loin de l’élégante noble qu’il avait eu l’occasion de découvrir au Manoir Corvaillus il y a quelque temps de cela et avoir été secourue par un homme tel que lui ne devait pas jouer sur son humeur. Elle avait payé le prix de ses erreurs et en cela, Corvus trouva la leçon largement suffisante. S’il y avait une prochaine fois, peut-être serait-elle plus prévoyante ? Moins orgueilleuse ? Car il en fallait, de l’orgueil, pour se croire capable de traverser les marais seule. Une sakaienne aurait pu s’y risquer, peut-être, mais une kunioise ? Non, c’était la pire idée qu’elle avait pu avoir, mais magnanime Corvus n’en rajouta pas.

Leonys tremblait de froid, mais le sakaien ne se risqua pas à approcher. Qu’aurait-il pu bien faire de toute manière ? Son corps entier était tout autant glacé. Finalement, elle fit le choix de remettre Aster dans la tente, fit apparaître un Héricendre. Un Héricendre ! C’était ce qui leur fallait ! Si le petit hérisson en avait suffisamment la force, il serait peut-être en mesure de réchauffer la cape, et donc d’offrir un peu de chaleur à sa maîtresse. Corvus garda ce projet pour plus tard, car déjà Leonys retournais vers lui. Plus que jamais, les paroles de la jeune mère lui rappelèrent combien son fils était important pour elle.

« — Je sais » répondit simplement Corvus « Je sais que ça n’a pas été facile, et je sais que vos mains ne tremblaient pas de froid » affirma-t-il. Ce détail ne lui avait pas échappé « Je sais » répéta-t-il encore une fois, comme pour marquer le coup. Il savait que c’était difficile et que, en lui prenant son enfant, Corvus avait emporté une partie d’elle-même avec lui. Il savait aussi que ce n’était pas la confiance qui avait poussé Leonys à lui confier son fils, mais bien le désir ardent de le voir vivre et de le sortir de là. Le sakaien n’avait pas la prétention de pouvoir y prétendre « Je suis désolé d’avoir été obligé de le faire, de vous avoir forcer la main. J’aurai aimé pouvoir faire autrement » déclara-t-il. Leonys n’était pas forcée d’y croire, mais il était sincère. L’épisode de la fièvre ne lui échappa pas non plus, mais Corvus préférait garder cela pour plus tard, s’il y avait un plus tard.

Abandonnant Leonys, le sakaien avisa un instant les vestiges de la selle. C’était réparable, mais il n’avait pas vraiment envie de se trimballer ça. Tandis que la jeune femme récupérait ses affaires, il la jeta dans un fourré à l’abri des regards. Du coin de l’œil, il la vit accrocher le katana le long de sa taille … ce truc-là était à elle, vraiment, Corvus n’y croyait pas. Est-ce qu’elle savait s’en servir ? Une part de lui était impatient de le découvrir. Elle était loin, bien loin de cette jeune femme sans défense que lui avait inspirée leur première rencontre à Venovos et, bien malgré lui, cette idée n’était pas pour lui déplaire.

Tandis qu’il raccrochait lui-même sa ceinture de Captis Ball – son épée soutenait toujours la tente de fortune – le jeune homme écouta les paroles de Leonys. Sortir de cette pluie, oui c’était une bonne idée. Retirer la robe ? Oui, pourquoi pas – Ewa n’aurait pas manqué de lui hurler dessus à cette pensée – Rentrer chez lui, la laisser ici attendre dans la nuit ? Mais bien sûr. Tout à fait. Cette fois, Corvus sentit son calme légendaire lui échapper.

« — Oui, bien sûr, vous avez raison, je vais vous laisser ici toute seule dans le froid et le noir, avec un bébé et un katana » rétorqua Corvus, presque agacé.

Corvus l’observa d’un air entendu. Il soupira, chassant l’exacerbation qui l’avait gagné l’espace de quelques instants. La fatigue le rendait moins patient … finirait-elle un jour par comprendre, enfin, qu’il n’était pas homme à la laisser seule face à l’obscurité ? Qu’aussi longtemps qu’il serait là, conscient de son infortune, il ne l’abandonnerait pas seule en proie au chaos ? Corvus n’avait pas la prétention d’être un preux chevalier ni d’être son sauveur, mais il avait ce désir, cette volonté d’être là pour elle lorsqu’elle en avait besoin et lorsqu’il le pouvait. Si son cœur lui portait de l’affection, il n’attendait rien d’elle et ses décisions, loin d’être gouvernées par un désir de reconnaissance, étaient dénuées de tout intéressement. Corvus le faisait parce qu’il était comme ça, et parce qu’il sentait au fond de lui qu’elle le méritait. A la lumière de toutes ces rencontres que le destin avait orchestré pour eux, Corvus entrapercevait aujourd’hui une idée, une vérité, un fait : Leonys se dressait seule face à la vie depuis trop longtemps. Telle une bête blessée et meurtrie par la vie, elle grognait, acculée, tentait de mordre les mains qu’on lui tendait. Malheureusement pour elle, Corvus était patient et entêté, persévérant et tenace ; il venait de Sakai, la terre la plus hostile et austère d’Ekoe, et les bêtes ne lui faisaient pas peur. Il n’avait absolument pas l’intention de la laisser ici seule dans ce marais puant, à attendre quelqu’un qui, peut-être, ne viendrait jamais.

« — Je suis navré, Leonys, mais vous allez devoir me supporter encore un peu » déclara-t-il, se reprenant un peu. Oui, bon, il s’était peut-être un peu énervé, mais cela arrivait à tout le monde, non ? « Est-ce que vous savez où est votre … amie ? » lui demanda-t-il « La meilleure option qui s’offre à vous est de tenter de la rejoindre avant que la nuit ne tombe complètement. Si vous restez ici, vous attraperez la mort » affirma-t-il « Je connais ces marais. Si vous acceptez de faire ce que je vous dis, on devrait y arriver » assura le sakaien.

On. Nous. Elle allait devoir s’y faire. Le destin l’avait de nouveau mise sur son chemin et Corvus ne comptait pas la laisser s’en sortir aussi facilement. Le sakaien se demandait bien quel genre d’amie pouvait préférer les marécages putrides aux routes pavées d’Ekoe. Qui pouvait bien s’adorer à ce genre d’endroit, vraiment ? Il y avait bien cette vieille sorcière mais … non, c’était peu probable. Impossible.
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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyLun 13 Avr 2020 - 11:10

J’imagine avoir de la chance. Mes silences, mon stoïcisme quasi permanent, tous ces efforts pour conserver un masque de parfaite impassibilité au quotidien… Ils portent habituellement fruit. Les questions s’abandonnent sous mes regards désintéressés et mes réponses évasives parviennent à décourager les plus motivés. Tenez vous loin. Je n’ai pas besoin qu’on me questionne, simplement qu’on me laisse à cette vie en parallèle du reste. Cette vie profondément solitaire. Oh, ce n’est pas grave. Je préfère souffrir dans ma solitude que de me trouver mal accompagnée, vulnérable à nouveau. Quelque part, je sais que Corvus l’a compris. Pourquoi s’entête-t-il alors ? Pourquoi ne me laisse-t-il pas tranquille ? Pourquoi reparaît-il toujours alors que je m’obstine à le voir disparaître de ma vie et de mes pensées ? Non, il veut savoir pourquoi je me trouve ici. J’aurais préféré le discours incendiaire que les interrogations, néanmoins j’en sais assez sur lui désormais pour savoir qu’il ne procède pas ainsi. Il préfère me mettre à l’aise pour que j’abaisse mes murs, un pas à la fois. Je ne sais pas quoi penser de cette tendance chez lui, j’ignore même si elle est consciente. Elle me dérange néanmoins. Car elle fonctionne.

Ainsi placé, Aster n’a plus rien à craindre du froid ou de la pluie. Certes, l’air demeure désagréablement humide, mais au moins il est sorti d’affaire. On ne peut en dire autant de moi, qui tousse de plus en plus, les poumons douloureux. Mes tremblements s’intensifient; il faut savoir que je n’avais absolument aucune intention derrière la tête lorsque j’ai affirmé vouloir me débarrasser de mes vêtements. Je n’ai même pas pensé à ce que cela suggère, à vrai dire je n’ai dans l’idée que mon confort. Et ma santé. Cette robe m’alourdi et cette pluie n’arrange en rien le froid que je peux ressentir à l’heure actuelle. Je suis tentée de rappeler Oreste à sa balle pour lui éviter cette averse d’ailleurs, mais ce dernier ne semble pas vraiment incommodé. Surtout, j’ai appris ma leçon. Il est hors de question d’errer seule dans ces marais désormais et j’ai confiance que l’Absol assurera ma sécurité. Corvus ouvre la bouche une fois de plus et j’ai cette sensation maintenant familière qu’il prononce exactement les bons mots pour m’apaiser. Je lève un timide regard en sa direction, accompagné d’un maigre sourire. Cet épisode est derrière nous.

«Je manque de jugement lorsqu’il s’agit de mon fils, ou même de moi-même. C’est un trait de caractère des Valencia, la fierté, je crains ne pas en être départie. J’avais besoin de quelqu’un pour prendre les choses en charge et c’est ce que vous avez fait. Merci de comprendre.»

À sa manière, du moins. Je soupire, ramenant les pans de mon manteau par-dessus ma tête en grelotant de plus belle. Pourvu qu’Azmitia se presse. Il fait sombre de manière prématurée ce soir, en raison de ce ciel couvert. L’épuisement me gagne rapidement et cette toux m’incommode. Je me rassure en me disant qu’au moins Corvus sera à l’abri sous peu et que je n’aurai plus à me préoccuper de sa santé. S’il reste à mes côtés, rien ne l’assure de ne pas attraper ce mal qui m’afflige. Je grimace à voir sa lourde armure, gorgée d’eau. Je pourrais lui proposer mon aide pour la retirer, après tout j’avais cette tâche lorsque Arthur jouait les soldats pour bien paraître. Celle-ci semble différente, mais je pourrais probablement me débrouiller. Or, s’il s’y risque, il devra porter l’armure en pièce détachée à dos d’Airmure. D’ailleurs, peut-être voler de manière sécuritaire sans sa selle qu’il a jeté dans les fourrés ? Je me mordille la lèvre, inquiète pour son sort, avant de réaliser que l’inverse se produit de son côté. Son sarcasme ne m’échappe pas, témoignage d’un agacement probablement mérité.

«Je ne suis pas sans défense, monsieur le héros ! Je sais m’en servir de ce katana.»

Pour prouver mon point, je retire l’arme de son fourreau, la faisant habilement tournoyer dans ma main, avant de la remettre à ma ceinture, un air de défi brûlant en sa direction. Pour qui me prend-il ? Je ne suis pas la jeune femme en détresse qu’il s’imagine. Je lui ferai ravaler, moi, je vous le dis. Je n’ai besoin de personne et certainement pas de sa protection.  

«De toute manière, qui vous a mis en charge ? Vous avez l’occasion de partir alors faites-le, c’est vous qui allez attraper la mort, d’abord ! Je suis fatiguée des hommes qui pensent qu’on a absolument besoin d’eux, vous savez quoi ? Je me débrouille très bien toute seule.»

Il ne s’agit plus de lui ou de moi ou de cette situation. Je m’approche de lui, en proie à ma colère, à la fatigue écrasante, à la fièvre. Je n’ai pas envie de dépendre de quelqu’un ce soir, pas quand j’effectuais ce voyage pour me ressourcer, pour penser à mon avenir. Pourquoi le destin le met-il toujours sur ma route ? J’essaie d’avoir l’air plus grande, plus imposante, mais il me surclasse encore de presque deux têtes. Je lève les yeux vers lui, mais je n’y parviens pas, je n’y parviens plus vraiment. À lui en vouloir. Parce qu’en vérité… Je suis contente qu’il soit là et qu’il se propose à m’aider. Cette idée me renverse, me dégoûte. Je ne réalise pas qu’il y a de la force à emprunter un autre chemin que celui qui me mène toujours derrière mes retranchements.

«Je…»

Je baisse la tête. Oreste accourt contre mes cuisses, comme pour me retenir, car il me voit bien trembler de froid et de fatigue sous cette pluie.

«Mais encore, vous n’êtes pas comme tous les hommes. Je suppose. Comment est-on supposé le savoir ?»

Qu’il ne me fera pas du mal lui aussi ? Je m’entoure douloureusement de mes bras en soupirant. Je n’ai plus la force de l’affronter. Ou de me combattre moi-même. Je reste un moment de trop silencieuse, probablement. Je n’ai pas envie de ses discours à l’instant. Je veux juste me reposer.

«L’île Kokoae, elle habite l’île Kokoae. C’est encore loin et je suis fatiguée. Connaîtriez-vous un endroit au sec où nous pourrions reprendre des forces avant de reprendre la route ? Je n’ai presque rien avalé de la journée.»

Je ne le regarde pas, car je ne suis pas encore prête à assumer notre partenariat. Peut-être plus tard.

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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyLun 13 Avr 2020 - 17:19


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Lorsque Leonys tira son katana hors de son fourreau, le bruit de l’acier fit vibrer le cœur de Corvus. Le jeune homme avait ça dans le sang et comme un appel, la vue de la lame attisa son adversité. Malgré la situation et la colère de la jeune femme, les yeux de Corvus brillèrent durant quelques instants … bien sûr qu’elle savait se battre, comment avait-il pu en douter ? Un sourire de satisfaction se dessina sur son visage tandis qu’elle faisait tourner le sabre dans sa main, déballant ses paroles de femmes indépendantes. Un trait caractéristique des Valencia, la fierté ? Corvus n’aurait jamais deviné. Le sakaien demeura silencieux face à ses paroles, impassible face à ce feu, à cette volonté de prouver qu’elle n’avait besoin de personne et encore moins de lui. Malgré toute la gravité relative de la scène, Corvus ne pouvait s’empêcher d’arborer un sourire d’amusement, laissant la colère de Leonys glisser sur lui. Le Lion de Kuni … le jeune homme comprenait désormais ; Ronan, malgré tous ses défauts, ne manquait pas de clairvoyance. Son sourire, certainement, ne manqua pas t’attiser un peu plus le courroux de la jeune femme. Elle savait se débrouiller toute seule ? Hey oui, il avait vu ça effectivement.

Finalement, elle s’approcha de lui, presque hors d’elle. Elle tenta de lever les yeux vers son visage, mais son regard peina à l’attendre. Elle était exténuée, à bout de force, malgré tout elle continuait farouchement de refuser son aide, de repousser sa présence … et malgré cela, Corvus restait, pliait comme un roseau sous la tempête. Il restait non pas par fierté, mais par devoir, par envie, parce qu’il savait qu’au fond d’elle-même, Leonys savait qu’elle avait besoin de lui. C’était cela même qui la dérangeait tant, et dans sa fierté elle refusait de l’accepter. Elle semblait vouloir lui prouver qu’elle n’avait besoin de personne et certainement pas de lui, bon petit soldat sakaien qu’il était. Corvus n’avait jamais prétendu le contraire, mais ses épaules étaient chargées d’un poids qu’elle refusait de partager ; un poids qui, aujourd’hui, en cet instant précis pesait trop lourdement. Corvus ne souhaitait pas la décharger de ce poids, il souhaitait juste le rendre moins lourds. Lorsque, finalement la tête de la jeune femme s’abaissa, le regard de Corvus la suivit dans son mouvement … le sourire du jeune homme s’était effacé et, silencieux, le sakaien sentit quelque chose en elle s’apaiser, se calmer. Sa fierté était toujours là, bien présente, mais Leonys n’avait plus la force de la faire bruler.

Non, Corvus n’était pas comme tous les hommes. Il n’était pas comme Arthur, n’était pas Arthur. Comment l’en convaincre ? Comment le savoir ?

« — Le temps peut le dire, parfois. Si on lui en laisse l’occasion » répondit simplement Corvus. Et il n’en ajouta pas davantage, laissant ses mots résonner dans l’esprit de la jeune femme. Ne pas fermer les portes, les laisser entrouvertes.

Lorsque, finalement, Leonys se résolut à tolérer son aide, ses indications manquèrent de faire s’étouffer Corvus. L’Île Kokoae, rien que cela … ils avaient juste un marécage à traverser, puis un lac remplis de spectres ; tout ça en pleine nuit. C’était de la folie ! Une part de lui aurait voulu être en mesure de raisonner la jeune femme, mais Corvus avait le pressentiment que tous les arguments du monde n’auraient pu venir à bout de sa détermination. Et puis, il y avait cette fameuse amie que son Vibraninf était parti chercher … braverait-elle le marais de nuit à la recherche de Leonys ? Le jeune homme était presque sûr que oui, si elle lui ressemblait un tant soit peu c’était même certain. Les femmes avaient un goût démesuré pour les choix déraisonnables. Peu de possibilités s’offraient à Corvus, malgré cela il peinait à en choisir une, car aucune ne lui convenait vraiment. Traverser le marais tant que la nuit n’était pas encore trop sombre et risquer de voir Leonys s’effondrer d’épuisement ? Faire une pause pour reprendre des forces et laisser la nuit profonde rendre leur traversée plus dangereuse encore ? Attendre le lendemain et laisser son amie errer seule dans le marais ? Les tremblements de Leonys, cependant, achevèrent sa raison … elle grelotait de plus en plus et sa toux se faisait toujours plus forte. Corvus ne pouvait pas la laisser subir ça plus longtemps … oui, il connaissait un endroit susceptible de les abriter. Les sakaien avaient aménagé une grotte de fortune quelque part dans les marais, une sorte de campement destiné à accueillir les soldats égarés ou ceux qui voulait simplement faire étape. C’était un campement militaire, sans confort, mais cela suffirait bien. L’espace d’un instant, Corvus observa autour de lui, cherchant à déterminer leur emplacement exacte … la grotte n’était pas très loin.  

« — Nous avons un campement de fortune, un peu au sud d’ici. Ce n’est pas un palace mais nous y seront à l’abri, et y a de quoi faire un feu » affirma Corvus « Nous réfléchirons mieux à tête reposée, peut-être » ajouta-t-il. Corvus avait cependant peu d’espoir de voir une meilleure solution se présenter à eux. Sans la selle, il lui était impossible d’emmener Leonys et son fils jusqu’à l’île. L’armure lisse des Airmure n’offrait aucune prise à laquelle s’accrocher et si le sakaien était en mesure de s’en sortir, Leonys n’aurait pas cette félicité … non, c’était trop dangereux « Allez retirer votre robe. Vous n’aurez qu’à la mettre avec la selle, je reviendrai les chercher plus tard » lui proposa Corvus « Pendant ce temps, je vais voir avec votre hérisson s’il peut chauffer la cape. Cela vous tiendra chaud, à vous et Aster, le temps que nous arrivions » déclara-t-il.

Corvus aurait voulu pouvoir faire mieux, mais il n’était pas magicien. Il aurait voulu être un vrai héros et être capable de la déposer directement devant la cabane de son ermite d’amie, l’éblouir de l’éclat de son armure, faire cesser la pluie, échauffer son cœur, mais Corvus n’était que Corvus. Il faisait de son mieux, mais le sentiment d’impuissance qui l’envahissait désormais était tenace, minant. Il voulait faire mieux, mais ne le pouvait pas.
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Leonys A. Valencia
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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyLun 13 Avr 2020 - 18:35

Le temps peut le dire, parfois. Si on lui en laisse l’occasion.

J’y réfléchis longtemps.

L’idée tourne dans ma tête, étrangère, inhabituelle. Le temps. Est-ce aussi simple ? Arthur a mis plusieurs années avant de me dévoiler son véritable visage après tout. Ai-je le luxe de me tromper une fois à nouveau ? À quoi cette nuit d’errance m’engage-t-elle de toute manière ? Je l’ai nommé, scandé à m’écorcher les poumons : je sais me débrouiller seule. Je peux me défendre. Alors pourquoi, pourquoi ai-je si peur de lui ? Oreste m’accompagne, le déchiquèterait avant même qu’il ne puisse poser une main sur moi. D’un geste fluide, quoique probablement un peu rouillé, je lui enfoncerais ma lame dans l’estomac s’il tentait… mais quoi ? L’idée me paraît saugrenue, même à moi-même. Non, je patauge en terrain familier, sans être en mesure d’identifier ce qui cause mon trouble. Le temps, au moins, me permettra de l’investiguer. Il y a plus que la fierté ici. Ce que je cherche à éviter avant tout est la dépendance. La vulnérabilité. Sur cette route, peu importe où elle nous mènera, je tâcherai de faire ma part. Je le protégerai, même si l’idée pourrait lui sembler saugrenue. Je compterai sur lui, ce soir, juste pour ce soir. Sauf que j’aimerais… qu’il en fasse autant avec moi.

Le temps. L’idée résonne encore et encore. Car j’ai parfois ce sentiment erroné d’avoir vécu plus que mes années. En enfer, on perd toute notion du temps, et à bien des égards c’est ce que j’ai pu vivre auprès d’Arthur. J’ai perdu tout sens et maintenant, j’oublie ma jeunesse. J’oublie qu’il y a devant moi une tonne de possibilités. Comme celle suggéré par Lord Sitan par exemple, dans sa fameuse lettre, celle qui causé tout ce calvaire. Le temps, une notion floutée encore maintenant. Tantôt le temps me file entre les doigts, tantôt je m’impatiente de sa mollesse. M’ouvrir aux hommes me paraissait tout bonnement impossible, simplement… impossible. Corvus vient sans le savoir d’ébranler une conviction pourtant solide. Je l’observe comme s’il s’agissait de la première fois, dans ses vêtements trempés, ses cheveux sombres retombant contre son visage, mouillés et couverts de vase. Je vois cette porte que s’ouvre, qui s’ouvre tout doucement. Le tout ne dure rien qu’un instant, car la toux secoue mon corps une fois de plus. Douloureusement, je tâte mes côtes, me doutant que cette fois je serai bien, bien malade.

La perspective d’un campement forme un grand, grand sourire sur mon visage. Pas besoin d’un palace, tant qu’on peut y être au sec ! Un feu, oh ! Je gémis de bonheur à cette idée.

«Cela semble parfait, vraiment parfait.»

Le soulagement dans ma voix est palpable. Sans même y réfléchir, je m’active à ses ordres, cherchant une manière de me débarrasser de ce vêtement humide et collant à ma peau. Mes doigts engourdis n’aident en rien ma progression dans l’histoire. Je dois retirer le manteau d’abord, qui ressemble davantage à une cape à vrai dire, m’atteignant la taille et sans manches. Par la suite, je fais rouler la robe contre mes épaules. Le vêtement tombe de lui-même au sol. Tremblante et frigorifiée, je ne me retrouve qu’en simple braies et une chemise dévoilant mes épaules, permettant un allaitement facile. Je suis exposée. Totalement exposée. Ou presque disons. Oreste s’approche comme pour me couvrir, mais bien sûr il n’est pas assez grand.

«Dépêchez-vous je vous en prie.»

Mon ton est sec, un peu humilié. Néanmoins je me sens déjà bien plus confortable sans le poids mouillé de la robe. Les sous-vêtements m’indisposent aussi, mais il est des choses que je ne me permettrai tout bonnement pas. Une fois que Corvus m’a couvert de sa cape, je soupire d’aise, récupérant par le fait même le bébé. D’une main experte, je fixe le rebozo et donc mon fils contre ma poitrine. Je lui adresse un baiser sur le sommet du crâne. Déjà, l’enfant me réchauffe. Je fais signe à Solal de me rejoindre et le petit grimpe sur mon bras tendu pour se glisser dans mon cou.

«Il va falloir m’expliquer tout de même ce phénomène étrange par lequel mes robes se trouvent mises à mal en votre présence, Corvus. Encore une fois, quel beau gâchis. Ne vous donnez pas la peine, j’ai l’impression que tous les lavages du monde ne suffiront pas à la départir de son odeur de vieux marais.»


J’adresse une œillade humoristique en direction du jeune homme. Je me perds dans l’immensité de sa cape, chaude et rassurante. Je me sens déjà beaucoup mieux, et l’étreinte combinée de Solal et d’Aster n’y est pas pour rien. Je regarde le cavalier aérien soudain, réalisant qu’il n’a pas la même chance.

«Hum. Venez ici voir.»


Je lui fais signe de s’approcher. Prudemment pour éviter que la cape ne s’ouvre et ne dévoile une fois de plus les dessous discrets de la robe que j’ai abandonnée à la boue, je fais un pas de plus, prenant l’Héricendre d’une main pour le hisser sur les épaules de Corvus.

«Voilà. Aster et moi nous réchaufferons bien assez, au moins comme ça vous avez un petit compagnon. Solal est un peu timide, mais il est doux.»

L’Héricendre, un peu gêné d’avoir atterrit sur les épaules d’un inconnu, se cache dans sa masse de cheveux, ce qui ne doit pas manquer de lui réchauffer le cou. Attendrie, je ne peux réprimer un sourire. Comme quoi, je peux prendre soin de lui moi aussi ! J’adresse une petite caresse à Solal, peut-être un peu trop près du visage de Corvus.

«Oh, pardonnez-moi. Allons-y, je vous suis.»

Avant de partir, je pose la robe bien en évidence sur son rocher, sa manche pointant en direction de la forêt marécageuse, comme pour indiquer notre direction. Je rejoins ensuite Corvus, de bien meilleure humeur depuis que je suis entourée de sa cape. Je continue à tousser périodiquement néanmoins. Nous nous mettons en route dans une quasi obscurité. De nombreux bruits atypiques se font entendre, n’augmentant pas du tout mon sentiment de sécurité. Je rêve de plage, de ma plage. La pluie s’abat toujours sur nous, plus finement peut-être. Oreste reste à mes côtés, entre Corvus et moi. À intervalles réguliers, l’Absol lui jette des regards, comme pour le surveiller.

«Et vous, qu’est-ce que c’est ? Je veux dire… depuis le trou dans le ciel, que parvenez vous à faire qui est différent ?»


C’est drôle comme je n’ai jamais abordé le sujet avec autrui, sauf peut-être dame de Rosfind, avec qui j’ai vécu la transformation. Je suis curieuse de le découvrir, curieuse de découvrir beaucoup de choses à son sujet finalement.
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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyMar 14 Avr 2020 - 10:38


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L’idée de se soustraire à la pluie et au froid sembla redonner vie à Leonys. Comment l’en blâmer ? Au fond de lui, Corvus aussi était heureux d’avoir choisie cette voie-là. Il était éreinté par le voyage et frigorifié par son séjour dans le marécage. Son armure pesait lourd sur ses épaules et, déjà, il sentait ses bras payer le prix de l’aide énergique que Skadia avait déployé pour le sortir de la vase. Un peu de répit leur ferait du bien, même s’ils risquaient de le payer plus tard. Tandis que la jeune femme s’affaira à retirer sa robe, Corvus lui tourna volontairement le dos, rappelant Shama dans sa Captis Ball. Il aurait voulu pouvoir préserver son intimité, lui éviter cette humiliation, mais le jeune homme savait que se défaire de cette robe était la meilleure chose à faire. Et puis, de toute manière, quelle idée de se balader dans un marais en robe, hein ?

Lorsqu’elle revint vers lui finalement, le cœur de Corvus fit un bond dans sa poitrine. Le peu de vêtements qui lui restait le mit mal à l’aise, pourtant son regard glissa sur son corps dévoilé l’espace de quelques fractions de secondes. Il détourna le regard un peu gêné et, passant derrière elle, il s’empressa de la couvrir. La cape à la main, il s’approcha de la jeune femme et alors qu’il s’apprêtait à l’envelopper, le sakaien se figea lorsque, au détour d’un regard, ses yeux se posèrent sur ses épaules, sur sa nuque, sur son dos. Corvus sentit son cœur s’arrêter brutalement et son souffle se couper, car il y avait sur sa beau blanche, presque transparente, des traces que le guerrier qu’il était ne pouvait ignorer. Connaissait. Son immobilité, bien trop longue pour être dû au hasard, ne manquerait pas de trahir sa surprise, mais Corvus s’en fichait bien. Il y avait dans ses marques, dans ses cicatrices, un relief effrayant qui lui glaça le sang. Il n’y avait que cela partout où ses yeux se posaient. Se reprenant, le soldat acheva son mouvement et déposa le vêtement encore chaud sur la peau glaciale de la jeune femme … mais quelque chose au fond de lui ne parvenait pas à se défaire de ce qu’il venait de voir et de comprendre. Il se rappelait de la remarque qu’il s’était faite le soir du bal lorsque, par réflexe, Leonys avait levé les bras pour se protéger de lui. Il se rappelait de se souvenir qu’il inspirait à la jeune femme, de cette crainte dans ses yeux ; et la vérité fondit alors sur lui comme un oiseau sur sa proie. Il sentit ses griffes acérées lui labourer le cœur comme un millier de lames et sa mâchoire se serra. Bien en vain, Corvus tenta de respirer pour chasser sa colère et cette haine fraichement acquise envers cet étranger. Arthur ? Bien sûr que c’était Arthur. Corvus se demandait bien pourquoi cela l’affectait autant. Est-ce que cela le regardait, le concernait ? Non, pourtant, en cet instant précis, il aurait payé cher pour ramener ce monstre de la mort et le tuer lui-même … Corvus ne comprenait pas pourquoi ce sentiment le gagnait ; en vérité, quelque chose au fond de lui le savait très bien, mais il se refusait à l’admettre.

Comme une bouée à la mer, les paroles de Leonys le sortirent de ses pensées, lui arrachèrent un sourire. C’était un bien malheureux hasard, effectivement. D’abord l’Airmure, puis le marais … à ce rythme-là, la garde-robe de la kunioise allait en prendre un sacré coup.

« — Heureusement que ma mère n’est pas là pour voir ça » affirma le jeune homme « Elle me tuerai, assurément » déclara-t-il.

Si Ewa était loin d’être aussi conservatrice et réfractaire que la plupart des nobles de Sakai, elle ne gardait pas moins au fond de son cœur une vision romantique de ce qu’un jeune homme et une jeune femme de leur rang pouvaient faire, devaient faire. Elle aimait voir son fils prendre soin de ses compagnes, des femmes de manière générale … les laisser patauger dans la boue ou les faire monter sur un Airmure était loin, très loin de son idéal et de ce qu’elle attendait de Corvus.

Alors qu’ils s’apprêtaient à partir, Corvus observa un instant la jeune femme. La cape était bien trop grande pour elle, mais cela avait peu d’importance : elle jouait son rôle et c’était tout ce qui comptait. Tandis qu’il terminait de boucler son épée à sa taille, le jeune homme se tourna vers l’Airmure, lui indiqua de voler au-dessus d’eux. Sa présence dissuaderait les pokémons nocturnes de venir les importuner. Avisant le chemin qu’il comptait prendre, Corvus laissa un frisson le gagner … bientôt, la nuit tomberait complètement et avec elle disparaitrait les derniers rayons du soleil. Ils ne devaient pas perdre de temps.

La voix de Leonys l’interpellant ne manqua pas de le surprendre. S’approcher ? Corvus s’avança, à la fois curieux et hésitant … qu’est-ce qu’elle lui réservait encore ? Elle leva une main vers lui et le jeune homme s’immobilisa, se figea … que … qu’est-ce qu’elle faisait ? Le sakaien la sentit déposer quelque chose sur son épaule et un coup d’œil dans sa direction le laissa nez à nez avec le Héricendre, lui-même un peu hagard de se trouver là. Corvus n’y avait pas fait attention jusqu’à présent, mais il était minuscule. Quel âge avait-il ? Le jeune homme sentit la créature se glisser dans son cou et se blottir dans sa nuque, disparaissant derrière ses cheveux. Le petit hérisson se cala entre sa peau et son colletin de maille et au contact de ce petit corps chaud, Corvus sentit ses muscles tendus par le froid desserrer leur étau. Ses épaules elles-mêmes s’affaissèrent un peu, accueillant cette chaleur inespérée. Corvus sentit Leonys cajoler un instant le Héricendre et la proximité de sa main vis-à-vis de son visage lui donna un frisson. Un autre genre de frisson.

« — Je … merci » la remercia-t-il finalement, presque timidement. Et il lui offrit un sourire.

Sans attendre, les deux nobles se mirent en route et prudemment, Corvus guida le petit groupe qu’ils formaient à travers le marais. Entre eux cheminait l’Absol et le sakaien pouvait parfois sentir son regard sur lui. Le jeune homme avait encore du mal à s’habituer à sa présence … il lui rappelait beaucoup trop Kassian. Le petit garçon qu’il avait été ne s’était jamais remis de sa disparition brutale et malgré toutes les années passées, il lui semblait que ce n’était toujours pas le cas. Lorsque Leonys le questionna concernant sa propre magie, Corvus tourna un regard vers elle.

« — J’arrive à faire bouger les choses à distance. Je peux les faire léviter, les lancer ou les faire venir à moi mais … je manque encore de précision » répondit-il. Corvus était exigent et plus encore avec lui-même. Son regard s’attarda un instant sur Leonys et l’aura blanche, opaque, transparente qui s’élevait faiblement autour d’elle. La magie de l’air lui avait été accordé et à mesure qu’il la découvrait, le jeune homme en comprenait tout le sens, toute la profondeur « C’est étrange, ce que le Destin nous offre. J’ai le sentiment que rien ne nous a été donné au hasard » affirma-t-il.

La magie de l’air s’accordait parfaitement avec cette liberté que Leonys semblait tant désirer. Corvus s’en était déjà fait la remarque lorsqu’il avait découvert l’aura venimeuse de Bresingra. Le don qu’il avait de percevoir cela faisait de lui quelqu’un de dangereux et il le savait.


La nuit était définitivement tombée lorsqu’ils arrivèrent enfin aux abords de la grotte. N’importe qui n’aurait pas pu la trouver et son entrée était tout juste assez grande pour laisser passer Skadia. Comme Corvus l’avait promis, ils y trouvèrent des fagots de bois sec entassés dans un coin de la grotte – un trésors inespéré au milieu de ce marécage humide – et sans attendre, Corvus s’affaira à l’allumer, non sans réquisitionner l’aide du petit Héricendre préalablement déposé au sol. Le sakaien envoya Skadia chercher quelque chose à faire cuire en tandis que l’Airmure disparaissait à l’extérieur, Corvus regretta de ne pas avoir préciser quoi. Il n’avait plus qu’à espérer que le choix de l’oiseau d’acier se porterai sur quelque chose de comestible pour les humains.

La lumière chaleureuse du feu réchauffa bientôt la grotte d’un éclat rougeoyant, apaisant. Parce qu’il ne savait pas combien de temps ils allaient rester là, Corvus se décida à retirer son armure. Le cuir gorgé d’eau était lourd et froid et pesait sur ses épaules plutôt inutilement … à cette heure du soir, en plein cœur du marécage, il avait peu de chance de tomber sur une armée, voir même sur quelqu’un tout court. Malgré sa détermination, le sakaien se rendit vite compte que la tâche ne serait pas aussi aisée qu’il l’avait espéré. S’il était en temps ordinaire largement capable de se débrouiller tout seul, il sentait ses épaules s’étirer douloureusement à chacun de ses gestes, grimaçant sous la contrainte. Skadia lui avait haché les muscles ! Ou les ligaments ? Le jeune homme n’en était pas certain, mais il ne parvenait pas à atteindre les boucles les plus reculées. Pendant un instant, Corvus chercha une solution, une issue. Sous son armure, il avait encore un colletin en maille qui lui enserrait le cou … les boucles se trouvaient dans sa nuque, hors de sa portée dans son état actuel. Non, il n’y parviendrait pas seul, impossible. Le jeune homme hésita un instant, avant de finalement se tourner vers Leonys.

« — Leonys, est-ce que vous … » lui demanda-t-il. Un peu gêné, il ne termina pas sa phrase « Il y a une sangle derrière, je n’arrive pas à l’atteindre » expliqua-t-il « Je ne me retourne pas » lui promit-il en lui tournant le dos. Corvus se languissait du jour où le Destin cesserait de les tourmenter.

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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyMar 14 Avr 2020 - 12:17

À vrai dire, cette situation entière n’irait probablement pas améliorer les rumeurs à notre sujet. Rumeurs absolument infondées, gratuites et puériles, d’ailleurs. Je me demande encore comment les gens entretiennent une telle créativité à l’égard des relations des autres, sans même se questionner davantage. Malgré moi… J’ai été sujette à ce genre d’idéation ridicule dans ma jeunesse. Passé un certain âge, j’en ai perdu toute envie. Les histoires personnelles des autres les regardent. Et dans ce cas précis, il n’y a même pas d’histoire personnelle. Simplement le fruit d’un acharné hasard, décidé à nous tourmenter d’une certaine manière. Cette fois je dois avouer que je n’aurais pas exactement d’explication à fournir tant tout ce récit s’avère farfelu, inimaginable. Je ne peux réprimer un léger sourire en imaginant dame Sylpha réprimander son fils à nouveau. Non pas que Corvus s’en soucierait véritablement. Du peu que j’ai pu en voir, les réprimandes maternelles l’amusent davantage qu’autre chose. Cette pointe d’humour dans cette conversation me permet de m’alléger un peu. Je n’ai pas manqué son hésitation alors qu’il se trouvait derrière moi, et si j’ai interprété d’abord la chose pour de l’intérêt causant une gêne voir une certaine crainte, j’ai réalisé par après ce qu’il signifiait de dévoiler mes épaules devant lui. Il a vu ce que peu peuvent prétendre : mes cicatrices. Ces vestiges d’une autre vie, ces marques indélébiles du passage d’Arthur.

Il sait.

Sans avoir tout le portrait, sans en avoir véritablement discuté, je suis persuadée de la chose. Il sait. J’ignore comment réagir face à cette idée. Je me sens vulnérable et confuse, dévoilée d’une manière qui… Oh, probablement n’est-il pas le seul à s’en douter. Les cousins auront probablement effectué le même rapprochement. Or, je peux avoir confiance en la discrétion de mes cousins. Je sais que ces personnes-là ont mon intérêt à cœur. Ils l’ont prouvé à maintes reprises, étant présents lors de moments-clé pour permettre mon épanouissement. Ils peuvent comprendre, sans me juger. Que pensera Corvus de moi maintenant ? Cette idée me bouleverse. Il doit penser… Que je ne suis qu’une pauvre femme, qui a eu ce qu’elle devait mériter. J’ai ouvert la bouche comme pour me justifier, pour trouver une excuse. On retombe rapidement dans ses vieux réflexes après tout. Qui a dit que ces marques avaient été causées par mon défunt époux ? Ç’aurait pu être un Pokémon aussi. Vu ma tendance à me mettre les pieds dans les plats, cela n’aurait rien de véritablement surprenant. Pourtant, lorsque j’ai fait volte-face vers lui en me couvrant avec la cape, j’ai vu dans ses yeux autre chose. De la colère. Je n’ai pas cherché à le questionner.

C’est trop difficile. La chose m’est tout bonnement impossible. Je décide de me distraire de ces pensées du souvenir de la rencontre entre Solal et Corvus, plutôt, alors que nous avançons dans les marais. Mon cœur se réchauffe à nouveau devant l’expression du jeune homme, légèrement surpris, puis son sourire. Je me surprends à sourire en y repensant, non sans en ressentir une certaine chaleur au creux de l’estomac. À cause de Solal, bien entendu. Cet Héricendre pourrait faire fondre le plus rude des cœurs. Mon tout nouveau compagnon est du genre un peu nerveux, mais somme toute attachant. Toujours blotti contre la nuque de Corvus, il me jette des regards une fois de temps en temps, pour s’assurer que je suis toujours bel et bien présente.

«Je suis d’accord avec vous sur ce point. Vous vous souvenez de ma domestique, Akeira ? Elle a obtenu le don du feu, ce qui correspond parfaitement avec sa personnalité énergique, optimiste et parfois un peu destructrice vu sa maladresse aguerrie. Pour ma part, j’ai encore beaucoup de difficulté à maîtriser mes pouvoirs, même que je ne réalisais même pas en être l’origine au départ. C’est encore étrange… À ce que je peux constater, vous vous y êtes exercé. Je ne suis guère surprise.»

En le sens où il semble être une personne disciplinée sur tous les aspects de sa vie, tout à son honneur d’ailleurs. En ce sens, nous sommes opposés. La seule composante de ma vie où il semble y avoir de l’ordre, c’est bien dans mon travail. La vie dans l’armée doit forger ce trait de caractère, peut-être. On m’a toujours dit que j’étais trop rêveuse pour être organisée, une tendance que j’inverse progressivement en développant des stratégies pour augmenter mon efficacité. Je n’ai néanmoins pas le temps présentement de m’acharner à un entraînement pour la maîtrise de mes capacités. Je souris d’ailleurs, en réalisant qu’en certains points, nos pouvoirs se ressemblent. Comme nous, je suppose ? Je n’y ai jamais vraiment réfléchi.

La grotte apparaissant enfin me fait pousser un soupir de soulagement. L’endroit, comme promis, n’a rien du confort de nos demeures respectives. Néanmoins il s’agit d’une vision totalement inespérée. Oreste en profite pour se secouer de l’eau de la pluie. Pour ma part, je m’avance vers le fond de la grotte où je m’installe pour allaiter Aster, sous ma cape. Ce faisant, de lui chantonne une berceuse, apaisée de ce rituel entre nous deux. Le petit rechigne un peu, il a peu d’appétit ce qui est normal après toutes nos aventures aujourd’hui, je suppose. Je le pose ensuite sur le sol le temps de changer la couverture qui l’entoure pour une, plus sèche, trouvée dans mon sac. Le bébé semble bien éveillé malgré la nuit tombante, ses petits membres se secouant avec énergie. Je rigole devant son empressement, et je vois se former, sur ses petites lèvres, un de ses premiers sourires.

«OH ! Il a sou-»

Je m’interromps devant la requête de Corvus. Le pauvre semble avoir les bras bien douloureux après avoir été ainsi malmenés par l’Airmure. Laissant là le bébé (de toute manière est confortablement installé sur l’ancienne couverture, posée sur le rebozo, et emmitouflé d’un linge propre, sous la protection d’Ori), je m’avance en direction du soldat. Je l’observe un moment. Il a fière allure dans cette armure, c’est un peu dommage de la retirer. Non pas que ce soit bien grave. Je peux comprendre l’intérêt de se dévêtir par un moment comme celui-ci. Prudemment, je défais donc la sangle, faisant passer le plastron au-dessus de sa tête. Il y a là un colletin de maille aussi, qui me résiste un peu plus. Après quelques secondes à me débattre prudemment avec l’objet (je ne voudrais pas étrangler le cavalier après tout), je parviens à mes fins.

«Voilà. Vous devriez être plus confortable. Débarrassez-vous de cette tunique aussi, vous allez attraper froid. Puis selon Lord Dyaga, c’est tout un spectacle à voir. Comment disait-il déjà ? Une carrure de Tauros ?»

Je rigole avant de réaliser ce que je viens de dire. Rougissant profondément, je m’éloigne en toussant, cette fois plus pour faire taire mon embarras que de dégager ma gorge. Oreste m’observe d’un air peu impressionné, comme s’il avait compris ce que je venais de dire. Bon ça va, c’est bon hein. Une fois à l’écart, j’utilise la cape de Corvus pour me couvrir, me départissant de mes sous-vêtements mouillés. J’enfile une sous-robe blanche contenue dans mon sac. Elle a au moins le mérite de couvrir mes épaules de ses courtes manches. Moins de chance pour la poitrine vu le décolleté du truc. De toute manière, il n’y a pas de raison de s’en émouvoir, ce n’est pas comme si j’avais été gâtée de ce côté. Je récupère aussi les balles de mes compagnons, hésitant un instant devant le katana pour lequel, finalement, je me ravise. Oreste reste près d’Aster tandis que je rejoins Corvus près du feu. J’évite soigneusement de le regarder en remettant sa cape sur mes épaules. J’ai aussi laissé derrière moi mes bottes, avançant mes pieds frigorifiés en direction du feu. La fatigue m’alourdit et ma tête dodeline de part et d’autre. Je combats néanmoins le sommeil, toujours dans l’attente d’Azmitia, mais surtout celle d’Aetius. Son absence prolongée cause énormément d’angoisse. Pour la faire taire, je fais appel à Napoléon, qui sitôt apparu se matérialise presque sur mes genoux. Solal, pour sa part, a envahi ceux de Corvus.

«Cet endroit est parfait. Il n’y a plus qu’à attendre mon amie maintenant.»

Nous n’avons jamais été seuls… de cette manière. Je me sens timide, maladroite, incertaine. Toujours en tenant de ne pas le regarder, je retire de mon sac une gourde et un saucisson bien emballé heureusement, avec un petit couteau. Je lui tends la gourde.

«C’est du vin. Je ne peux pas en boire, mais ça devrait vous réchauffer.»

À vrai dire, je réservais ce liquide si précieux à Azmitia, qui n’a malheureusement pas souvent l’occasion d’en manger. Je me sers du saucisson aussi, invitant mon partenaire d’infortune à faire de même. Manger me fait du bien, tout comme le feu, mais je grelotte toujours sous ma cape, en plus de tousser méchamment. Malgré mon état pitoyable, j’ai envie de passer un peu de temps à discuter autour du feu. Le hic est que j’ignore quoi dire, j’ai… perdu l’habitude ? Ainsi je baisse les yeux vers Napoléon qui, lui, observe avec intensité le noble, comme s’il tentait de percer les secrets de son âme.
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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyMar 14 Avr 2020 - 18:21


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Sans le poids de l’armure sur ses épaules, Corvus aurait presque pu se sentir flotter. Pas comme Leonys bien sûr, mais le jeune homme accueillit cette légèreté nouvelle comme un heureux présent. Ils déposèrent le plastron et la cotte de maille au sol et tandis que le jeune homme s’apprêtait à la remercier, Leonys ne manqua pas de le … surprendre. C’était le terme, oui, surprendre. De surprise, Corvus se figea un instant. Est-ce qu’il avait bien entendu ? Est-ce qu’elle venait vraiment, l’air de rien, de se moquer de lui, un peu ? Derrière lui, Corvus la sentit s’éloigner, mais un large, très large sourire se dessinait déjà sur le coin de ses lèvres. Il se tourna vers elle, la suivit du regard. Le jeune homme la découvrait petit à petit, un peu malgré elle, mais toujours pour son plus grand plaisir. Il y avait donc, aussi, cela en elle … cette familiarité légère, cette touche délicate d’humour, rafraichissante ; couplée d’un soupçon infime, infime ! de provocation. Il y avait donc cela aussi derrière le masque, derrière cette façade. Corvus n’avait pas mal comprit ses paroles, n’y avait perçu aucun sous-entendu luxurieux, n’y avait vu aucune demande maladroite ou déplacée … non, il avait juste parfaitement compris ce qu’elle avait dit, et cela le faisait sourire, parce qu’au fond elle avait bien raison : c’était drôle. Certes, un peu déplacé pour le très jeune duo qu’ils formaient, mais drôle et à ses yeux c’était tout ce qui comptait.

« — J’ai bien peur que vous soyez un peu déçue, hélas » lui répondit Corvus sur un ton singulièrement léger, son sourire toujours sur le coin des lèvres « Dyaga est sujet à l’exagération. Beaucoup » affirma-t-il.

Mais il ne se débina pas, car elle avait raison : la tunique restait malgré tout gorgée d’eau et s’il ne faisait rien, la nuit entière ne suffirait pas à la sécher. S’extirper du vêtement froid et collant se révéla tout aussi compliqué mais cette fois, il eut la décence de ne pas lui demander d’aide. Une telle intimité aurait été mal venue, sans compter que Leonys gardait toujours sur les joues les vestiges de sa gêne soudaine. Avec la force qui lui restait, Corvus essora le tissu qui, sous la pression exercée, relâcha l’eau rapportée du marais. Le jeune homme répéta l’opération plusieurs fois et bientôt, la tunique passa de détrempée à juste humide. Malgré sa fraicheur, Corvus l’enfila de nouveau et partit s’installer près du feu, sur un rocher vraisemblablement installé là pour ça. La tunique pouvait bien sécher comme ça aussi, non ? Cela lui paraissait être un bon compromis.

Finalement, Leonys vint le rejoindre, apportant du saucisson et une gourde de vin qu’elle lui tendit. Corvus accueillit sa proposition avec un sourire de remerciement, prit une longue gorgée avant de se tourner vers l’entrée de la grotte … il espérait que Skadia allait rapporter quelque chose de bien. Il n’était pas question de taper impunément dans les denrées de la kunioise sans fournir sa part ! L’air de rien, il sentit le petit Héricendre venir s’installer sur ses genoux. Corvus n’était pas du genre à se laisser amadouer, mais force était de constater que ce petit hérisson était mignon, peut-être un peu trop. Le sakaien caressa le dos duveteux de la créature, se surprit à le trouver agréablement chaud.

Les paroles de Leonys avaient soulagé Corvus. De toute évidence, la jeune femme avait l’attention d’attendre son amie ici et le sakaien ne pouvait que saluer son choix. Corvus avait beau être courageux, il ne faisait pas des miracles et rejoindre l’Île Kokoae de nuit aurait été suicidaire. Tandis que le silence les environna un instant, le regard de Corvus se baissa en direction du Psystigri qui siégeait sur les genoux de Leonys. L’animal le fixait avec une intensité rare, ses yeux violets figés dans sa direction. Il ne bougeait pas et ne clignait même pas des yeux, s’en était presque … effrayant. Le jeune homme avait le sentiment que le Psystigri cherchait quelque chose en lui. Son aura, semblable à la sienne, luisait d’une lueur forte, intense ; s’il y faisait attention, Corvus était presque certain de pouvoir la sentir.

Un mouvement presque brusque le tira finalement de sa contemplation. Soudainement, Skadia fit irruption dans l’excavation, la gueule chargée comme jamais. Avec une joie non dissimulée, elle s’avança un peu dans la grotte et déchargea sa prise avec une ferveur chaleureuse. Elle était fière, fière ! d’apporter son butin à Corvus et Leonys. Sans attendre, elle laissa tomber de son bec tout un tas de Grenousses, fraichement capturées mais plus tellement vivantes. Prenant soin de ne pas faire tomber le petit Héricendre resté sur ses genoux, Corvus se leva d’un bond, interloqué … cet oiseau avait un caillou à la place du cerveau ! Pourtant le sakaien ne parvenait pas à lui en vouloir. Désemparé, Corvus se massa un instant le front … est-ce que Leonys accepterai de manger ça ? C’était peu probable. Corvus l’avait déjà fait – il possédait bien des formes de courage – mais il ne comptait pas imposer cela à la jeune femme. Le saucisson et le vin feraient bien l’affaire en attendant des plats moins … vaseux. Abandonnant l’idée de faire rôtir les grenouilles, le sakaien laissa l’Airmure les engloutir avant de retourner se rassoir aux côtés de Leonys, presque embarrassé. Solal, lui, ne perdit pas de temps pour regagner les genoux de Corvus … le jeune homme s’en était lui-même entiché, il devait le reconnaître.

Son repas achevé, Skadia s’approchait elle aussi du feu, avec une délicatesse plutôt incroyable au vu de sa taille. Rassemblant ses pattes sous elle, elle déposa son énorme carcasse à côté de Leonys, suffisamment loin pour ne pas l’encombrer, mais suffisamment prêt pour pouvoir, lorsqu’elle le souhaitait, la gratifier d’un coup de bec léger. L’Airmure posa sa tête sur le sol de la grotte, à proximité de la jeune femme, et le bruit de l’acier résonna quelques instants dans la caverne. L’oiseau ferma les yeux, soupira d’aise. L’éclat des flammes dansait sur son armure d’acier et pendant un instant, Corvus laissa la fascination le gagner.

« — Vous charmez mes pokémons, Leonys » déclara-t-il finalement en observa l’Airmure « D’abord Soleil, et maintenant Skadia, je suis presque jaloux » affirma-t-il, une pointe d’amusement dans la voix « Si un jour ils ne reviennent pas, je saurai où les chercher » ajouta-t-il, un sourire sur le coin des lèvres.

Pas tous, cependant : Corvus se gardait bien de laisser Salava donner son avis sur la question. La Tritox était d’une jalousie excessive et le souvenir du traitement qu’elle avait réservé à sa veste, le soir du bal, était encore frais dans sa mémoire. Salava détestait par défaut toutes les filles qui s’approchaient de près ou de loin de son maître, mais elle semblait vouer une animosité toute particulière envers la kunioise. Corvus aurait aimé ne pas en comprendre les raisons, mais une part de lui le savait très bien. Leonys était différente, bien différente des autres femmes qu’il avait eu l’occasion de rencontrer. Elle inspirait chez lui des sentiments nouveaux, et Salava le sentait bien. Cette femme allait lui piquer son maître d’une manière ou d’une autre et la Tritox n’avait pas l’intention de la laisser s’en sortir aussi facilement. Corvus, lui, se fichait bien de l’avis de Salava. Malgré toutes ses pérégrinations, il appréciait la présence de la jeune femme. Il s’était fait à cette idée, l’avait finalement accepté.

« — Vous avez d’autres pokémons, en plus de ceux qui sont là ? » lui demanda le jeune homme « Sans compter Danaé et Aetius, bien évidemment » précisa-t-il.

Il était curieux d’en apprendre plus sur elle, comme si les informations qu’il grappillait çà et là ne lui suffisait plus.

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Message Sujet: Re: L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3|   L'Art de s'Embourber avec Dignité |Leovus <3| EmptyVen 17 Avr 2020 - 18:02

Je ne relève pas son intervention au sujet de mon commentaire. À vrai dire, je n’ai pas tellement envie de penser davantage au torse de mon interlocuteur. Malheureusement pour moi, mon esprit me tourmente encore de ses éclats créatifs, formant des images sous mon esprit. Je m’en gêne moi-même, observant mes propres bras maigres en guise de comparatif. La Leonys avec qui il a échangé quelques danses paraît bien lointaine. Sans la magie de Glorianna, je ne suis qu’une frêle jeune femme sans éclat. Beaucoup trop préoccupée par mon allure que ce que je ne l’aurais désiré, je tâche de faire de l’ordre dans mes cheveux encore humides. Je les balance d’un seul côté dans l’objectif de débarrasser mes traits de ses mèches ternies par ce passage dans le marais. Complexée, je me perds dans l’immensité de la cap comme pour y disparaître. Mes mouvements mal à l’aise n’ont pas manqué d’attirer l’attention de Napoléon qui se retourne pour me réserver ce même sort de l’observation scrupuleuse, à laquelle je réponds par une moue agacée. À vrai dire, j’ignore qui du chat indiscret ou de moi-même m’agace le plus à l’heure actuelle. Nerveuse et sur mes gardes, préoccupée de mille et une choses futiles, imbéciles, stupides, je ne peux réprimer un grand sursaut à l’atterrissage soudain de l’Airmure dans la grotte. Dans mon empressement, j’ai failli jeter la cape de sur mes épaules.

Inconfortable, je me précipite sur la cape pour la faire remonter sur mon corps. Je ne remarque pas tout de suite les proies rapportées par l’oiseau… Des Grenousse ! Oh non, hors de question que je mange un truc provenant du marais. Je plisse le nez de dégoût, l’estomac renversé. Je regarde ailleurs alors que Skadia les gobe avec une joie non dissimulée, le cœur au bord des lèvres. Oreste n’a rien manqué de la scène et s’approche avec méfiance de l’oiseau. Je lui fais signe que tout va bien, mais son œil méfiant ne s’adoucit pas. Je profite de toute cette distraction pour aller récupérer Aster qui n’a pas non plus apprécié l’arrivée soudaine de sa sauveuse pourtant. Napoléon proteste devant mon manque de considération envers lui. Chat capricieux va. Je m’installe à nouveau près du feu, où Ori prend place à son tour, m’encadrant de sa grande carcasse. Le Psystigri s’est lové contre mes genoux à nouveau, ignorant totalement les coups de bec affectueux dont me gratifie par intervalles l’Airmure. Attendrie malgré son entrée spectaculaire, je lui offre les caresses réclamées, habitée par cette sensation de paix qui m’envahit à son contact.

«Je ne mérite pas tant d’attention, mais je me satisfais de leur affection. À vrai dire dans le marais j’ai quand même considéré un moment… Oh, ce n’est pas important.»

Je ne devrais peut-être pas affirmer avec autant de candeur avoir eu l’idée de m’enfuir à dos de l’Airmure et de le laisser à son triste sort. Ce serait malvenu tout de même. Un sourire mi-amusé, mi-gêné sur les lèvres, j’ose enfin redresser le regard vers lui. La lueur des flammes anime son visage, le fait paraître moins pâle et moins sévère. Sa question me fait plaisir d’ailleurs, car il s’agit d’un sujet sur lequel je suis intarissable.

«J’ai en tout sept compagnons. Aetius fut mon tout premier Pokémon, si on veut. C’était le compagnon d’Arthur. À sa mort, il n’était que naturel de le prendre sous mon aile, après tout ce que nous avons vécu tous les deux.»

Mon regard s’égare vers l’extérieur de la grotte. Vivement son retour. Son absence m’angoisse. Mes doigts jouent nerveusement contre les pans de la cape en pensant au Vibraninf. J'espère sincèrement qu'il ne lui est rien arrivé sur le chemin de l'île Kokoae.

«Par la suite, je me suis liée d’amitié avec Danaé, à l’île Kokoae, grâce à Az… à mon amie. C'était officiellement mes débuts en tant que dresseuse. C’est aussi à Sakai que j’ai fait la rencontre d’Ariane, c’est une Beldeneige, et d’Oreste, au mois de mars. Ori a une histoire bien particulière d'ailleurs.»

Je désigne l’Absol sur lequel je suis couchée. Oreste ne réagit pas, se contentant d’un soupir fatigué en fermant les yeux. Je ne pourrai jamais oublier ma rencontre avec l’Absol, unique et prenante. Un véritable coup du destin.

«Vous avez fait la rencontre aussi de Napoléon et bien sûr Solal. Vous affirmez que je charme vos Pokémon, mais je pourrais en dire autant de vous pour Solal et Danaé. Elle vous aime beaucoup, vous savez ? Oh, et le septième et non le moindre…»

Je décoche une balle à ma ceinture, faisant apparaître une souris électrique familière. Pourtant, pas de doute. Il ne s’agit pas ici du fameux Soleil. Celui-ci a une fourrure plus fournie et une plus petite taille. Sitôt apparu que le Pichu disparaît derrière ma cuisse, effrayé par les flammes, le vent, la pluie, Napoléon, Skadia et probablement Corvus lui aussi.

«Je l’ai rencontré au retour du bal, dans les plaines. Je n’ai pas pu m’en empêcher. Soleil m’a donné la piqûre absolue de cette espèce, je le crains. Allons, Hélios. N’aie pas peur. Montre-toi un peu.»

Bonne chance pour le convaincre de sortir de sa cachette. Avec la patience d’une mère, je frotte son dos jusqu’à ce qu’il se sente assez confortable pour grimper dans ma main. Je le pose contre mon épaule, d’où il considère la grotte avec une infinie prudence.

«Et vous alors ? Vous avez probablement beaucoup d’autres compagnons, comme cet Osselait que je n’avais vu auparavant. Nous devrions faire un combat, un de ces quatre. Histoire de vous montrer de quel bois se chauffe Kuni.»

Je lui adresse un petit sourire, presque enfantin et provocateur. La chaleur du feu m’a fait reprendre quelques couleurs, tout comme celle de l’Absol, de Napoléon, Hélios et Aster à mes côtés.
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