Aujourd'hui était un grand jour, pour la première fois depuis que je suis négociateur, j'étais envoyé pour m'entretenir avec la crème de la crème des politiciens de Kuni, je devais rencontrer la cheffe Dorcas de Rosfind. Lorsque j'ai reçu l'information par mon amie de toujours, je dois reconnaître que l'espace d'un instant je me suis senti défaillir. Je faisais de mon mieux pour être à la hauteur, et voilà que mes efforts étaient récompensés. J'avais passé la veille à préparer tout le nécessaire pour voyager en toute tranquillité. Mes Captis Ball et ma rapière étaient prêtes à être attachés à ma taille, mon paquetage contenait tout ce dont j'aurais besoin pour être présentable en toute circonstances. Rien ne manquait, et c'était parfait.

Ma nuit elle ne s'était pas passée parfaitement, j'étais tellement stressé de cette rencontre de la plus haute importance, que j'avais passé une nuit terrible, je m'étais réveillé à de nombreuses reprises, et il m'avait été très dur de me rendormir à chaque fois. Alors le soleil vint me frapper le visage de ses rayons chauds, et en même temps si désagréables. Je devais quitter ce lit, et me préparer, il en allait de la réputation de Mido. Le temps de me préparer et de manger un petit bout, et voilà que j'étais prêt à partir, enfin presque. Cabbe, mon Moumouton qui passait ses nuits au pied de mon lit, en cas de crises nocturne, dormait toujours. Il me fallait me dépêcher si je voulais partir à l'heure convenue. Alors pour ruser je me mis à hausser le ton :


« Ca y est … Je vois trouble. C'est le manque de gras, je me dessèche ! »


Cabbe qui crut l'espace d'un instant que j'avais un souci, se leva alors d'un bond, tout ça pour me voir juste en face de lui, mon masque bien ajusté sur le visage, le regarder avec un air coupable. Il s'était fait avoir, et voilà qu'il rentrait dans sa Captis Ball. Nous pouvions donc partir. Le trajet fut par chance relativement court, et je pus arriver à Kuni, et plus particulièrement Vénovos en fin de journée. Le soleil tombant donnait une vue tout bonnement superbe sur la ville, l'horizon qui se mélangeait à la couleur de la mer était une vue tout bonnement superbe. Je cherchait donc une auberge pour passer la nuit, après tout mon entretien n'était prévu que pour le lendemain. Il me fallut une petite trentaine de minutes pour trouver un établissement disposant d'une chambre pour la nuit.

Je pris mon petit repas, et au loin j'entendais une conversation pour le moins étrange, l'un des deux hommes semblait éméché à la vue des propos qu'il tenait

« Tout à l’heure, on a vu que le chapelet de saucisses n’était pas un objet redondant. Et pourtant, on a pu lui trouver une utilisation périmétrique en s’en servant comme un fouet. »


Je dus étouffer le plus possible mon rire, afin de ne pas m'attirer de problème, et cela me rappelait un dicton que mon grand-père m'avait raconté étant petit, il le tenait d'un ami à lui, de famille paysanne. Ce dicton disait La joie de vivre est le jambon, y'a pas trente-six recettes du bonheur ! Je n'en avais jamais compris le sens, certainement qu'il y en avait aucun, mais c'était le genre de petites phrases qui amusaient toujours, et dans ma tête je remerciait cet homme qui m'avait permis de me détendre un peu. Pour cette nuit, je ne sortis pas Cabbe de sa Captis Ball, je ne pouvais pas me permettre de laisser mon petit Moumouton courir un quelconque risque, mais heureusement pour moi, ma nuit se passa sans encombre.

Lorsque le jour se leva, je ne perdis pas de temps à tourner dans le lit, je me levai d'une traite, et sachant que j'avais encore un peu de temps avant ma rencontre avec Dame de Rosfind, je pris mon temps pour me préparer, je ne voulais laisser aucun détail gâcher ce moment, et ainsi mettre en péril notre rencontre. Une fois assuré d'avoir pris le strict nécessaire, je me mis en route pour le palais. J'arrivai à l'entrée avec un bon quart d'heure d'avance sur l'heure du rendez-vous, mais ma nature précautionneuse m'avait poussé à partir en avance, au cas où quelque chose aurait pu me ralentir sur le trajet. Le contrôle à l'entrée de la forteresse fut rapide, les gardes avaient été avertis de mon arrivée, et la présence de mon masque ne les gêna pas.  C'était tant mieux. Alors que j'entrais, on me demanda de patienter un peu, car dame de Rosfind n'était pas encore là. Qu'à cela ne tienne, j'avais de l'avance et c'était normal. Les minutes défilèrent alors et toujours aucune trace de la cheffe de Kuni. Au bout de vingt petites minutes, alors que j'étais toujours en train d'attendre, je vis une femme d'une trentaine d'années, arriver à toute vitesse depuis l'autre côté du bâtiment. C'était une ravissante femme brune, et alors qu'elle semblait très pressée, je la vis trébucher, n'écoutant que mon instinct, je me précipitai pour la rattraper, heureusement pour moi, comme pour elle, elle était toute proche de moi lorsque cela arriva.

Dans la hâte, je me mis à la porter telle une princesse secourue par son prince charmant. Je n'avais en rien souhaité ce qui se passait, mais c'était ainsi. Je regardai alors la jeune femme avant de la déposer délicatement, ses pieds touchèrent rapidement le sol, et elle se rétablit avec une certaine élégance


« Tout va bien mademoiselle, vous ne vous êtes pas fait mal ? »

HRP:

La jeune femme semblait ne rien avoir, c'était un soulagement, en plus de cela je fus gracieusement remercié pour mon acte, et ces remerciements étaient accompagnés d'un très charmant sourire. Puis elle me demanda mon identité, l'espace d'un instant mon cerveau s'est déconnecté de la réalité, je n'avais pas vraiment l'habitude de voir de tels sourires chez les dames, surtout depuis que mon don s'est révélé. A vrai dire j'ai souvent évité les têtes à têtes pour éviter de leur faire peur à cause d'un nuage de poison provoqué par une mauvaise gestion de mes émotions. Une fois revenu à moi, je me devais de me présenter comme il se devait, après tout, il y avait de nombreux gardes qui étaient en train d'arriver après voir vu la scène. Je compris un peu tard à qui j'avais à faire.


« Pardonnez mon immense impolitesse, je suis Skarm Jomar, le négociateur de Mido. Et à en juger par tout les gardes qui se rapprochent de nous, que vous êtes Dame de Rosfind ? Sachez mademoiselle, que je suis enchanté de faire votre connaissance. »


D'un coup les gardes plus loin tentèrent de me faire reculer avant d'être interrompus par ceux plus près qui avaient assistés à la scène dans son ensemble et surtout telle qu'elle s'était réellement passée. Un souffle de soulagement vint se faire sentir alors que je voyais les lances des gardes se relever, avant de les voir se reculer. Il s'en était fallu d'un cheveu. Et au fond de moi, je me sentais paniquer, en voulant agir avec bonne volonté, j'avais frôlé l'incident diplomatique. Je comprenais désormais pourquoi il était si difficile de devenir Négociateur de nos jours. Je glissai alors un discret merci aux deux gardes situés à l'entrée de la salle. Je leur devais probablement la vie.

Après un bref instant pendant lequel j'ai senti mon cœur arrêter de battre, je me met à suivre cette femme qui est très certainement la cheffe de Kuni, jusqu'à une salle convenant plus à un rendez-vous entre une cheffe et un négociateur. Je n'osais plus regarder nulle part, surtout alors que je suivais cette femme à la silhouette gracieuse, je ne pouvais me permettre de regarder droit devant moi, alors pour essayer d'éviter plus les problèmes, je me met à admirer la tapisserie, et les décorations qui ornent le bâtiment. Il fallait reconnaître que les gens de Kuni avaient de très bons goûts, que ce soit en matière de décorations comme de cheffe. A chacun de mes pas, je faisais bien attention de bien détourner le regard, mais parfois mes yeux ne pouvaient faire autrement que de se poser sur la ravissante femme qui se trouvait devant moi.

Heureusement, nous arrivâmes dans une salle de réunion, c'était parfait ainsi nous pourrions discuter convenablement des raisons de ma venue, et rien ne devrait perturber mon champ de vision cette fois-ci.


« Mademoiselle, C’est carré-carré chez vous, hein ? N'y voyez pas de critique ou de jugement négatif, je repensais juste à la manière très … loyale et rapide à laquelle vos gardes sont intervenus. Après je peux les comprendre voir une femme telle que vous portée par un illustre inconnue, car elle a failli tomber, ça peut éveiller chez certains de la jalousie, ou tout simplement un désir de vous protéger ce qui est tout à fait louable. Après tout comme on m'a toujours dit Des chefs de guerre, il y en a de toutes sortes. Des bons, des mauvais, des pleines cagettes, il y en a. Mais une fois de temps en temps, il en sort un. Exceptionnel. Un héros. Une légende. Des chefs comme ça, il y en a presque jamais. Mais tu sais ce qu'ils ont tous en commun ? Tu sais ce que c'est, leur pouvoir secret ? Ils ne se battent que pour la dignité des faibles. »


Je sentais mon cœur battre la chamade, j'avais en face de moi la plus haute responsable de Kuni, il ne fallait surtout pas dire de conneries sous peine, de finir dans les geôles, en plus de créer un incident diplomatique. Je devais garder mon calme, tout allait bien se passer, après tout si Risette m'avait envoyé, c'est que je pouvais réussir...

J'avais donc bel et bien rattrapé Dorcas de Rosfind, la cheffe de Kuni, et elle m'expliqua alors les raisons de son retard, elle était partie offrir un sandwich à un Magicarpe sauvage. Cette attention était tout à fait louable, et appréciable. Elle proposa même que je l'appelle par son prénom, c'était un grand honneur, mais je ne savais pas si je pouvais me permettre ce genre de familiarités.

Lorsque je fis mon petit discours, je me rendis compte que mon stress m'avait fait dire n'importe quoi, et à en juger par sa réponse, je l'avais potentiellement perdue. Puis je vis son regard se poser quelque peu sur mon masque, mais très vite elle détourna le regard pour regarder des parchemins, avant de remettre ses cheveux sur son épaule droite. Le geste en soi était assez banal, mais je ne pouvais m'empêcher d'y trouver une certaine grâce. Je me devais d'expliquer un peu plus en détail les raisons de ma venue, et pourquoi pas, éclaircir les propos que je tenais juste avant.


« Dame de Rosfind, pardon, Dorcas, premièrement je tenais à vous remercier d'avoir accepté de me recevoir dans votre magnifique pays, et plus particulièrement dans votre charmante ville. Pour votre retard, ne vous en faîtes pas, je peux tout à fait comprendre qu'offrir de la nourriture à un Pokémon aquatique soit une priorité, un des dictons de ma famille est d'ailleurs les poissons sont nos amis, on y touche plus.

Ensuite pour ce que je vous ai dit avant, je le reconnais je me suis exprimé de manière un peu maladroite. Ce que je voulais dire, c'est qu'en voyant la grande réactivité de vos gardes j'ai été impressionnés, j'ai beaucoup entendu dans les rues, que les gens doutaient de votre légitimité en tant que souveraine. Mais de voir des personnes accourir aussi vite auprès de leur cheffe, simplement sur un soupçon, est à mes yeux une preuve que vos détracteurs se trompent lourdement à votre sujet.

Enfin, je suis venu vous voir, c'est en effet pour discuter des relations entre Mido et Kuni. Ma cheffe dame Shalos, aimerait beaucoup que les relations entre nos deux pays soient les plus amicales possibles. Nos deux pays, ont tant à offrir à l'autre, et ma cheffe tout comme moi, espérons bâtir de saines relations avec vous pour, par la suite, essayer de former une grande alliance qui rassemblerait les quatre nations d'Ekoe.

A ce propos, et si vous me permettez une attitude un peu cavalière, je me dois d'avouer que votre perspicacité, n'a d'égal que votre élégance. Pour tout vous avouer, on m'avait dépeint un certain tableau de vous, mais la réalité, est bien supérieure à ce qui m'a été dit. »


Les mots avaient du mal à venir, quelque chose chez cette femme me perturbait, et me déstabilisais. Mais je ne devais pas désespérer, la relation entre Mido et Kuni était en jeu, et en y repensant j'avais moi aussi un moyen de jouer la déstabilisation. Je savais que Dorcas n'avait pas pu garder le contact après avoir regardé mon masque, il y avait un petit quelque chose à jouer. Mais cela devait attendre un peu, je n'étais pas en face d'une amie, mais bien en face d'une représentante d'un des quatre grands pays d'Ekoe. Je me devais de ne pas céder devant le charme de cette ravissante femme, et garder en tête mon objectif...

Je n'étais vraiment pas à l'aise pour discuter, mais je ne saurais expliquer ce qui me rendait si nerveux. Même les propos de la cheffe de Kuni ne me détendait pas, il y avait vraiment autre chose qui me rendait fébrile. J'avais beau me creuser l'esprit je ne parvenais tout simplement pas à comprendre ce qu'il se passait. J'écoutais donc les mots qui sortaient de la bouche de cette femme, par chance elle avait la même volonté que Ceriza ou moi, ce qui allait faciliter les choses.

C'est alors que l'une des prises de parole de la jeune femme me déstabilisa quelque peu. Je ne m'attendais pas à ce genre de révélation sur elle-même. D'un côté j'étais heureux de voir qu'elle trouvait le moyen de se confesser, elle se sentait en confiance en ma présence. Mais d'un autre côté j'étais quelque peu terrifié, savoir ce genre de choses pouvait être un avantage lorsqu'on était quelqu'un de fourbe et de malhonnête. Mais n'étant pas ce genre de personne, je me demandais ce que je pouvais faire.

Mon esprit était tout embrumé, il ne parvenait plus à avoir un raisonnement logique, ce n'était pas bon du tout. Je savais seulement que ce que je souhaitais en cet instant précis était de réconforter cette femme, une petite voix au fond de moi, me poussais à agir en gentleman devant cette âme en peine. Je ne pouvais décemment pas laisser une telle personne se laisser aller à de telles pensées.

Mon corps réagit alors instinctivement, je pris alors sa main dans la mienne avec une infinie délicatesse. Je pus sentir ses doigts s'entrelacer dans les miens, tandis que dans l'instant qui suivit, je l'enlaçai de mon bras libre. En temps normal, mon cerveau m'aurait formellement interdit une telle action. Mais en ce moment mon cerveau semblait être dans un autre univers.

Je ne pouvais supporter de voir une femme comme Dorcas se laisser aller à penser ce genre de choses, elle avait été élue cheffe, ce n'était pas pour rien, je me devais de lui rendre le sourire, c'était plus fort que moi.


« Vous savez Dorcas, tout ce que vos détracteurs peuvent dire, cela importe peu, vous êtes la cheffe de ce pays. Vous avez été choisie pour vos qualités. Et si les gens de votre pays ne peuvent les voir, alors je suis prêt à les voir pour eux. »


Je n'avais toutefois pas terminé de dire ce que je pensais de cette femme, mais mon cerveau qui revenait à lui, comprit à quel point j'avais fait n'importe quoi, j'étais pris de panique, je voulais m'écarter mais dans un même temps je me sentais bien, comme si le temps avait arrêté son imperturbable course. Je pris tout de même mon courage à deux mains et je repris la parole sans bouger.


« Dorcas, vos détracteurs vous causent du tort pour une raison simple, ils vous craignent en somme. Mais comme on m'a dit un jour, la vengeance est un plat qui se mange sans sauce. Je ne sais pas pourquoi je m'apprête à vous dire ça, mais ce sentiment d'impuissance que vous ressentez, je l'ai moi-même expérimenté par le passé, et le plus dur n'est pas de le vaincre, mais de lui faire face... »


La petite voix au fond de moi semblait s'être apaisé, elle avait simplement voulue que je fasse la même chose pour cette femme adorable, que ce qu'avait fait Ceriza lors de ma « chute ». Je ne savais pas si j'avais agi de la bonne manière, mais j'avais l'impression d'avoir pu aider ne serait-ce qu'un petit peu, et je sentis en cet instant un poids s'enlever de mon cœur, pour être remplacé par une douce chaleur. Je sentis alors une petite larme couler sur mon visage, avant de disparaître sous mon masque. Cela avait du bon parfois de mettre des mots sur nos propres maux.

C'était le genre de travail sur soi, qui sur l'instant était douloureux, mais dont on sortait plus fort, et en mon for intérieur, je pensais que ce serait pareil pour cette délicieuse créature...

Je ne semblais pas être le seul à apprécier ce petit moment hors du temps. J'étais certes dans un état de panique intense, mais je fus très rapidement rassuré, Dorcas vint me remercier pour mes mots réconfortants. Je me sentais gêné, car je ne méritais aucun remerciement, mes mots étaient ceux qui se devaient d'être dit. Puis cet agréable moment prit fin, la cheffe de Kuni réalisa comme je l'avais fait quelques secondes auparavant que cet acte était tout sauf professionnel. Elle fit alors un pas en arrière, mais semblait tout de même très souriante.

Je m'imaginais alors ce qu'il se serait passé si une personne était entré à l'improviste dans ce bureau. La vue d'un négociateur Midoyen prenant dans ses bras la cheffe de ce pays aurait certainement provoqué un incident diplomatique majeur. Mais heureusement rien ne se passa. Dorcas reprit alors une discussion plus sérieuse, elle voulait organiser une rencontre avec Ceriza. Mon cerveau se mit alors à carburer à plein régime. Je me mis à imaginer la décision de Risette, elle était certes évidente, mais il fallait tout de même que je sois sur des mots que j'emploierais pour répondre en son nom.


« Madame de Rosfind, permettez-moi en cet instant, de parler au nom de ma cheffe Ceriza Shalos, afin de vous dire qu'elle serait plus que ravie de pouvoir convenir d'un rendez-vous afin de vous rencontrer de manière officielle. Néanmoins, je lui ferais parvenir une lettre pour la prévenir de votre demande et ainsi voir pour convenir d'une date qui pourrait convenir à tout les partis. »


A mes yeux, cette rencontre était une petite victoire. La rencontre avec Dorcas de Rosfind s'était déroulé au final sans trop de soucis, et une rencontre entre les 2 cheffes de Kuni et Mido était au programme. J'étais vraiment fier de moi, et je ne voyais pas vraiment comment les choses auraient pu être mieux. Mais la journée passa de bonne à excellente en quelques petites secondes.

Alors que je savourais intérieurement la réussite de cette entrevue, j'entendis une demande des plus intrigantes. Dame de Rosfind, me proposait, à moi, négociateur Midoyen qu'elle ne connaissait que depuis quelques minutes, de profiter du reste de cette journée pour se détendre à mes côtés à la baie de plaisance de Kuni. S'ils n'avaient pas été bien fixés au reste de mon corps, mes bras en tomberaient.

De toutes les phrases que cette femme à l'élégante allure aurait pu prononcer, c'était bien la seule à laquelle je n'aurais jamais pu penser. Mon cœur battait la chamade, j'étais pris de court. Mais au fond de moi, je savais déjà ce que je comptais répondre, alors je n'hésitai pas.


« Dame de Rosfind, pardon Dorcas, permettez-moi de vous dire que ce serait avec une joie non dissimulée que je viendrais avec vous pour la baie de Plaisance. Mais si cela ne vous gêne point j'aimerais tout d'abord repasser par l'auberge où je passe la nuit, afin d'écrire au plus vite la lettre à ma cheffe, et pour prendre ce dont j'aurais besoin pour visiter les merveilleux paysages que votre Pays a à offrir. »


J'aurais bien ajouté quelques mots supplémentaires pour complimenter sa silhouette gracieuse, mais je savais que quand bien même, elle pourrait être heureuse d'être complimentée, ce serait assez déplacé de ma part... J'étais désormais très impatient de pouvoir profiter d'un peu de détente après cette rencontre pour le moins stressante, et riches en surprises...

Dame de Rosfind comprenait parfaitement mes intentions et c'était vraiment parfait, j'avais réussi à mener à bien ma première mission d'importance capitale. Alors certes cette rencontre s'est commencée de manière très hasardeuse mais au moins c'était un succès sur tout les plans. Les cheffes de Kuni et Mido allaient pouvoir bientôt se rencontrer pour pouvoir souder un peu plus les liens qui unissent déjà nos deux pays. Mais en plus de cela j'avais fait une rencontre des plus appréciables. J'avais devant les yeux une femme splendide, qui avait pour elle des qualités que bien des gens tueraient pour avoir.

La jeune brune, semblait aussi très heureuse, non seulement que notre rencontre se soit passé sous de bonnes augures, mais aussi que j'ai accepté son invitation à venir profiter de l'air pur de Kuni. Je la vis se relever après avoir rempli quelques papiers. Elle se mit à la fenêtre, et j'eus du mal à ne pas regarder dans sa direction. J'étais une fois encore dans son dos, et Arceus me pardonne, mais la vue de sa silhouette était un plaisir coupable. Et quand bien même je tentais de garder mes yeux loin de cette délicieuse vue, autant il m'arrivait souvent de céder à la tentation.

Heureusement pour moi, mon attention fut vite détournée par la nouvelle prise de parole de la cheffe Kunioise. Elle semblait faire un compliment sur la nature Midoyenne. Je me devais répondre quelque chose, tout en restant un minimum professionnel. Notre entretien était certes terminé, mais tout de même je ne pouvais me laisser aller à parler comme je le souhaiterais. J'aurais bien voulu écouter ce que mon cerveau avait en tête, mais cela sonnait un peu trop comme un dragueur. Mais n'étant pas du tout ce genre de personne, je gardais mon commentaire dans un coin de ma tête afin de répondre plus sobrement.


« Vous avez certainement raison. »


Je devais reconnaître que mon esprit était aux abonnés absents, et me rendant compte de la façon un peu sèche avec laquelle j'avais répondue, je devais vite trouver un moyen de m'éclipser pour pouvoir retrouver mes esprits. Plus les secondes défilaient et plus je pouvais sentir mon cœur battre fort dans mon torse, à tel point que je me mettais à craindre qu'il ne m'arrache la cage thoracique. Mais en y repensant la solution était toute trouvée.

Je devais retourner à l'auberge pour rédiger une lettre explicative à Ceriza, et en plus de cela préparer mon nécessaire pour aller à la Baie de Plaisance. Il ne me restait plus qu'à formuler ce besoin d'une manière qui ne passerait pas pour un désir de fuir, ou tout simplement pour une manière d'écourter cet échange.


« Dame de Rosfind, pardon Dorcas, j'ai décidément du mal pour ce qui est de tutoyer les gens. Je suis navré de devoir vous dire ceci, mais je vais devoir vous quitter pour un bref instant, le temps pour moi de pouvoir faire un compte-rendu écrit à dame Shalos, mais je suis déjà plus qu'impatient de vous retrouver pour me faire découvrir toutes les merveilles que compte Kuni. Je dis bien toutes... »


Alors que je prononçais ces mots, je sentis un large sourire se dessiner sous mon masque, qui sait, peut-être que cette délicieuse jeune femme pourra découvrir ce que mon masque cache au bout du compte...

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