ravoure se laissa glisser doucement dans l’eau chaude. La roche fumante, brouillait sa vision et alourdissait sa respiration. Chaque bouffée d’air était un exercice. Malgré tout, elle s’installa le plus confortablement possible contre la pierre, sentant la buée autour d’elle former de petites gouttelettes contre sa peau. Ce n’était pas la première fois qu’elle venait ici. Ni la dernière. Elle savait qu’au bout d’un moment ses poumons adopteraient le rythme imposé par l’air saturé en eau.

Les premières minutes étaient toujours les plus longues. Sa peau délicate ne s’était pas encore habituée à l’eau trouble et les roches sombres griffaient son dos. Bravoure ferma les yeux, se laissant bercer par le calme du lieu et le son de la nature. Elle affirmait souvent détester Ran, son sable qui rendre dans les vêtements et se perd dans les cheveux, ses habitants bruyants et rustres, ses goûts et ses couleurs si variées qu’elle en avait la tête qui tournait. Ce lieu était une exception. Perdu à la limite de la frontière entre le royaume du nord et celui du sud, cette petite oasis au milieu d’un désert de roche ressemblait à un songe.

La Chef de Sakai appréciait la violence du lieu. Les rugissements de l’eau qui se tend vers le ciel comme pour le toucher avant de retomber sur le sol en une myriade de gouttelettes. Tout ici était chaud. Presque brûlant mais jamais tiède. C’était une chaleur humide qui collait les vêtements à la peau et faisait de la mode sakaienne une prison de velours et de fourrure.  Contrairement au reste de la nation ocre, la température ici n’était pas étouffante. Au contraire, elle évoquait chez la Dame, l’image d’un feu de cheminé après un voyage éprouvant entre les vents glacés de la toundra.

C’était Patience qui lui avait fait découvrir l’endroit. Elle venait tout juste de se faire adopter à l’époque. Son corps était squelettique et sa respiration tenait plus du miracle qu’autre chose. Elle l’avait prise par la main, lui soufflant des mots d’encouragement, sans jamais tirer ni pousser. Elle l’avait laissée venir à son rythme dans l’eau, sans jugement, ni pitié. La mère était rentrée dans l’eau avec ses vêtements pour ne pas l’intimider, même maintenant elle pouvait encore entendre son rire raisonner contre la roche. « Ce ne sont que des vêtements. » Elle se rappelle avoir fondu en larmes en entendant ces mots. C’était à ce moment là qu’elle avait compris qu’elle était réellement aimée.

« Merci. »

La Chef de Sakai rouvrit les yeux. Elle ne faisait plus de sifflement en respirant. Elle pouvait voir, en face d’elle, à demi caché par les rochers, Sindri et Eldr assis de dos. Probablement en sueur dans cette atmosphère humide. Le garçon avait insisté pour monter la garde. C’était aussi une excuse pour s’amuser avec ses flammes. Elle pouvait vaguement distinguer de petits éclats de lumières jaillissant de devant lui. Il était absolument fasciné par sa magie. Elle-même n’avait pas encore trouvé le temps de se pencher dessus.

Qu’était-ce ? Un miroir de leur âme ? Un désir profond ? Ou une malédiction visant à leur montrer leurs défauts ? Poison et Feu. Deux pouvoirs destructeurs, deux choses avec laquelle ils avaient prit la vie. Pour l’instant les érudits n’avaient pas d’explication intéressante à apporter. On avait remarqué des similitudes entre les pouvoirs de différents individus. Il était supposé que c’était lié aux pokémons, d’une manière où d’une autre mais ceux là étaient restés intouchés. La Dame s’était demandé brièvement quel aurait été le pouvoir de Patience si elle avait été encore en vie. Elle lui aurait donné quelque chose de doux et rassurant, plein de sagesse et de bonté. C’était l’image qu’elle gardait d’elle.

« Dame Bravoure, il y a quelques pokémons dans le coin, je les chasse ? » demanda brusquement Sindri, sans se retourner.

« Non, laisses-les. La source leur appartient. »

C’était la première fois qu’elle emmenait le garçon ici. D’habitude elle s’y rendait avec une petite troupe et Brigit. Les soldats s’entrainaient à lutter contre les éléments pendant qu’elle travaillait à soigner sa respiration. Les pokémons étaient une compagnie étrange, parfois agréable, parfois dérangeante. Patience ne les avait jamais chassé, alors elle faisait de même, c’était une règle implicite entre elle et ce lieu sacré.

indri resta silencieux quelques instants. Elle pouvait vaguement entendre des bruits de coups malgré le son des bulles éclatant à la surface de l’eau. Finalement deux petits pokémon apparurent. Un scalpion et une kungfouine bien particulière. Les deux créatures s’échangeaient des coups qui manquaient fortement de force mais pas d’ardeur. Ils grognaient, mordaient, griffaient et couraient dans tous les sens comme deux furibonds. Bravoure les suivait du regard, les lèvres pincées et son agacement grandissant à la minute.

« Vous êtes sûre que vous voulez les garder ici ? » demanda une nouvelle fois Sindri.

« Oui. »

Elle prit une grande inspiration pour se calmer et referma les yeux pour tenter de trouver un peu de calme malgré les cris et les pleurs. Soudainement, un glapissement aigu puis un bruit d’éclaboussement sonore suivit de peu par une gerbe d’eau brûlante dans sa face lui firent faire un bond. Elle se redressa, fusillant les pokémons du regard. Le scalpion détourna les yeux, cherchant un moyen de se cacher, sans succès. La kungfouine tentait à la fois de garder la tête hors de l’eau et de fuir le plus loin possible de la Dame.

« Ça suffit ! » gronda-t-elle, avant d’attraper la belette bleu par les poils pour la sortir du bassin. « Soit vous partez, soit vous vous comportez convenablement mais je ne tolérerais pas un tel comportement ! » Elle fusilla du regard les deux petits pokémon. Elle pouvait entendre Sindri tenter de retenir un gloussement plus lion. « SUIS-JE CLAIRE ? »

Les deux bestioles hochèrent vivement la tête, tremblantes. Elle les toisa quelques secondes de plus lorsqu’un autre petit museau apparu. Une toute petite kungfouine, de couleur commune cette fois-ci, pointait timidement son nez entre les rochers. Les deux combattant prirent un air encore plus pitoyable. Ah. Il y avait anchwatt sous roche.

Bravoure se rassit tranquillement, regardant la petite scène devant elle. Scalpion et kungfouine tentait d’éviter la petite, la honte très clairement marquée dans leurs gestes. Tête baissée, queue trainante. La nouvelle arrivante se rapprochait pourtant d’eux pour les prendre chacun par une patte, en les regardant avec de grands yeux noirs. La Chef de Sakai pouvait deviner une ressemblance avec la kungfouine chromatique, des sœurs très probablement. Elle les laissa régler leurs problèmes à son feutrés.

La situation n’évoquait rien en elle. Les relations humaines étaient bien identiques à celles des pokémons. Néanmoins, n’ayant jamais eu de fratrie, elle n’avait jamais pu connaitre cette inquiétude protectrice. Elle avait cependant pu être témoin de nombreux outrages lors que les frères ainés allaient jouer le némélios auprès des amants de leurs petites sœurs, au grand désarroi de celles-ci d’ailleurs. C’était un peu la même situation, ici.

Finalement rassurée, la fouine bleu fini par donner une petite lèche sur le crâne luisant du pokémon acier. Le pardon était un concept peu familier pour la Dame. Elle préférait garder en elle sa rancœur que de la laisser partir. C’était cette rancœur, cette soif de vengeance qui l’avait gardé en vie. Patience avait bien essayé de l’amadouer mais sans succès. Bravoure s’accrochait à ses démons comme à des teddiursa en peluche. La vengeance lui procurait un sentiment de sécurité, elle savait qu’elle avait un objectif à accomplir et elle savait vers qui tourner sa colère et son angoisse.

La situation actuelle ne lui permettait pas cela. Les assassins ne laissaient aucune autre trace qu’un désordre générateur de tensions et d’accusations. Elle aimait critiquer les autres royaumes mais elle savait aussi que Sakai ne pourrait pas faire face seule s’ils venaient à s’allier. La vieille nation n’avait plus cette armée immense qui faisait sa force. Elle n’avait plus que de vieux savants rabougris et un conseil vieillissant. En comparant cela à celui de Mido qui avait trouvé un nouveau souffle avec la nomination de Ceriza Shalos… Il fallait réfléchir à la succession.

Il lui arrivait d’en parler avec ses conseillers. Malheureusement aucun candidat ne venait pour l’instant en tête. Sakai était conservatrice et le changement apportait avec lui nombres de doutes. Le peuple n’avait pour l’instant rien à reprocher à son conseil, mais pour encore combien de temps ? Devait-elle attendre qu’un futur conseiller apparaisse comme une fleur ou devait-elle en créer un de toutes pièces ? Elle se laissa glisser dans cette réflexion, cherchant vainement des visages qui auraient pu l’interpeller.

ne aflamanoir accouru dans son champ de vision. Elle la regarda tracer droit vert comme une furibonde avant de prendre son élan pour sauter dans l’eau d’un grand bon. Cette fois-ci Bavoure était définitivement mouillée.  L’eau se mit à bouillonner tout autour du pokémon, la chaleur se propageant très rapidement. Les brûlures qu’elle avait subies lors de l’attaque du grand conseil répondirent à les premières à ce changement brutal de température. La Chef de Sakai siffla de douleur. Elle sortit précipitamment de l’eau en pestant comme un marin. Sindri se retourna en entendant le raffut avant de rougir furieusement.

« Tout va bien, j’ai juste une brusque envie d’une nouvelle fourrure. » gronda-t-elle en fusillant le pokémon du regard.

La pauvre aflamanoir prit un air penaud à peine visible à travers l’épaisse vapeur d’eau. Il sortit en traina la queue, la tête basse, levant des yeux de chien battu vers Bravoure. Cette dernière contemplait sérieusement pousser la bestiole dans l’eau, si elle voulait tant y aller avant de se rappeler les enseignements de sa mère. Ce n’était pas un lieu qu’elle voulait défigurer de sa noirceur.

« Pourquoi est-ce que tout doit être si compliqué… c’est pour ça que je n’aime pas les pokémons. » rouspéta-t-elle en se passant une main devant le visage. « Je suis ici pour me détendre. Ce que je ne peux pas faire, si fait bouillir toute l’eau. »

Elle s’assit sur un rocher non loin et enfila une longue tunique, faisant signe au pokémon feu de profiter de la source. Elle attendrait qu’il ait fini. Patiemment. L’aflamanoir retourna dans l’eau, plus doucement cette fois. Il tournait en cercle dans le liquide, barbotant comme un enfant. Bravoure retourna à ses réflexions.

Il y avait bien quelques jeunes nobles qui pourraient faire l’affaire. Néanmoins, les former prendrait du temps et elle pouvait que certains de ses conseillers étaient à bout. Ils avaient servit le royaume pendant longtemps, certains même qu’elle avait côtoyé quand elle-même était conseillère judiciaire. Ils étaient devenus las de leurs devoirs mais ils étaient aussi terrifiés de la mort. Cette menace qui planait au-dessus de leur tête depuis le grand conseil. Combien de temps encore les nerfs allaient-ils tenir ? Combien de temps avant que ce soit l’un des leurs qui périssent.

Le départ du Chef de Kuni avait déclenché une réaction en chaine. Il s’était réfugié dans l’anonymat plutôt que de faire face avec son royaume aux dangers. Le pleutre. Et dire qu’elle avait eu un semblant d’estime pour lui. N’avait-il donc aucun sens du devoir ? Même Eladan qui avait presque perdu la vie lors du bal d’automne tenait bon.

La Chef de Sakai avait un sens aigu du devoir, ce qui n’était pas forcément visible au premier abord. Son passé avait été trop ravagé par les trahisons. La seule entité qui ne l’avait jamais réellement abandonné avait été Sakai. Elle se rappelait du garde aux cheveux roux, un vieil homme bourru issu des villages du nord qui lui glissait des morceaux de pain dans cellule. Des femmes de chambre qui partageaient avec elle quelques ragots. Du boulanger au coin de la rue qui gardait toujours une part de tarte pour elle. Son devoir était envers son peuple. Elle craignait simplement ne pas être à la hauteur.

Le cailloux sur lequel elle se tenait se mit à briller avant de remuer. Bravoure se retrouva sur ses pieds en un bond. Ce qu’elle avait pris pour une espèce de roche volcanique était en réalité un gringolem aux couleurs singulières qui avait été éveillé pour une raison mystérieuse après un long sommeil. Les yeux du petit pokémon clignotèrent légèrement avant de garder une couleur verte stable. Bravoure se figea. Le pokémon sol, tapota sur le bras qui était resté au sol, celui-ci vibra doucement avant de l’éclairer et d’aller de fixer à sa place normale. Il leva ensuite sa tête vers la Dame. Ses yeux clignotants un peu, comme s’il cherchait à la reconnaître. Il regarda ensuite ses alentours avec curiosité, grattant un peu la mousse qui lui était poussé dessus.

« Oh… Qu’est-ce que c’est que ça encore ? » souffla-t-elle

La créature d’âme et de sable émis quelques sons étranges. Elle semblait heureuse. Tendrement, le pokémon tendit sa main pour prendre celle de la vieille dame qui recula. Les yeux du gringolem clignotèrent et il refit un pas un avant, tendant désespérément sa main vers Bravoure. La vieille dame était désemparée, qu’est-ce que cette créature voulait ? L’aflamanoir, poussa un sifflement et fit un signe de tête à la sakaienne pour lui indiquer de prendre la main du pokémon sol.

« Pourquoi est-ce que- ? Oh, les pokémons ranins sont les pires ! » protesta-t-elle avant de prendre la main tendue.

Le petit golem sautilla sur place. Heureux comme tout. Bravoure haussa simplement un sourcil.

« C’est bon ? Je peux récupérer ma main ? »

La créature de glaise arrêta de bouger. Elle lâcha timidement la main de la vieille dame, qui ramena aussitôt celle-ci contre sa poitrine. Bravoure regarda le petit humanoïde courir plutôt gauchement vers la gauche. Jugeant qu’il devait s’être rendu compte qu’il ne la connaissait pas, elle se rassit à côté de la source, échangeant un regard avec le pokémon feu.

« Quoi ? Je lui ai donné ma main et toi tu as ma source. Tu n'es pas autorisé à râler. »

La Dame de Sakai s’était trompée. Le pokémon noir et gris revenait à grand pas, avançant de son étrange manière qui ressemblait plus à un balancement qu’autre chose. Il tenait dans ses mains une motte de terre d’où sortait de la mousse. Il s’arrêta devant elle et lui tendit fièrement sa trouvaille. Bravoure récupéra la mousse, la lorgnant avec dégout.

« Merci… je suppose. »

La petite créature, toute heureuse de son cadeau, se laissa tomber par terre à côté de la vieille dame, ses deux jambes tendues devant elle. Elle leva la tête vers Bravoure, ses petits yeux clignotants et ses jambes remuant à un rythme qui trahissait son excitation.

« Je crois que vous avez adopté un petit bonhomme. » plaisanta Sindri.

« Je n’ai rien adopté. Il s’est juste assit à côté de moi. » objecta la femme.

« Il s’est adopté lui-même ? Il vous regarde avec tant d'amour… » suggéra le rouquin.

La Chef de Sakai lança un regard en coin au petit golem.

« Tu n’es pas adopté. » expliqua-t-elle.

Le pokémon baissa tristement la tête, ramenant ses jambes contre son torse. Bravoure pesta doucement.

« Je n’ai pas le temps de m’occuper de pokémon. » justifia-t-elle. « Ne me regarde pas comme ça, ça ne change pas les faits. Non. Arrêtes j’ai dit ! Stop. Zou ! Du balais ! Sindri !! »

Le garçon se retourna pour voir le petit golem entrain de serrer la vieille dame dans ses bras et Bravoure avec un air totalement indigné sur le visage. Il éclata de rire.

« Je peux rien faire ma Dame, je ne peux pas m’approchez de vous étant donné que vous êtes… Presque nue. »

« Couard. »

« Il est mignon. »

« Il est collant. »

« J’ai entendu dire que c’étaient des pokémons très loyaux avec un fort sens du devoir. Il pourrait veiller sur vous. Et vous aider dans vos tâches quôtidienne ? » proposa le garçon.

« Il pourrait s’occuper de ses propres affaires, oui ! » protesta Bravoure.

« Vous avez dit oui ! »

« Pardon ? »

Le garçon sourit encore plus. Bravoure le regarda avec de gros yeux. Ce n’était pas ce qu’elle avait voulu dire. Le petit pokémon l’avait lâchée et était reparti lui chercher d’autres mousses, cailloux et autres petits bidules qu’il déposait tout autour d’elle comme des offrandes. La Dame soupira.

« Il sera ta responsabilité. » l’averti Bravoure. « S’il fait des bêtises, s’il ne se comporte pas comme je le veux, je le jetterais dehors. Suis-je claire ? »

« Limpide ! » confirma joyeusement Sindri.

Il pouvait déjà commencer à compter le nombre d’heures avant qu’elle ne tombe définitivement sous le charme de la petite créature.

l semblait que tous les pokémons de la région avaient décidé de se réunir aujourd’hui. Non contents de vivre leur vie paisiblement dans leur coin, il fallait qu’ils se réunissent tous dans la source de Bravoure. Il y avait une myriade de sources chaudes différentes, juste en tournant la tête elle pouvait en voir trois, mais non. Les autres sources n’étaient pas assez bien, il fallait piquer celle de Bravoure.

La Chef regarda la troupe qui approchait avec un enthousiasme non dissimulé. Elle regrettait déjà avoir dit à Sindri de laisser venir les pokémons. L’aflamanoir, elle, faisait des bulles dans l’eau, dont le niveau avait baissé de quelques centimètres déjà. Visiblement elle les connaissait et c’étaient des amis.  Le groupe était hétéroclite et assuré, ils n’étaient nullement intimidés par les humains. Les pokémons se glissèrent tranquillement dans le bassin, nullement gênés par l’eau bouillante. Quelques pokémon lui firent amicalement des signes de main en passant. Un gringolem bleu vint saluer le sien. Bravoure fronça les sourcils. Non, pas le sien, celui de Sindri. Elle ne faisait que tolérer son adorable présence. S’il voulait échanger avec son ami, elle ne lui en voudrait pas.

Bravoure se leva en s’étirant. Elle avait quand même pu profiter un peu du lieu. Elle alla se rhabiller. A sa surprise, le petit golem noir la suivit. Elle avait supposé qu’il resterait avec l’autre de ses congénères mais visiblement il s’était réellement mis en tête de rester avec elle. C’était quelque chose que Bravoure ne comprenait pas, comment pouvait l’aimer du premier abord ? Surtout considérant le fait qu’elle n’avait rien de sa prestance habituelle en tant que chef. Elle regarda la petite créature tourner autour d’elle, ses lumières pulsant doucement, il lui était impossible de deviner ce qu’il lui passait par la tête. Ses pensées malheureusement allaient rester un secret.

Elle rejoignit Sindri qui se leva prestement à son approche, secouant ses vêtements pour enlever la poussière. L’herbe autour de lui était calcinée. Encore une fois, la Chef choisit d’ignorer ce détail. Même maintenant la dame n’était pas sûre de savoir pourquoi elle le faisait. Compassion ? Volonté de gagner son appréciation ? Ou juste désintérêt complet ? La vérité était qu’elle aimait ses défauts. De voir quelqu’un qu’elle considérait comme profondément bon, posséder une telle tare, au point que quelqu’un en était mort, lui donnait l’impression d’être plus humaine. L’espoir qu’elle pourrait peut-être, être quelqu’un de bien. Mais l’illusion de restait jamais longtemps.

« Allons-y. » commanda-t-elle.

« Vous avez un nom pour le petit ? » demanda-t-il.

« Je croyais t’avoir dit qu’il n’était pas à moi. »

Les deux lancèrent un coup d’œil au petit golem de terre qui courait à moitié pour rester à leur niveau. Il ne regardait que Bravoure. Cette dernière soupira.

« Devoir. Parce que tu vas ‘devoir’ t’en occuper Sindri. »

Le garçon fit la moue. Le pokémon était couvert de mousse et de terre, sa forme était craquelée par endroit laissant paraître un éclat vert presque fantomatique. Il allait avoir du boulot. Devoir ne semblait néanmoins, nullement préoccupé par ce fait. Il était visiblement tout à fait normal pour lui d’avoir une fougère sur la tête.