Epuisée et terrassée par les émotions, Laurel ne put que regarder Kira prendre une nouvelle fois le contrôle de la situation. La forgeronne repoussa l’horreur de son amie avec un hochement d’épaule, comme si elle n’avait fait que lui poser une question mondaine. Elles savaient pertinemment toutes les deux que ce n’était pas le cas. Dans un sens, la silencieuse acceptation de la rouquine était plus déchirante que des cris. Pour Laurel c’était tout autant un aveu de ses crimes qu’une générosité mal placée. Kira avait bel et bien tenté de ressusciter sa mère au prix de Jeanne mais elle n’avait pas pour autant mérité la mort.

La joallière se mordit la lèvre, retenant un sanglot. Pourquoi fallait-il que tout aille mal ? Le monde ne pouvait-il pas simplement être noir et blanc ? N’y avait-il donc pas de bonté sans arrière-pensée ? Cozamalolt se plaça délicatement aux côtés de la ranine sous l’œil inquisiteur de Malta. Proto les avait rejoints mais il ne semblait pas reconnaitre le grand oiseau.

Laurel regarda Kira jeter l’une après l’autre ses horreurs. Ce foutus bric-à-brac qu’elle avait amassé dans une quête futile. Voir sombrer ces instruments de malheur lui apportait plus de soulagement qu’elle ne l’aurait pensé. Elle ne serait probablement jamais chevalier mais au moins, si le futur restait sombre, il semblait néanmoins surmontable. Si Jeanne vivait alors la joaillière aussi se le permettait.

Un cri la fit sursauter.

Devant Kira, un coquillage lévitait, entouré d’une aura fantomatique menaçante. C’était une chose que d’ignorer les spectres qu’on invoquait, c’en était une autre de se retrouver face à un de ces monstres. Kira s’effondra lentement devant elle, sans un bruit. Laurel se redressa d’un bond, criant le nom de son amie. Malta réagit plus vite en s’interposant entre sa dresseuse et une violente attaque eau. Le Lac semblait en avoir assez de ces humains qui perturbaient son équilibre.

L’habituelle terreur glaciale tenta de se nicher au creux de son esprit avant de s’évaporer tout aussi rapidement qu’elle était apparue. Cette fois-ci, elle n’était pas seule. Force. Courage. Chaleur. Cozamalolt lui transmettait ses émotions, la protégeant de ses pouvoirs psychiques. Une armure éthérée datant des temps anciens était apparue autour de Laurel. Elle brillait en transparence au-dessus de sa peau, la protégeant des assauts des spectres et illuminant les environs tel un phare.

Kiper et Eros se portèrent immédiatement à la rescousse de leur dresseuse, sans une once de crainte. Laurel porta sa main à sa tête, perdue entre ses pensées et celles de l’oiseau psychique. Pyrite en profita pour sauter de ses bras, ses pupilles étaient étrangement dilatées. Elle fixait avec ardeur un point lumineux dans le lac. Poussée par un instinct plus fort qu’elle la petite salamèche s’approcha du bord de l’eau.

Malta poussa un rugissement de colère.

Cela ramena immédiatement Laurel à la réalité. Des algues s’étaient enroulées autour des pattes et du cou de la carmache, la trainant dans l’eau et sapant ses forces. Sous la surface tendue du lac un œil écarlate luisait. Les rires malsains des spectres emplissaient l’air. Ils étaient encerclés ! D’un coup sec le pokémon aquatique tira sa proie dans les eaux épaisses du lac. Laurel poussa un cri de désespoir mais fut retenue par le crypétro dans son élan. Cozamalolt faisait de son mieux pour repousser les esprits furieux avec l’aide des autres pokémons mais le nombre étouffant de pokémons commençait à avoir raison de leur détermination. Il fallait qu’elle aide Malta ! Un splash! retentit. Pyrite venait de sauter à l’eau. Laurel couru pour essayer de la rattraper mais s’arrêta à la limite de la rive, tétanisée. Elle ne savait pas nager.

« MERDE ! » rugit-elle.

Il lui fallu une fraction de seconde pour se décider et faire demi-tour. Jeanne était sa force. Elle pouvait compter sur elle. Morte ou vivante, peut importait, son influence était toujours là. Que ce soit dans ces muscles nouvellement acquis, entrainés pendant de longues heures à réagir face à toute agression ou bien dans ses pokémons, à jamais vaillant et toujours indomptables. Laurel couru attraper les captis balls, relâchant avec une précipitation paniquée les pokémons. Ils comprirent immédiatement ce qu’il se passait.

Laurel dégaina souplement le cimeterre de Jeanne, jetant le fourreau un peu plus loin. L’arme le glissa facilement dans sa poigne, son poids offrant un réconfort face à son courage vacillant. Du coin de l’œil, elle vit les pokémons aux prises avec les spectres. Kiper se démenait brillamment et Eros faisait preuve d’autant d’astuce que de clairvoyance. La ranine resserra son emprise autour de la garde. Il lui semblait entendre en écho le dernier cri de la dragonne avant qu’elle ne sombre mais impossible de s’arrêter pour ressentir l’horreur et l’angoisse, car déjà le sang battant dans ses veines la poussait à l’action.

« Hématite veilles sur Kira ! Falkor, Komodo surveillez les cieux face aux crypétros ! Nival, Zen, Âtre, déchaînez-vous ! Proto, Kita surveillez leurs arrières ! Malt- … Invar dans le Lac ! Malta et Pyrite ont coulé ! » Commanda-t-elle.

Elle étendit brusquement son bras dans un arc de cercle sifflant. L’espèce de démon rose qui avait essayé de lui sauter dessus s’effondra avec un râle. Laurel expira lourdement, les jambes tremblantes mais le regard sombre. Elle tenta de rester sourde aux cris, au sang et la nausée. Il fallait faire comme Jeanne le lui avait appris. Un pas après l’autre avec assurance. Une Ball’Ombre s’écrasa sur son armure lumineuse avec un grésillement affreux. La ranine sera les dents malgré la douleur, l’armure de Cozamalolt avait amorti le choc. Le pokémon psy faisait de son mieux pour équiper tout le monde cette protection alors qu’un vent mystique se mit à souffler dans leur sens. D’un mouvement fluide Invar plongea dans les profondeurs du lac.

Falkor passa en ligne droite, les ailes déployées tel un ouragan s’abattant sur sa proie déversant un torrent de flammes violettes, Komodo s’agrippait sur son dos chassant les pokémons volants grâce à des attaques plus éclatantes que précises. Hématite bouillonnait d’électricité, elle se positionnait comme une barrière infranchissable entre Kira et les spectres pour permettre à Kiper de se concentrer sur ses ennemis. Ses coups manquaient de puissance mais pas de finesse.

Laurel abattit deux autre pokémons. Elle se déplaçait avec une aisance qui n’avait rien de naturel. L’influence de Cozamalotl chassait le doute et la peur de son esprit et le vent portait ses pas. Si son corps faisait de son mieux pour exécuter les coups appris, son esprit lui travaillait sur un plan. Il fallait qu’elle sorte tout le monde d’ici avant que les esprits n’aient raison d’eux.

***

L’eau était d’encre, les combats avaient soulevé la vase, la visibilité était quasi nulle. Invar pouvait néanmoins voir la flamme de la salamèche crachoter sous l’eau, menaçant de s’éteindre à tout moment. Pyrite hurlait, crachant des bulles alors que l’eau morbide emplissait ses petits poumons. Le lupio ricanait méchamment en la regardant couler lentement. Plus en profondeur, on pouvait devenir la forme serpentine de la carmache qui se faisait trainer vers le fond. Malta se débattait tel un diable mais l’eau alourdissait ses mouvements. Ses griffes lacérant vainement le métal d’une ancre rouillée alors que sa force s’amenuisait à des niveaux critiques. Bientôt elle atteindrait les profondeurs là où le prinplouf était quasiment sûr de ne pas pouvoir la retrouver, si le sinistrail n’avait pas raison d’elle avant. Le pokémon eau devait faire un choix.

Who do you save ?

PYRITE        or      MALTA

HS
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Encore désolé pour le retard ! J'espère que ça te va, ça part en mode combat...
Kira a encore la dague de Jeanne il me semble et Kiper et Eros sont trop classes !!!! (Est-ce qu'on va voir Nala? )
Jeanne si tu lis ça, mais je vais aussi t'envoyer un MP, tu peux répondre pour contrôler tes pokés !
Soyons clair, tu peux essayer de sauver les deux. Si Invar n'en choisis qu'une Nala peut sauver l'autre, sinon Kira peut sauter à l'eau ou autre. Mais c'est pour le drama :3

Combat :
Lupio utilise Hydrocanon sur Malta.
Sinistrail capture Malta avec ses algues et la traîne dans l'eau.
Lumiattirance de lupio attire Pyrite dans l'eau.
Cozamalotl utilise Protection, Mur Lumière et Vent Arrière pour soutenir l'équipe.
Laurel utilise Coupe sur tout ce qui a une méchante tête et s'approche trop près d'elle.
Hématite utilise Etincelle, Coupd'Jus.
Malta utilise Draco-Griffe contre sinistrail mais ce n'est pas très efficace...
Sinistrail utilise Giga-Sangsue sur Malta.

Invar jaillit de l’eau dans un éclatant arc de cercle avant d’atterrir prestement sur la rive. Malta s’accrochait désespérément à lui, les pupilles éclatées telles deux lunes sombres. Elle aimait l’eau juste autant que sa dresseuse. La carmache s’aplatit durement au sol, frissonnant de froid et trouvant du réconfort dans la rigidité sous ses pattes.

Elle leva un œil vers son ami et confident. Elle le reconnaissait à peine. Impossible de mettre un mot sur les émotions qui la tiraillait. Jalousie ? Fierté ? Bonheur ? La seule chose qu’elle savait c’était qu’il avait finalement décidé d’évoluer. Il était temps. La dragonne avait eu l’impression que le pokémon eau se retenait pour elle. Invar semblait finalement avoir trouvé en lui la détermination nécessaire pour grandir.

Elle se redressa, rentrant dans la mêlée à ses côtés. Son corps lui paraissait si gauche et lourd. Plus que la terre, c’était ses pattes qui tremblaient à chaque pas. Ce foutu bout de ferraille avait eu raison d’elle. Encore une fois elle avait été trop faible. Maltra crachota quelques flammes qui moururent dans une volute de fumée avant d’atteindre leur cible. Elle avait pourtant essayé. Durant ces longs mois de voyages, elle avait épuisé son corps et son esprit, allant par-delà les limites pour Laurel et ce sans récompense. L’évolution ne voulait tout simplement pas venir. Pourquoi ?

Ses crocs se refermèrent sur une citrouille qui craqua sous la pression. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Elle voulait devenir plus forte. Elle l’avait toujours voulu. Cette fois-ci cependant, non pas pour tuer ce cauchemar de Tyran mais pour protéger sa nouvelle famille. N’était-ce pas une raison suffisamment valeureuse ? Ou bien devait-elle s’abandonner dans la rage draconique pour invoquer la force qui sommeillait en elle ?

Ses griffes déchiraient chair et plumes, terrassant ceux qui se trouvaient sur son chemin sans pitié. Un rugissement secoua la clairière. Une créature titanesque sortie d’entre les arbres. Ses longs poils noirs miroitaient dans la nuit alors que son petit regard mauvais cherchait la proie idéale. Quelque chose faible et qu’il pourrait facilement vaincre pour briser le moral des envahisseurs. La bête arrêta ses recherches sur la carmache. Il fit claquer ses cheveux comme un fouet. Malta répondit au défit d’un rugissement. Il fallait qu’elle surpasse ses limites.

Les deux créatures s’entrechoquèrent. La carmache siffla de douleur alors que les cheveux ébène de la bête s’entouraient autour de ses membres. Ses attaques étaient sans effet face à la créature de la nuit qui la souleva aisément pour l’écraser au sol. Malta gronda, ses écailles fumaient au contact de la peau de la bête. Elle était à sa merci. C’était le moment ! Il lui fallait plus de puissance ! Maintenant ! Evolution !!

Ses os craquèrent une nouvelle fois sous la poigne de la créature. Elle… n’évoluait pas ? Mais elle avait pourtant besoin de plus de puissance ! Invar et même ce petit evoli avaient évolués. Laurel avait besoin d’elle, elle avait besoin de quelqu’un de fort sur qui compter. Quelqu’un qui serait suffisamment rapide pour arrêter un assassin et suffisamment puissant pour la protéger de tous les dangers de la vie. Quelqu’un qui ne serait pas assez lâche pour la laisser en finir.

Les cheveux la relâchèrent brusquement. Malta se retourna pour voir Laurel -sa Laurel !!- menacer la créature de la forêt avec son cimeterre. Elle brillait, telle une lanterne en pleine nuit. Pendant un instant Malta paniqua, était-ce son esprit ? Son Trésor était-il mort ? Avait-elle échoué ? Invar s’était lui aussi jeté sur le pokémon fée, l’assaillant de ses griffes aiguisés. Malta se redressa malgré les protestations de son corps affaibli, elle était à sa limite. Ses deux compagnons perdaient leur temps à la protéger alors que c’était elle qui aurait dû être aux prises face à ce pokémon. C’était elle qui aurait dû être à la hauteur.

« Cihuāpillahtoāni. Ressaisis-toi. Ils ont besoin de toi. »

Malta grogna, faisant claquer ses crocs. Cozamalotl semblait nullement perturbé par son agressivité. Il se contenta de rester à distance respectable de la dragonne. Chassant l’influence de Choc Emotionnel qui embrouillait l’esprit de femelle faisant ressortir ses pires angoisses.

« Dame Laurel me dit de te dire qu’elle veille sur toi et que tu n’as pas besoin de te donner tant de mal. »

« ME DONNER DU MAL ?! » rugit-elle. « JE ME DONNERAIS TOUT LE MAL QUE JE VEUX POURVU- »

« Pourvu que Dame Laurel vive. »
coupa-t-il, terminant la phrase pour elle.
« Tu pourras lui reprocher sa décision plus tard. Les non-dits peuvent détruire tout aussi efficacement les relations que les insultes ou les blessures. Rassure-toi. A la fin de cette nuit, elle vivra. »

Il s’envola ensuite pour aller soutenir Hématite face à l’assaut de spectres et rassurer Kira. Malta le regarda partir bouillonnante. Comment pouvait-il lui dire que tout allait bien quand son Trésor avait voulu se détruire ? Son regard dévia vers Laurel et Invar. Les deux combattaient main dans la main. L’humaine était toujours aussi gauche, ses coups étaient trop lents et trop larges, ses jambes pas assez stables malgré ses efforts et le monstre ne cessait de l’envoyer à terre et pour autant elle se relevait. Elle se relevait.

Laurel avait retrouvé la volonté de vivre.

Malta ferma les yeux, baissant la tête. A la fin de cette nuit elle vivra. C’était plus que ce qu’elle avait osé espérer ces derniers jours. C’était tout ce dont elle avait souhaité. La carmache fit demi-tour. Laurel vivrait ! ELLE VIT !

Son rugissement raisonna dans la clairière.

« ECOUTEZ SPECTRES ET ABOMINATIONS ET TREMBLEZ ! CAR MA DRESSEUSE VIT ! LAUREL SENJAK VIT ET VOUS AVEZ ECHOUE ! »

Sous ses pattes, la poussière se souleva avec un sifflement aigu. Un tourbillon vint engloutir la carmache, se grossissant et se tordant tel un serpent de vent et de terre. La Tempête de Sable explosa, envahissant l’entièreté de la zone. Falkor éclata d’un rire franc alors que les spectres se mirent à paniquer. Proto leva des petites pattes gélatineuses vers le ciel cherchant à attraper les grains de sable volant. Toute collée contre son frère Pyrite regardait son héroïne semer le chaos dans les rangs des spectres qui se repliaient vers le lac.

« Komodo. Un jour… Un jour je veux devenir aussi puissante que Malta. Je veux que tu sois fier de moi. Je veux que Ma et Maman soient fières de moi. »

Plus bas, non loin de l’épicentre de la tempête, Laurel éclata de rire. Un rire pur et naturel comme on n’en avait pas entendu depuis si longtemps. Un rire de gamine émerveillée par ce qu’elle venait de voir. Malta avait amené Ran à eux. Dans le cœur même du territoire des spectres, sa dragonne, sa merveilleuse dragonne venait de faire apparaître la chose la plus typique de Ran, la chose qui criait « Je suis à la maison ! » haut et fort. Ils pouvaient gagner ce combat. Ils pouvaient chasser les démons. Leurs démons.

« Invar, je te laisse te charger de ce gros tas. Jeanne serait fière de toi, mon grand. Je suis fière de toi. »

Elle courut jusqu’au sac de Kira, fouillant dans ses affaires à la recherche de la fameuse Captis Ball. Si Nala était bel est bien qui elle pensait être alors ça promettait d’être grandiose. Dans la tempête une lumière clignota à intervalle régulier. Le langage codé des miniers. Hématite et donc Kira. C’était par là qu’elle devait aller.

« Cozamalotl, guides-moi. »

« Toujours. »

Le pokémon psy pris de l’altitude, surveillant depuis les cieux l’avancée de sa dresseuse. Il avait vu sa grande bonté d’âme lors qu’il avait sondé son esprit dans les ruines mais… j’avais il n’aurait pu imaginer trouver un tel groupe. On lui avait souvent parlé du lien unissant dresseur et pokémon. Il en avait souvent rêvé même. Son expérience lui avait fait croire que ce n’était qu’un mythe. Et pourtant, voilà qu’il découvrait avec bonheur avoir tort. L’amour pur et sincère qui unissait Kira avec Kiper avait dévoilé le potentiel caché de ce dernier. Et cihuāpiltzintlé avait développé une telle relation avec son équipe que le moindre de ses états d’âme chamboulait toute leur organisation. Il avait vu leur force revenir avec son sourire. Le pokémon oiseau frémit d’impatience. Quelles nouvelles hauteurs ce groupe allait-il atteindre en retrouvant celle qui habitait le cœur de Laurel ?

Arrivée au bord de l’eau, la joaillière devisa la dernière Captis Ball. Toujours garder le meilleur pour la fin, n’est-ce pas ? Une immense forme serpentine s’en échappa. Ses écailles azurées étaient lisses et souples parfaites pour naviguer parmi les torrents déchainés et ses crocs aussi longs et acérés que poignards. Un Lac aussi calme que celui de Noctali allait être un terrain de jeu parfait pour ce prédateur sans égal.

« Vas-y ma grande ! Déchaine-toi ! Montre à Kira à quel point tu es forte !! » lui cria Laurel.

Coincé dans le lac, les pokémons spectre frissonnèrent à l’unisson. Falkor rugit dans le ciel, suivit de près par les cris aigus de Komodo et Pyrite. Sur la rive, Invar venait de terrasser son ennemi. Sa couronne d’or luisant fermement dans la nuit. Il était le roi des glaciers et ces vauriens de fantômes n’avaient qu’à bien se tenir. Laurel rejoignit Kira, l’aidant à se relever, la serrant fermement contre elle.

« Je t’avoues que j’avais oublié que t’avais un léviator… » elle plaisanta avant de prendre un air plus sombre. « Je… Kira, il faudra que je réfléchisse à tout ça. C’est beaucoup à digérer. Partons… Partons juste de ce satané lac pour l’instant et remercions les dieux qu’on n’ait pas cassé l’univers. Demain tout ira mieux et on parlera. On parlera vraiment de ce qui s’est passé. »

Hématite rejoignit les deux femmes, tenant dans sa main un morceau de papier. Elle regarda quelques secondes le mot avant de le laisser s’envoler. Elles n’allaient plus avoir besoin de ça.

HS
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J'espère que ça te va ! C'est un peu d'introspection de la part de Malta. Je t'avoues très franchement que c'était pas ce que j'avais prévu mais c'est toujours bien !
PS: Le sable c'est bien !
PPS: Ma et Maman c'est Jeanne et Laurel ou Laurel et Jeanne, comme tu préfères !

Nala se déchainait. Elle était titanesque et furieuse. Une combinaison mortelle. Serrant Kira contre elle pour la protéger des éclats qui volaient dans tous les sens à cause des Ouragans du serpent des mers, Laurel ne pouvait s’empêcher d’admirer la créature. Bientôt, tous les spectres furent chassés de leur clairière. Même les eaux du lacs restaient silencieuses de toute vie fantomatique. Elles avaient bien foiré leur invocation. C’était probablement pour le mieux, jouer avec la mort était une folie de laquelle aucun homme ne revenait indemne.  

La tempête de sable se tut graduellement jusqu’à ce que seuls ne restent comme témoin de sa présence que les grains perdus dans les vêtements et maquillant de sol de formes arabesques. Malta s’était écroulée au centre de la clairière, la respiration lourde, luttant vainement contre l’épuisement qui menaçait de l’emporter. Elle échangea un regard lourd d’émotion avec Laurel. La situation de ce soir était terminée mais pas résolue. La douleur de la ranine les avait tous blessés, il allait leur falloir du temps avant de réparer ces traumatismes.

Falkor se posa doucement, Pyrite n’attendit pas qu’il soit correctement posé pour courir se blottir dans le cou de la carmache, suivie de près par Komodo. Malta leva doucement son aile, grimaçant devant ses muscles qui protestaient face au mouvement. Les petits salamèches allèrent se glisser tout contre-elle. La dragonne reposa son aile, les cachant totalement à la vue du monde, seule la lueur rouge qui brillait à travers la membrane de ses membres témoignait de la flamme des petits qui brûlait encore et toujours. Invar s’approcha de Malta, la regardant doucement. Il s’installa contre elle, comme pour lui signifier que malgré son évolution, leur relation n’avait pas changé. Laurel lui sourit doucement, hochant la tête à sa question muette. Finalement rassurée, la carmache pu fermer les yeux et se laisser emporter par le sommeil. Sa famille était saine à sauve. Il n’y avait plus que deux morceaux à récupérer pour qu’enfin, elle soit entière.

Laurel regardait ses pokémons se calmer après le combat. Âtre et Falot continuaient à tourner autour de la clairière, prêts à bondir sur le premier pokémon qui approcherait mais aucun ne semblait avoir le courage de montrer le bout de son nez. Proto se roulait dans le sable, il était à peine reconnaissable, c’était comme une boulle de sable gluant, Plante le regardait avec curiosité, elle n’avait probablement pas reconnu le pokémon qui avait bien faillit l’avaler. Cozamalotl faisait des cercles dans le ciel, veillant sur le groupe depuis les airs.

« Kira, je crois qu’on va devoir dormir dans- Kira ? » répéta Laurel plus doucement. La forgeronne était molle dans ses bras, les yeux fermés mais la main toujours serrée autour de la dague de Jeanne.

Le regard de Laurel s’adoucit. Lorsqu’elle était petite Kira s’endormais souvent après leurs aventures. Nyssa disait que c’était parce qu’elle avait dépensé tant d’énergie pour suivre Laurel dans toutes ses idées. De temps en temps Nyssa la laisser rentrer à la maison pour qu’elle puisse la regarder mettre Kira dans son lit, chaque minute passée avec sa meilleure amie était pour Laurel une minute valant la peine d’être vécue. La mère de Kira avait toujours eu cette patience exceptionnelle qui arrivait à calmer même l’excitation contagieuse de Laurel. Elle prenait de son temps pour répondre à ses questions sur les métaux et les bijoux, lui montrant ses créations et ses techniques. Laurel n’avait réalisé que lorsqu’elle avait réellement commencé sa formation de joaillière à quel point les conseils de Nyssa étaient précieux. Elle n’arrivait pas à imaginer la maison des Shikatiloni sans sa présence.

« Proto, viens ici. Ne fais pas de bruit. » chuchota-t-elle à l’attention de son pokémon. « J’ai besoin d’un bras… attaché à au mien pas par terre, merci. » Elle avait perdu l’habitude de lui communiquer des instructions par voix orale.

Proto vint s’installer à son moignon. Il faisait un bras tout sableux mais ce n’était pas très important, le but était qu’elle puisse transporter délicatement Kira pour ne pas la réveiller. Elle souleva la rouquine dans ses bras. Hématite trottina devant elle pour récupérer un tissu, aplatir le sol et étendre la toile pour servir de matelas. Laurel déposa doucement Kira, faisant attention à ce que sa tête ne soit pas sur une surface trop dure. La gravalanch lui apporta un cousin tout déchiré par endroit, il restait néanmoins suffisamment de plumes pour qu’il remplisse sa fonction pour ce soir. Elle allait devoir piquer des plumes à Falkor et Âtre pour le rembourrer plus tard.

Les pokémons s’étaient tous installés pour la nuit. La plupart la regardaient avec de grands yeux inquisiteurs, surveillant le moindre de ses gestes comme si elle menaçait de disparaitre à tout instant. Les autres regardaient anxieusement l’orée de la forêt ou les eaux sombres du lac. La lune avait entamé sa descente mais il resterait quelques heures encore avant le jour.

« Je vais te donner un monde aux milles … non c’est pas ça. Je vais, je vais… Je vais t’offrir un monde, aux milles splendeurs. Dis-moi altesse n’as-tu jamais laissé chanter ton cœur ? » elle se tut. « Okay, je sais je chante faux, pas besoin de me regarder comme ça. » gronda-t-elle les pokémons en chuchotant. « Je sais même pas si c’est les bonnes paroles… J’essaye. J’essaye vraiment. »

Âtre se leva pour venir s’asseoir à côté de Laurel, il passa son bras autour de ses épaules, la serrant contre lui. Invar, commença à fredonner un air, bientôt rejoint par Nival. Un à un les pokémons de Jeanne se mirent à chanter leur chanson. Laurel tenta de suivre le rythme lancé par les pokémons, prenant une voix la plus douce possible.

« Je vais t’offrir un monde, aux milles splendeurs.
Dis-moi altesse, n’as-tu jamais laissé chanter son cœur.
Je vais t’enchanter les yeux,
Aux plaisirs et aux trésors, de ce voyage dans le rêve des cieux. »

Elle grimaça légèrement, c’était pas très ranin comme phrase. Falot clignota un peu pour l’encourager à continuer, il aimait bien la chanson.

« Ce rêve des cieux !!
C’est vraiment merveilleux.
Et je connais plus les paroleeuuuhh.
C’est pas grave on va faire de notre mieux.

Jeanne je t’aime
Et j’ai tellement hâte de… de te serrer dans mes… mitaines !
Chaque nuit loin de toi
Est un calvaire rempli d’effroi.

Ô combien tu me manques
Mon cœur adoré,
Je souffre, quand tu es dans ta planque,
S’il te plait reviens à mes côtés.

C’était supposé être une berceuse pour Kira,
J’ai foiré encore une fois,
Dors mon amie, je veille sur toi
Cette fois-ci je te protègerais de moi. »

Falot virevoltait joyeusement, inépuisable. Âtre s’était endormi sur l’épaule de la joallière au cours de la courte chanson. Falkor fit signe à Laurel que Kita dormait aussi. Zen montait doucement la garde à côté de Nival. La ranine aussi sentait le sommeil la gagner. Elle fit délicatement glisser Âtre sur le sol, puis alla chercher les couvertures éparpillées pour border tous les pokémons. Elle s’arrêta quelques secondes devant Papy Dragon, caressant ses plumes immaculées.

« J’ai vraiment foiré, n’est-ce pas ? Je suis désolée. » dit-elle au pokémon dragon.

Il frotta simplement son museau contre son bras. La regardant de ses yeux rouges remplis de compassion. Elle avait abandonné sa famille mais, celle-ci était restée à ses côtés. C’était à elle maintenant d’ouvrir les frontières. Laurel déposa un bisou sur la tête de Malta qui frémit dans son sommeil. Les mots ne pourraient jamais qualifier leur relation.

Elle s’installa à genoux à côté de Kira, prenant soin de bien l’emmitoufler dans une couverture pour qu’elle n’attrape pas froid. Laurel regarda quelques secondes le visage paisible de son amie. Elles avaient traversé tellement d’épreuves ensemble. Elle ne pouvait pas la haïr, mais sa trahison faisait tellement mal. Elle comprenait, elle comprenait la douleur de Kira, le vide laissé par un être cher et le désespoir qui rend fou. Pourtant ça n’atténuait pas ses actions, même si celles-ci n’avait pas eu de conséquences, les intentions restaient les mêmes. Laurel déposa un léger baiser sur son front.

« Je te déteste peut-être autant que je t’aime. Fais de beaux rêves. »

Laurel alla s’installer à côté d’Âtre pour profiter de la chaleur naturelle de son corps, elle fit aussi signe à Proto de se transformer en Falkor pour qu’il puisse lui tenir chaud cette nuit. Blottie contre les deux pokémons elle laissa son regard se perdre dans les étoiles. Elle tendit sa main en l’air. Elle pouvait presque les toucher si elle fermait les yeux et rêvait d’un ciel bleu infini. Un rêve bleu.

« Ah, c’était la rime. »

Laurel sourit, Jeanne se serait certainement moquée d’elle et aurait probablement rit avant d’essayer de lui apprendre les bonnes paroles. Sans succès évidement. Laurel aurait passé son temps à être déconcentrée par ses yeux, la manière dont ses cheveux rebouclait aux pointes ou tout simplement le son de sa voix. Peut-être que Jeanne aurait été exaspérée. Peut-être qu’elle l’aurait embrassée.

« Demain, je te retrouverais Jeanne. Je sais pas pourquoi tu es partie mais… On a besoin de toi. Je vais que des conneries quand t’es pas là. » elle soupira doucement, à la fois terrifiée et soulagée. « Bonne nuit, Jeanne. Je t’aime. »