« — Où est cette foutue Tritox ? » demanda-t-il pour lui-même « Elle excelle dans l’art de disparaître lorsqu’on a le plus besoin d’elle … si je ne la connaissais pas si bien, je ne manquerai pas de la croire lâche » déclara le soldat.

Malgré l’intimidation de la Feunnec, le Makuhita ne renonçait pas et Corvus s’apprêta à tirer son épée lorsque, finalement, Arsène sortit de sa besace une baie qu’il fit rouler aux pieds de leur adversaire. Le combattant s’en étonna un instant … avant de se pencher pour la manger goulûment. De toute évidence, certaines choses avaient plus de valeur que d’autres. Prudemment, le jeune homme jeta un regard à l’intention du ranin.

« — Filons d’ici avant qu’il ne se rende compte du subterfuge » proposa le sakaien.

Mais l’Osselait ne suivit pas. Il tenait toujours entre ses petites pattes les vestiges de son arme, qui vraisemblablement avait plus de valeur à ses yeux que le sakaien ne l’aurait pensé. Déjà, il pouvait voir les yeux du pokémon s’embuer et devenir brillants, beaucoup trop brillants. Corvus le savait : l’Osselait s’apprêtait à pleurer … encore ! Bien avant qu’il ne se mette à brailler, le soldat s’approcha de lui, non sans garder un œil prudent en direction du Makuhita, toujours affairé à grignoter sa baie.

« —  Ne pleure pas, on t’en trouvera un autre, encore mieux que l’ancien » lui promis Corvus.

Ce n’était pas ce qui manquait sur les terres arides de Ran. Pour l’heure, il valait mieux ne pas traîner … si Corvus connaissait bien ces montagnes et ses dangers, ils n’étaient pas à l’abri d’une malheureuse rencontre. Long était encore le chemin jusqu’à Ran et sans forcément se montrer impatient, le jeune homme avait hâte d’en découdre avec ce Grand Canyon à la réputation si … particulière. Sans un bruit – dans l’espoir de ne pas attirer son attention – les deux hommes glissèrent hors du champ de vision du Makuhita et, prenant la direction du sud, quittèrent la zone qui les avait vu se rencontrer, suivit de près par l’Osselait qui s’était finalement fait une raison. Tandis que les montagnes disparaissaient progressivement derrière-lui, le sakaien jeta un dernier en arrière, profitant une dernière fois de ce paysage si endémique de Sakai. Qui savait ce qui les attendait sur le chemin jusqu’à Ran ?