Laurel était partie avec une mission en tête : « Partir à l’aventure ! » Elle avait un plan en trois parties concocté la veille entre deux tranches de pain au miel et le bisou du soir. Elle avait passé au moins 10 minutes à y réfléchir. Tourner et retourner toutes les possibilités dans sa tête, préparer les outils nécessaires et trépigner d’excitation à l’attente du lendemain fatidique. C’était un plan parfait et infaillible. C’était le coup du siècle.

La petite Ranine était arrivé la veille en ville et avait été ensorcelée par la myriades de nouveautés toutes plus alléchantes les unes que les autres. Elle avait adoré les l’activité grouillante de la ville, ses senteurs, ses bruits et ses couleurs. A peine descendue de la charrette qu’elle avait essayé de détaler pour visiter cette citée aux milles merveilles. Sa mère l’avait rapidement rattrapée pour la coincer sous son bras et la garder à l’œil jusqu’à la tombée de la nuit. Attica lui avait clairement ordonné de ne pas s’éloigner d’elle à cause d’une histoire de « dangereux pour les jeunes filles », « gens malhonnêtes », « marchands de poissons » et « sandwich au fromage ». Laurel n’avait pas vraiment écouté ce que sa maman lui racontait, trop occupée à dévisager l’homme à la peau d’ébène qui aidait Amun à descendre la marchandise. A y repenser, la petite n’était pas bien sûr ce que les sandwich au fromage avait avoir avec tout ça. Surtout qu’ils en avaient mangé hier midi.

Enfin, maintenant était le moment de mettre en place la première partie du Plan-En-Trois-Parties. Il fallait absolument qu’elle trouve un meilleur nom. Le Plan de la Mort ? Non, trop sombre. Le Plan Fabuleux ? Certainement pas. Le Grand Plan ? Le grand plantage, oui. Non, il fallait quelque chose d’héroique de grandiose. Oh, elle avait trouvé : Le Plan de Laurel. Voilà. Avec un nom aussi génial c’était sûr que les gens allaient être impressionné. Après tout c’était nommé d’après elle.

Place à la première partie du plan donc. Laurel jeta un petit coup d’œil au morceau de papier qu’elle tenait dans sa main. Il était écrit grossièrement :

1) Mon nom et est é Maman, je ne quitter pas Laurel.

Juste en dessous il y avait un dessin qui pouvait ressembler à Attica Senjak si on plissait les yeux et qu’on avait bu quelques litres d’alcool. Heureusement pour Laurel, ce petit mot - clairement pas écrit pas elle – faisait office de Maman. Du coup, pas besoin de rester à côté d’elle puis qu’elle avait son petit mot qui disait qu’elle ne quittait pas Laurel. Du pur génie.

Laurel enfila ses bottines, attrapa son bâton, quelques sous, un sandwich au fromage et laissa gentiment une note expliquant à sa maman qu’elle l’aimait beaucoup mais qu’elle devait accomplir la prophétie pour sauver le royaume et qu’elle resterait loin des poissonniers.

Dehors, le jour s’était à peine levé et la fraîcheur de la nuit continuait à s’agripper désespérément à l’air. D’ici quelques heures le soleil brûlant du royaume désertique allait cuire la terre et noircir les récoltes. La petite aventurière resserra fièrement le morceau de tissu qu’elle avait noué autour de son cou comme une cape avant de s’engouffrer dans la ruelle. Les habitants commençaient à peine à l’éveiller  mais déjà l’odeur de pain chaud faisait saliver. Elle salua gaiement le monsieur costaud d’hier qui la regarda passer avec un mélange d’amusement et de surprise avant de rejoindre l’artère principale. Elle jeta un coup d’œil à sa liste froissée. Il était temps de mettre en place la deuxième règle.

2) Ne pas fait conffience o au marchands de poissons qui vendent des send sanditchsandwish au fromage -> MECHANT !!!!!!!!

Suivant ses indications, Laurel se dirigea loin des marchands de nourriture vers les étales plus colorées des marchands de tapis qui la regardaient avec suspicion. Elle s’arrêtait sur tous les stands qu’elle croisait et se fit chasser plus d’une fois par des vendeurs la prenant pour une chapardeuse des rues.

Sur son chemin elle tomba nez à nez avec un gros Rattata noir qu’elle attaqua avec son « épée » dans un combat épique digne des légendes, avec les bruitages et tout ça. La bestiole déguerpit assez rapidement après s’être pris un coup sur la tête et la petit fille put crier victoire. Elle continua donc sa quête divine qui consistait à protéger la ville de des Rattatas. Au bout d’un certain temps le jeu perdit son attrait cependant. La foule avait commencé à remplir les rues et les bestioles poilues avaient plus tendance à fuir qu’autre chose.

C’est à ce moment qu’un lueur attira son œil. C’était le reflet du soleil levant sur une surface brillante. Plusieurs surfaces brillantes même. Le stand ressemblait un peu à celui que tenait sa mère, il y avait même une femme derrière celui-ci avec un autre fille. C’était le moment pour la troisièeme partie du Plan de Laurel !!

3) Trouver un TRAISOR et des AMMIS !!!!! <3 <3 <3

Laurel fonça droit sur le stand, s’écrasant presque dessus, un grand sourire sur le visage.

« BONJOUR ! » hurla-t-elle. Elle regarda ce qu’il avait sur la table. Tout était tellement beau et brillant, elle était juste assez grande pour voir les bijoux délicatement placés. « WOAH ! C’est super beau ! C’est vous qui avez fait ? Je peux en avoir un ? » demanda-t-elle avec le tact d’un Rhinocorne. Elle remarqua alors la jeune fille aux cheveux écarlates qui se tenait sur les genoux de la jolie dame. « Heyy ! Tu veux être mon amie ? Je suis en aventure pour sauver la ville de l’invasion des Rattatas Maléfiques. Tu peux avoir une épée si tu veux ! Tu seras mon écuyer ! »

Elle sautillait presque sur place en lui tendant un morceau de bois tordu qui était supposé faire office d’épée.

Laurel s’agrippait au stand, debout sur la pointe des pieds pour pouvoir tendre le bâton le plus loin possible. Elle l’agitait devant la fille attendant qu’elle l’attrape pour venir jouer avec elle. La Ranine n’avait pas d’amis. Non pas qu’elle soit particulièrement détestée ou associable, elle n’avait seulement jamais eu l’occasion de s’en faire. Parfois des caravanes de nomades faisaient escale près de sa maison et elle pouvait jouer avec les enfants mais ils ne restaient jamais longtemps et, inévitablement elle se retrouvait toute seule avec son imagination. Souvent son père jouait avec elle, prétendant être un roi des ténèbres venu semer le malheur et la désolation pendant qu’elle était le héro élu des dieux possédant une épée sacrée capable de tout couper. Le duo pouvait ainsi jouer pendant des heures, sautant sur les rochers, courant entre les meubles, se cachant derrière les pokémons. Laurel adorait jouer avec son père mais elle voulait aussi avec une amie à elle. Un compagnon pour la suivre dans ses aventures fictives. Et elle avait décidé, là tout de suite maintenant, que la petite fille sur les genoux de la jolie dame allait être son amie.

Laurel regarda silencieusement l’échange entre mère et fille, sachant pertinemment qu’il fallait l’accord des parents pour partir chasser les monstres. Elle espérait seulement que la maman de la petite allait lui donner l’autorisation. Si ce n’était pas le cas, elle pouvait toujours faire un papier pour sa nouvelle amie qui n’avait pas l’air aussi emballée qu’elle a l’idée de chasser le rat d’égout.

« Alors d’abord, c’est pas un bâton, c’est une épée - j’ai pas le droit d’utiliser de vraies épée sinon je vais me faire gronder - » répondit-elle sérieusement, « Et les écuyers c’est les apprentis Chevaliers ! Ils aident les Chevaliers dans leurs quêtes c’est aussi cool que les forgerons ! » s’exclama t-elle avec enthousiasme.

Elle aussi adorait le métier de ses parents mais il fallait bien se l’avouer, prétendre être un forgeron c’était bien moins amusant que de faire le Chevalier !

Laurel passa à quatre pattes sous le stand pour rejoindre le duo. Elle s’était mise de la terre sur sa robe mais considérant la rapidité avec laquelle elle salissait ses habits, c’était plutôt un miracle que le tissu soit resté propre aussi longtemps. Attica avait rapidement abandonné l’idée de lui inculquer la propreté et puis, il fallait bien se l’avouer, sa fille tenait cela de son époux qui trouvait toujours le moyen d’avoir une tâche sur sa chemise. A l’inverse de la fillette au teint matte, Cheveux Rouges était impeccable dans sa petite robe blanche.  Une vraie petite princesse. Peut-être qu’elle n’allait pas réussir à l’emmener jouer finalement. Après tout elle n’avait même pas pris son épée.

D’ailleurs, la maman de sa nouvelle amie posa la question fatidique. Laurel hésitait franchement à dire la vérité, peut-être que la dame allait la ramener de force auprès de Maman rendant tous ses efforts vains. C’était risqué. Mais, en même temps, tout héro qui se respecte se devait de dire la vérité. Et Laurel détestait mentir au plus haut point. Elle croyait que seuls les méchants mentaient, alors il était évidant qu’elle détestait le mensonge. La fillette regarda vers le sol, se tortillant sous le regard inquisiteur de la dame.  

« Papa est à la maison … et Maman est quelque part par là ? » dit-elle vaguement avec une pointe d’hésitation dans la voix. « Mais c’est pas important ça ! Mon nom c’est Laurel et vous deux c’est quoi ? »

Elle réfléchit quelques secondes. Comment pouvait-on se faire une amie ? Comment faisaient-ils dans les contes ? Est-ce qu’il y avait une Destinée qui lui disait que c’était son amie ? Laurel n’avait jamais entendu de voix éthérée jusqu’à présent donc elle se doutait que ce n’était pas ça.

« Oh ! Je sais ! Tu peux avoir la moitié de mon sandwich si tu veux ! Il faut prendre des forces avant de partir à l’Aventure ! » proposa-t-elle joyeusement.

Au même moment, un peu plus loin dans la rue. Une voix se fit entendre, forte et claire malgré la foule présente qui créait une brouhaha. Une femme dans la fleur de l’âge avançait entre les passants. Elle ne s’arrêtait pas pour regarder les stands comme les autres habitants pourtant elle semblait rechercher quelque chose. Ou plutôt quelqu’un.

« LAUREL ! Laurel où es-tu ? »

« uh-oh. » commenta- simplement Laurel. Elle se cacha derrière la femme et sa fille. « Dites-lui que je suis pas là. »

Attica Senjak dépassait la foule d’une tête. Elle avait trouvé le mot de sa fille et était autant inquiète pour sa sécurité que furieuse du fait qu’elle ait désobéit. Ça s’annonçait mal pour Laurel.

Kira n'était pas convaincue. Forgeron et orfèvre étaient forcément les deux meilleurs métiers du monde puisque c'était ceux de ses parents. Pourquoi les auraient-ils choisi sinon ? Les chevaliers qu'elle voyait en ville passaient leur temps à marcher, avec les grosses armures comme pouvait forger son père. Ce devait être épuisant et ennuyeux.
D'autant que ce n'était pas les chevaliers aux belles armures qui allaient chasser les Rattatas envahissants mais plutôt les soldats en plus petites armures. L'histoire de la fille n'avait donc aucun sens.

Pendant qu'elle réfléchissait à la drôle de proposition, la jeune fille passa sous le stand pour les rejoindre, le lougaroc était dans la wattouaterie. Kira recula, impressionnée par sa taille, elle était bien plus vieille qu'elle. Elle se mit à chercher dans sa tête les personnes de cette taille dont elle connaissait l'âge pour trouver celui de la nouvelle.

Perdue dans ses comptes dont elle n'arrivait pas au bout, la jeune fille répondait à Nyssa. Kira capta le mouvement de main vague vers la foule, mais ne vit personne ressemblant de près ou de loin à la ranine. Nyssa fronça les sourcils, visiblement peu convaincue par cette réponse.
La rouquine ne comprenait toujours pas ce qui se passait. Trop d'informations manquaient pour que les choses soient claires. Pourquoi les plus grands étaient si compliqués ?

Face à la nouvelle tentative de la dénommée Laurel, Kira fronça les sourcils, imitant sa mère qui cherchait toujours dans la foule. Un sandwish ? Elle avait déjà mangé et n'avait pas faim. D'autant que sa mère lui avait déjà dit de ne pas accepter les choses venant d'inconnus. A moins qu'elle ne soit plus inconnu maintenant qu'elle connaissait son nom ?
On aurait dit que Laurel voulait obtenir quelque chose de Kira mais elle ne savait plus quoi faire. Cette journée s'annonçait pourtant si bien, pourquoi les choses étaient-elles devenues si difficiles tout à coup ?

Elle regarda sa mère en quête de réponses. Soudain elles entendirent toutes les trois une voix forte de femme appeler Laurel. Maintenant, il y avait bien quelqu'un dans la foule susceptible d'être sa mère, et visiblement pas contente du tout.
La fillette aux cheveux blancs se cacha derrière Nyssa, demandant à ce qu'elle la couvre. Nyssa restait pensive, observant tour à tour la grande dame qui approchait en cherchant sa fille, et la petite derrière sa jupe.
Kira quand à elle, avait abandonné de trouver une logique à tout ça. Si la vie des grands étaient si difficile, peut-être qu'elle ferait mieux de rester petite. Si s'éloigner de sa mère impliquait une telle réaction, elle ne le ferait jamais. De toute façon, elle n'en n'aurait jamais envie.
Mais elle ne comprenait pas - encore - pourquoi la Laurel réagissait comme ça ? Sa mère la cherchait et elle se cachait. Quel enfant avait peur de sa mère ? A moins que la grande dame qui apparaissait au dessus de la foule soit horrible.

La rouquine prit une grande inspiration, passant au-delà de ses méfiances au sujet de la nouvelle arrivante, et saisit le bâton-épée qu'elle avait tant essayé de lui donner et se mit devant elle, entre son monstre de mère et elle.



Nyssa éclata de rire en entendant sa fille annoncer avec aplomb sa détermination à protéger la petite ranine avec qui elle refusait jusque-là de jouer.



Nyssa sourit avec douceur à Laurel.
Kira baissa son bâton-épée, rassurée par l'intervention de sa mère. En vrai, elle ne savait pas si elle aurait pu faire quelque chose face à la grande dame qui approchait. Avec sa taille, elle avait dû repérer sa fille maintenant, elle serait fixée sur sa gentillesse.
Au cas où, elle resta près de Laurel, ne pensant plus à la surveiller mais plutôt à la soutenir. Encore quelques mètres et leurs mères se rencontreraient. Kira était persuadée que sa maman saurait gérer la situation.

Bon, Laurel allait se faire gronder, c’était sûr. Et absolument inévitable. Aussi inévitable que le lever du soleil. Mais la petite espérait que peut-être, après un peu beaucoup de chance, elle pourrait retarder la punition. Parce que là maintenant tout de suite elle ne voulait pas être punie. Elle avait trouvé une amie, une dame gentille et surtout n’avait pas terminé sa quête. Franchement, quel genre de Chevalier rentrait avant d’avoir accomplit sa mission ?

Pour Attica la priorité était toute autre. Il fallait qu’elle retrouve sa fille dans cette ville beaucoup trop grande, nouvelle et dangereuse pour elle. Elle savait que sa petite ne connaissait que leur maison familiale qui était comme un cocon la protégeant du monde. Alors bien sûr, Laurel allait s’imaginer qu’elle pouvait sauter sur les Fermites sans se faire couper en deux, qu’elle pouvait vaincre en combat loyal un homme adulte seulement armée d’un bâton et que le monde était un terrain de jeu immense. Et Attica adorait sa fille pour son innocence et son imagination sans limites mais le monde n’était ni noir et blanc, ni construit de sorte que les héros gagnent toujours. C’était son rôle de maman de protéger sa fille même si comme dans ce cas là, elle se demandait si elle ne l’avait pas trop protégée en l’isolant à ce point de la vie réelle.

Heureusement pour la matriarche Senjak, un ami d’enfance Bronn avait vu Laurel partir ce matin. Les deux adultes étaient donc partis à la recherche de la petite aussi rapidement que possible pour éviter une catastrophe. Connaissant sa fille, Attica avait évité la zone portuaire et le marché des poissonniers. Elle n’avait aucune idée de comment Laurel en était venue à la conclusion que les poissonniers étaient « méchants ». La seule fois où elle lui en avait parlé c’était pour lui dire qu’elle y passerait pour acheter le repas du soir. Et l’histoire des sandwichs au fromage était tellement absurde qu’elle n’avait même pas essayé de comprendre.

Après plusieurs dizaines de minutes de recherche, Attica s’était retrouvée dans le quartier des orfèvres. Il lui restait quelques amis avec qui elle avait gardé contact, elle espérait qu’ils aient vu Laurel passer. Elle allait justement rejoindre l’un de ces amis lorsqu’une touffe de cheveux blancs attira son attention.

« Laurel Senjak. Je peux savoir à quoi tu joues ? » gronda-t-elle.

Laurel poussa gémit avant de sortir piteusement de sa cachette. C’était trop tard sa maman l’avait trouvée, ce n’était plus la peine de se cacher.

« Désolé Maman ... » dit-elle piteusement.

« Désolé ?! Et s’il t’était arrivé quelque chose ! Je t’avais pourtant dit de ne pas t’éloigner parce que la cité n’était pas sûre. » la réprimanda Attica. La femme se tourna ensuite vers leur petit auditoire. « J’espère que ma fille ne vous a pas causé de tord. »

« Mamaaaaaan ! » rouspéta Laurel en tapant du pied, « J’ai pas causé de tord ! Je me suis fait une amie on était supposées partir à l’aventure ensemble ! » Elle pointa le bâton que tenait la petite dans ses mains.

Attica se tourna vers la mère de la petite fille la regardant d’un air interrogateur pour confirmer ce que disait Laurel. Si sa fille se faisait des amis alors elle ne pouvait-être plus heureuse. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle n’allait pas être punie ! Son escapade ou aventure peut importe aurait pu se finir bien autrement et la grande femme était bien contente de ne pas a avoir soigner des bobos. La petite famille que Laurel avait trouvé semblait toute particulièrement charmante et elle était bien heureuse que le duo soit tombé sur son enfant.

En regardant de plus près la femme, Attica lui trouva un air de déjà vu. Elle n’était pas capable de deviner où ni qui par contre. Peut-être l’avait-elle croisé en faisant les courses ou peut-être avait-elle été une voisine de stand, dans tous les cas elle demanda :

« On s’est déjà rencontré ? Je crois vous avoir vu quelque part … ? »

Pendant ce temps Laurel tira un peu sur la robe de son amie pour attirer son attention. Son geste d’un peu plus tôt n’était pas passé inaperçu et elle voulait lui montrer.

« Merci d’avoir dit que tu me protégerais. Tu vois, tu peux faire un bon écuyer ! Parce que les écuyers protègent les gens. C’est des Héros ! » chuchota Laurel.

Spoiler:

Kira vit approcher la grande dame droit vers elles, cette fois pas de doute, elle avait repéré sa fille cachée derrière le stand. Nyssa la regardait approcher sans crainte, la rouquine accepta donc de croire que tout se passerait bien malgré l'importante stature de la dame. A son arrivée, Kira dût se tordre le cou pour la regarder, et se demanda quand même un peu si elles seraient de taille.
Laurel cessa de se cacher et s'excusa auprès de sa mère, la mort dans l'âme. Kira fronça les sourcils et regarda sa mère, se demandant si elle pourrait la gronder comme ça un jour. Non, impossible, elle était sage et l'écoutait toujours, pas de raison d'être grondée, ouf.

Nyssa réprimait un sourire en observant la scène, la petite avait soif d'aventure et bravait les interdits pour les vivre, mais elle n'allait pas jusqu'à mentir ou fuir. La brave petite avait prit son courage à deux mains pour faire face à sa mère, qui comme elle le pensait, était seulement comme toutes les mères, inquiète.
Elle se doutait qu'elle ferait la même chose dans une situation pareille, elle serait morte de peur et sûrement en colère. Heureusement, pour l'instant sa fille ne faisait pas de telles choses, mais qui sait si en grandissant elle n'aurait pas davantage d'envies d'évasion. Elle se dit que pour éviter que cela n'arrive, il lui faudrait guider elle-même l'esprit d'aventure de son enfant, l'encadrer plutôt que d'essayer de le brider.
Loin d'elle l'idée de juger de l'éducation des autres, mais la scène qu'elle avait sous les yeux la faisait réfléchir à ce qu'elle pourrait faire plus tard, dans la même situation, ou plutôt pour l'éviter et éviter ainsi une crise cardiaque.

La grande dame écoutait les excuses de sa fille et se tourna vers Kira pour en vérifier la version. Soudainement intimidée par son regard inquisiteur, elle acquiesça vivement de la tête, sans oser parler, mais sans laissé tomber l'aventurière pour autant. Cela ne sembla pourtant pas assurer à Laurel d'être épargnée. Elle priait pour que sa mère n'ait jamais à fixer qui que ce soit comme ça.

La mère de Laurel s'intéressa alors à Nyssa, et Laurel remercia Kira qui ne pensait pas avoir fait grand chose pourtant. Tenir un bâton et attendre que sa mère fasse le travail, ça n'avait pas été le plus difficile.

Pendant ce temps, Nyssa s'entretenait avec la mère de Laurel, cherchant dans sa mémoire.

Elle regardait Kira et Laurel parler avec un sourire amusé, leur rencontre avait été quelque peu étonnante et les deux enfants n'avaient tout d'abord pas partagées les mêmes ambitions. Mais finalement, la situation les avait liées, captant en elles un certain courage que Nyssa était fière de voir chez sa fille.

Les yeux de Nyssa scrutaient le visage de la femme qui lui faisait face, elle avait le sentiment qu'elle ratait quelque chose, cette sensation indescriptible d'être sur le point de faire le lien et de ne pas y arriver. Nyssa renonça à trouver sans aide.

Laurel clappa des mains en sautillant. Son visage illuminé par un immense sourire. Finalement, son amie venait de reconnaître que les Chevaliers étaient F A N T A S T I Q U E S. Après tout c’était tellement évident ! Ils se battaient contre des monstres pour sauver l’humanité de démons des ténèbres et de fantômes vicieux. Forcément qu’ils étaient forts ! Elle ne comprenait pas bien pourquoi la petite avait mis autant de temps pour l’accepter mais ça importait peu.

« Exactement ! Les Chevaliers c’est les meilleurs !! Au fait c’est quoi ton nom ? » demanda Laurel.

Attica jeta un coup d’œil attendri à sa fille. Si ce n’était pas rare de la voir autant excitée, au contraire, la voir partager avec autre enfant était un soulagement pour sa mère. La femme avait peur que Laurel ne soit isolée à cause de son lieu de vie. Elle avait toujours anticipé chaque nouvelle rencontre que faisait sa fille avec un pincement au cœur. Cela faisait quelques années qu’elle et René essayent de donner un petit frère ou sœur à leur fille sans succès. Laurel avait été leur miracle.  Et Attica ne pouvait pas être plus fière de pouvoir l’avoir à ses côtés. Elle recentra son attention sur la femme devant elle.

« Ce serait merveilleux. Laurel n’a pas l’opportunité de se faire beaucoup d’amis. Mon mari et moi habitons dans le Canyon. » justifia-t-elle.

La mère de Laurel pouvait voir l’amour que cette femme portait à son enfant. Elle avait ce regard que prenait René et Amun lorsque Laurel leur racontait des histoires. Comme si elle voulait transmettre tout son amour à sa fille mais qu’aucun mot n’était assez grand pour l’exprimer. L’enfant était entre de bonnes mains et elle savait que par extension sa fille le serait aussi. Vraiment, Laurel avait été bénie par Dame Fortune pour réussir à trouver un duo pareil dans la vaste cité de Chevropolis. Non pas que les habitants y soit particulièrement malfaisant mais, avec les cultes qui traînaient dans le coin, les gamins des rues, les bourgeois frauduleux et mercenaires sadiques c’était presque un miracle d’être tombé sur un duo aussi merveilleux. Attica avait toujours été une fervente croyante de la dualité. Partout où il y a de l’ombre, il y a aussi de la lumière. Alors dans un sens, il n’était pas surprenant de croiser des gens attentionnés la vaste cité minière.

Attica avait grandit ici. Ses parents étaient issus d’une vieille famille de marchands dont elle avait été le mouton noir, préférant le travail manuel des mines à celui subtil de la négociation. C’était comme cela qu’elle avait rencontré son époux qui n’était qu’apprenti forgeron à l’époque. Si on lui avait dit un jour qu’elle abandonnerait son travail de minière pour reprendre l’art marchand, elle ne l’aurait jamais cru. Et pourtant la voici.

« Malheureusement non, je suis minière de formation. Mais je suis issue d’une famille de marchands, les Vestrit, donc c’est peut-être cela. Je m’appelle Attica Senjak. » répondit-elle avant de continuer, « J’avais prévu de ramener Laurel à la Taverne pour la priver de sortie mais si les deux s’amusent … Ce n’est peut-être pas plus mal de la laisser se faire des amis. Votre fille est un vrai petit bout de chou, quel âge elle a ? 4 ans ? »

Laurel qui écoutait la conversation de sa mère vit là une opportunité pour ne pas être privée de sortie. Elle se tourna vers son amie donc vers son amie, si elle ne voulait pas jouer au Chevalier tant-pis, peut-être qu’elle connaissait d’autres jeux ? Laurel connaissait Cache-Cache mais le lieu n’était pas bon pour y jouer, c’était trop petit et il n’y avait pas assez de cachettes. Jouer à Imite-Papa n’était pas possible non plus vu l’absence du dit Papa.

« Tu veux jouer à quoi ? » demanda-t-elle à la petite aux cheveux écarlates.

Kira lâcha un rire amusé devant la joie de Laurel maintenant qu'elle admettait que les chevaliers étaient forts. Maintenant qu'elles avaient vécu cette aventure ensemble, - à la mesure de ces petits bouts - la rouquine trouvait la jeune fille bien plus sympathique, oubliant ses méfiances comme si elles n'avaient jamais existé. Elle pouvait se détendre et agir comme à la maison, en toute confiance et sans gêne.


Nyssa était attendrie par la situation, elle voyait bien toute l'attention que la mère de Laurel lui portait, inquiète de son épanouissement du fait de l'isolement de leur habitation. Elle voulait la rassurer, trouver une solution pour que la petite puisse toujours trouver une amie en venant à Chevropolis. Il lui fallait y réfléchir, impossible de rester inactive face à tant d'amour maternel et d'esprit d'aventure chez la petite ranine.


Son visage s'illumina à la mention de sa fille.


Ne résistant plus à l'idée de rassembler leurs filles à nous, elle exposa ses pensées en pagaille à Attica.


Kira écoutait sa mère débiter avec enthousiasme ses idées, elle avait l'air heureuse de chercher à les réunir régulièrement, et c'était communicatif. La rouquine trouva finalement cela très agréable d'avoir une amie aussi énergique. Bientôt elle serait grande et elle aurait le droit de courir partout sûrement. En plus, elle serait en sécurité avec une plus grande qu'elle pour la protéger, comme elle disait être chevalier, c'était parfait. Sa mère la laisserait forcément partir à l'aventure.
Toute excitée, elle commença à réfléchir à la question de son amie, pour se rendre compte que pour l'instant, elles devaient rester près du stand, sous surveillance matrimoniale. La réflexion était tout de suite plus complexe.

Laurel hocha la tête en un mouvement exagéré pour signifier qu’elle avait compris. Kira Shikati- zut. Elle avait déjà oublié la fin du nom. Les joues de la petite se teintèrent légèrement de rouge, elle était absolument gênée de ne pas avoir réussi à retenir le nom de son amie. Impossible de lui redemander sans passer pour une abrutie. Bon, tant pis, elle sera Kira Kira jusqu’à ce qu’on lui redise le nom de famille.

Pendant ce temps Attica acquiesçait silencieusement à ce que lui disait Nyssa. L’écart d’âge entre les deux enfant était de 4 ans. L’écart était assez significatif pour des enfants de cet âge mais vu le côté gros bébé de Laurel il n’y aurait probablement pas de problème. Kira semblait aussi bien mature pour son âge et vraiment plus calme que sa fille. Elle n’aurait jamais pu la garder toute la journée sur ses genoux sans un incident quelconque. Ce que soit du jus de bais sur les vêtements propres ou un coup de coude parce qu’elle bougeait trop. Attica avait bien conscience qu’on ne retenait pas Laurel quelque part, on la distrayait juste suffisamment longtemps pour qu’elle oublie son envie de partir.

« Oh, tu sais, après une bonne dizaine d’escapade tu finis par te résigner. Au début j’essayais de la coincer à la maison puis après qu’elle soit tombée de la fenêtre – du rez-de-chaussé – pour tenter d’explorer la vieille mine, je me suis rendue compte qu’il valait mieux la laisser explorer en gardant un œil sur elle que de la pousser dans ses retranchements. » Attica soupira lourdement en secouant la tête, désespérée « Les enfants je vous jure ! »

Elle tourna son regard vers sa fille qui lui en avait fait voir des vertes et des pas mûres en grandissant. Entre son désir d’explorer la vieille mine abandonnée qui était maintenant le repère d’une colonie de Fermites et ses tentatives apprentissage de l’art équestre en chevauchant un Bourrinos presque trois fois plus grand qu’elle, Laurel avait causé bien des frayeurs à ses parents. Heureusement qu’Amun était là pour superviser les pires idées de la petite, il avait permis d’éviter le drame plus d’une fois. Attica ramena son attention sur Nyssa.

« Ce serait fabuleux ! Je suis sûre que Laurel serait ravie et ça me rassurerait énormément qu’elle puisse avoir une amie stable. » répondit-elle « Vous êtes tous bienvenus n’importe quand. Nous sommes installés à la vieille mine du sud, celle qui était dirigée à l’époque par la famille … Gert, il me semble. Celle qui a fermé il y a une dizaine d’année, tu vois de la quelle je parle ? Le trajet est un peu long par contre. » continua-t-elle. « Et je dois t’avouer que je n’ai pas touché à la pioche depuis quelques années, ce serait un bon prétexte pour retourner dans la mine. »

Pendant ce temps Laurel écoutait Kira parler religieusement. Elle s’attendait à un jeu du style ‘Trap-Trap ou Flamiaou-Perché. Elle adorait Flamiaou-Perché, c’était tout particulièrement drôle d’essayer de grimper sur son père pendant qu’Amun essayait de l’attraper pour lui faire des chatouilles. A place, Kira proposa quelque chose inattendu : choisir un bijou.

« D’accord mais toi aussi tu dois en choisir un ! » dit-elle à la petite rouquine.

Laurel sautilla jusqu’au stand se dressant sur la pointe des pieds pour pouvoir avoir un aperçu de ce qui se trouvait sur la table.

« Ne t’appuie pas trop dessus. » la prévint sa mère qui craignait que le stand ne supporte pas le poids ajouté de sa fille.

Laurel répondit à l’affirmative avant de lâcher le bord du stand. Elle scruta de ses yeux grands ouverts les différentes œuvres exposées. Toutes brillaient de milles-feux sous les éclats du soleil Ranien, resplendissant tel de petites étoiles tombées du ciel. Les couleurs des gemmes étaient renforcées par la lumière qui filtraient au travers de leur cristal teinté, projetant des reflets colorés sur le tissus qui protégeait la table sur lequel ils étaient exposés. Ses yeux étaient attirées par les bagues serties de gros joyaux, certains plus gros encore que ses yeux. Mais quelques instants après c’était les bracelets qui accaparaient son esprit avec leurs construction délicate. Les colliers aussi semblaient l’appeler comme pour lui dire : « C’est moi la plus belle ! ». Et elle n’avait pas encore pris le temps de s’intéresser aux couronnes, boucles de ceintures, broches, peignes, barrettes, médailles et autres créations au nom tout aussi variés que leurs fonctions. Comment choisir un seul chef d’œuvre parmi ce trésor digne d’un Roi ? Voilà un jeu à sa mesure.

« Ahhh ! Tout est tellement beau je sais pas quoi choisir ! » gémit-elle. « T’as trouvé un truc qui te plaît ? » demanda-t-elle à son amie.

Elle continua à scruter les glorieux bijoux de Nyssa, cherchant la perle rare parmi le lot de diamants. L’autre problème qui se posait était la taille de la plus part de ses bijoux, c’était des ornements pour les adultes. Elle était sûre que si elle essayait ces colliers certains lui tomberaient jusqu’au nombril. D’autre avaient l’air lourd avec ces cercles d’or et d’argent. Elle n’avait pas encore percé ses oreilles donc cela enlevait une partie des bijoux. Elle avança sa main pour comparer ses doigts d’enfant qui n’avaient pas encore perdu leur gras de bébé aux fines bagues adaptées pour les doigts longilignes de femmes adultes. Finalement elle s’arrêta sur une collection de bracelets à sa taille. Ceux-ci avaient été réalisés pour des enfants, ils manquant la fanfare et les joyaux des autres bracelets qui attiraient l’attention mais n’en gardaient pas moins la finesse de l’artisanat professionnel de Nyssa.

Le bracelet qui attira son attention était un serpent, un séviper aux écailles légèrement sculptées qui s’enroulait sur lui-même pour se mordre la queue. Il n’était pas fait d’or, ni d’argent mais d’un métal roux qui brillait-tout autant sous le soleil, le Bronze. Le père de Laurel lui avait expliqué les premières armes des conquérants d’Ekoe avaient été faites en bronze avant que des forgerons de Ran ne découvre le fer puis son alliage, l’acier. C’était donc un peu un bracelet martial. Un bracelet de Chevalier.

« Celui-là ! » dit-elle en pointant du doigt le bracelet qui avait attiré son attention. « Je pense que celui-là m’irait ! T’en pense quoi ? T’en a trouvé un toi pour toi ? » demanda-t-elle en se penchant vers Kira.

Nyssa rit en entendant les anecdotes d’Attica, Laurel était donc un esprit indomptable, c’était adorable mais elle était rassurée que sa fille soit plus calme. Loin d’être morne ou invisible, elle était simplement plus tranquille, au grand soulagement de Nyssa.

Ce genre de moments étaient bien plus amusants que désagréables, elle adorait voir le visage déterminé et impatient de sa fille quand elle avait une idée derrière la tête. Ses yeux pétillants de joie la faisaient craquer, elle ne pouvait rien lui refuser longtemps, alors heureusement que Kira n’en profitait pas encore trop.

Kira avait suivi Laurel vers le stand, et prit la chaise pour monter dessus et mieux voir les bijoux. Il y en avait beaucoup et jusque-là elle avait surtout cherché à les associer à des inconnus. Mais en choisir un pour elle ? C’était différent. Elle les observa, trop gros, trop encombrant, trop voyant, trop lourd, à quoi il sert lui ? La rouquine ne voyait que des défauts tout à coup, elle qui voulait les forger et les modeler, elle ne se voyait pas les porter. Elle préférerait des bijoux utiles, comme les couteaux que forgeait son père, en plus beau grâce aux talents de sa mère. Un jour, elle mélangerait les deux.
La jeune ranine essaya de se définir elle-même, chose compliquée. Petite, cheveux rouges, fille de forgeron et d’orfèvre, sage... Aucun bijou n’avait ces qualités, normal, c’était des bijoux, pas des humains ni des pokemons.

Kira continua de regarder les créations de sa mère une à une, mais ses réflexions ne menaient à rien. Elle se mit à tourner sa petite émeraude dans sa poche, machinalement. La petite goutte verte qu’elle avait trouvé avec sa mère, c’était la plus précieuse des pierres qu’elle connaissait, et un jour...
Laurel avait trouvé son bonheur. Kira observa le bracelet, d’apparence simple mais taillé en précision, elle ne comprenait toujours pas comment sa mère était capable de faire d’aussi belles choses. C’était son héroïne.

Elle exhibait fièrement sa petite pierre, puis la remit dans sa poche, pour être sûre de ne pas la perdre. Elle prit le bracelet qui plaisait à Laurel et descendit de la chaise pour aller voir sa mère.
Montrant le bracelet, elle lui fit les yeux doux, implorant silencieusement avec un air grave qui passait plus pour un rocabot battu. Nyssa étouffa un rire devant la tentative de mine sérieuse de sa fille, et comprit le message. Elle prit le bracelet et alla chercher dans son sac sous le stand. Elle en sortit un petit sachet en tissu blanc très doux, qu’elle jugea parfait pour la destinataire. Elle fit glisser le bracelet à l’intérieur et serra les petites ficelles pour le fermer.

Nyssa tendit alors le petit sac à sa fille dont les yeux pétillaient, de la plus belle des façons pour une mère. Kira prit le sachet en sautillant, puis reprit un air sérieux et se tourna vers Laurel. Elle mit le paquet à plat sur ses deux mains et tendit les bras vers la jeune ranine, comme un écuyer tendrait une épée à un chevalier. La rouquine n’avait d’ailleurs jamais compris ce principe, l’écuyer était sans défense s’il donnait son épée, cela voulait dire que les chevaliers étaient vraiment forts.

Si un bijou était fait pour une personne, il fallait qu’ils soient ensembles, et sa nouvelle amie aurait bien besoin d’un remontant si elle devait se faire disputer en rentrant.

Laurel et Attica regardèrent le manège de la petite Kira avec curiosité. La petite Ranine se rapprocha pour observer l’émeraude de plus près, fascinée par la couleur resplendissante de la pierre. Sa maman en revanche jugeait de loin la pureté du joyaux. Clairement c’était un morceau d’une qualité inouïe qui suscitait l’admiration de la mère et la fille. La première du fait de la rareté de l’émeraude, la deuxième dû à l’éclat presque magique de la chose.

« WOAH ! Elle est trop belle !! » s’exclama l’enfant

Puis Kira rangea son trésor avant de prendre le bracelet choisi par Laurel et de filer manigancer quelque chose avec Nyssa. Attica profita de ce moment de répit pour se tourner vers sa fille les poings sur les hanches. Laurel avala sa salive.

« Alors comme ça Madame par à l’aventure et ne laisse à sa Maman qu’un petit morceau de papier tout déchiré ? »

« Désolé … mais je suis pas partie loin ! Et puis tu m’avais dit- » se justifia Laurel

« De ne pas t’éloigner ! » coupa un peu sèchement Attica.

La petite prit un air penaud. Elle savait pertinemment qu’elle avait désobéit aux ordres. Elle avait essayé de prétendre autrement avec le Plan de Laurel et la lettre d’adieu mais ce n’était que se voiler la face. Elle regardait ses chaussures n’osant croiser le regard courroucé de sa mère.

« Tu sais pourquoi je t’ai dit de rester auprès d’Amun ou moi ? » continua l’adulte.

« Parcequec’estdangereuxpourlespetitesfillesdes’aventurerseules » murmura-t-elle.

« Pardon ? J’ai rien entendu. » insista Attica.

« Parce que c’est dangereux. Je risque d’être blessée » répéta Laurel plus fort, la mine piteuse.

Attica s’agenouilla devant Laurel et souleva sa tête pour que la petite la regarde dans les yeux.

« Oui, parce que c’est dangereux. Et que je t’aime beaucoup Laurel, je veux que tu t’amuses. Mais c’est aussi mon travail de Maman de m’assurer qu’il ne t’arrive rien, donc écoute moi. Tu as eu beaucoup de chance aujourd’hui. » expliqua-t-elle.

La petite hocha la tête pour montrer qu’elle avait compris. Attica soupira lourdement avant de se relever. Elle se rappelait de sa propre enfance passée sous les cris de ses parents et de ses tentatives de rebellions toutes plus dangereuse que les autres. Elle s’était assagit avec l’âge mais, cela ne changeait pas au fait qu’elle s’était retrouvée dans des situations compliquées qui auraient pu être évitée avec un peu plus de jugeote. Elle essayer de ne pas répéter les erreurs de ses parents en ne criant pas sur sa fille mais parfois Laurel la poussait à bout et la peur et la frustration prenaient le dessus. Attica savait pertinemment que d’ici quelques heures Laurel allait oublier l’incident et repartir de plus belle dans ses cascades. C’était un cercle sans fin. Elle espérait seulement que ses avertissements resteraient rangés quelque part dans l’esprit de la petite.

« Tu sera privée de sortie pendant toute la durée de notre séjour ici. Et je ne veux pas entendre de protestation. Je t’ai fait confiance et tu m’as désobéit. » trancha la matriarche.

Laurel ne pu que se taire et accepter son sort. Finalement, le duo de Kira et Nyssa revint. Les deux semblaient assez fières d’elles-même. Laurel regarda Kira avec curiosité pendant qu’Attica fronçait les sourcils en se rendant compte de ce qui se passait. La petite rouquine présenta un petit sachet blanc qui semblait aussi doux que soyeux. La petite Ranine regardait sa mère puis le sac, n’étant pas sûre de savoir si elle pouvait le prendre puis qu’elle était punie. Attica lui fit signe d’accepter le cadeau de son amie et Laurel pris le sachet avec une solennité exagérée. On aurait pu croire que le sachet était une espèce de trésor divin d’une fragilité maladive. Elle ouvrit le nœud qui fermait le tissu, les doigts tremblant légèrement d’anticipation, avant de de sortir le magnifique bracelet de sa poche protectrice. Laurel poussa un cri aigu avant d’attraper Kira dans un câlin serré.  

« Merci ! Merci ! Merci ! » hurla-t-elle presque. « T’es la meilleure ! Mais j’ai pas de cadeau pour toi... » réalisa-t-elle.

Elle fouilla ses poches mais n’y trouva que quelques cailloux, des miettes et le morceau de papier avec le Plan. Attica retira ses doigts de ses oreilles avant de se tourner vers Nyssa. Elle avait vu le coup venir

« Je te dois combien ? Et ne dit pas non, c’est un vrai chef d’œuvre je ne peux pas accepter. » demanda doucement la mère de Laurel.

Nyssa regarda sa fille tendre le sachet en tissu blanc avec fierté, elle était si jeune et déjà son grand cœur et sa maturité l’impressionnaient. Elle ne se souvenait pas d’avoir été si sage et si généreuse à son âge, quoiqu’elle n’était pas non plus fugueuse ou fougueuse comme la petite Laurel. Non elle était toujours collée à sa mère, se cachant dans ses jupons en observant le monde sans le comprendre. Kira paraissait plus consciente des choses mais les abordait avec la naïveté des enfants, si belle à voir. Les choses paraissaient si simples.

La petite rouquine fut surprise de se faire sauter dessus par un câlin deux fois plus grande qu’elle, elle n’avait pas l’habitude à tant de proximité avec quelqu’un d’autre que ses parents, mais loin d’en être gênée, elle apprécia le moment avec plaisir. Sa nouvelle amie était vraiment expressive, et ce qui avait paru envahissant à son arrivée - une furie qui se jette sur l’étale de sa mère - était finalement assez attachant. Sûrement qu’elle y prendrait goût assez vite.

Pas de cadeau pour elle ? Kira ne considérait pas ce qu’elle venait de donner comme un cadeau, mais comme la juste place de ce bracelet. Et sa mère devait approuver puisqu’elle l’avait aidé à rassembler les deux. La petite en était d’autant plus fière, même si elle n’avait en soit rien fait de spécial, échouant à trouver les paires idéales Humain-Bijou. Elle avait contribué à en réunir une, c’était déjà beaucoup. Et vu les regards que sa mère lui lançait, elle avait fait quelque chose de bien, alors Kira était ravie.

Elle prit une mine désolée, se rendant compte qu’elle disait à son amie qu’elle ne serait pas son écuyer comme proposé plus tôt. Mais réflexion faite, c’était peut-être même mieux pour Laurel.

Nyssa étouffa un rire devant la naïveté et la générosité de sa fille, c’était sûrement pareil pour toutes les mères, mais elle ne se lasserait jamais de l’admirer. C’était si beau à voir, elle ne pouvait qu’encourager ce comportement. Même s’il lui faudrait aborder certains sujets quand elle serait plus grande, comme la notion de commerce. En attendant, autant la laisser profiter de ses liens en pleine création.
Attica, elle, ne semblait pas prête à accepter la situation telle quelle, la notion de commerce lui étant beaucoup plus familière.

Elle ajouta avec un regard malicieux.

Nyssa était amusée de la situation mais elle s’en voudrait de torturer de trop Attica, entre mères, elles se comprenaient. Malgré tout, elle insista un peu, prenant une mine sérieuse pour analyser le comportement de Laurel.

Poussant encore un peu l’argumentation, elle reprit avec douceur.

Tout compte fait, les tentatives de Nyssa étaient totalement déloyales, mais face à tant de bonheur, elle ne voulait pas amener la partie commerciale de son travail, surtout s’ils devaient être amis par la suite. Elle faisait son métier pour vivre mais surtout par plaisir, ils n’avaient pas besoin d’être riches et ça leur convenait parfaitement comme cela.

Intéressée par l’échange des mamans mais ne comprenant pas de quoi elles parlaient, Kira chuchota à Laurel.

Laurel écoutait Kira parler en hochant la tête. Elle n’avait peut-être pas sauvé le royaume de l’invasion de Rattata et n’avait pas non plus trouvé d’écuyer mais elle avait trouvé une amie et c’était encore mieux. Elle trouvait Kira absolument charmante et gentille. Et elle  avait pas beaucoup d’ami comme référence mais elle avait lu beaucoup de livres avec des héros qui on pleins d’amis donc dans un sens, elle était quand même une experte en matière d’amitié. Du coup elle pouvait affirmer au et fort que Kira était une amie et c’était une meilleure amie même !  C’était décidé, Kira était son amie préférée.

« D’accord ! Je serais la meilleure Chevalier et tu seras la meilleure forgeronne orfè-vre et on sera meilleure amies ! On est déjà meilleures amies mais genre, on le sera encore plus ! » Elle hochait la tête, les bras croisé avec une confiance en soi qui était presque comique.

Attica haussa un sourcil en entendant la déclaration de sa fille mais ne fit aucun commentaire. Il fallait laisser les enfants rêver. Elle doutait simplement que sa fille veuille toujours devenir chevalier une fois adulte. Elle s’était crée une vision idéalisée du métier qui n’avait absolument rien à voir avec la réalité. Elle croyait que le job d’un chevalier consister à partir à l’aventure, trouver des alliés et vaincre des montres maléfiques, ce qui était l’antithèse totale de la vraie fonction des chevaliers qui étaient plus des bureaucrates et stratèges. Enfin, elle avait toujours le temps de grandir et Attica comptait bien l’aider à s’épanouir.

Elle écouta Nyssa argumenter. Personnellement, Attica n’aimait pas être redevable à quelqu’un. Que d’autre lui soit redevable ? Absolument. Mais qu’elle le soit ? Cela signifier se mettre en position de faiblesse tant commerciale que sociale. Néanmoins, Nyssa ne lui semblait pas de ce type là. Et au final, elle savait que dans la même position elle aussi aurait insisté pour pour offrir le cadeau sans rien en retour. C’était de la gentillesse pure et visiblement, cette famille en avait beaucoup à revendre.

« Soit. En espérant qu’elle retienne la leçon pour un peu plus qu’une minute. Merci beaucoup. » elle jeta un coup d’œil à Laurel avant de reporter son attention sur la femme en face d’elle. « Bon, je pense qu’il est temps de rentrer, j’ai un stand à faire fonctionner et une fille qui a fait suffisamment de bêtises pour la journée. C’était un plaisir de vous rencontrer toi et Kira. »

Laurel écoutait son amie puis sa mère avec angoisse. Visiblement l’aventure était définitivement finie. Elle enfila son bracelet, admirant sa brillance pendant quelques secondes avant de faire un autre câlin à Kira.

« Laurel, tu dis au-revoir à ton amie ? »

« Oui, Maman. » répondit-elle en râlant un peu. « Au revoir Kira, on se revoit bientôt ? Comme ça tu pourras me montrer d’autres de tes bijoux ! » elle s’approcha aussi de Nyssa pour lui faire un câlin « Au revoir Madame, merci pour le bracelet. »

Laurel trottina ensuite jusqu’à sa mère pour passer sa petite main dans la sienne. Elle fit coucou de son bras gauche.

« Encore merci pour tout. N’hésite pas à m’envoyer une lettre si jamais tu as besoin de mes services, Nyssa. Je vous préviendrais la prochaine fois qu’on sera en ville. » Elle s’agenouilla ensuite au près de Kira. « Au revoir jeune fille, je suis persuadée qu’un jour tu feras une superbe orfèvre alors continue ainsi. Tu as du cœur, n’oublie jamais ça. »

Elle passa affectueusement sa main dans ses cheveux avant de se relever, pour retourner dans la rue. Laurel continuait de secouer vivement son bras.

« AU REVOIR KIRA ! ON SE REVOIT BIENTOT ! »

« Je crois pas, non, t’es punie toi. » répliqua Attica.

« T’inquiète pas je sortirais par la fenêtre, à demain ! » chuchota-t-elle très fort.

« LAUREL ! »

Ooops. Attica leva les yeux au ciel avant de soulever sa fille pour la mettre sur ses épaules. Elle allait devoir barricader la fenêtre ou dormir avec elle pour être sûre qu’elle ne s’échappe pas en pleine nuit. Et Laurel avait tendance à faire des câlins lorsqu’elle dormait. Bonheur.

Elle en était sûre, un jour cette gamine allait la tuer. Heureusement Nyssa avait un petit ange qu’elle allait pouvoir voir grandir sans avoir à craindre un quelconque incident. Attica pouvait déjà s’imaginer à 60 ans, en train de boire le thé avec Nyssa tout en se plaignant de sa fille qui s’était, encore une fois foutue dans le pétrin. L’orfèvre allait vivre une longue et douce vie, elle en était sûre.