Mila était revenue à Kuni après plusieurs périples aux quatre coins d’Ekoe. Même si ce royaume n’était pas le sien à la base, la demoiselle devait bien avouer que l’air chargé d’iode lui avait manqué. Ran, Sakai… Ces terres étaient chacune très différentes les uns des autres, mais cela plaisait à l’érudite qui apprenait des choses nouvelles au cours de ses voyages. Elle avait d’ailleurs l’envie de repartir après s’être ressourcé un peu à Kuni, près des vagues et des Goélise. Il lui restait Mido et les territoires neutres comme destination. Bien que pour ces derniers, il y avait énormément de choses à découvrir, encore et encore ! Mila pouvait bien y retourner plusieurs fois qu’elle n’en finirait pas d’avoir des surprises. Mais c’était un peu la même rengaine avec tous les royaumes en fait. Simplement, lorsqu’elle allait dans un royaume habité, la jeune femme avait pour habitude de rester discrète et de n’aller que là où elle avait besoin. Sauf ce jour particulier où elle s’était rendue aux Geysers de Ran… Et où elle avait fait plusieurs rencontres formidables.

D’ailleurs, à cette pensée, l’érudite attrapa l’une de ses Captis Ball, tandis qu’elle marchait toujours en compagnie de son Dynavolt nommé Amarok. Ses yeux bleus se posèrent sur l’objet rond, puis elle stoppa ses mouvements pour contempler la chose qui contenait sa Tritox. Mila était fière d’avoir eu de nouveaux compagnons Pokémon, elle qui pensait être incapable de capturer qui que ce soit ! Comme quoi, avec de la détermination et du courage, il pouvait y avoir des miracles à la clef. Et cette Tritox, nommée Tiamat, était un don du ciel. Grâce à ce lézard de feu, la Kunioise fut capable d’attraper une autre créature de poche : une Airmure au caractère bien trempé, mais au cœur d’or. C’était donc avec tendresse que la demoiselle plaça la Captis Ball contre elle, remerciant les dieux, et plus particulièrement Zekrom, pour ces rencontres.

Le lien avec ses Pokémon ne faisait que commencer, et pourtant, la noble se sentait déjà très proche de Garuda, son oiseau de type Acier. Quant à Tiamat, elle n’avait pas mauvais fond… Mais sa manie de vouloir s’accaparer tous les objets brillants ou de valeur était assez difficile à gérer ! Cela dit, Mila ne pouvait pas en vouloir à son amie à écaille. Elle s’était promise de tout faire pour que la chapardeuse change de comportement, pour le mieux. Alors cela prendrait du temps, mais cela en vaudrait la chandelle… Enfin, après une petite pause, Amarok et son humaine reprirent leur route en direction des Côtés Marines. C’était un endroit où Mila aimait bien se rendre pour penser ou pour une bonne balade. La Bleuette avait également entendu parler de la légende qui disait qu’un gros oiseau ou un gros dragon avait volé au-dessus de la mer, tandis qu’une jeune fille avait pu l’observait… Pour l’érudite qui adorait les mythes et les légendes, cela sentait le Pokémon légendaire à plein nez ! Bien sûr, il y avait peu de chance qu’il s’agisse de Zekrom, la créature qu’elle souhaitait le plus rencontrer, ou même que cela soit vrai. Cependant, venir sur les côtes de temps à autre ne pouvait pas faire de mal…

C’était donc dans l’optique de se relaxer avec une pointe de curiosité que Mila Valni venait parfois ici, et ce jour-là ne fit pas exception. De plus, la sensation des chaussures qui s’enfonçaient dans le sable était tout bonnement divine. C’était le moment idéal pour faire profiter les Pokémon, car le temps semblait stable. L’instant d’après, les Captis Ball libérèrent donc les créatures. Garuda s’empressa de se dégourdir les ailes puis elle décrivit des cercles au-dessus de son humaine. L’Airmure accordait déjà une certaine confiance à la noble, c’était une chance incroyable. Et puis il y avait la Tritox cleptomane. Tiamat. Cette dernière bailla, comme à son habitude, avant de faire quelques pas dans le sable. Elle fut surprise, puis intriguée avant d’apprécier le contact. Par la suite, la femelle s’amusait à courir dans tous les sens, serpentant simplement pour le plaisir. Amarok lui, restait calme. Pour rien au monde le Dynavolt aurait voulu faire des cabrioles et perdre la face devant les Pokémon qu’il connaissait encore très peu !

Puis tout ce petit monde avança un peu. Finalement, ils arrivèrent à la Baie de Plaisance. L’endroit était magnifique et il y avait beaucoup de vie. Pourtant, ce jour-là, c’était étrangement calme… Mila ne tarda pas à savoir pourquoi, car sa Airmure commença à pousser des cris paniqués.


Une main en visière, l’humaine observait son Pokémon qui descendit pour tenter d’expliquer la situation. Le rapace indiqua une direction à prendre, et la Bleuette n’eut d’autre choix que de suivre son oiseau d’acier. Tiamat hésita à suivre le rythme, mais un grognement du canidé vert la dissuada d’aller faire un tour. Plusieurs mètres plus loin, Mila distinguait enfin quelque chose… D’étrange. Une ruine ? Oui et non, cela avait l’air tout récent. On aurait dit une maison brûlée, réduite en cendre ! L’érudite se posa beaucoup de questions en quelques secondes, mais le temps n’était pas à la réflexion. Il pouvait y avoir des blessés dans l’incident. Elle rentra alors ses Pokémon dans leurs Captis Ball, Amarok compris, avant d’aller voir de plus près le désastre supposé.

Il y avait déjà quelqu’un sur place d’ailleurs !

Le spectacle était horrifiant. Mila avait la boule au ventre en observant de loin les débris laissés par les flammes consumant tout sur leur passage. Il y avait encore une odeur de brûlé persistante, ainsi la demoiselle se cacha la bouche dans un premier temps, pour éviter d’inhaler trop de cendre. Tout en s’approchant de la maison détruite, elle s’attendait au pire. Les habitants de la malheureuse bâtisse pouvaient avoir péris dans l’incendie… Mais la peur n’était pas une raison suffisante pour faire demi-tour. Le courage de la Bleuette était exemplaire, malgré sa petite taille et son manque de force physique. Elle ne laisserait jamais personne dans le besoin, aussi elle pressa le pas pour constater les éventuels dégâts en prendre en charge immédiatement. D’autant plus que la maison était assez isolée, il n’y avait personne d’autre avant quelques kilomètres alors il faudrait agir vite et bien.

Néanmoins, Mila put se calmer intérieurement en arrivant sur le lieu du problème. En effet, il y avait déjà deux personnes et elles ne semblaient pas blessées. Tout du moins, cela serait sans grande gravité, physiquement parlant… Nul ne doute que les victimes en garderaient un très mauvais souvenir, ce qui pouvait avoir de graves répercussions sur leur vie. Mais il serait temps de voir cela plus en détail après. L’urgence était de s’enquérir de l’état de santé des deux hommes présents sur la scène. Mila s’approcha donc du duo et se cacha une nouvelle fois la bouche. Cette fois, ce n’était pas spécialement pour protéger sa gorge de l’air contaminé par les cendres. Mais plutôt parce que c’était déplorable à voir. La personne la plus âgée était en pleurs, cela faisait vraiment peine à voir. Quant à l’autre garçon, il n’avait pas l’air blessé et il n’avait pas de larmes. Cela dit, le choc avait dû être terrible pour lui aussi. Cependant, ces hommes-là étaient-ils présents tous les deux pendant le feu ? Se connaissaient-ils ? La Bleuette n’en savait rien alors elle supposa que oui. Le plus âgé pouvait être le père, ou à défaut, le grand-frère. Dans tous les cas, de l’assistance était requise.

Le Kunioise laissa donc sa main retombait en même temps que sa surprise. Il fallait se ressaisir rapidement. Quelques pas de plus, et elle se retrouva face au duo d’inconnus. Elle salua d’un signe de tête rapide le moins âgé des deux, qui la regardait avec des yeux de Barloche. Son visage était tellement surpris que cela aurait pu tirer les lèvres de l’érudite en un sourire si la situation n’était pas aussi grave. Pour le moment, il fallait déjà s’occuper de celui qui sanglotait. Son état paraissait plus préoccupant. Mila s’agenouilla donc, comme l’avait fait l’autre garçon, devant l’homme en pleurs. Elle remarqua alors un Pandespiègle inanimé. Son cœur rata un battement. Etait-il… ? Mais avant de sauter en conclusion, la demoiselle observa rapidement le Pokémon et elle remarqua un soulèvement de poitrine. Bon au moins, il semblait encore être en vie. C’était cependant un autre problème à régler. Cela dit, il était temps d’en savoir plus.

L’homme était assis devant les décombres de sa maison, le garçon à ses côtés, une main sur l’épaule, et Mila lui faisait face, elle aussi les genoux au sol. Elle posa alors une question, tout en sortant une gourde de sa sacoche de voyage.


La demoiselle aux yeux bleus tendit donc l’objet contenant le précieux liquide à l’homme. Elle attendrait le temps qu’il faudrait pour qu’il s’en empare et s’abreuve. Elle savait que cela pourrait prendre un peu de temps à cause de l’état de choc, mais qu’importe. Attendant donc une réaction, Mila s’adressa ensuite au plus jeune des deux hommes. Il n’avait pas l’air blessé, ni même couvert de suie. Peut-être venait-il d’arriver finalement ? Mais les questions devraient attendre. Il n’y en avait qu’une qui importait vraiment.

Bien sûr, l’érudite avait envie de poser mille questions à la fois. Néanmoins, elle savait garder un minimum son sang-froid, ce qui lui permettait de tenir sa langue. En effet, il n’était pas très judicieux d’assommer les victimes avec tout un tas d’interrogations pour le moment. Alors inquiète, la demoiselle attendait que l’homme boive et que le garçon explique ce qu’il savait. S’il savait quelque chose bien évidemment.

Auprès de l’homme infortuné, Mila ne put constater que les dégâts. Tandis que l’inconnu buvait gorgée après gorgée entre deux sanglots, elle ne pouvait pas s’empêcher de balader son regard sur les ruines. Les cendres recouvraient le sol fait de sable fin. L’odeur qui régnait sur les lieux n’avait rien d’anodin et elle attaquait furieusement les narines de tous ceux qui se trouvaient dans les environs. La Bleuette s’imaginait même qu’elle aurait pu voir cette fumée de mauvaise augure de très loin, peut-être même de chez elle à Vénovos. Toutefois, l’érudite désespérait un peu de ne voir aucun renfort arriver. Il n’y avait donc aucun marin de disponible dans les environs, sur la mer ? Ni même un soldat de l’armée de Kuni ? Cet homme n’avait vraiment pas de chance et Mila se sentait très mal pour lui.

La jeune femme était très compatissante. Cela aurait avec plaisir qu’elle aurait pris la victime dans ses bras, dans un geste de réconfort. Mais elle en resta là. Après tout, l’homme pouvait mal prendre cette bonne attention, surtout après son état de choc. De son côté, la Bleuette était tout de même un peu frileuse au contact. Elle n’avait vraiment pas l’habitude de rencontrer des personnes de cette façon, et sa timidité était toujours flanquée à ses trousses, tapie dans un recoin de son cerveau. Mais elle ne voulait pas rester là, sans rien faire. Elle ne le pouvait pas. Cet homme venait de perdre non seulement sa maison, mais aussi des objets précieux et uniques. Peut-être même que sa bourse avait pris feu elle aussi, auquel cas il serait sans le sou. Cette pensée tira le visage de Mila en une grimace. Elle ne savait pas trop quoi faire alors que le moment était particulièrement critique.

Heureusement pour elle, une bonne âme décida de faire son apparition. C’était un jeune homme à la chevelure de feu, il semblait jeune et en pleine forme. L’odeur avait certainement réussi à attirer le curieux par ici. Tant mieux ! Mila ne savait pas qui était ce nouvel arrivant, ni même s’il serait capable d’aider, mais c’était toujours mieux que de désespérer. Amical, le rouquin s’assura de la bonne santé de l’érudite et du monsieur. Il demanda ensuite s’ils avaient besoin de quelque chose. La jeune femme restait silencieuse, elle n’était pas celle qu’il fallait plaindre. Mais ces questions poussèrent la victime à raconter la situation. La Bleuette n’en perdit pas une miette, après tout, l’homme n’avait pas réussi à se confier jusque-là.

Ce que Mila craignait était donc la réalité. Le feu avait tout dévoré en l’espace de quelques minutes. Impitoyable et puissant, il ne laissait rien à cet être humain si insignifiant pour une entité aussi brûlante. Encore une fois, Mila reste interdite, trop désolée pour pouvoir émettre le moindre son. Elle aurait tant voulu savoir quoi faire pour être efficace. Mise à part son offre d’eau, elle était inutile. Et voilà que le jeune homme se mettait à l’ouvrage, lui. Il proposa de débarrasser les débris. C’était une bonne idée. Après tout, peut-être que les flammes avaient eu l’infime bonté d’épargner une chose ou deux…

Mais tout à coup, il sembla se rappeler de quelque chose. Cela se lisait sur son visage. Puis en instant, le rouquin posa un mystérieux sac et demanda le plus naturellement du monde si cet objet appartenait à l’homme. De son côté, Mila s’affaira, inspiré par le nouvel arrivant sur les lieux. Elle n’écoutait que distraitement les échanges à partir de ce moment-là. En effet, son attention se porta directement sur les ruines cette fois. Elle observait les cendres avec un œil de Luxray. Ce sac disparu, la maison partie en fumée… S’il y avait effectivement des bandits dans le coin, peut-être qu’il y avait encore l’arme du crime. Une allumette par exemple. Evidemment, il semblait peu probable de réussir à retrouver une telle chose après un incendie. Mais pourquoi pas ? De toute façon, l’homme avait encore besoin de se remettre un peu de ses émotions. Ensuite, l’érudite avait déjà prévu de se présenter correctement et d’emmener la victime loin des débris, si besoin est.

Bloup:

La suite des évènements s’enchaîna à très grande vitesse. Arsène était un jeune homme débrouillard et qui avait le cœur sur la main, bien qu’au premier regard, il avait l’air plutôt nonchalant. Grâce au rouquin et à un peu d’aide de Mila, l’homme sinistré retrouva rapidement la parole et expliqua un peu plus de choses. L’incendie n’avait finalement pas d’origine criminelle, contrairement à ce que l’érudite avait pensé. Tant mieux. La jeune femme trouvait cela moins désastreux, même si cela restait terrible pour la victime.

Fort heureusement, des gardes avaient fini par faire leur apparition. Ils avaient sûrement étaient alertés par l’épaisse fumée noire et menaçante dégagée par la maisonnette du bord de mer. Les gardes prirent donc en charge la situation, ainsi que le pauvre homme sans toit. Nul doute qu’ils allaient lui offrir de quoi se requinquer un peu. De l’eau, un peu de sucre et un lit pour la nuit, c’était le minimum ! Mila ne s’interposa pas cela dit. Elle préférait garder ses distances maintenant que tout allait mieux. Elle salua une dernière fois le pauvre homme, ainsi que les gardes mais ne put pas le faire pour le garçon aux cheveux de feu. Il était trop occupé. Quel dommage… Mais l’érudite ne pouvait pas rester sur les lieux plus longtemps. Elle avait fort à faire chez elle, et son tuteur allait la sermonner si elle ne rentrait pas au plus vite. La Bleuette aimait s’en passer.

Elle quitta donc les ruines encore chaudes et se retourna une dernière fois. La nuit était presque tombé, il n’y avait pas de temps à perdre et puis la victime était désormais entre de bonnes mains. Expertes qui plus est. Mila n’était pas secouriste ni menuisière à son grand désarroi. Elle n’était pas la personne de la situation… Au moins, tout était bien qui finissait bien !

Sur le chemin du retour, elle observa le ciel sans nuage. Les étoiles brillaient particulièrement bien. Peut-être qu’elles guidaient les gardes jusqu’en ville ? C’était un beau spectacle dans tous les cas.

Ploup: