L’œil unique du chasseur est de nouveau ouvert. Il observe le négociateur pendant trois secondes précises. Ce dernier semble en pleine réflexion. Ce n’est pas étonnant… Qui s’attendrait à trouver quelqu’un comme Wulfric ? Un homme-bête, chasseur et qui pourtant possède une certain éducation. L’allégorie de la Chimère lui convient bien.
L’attention du blond se dissipe rapidement. Il repense à ses dernières années sous l’influence permanente de ses confrères humains. Regrette-t-il ce fameux passé ? Pas le moins du monde. Il préfère la compagnie silencieuse des plantes (quoique ce n’est plus vraiment d’actualité, pour le silence).
Tout y est plus calme dans la forêt. Pour rien au monde le borgne ne voudrait retourner en ville ou dans un village. Ses Pokémon et les sauvages sont sa seule compagnie et c’est très bien ainsi.
Enfin…
Le négociateur finit par reprendre la parole. Des remerciements. Beowulf se contente de renifler avec un peu de dédain.
Si cela ne tenait qu’à lui, le jeune singe ne serait effectivement plus de ce monde. Malgré la pitié dont il aurait pu faire preuve, le chasseur aurait préféré rendre le bébé à Dame Nature. Pour son propre bien.
Il se garde pourtant de tout commentaire.
Par la suite, le sujet des Captis Ball est abordé une nouvelle fois, ce qui vaut au chasseur de redresse la tête vers son interlocuteur.
L’objectif du négociateur est clair, et il porte bien son nom : négocier. Pourquoi Jomar s’obstine-t-il à convaincre Wulfric ? Le blond ne le sait pas. Pourtant, il écoute avec attention ce qu’on lui raconte.
« … Je sais comment ces objets fonctionnent. C’est quelque chose que l’on apprend très tôt, à croire que la nature est faite pour se plier à notre volonté. Je connais le lien qui unit un humain et un Pokémon grâce ces Captis Balls.
Mais… Je ne sais pas. C’est le principe qui me dérange. » Avoue l’homme au cache-œil.
Il marque une nouvelle pause, semblant réfléchir.
« Mais, un soupir lui échappe,
ce n’est peut-être pas bon pour ma famille et moi de m’obstiner. Je suis et reste un homme, je ne peux rien y faire. »Suite à ce propos, Wulfric observe ses mains comme si elles ne lui appartenaient pas. Il ne se sent que peu humain désormais. Toutefois, il subsiste en lui cette part d’humanité qu’aucun être humain ne pourrait perdre sans voir sa raison disparaître.
« Je vais faire un effort, ça te fait plaisir ? Hm. Depuis quand est-ce que je tente de faire plaisir à quelqu’un ? Tu es spécial, Jomar. Un vrai négociateur. »Dit-il avec un sourire à peine dissimulé.
Pendant ce temps, la nuit tombe doucement. Elle emporte le soleil au loin et place son linceul nocturne sur la forêt et la rivière. L’homme de Mido ne devrait pas tarder à partir.
Mais avant cela, une dernière visite impromptue s’impose. Deux spécimens semblent vouloir échapper à quelqu’un ou à quelque chose. Le premier est un Nénupiot, il est déjà court sur pattes, mais là, c’en est ridicule. Il rase le sol au maximum.
L’autre est un Tournicoton, comme celui de tout à l’heure. Peureux, il ne cesse de regarder derrière lui furtivement.
Beowulf ne s’attendait pas à un tel spectacle. Il regarde en silence ce qui se produit, avant d’échanger un regard avec le midoyen. Au bout d’un moment, le blond ne parvient plus à réprimer ce petit rire qui se cachait en lui. Cette situation est vraiment incroyable.
S’en suit l’apparition de ceux que le duo fuit. Un Arcko et un Hypotrempe. L’un patrouille dans l’eau, l’autre dans les arbres.
« Est-ce ta présence qui perturbe la forêt ? Humf, je plaisante. »C’est tout aussi incroyable que le chasseur ne perde pas son sourire. Sa confiance en Jomar ne fait que de grandir semble-t-il.
Le blond décide de laisser les Pokémon faire, et après des salutations au midoyen, lui aussi s’enfonce dans la forêt pour y retrouver les siens.
Fin.