La fuite. Dorcas se retrouvait seule, dans le Sanctuaire qu’abritaient les îles Deija. Elle fixait les fresques qui recouvraient les murs de pierre. Autrefois, ce lieu avait été le refuge de nombreux Kunois. Fuyants la folie des humains.

- Si Cresselia m’entend, j’aimerais demander pardon. Pardon pour cet acte malheureux, mais nécessaire. Cet acte que je n’ai pas contrôlé et qui m’a dépassé.

En réponse, le silence. Toujours et encore le silence. Comment allait-elle faire pour assumer cet acte digne des personnes les plus lâches. Elle ne le ferait pas ! Elle le cacherait au monde entier, à son peuple. Elle transformerait l’histoire, pour en écrire une nouvelle. Après tout, les historiens l’avaient toujours fait. Alors pourquoi pas elle ?

Elle s’assit sur le sol froid, et caressa la tête de Mnemé qui avait refusé de retourner dans sa Captis. Lui aussi avait assisté à toute la scène. Ce village dévoré par les flammes, ces cris et ces ombres. Ils étaient partis à deux. Elle revint seule. Un sentiment étrange commençait à naître en elle, un mélange de culpabilité et de missions accomplie. Après tout le mal qu’il lui avait à subir, comment aurait-elle pu l’aider.

- Je sais que ce n’était pas la solution. Et pourtant, quel autre choix j’avais. Ces paroles ne rattraperont rien et je sais que la vérité finira par éclater un jour ou l’autre. Je suis prête à assumer toutes les conséquences, mais il est encore trop tôt. Kuni compte sur moi.

Kuni, ce pays. Son pays. Elle ferait une grande annonce et des funérailles nationales pour célébrer la mort de cette personne. Mais elle devra faire bonne figure, utiliser ses talents de comédienne pour jouer la tristesse et le désarroi. Sans trop en faire, car beaucoup savaient qu’elle n’avait pas de bonnes relations avec son père.