Galatea observe le mur. Elle est imperturbable. Certes, l’édifice naturel la surplombe et sa taille a de quoi étonner. Mais l’archevêque n’est pas plus impressionnée que cela. Il ne s’agit que d’un puzzle, n’est-ce-pas ?

Elle sait qu’elle n’est pas la meilleure pour ce genre d’énigme. Elle a beau avoir une certaine réflexion, la femme au service des dieux préfère passer son temps à prier ou à défendre les intérêts de l’Eglise. Ces pierres coulissantes formant une image désordonnée ne sont donc pas la meilleure des épreuves.

Il en faudra plus pour la décourager malgré tout. C’est avec concentration que Galatea écoute les consignes qui lui sont données. Le temps imparti est très limité et le nombre de blocs est conséquent. Rares sont les concurrents qui excellent dans la résolution de ce problème.

Il est temps pour l’archevêque de commencer son épreuve. Calme et déterminée, elle bouge un premier morceau à la verticale. Cela lui permet rapidement de placer une autre plaque en pierre, suive d’une autre.

Toutefois… Rien n’est jamais trop simple et Galatea ne le sait que trop bien. Elle prend du recul pour observer son œuvre. Non. Quelque chose ne convient pas, et ce, dès le début. Il faut recommencer.

La femme se remet donc au travail, déplaçant les pierres les unes après les autres. Elle est focalisée sur son objectif mais Sakai a bien choisi son obstacle. Il faut un esprit particulièrement aiguisé pour visualiser le puzzle tant il est complexe. De plus, il faut aussi faire preuve de dextérité et de clairvoyance. Galatea n’est pas un Xatu, à son grand désarroi.

Elle se risque alors un coup d’œil furtif aux autres participants. Certains s’en sorte mieux que d’autres, mais dans l’ensemble, les énigmes restent des énigmes. Il y a même des fresques qui ne ressemblent à rien, tout simplement.

L’archevêque secoue doucement la tête ; elle tente de reprendre ses esprits. Ce n’est pas le moment de rêver, car ce mur ne va pas bouger tout seul. Elle sonde le puzzle une nouvelle fois. Les sakaiens sont connus pour leur ingéniosité, mais ils ne rivalisent pas avec les ranins à ce sujet. Ce n’est pas le moment de laisser tomber.

La dame reprend sa quête dans le plus grand des calmes. En silence, elle bouge les pièces de ses doigts délicats une nouvelle fois. Peut-être que cette fois, il aura une avancée significative…

Carnaval

Une pièce à gauche, l’autre à droite… Puis tout recommencer.

Rien ne va plus pour l’archevêque de Chevropolis. Malgré toute sa bonne volonté et sa concentration habituelle, la belle dame ne parvient pas à venir à bout de l’énigme.

Rien ne sert de s’énerver. Après une bouffée d’oxygène, Galatea entreprend une nouvelle fois de résoudre le puzzle. Ses doigts effleurent les pièces en pierre ; elle hésite. Est-ce que celle-ci va par ici ? Non, pas vraiment. L’archevêque répète ses erreurs tandis que le Temps avance et n’attend pas.

Point de perte de sang-froid, elle tente de ne pas se laisser déstabiliser. Pourtant il faut se rendre à l’évidence : cette femme est bien mieux dans une cathédrale ou sur un champ de bataille. Elle préfère laisser aux habitants de Sakai leurs réflexions sur le monde et tout le reste.

Bien vite, le temps imparti touche à sa fin. Une personne annonce la fin de l’épreuve pour cette manche. Galatea recule et n’ose pas admirer le résultat. Presque aucune pièce n’est à sa place, s’en est presque déplorable. Une prochaine fois peut-être.

Dépitée, la pieuse ne laisse rien paraître. Elle remercie d’un signe de tête l’organisateur avant de faire volte-face, sa natte secouée par le mouvement fluide. D’un pas décidé, elle rejoint son ami Elias qui regardait de loin.

« Je prie pour que les dieux ne me demandent jamais de résoudre ce genre de fresque.

-Vous avez raison. Ce serait mentir que de dire que vous vous en êtes bien sortie. Cela dit, il y a pire. »

Comme pour rassurer l’archevêque, l’homme aux cheveux verts balaye la foule de son regard. Les autres candidats à l’épreuve ont eu plusieurs soucis, à quelques exceptions près. Il y a même eu un accident. Eh bien. L’épreuve de Sakai réservait bien plus de surprises que prévu !

Mais pour Lady Regalia, cela n’est qu’une maigre consolation. Que dire, ce n’en est même pas une. Elle se sent mal d’avoir échoué à ce point. Personne ne peut être bon en tout, même pas la porte-parole des divinités de ce monde. Tout de même, elle aurait pu mieux faire.

« Ne te fatigue pas Elias. J’ai échoué, c’en est presque à faire honte à ma famille. Mais je dois relativiser. Ce n’est qu’un jeu. »

Froide mais sincère, Galatea décide de clore la conversation à ce sujet. Inutile de s’attarder sur des aspects futiles du carnaval. Il y a bien d’autres choses à faire ou à voir. C’est avec un sourire que la femme propose d’aller se rafraîchir à un stand de boissons.

Les deux croyants se dirigent donc vers un étale afin d’acheter un petit remontant. C’est l’occasion rêvée pour faire le bilan de toutes les épreuves. Galatea peut être fière : elle a rapporté une bonne partie des points à sa patrie. Cela dit, rien n’est gagné et il faut s’en remettre à Dialga pour connaître l’issue finale.

« Bien. J’espère que mes performances, aussi nuancées furent-elles, inspireront de nouveaux fidèles. »

L’archevêque ne perd pas le nord. Son Eglise a besoin de nouveaux membres et tous les moyens sont bons pour recruter. Elle espère que cette exposition lui apportera un peu plus de popularité.

Finalement, la dame émeraude décide de quitter les lieux pour le moment. Elle est suivie de très près par sa Fantyrm et son bras-droit.

Puissent les dieux veiller sur ce carnaval.

Carnaval

Les mains sur les hanches, j’observe. Je l’observe, cette satanée fresque. Elle ne ressemble à rien pour moi, et encore moins lorsque ses pièces sont dans le désordre le plus complet.

Mais j’ai choisi de m’inscrire à toutes les épreuves. Les défis ont du bon parfois. Je dois juste avouer qu’en matière de puzzle, je suis plutôt mauvais. En fait, je n’en fais presque jamais depuis que je suis dans l’armée. Avant, cela me détendait. Désormais, je n’ai guère le temps pour cela !

J’espère que tout ira bien. Je ne suis pas très confiant, mais cela reste une simple fresque, non ? L’épreuve de Sakai est ouverte à tous après tout. Ils n’ont pas inventé un dessin particulièrement complexe, ce serait non équitable…

Je tourne la tête dans tous les sens. Plusieurs candidats ont l’air très sérieux. J’en vois même un ou deux qui ferment les yeux pour améliorer leur concentration. Ceux-là ne plaisantent pas. J’imagine qu’ils parviendront à résoudre l’énigme sans aucun problème.

Pour ma part, je ne me sens pas très à l’aise dans mes bottes. C’est vrai, je ne suis pas un lecteur assidu, ni un chercheur, ni une tête. Je me contente des ordres et de réaliser mes missions de cavalier. La réflexion, je préfère la laisser aux stratèges…

Je ne devrais peut-être pas me dénigrer de la sorte. Mais c’est plus fort que moi. Je suis vraiment intimidé par toutes ces pièces. De plus, la fresque n’est pas très pratique. Avec une taille pareille, je vais avoir du mal à atteindre certains coins.

Bon… Je n’ai pas le choix, l’épreuve va commencer.

« Préparez-vous s’il-vous-plait ! Vous avez un temps très limité. Essayez de ne pas faire trop d’erreurs ou c’est la victoire qui vous filera entre les doigts. »

La victoire qui file entre les doigts… Instinctivement, je jette un regard à mes mains. J’espère que la chance sera avec moi pour cette épreuve.

Quelques secondes après, le départ est donné. Fébrile, je m’approche du mur qui contient la fresque. Mince, de plus près, c’est encore pire. Je lève la tête ; en constatant le nombre de pièces à bouger, je me sens encore plus mal à l’aise.

Est-ce que je suis seulement capable de visualiser l’image à reconstruire ? Il y a des traits, des taches… Tout cela ne ressemble pas à grand-chose dans ma tête. Plus loin, je vois plusieurs personnes qui sont déjà en train de bouger les carrés de pierre. Pas de temps à perdre j’ai l’impression…

Courage Artemis. Qu’est-ce qu’il pourrait arriver de pire ?

Solo

Je bouge frénétiquement mon regard sur la fresque incomplète. Rien ne me vient. Vraiment rien. Je me creuse la tête, mais le dessin ne m’inspire pas.

Je ne suis pas vraiment doué pour ce genre d’épreuve… Bien qu’elle soit digne de Sakai, j’aurais aimé qu’il s’agisse d’autre chose. Même avec de la chance, j’imagine que mon résultat sera médiocre. Heureusement, je n’ai rien à y perdre.

Je commence par effleurer une pierre délicatement, comme si elle était chaude comme le sable du désert. Presque comme si j’avais peur de me brûler en la touchant. Mais rien ne se produit lorsque je pose finalement ma paume sur cette dernière.

Réfléchis Artemis. Il faut bien commencer par quelque chose. Si je suis incapable de construire un dessin mental, je n’ai pas d’autre choix que d’essayer de créer quelque chose qui ressemblera de près ou de loin à quelque chose. N’importe quoi. Un Pokémon, un paysage…

Je bouge l’une des pièces, puis une autre, totalement au hasard. Ce n’est pas une méthode qui porte ses fruits, loin de là. J’ai l’impression de faire n’importe quoi et je pense que ce n’est pas qu’une impression !

Je bougonne mais au bout d’un moment d’errance de l’esprit, j’arrive à créer une ligne continue. Il semble que ces deux carrés correspondent entre eux. J’y crois pas ! J’ai enfin réussi à faire un petit quelque chose.

Suite à cette petite victoire personnelle, je baisse ma garde un instant. J’oublie que l’épreuve est chronométrée… Voilà que j’ai perdu un temps précieux. Toutefois, je me rends à l’évidence : je ne suis pas fait pour résoudre les puzzles et encore moins lorsque ces derniers sont si imposants.

Sur la pointe des pieds, je fais coulisser une nouvelle pierre. Inutile. Je n’ai aucun don pour cela et le temps est écoulé !

Enfin, c’était plutôt divertissant .Je peux voir aussi que d’autres ont réussi leur épreuve. Il y a de beaux dessins qui rendent grâce aux fresques de Sakai. Désolé les érudits, une autre fois peut-être ! Je suis meilleur dans le ciel ou sur la mer.

Solo