Charlie Sulka Graenblar - Chevalière d'or hantée par un désir d'ailleurs

CHARLIE SULKA GRAENBLAR
« Une chevalière d'or hantée par un désir d'ailleurs »

INFOS

Nom : Graenblar, nom de son père biologique qu'elle assume sans rougir.
Prénoms : Charlie. Prénom épicène, attribué bien avant la naissance par sa mère.
Sulka, son deuxième prénom signifie "plume", une autre idée de sa mère qui voyait en cette enfant une créature légère. Le temps ne lui donna pas raison, puisqu'elle devint massive comme un Tauros à l'image de son père.
Espèce : Humaine
Genre : Femme.
Âge et date de naissance : 26 ans, née le 10 Août 193.
Type de la Magie : Roche.
Royaume : Kuni.
Métier / Occupation : Chevalière d'Or.

POKÉMON

Veuillez barrer le choix ne vous convenant pas parmi :
~~- J'aimerais débuter l'aventure sans Pokémon~~
~~- Je désire qu'on me propose un choix de trois Pokémon~~
- J'ai choisi mon Pokémon de départ et le voici
- J'aimerais qu'on lance le dé chromatique

Charlie Sulka Graenblar - Chevalière d'or hantée par un désir d'ailleurs Sprite_679_chromatique_XY

OLRIK | Monorpale* ♂
Bizarre - Annule Garde
Description : Ce glaive vivant est entré dans la vie de Charlie dans des circonstances dont elle se serait bien passée, et que vous découvrirez en lisant son histoire. Elle lui donne le nom d'Olrik, en souvenir d'un ancien ami à elle, convaincue que c'est à cause de ce lui que ce sinistre artefact s'est éveillé pour la hanter. Elle entretient avec ce mystérieux Monorpale un lien complexe mêlé d'horreur, de dégoût, de tristesse et d'amour. Il cristallise ses tensions, et sait mettre en évidence ses points faibles.

DESCRIPTION PHYSIQUE

Cheveux : Blond véniciens, la longueur oscille périodiquement entre le cou et le haut du dos.
Yeux : Bleu crépusculaire.
Peau : Pâle, comme les gens du nord.
Silhouette : Elle mérite de s'y attarder: Charlie mesure un peu plus de deux mètres, et son poids avoisine les cent kilos. Cette carrure athlétique et plutôt inhabituelle lui permit d'embrasser sa carrière de Chevalière avec une assurance certaine. Elle lui valut aussi quelques quolibets à l'adolescence, puisqu'on la traitait parfois "tour de guet" ou tout simplement de Noadkoko. Comme elle n'avait pas le sang chaud elle eut la subtilité de ne pas s'en offusquer, a fortiori cela ne fit que nourrir sa réputation de Nidoqueen implacable.
Particularités : Rien de notable, si ce n'est que le décalage entre les traits juvéniles et la silhouette massive de cette vieille enfant crée une dissonance saisissante.

PERSONNALITÉ

Caractère : Stoïque - Serviable - Juste - Un peu fantasque - Secrète - Lointaine
Charlie est solide. Les citoyens de la forteresse qui ne la connaissent que de réputation parlent d'une force tranquille, une muraille invulnérable dont personne n'a jamais vu les larmes. Son père adoptif ne serait pas aussi catégorique: ses larmes, il les a connues et séchées, mais il est vrai qu'elles ne duraient pas longtemps. Charlie n'avait pas besoin qu'on la dote de la magie roche pour se vanter d'être dure à cuire: c'est une battante, qui passe son temps à se relever, et avec un sens du devoir exemplaire.
Par honneur, elle préfère porter le nom de son père biologique que celui des Valencia, mais cela ne fait qu'illustrer à quel point elle a su s'approprier les valeurs que son tuteur lui a transmises. Mieux vaut l'avoir de son côté du champ de bataille.

Celles et ceux qui la côtoient un peu plus souvent la diront serviable, et à sa place dans son activité de protectrice. La chevalière fait ce qui lui semble juste, sans craindre la rumeur ni les coups bas. Quand elle en a la possibilité, il lui tient à cœur d'aider les gens à se prendre en charge plutôt que de simplement les tirer d'affaire, et de mettre chacun à sa place. Ainsi, les femmes et les hommes sous son commandement n'ont jamais affaire à un tyran, ni à une brute, mais à un pillier.

Cela dit, seuls ses proches peuvent se vanter de connaître la Charlie un peu farfelue, celle qui a le temps de lever le nez en l'air et qui pose des questions sans queue ni tête. Ses amis, collègues et famille proche ne l'apprécient pas que pour son dévouement, mais aussi pour sa facilité à voir le monde sous un angle différent, avec cette curiosité de petite fille qu'elle n'a jamais vraiment perdu. Il lui arrive également de s'égarer tantôt dans des monologues un peu perchés, tantôt dans les méandres de son fil de pensée. Dans les cas extrêmes, les yeux de Charlie se perdent dans le vide, et elle s'enferme dans un mutisme mystérieux dont il est difficile de la déloger.

Enfin, sous l'armure il y a des évidemment des zones sensibles. Même dans les moments durs, la jeune femme sait rester digne, mais elle préfère se soustraire au monde que de prendre le risque d'exhiber ses plaies. A ce titre, le comportement ouvertement direct et insistant de son père adoptif crée parfois des étincelles. A mesure que les misères s'accumulent, Charlie devient fuyante et insaisissable. Ses confidents se font rares.

Objectif(s) : N'en déplaise aux racontars, Charlie n'a pas trouvé son armure dorée dans une pochette surprise. L'objectif premier de la chevalière est de défendre Dorcas, la forteresse, Kuni et ses habitants jusqu'à son dernier souffle. Elle voue un réel respect à De Rosfind et reconnaît en elle une dirigeante digne, subtile, et qui mérite un respect bien supérieur à celui que l'imaginaire collectif daigne lui offrir.

Cela étant, sa loyauté envers Vénovos est mise à rude épreuve face à un fantasme qui ne lui appartenait pas à la base, mais qui la ronge depuis des mois, bien en-deçà son étincelante armure: Charlie désire fuir le monde. Non pas par lâcheté, mais par loyauté envers quelqu'un d'autre qui lui a câblé cet étrange projet autour du cou. Son coeur est à Kuni, mais sa tête est ailleurs: dans ses moments de solitude, son regard se tourne toujours vers l'Ouest, et l'immense chaîne de montagnes qu'elle devine cachée par l'horizon.

Craintes : Tiraillée entre ces deux perspectives, Charlie craint surtout pour sa santé mentale. Peu habituée à la fragilité, elle se trouve en position délicate lorsque son honneur de Valencia se heurte à l'inavouable désir d'ailleurs qu'elle porte en elle. Cela donne lieu à des mécanismes de défenses et de rejet qui la rendent vulnérable, ce qui lui est intolérable. Au delà de ça, ses peurs de voir disparaître Kuni, Vénovos, Dorcas ou même son père Roden sont très accessoires, car elle est encore fière et croit en sa force pour les préserver de toute forme de chute.

Pour finir, elle a encore un peu peur de son Monorpale et tout ce qu'il représente. Cela semble s'estomper avec le temps, mais l'affaire est loin, très loin d'être réglée.

HORS JEU

PUF/Surnom : Ey
Âge : 42 (bien essayé!)
Comment avez-vous connu le forum ? : toujours les topsites.
Code du règlement : The cake is a lie
Personnage sur l'avatar : Personne en particulier, les sources des images originales sont les suivantes:
- https://oniric-realms.tumblr.com/image/167215929252
- https://www.cuded.com/digital-art-by-elena-berezina/
- https://www.pinterest.co.uk/pin/292874781998436122/
Autre : Piou ♪

FAMILLE

Je pose ça ici au cas où, ça m'a bien aidé pour lire la bio de Camille :P
(crédit image blason des Valencia: @Leonys A. Valencia)

PNJs:

Björn Graenblar - Père, perdu de vue. Noble Sakaïen.

Dominique Jordana Valencia - Mère. Historienne.

Roden Valencia - Beau-père et tuteur. Chevalier d'Or.

PJs:

Camille E. Jaegan - Cousine, nièce de de Dominique. Maître d'armes.

Leonys A. Valencya - Cousine par adoption, nièce de Roden. Trésorière de la forteresse.

HISTOIRE

- Euh... Bonjour?

- Salut.

- Je peux m'asseoir à côté de toi?

- Comme tu veux, au pire promène-toi encore, l'instructeur est en retard de toute façon.

- Tu n'as pas l'air emballée, je vais me mettre ailleurs...

- Non, non, assieds-toi. J'étais juste perdue dans mes pensées, je me demandais quelque chose.

- Quoi donc?

- Est-ce que tu penses qu'un Draïeul pourrait voler à l'envers?

- A l'envers? Comment ça?

- Je ne sais pas. A reculons. Sur le dos. Les deux en même temps, pourquoi pas.

- ... Tu te poses de drôles de questions, mais je t'aime bien. Comment tu t'appelles?

- Charlie. Et toi?

- Olrik. Enchanté.

***

Il y avait à Vénovos un jeune cavalier, féru de cartes, d'exploration et d'inconnu. Ce cavalier s'appelait Olrik Solstafir.

Olrik était un gaillard vif, robuste et avec un charme plutôt efficace malgré sa petite taille. Pour ses parents, il était impensable qu'il ne trouve pas une belle noble à laquelle se lier, mais le cœur de leur fils était déjà pris par les deux choses les plus inaccessibles qui soient sur Ekoe. La première était la soif de voir le monde, bien au-delà des océans et surtout des infranchissables montagnes de l'Ouest. La deuxième, c'était Charlie Graenblar.

Charlie venait de loin. Ses parents s'étaient épousés à Sakaï, mais leur union ne dura que quelques années, de sorte que son père, un noble à la taille gigantesque du nom de Björn Graenblar, sortit de sa vie assez tôt. Elle conserva son patronyme mais ne le revit qu'à quelques occasions: la vie les avait éloignés puisque la fillette passa le plus clair de son enfance à Vénovos, où sa mère née Dominique Jordana Salieri s'était remariée avec un certain Roden Valencia.

***

- Alors comme ça tu es une Valencia, qui plus est la fille d'un Chevalier d'Or, et tu ne m'as rien dit?

- Fille adoptive. Et puis il n'y a pas de quoi en faire un plat.

- A ta place, je l'admirerais tellement!

- Oh, détrompe-toi. J'ai une immense estime pour Roden, par contre je me fiche royalement de la couleur de son armure.

- Tu ne veux pas marcher dans ses traces? Remarque je te comprends, à ta place j'aurais la trouille qu'on me prenne pour une parvenue.

- Je n'ai pas peur, et je me fous d'être pistonnée ou pas. Je n'y ai juste pas encore réfléchi.

- Dans ce cas.

***

Charlie et Olrik avaient grandi ensemble: tous deux enfant uniques, ils s'étaient liés d'amitié très tôt. Ils avaient le même âge, mais elle l'avait toujours dépassé d'une tête en taille, d'une épaule en largeur, et d'une longueur d'avance en bravoure. Écoliers, lorsqu'il s'agissait de décrocher un grimoire en haut d'une étagère ou de cueillir des fruits trop haut pour lui, c'était Charlie qui s'en chargeait sans rien demander en retour. Apprentis écuyers, elle prenait sa défense face aux camarades mal intentionnés qui cherchaient des noises au jeune homme: leurs derrières s'en souviennent encore. Soldats, elle veillait sur lui en le tirant des mauvaises vagues les jours de tempête, et en l'arrachant aux serres des monstres sauvages les plus coriaces. Pour elle, il était le grand petit frère qu'elle n'avait jamais eu. Hélas, pour lui, elle était la femme idéale.

Cette asymétrie ne s'arrangea pas avec le temps. La Charlie qu'il connaissait, déjà grande à l'adolescence, était devenue une vraie montagne à l'âge adulte. Une tourelle de force et de beauté, droite et imposante. Mais Charlie appréciait trop Olrik pour le rejeter définitivement, et comme elle avait toujours l'air ailleurs quand il la courtisait, rien ne parvenait à décourager le jeunot. Sans jamais trahir leur amitié, il multipliait les approches, redoublait de subtilité à chaque allusion, trouvait les cadeaux les plus farfelus pour attirer son attention...
Rien à faire. Charlie Sulka Graenblar était à Charlie Sulka Graenblar, et à personne d'autre. Même son père adoptif Roden, à qui elle devait son sens du devoir, semblait résolu à ne jamais s'opposer à elle. Il fallait dire qu'elle l'avait dépassé en taille, et que le Chevalier d'Or voyait en cela l'ombre de son titanesque géniteur Björn Graenblar. Cela ne l'avait pas empêcher d'élever Charlie comme sa propre fille, et elle était pour lui son "grand bébé"... mais il ne s'avisa de l'appeler ainsi qu'une seule fois.

***

- Tu n'as pas l'air dans ton assiette Cha, ça va?

- Ça va. Je me demandais, pourquoi on appelle les Canarticho ainsi? Ils se trimbalent avec un poireau, ça n'a aucun sens...

- Tu changes encore de sujet! Tu n'as pas adressé un mot à ton père l'autre jour, tu lui fais la gueule?

- Oui. Non. Peut-être, je ne sais pas.

- Tu es jalouse de ta petite cousine parce qu'il passe plus de temps avec elle qu'avec toi?

- Certainement pas. Léonys a besoin de se construire, et je ne vois personne de mieux que mon père pour l'aiguiller.

- Qu'est-ce qu'il t'a fait, alors?

- Il m'a serré dans ses bras et m'a traité de "grand bébé Chelours".

- Je trouve ça plutôt affectueux.

- Je trouve ça plutôt stupide. Oh, regarde! Un Canarticho.

***

Lorsqu'ils furent assez expérimentés pour vouer leur vie à Kuni, ils devinrent tous deux cavaliers. Mais avant même d'être adoubé, Olrik ne pouvait que constater à quel point Charlie l'avait déjà distancé. Pas besoin d'une guerre pour s'illustrer: la jeune femme avait fait mettre à genou une guérilla de déserteurs qui en voulaient à la vie de Rafahel et à sa légitimité en tant que chef du pays, voyant en lui le dernier des parvenus. Avec une poignée de femmes et d'hommes et son épée à deux mains, elle avait pourfendu cet embryon de guilde illégitime et fait voler en éclat ses ambitions malsaines. Cependant, l'exploit était ailleurs: elle l'avait fait sans faire jaillir une goutte de sang. Elle s'était contentée de faire respecter l'autorité de Rafahel en assommant ses détracteurs avec le plat de la lame. Ce fait d'arme lui valut une décoration de choix: on la fit Chevalière.

De son côté, Olrik ne pouvait pas se vanter de tels honneurs, puisqu'il était "seulement" devenu cavalier aérien, tissant avec son Corvaillus des liens solides. Le contact avec ces créatures surnaturelles était un des rares domaines où il pouvait se vanter de surpasser Charlie: celle-ci n'avait jamais ressenti le besoin de s'entourer de leur présence, estimant qu'elle pouvait compter sur elle-même dans toutes les situations. Personne n'avait pu lui donner tort jusque là.

***

- Dis Olrik, toi qui peux voler en chevauchant ton oiseau, tu t'es sûrement approché des nuages?

- Ça m'est arrivé, oui.

- Comment sont-ils? Est-ce qu'on peut marcher dessus, ou bien est-ce plutôt comme du coton?

- ... Je me demande où tu vas chercher ces questions.

- En attendant tu ne me donnes aucune réponse! Quelle texture, alors?

- Aucune, j'en ai bien peur. On passe à travers, c'est tout.

- Ça alors! Inouï. Ce sont peut-être des spectres.

- Va savoir.

***

Les parents d'Olrik Solstafir adoraient Charlie. Au-delà du fait qu'elle avait un nom plus noble que le leur, elle était pour eux un modèle de solidité et d'ardeur, et surtout un exemple que leur fils aurait dû s'obstiner à suivre. Mais à leur grand désespoir, le jeune homme voyait sa fougue guerrière faiblir à mesure que ses désirs d'exploration et de traversée des montagnes prenaient le dessus sur ses préoccupations militaires. Par ailleurs, il ne pouvait pas s'empêcher de voir d'un mauvais œil le fait que sa douce Charlie ait su se rapprocher de l'élite de la nation en se faisant un ami du vaillant Harvey de Rosfind, ou du redoutable Weiss Jenova, conseiller en devenir. S'il avait voulu la suivre cette fois-ci, Olrik aurait du envisager d'approcher les hautes sphères du pouvoir, et même si ses parents le poussaient dans ce sens, c'était bien la dernière chose dont il pouvait avoir envie.

Il préféra envisager de la ramener à lui, misant sur l'enthousiasme.

***

- Si tu en as marre de mes questions idiotes, tu n'as qu'à m'en poser aussi!

- Très bien. Tu voudras des enfants plus tard?

- Bof. Pas sûre d'avoir le temps de m'en occuper. Ou alors je les prendrai avec moi en mission sur mes épaules.

- Je ne pense pas que ce soit une place appropriée pour un mineur...

- A la bonne heure, Olrik. Tu n'auras qu'à élever les tiens comme tu l'entends.

- ...

- J'ai dit quelque chose qu'il fallait pas?

- Non, tu m'as juste collé un nouveau râteau sans le savoir.

- Ah! Désolé, c'était parfaitement involontaire.

- Mais oui.

***

Un beau jour, Olrik l'invita au donjon de ses parents. Les Solstafir n'avaient pas le prestige des Valencia mais ils n'étaient pas miséreux pour autant, leurs aïeux avaient fait construire une tour près du port de Vénovos. Le bâtiment n'était pas assez gigantesque pour faire de l'ombre au phare, mais il suffisait à héberger Olrik et ses parents tout en dominant la mer. Charlie y avait été reçue à de nombreuses occasions avec un accueil royal depuis l'enfance, mais si elle appréciait la vue qu'offrait la chambre d'Olrik, elle avait en horreur la grande salle de vie.

Dans cette vaste pièce austère, au-delà de l'immense table qui donnait une impression de vide, des trophées de guerre, de chasse et de famille étaient accrochés avec fierté sur tous les murs. Et parmi ces reliques il y en avait une qu'elle détestait plus que les autres: un sabre dans son fourreau, perché sur la cheminée au-dessus du reste. Cette arme ancienne déversait sur la pièce une froideur qui avait toujours ôté à Charlie l'envie de s'y éterniser. Dés sa première visite bien des années auparavant, elle avait bloqué sur l'artefact, et elle se souvenait encore de la fois où elle avait questionné son ami sur le sujet.

***

- Une relique familiale. Maman prétend qu'elle a appartenu à un ancêtre de ton père, le grand chevalier Leonys lui-même... Mais si tu veux mon avis c'est juste une daube rouillée qu'ils ont trouvé dans les ruines de Leros et qu'ils exhibent pour se faire mousser par les aristos. Pourquoi, tu l'aimes bien?

- Non. Elle est moche comme un Barpau. Je préfère ma lame, et de loin.

- Voilà qui nous fait un autre point commun. Tu lui as donné un nom?

- A quoi?

- Ta lame.

- Bien sûr que non, pourquoi je ferais ça?

- Je ne sais pas, certains soldats le font. Tu pourrais l'appeler Olrik? Ainsi je t'accompagnerai partout, jour et nuit.

- C'est ça. Fais de beaux rêves.

- Toujours!

***

C'était pourtant dans cette grande salle qu'Olrik lui proposa de passer l'après-midi ce jour-là. Il avait étalé d'immenses cartes sur la table, avec des épingles plantées sur des zones bien précises au niveau des pics de Sakai.

- La plupart des explorateurs dont j'ai lu les écrits ont échoué la traversée des montagnes de l'Ouest par manque de ressources, expliqua-t-il à Charlie. Ceux qui ont pris la voix des airs étaient obligés de voyager plus léger, ils se sont retrouvés plus loin et plus vite mais ont dû rebrousser chemin pour ne pas épuiser leur monture, et surtout garder des forces pour affronter les dangers de l'altitude... et échapper à des prédateurs inconnus.

- Tu ne parles que de ceux qui sont revenus pour raconter leur histoire.

- Justement! En étudiant tout cela de plus près, j'ai remarqué une vraie corrélation entre ceux qui sont partis à plusieurs montures aériennes et avec des guerriers robustes, et ceux qui ne sont jamais revenus. Je refuse de croire qu'ils aient péri.

- Crois ce qui t'arrange... Pourquoi tu me racontes tout ça, Olrik? J'adore les histoires d'aventures, mais si tu essaies de me faire rêver avec des cartes, tu n'es pas au bout de tes peines.

Le garçon prit l'air malicieux qu'elle lui connaissait.

- Cha, j'ai capturé un Draïeul lors de ma dernière mission à Ran. Si tu l'acceptes, il est pour toi. Toi qui voulais toucher les nuages, voilà ta chance: viens avec moi! Tu pourras le monter le dragon pendant que je chevaucherai mon Corvaillus, et aucune montagne ne nous résistera. En unissant nos forces, on peut franchir cette foutue barrière et voir ce qu'il y a derrière Ekoe! J'en suis convaincu.

Charlie, quant à elle, se trouvait convaincue du contraire. Elle était touchée par la proposition de son ami, mais absolument pas emballée par l'idée.

- Tu es un cavalier, Olrik. Tu as des responsabilités, ce serait déloyal de t'enfuir de la sorte.

- Un cavalier de pacotille, oui! Je n'ai aucun avenir dans cette voie-là. Pas plus qu'à Ekoe, rien ne me retient dans ce monde... Rien à part toi.

Elle ne rougit pas davantage que d'habitude.

- Tu t'ennuies, je comprends. Les missions qu'on nous donne ne sont pas toujours passionnantes. Weiss disait la même chose, et regarde où il en est aujourd'hui! Son heure est venue, et la tienne viendra aussi. Patience.

- Ma patience est déjà à bout. Quant à ton Weiss, je l'encrotte! Partons ensemble, Charlie. Je ne m'échapperai pas sans toi. Pas envie, pas capable.

Le monde d'ailleurs appelait le cavalier, et il n'était pas question de l'Archipel oublié qui alimentait bien des fantasmes. Seules franchir les montagnes de l'Ouest apaiserait sa soif d'aventure. Charlie en était désolée.

- Tu ne t'échapperas pas avec moi non plus. Roden et Hayward ont parlé de moi à Rafahel, je serais promue Chevalière d'Or le mois prochain. Pas de désertion possible, c'est mon honneur et celui des Valencia qui est en jeu.

Olrik s'effondra au sol, et ses espoirs aussi. Charlie n'était pas inquiétée, elle savait qu'il en rajoutait un peu et qu'il s'en remettrait. Mais comme il était son ami, elle lui tendit la main.

- Tu franchiras ces montagnes un jour, petit homme. Et même si je ne pourrai jamais le faire avec toi, je te promets mon soutien.

Il se releva avec son aide, en haussant un sourcil.

- Ton soutien? Elles n'ont pas fait long feu, mes responsabilités de cavalier! Tu ne veux même pas entendre parler de mes plans.

- Je n'aime pas les plans. Mais j'aime les histoires d'aventures, et j'ai hâte d'entendre la tienne. Si c'est vraiment ton projet, alors porte-le, tu en as les épaules. Et de grâce, garde donc ce Draïeul! Tu en auras plus besoin que moi.

Ils se regardèrent un instant, et se serrèrent longuement le bras avec intensité comme pour se gorger de leur confiance mutuelle, le tout sous le regard lugubre et dubitatif des portraits pendus au mur.

Le mois suivant, Roden fit forger pour sa fille une armure dorée avec un heaume, sur mesure pour coller à son gabarit spectaculaire, le tout aux couleurs des Valencia et à l'effigie de Luxray, un des emblèmes de la famille. Inévitablement on tarda pas à médire sur le mérite de la jeune femme, jusque chez les Valencia eux-mêmes. Comme ils n'approuvaient qu'à moitié son statut d'héritière, la voir propulsée à un rang aussi élevé par simple facilité familiale fit mécaniquement jaser dans les manoirs. Mais le venin du Cradopaud n'atteignant pas le blanc Lakmécygne (copyright Camille E. Jaegan pour le dicton), il eût fallu bien davantage pour fragiliser la principale intéressée.

L'armure:

***

- Olrik...

- Oui? Quoi encore?

- Qu'est-ce que tu penses qu'il y a, derrière les montagnes de l'Ouest?

- Je l'ignore. Le bout du monde, peut-être.

- Tu pourras m'en ramener un souvenir?

- Tout ce qui te plaira. Une pierre précieuse? Le crâne d'une bête?

- Un bout de nuage!

- ... Charlie.

- Quoi, qu'est-ce que j'ai encore dit?

- On en a déjà parlé, les nuages ne sont pas tangibles.

- Peut-être que ceux du bout du monde le sont! Et puis tu as essayé d'en faire rentrer un dans une Captis Ball? Si ça se trouve, ça marche.

- Je ne crois pas que ce soit aussi simple...

- S'il te plaît!

- Je verrai ce que je peux faire.

***

Le pauvre Olrik ne put jamais réaliser son fantasme, ni lancer une Captis sur les nuages. Sauf peut-être le jour où il fut avalé par eux, lors de la tempête de Septembre 219.

Charlie était dans son armure dorée aux côtés de Harvey de Rosfind pour faire son devoir et protéger la forteresse du déluge naissant lorsqu'elle vit le Corvaillus d'Olrik surgir d'entre les nuées. L'oiseau ne volait jamais sans lui: s'il revenait de sa mission de reconnaissance sans son cavalier, c'était qu'il l'avait perdu. A cette heure, le garçon avait certainement rejoint les gisants au fond des océans.

Malgré le soutien parfois maladroit de ses confrères chevaliers, elle s'en retrouva terriblement esseulée. Pour ne rien arranger, la situation climatique dégénéra rapidement à la forteresse. Ce fut donc avec une certaine mélancolie qu'elle mena à bien sa mission d'évacuation des citoyens, avant de se réfugier de son côté jusqu'à l'accalmie.

Quand la pluie s'estompa brusquement à l'étonnement collectif, la première chose qu'elle envisagea de faire en rejoignant Vénovos fut de rendre visite aux parents d'Olrik dans leur donjon près du port. Par la grâce de Manaphy, la tour Solstafir était toujours debout, mais en piteux état. Devant la porte pourrie dont la serrure semblait avoir été forcée, elle trouva le Corvaillus qui attendait sans bouger. L'oiseau donna un coup de patte dedans pour l'ouvrir dans un grincement épouvantable, une façon comme une autre de l'inviter à entrer.

L'endroit était vide, et plus lugubre encore que d'ordinaire. En allumant une torche, la chevalière découvrit un lieu ravagé, rongé par de longues semaines d'humidité. Tout avait dû être inondé à plusieurs reprises. Dans la grande salle, les portraits et les trésors de famille avaient été emportés. Tous, sauf l'affreux glaive qui n'avait pas bougé de la cheminée. Mais quelque chose n'allait pas.

Au centre de la garde du glaive, une lueur inquiétante s'était éveillée. La jeune femme dut s'en approcher de très près, trop près à son goût, avant de comprendre que l'arme avait un œil, et que celui-ci s'était ouvert sur elle. Habituellement impassible, la grande Charlie ne résista pas à l'effroi, et se surprit à tressaillir.

- Dame Valencia? C'est vous?

Elle sursauta. La voix venait de derrière. Quand elle se retourna, elle découvrit une silhouette qu'elle connaissait, celle d'un assistant de Weiss au département judiciaire.

- C'est Graenblar, pas Valencia. J'ai dû vous le dire cent fois au bas mot. Bonjour.

- Pardon madame... Le déluge n'a pas épargné cet endroit, et aux premiers instants de l'accalmie des cambrioleurs sont venus finir le travail et emporter les objets de valeur. Seul ce glaive que vous avez derrière vous est resté en place, je ne me l'explique pas.

- J'étais venue voir les Solstafir, je pensais pleurer leur fils avec eux.

- J'ai le malheur de vous apprendre leur disparition à eux aussi. Nous les avons retrouvés sous les décombres près du phare. C'était il y a déjà quelques semaines.

Voilà qui expliquait l'énergie morbide qui régnait ici. Charlie accepta la nouvelle avec tristesse et dignité. C'était une partie de son enfance qui s'était volatilisée.

- Mais quelque part, vous tombez bien. J'ai un message à vous délivrer. En théorie, suite à la disparition des parents de sire Olrik, ce donjon devrait revenir aux cousins éloignés des Solstafir.

Il marqua une longue pause, son "en thoérie" avait sonné très faux. Droite comme un menhir, Charlie n'était pas à l'aise avec la lourdeur du silence.

- Mais?

- Avant de se jeter dans la tempête en reconnaissance, le cavalier Olrik avait fait parvenir ses dernières volontés à la Forteresse par mon intermédiaire.

La chevalière déglutit. La voix de son ami allait peut-être retentir une dernière fois.

- Il vous reconnaît comme sa sœur, avec la bénédiction de son père et sa mère qui semblaient vous aimer autant que lui. Ils vous lèguent tout, madame.

Elle sentit le regard brûlant de l’œil unique du sabre dans son dos, toujours collé au mur. Rien n'était trop lourd pour Charlie, mais en cet instant ses nerfs étaient mis à rude épreuve.

- Tout... vous voulez dire...

- Ce donjon. La fortune parentale, si l'on finit par remettre un jour la main sur le coffre fort. Les montures aussi. C'est bien son Corvaillus que j'ai vu rôder devant la porte?

- Cela n'a aucun sens. Je ne peux y croire, pas sans un document signé de sa main.

- Il y en a un. "Par pure prévention", m'avait-il dit. Il m'a laissé un parchemin tout à fait officiel signé par lui et ses parents, et un autre spécifiquement rédigé à votre attention. Je l'ai avec moi.

L'assistant s'approcha de Charlie et lui remit le parchemin.

Olrik Solstafir a écrit:: Charlie,si je tombe, tout est à toi. Mes rêves aussi.
Tu sais où emmener Corvaillus.
Olrik S.

- Il a dit que vous comprendriez. Je vais vous laisser, il va vous falloir un peu de temps. Et puis, vous êtes chez vous.

Figée, la chevalière relut chaque mot de cette écriture qu'elle ne connaissait que trop bien, cinq ou six fois. Comme elle ne savait toujours pas quoi en penser, elle releva la tête et s'approcha de la cheminée.
Le sabre ancestral qui y pendait n'avait pas pris vie par hasard: c'était un magnifique spécimen de Monorpale. La légende disait que ces épées devenaient des créatures spectrales en absorbant l'âme défunte d'une de leurs victimes... ou de leur ancien propriétaire, selon les versions.

- Sacré cavalier. Même dans la mort, tu me colles toujours autant aux jambières. Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'un rêve qui n'est pas le mien?

Le sabre, poussiéreux et froid comme la mort, l'observait toujours en silence.

- C'est bien toi, Olrik?

Même en supposant que c'était bien lui, elle n'aurait pas pu l'imaginer se réincarner dans un réceptacle pire que celui-ci.
L'objet possédé ne lui répondit pas. Mais il se décrocha du mur et se mit à flotter. Et à compter de ce jour il la suivit partout, dans son nouveau donjon comme au dehors.
L'ouragan était derrière elle, mais des jours bien gris se dessinaient.

***

- Je me demande comment la tempête a pu s'arrêter aussi vite. C'était surnaturel.
- ...
- Tu n'as pas beaucoup de répondant. Je préférais quand tu étais en chair et en os.
- ...
- Je n'aurais jamais été à toi, mais si tu avais insisté je t'aurais peut-être suivi au bord du monde.
- ...
- Enfin quoi! Je t'avais dit de porter ton projet, pas de l'abandonner entre mes bras et de te jeter dans la mer! Qu'est-ce que je fais moi, maintenant, avec ton Corvaillus? Je ne vais quand même pas l'envoyer se casser le bec tout seul sur les sommets d'occident! C'est ça que tu veux?
- ...
- Pourquoi est-ce que je parle à un sabre, moi? Je deviens tarée.
- ...
- Tu me manques un peu trop, petit homme.

- Tu es là, ma fille? Je peux entrer?

- Non, Roden. J'ai besoin d'être seule, merci de fermer la porte.

- Tu m'inquiètes. Je ne sais pas si c'est une bonne idée que tu déménages maintenant, qui plus est dans cette ruine pleine de moisi. Ton pokémon ne nous dérange pas, tu sais...

- Ce n'est pas mon pokémon, mais une malédiction. Et elle n'a rien à faire chez nous. Donjon moisi ou non, je m'installe chez les Solstafir, j'y passerai la nuit et toutes les nuits à venir.

- Tu n'as pas l'air d'en avoir très envie! Reste avec nous, au moins ce soir. Ta mère a fait rôtir un filet d'Ecremeuh et moi des galettes d'orge, tu ne vas pas louper ça? Avec un bon vin de Remu. Je vais chercher les bouteilles.

- Papa, par pitié...

- Désolé. Fais ce qu'il faut.

***

Charlie investit donc le donjon de feu Olrik et ses parents, le vida de son mobilier pourri par les eaux, restaura autant que possible l'intérieur pour faire table rase du déluge, et l'occupa avec ce triste Monorpale pour toute compagnie. L'inconfort et les odeurs d'humidité étaient le prix de sa solitude: fatalement, elle s'éloigna de son père et de sa mère, ce qui faisait sournoisement un peu partie du projet. Et pour la première fois, sa solidité s'effrita.

Évidemment, cette succession douteuse n'était pas du goût des autres Solstafir lointains ni du reste des Valencia, qui étaient nombreux à y voir une coïncidence trop étrange pour en être vraiment une. Cumulé à son statut d'héritière de Roden sans lien de sang, cela commençait à faire beaucoup. A qui se fiait-on là? Une inconnue? Sortie du fin fond du Nord de Sakaï? Qui, par dessus le marché, s'appliquait à réduire les contacts avec sa famille adoptive? De plus belle, on la traita de parvenue, d'usurpatrice, de scélérate... Mais rarement osait-on le lui dire en face. Elle restait chevalière d'Or, et pas la plus frêle.

Le vrai malaise était ailleurs. A force de relire le message qu'Olrik lui avait laissé, elle s'était persuadée que le Monorpale, dans lequel elle ne voyait que son fantôme, n'aurait de cesse de la hanter tant qu'elle ne réaliserait pas son fantasme d'aventure, celui qu'il lui avait fait promettre de soutenir de son vivant: la traversée des montagnes de l'Ouest. Dorcas avait succédé à Rafahel à la tête de Kuni, et Charlie lui devait obéissance et loyauté, mais ces jours-ci son usure mentale ne lui permettait pas de le faire correctement. A la fin de l'hiver 220, elle était à bout.

Alors un beau jour de Mars, elle n'y tint plus. Foutue pour foutue, elle choisit d'embrasser le destin et de céder secrètement au rêve fou du cavalier. Elle parvint à négocier auprès de Dorcas une retraite spirituelle de plusieurs semaines "pour se ressourcer", confiant la protection de De Rosfind à Roden, Hayward et le reste de l'ordre des chevaliers dorés.

Lorsqu'elle obtint congé, elle se précipita au donjon, retrouva toutes les cartes d'Olrik, les étala au sol comme il l'avait fait sur la grande table des mois avant sa disparition, puis replanta les épingles. Elle remit également la main sur la Captis Ball de son Draïeul, planquée au fin fond d'un placard. Après des jours de préparation elle chargea le dragon de vivres et du strict nécessaire, relia sa patte avec une corde à celle du Corvaillus qu'elle enfourcha, et ils s'envolèrent tous les trois vers l'Ouest. Ou plutôt tous les quatre, car évidemment ce Monorpale de malheur s'était invité au voyage.

***

- Merci pour l'hébergement. Heureux que la tempête ne vous ait épargné.

- Et moi donc! Tu as tellement grandi. Ta mère va bien? Et son enfoir... je veux dire, son preux chevalier aussi?

- Ils font aller, comme tout le monde. Ils se sont réfugiés à Arras avec ma cousine Leonys pendant les évènements.

- En parlant de ça, pourquoi fais-tu escale chez moi plutôt que ta famille côté Jaegan? J'imagine que tu aurais été bien accueillie au domaine Salieri.

- Je crois que je respecte trop les neveux et nièces de Maman pour les embêter avec ma présence dans un moment pareil de mon existence.

- Ton père biologique, en revanche, aucun problème? Merci quand même, chair de ma chair!

- Ne soyez pas vexé. Je voulais seulement revoir celui à qui je devais la vie avant de partir, puisque ce voyage sera peut-être mon dernier.

- Qu'est-ce que tu me chantes là? Où vas-tu, pour commencer?

- A l'Ouest.

- Mais encore? Nous y sommes déjà, à l'Ouest.

- A travers les montagnes, le plus loin possible.

- Tu as perdu la raison?

- Peut-être bien. Je ne le fais pas pour moi, mais pour un ami perdu. Kyogre l'a emporté en Septembre. Ma décision est finale, vous ne pourrez pas m'en empêcher.

- Je n'en ai pas l'intention, tu es une adulte. En perdition, mais adulte tout de même. Que Groudon soit avec toi. Et l'âme de ton ami aussi.

- ...

***

Corvaillus et Draïeul n'étaient pas des compagnons faciles: ils n'avaient connu qu'Olrik, et Charlie n'avait monté des créatures volantes qu'à de rares occasions. Vaillante et débrouillarde, elle n'eût de la misère à les amadouer que les premiers jours, mais les choses se corsèrent fatalement après le survol des pics de Sakaï. Les sommets et les cols se succédaient, tous plus hauts les uns que les autres, et la roche se substitua rapidement à toute forme de végétation. Les vents se faisaient tranchants, et les plateaux interminables. L'oiseau et le dragon ne mirent pas longtemps à flancher.

- Courage, vous deux, leur fit-elle pendant qu'ils reprenaient des forces. Le temps est clair, c'est notre chance. Il faut y aller.

- Draaaaaaaaaaaaa!!

- Je sais, c'est de la folie. Mais c'est ce qu'il voulait, alors pas le choix, fit-elle en regardant du coin de l'oeil le Monorpale qui la fixait toujours.

Le coup de grâce vint du ciel. Car ce jour au temps si clair, c'était hélas celui du Chaos. Alors qu'ils avaient tout juste repris leur envol, le faisceau de lumière s'abattit sur le monde, et des rayons multicolores jaillirent de la brèche d'où s'étaient échappées les Bêtes. Celle qui frappa le Draïeul était à l'image de la montagne elle-même: un amas de pierre monstrueux, une tour vivante. Elle passa si vite à travers les airs que le dragon n'eût pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait avant de se faire percuter la tête par le démon, et de périr en plein vol. Il sombra alors comme un météore vers les pics, en emportant Corvaillus à qui il était attaché, et Charlie avec.
La chevalière avait beau être en armure, tomber d'une telle hauteur la tuerait à coup sûr. Pendant la chute à travers ce fantastique ouragan de lumières folles, elle eût tout juste le temps de croiser le regard de Monorpale avant de perdre connaissance.

Il sembla pourtant que Groudon la voulait en vie. Elle se réveilla en sursaut contre le roc sur lequel elle s'était écrasée, en crachant à peine quelques gouttes de sang. Plus bas, Draïeul gisait sans vie, mais Corvaillus n'était plus là. L'oiseau avait dû quitter ces fous et affronter la montagne tout seul, il en était capable.

Charlie n'arrivait pas à expliquer sa survie. Il lui fallut bien longtemps pour comprendre que ce jour-là, les Bêtes lui avaient fait un don. Mais que sa résistance fut surnaturelle ou non, elle n'en restait pas moins perdue au milieu des montagnes de l'Ouest, sans monture.
Alors qu'elle honorait silencieusement la mémoire du pauvre Draïeul, le Monorpale surgit du décor et se remit à flotter odieusement autour d'elle. Cela mit un terme à son sang-froid.

- Saloperie de bout de ferraille! Tout ça c'est de ta faute! Rends-moi ma vie d'avant!

Si Olrik avait été vivant et devant elle, elle l'aurait peut-être tué. Charlie lui en voulait, à un point inimaginable, de lui avoir refourgué ce projet absurde qui ne lui appartenait pas. Innocemment ou non, cet imbécile avait réussi là où les salauds du monde entier avaient toujours échoué: il avait esquinté l'égo de la jeune femme, en retournant sa loyauté contre elle-même. Pourquoi, par tous les Djinns, lui avait-elle fait la promesse de le soutenir là-dedans? Et quelle folie avait pu la pousser à absorber son caprice et à en faire le sien, sinon la même que celle qui la laissait croire à sa résurrection sous la forme d'un glaive miteux?

Elle voulut l'éclater pour de bon avec sa propre lame, mais c'était un spectre. Elle ne parvint qu'à faire danser l'étoffe rouge qui pendait au pommeau, et à se casser la figure contre les rochers à de multiples reprises, étonnamment sans la moindre douleur.
Invulnérable mais essoufflée, elle n'en resta pas là et lui aboya à la figure comme jamais elle ne l'avait fait avec qui que ce soit:

- On a l'air malins maintenant, hein? Tous les deux, dans ton caprice de gosse au milieu des pierriers! Tu aurais dû t'en tenir aux cartes, et moi aux histoires! Crétin!

Pas de réponse, bien sûr. Les larmes la guettaient, et avec elles une insurmontable fragilité. Plutôt dépérir.

- Sors-nous de là, Olrik. Je ne te laisserai pas me voir pleurer. Sors-moi de là, avant que je ne me tue! Tu auras alors tout perdu.

Alors, Monorpale resta immobile pendant quelques instants, puis se mit à flotter en suivant la pente, comme pour lui indiquer le chemin.
Au fond, elle se fichait de savoir si c'était vraiment l'âme d'Olrik qui habitait ce sabre ou non. Peut-être était-ce celle de son père, sa mère, de l'arrière grand-mère Solstafir. Peu importait, leurs destins étaient liés.

L'exploration s'arrêtait ici: le spectre, qui dans son silence insupportable semblait détenir des vérités cachées, avait jugé bon de rebrousser chemin. Dénué de jambes, et donc paradoxalement plus mobile que la chevalière, il put lui trouver les routes les moins périlleuses à travers les cols les plus accessibles, éviter les coins escarpés et les nids à prédateurs. Ensemble ils retrouvèrent Ekoe, de justesse avant qu'elle ne tombe d'épuisement. On la secourut près des pics de Sakaï, et on la soigna dans un refuge jusqu'à ce qu'elle puisse reprendre la route de Vénovos, le cœur lourd mais plus reposé que jamais.

Toutefois, le rêve d'Olrik ne s'était pas estompé. Il s'était imposé à Charlie avec la force de l'évidence, malgré toute l'incompatibilité avec sa loyauté de chevalière. En son for intérieur, elle savait que cette traversée n'était pas terminée, et qu'il lui faudrait un jour l'achever. Dût-elle affronter toutes les Bêtes du monde, les autres tempêtes de Septembre à venir, et même vaincre tous les autres Chevaliers d'Or un par un s'il le fallait, elle ne finirait pas sa vie sans rapporter un morceau de nuage cueilli au bout du monde.

HRP:

Cousiiiiine
Trop contente de ton adaptation du personnage, je ne dénote aucune anomalie dans la fiche. Déjà hâte de RP à ses côtés Effectivement, la lecture de l'histoire a piqué un peu, mais pas le moment auquel je m'attendais. Ce qui m'a eu c'est plutôt la fin que j'ai trouvé super touchante. Ça m'a fait penser à la présentation web à laquelle j'ai assisté cette semaine au sujet de la frustration, avec la présentatrice qui disait que la résolution des frustrations vient avec la vulnérabilité et des larmes. Notre pauvre Charlie n'est pas au bout de ses peines... Sur ce ce !

C'est une validation !

Félicitations tu es VALIDÉ ! Bienvenue à Kuni. Tu peux dès maintenant recenser ton avatar dans le bottin des avatars et ton métier dans le bottin des métiers. Tu dois aussi passer créer ton inventaire dans ce forum. Si tu en as l'envie, tu peux aussi créer ta fiche de liens où tu pourras demander des RPs et des liens intéressants ! Surtout, tu récupères ta couleur et peux maintenant te lancer dans le jeu. La validation de ta fiche te fait gagner 20 écus ! Profite bien !

Re-bienvenue !

Charlie est très intéressante, j'aime beaucoup la fiche. :huhu:

Au plaisir de RP avec toi, n'est-ce-pas ?

Youpi!! Merci pour le re-accueil, et content que la lecture vous ait plu :)
Et oui j'ai bien l'intention de vous la présenter en RP à toutes les deux ♫

N'oubliez pas le dé chroma (a)

J'avais pas du tout oublié...
Monorpale est chromatique !!

Le membre 'Ignis' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'Dé Chromatique' :
Charlie Sulka Graenblar - Chevalière d'or hantée par un désir d'ailleurs Ak62

Mood:

Merchi :3

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