Ah Kashai, enfin chez soi, j'avais beau avoir apprécié mon déplacement à Ran, il fallait reconnaître qu'il n'y avait rien de mieux que de rentrer dans sa patrie, et surtout dans sa ville. Il est vrai que Mitka était la ville qui m'avait vu naître, mais du fait de mes nouvelles responsabilités, Kashai était peu à peu devenu mon nouveau chez moi. Mais bon je m'étais promis que dès que j'aurais le temps, je repasserais par la maison de mes parents pour leur payer une petite visite. J'avais quelques petites choses à leur raconter, comme mes aventures dans l'Archipel et les découvertes que j'avais faites là-bas. Cette faune sauvage complètement inconnue m'avait agréablement surpris, et m'avait en quelque sorte revivifié.

Mais j'avais surtout envie de donner mon rapport à ma cher Ceriza d'abord, et puis pourquoi pas prendre de ses nouvelles, après tout depuis qu'elle m'avait convaincu de devenir négociateur, je la voyais beaucoup moins souvent, ses fonctions de cheffe n'aidant pas de base, et désormais cette nouvelle faculté que bon nombre de gens semblait développer. Il y avait de quoi être complètement débordé, mais je devais la voir, et la connaissant, elle devait sûrement m'attendre. Du coup, à peine arrivé en ville, je m'empressais de prendre contact avec un de ses informateurs. Il s'agissait d'Arsil, je ne connaissais son nom que parce que j'avais eu l'occasion de l'entendre à quelques reprises lors de mes entretiens avec Ceri, je savais qu'il était le mieux placé pour transmettre ma requête, alors sans tarder je lui expliquai simplement que je souhaitais parler à notre cheffe, et dans la seconde qui suivi, il était parti à dos d'Arcanin. Il ne me restait plus qu'à attendre qu'il ne retrouve la trace de ce véritable courant d'air qu'était Ceriza. Afin de ne passer au mieux mon temps, je décidai de faire comme à chaque fois que ce genre de choses arrivait, je remettais de l'ordre dans mon package, le trajet retour avait mis un chantier sans nom dans mon sac, alors je m'amusais comme je pouvais, à pester contre moi-même intérieurement car j'avais pensé à mettre une Captis Ball dans une poche plutôt qu'une autre, ou que j'avais mal replié un vêtement ce qui faisait que ma gourde se retrouvait encore par terre.

Mon package de nouveau remis en ordre, je pouvais désormais attendre en toute tranquillité le retour du messager, qui ne fut pas très long d'ailleurs. Il m'invita donc à le suivre, et quelques instants plus tard je pouvais enfin voir ma vieille amie. Elle semblait pratiquer son don elle aussi, je devrais peut-être m'y mettre aussi un de ces jours, cela pourrait s'avérer utile. Mais bon j'allais attendre au moins qu'elle finisse avant de la saluer, faudrait pas que je me fasse cramer le visage avec son souffle, sinon là j'aurais une bonne raison de porter mon masque. Une fois que son petit tour était fini, et une fois assuré que son messager était parti, je m'avançais, tout de même avec un peu de prudence. Une fois assuré qu'elle m'ait vu je pouvais lui dire bonjour comme j'en avais pris l'habitude, et ce en oubliant un peu le protocole :


« Coucou, Risette, comment vas-tu ? Avant que tu demandes, même si je pense que tu le sais déjà, je vais bien, et j'apporte des bonnes nouvelles, nos marchands vont pouvoir sourire, les fournisseurs Ranin ont accepté de vendre leur matières premières en exclusivité, et j'ai même pu nous avoir une petite réduction. Je dois avouer que je suis content de pouvoir aider notre peuple, même à ma petite échelle, et pour ça je dois l'avouer je t'en remercie. Oui encore, je sais, pas besoin de me le dire. »


Je ne pus m'empêcher de rire de mes propos, je la connaissais tellement bien que je pouvais presque prévoir ce qu'elle allait me dire. Et en regardant un peu aux alentours, je le vis, le petit pote que j'aurais aimé avoir, mais sur lequel j'ai jamais réussi à tomber. Son petit Cipolin le Kabuto, je devais avouer que j'étais un peu jaloux, elle savait que c'était une espèce qui me plaisait beaucoup, déjà parce que ses petites pattes étaient adorable, mais aussi son regard que beaucoup trouvait quelque peu effrayant. Comme à chaque fois que je le voyais, je ne pouvais m'empêcher de lui adresser un petit sourire, et à côté c'était bel et bien sa Libégon que je voyais, cela paraissait logique, puisqu'elle s'entraînait à perfectionner son souffle tel un dragon. J'attendis donc patiemment la réponse de ma Cheffe pour poursuivre le dialogue, mais c'est alors que je vis une attelle à son bras. Je n'avais plus vraiment l'habitude de m'énerver, mais là ce fut instinctif, elle s'était blessée, pendant mon absence qui plus est. Prenant sur moi, j'attendis patiemment, si elle voyait que j'avais compris pour son attelle, alors peut-être qu'elle allait m'en parler, il vaudrait mieux...

J'étais toujours amusé de voir Risette réagir à ma façon de la saluer quand il n'y avait que nous ou sa compagne. Même si c'est vrai que l'envie de l'appeler ainsi en public m'avait titillé l'esprit à plusieurs reprises, je faisais tout de même attention. Après tout certains m'avaient un peu à la mauvaise puisque Ceri et moi étions connus pour être des amis de longue date, et que ma nomination en tant que négociateur tenait plus du piston que de mes succès militaires. Et comme je m'y attendais, ma cheffe me sermonna un bon coup, me rappelant qu'elle avait juste eu confiance en moi rien de plus. Mouais ce genre de petits compliments ne prenaient pas et elle le savait. D'ailleurs lorsqu'elle vit mon regard s'assombrir un peu, elle me jugea quelque peu, et heureusement que son Colombeau était perspicace, il put éclaircir la situation, et enfin j'allais avoir mes explications.

Au final elle m'assura que ce n'était rien de grave, un petit souffle de soulagement bien caché par mon masque vint m'apaiser intérieurement. Elle savait très bien que malgré mon envie d'esquiver le conflit, personne ne faisait de mal à mes proches, mais la petite fourbe qu'elle était en profita pour ma donner des détails … quelques peu gênants sur sa vie privée. Elle savait pourtant que cela ne m’intéressait pas de savoir qui prenait les initiatives pour qui avec sa compagne. Et puis la question fatidique tomba, pourquoi ne lui avais-je toujours pas parlé de mes possibles conquêtes, elle qui adorait ce genre de ragots, devaient souvent en entendre, après tout, il est vrai que les femmes aimaient complimenter mon allure. Mais ce n'était pas le sujet, enfin pas pour moi, et il me fallait vite trouver une parade... Oh ! J'avais la solution parfaite.

Tel le fourbe que j'étais aussi capable d'être, je m'approchais doucement de mon amie, retirant délicatement mon masque, je savais qu'elle avait horreur que je fasse ce qui allait suivre mais ça m'amusait tellement de l'embarrasser de la sorte. Je me mis alors à la hauteur de son oreille :


« Tu n'as pas à t'en faire pour moi, à ce niveau là je profite quand il faut, même si depuis quelques temps... » Je fis un pas en arrière et le masque toujours au niveau de mon cou « je suis quelque peu … Toxique pour ces dames ! »


Avec ces derniers mots, je me concentrais un peu, et un petit nuage violacé, et quelque peu empli de poison, s'évapora dans l'air. Il n'était pas dangereux de le respirer, mais tout de même j'avais pris mes distances au cas où … Bon il est vrai que je cachais une petite aventure avec une ancienne collègue de l'armée, mais ce n'était rien de très sérieux, on se voyait de temps à autre le soir, mais depuis que mon don s'était éveillé, je l'évitais un peu honteux de cela, et puis pour éviter tout risque d'empoisonner involontairement mes proches, je remis mon masque, il avait beau être juste esthétique à la base, je devais reconnaître qu'il était fort pratique pour dissimuler cette aptitude, bien que bon, quand je perdais mon sang-froid il m'arrivait de lâcher un petit souffle pourpre qui s'échappait de mon masque.

Je m'amusais comme un fou à lui faire ce genre de tours, et puis bon c'était ma petite vengeance, elle savait que j'avais horreur de l'entendre parler de sa relation avec Ildra, non pas que je sois jaloux, mais c'était juste que sur ce plan là j'aimais beaucoup la discrétion. Mais alors que je reculais après ma petite farce, je dus faire un petit saut, Cipolin était toujours là à me tourner autour. Moi aussi j'étais très content de le voir, il était tellement adorable ce petit polisson, d'ailleurs j'avais un petit cadeau pour lui :


« Hey, salut Cipolin, ça va mon grand, je t'ai pas oublié tu sais, regarde ce que j'ai là pour toi, je l'ai ramené de mon voyage de Ran, je me suis dit que ça te plairait ! »


Ah qu'est-ce que j'aimerais avoir moi aussi un Kabuto, ils sont tellement adorables ces petits Pokémon, et puis l'idée d'avoir un Kabutops pour dissuader les gens de ne pas négocier était je devais le reconnaître une idée ma foi fort intéressante...

Ceri avait ce don pour toujours savoir rebondir sur une de mes blagues pour venir me provoquer, ah la bougresse, mais bon c'était de bonne guerre entre nous. On avait toujours été proche, mais elle était toujours la plus ouverte d'esprit il fallait l'admettre. Et voilà qu'elle recommençait avec ses insinuations gênantes, elle ne pouvait pas laisser mes doigts en dehors de cette histoire ? Et alors que Cipolin était très heureux de sa friandise, ma vieille amie, me fit une proposition très étonnante. Elle souhaitait que je prenne Cipo sous mon aile, et que je l'emmène avec moi ! J'en avais le souffle coupé, je ne m'attendais pas du tout à ça. Il me fallut quelques secondes pour reprendre mes esprits, et alors que je m'apprêtais à lui répondre, il me vint une petite idée, elle souhaitait me provoquer une fois encore sur mes conquêtes, eh bien ok, après tout on était entre proches, alors pourquoi pas rentrer dans son jeu. Je la regardais avec un sourire narquois, caché par mon masque, et je lui répondis :


« Eheh, Risette, je suis étonné qu'avec ton réseau aussi large qu'un Ronflex tu n'as jamais réussi à te renseigner sur mes conquêtes. Et pourtant si tu savais ce dont ces fameux dix doigts étaient capables, tu aurais de quoi être jalouse, sans parler de mon talent pour les langues, et non je ne parle pas de linguistique. »


Tu m'avais cherché Risette, tu n'aurais pas dû. Mais j'avais quelque chose de bien plus sérieux qui m'attendais désormais, je re focalisais mon attention sur Cipolin, serait-il d'accord avec le fait de m'accompagner et de quitter sa dresseuse ? Certes je l'adorais beaucoup, et cela semblait réciproque, mais tout de même ce n'était pas une décision à prendre à la légère. Je devais donc m'assurer de plusieurs choses :


« Plus sérieusement Risette, t'es sûre de ton choix, je veux dire Cipolin est avec toi depuis un long moment déjà, je sais bien que je suis un grand fan des Kabuto, mais tout de même. Et si il ne se plaisait pas avec moi, je me sentirais trop mal de décevoir encore une fois quelqu'un, et spécialement l'un des Pokémon de l'une des personnes les plus importantes à mes yeux... »


Les mauvais souvenirs remontaient, mais ça allait, je savais déjà ce qu'allait me répondre Ceriza. Je pris juste quelques instants pour m'asseoir, j'en avais bien besoin d'un coup. Mon don m'avait un peu drainé, et ces images qui apparaissaient tels des flash assassins, n'arrangeaient rien. Je sentais que mon souffle avait un peu accéléré mais je tenais bon, je ne laisserais pas un fantôme du passé venir gâcher mon temps passé avec une amie aussi proche que Risette, et puis Cipolin me regardait avec ses petits yeux. Il fallait rester fort... Au fond de moi j'avais très envie de le prendre avec moi c'était une évidence, et le Kabuto semblait de cet avis aussi puisqu'il n'avait pas quitté mes pieds depuis que j'étais arrivé.

Après quelques longues secondes, je sentais ces images enfin disparaître de mon esprit, ma volonté était restée plus forte que mes traumatismes, et c'était une bonne chose, mon souffle se stabilisait enfin, et je ne souhaitais inquiéter personne. Je prétextais alors être un peu plus épuisé que je ne le pensais entre le trajet et ma petite blague, au pire j'essuierais une petite remontrance de Ceri, mais valait mieux cela que de l'inquiéter pour rien. Elle avait déjà assez à faire. Me restait plus qu'à savoir si elle pensait vraiment ses mots, ou si elle m'avait juste fait une blague de mauvais goût, même si la connaissant ce n'était pas son genre...

Comme à chaque rechute, je pouvais toujours compter sur mon amie de toujours, elle me connaissait par cœur, et même mes tentatives pour lui mentir échouaient lamentablement. Elle lisait en moi comme dans un livre ouvert, mais en soi ce n'était pas plus mal, car elle avait toujours le mot pour m'aider à remonter la pente. J'écoutais donc toujours un peu dans les vapes ses dires, j'avais toute sa confiance, et elle savait que Cipo serait heureux à mes côtés. Une telle confiance aveugle était une source de motivation à mes yeux. Elle avait totalement raison, je ne pouvais pas la décevoir, ni elle, ni ce petit Kabuto. Et en plus de me remonter le moral, elle arrivait encore à m'amuser, quel talent. Le jeune négociateur, hein, j'avais déjà une réponse toute prête qui me venait, comme au bon vieux temps :


« Me répond la petite jeune qui me fait face, hein ? Mais oui tu as bien raison, on en a vécu un paquet d'aventures, et tu ne cesses de me surprendre, pas étonnant que Mido se porte aussi bien avec une petite jeune aux commandes. Ça a toujours été ton plaisir inavouable de vouloir tout diriger, heureusement pour moi que je me suis jamais laissé mener à la baguette. »


Et voilà c'était reparti avec un bon fou rire, ah que de souvenirs, ceux qui me revenaient en cet instant étaient tous plus joyeux les uns que les autres. Mais je me rendis alors compte que je n'avais rien décidé pour ce qu'il en était de Cipo. Ce jeune Kabuto semblait partant pour me rejoindre et je ne voyais pas de raison de refuser une telle opportunité, je fixais donc la Captis Ball qui m'étais toujours présentée, je ne pouvais pas, non je ne DEVAIS pas refuser, pas après ses mots à mon encontre. Je posai alors ma main fermement sur la Captis Ball de Cipolin, et mon regard se fixa alors dans celui de Risette, ma volonté était inébranlable, et ma détermination sans faille, j'étais prêt à élever ce Kabuto, pour qu'un jour il puisse rendre fier celle qui l'a accueilli la première. Je n'avais pas besoin de dire un mot de plus, ma décision était prise, et elle le savait, tout comme Cipo à en juger par les petits bruits qu'il faisait.

J'avais passé un bon moment à discuter avec ma petite Risette, mais j'allais peut-être bientôt la laisser, pas tout de suite certes, mais je n'allais plus trop tarder. Sachant cela je me permis alors de rappeler deux-trois petites choses à ma cheffe :


« Oh et Risette avant que je n'oublie, t'as pas intérêt de faire plus de gaffe avec ton bras, et surtout t'as intérêt de faire mentir tout les soigneurs que t'as vu, après tout prendre les gens de court, et faire ce qu'on n'attend pas de toi, c'est ta spécialité non ?  Oh, et tu as raison sur un point, mon petit don ne devrais pas être un frein à mes activités plus … manuelles.»


J'avais un peu le ton moqueur, et j'avais accompagné mes mots d'une petite pichenette sur le nez, mais en même temps j'adorais ça. Si quelqu'un nous avait vu en cet instant, on nous aurait pris pour deux enfants et non pour la cheffe de Mido s'entretenant avec un de ses négociateurs. Mais au diable les protocoles, c'était bon pour les coincés, et puis quand bien même cela gênait quelqu'un que je m'entende si bien avec Risette, cela devrait m'importer peu, après tout j'étais heureux et c'est tout ce qu'on pouvait souhaiter, et Cipolin était bien d'accord avec ça. Je pris alors sa Captis Ball et l'accrocha à ma taille près de celle de Cabbe. La journée avait bien commencé, et elle se continuait à merveille, telle un ciel bleu, sans le moindre nuage, et je le devais à ma vieille amie une fois encore …

J'étais content de voir que mon amie de toujours comptait bien rapidement récupérer 100% de ses capacités, même si les raisons qui la motivaient auraient pu ne pas être mentionnées, mais bon que serait Ceri si elle changeait sa manière d'être. C'est alors qu'elle décida de changer totalement de sujet, et essaya d'en savoir plus sur mon don. Elle me révéla ainsi qu'elle pouvait en plus de son souffle que j'avais vu communiquer avec les dragons, ce qui expliquait la conversation étrange que j'avais vu plus tôt. C'est alors que quelque chose vint me percuter, je n'avais jamais vraiment réfléchi à ce que je savais faire d'autres à part ce nuage violacé. Je me mis alors à réfléchir intensément, j'étais capable de produire un nuage empoisonné, dont je pouvais concentrer la dose, en me focalisant sur cette idée. Et lorsque je respire les vapeurs toxiques de mon nuage je ne ressens aucun effet. Je pouvais donc alors supposer être insensible au poison, j'expliquai donc mon raisonnement à ma cheffe :


« Risette, j'avoue ne pas vraiment savoir ce que mon don me permet réellement, mais du fait que je sois capable de générer du poison, et que je peux en contrôler la concentration, et que je ne ressens aucun effet de ce dit poison, je peux assurément émettre l'hypothèse que je suis insensible à au moins la plupart des poisons qui existe sur Ekoe. Je devrais faire un test avec divers poisons de diverses intensités pour vraiment pouvoir mesurer le niveau de résistance que j'ai. Étant donné que je ne peux faire que tousser, et légèrement irriter la personne qui inhale mon poison, je ne suis peut-être pas encore capable d'assimiler toutes les toxines qui existent. Il faudrait que j'arrive à m'entraîner suffisamment pour rendre mon propre poison plus efficace, pour rendre ma résistance plus efficace qui sait... Du coup si je veux mener à bien ma petite recherche, il va me falloir ton aide, et tout les médecins que tu peux trouver, ainsi que tout les poisons existants d'Ekoe. »



Ah mon côté précautionneux refaisait surface, c'était un petit quelque chose que j'avais développé depuis ma « chute ». A chaque fois que je voulais tenter quelque chose que je savais pouvait être dangereux, je me devais de prendre en compte chaque paramètre. Mais pour mener à bien cette expérience, je devais moi même contribuer, j'irais chercher quelques plantes que je connais pour leurs vertus toxiques. J'en connais peu, mais avec un peu d'aide d'un herboriste ça devrait se faire. J'espérais bien pouvoir compter sur un peu de temps libre pour m'aider à organiser ce genre de recherches. Mais le fait que Risette me parle de mon don, me rappelle la dernière fois que j'ai du l'utiliser, c'était à l'archipel avec cette capitaine... Il fallait que j'en sache plus là-dessus.


« Dis moi Risette, je viens de repenser à ça, mais est-ce que le nom de Decyfer Down te dit quelque chose, car j'ai eu affaire à cette personne, et j'ai appris quelques petites choses, notamment qu'il s'était passé quelque chose entre vous deux, quelque chose qui a valu que je perde un peu de mon calme habituel... Peux tu m'expliquer ? »


J'étais redevenu très sérieux en parlant de cela, et Ceri devait très bien voir de quoi je parlais, rien que le fait que j'ai eu à m'énerver a du lui mettre la puce à l'oreille, après tout aucun détail ne lui échappe, c'est aussi sa sa force. J'attendais donc en caressant le sommet du crâne de Cipolin qui semblait tout fou à mes pieds. Il savait qu'il allait venir avec moi dans mes aventures désormais. Quand à Ceriza, elle allait devoir tout me raconter, et ainsi peut-être ôter un de mes doutes, s'était elle réellement fait mal au bras à cause de ce flash lumineux, ou me cachait-elle la vérité, pour me rassurer...

Ceri semblait s'arracher les cheveux intérieurement avec mon idée, après tout il était clair que j'allais prendre beaucoup de risques à vouloir tester toutes sortes de poisons pour voir jusqu'où allait ma probable immunité au poison. Elle me proposa tout de même son aide au travers de son réseau de connaissances. Tout en me rappelant de ne pas trop en faire, toujours aussi protectrice envers moi. C'était à la fois compréhensible, et complètement adorable. Je lui promis alors de ne rien faire qui serait en désaccord avec les dires des deux soigneurs, ou ceux qu'Arsil pourrait trouver. Je ne comptait pas mourir pour si peu, et surtout pas après tout ce que j'avais vécu dans ma vie pour en arriver là.

Mais alors que mon évocation de la capitaine qui m'avait accompagné jusqu'à l'archipel fit tiquer Ceriza, je ne m'attendais en aucun cas à de telles révélations. Mon amie m'expliqua dans le moindre détail tout ce qui s'était déroulé entre eux, à savoir leur altercation à propos d'un énorme poisson échoué, et qui malheureusement n'avait pas survécu. Le pire dans la révélation, c'était de savoir que cette personne avait tenté de faire passer mon amie de toujours pour un monstre sans cœur, Entendre chacun de ses mots, éveillait en moi quelque chose que je ne soupçonnait pas, car je pensais ce genre de sentiments, soit morts, soient incapables de ressortir, et pourtant ils étaient bien là, c'était de la colère, et de la haine. J'en voulais à cette mademoiselle Down d'avoir tenté de mettre mon amie, ma sœur en quelque sorte en danger, sous couvert de quoi ? Une simple envie d'éviter à quelqu'un qui a laissé un autre être vivant mourir, des sanctions. Mon sang bouillonnait en entendant cela, il m'était intolérable que quelqu'un s'en prenne à la personne qui comptait le plus pour moi.

Mais ce n'était pas tout, Risette perdit tout sens de l'humour pendant un instant, alors que je m'étais mis de dos pour tenter autant que possible de cacher mes émotions, j'écoutais attentivement chaque mot qu'elle était en train de prononcer. Elle avait peur, peur que je ne change d'avis sur elle, peur que je lui en veuille ou que je la délaisse. C'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Je me retournais et tant pis si elle voyait de nouveau ce visage qu'elle avait vu lors de ma chute.


« Hey, Risette, depuis quand quelqu'un d'étranger, et capable de tenter quelque chose à ton encontre juste pour sauver la peau d'un lâche, serait capable de changer quoique ce soit de ce que je pense de toi ? Tu le sais pertinemment que je te vois plus comme ma petite sœur que comme ma supérieur hiérarchique. Elle n'a heureusement pour elle pas dit grand chose qui pourrait te faire du mal, mais tu vois, avec ce que tu viens de dire, je sens qu'elle et moi on n'est pas prêt de s'entendre... »


Alors que je perdais encore une fois en quelques jours mon sang-froid, un épais nuage violacé s'échappait de mon masque, je ne me contrôlais plus en cet instant, ma vision des choses étant aveuglées par mes sentiments. Je ne me rendais même pas compte que j'étais en train de mettre ma vie en jeu, en abusant autant de mon don. Ce ne fus qu'au moment où je sentis ma tête se mettre à tourner et Cipolin se rapprocher de moi que je compris que j'étais en train de faire une bêtise. Il me fallait m'asseoir, et m'excuser, j'avais été trop loin, et connaissant Ceriza, elle n'avait pas du aimer me voir comme cela.


« Désolé Risette, je n'aurais pas du m'énerver, surtout pour quelqu'un que tu n'estimes pas digne de ta propre colère. C'est juste que comme je viens de te le dire, et comme tu le sais depuis longtemps, tu es comme une petite sœur pour moi, alors c'est de mon devoir de te protéger, et ça même si tu protestes, hein ? Alors entendre ce que tu viens de me dire, et surtout penser que tu aies pu craindre que je te délaisse après ce que j'ai entendu, ce n'était pas tolérable. Comme je te l'ai dit juste avant, lorsque je l'ai entendue te dénigrer à sa façon, en disant simplement qu'il ne faudrait pas t'accorder trop de confiance, j'avoue que j'ai perdu un peu mon sang-froid, et je lui ai fait comprendre que personne ne pouvait te critiquer, et encore moins en ma présence. Pas après tout ce que tu as fait pour me sauver... »


Un petit clin d’œil était venu accompagner le début de mes propos, après tout combien de fois on s'était battus, elle et moi lorsqu'elle avait un déplacement, et que je me rajoutais pour assurer sa protection. Ma tête tournait encore un peu, j'avais vraiment trop forcé, il n'était vraiment pas bon pour moi de céder à mes émotions. Je le savais pourtant que j'étais encore trop faible pour supporter le poids de mes émotions, mais pour mon amie, aucun risque n'était trop grand...

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