aurel venait presque de se faire jeter dehors par sa famille. Elle pesta sur tout le chemin du retour, attirant les regards curieux de quelques passants. La ranine n’avait pas le vocabulaire le plus délicat qu’il soit. Trop prise dans ses plaintes elle pris quelques détours ꟷ Non elle ne s’était pas perdue ꟷ pour passer un peu plus de temps avec Jeanne. La ville était dans un sale état. Ses maisons en terre cuite habituellement brillantes de vie étaient mornes et grises. Ça donnait un air presque fantomatique à la riche citée. Jamais auparavant la joaillière ne lui avait vu aborer un tel visage. Elle se demandait ce que Jeanne devait en penser. Elle aurait bien aimé rester quelques temps ici, au moins le temps que la tempête s’apaise, les prêtres étaient positifs que les dieux allaient répondre à leurs appels. On disait même avoir aperçu le grand Fulguris attraper un éclair qui allait frapper le Palais au Dôme d’Or pour le projeter au loin. Oui, il n’y avait qu’à attendre que l’orage passe, elle pourrait ensuite en profiter pour entrainer Jeanne dans les étroites ruelles de la ville et lui montrer les recoins les plus cachés comme la Fontaine de Papy Geulante ou la Tour Submergée des Rattatas (qui était en réalité un puits asséché.) Elles pourraient se perdre dans les marchés, se faire arnaquer et soudoyer les marchands, manger des shawarmas sur les marches de la citadelle, se bourrer dans les docs avec les marins. Elle allait lui en faire voire de toutes les couleurs dans la cité des explorateurs.

L’auberge de Mashid était à la limite du marché, c’était un endroit réputé pour ses plats à tomber et ses boissons qui vous envoyaient six pieds sous terre. Laurel avait l’habitude de venir là avec sa mère pour harceler les clients en leur posant une centaine de questions sur la ville et ses extérieurs. Il y avait parfois des marchands midoyens qui s’y arrêtaient pour plaisanter avec les patrons. Ils avaient toujours des histoires rocambolesques à raconter, des aventures qui la faisaient rêver et espérer. L’endroit n’avait pas vraiment changé depuis le temps. Le temps avait usé la large porte taillée et l’endroit avait une vilaine odeur qui persistait à s’accrocher au mobilier malgré les lavages réguliers mais l’auberge restait magnifique.

Mashid n’avait rien perdu à son caractère et Laurel lui sauta presque dans les bras. Oh, évidement leur petit groupe eux droit à des remontrances qui auraient mis les cris des poissonniers au placard mais c’était de bonne guerre. La vieille dame était inquiète mais soulagée de voir sa petite Laurel en bonne santé et si bien accompagnée. Elle ne cessait de lancer des regards en coin à Jeanne avec un sourire plein de sous-entendus et s’il n’y avait pas eu la réelle justification des réfugiés venus de toutes part en recherche de protection, Laurel aurait pu croire qu’elle avait fait exprès de les mettre dans la petite chambre de l’étage. C’était celle qui donnait sur le toit et offrait une vue imprenable sur la médiana et ses arches alambiqués.

Jeanne avait l’air fatiguée, aussi Laurel la laissa se réfugier dans la chambre allouée, non sans un bisou. La table de Mashid était toujours aussi remplie. Laurel dû faire le tour de toute la famille qui semblaient tous plus épuisés les uns que les autres mais dont la joie de retrouver une amie en santé faisait rayonner. La joaillière regarda avec amusement les enfants jouer avec Malta qui avait juste assez de jugeotte pour ne pas leur arracher la tête. Lorsqu’elle n’en puis plus de l’attention, la carmache alla se réfugier autour de la chaise de Laurel, glissant sa large tête sur ses genoux tant pour éviter les caresses incessantes que pour tenter d’arracher les cuillères de la main de sa dresseuse. De temps en temps la ranine faisait « malencontreusement » tomber des morceaux de viande sur ses genoux. Malta ne se faisait jamais prier.

Après avoir remercié Mashid et sa famille pour leur hospitalité et aidé à nettoyer les assiettes, Laurel monta les marches en direction de la chambre. Le couloir était juste assez large pour permettre le passage de Malta. D’ici quelques années, elle ne pourrait certainement plus rentrer dans les maisons avec elle. Ce n’est pas grave, d’ici là Laurel comptait bien avec un chez soi avec Jeanne. Elles construiraient une maison avec de larges portes, un bassin et beaucoup de chambres pour que tous les pokémons puissent être à leur aise.

Tourmaline déboula à toute vitesse devant elle. Glapissant avec panique. Laurel la suivit avec précipitation, se vautrant presque sur un tapis et faisant claquer la porte en entrant à l’horreur de ses voisins de chambre qui se mirent à pester et taper contre les murs. Ce qu’elle trouve dans la chambre était… précisément le dernier truc auquel elle s’attendait. Une Jeanne toute nue, entourée de pokémons inquiets qui dormait avec toute la joie du monde. La ranine éclata de rire, fermant la porte derrière elle après que Malta soit rentrée. C’était bien du Jeanne tout craché !