Je pense... Que je n'y crois pas encore bien et pourtant, le silence et la solitude sont là. A peine je me lève que la première chose que je regarde par la fenêtre de l'auberge, c'est les ruines noires de l'atelier. Même une partie de la maison y est passé, sous les flammes, m'obligeant à user de mes propres économies pour dormir sous un toit décent. Son ma table de nuit, dans un petit bocal, dors encore l'hypotrempe que j'ai trouvé sous les débris en même temps que le corps calciné de mes parents. Un Pokémon offert en échange de produit, un animal encore confus par tout ceci... Un être perdu comme moi.

Je lui met une croquette dans l'eau pour qu'il se nourrisse à son réveil avant de commencer à m’apprêter. J'ai pu heureusement récupéré quelques vêtements noirs dans la partie survivante de la demeure, me permettant de pouvoir au moins représenter mon deuil et après un coup d'eau rapide sur le visage et une taille soigneuse de mon collier de barbe, je sors pour me rendre au temple ou je dois faire la prière. J'ai déjà connu un enterrement, celui de mes grand-parents, mais je suis bien trop jeune pour m'en souvenir...

A l'extérieur du temple de la mort, je reste les bras croisé sous ma cape de jais, le regard vers l'horizon mais sans rien voir. J'ai cette fichu impression de ne pas me sentir triste... Mais pas heureux non plus. Juste une vide étrange, sombre, angoissant... Ne suis-je pas censé pleurer ? Être triste ? Mais un homme, un vrai, ça ne pleure pas. Pas comme ces badauds abrutis qui ont renversé la famille royale, comme disais si bien ma mère. Pourtant je suis persuadé qu'elle serait bien déçus que je ne leur verse aucune larme.

C'est une jeune femme en kimono au couleur de Giratina qui viens m’accueillir. Quand elle prit ma main, je l'enlevais aussitôt, ne souhaitant aucunement de sa compassion ou de sa pitié. Mes parents étaient partis, certes, brulés vifs, mais ce n'est pas pour autant que je souhaitais que les gens fassent semblant d'en être touchés. Je savais très bien que l'on n'était pas spécialement aimé dans le coin.

"J'aurais bien apporté quelque chose mais je pense que mes parents auraient préféré que je garde l'argent qu'il n'est pas partie en fumé pour reconstruire notre héritage plutôt que pour prendre la poussière prêt de leurs dépouille..."

Ou peut-être pas... Après tout dans la famille on avait toujours aimé faire étalage du luxe même quand ils avaient du se serrer la ceinture après la chute de la royauté. Il la suivit néanmoins à l'intérieur, observant les lieux un instant avant de poser son regards sur les linceuls. Qu'il avait stupidement envie de les secouer et leurs hurler dessus d’arrêter leur blague à la con ! Mais s'en était pas une.

Tournant le regard vers la prêtresse, il haussa les épaules.

"Je ne suis pas adepte des scènes mortuaires, ce ne sont pas vraiment mes rendez-vous du week-end... Que dois-je faire Mademoiselle ?"

Je me demandais si ce n'était pas un peu malsain de sourire chaleureusement lors d'un enterrement, après tout, certaines personnes étaient mortes et emplissaient d'autre de tristesse non ? Mais peut-être était-ce son rôle de tenter de rapporter aussi un peu de réconfort, même si ce n'était que par se simple geste? Quand elle se présenta néanmoins, j'en fit de même, par politesse, même si elle connaissait déjà mon nom et mes ancêtres.

"Enchanté. Vakaris Hamra, Fils de vos morts, mais vous le savez déjà."

A quoi bon encore dire "fils de Richard et Guenièvre Hamra" vu qu'ils n'étaient plus ? Ou devais-je dire "défunt" avant leurs noms ? Pourquoi continuer avec de tel frivolités... Ils n'étaient plus là pour me reprendre de toute façon.

Suivant son exemple, je pris la poudre et par déformation professionnel, ne pu m'empêcher de la sentir et vérifier sa constance entre mes mains. A l'odeur je pouvais deviner certaines parties de sa compositions mais ce qui me choquait le plus, c'est que cela ne venait pas de chez nous, j'en étais certain. Je retient difficilement un sourire amusé. Si mes parents savaient que ce n'était même pas leurs produits qui les accompagneraient dans l'au-delà mais ceux d'un concurrent....

Mais bref, je la suivis dans la prière avant de me rendre compte qu'elle attendait surement que je rajoute un truc avant d'aller poser la poudre sur les corps. Je m'avançais après elle, hésitait, et finalement soupirait.

"Prenez pas de coups de chauds en arrivant vers Giratina..."

Je déposais alors la poudre, me secouant bien les mains pour éviter d'en garder dessus. Tout en le faisant, je donnais un petit conseil à Am.

"Ne vous ennuyez pas à faire quelque chose de beau et de longs, il n'y aura pas grand monde pour les attendre dehors."

Leurs remèdes avaient en effet sauver certaines personnes... Mais seulement les plus riches où les plus gentils qui passaient leurs fortunes pour la santé des autres. Je les avaient vu refuser un simple remède contre la fièvre à une femme en pleur dont le nourrisson était malade alors qu'il ne lui manquait qu'un écus pour en payer le prix. Qui pouvait dire alors vraiment qu'ils étaient des gens bien ?

Je me retenais pourtant de casser l'image qu'elle préférait avoir d'eux bien que comme prévu, peu de gens s'étaient déplacé. Quelques personnes justes curieuses, à l'affut d'info et de rumeurs, et quelques riches qui soutenaient la même version de penser que les défunts et venaient bien plus pour s'assuraient que je leurs ferraient les mêmes ristournes plutôt que par amitié.

J'avais suivis tout de même la prêtresse et ses acolytes, n'écoutant que d'une oreille. Je ne relevais pas la tête à la fine pluie qui commença à tomber, préférant profiter du silence. Il faut dire qu'il n'y avait pas un pleur pour interrompre la prêtresse. Je relevais mon regard émeraude sur elle en me demandant ce qu'elle devait ressentir à chaque fois, quand les gens étaient mort de chagrin devant elle ou au contraire quand ils n'avaient aucun cœur pour les dépouilles. Ressentait-elle du chagrin ? Pleurait-elle parfois ? Allait-elle se blottir dans les bras de cet Asnee ? Ou au contraire se réfugiait-elle dans l'alcool ?

Je n'arrêtais de la regarder que quand elle proposa à ceux qui le souhaitait de rendre hommage. Un long silence dans lequel ou aurait pu entendre un cornèbre voler suivit ses paroles. Finalement c'est l'un de ses gros riches ventripotent, client fortuné de mes parents, qui prit la parole lâchant tout un tas de baratin sur leur gentillesse, leur humanité, et tout ce qui s'en suit. Que des mensonges.... Mais parents n'avait de l'amour que pour leur or, leur travail et leur enfant. Et encore, parfois, je doutais du dernier.

Quand il eut finit, je pris l'une des fleurs à proximité et la jeta sur la dépouille de ma mère sans un mot de plus pour eux avant de regarder la prêtresse.

"Dois-je rester jusqu'à la fin? je doute que Giratina soit dupe, lui demander miséricorde serait la seul chose utile à dire, que se soit de ma part, ou de la leur."

De la leur, à ces abrutis réunis pour cette cérémonie.

A sa demande j'avais hoché poliment la tête, ne lui refusant pas cette demande avant de m'écarter. Alors qu'ils recouvraient les corps et qu'elle offrait quelques prières de plus en silence, j'observais les curieux s'en aller en croisant les bras. Chacun avait de toute façon bien mieux à faire en cette journée même pas grise ni pluvieuse, à croire que même la nature se fichait de cet enterrement.

Quand la prêtresse revient me voit, je l'écoutais avant de secouer légèrement la tête de gauche à droite.

"Votre cérémonie était tout à fait convenable, ne culpabilisez pas pour cela. Vous ne pouvez pas enterrer que des gens appréciés, rien de plus. Je suis désolé pour le silence gênant après vos paroles, j'aurais dût réagir au moins pour vous faciliter la tâche."

Je reposais mon regard un instant sur la lucario et l'autre gars en train de continuer de recouvrir le corps de mes défunts parents. Je me demandais si le mien serait tout aussi ennuyeux puis répondait à sa question.

"Je dirais que je me sens comme une personne qui viens de perdre ses aînés. Pardonnez moi de ne pas être expressif mais de par chez nous, on ne pleure pas, cela revaudrait à montrer de la faiblesse. Vous savez comment c'est je suppose.... Plus on vit dit une chose depuis petit, plus on y croit. Et vous, comment vous sentez-vous ? "

Après tout, elle avait dit que ce n'était que son second enterrement non ? Cela devait être éprouvant pour elle, surtout avec cette ambiance.

Ma fierté m'interdirait toujours de pleurer en public je pense, mais pour ce qui était de la solitude, je l'ignorais. Le fantôme de leur absence m'en empêcherais peut-être tout de même ? Allez savoir...

Faire quelque chose en compagnie de son mentor est différent que le faire seul. J'ai pu m'en apercevoir en travaillant sur certains remède depuis leur disparition. Il n'y a plus d'oreille pour demander conseil ou se rassurer sur notre façon de faire. A sa façon de baisser le regards tristement, je me doutais qu'il n'étais peut-être plus de ce monde là non plus.

"L'avez-vous perdu?"

Je fis un léger sourire à sa proposition. C'était sympathique de proposer ainsi son aide mais je me devais de la refuser pour bien des raison.

"Sans vouloir vous vexer mademoiselle, vous ne me semblez pas tailler pour la maçonnerie et les fabrications des apothicaires sont en quelques sortes leurs petits secrets de famille, je me dois donc de refuser votre aide. En revanche, je me dois de vous remercier pour avoir pris votre temps pour accompagner mes parents vers Giratina. Je n'ai malheureusement pas grand chose depuis le passage des flammes ravageuses..."

Je réfléchissais, me frottant le menton avant de lui proposer.

"Que diriez-vous que je vous donne ma parole de vous offrir l'un de mes articles le jour ou vous en aurez besoin ? Que se soit pour un cosmétique, un soin, ou autre ? Je pourrais l'écrire sur papier si vous préférer."

Je me permettais ainsi de faire d'une pierre deux coups, la première en la remerciant et la seconde en me permettant, peut-être, de fidéliser une futur cliente quand elle s’apercevra que les produits de la famille Hamra sont vraiment très efficaces.

"Bien entendu, votre compagnon aura droit de même." rajoutais-je en désignant l'homme qui terminait d’enterrer les corps avec le Lucario.

Ainsi donc je ne m'étais pas trompé, son mentor aussi avait quitter ce monde pour rejoindre Giratina. Soit, elle devait donc ressentir un peu de ce que je ressentais, à moins que ce soit moi qui ressentais très légèrement comme elle ? Ou chaque deuil est différent ? Peu importe au fond.

J'esquissais un léger sourire quand elle se rendit compte en effet que son aide serait plus un problème qu'autre chose et plus encore quand elle accepta mon offre. En effet, ça me ferrait une cliente et ce n'était pas négligeable vu tout ce que j'avais à reconstruire. Même la réputation des Hamra était à refaire car on liait souvent la qualité des produits à mes parents et ancêtre qu'à moi... J'avais déjà pu entendre, malgré ces quelques jours tragiques, qu'ils étaient peut-être partis avec leur secret et que ce ne serait alors plus aussi éfficace. Ce serait à moi de prouver le contraire. Mieux encore, j'espérais dépassé chacun de mes aïeuls.

Sa précision sur le rôle de son ami m'amusa.

"Vous savez Mademoiselle, vous n'avez pas besoin de vous justifier. Votre ami et fossoyeur personnel pourrait tout aussi bien être votre amant, fiancé ou époux que je n'aurais rien à dire. Quand à moi...."

Je soupirais.

"..Je vous prierais de rester sur vos gardes et éviter de me prendre pour une personne saine. Les légendes ont toujours une base de vérité, j'aurais toujours une part de mes aînées, et pas la meilleur. Néanmoins, je vous rassure sur le dernier point, je compte bien me remettre vite et faire de même pour ma boutique."

Qu'elle pouvait être ... mignonne, ou naïve, vraiment, j'hésite entre les deux. Comment peut-elle affirmé que je brillerais ? Si tel est le cas, se seras pour mes produits et mes découvertes, rien d'autre ! Si j'étais aussi gentil qu'elle, nul doute que je me ferrais marcher sur les pieds, réduire à l'état de miette. Le monde est ainsi de nos jours : Ou tu manges, ou tu te fais manger. Il n'y a plus de barrière comme à l'époque de la royauté, comme dirait mes défunts ainés.

"Je pense que d'autre que moi auront besoin de vous. Continuez à vous en occuper, je vous pris, cela fait un peu de douceur dans ce monde de brute, même si c'est liée à la mort. J'espère que l'on se reverra avant mon enterrement néanmoins."

Je m'inclinais respectueusement, fit un signe de tête à son ami et son Pokémon, puis tournait les talons. Même si j'avais pu paraitre froid, cynique, distant, cette cérémonie était pesante, autant dans mon cœur contracté que dans ma tête où elle s'agitait telle une migraine. Je n'avais qu'une envie, celle de rentrer chez moi, de me coucher et d'attendre que le lendemain vienne, comme si cette journée n'avait jamais eu lieu...

HRP:

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