HISTOIRE




Mon histoire, elle débute il y a 30 Ans de cela, lorsque ceux que je devrais appeler mes parents me mirent au monde. A ce moment, vous vous dites sûrement que cela va être une belle petite histoire classique, et bien détrompez-vous car la suite n'est pas très belle à voir...

Donc ma naissance eut lieu, mais ces êtres qui m'ont donné la vie, n'en étaient pas vraiment heureux. Alors pour ne plus jamais avoir à s'occuper de moi, ces deux êtres au cœur pourri jusqu'à la moelle virent deux options s'offrirent à eux.La première, la plus simple, mais en même temps la moins amusante, était de simplement me trancher la gorge, et me laisser me vider de mon sang. Mais la seconde option, que seul des esprits tordus, et avides de cruauté pure  aurait pu choisir était de simplement m'abandonner dans un orphelinat. Mais là encore les choses étaient trop simples. Car nombre de parents abandonnent leurs progéniture au sein d'établissement de ce genre sans pour autant avoir de mauvaises intentions.  Dans leur cas, ils voulaient me voir souffrir encore, et encore, c'était leur moyen de me faire payer toutes les souffrances que la femme qui m'a mis au monde a subi durant sa grossesse.

Il faut comprendre que ces deux êtres humains vivaient une vie de débauche, escroquant quiconque serait un pigeon assez idiot pour tomber dans leurs pièges. Ils se sentaient libres et au-delà de toute responsabilité. Ils avaient, grâce à leurs nombreux méfaits réalisés dans l'ombre, réussi à se bâtir une fortune et un nom au sein des hautes instances de Mido. Certes ils n'étaient pas des nobles à proprement parler, mais ils étaient plus riches que certains d'entre eux, et jouaient d'une certaine influence auprès de certaines familles. Parfois grâce à des informations compromettantes sur ces mêmes personnes. Mais lorsque cette femme que je devrais appeler mère découvrit qu'elle était enceinte, ce fut le drame. Son corps mince et svelte, dont elle se sentait fière se mit à enfler, ses jambes autrefois comparables à celles d'une Sucreine doublèrent de volume, son visage que nombre d'hommes auraient voulu avoir dans leurs lits, lui aussi prit du volume. Elle était passée d'une femme désirable et désirée, à une femme qu'on évitait d'approcher, comme le riche marchand éviterait les nécessiteux qui se pressent devant son étal dans l'espoir de récupérer ne serait-ce que des miettes de son repas.

J'ai donc grandi durant de longues années dans un orphelinat religieux. Là-bas, seul la religion était tolérée, et je me mis alors à croire peu à peu en la divinité que l'orphelinat vénérait. La vie aurait pu être belle en ce lieu, si toutefois ces ordures, au cœur empli de haine et leur influence grâce à leur argent sale, n'avaient pas tout fait pour me faire mal. Je ne pourrais compter avec exactitude le nombre de fois où leur argent leur avait permis de commettre les pires exactions, comme la fois où à l'âge de six ans je m'étais fait mon premier ami. Ces monstres sans cœur ont alors trouvés le moyen de faire venir dans notre groupe de sortie, un assassin qui a planté devant mes yeux, mon ami. Il l'a poignardé à plusieurs reprises, évitant à chaque fois les points vitaux, pour que je puisse bien réaliser mon impuissance, et que je comprenne ce que cela signifie de souffrir. Et alors que je tombais à genoux, en pleurs, et hurlant à plein poumons de le laisser, cet homme planta une nouvelle fois sa lame dans le cœur de ce pauvre innocent, le libérant ainsi de cette souffrance.

Alors que le corps sans vie de mon premier ami tombait sur le sol, je vis cet homme partir et retrouver deux autres personnes encapuchonnées, qui s'approchèrent alors à leur tour de moi. Leurs visages trahissaient leur sadisme infini, et leur volonté de lire la peine dans le visage des autres. Leurs traits étaient tirés par un sourire qui n'avait rien d'humain, et une fois à ma hauteur ils me murmurèrent de manière tout juste audible :


« Jamais tu ne seras heureux, nous ferons tout pour que ta vie soit comparable à un enfer quotidien. Nous n'aurons de cesse de te faire souffrir, nous te briserons l'esprit, peut-être même que nous briserons ton corps si cela ne nous suffit pas. Même tes précieux dieux ne pourrons rien face à notre courroux, nous serons les démons qui pourriront ta vie, et tout ce qui te tient à cœur... »


Ce jour-là fut le premier gros changement de ma vie, la religion fut pour moi, la seule échappatoire. Jour et nuit je m'en remettais au seul être capable selon moi, de rendre justice à ces monstres. Je devint d'ailleurs l'un voire le plus pieux des enfants de l'orphelinat. Mais j'avais beau m'en remettre corps et âme à mon dieu, rien ne faisait. Mes souffrances continuèrent pendant près de 15 Ans. Je n'osais plus m'approcher des autres car à cinq reprises, je perdis le seul ami que j'arrivais à me faire. Toutefois, dans le plus grand des secrets, j'avais une amie. Une seule amie, que je n'osais jamais venir voir en public de peur que le même sort ne lui arrive. Durant toutes ces années, je commençais peu à peu à comprendre les mots de ceux qui m'avaient vu naître. En effet Rayquaza, ce dieu que je priais du soir au matin ne m'a jamais aidé, je ne saurais jamais si c'était parce qu'il aimait me voir souffrir, ou si c'était simplement car il n'existait pas.

Mais le grand changement de ma vie arriva le jour de mes 21 Ans. Moi qui avait grandi isolé, et qui m'étais plongé corps et âme dans la foi, j'avais tout de même été enrôlé par l'armée. Pendant des années, j'avais travaillé mon corps, et le maniement de la lance, au fond de moi quelque chose avait vu le jour quand mon premier ami lui le quittait. Une soif de sang, et de revanche. Désormais en âge, l'armée m'engagea comme fantassin, puis rapidement je fus promu chevalier.  Je me rappelle d'ailleurs encore de ma première mission, elle consistait en une simple perquisition chez un potentiel voleur qui vivait en ermitage dans le bois de Mido. Lorsque nous arrivâmes sur place, mes collègues et moi même furent surpris par la scène qui se déroulait sous nos yeux. Le criminel présumé était allongé au sol, plongé dans une mare de sang, son sang. Et face à nous, un visage que jamais je n'avais oublié. Celui du monstre à la solde de mes bourreaux. Mon sang bouillonnait. Les soldats à mes côtés firent mine de rien n'avoir vu et firent même demi-tour, pendant ce temps-là, j'entendais les battements de mon cœur s'intensifier, et finalement mon regard croisa celui de l'assassin. Lorsqu'il reconnut mon visage, un sourire déformé, me fit retomber en enfance, lorsque je vis ces ordures agir comme bon leur semblait.

Il me dévisageait, pensant que je serais incapable de réagir, mais la colère qui rugissait en moi, me fit agir par instinct. Sans perdre un seul instant, mon corps tout entier se lança vers lui, et dans la seconde qui suivit, ma lance le transperça de part en part. Son sang se mit à s'écouler par flaques, et alors que ma lance dépassait désormais de sa cage thoracique, il me fixa, toujours avec ce rictus déformé. Malgré sa blessure il arrivait encore à me provoquer par son rictus mauvais, mais aussi au travers de ses propos toujours emplis d'une cruauté et de cette envie de faire le mal. Pour que cela cesse je faisais en sorte que son dernier souffle arrive au plus vite, plus ennuyé par le temps que cela prenait plus que par les mots qui sortirent de sa bouche :


« Ton dieu serait très déçu de voir que tu as agi par vengeance, et que tu as tué de sang-froid quelqu'un, j'espère que ta sentence pour un tel acte te hantera jusqu'à la fin de tes jours... »


Ce à quoi je répondis simplement, juste après avoir passé ma langue sur une goutte de son sang qui était tombé juste au coin de mes lèvres :


« Mon dieu ? Ce pseudo juge céleste qui n'a jamais été là pour moi, alors que je l'ai prié jour et nuit pendant près de 15 Ans...  Je suis le seul juge de ce monde, et je ne suis en aucun cas un fantôme céleste que l'on prie, je suis un cauchemar bien réel... »


Mes collègues qui avaient entendu le bruit se retournèrent, et me virent alors, la lance brandie, avec ce corps suspendu, et du sang qui tombait sur mon visage totalement impassible. Aucun d'eux ne souhaitait dire quelque chose, ainsi l'incident resta sans suite. J'avais pris ma décision, ce dieu qui jamais n'avais agi pour m'aider, et cela malgré les très nombreuses prières que je lui avais adressées. Aujourd'hui ne méritait plus que mon dédain, et je serais donc le seul à répandre la justice divine. Durant les années suivantes, j'appliquais donc cette justice céleste, empalant quiconque était qualifiable d'horrible pêcheur. Les meurtriers et les violeurs tous commençaient à me craindre. Hélas l'ancien chef de Mido n'acceptait pas ma manière de répandre la justice. Il me radia alors de l'ordre des chevaliers de Mido. Il avait pourtant hésité plus d'une fois, mais ce qui le poussa à agir d'une telle manière fut le jour où enfin j'appliquais la sentence divine aux deux monstres qui avaient pourri ma vie.

J'avais 25 ans, et je revenais d'une expédition à l'autre bout de Mido. Sur le chemin du retour, j'eus à passer près de l'orphelinat qui m'avait vu grandir. Et en approchant du bâtiment, je remarquais deux personnes qui sortaient de la bâtisse, le visage fermé, ils semblaient chercher quelqu'un. Lorsque je me suis rapproché, j'ai enfin pu voir leur visage, et comme lors de ma première mission, mon sang se mit à bouillir. Il s'agissait des deux monstres qui m'avaient donné la vie. Avant même qu'ils ne puissent comprendre ce qui arrivait, ma lance transperça le torse de l'homme, depuis son dos. La femme se mit à hurler et à vouloir fuir. Ne lui laissant aucune chance. Je retirais le corps de mon « père », et m'élança à sa poursuite. Il ne me fallut que quelques foulées pour la rattraper. Lorsqu'elle vit mon visage, la femme se mit à paniquer, elle avait face à elle un monstre. Elle me pria de l'épargner, se mettant à genoux. Des larmes coulaient le long de son visage, elle implorait ma pitié, et espérait que je pourrais excuser sa conduite tout au long de ma jeunesse. Prétextant même que son mari était le responsable, il l'aurait forcé à agir de la sorte. Voyant pertinemment le mensonge qu'elle me crachait au visage, je me contentai de sourire, et je lui dit d'un ton doux :


« Ne t'en fait pas, tu n'auras bientôt plus à te soucier de ce genre de choses... Car ta vie s'arrête ici ! »


Comprenant trop tard ce qui allait se passer, elle ne put que regarder impuissante, ma lance se loger au creux de sa cage thoracique. Elle fut alors soulevée jusque mort s'en suive. Leur dépouille fut par la suite jetée au beau milieu de nulle part afin de pouvoir au moins servir de festin pour les Pokémon sauvages qui auraient l'envie de se repaître de leur chair attendrie par la peur...

Aujourd'hui je continue de traquer les racines du mal, et qui que vous soyez, si je vous trouve, et que vous participez à corrompre ne serait-ce que de manière infime cette terre, sachez que le jugement céleste vous frappera. Et quand bien même je devrais un jour être condamné pour mes actions, je n'aurais de cesse d'être le grand mal nécessaire pour que le bien revienne en ce monde...