« Félicitation pour cette capture ! » congratulais-je avec un sourire.

Ce genre de petit moment de joie et de complicité a toujours fait partie de mes préférés. Il faut dire qu’être toujours seul et sur les routes n’aide pas spécialement à vivre des moments de complicité plus prolongés… Même si cela n’était plus vrai pour moi depuis qu’Adam m’avait pris pour apprenti.

Bien évidemment, Bernadette ne peut s’empêcher de marquer l’événement de deux « DRIIIIIIIIIING » sonores. Lorsque Trixie me demande ce que je compte faire à présent, je ne peux m’empêcher de regarder le ciel. Il est encore clair mais je ne peux m’empêcher de penser que cela ne va sans doute pas durer. Mieux valait opter pour l’auberge !

« Je pense que je vais redescendre pour l’auberge tant qu’il fait encore jour. Et toi ? Tu me suis ? »

Vu qu’elle avait employé « on » pour parler de nous, on pouvait penser qu’elle souhaitait rester encore un peu avec moi mais sait-on jamais, elle avait peut-être encore envie de rester un peu ? Mais pour ma part, entre l’ascension, la rencontre de Trixie, la chute du rocher, le Chuhmur, la capture de Jean-René et cette petite chanson, j’estimais que ma journée était suffisamment remplie !

J’expliquai donc rapidement à l’Embrylex quelle serait notre prochaine destination et ce dernier disparut alors dans le sol, prêt à me suivre. Il ne semblait pas avoir envie de retourner si tôt dans sa ball. Soit.
La descente fut plus simple que la montée, notamment parce que Jean-René, qui connaissait apparemment les lieux comme sa poche qu’il n’avait pas, me suggéra à plusieurs reprises le meilleur chemin à prendre pour éviter les difficultés rencontrées à l’allée.

Lorsque nous pénétrâmes finalement dans l’auberge-refuge, la température avait bien baissé et je ne fus pas mécontent de constater la présence d’un gros feu ronflant dans la cheminée tel un Persian bien repu ! L’aubergiste, un petit homme portant un tablier de coton blanc par-dessus sa chemise blanche rayée de bleu et son pantalon marron nous salua chaleureusement et nous invita à se réchauffer. Il reçut en retour quelques glings enthousiastes de Bernadette en plus de quelques mots emplis de gratitude de ma part.

J’invitai donc Trixie à s’asseoir face à moi sur une des petites tables parmi les plus proches du foyer. Il y avait en tout une dizaine de ces tables dans la salle de taille modeste de l’établissement, mais seule une autre était occupée par deux silhouettes encapuchonnées et vêtues de noir. Je n’aurais su dire s’il s’agissait d’hommes, de femmes ou de Machopeur car ils étaient trop loin de nous et leur conversation n’était pas audible . Mais à vrai dire, j’étais un peu trop fatigué pour m’en soucier !

Je demandai donc plutôt à ma compagne :

« Tu veux boire quelque chose ou on commande directement de quoi manger ? »

Une fois le repas fini, je regagnerai avec plaisir mon lit afin d’imiter Jean-René dont les ronflements étaient presque audibles depuis sa Captis-Ball.

Le repas, composé d’une recette que je ne connaissais pas à base de céréales recouvertes de fromage fondant et agrémenté de quelques feuilles de chou était excellent. Comme souvent, Bernadette s’amusa à plonger dans mon assiette pour goûter des miettes de nourriture. Heureusement, Jean-René, bien plus calme, était déjà en train de dormir dans sa Captis-Ball.

Le repas fut donc délicieux mais également plutôt silencieux, ce qui était assez logique compte tenu de l’escapade que nous venions de faire. Le désert fut également assez étrange mais très bon : il s’agissait de fruits confits qui avaient était laissés aux bons soins du froid extérieur. Ces friandises glacées étaient succulentes.

Une fois le repas terminé, à voir la tête de Trixie, je compris qu’elle n’avait qu’une hâte : aller profiter d’un repos bien mérité au chaud. Et je n’en demandais pas plus. Aussi, je lui souhaitais la bonne nuit :

« Eh bien, je pense qu’on peut dire que nous avons vécu une journée enrichissante avec toutes ces captures ! J’espère que vous vous entendrez bien votre Sonistrelle et vous ! Mais vu comment Cindée est attachée à vous, je ne me fais pas de souci !

Je ne sais pas si nous nous reverrons demain matin car je partirai très tôt pour rejoindre la plaine en milieu de journée. Aussi, si on ne se revoit pas, je vous souhaite une bonne continuation ! Ce fut un plaisir de vous connaître et j’espère que nous nous recroiserons ! Bonne nuit ! »

Bernadette conclut mes salutations de plusieurs glings joyeux mais un peu moins puissants qu’à l’accoutumée. Elle aussi avait besoin de dormir !

Je montais ensuite jusqu’à ma chambre, située à l’étage et ouvert la porte pour découvrir une pièce petite mais propre simplement équipée d’un lit et d’une table de chevet. Le strict minimum mais un homme épuisé n’a pas besoin de plus ! J’eus malgré tout un peu peur de l’absence de foyer dans la pièce qui était assez froide. Heureusement, un fois en vêtements de nuit, je me rendis compte en me glissant sous les draps qu’une délicieuse brique réfractaire m’y attendait, diffusant une douce chaleur sur mes membres endoloris. C’était parfait.

Comme chaque nuit, Bernadette vint se blottir tout doucement entre mes cheveux et l’oreiller puis elle tinta tout doucement pour me souhaiter bonne nuit. D’un ton déjà endormi, je lui répondis :

« Oui, bonne nuit à toi aussi… »