Depuis le temps que l'historien rêvait de mettre les pieds ici ! Les Ruines de Leros, véritables vestiges intemporels de Kuni.

Préparer la mobilité dans une autre région n'avait pas été de tout repos. Ardashnir ne roulait pas sur l'or, donc avorter son projet de cours particuliers à la bibliothèque de Enogen pendant toute une semaine allait très probablement avoir des répercussions sur son porte-feuille. Néanmoins, son devoir de dénicheur d'histoires l'obligeait à revoir ses priorités. Une vie modeste ne l'avait jamais effrayé, quand bien même il eut goûté à la célébrité (toute proportion gardée) alors qu'il était professeur. La seule chose qui pourrait dresser les cheveux sur la tête de l'érudit, ce serait d'apprendre que l'entrée à la Grande Bibliothèque soit devenue payante, ce qui serait un blasphème des plus total !

Heureusement, ce n'était pas près d'arriver, à moins que Sakai ne souhaite condamner son pays. Oui, Artreos avait une grande estime pour la mine de savoir, mais en même temps c'est l'endroit où il passait le plus clair de son temps. Il n'avait pas d'amis précieux chez qui se réfugier, pas de famille proche pour l'accueillir. Le noiraud était entièrement autonome et comptait bien le rester, malgré les récentes rencontres intéressantes qu'il a pu faire. S'éloigner de son domaine de prédilection lui crevait bien évidemment un peu le coeur. Mais les sacrifices étaient parfois nécessaires pour évoluer. A ne rester camper qu'à une seule place, on ressasse sans cesse les même choses. Ashar avait besoin de bouger, de voir du pays et d'en apprendre toujours plus.

C'est dans cette optique qu'il s'est rendu aujourd'hui aux Ruines de Leros. La preuve qu'il n'y pas si longtemps que cela, des pays se faisaient encore la guerre. En l'an 219, la paix semble toute installée, mais pour combien de temps encore ? Les tensions montent tellement vite à quelques semaines du Grand Conseil. Mido et Sakai vont devoir s'expliquer, sans oublier le point de vue de Kuni et Ran. Un bel imbroglio en somme. Ardashnir comptait participer à l'assemblée populaire, ne sachant pas encore s'il devait ressentir de l'excitation ou de l'appréhension. D'une certaine manière, l'historien avait la vague impression que la réunion ne serait pas décevante. Il allait forcément y avoir de l'avancée, sinon on pouvait s'attendre très prochainement à une guerre à grande échelle.

C'est le triste sort qu'avait subi la ville de Leros, après tout. A ce que le Sakaien savait, l'endroit n'était pas défendu d'accès. Mais ce n'était clairement pas le décor rêvé pour une balade en famille. De ce que le corbeau avait pu glaner à droite et à gauche, l'endroit était normalement désert. Aucun gang ne s'était installé de manière définitive dans l'ancienne civilisation, aucune attaque sur la route entre Kuni et Sakai n'avait été reportée. Artreos imaginait que l'endroit avait été pillé depuis fort longtemps, ne restaient plus que roche et poussière. Avec un peu de chance, l'érudit ne croiserait effectivement personne sur son chemin. Le paysage désolé repoussait suffisamment les gens n'ayant aucun business lié aux ruines. Il faudrait être dérangé pour y trouver son compte, et c'est bien ce que l'érudit cherchait à faire.

Trouver un objet, un signe, n'importe quoi qui puisse lui en apprendre plus. Les récits de Leros avant l'incendie sont quasiment inexistants, ayant été brûlés en même temps que la ville. Les témoignages des survivants avaient plutôt été conservés dans la région de Kuni, et à raison. Il tardait à Ardashnir d'aller jeter un œil ou d'interroger des personnes, c'était sa spécialité. Quitte à passer pour un cinglé, le noiraud était prêt à tout pour la gloire de ses recherches. Quand bien même cela devait l'amener à se salir les mains sur le terrain. Ce qui était le cas actuellement.

Le jeune homme relâcha son Statitik à ses côtés. La charrette qu'il avait payé pour faire le voyage acceptait de rester pour trois heures, ce qui n'était pas énorme. Mais Ashar n'avait clairement pas les moyens de payer des heures supplémentaires, alors il se contenterait de ce qu'il aurait. Et Afelan allait mettre la main à la patte !

Ainsi commença l'exploration du drôle de duo à travers des pans de murs, d'anciens monuments à moitié écroulés ou dans des rues désertes. Pas de trésor en perspective, mais les yeux du Sakaien se régalaient à chaque tournant. Etudier en détail les constructions lui aurait pris un temps fou, alors l'historien se contentera seulement de satisfaire sa curiosité plutôt que d'étoffer de manière efficace ses travaux. Afelan semblait assez heureux de se faufiler dans les interstices des pierres, croisant parfois même des Pokémon craintifs. Le Statitik n'insistait pas davantage, retournant aux pieds de son dresseur quand celui-ci s'arrêtait pour détailler quelque chose qui pouvait sortir de l'ordinaire.

Soudainement, un petit bruit d'éboulis attira l'attention du jeune homme et de son Pokémon, qui se croyaient pourtant seuls aux alentours. Quelque chose approchait !

L'atmosphère se fit soudainement plus lourde. Une ombre passa au-dessus du duo, comme un présage de mauvais augure. La cause n'était autre qu'un petit Roucool, mais c'était suffisant pour que l'historien se mette sur ses gardes. Le bruit d'éboulis recommença une nouvelle fois, plus pressant cette fois-ci. Ardashnir se retourna vers la source dans un mouvement prudent.

La vision qui s'offrit à l'érudit ne le rassura guère.

A quelques mètres sur la droite, une forme distincte apparue. Ashar reconnut sans mal l'espèce des Absol. La majestueuse bête cligna lentement de ses yeux écarlates, dévisageant nonchalamment l'humain qui se présentait à lui. Le jeune homme avait entendu des dires à l'encontre du mammifère immaculé. Connus comme annonciateurs de catastrophes, les Absol étaient autant admirés que redoutés. N'ayant jamais été en contact avec ce genre de Pokémon auparavant, le noiraud ne pouvait pas prendre position. Les anciens écrits avaient déjà bien fait étalage des prémonitions de ces créatures et leurs conséquences pour les premiers ancêtres de Ekoe, à une époque où tout était à construire avec les moyens du bord. La fiabilité de ces témoignages était évidemment toute relative, ce qui alimentait l'attitude sceptique de l'intellectuel.

Il s'imaginait sans mal la puissance d'une telle bête sauvage. D'ailleurs, Afelan eut vite fait de grimper sur son dresseur dans un sursaut. Le Statitik n'était pas prêt au combat, pas avec l'aura presque mystique qui se dégageait du quadrupède en face. Le Roucool observait également la tique d'un œil curieux, croyant peut-être pouvoir en faire son déjeuner. Artreos était tout à fait incapable de gérer un combat à un contre deux, d'autant plus que le mystérieux Absol semblait à priori non-hostile. Ce qui n'était pas le cas pour l'oiseau brun qui plongea en direction de l'érudit, les serres en avant. Le geste n'était pas très effrayant, mais Ardashnir n'avait aucune envie de se faire griffer, ni d'attirer la colère de l'autre Ténèbres si jamais l'humain tentait une contre-attaque en force. Alors l'ancien professeur s'écarta prestement avant de se mettre sous le couvert d'une habitation à moitié effondrée.

Le Roucool était précis et son mouvement maîtrisé. Il suivit sans mal l'humain qui commença alors à agiter les bras dans l'espoir de chasser le petit rapace. Le type Normal n'était pas découragé par une défense si faiblarde, et dans un élan brusque il arracha Afelan de l'épaule de l'érudit, qui répondit par un cri angoissé. Heureusement, le Pokémon sauvage n'avait pas l'air de vouloir se régaler immédiatement. Il tenait fermement l'Insecte et Electrik dans son bec malgré les protestations de la puce miniature. Après un instant, le Roucool choisit de se poser sur un haut pan de mur pas très stable. Ardashnir remarqua à cet instant qu'il y avait un nid de paille posté tout au sommet. Ainsi, le jeune oiseau cherchait à faire ses preuves en ramenant un trophée de chasse. L'érudit aurait pu s'arrêter plus longtemps sur le comportement de la créature, mais il était beaucoup trop occupé à déterminer le meilleur moyen à sa disposition pour récupérer son compagnon.

Le Sakaien opta pour une stratégie simple mais qu'il espérait efficace. L'endroit grouillait de gravas, alors Ashar ne se fit pas prier pour lancer quelques cailloux en direction du ravisseur. Avec une visée approximative, le Roucool n'avait pas l'air d'avoir plus peur que cela, Afelan cloué sous une de ses pattes tandis qu'il se nettoyait le plumage d'un air peu intéressé. Artreos aurait pu se prendre d'admiration pour le calme incroyable du petit Pokémon si la situation n'était pas aussi tendue. Pendant un instant, il pesa le pour et le contre d'escalader la muraille de pierre. Mais bien vite il balaya l'idée, jugée trop hasardeuse. Un coup d'oeil sur le côté lui apprit que le Absol était toujours à la même place, immobile. A vrai dire, l'érudit se serait certainement inquiété de ce manque de réaction s'il n'avait pas été détourné par le cri du petit rapace.

La barrière sur laquelle il était nichée, déjà érodée par le temps, avait subi d'autant plus de dommage par les coups de pierre à répétition. Un sinistre craquement emplissait peu à peu l'espace, la poussière tombait alors que le mur semblait pencher peu à peu vers l'avant et que des briques se disloquaient. Le dernier projectile, d'une taille conséquente, avait apparemment touché un point faible de la construction. Sentant son monde pencher, le Roucool prit son envol au loin pour se mettre à l'abri, laissant le pauvre Statitik à la merci de la gravité. L'avantage, c'est qu'il pouvait rejoindre d'un bon formidable son maître, qui le réceptionna les yeux écarquillés. L'ombre du mur l'engouffrait au fil des secondes, et Ardashnir ne trouva pas la force de bouger ses jambes pour éviter la chute, complètement abasourdi. Alors il ferma les yeux et pria.

Un bruit d'explosion le sortit de sa torpeur. La muraille vola en éclat devant son air ébahi, ne se faisant que légèrement douché de gravas sans qu'aucune brique ne puisse l'atteindre. Le Absol était beaucoup plus près à présent, et sa corne brillait de puissance. Le quadrupède venait d'utiliser une capacité pour sauver un humain, un étranger en ces ruines étranges. L'historien ne perdit pas un instant pour prendre ses jambes à son cou, désirant mettre le plus de distance possible entre le Pokémon sauvage et lui-même, encore choqué par la réalisation que son esprit matérialisait en boucle. Oh, il n'aurait pas péri sous l'écroulement, le mur n'était pas si épais que cela. Mais certainement que Ardashnir aurait passé un sale quart d'heure, sans compter la trouille bleue qu'il avait eu pour Afelan. Celui-ci n'avait heureusement pas été blessé pendant sa captivité, mais lui aussi devait reprendre ses esprits.

Est-ce que le mammifère blanc savait que le pan allait s'effondrer ? Etait-il resté justement pour empêcher ce désastre ? Pour quelle raison avoir agi de la sorte ? L'érudit se posait tout un tas de question, légèrement effrayé de ce qu'il pourrait en déduire. Il devait reprendre son souffle un instant, faire le ménage dans son esprit.

Ayant retenu la leçon, le duo s'écarta de toute construction pour se poser sur un tas de gravats, sans savoir que leur escapade n'était pas complètement achevée.

Le ciel était particulièrement dégagé aujourd'hui et l'air n'était pas trop étouffant. Ardashnir eut donc tout le loisir de se poser dans un coin des Ruines de Leros, repassant en boucle dans son esprit la rencontre avec le Roucool et le Absol. Vraiment, la situation avait tourné au vinaigre, et c'était en partie de la faute du jeune homme et de sa précipitation. Mais il fallait relativiser : voir son seul et unique compagnon aux prises d'un prédateur naturel, l'historien n'avait pas réfléchi avant d'agir, ce qui ne pouvait pas entièrement être blâmé. Si cela aurait pu se retourner contre lui, heureusement le quadrupède immaculé lui avait sauvé la mise. Le gardien de ces lieux, impassible et majestueux. D'une manière assez irrationnelle, Artreos avait pris peur et avait fui, sans savoir si là était la bonne attitude pour remercier l’intervention du Pokémon.

A présent, assis sur un tas de vieilles pierres, bien que la position soit peu confortable, l'ancien professeur prenait le temps de faire baisser l'adrénaline. Bientôt, il allait devoir quitter les Ruines pour continuer son chemin vers Kuni et approfondir ses études manuscrites. Alors l'occasion d'explorer était beaucoup trop précieuse pour s'arrêter après un tel incident. Oui, l'érudit regagna soudainement de l'aplomb dans sa posture, et son visage était plus détendu. Afelan, lui, s'était réfugié dans la capuche de son dresseur, un peu secoué par le récent kidnapping. Nul doute qu'il ne serait pas capable de se battre avant de prendre un bon repos mérité. Ashar ne lui en tenait pas rigueur. Il était content que son compagnon aille bien, il était capable de se débrouiller seul si jamais d'autres Pokémon venaient sur sa route.

Justement, rapidement du bruit se fit entendre non loin de leur position. Ou plutôt des cris. Mais des cris de nature enthousiaste, il semblerait. Ardashnir pivota donc la tête pour observer un Canarticho sortant de décombres en brandissant son cher poireau. Le noiraud ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Encore un oiseau, et même si celui-ci donnait l'impression d'être perdu dans sa propre bulle, le jeune homme voulait se montrer prudent. Il marmonna quelque chose à son Statitik pour le prévenir de ne pas sortir de sa cachette pour le moment. Le Canarticho était euphorique pour une raison inconnue, et l'homme de lettres n'était pas assez versé dans les comportements des monstres de poche pour savoir si c'était une bonne nouvelle ou non. Dans le doute, l'humain décida de ne pas faire de geste brusque, ne désirant pas inutilement attirer l'attention. Alors il se contenta de regarder le spectacle.

Les piaillements du petit oiseau se réverbérait dans l'espace, entre les maisons calcinées. De temps en temps, il jetait son légume en l'air pour venir le rattraper avec une pirouette. Clairement, le Canarticho s'amusait comme un petit fou à danser au milieu de nul part. Jusqu'à ce qu'il fasse un faux mouvement, et le bâton végétal s'envola en direction de l'érudit, tombant au sol à quelques centimètres. Par réflexe, Ardashnir se releva de son monticule pour ramasser l'objet et le lancer à nouveau, en espérant que le Normal ne remarque pas sa présence. Apparemment, c'était trop tard, l'engin se précipita à la rencontre du jeune homme dans une course effrénée, à son échelle bien sûr, et Artreos sentit couler une sueur froide. Et si il venait de mettre en rogne le Pokémon en s'appropriant le poireau ? Forcément, il devait y tenir, l'intellectuel n'avait jamais vu un Canarticho séparé de son précieux sésame !

Mais contrairement à ce que redoutait le corbeau, il ne se fit pas sauvagement agressé comme avec le Roucool, ni même réprimandé pour son action. En fait, le Canarticho avait l'air de vouloir jouer avec Ashar, sautillant sur place pour attirer son attention. L'historien lâcha alors un petit sourire, rassuré, avant de rendre le légume à son propriétaire. Bien sûr, l'oiseau était ravi de retrouver son objet fétiche, mais ce n'était pas suffisant. La présence inconnue l'intriguait et l'excitait, il voulait se faire un nouvel ami ! Malheureusement, Ardashnir avait d'autres Chacripan à fouetter. Il secoua la tête dans un mouvement d'excuse, avant de commencer à s'éloigner, immédiatement poursuivit par des piaillements joyeux. Le jeune homme ne pouvait pas risquer de trimballer le Canarticho à travers les Ruines, le Pokémon sauvage n'était absolument pas attentif à son environnement, trop occupé à marcher dans les pas de l'humain.

C'est alors que Artreos remarqua dans l'ombre d'une ruelle un Evoli qui semblait observer la scène, à peine amusé. La pauvre chose était exaspérée par les cris du Canarticho, et ne rêvait que de pouvoir lui fermer son bec. Manque de pot, Ashar, peu impliqué dans la vie des Pokémon comme il était, interpréta l'attitude de l'Evoli d'une toute autre manière. Pensant que la petite peluche était trop timide pour rejoindre la fête, le noiraud s'adressa à son admirateur pour lui montrer le Pokémon solitaire. Immédiatement, l'attention du Canarticho changea de cible et il se rua dans la rue. Le geste hérissa quelques poils sur le dos de l'Evoli, qui se retrouvait bloqué face à cet énergumène. L'érudit, lui, était satisfait de s'être débarrassé du gêneur, pensant en prime avoir fait une bonne action. C'est que son ignorance dans le domaine était profonde, ayant toujours eu des difficultés à lire les attentions de ses pairs,. Alors des Pokémon…

Ardashnir n'était décidément pas au bout de ses peines. Il se trouvait que quelques rues plus loin, l'Evoli agacé avait fini par recroiser sa route, de manière inconsciente ou non, c'était à débattre. Au moins, la petite bête marron s'était débarrassée du Canarticho pot de colle au profit d'un Pichu avec une pomme entre les pattes. Le duo de Pokémon s'approcha alors de l'humain, qui trouvait que sa visite était rudement mouvementée pour un lieu abandonné comme les Ruines de Leros. Cela ne dérangeait pas trop l'historien, il n'avait apparemment rien à craindre des deux sauvages qui n'avaient pas l'air hostile ou foufou pour un sou.

Un fin sourire vint se glisser sur les lèvres du noiraud qui s'abaissa pour être davantage à hauteur du Pichu. L'Electrik était en train de brandir son fruit rouge, qui étonnement était en bon état et largement comestible. Artreos ne savait pas où la petite souris avait été cherché ça, avec des décombres tout autour, mais l'attention le touchait grandement. Pendant ce temps, l'Evoli toisait l'humain avec exaspération devant la naïveté de celui-ci. Comment avait-il pu croire que se serait une bonne idée de lui refourguer le Canarticho déjanté ? Non, la petite peluche boudait. Il était clair qu'il n'aurait jamais rejoint le dresseur de manière volontaire. Quelques caresses faillirent ébranler sa résolution, mais le Normal décida de snober l'érudit, au contraire du Pichu qui appréciait le doux contact.

Afelan émergea soudainement de la capuche noire, ayant senti la présence d'électricité statique non loin. C'est ainsi que les deux types Electrik passèrent un bon moment à jouer ensemble, tandis que le canin à la queue touffue alla s'installer sur une grosse pierre pour aller piquer un roupillon bien mérité. Ardashnir tenait toujours la pomme dans ses mains, la faisant lentement rouler au creux de sa main. Il calculait le temps approximatif qui lui restait avant de devoir faire demi-tour et quitter les Ruines de Leros. Le soleil était encore haut, mais la charrette n'allait pas attendre encore longtemps. L'ancien professeur avait à peine eu de quoi payer le voyage, il ne pouvait pas se permettre de déborder sur le planning. De toute façon, il semblerait qu'il passe plus de temps à rencontrer des Pokémon qu'à étudier les lieux, alors autant en profiter.

C'est ainsi que Ashar s'amusa avec le Pichu pour le remercier de son cadeau, dont il fit lui-même part à l'Evoli qu'il avait froissé sans le savoir. L'érudit avait grossièrement coupé la pomme en divers morceaux qu'il donna aux trois Pokémon avant de se servir. L'Evoli fit mine de ne pas en vouloir, mais dès que le temps rappela le noiraud à son devoir et qu'il commença à partir, le Normal prit plaisir à grignoter le fruit. Evidemment, le Pichu avait été triste de dire adieu à ses nouveaux amis, mais malheureusement Artreos n'avait pas prévu de ramener un compagnon à la maison, au risque d'augmenter le prix de sa traversée. L'érudit se promit néanmoins de revenir un jour dans ces terres désolées, tellement il y avait tant encore à découvrir et explorer.

Il n'oublierait pas la manifestation mystique du Absol. La peur qui avait pétri ses tripes lorsque son Statitik se fit enlever. Sa surprise de tomber sur un Canarticho complètement foufou. L'offrande du Pichu et la méfiance de l'Evoli. Toutes ces rencontres lui avait fait prendre conscience que les Pokémon étaient des êtres tout comme lui, auxquels il faut dédier attention et respect. Sa vision était ressortie grandissante de ces expériences, et Ardashnir décida qu'il lui faudrait trouver un nouveau camarade pour Afelan, afin de lui éviter ce sentiment de solitude qui plaisait si bien à son dresseur. L'historien se rendait à présent compte que ce n'était pas forcément le cas pour son Statitk, alors il se jura de réparer sa négligence prochainement !