a cacophonie de l’extérieur n’était en rien atténuée par les murs de toile de la tente de la chef. Cela n’empêcher pas Bravoure d’essayer de se concentrer sur le parchemin étalé devant elle. Elle sentait déjà venir le mal de tête. Le type de mal de tête qui reste coincé toute la journée, pas assez fort pour poser problème, juste assez embêtant pour la mettre de mauvaise humeur. La chaleur étouffante de la pièce n’aidait en rien. Quelques ambassadeurs ranins étaient venus lui proposer une toile plus claire et plus adaptée aux fortes températures de la région mais elle avait refusé. Le carnaval battait son plein et elle comptait bien afficher les couleurs de Sakai jusque dans les plus petits détails.

Sindri passa la tête à travers l’embrassure de la tente, sa frimousse tachetée avait pris une vilaine teinte rosâtre qui témoignait du coup de soleil. Le pauvre garçon était en sueur dans son armure mais rien au monde ne l’aurait convaincu de l’enlever, la sécurité de Dame Bresingra était un devoir qu’il prenait à cœur. Il se racla la gorge pour annoncer sa venue, faute de mieux. Sans porte sur laquelle toquer, il était difficile d’avoir un peu d’intimité ici.

« Ma dame, il serait bon de vous reposer. Pourquoi ne pas venir prendre l’air ? J’ai entendu dire que les Midoyens servaient du thé. »

Bravoure releva les yeux vers son protégé. Quiconque d’autre aurait proposé ça, elle aurait fermement et agressivement refusé. Tout ce qui pouvait passer pour de la faiblesse, surtout en ce lieu et ce moment précis était à proscrire. Mais les yeux inquiets du garçon et sa propre frustration avec les derniers détails à régler firent pencher la balance. Elle s’étira doucement avant de se lever.

« Du thé ? Tant qu’il n’est pas empoisonné… »

Elle se glissa en dehors de la tente, réveillant au passage Téméraire qui ronflait sur le sol. Le miaouss partageait son temps entre se faire les griffes sur les meubles, grimper sur tout ce qui était plus haut que trois pommes et hurler à pleins poumons. Il était un parfait pokémon de garde. Personne n’osait s’approchait de sa tente à moins de trois mètres de peur de se faire tacler par une boule de poils furibonde. Son sommeil en pâtissait mais au moins, Bravoure était quelque peu rassurée. Un assassin ne pourrait pas se glisser discrètement dans la nuit sans réveiller le matou des montagnes.

Sindri amena Bravoure jusque devant un petit rassemblement. L’endroit était plus calme et silencieux. Comme si la ferveur du carnaval ne l’atteignait pas. Pourtant, nombres de midoyens et de plus rares autres nationalités étaient réunies autour d’une large toile accrochée entre deux rochers. Le rouquin écarta la foule sans problème. L’épreuve de Mido.

« Je refuse de me battre pour pouvoir boire du thé. Une fois, c’est une fois de trop. » s’opposa immédiatement la chef.

« Allons, vous vous en êtes plutôt bien sortie jusqu’à présent ! Il faut juste faire du thé, vous pourrez le boire après. Du thé midoyens gratuit ! Et en prime vous représenterez Sakai. » tenta-t-il de la convaincre.

Bravoure grommela un peu à propos du fait de se faire avoir par des yeux doux et qu’elle n’avait plus l’âge pour ces enfantillages mais puisqu’elle avait déjà fait l’effort de venir, elle n’allait pas tourner talons maintenant. Certainement pas devant Mido. Elle allait montrer à ces salades rabougries de quoi elle était capable.

« Pourquoi est-ce que TOUS les royaumes prennent des épreuves si spécifiques ? La lutte contre un chevalier d’or, escalader une paroi… comme si j’avais que ça à faire escalader des tours ! » râla-t-elle. « Sommes-nous donc les seuls à faire preuve de fair play en proposant une épreuve accessible à tous ? On aurait dû tricher et faire une épreuve sur l'histoire de Sakai. Ah ! Je les imagines bien tenter de différencier les Merivian des Merov. »

Elle s’installa devant une table. L’épreuve étant moins physique que la précédente, la foule était elle aussi plus calme. Réellement, il n’y avait pas grand-chose à acclamer, juste des hommes et femmes entrain de renifler des plantes et faire chauffer de l’eau. En terme de grandiose, ils auraient pu faire mieux. Néanmoins, le calme de l’épreuve avait aussi son avantage. Bravoure connaissait certaines des plantes posées devant elle, grâce au négoce avec la nation verte. Ce n’était pas rare qu’on lui apporte des échantillons à tester malheureusement, vu la foule d’informations qu’elle avait à retenir, les petits détails tel que les vertus de telle ou telle plante lui échappait. Darla aurait plus facilement réussit l’épreuve qui était injustement favorable aux midoyens. Eux connaissaient la majorité des plantes, au moins de vue.

On lui apporta une tasse remplie d’un thé sombre et un petit pokémon feu. Un singe au regard malicieux. Elle était persuadée qu’il préparait un mauvais coup. Surement une tactique des midoyens pour la faire perdre. Ils lui donnent le pire pokémon pour qu’il ébouillante le thé. Ça ne marcherais pas avec elle. Elle se pencha pour chuchoter au petit pokémon.

« Si tu essayes de faire brûler mon thé, je laisse Téméraire te transformer en fourrure. » elle indiqua d’un signe de tête le miaouss qui salivait un peu plus loin. « Suis-je claire ? » Le flamajou hocha frénétiquement de la tête. « Parfait. Fais chauffer l’eau mais ne la laisse pas bouillir. Si je vois une bulle, attention à toi ! »

Elle reporta son attention sur la tasse devant elle. Tentant tout d’abord d’identifier l’odeur, évidement inconnue, puis gouttant le liquide pour tenter d’y percer les secrets. Evidement, elle n’avait jamais goûté à ce thé, ce serait trop simple autrement. Les plantes devant elle, ne l’aidaient pas vraiment. Romarin aurait remporté cette épreuve haut la main. Malheureusement, elle n’était pas là pour faire gagner des points à sa patrie. La responsabilité reposait sur les épaules de Bravoure.

Du coin de l’œil, elle pouvait voir une femme aux cheveux verts s’emmêler quelque peu les pinceaux avec l’attelage de verdure. Bravoure ne pouvait même pas se moquer, elle ne s’en sortait pas mieux. Elle reconnaissait évidement certaines plantes, la menthe, la mélisse et évidement le romarin, le reste était inconnu. Elle prépara sa petite sélection, lançant de temps en temps des regards vers le singe qui se crispait aussitôt. Les feuilles s’écrasaient entre ses doigts, libérant leurs arômes. Il y avait trop de plantes et au bout d’un moment les odeurs se mirent à se mélanger entre elles. La chance, était aussi un énorme facteur de ce jeu. Bravoure mit son petit ballotin dans l’eau bouillante, regardant le liquide se teinter de brun. Il n’y avait plus qu’à attendre quelques minutes et le tour serait joué.

« Si quelqu’un critique mon thé, je- Je sais pas ce que je fais, je suis fatiguée, laissez moi juste boire du thé. » soupira-t-elle doucement.

Elle lança un regard vers Sindri qui leva ses pouces en signe d’encouragement. Ô combien elle détestait être jugée sur des critères qu’elle ne pouvait pas contrôler. Avec un peu de chance, la femme aux horribles cheveux verts avait fait pire qu’elle et elle pourrait se satisfaire de ce fait.

HS : Points dans cette épreuve – 3 !  
Conclusion : Donnez une tisane à Brav, elle est fatiguée, elle doit gérer deux enfants qui lui font faire des bétises.

ravoure regarda la juge passer entre les participants. La femme avait toujours une remarque acerbe et rarement des compliments à formuler. Visiblement ses critères de réussite étaient stricts, chose que la chef aurait pu respecter si elle ne s’était pas retrouvée du côté des perdant. La juge avait aussi le défaut d’être midoyenne. Il n’en fallait pas plus pour que Bravoure ne la méprise. De toute manière, aurait-elle été l’incarnation même de la gentillesse la vieille dame aurait su lui trouver un défaut.

Elle jeta un coup d’œil au singe qui évidement avait fait bouillir l’eau pendant qu’elle ne regardait pas. Ayant goutté rapidement son thé, la vielle dame se recula dans son siège, elle savait qu’elle avait échoué. Il était médiocre au mieux, immonde si on était plus réaliste. C’était ce qui arrivait lorsque toutes les informations n’étaient pas réunies. Les erreurs s’ajoutent les unes aux autres pour créer un amalgame immonde qui se solde en un échec cuisant. Mais Bravoure avait toujours été une femme orgueilleuse et si elle perdait, c’était sur ses termes. Elle trouvait l’épreuve injuste, presque autant que celle kunoise, à se demander si ce n’était pas son opinion des nations qui obscurcirait son jugement. L’épreuve était faite pour faire échouer les non-midoyens, si on ne connaissait pas les plantes de la région, leur goût, leur forme et leur couleur, impossible de réussir autrement que par chance. Et il semblerait que la chef ait épuisé toute sa chance lors de la précédente épreuve. Elle avait tout de même un moyen de tirer une légère satisfaction de cette perte de temps.

Rapidement, elle attrapa une feuille d’une plante qu’elle connaissait. Elle avait vu Brigit l’utiliser dans certaines concoctions et avait dû faire face à son terrible goût plus de fois qu’elle ne l’aurait souhaité. Si elle n’était pas toxique la feuille de pissenlit était tout bonnement l’amertume même. De quoi vous laisser un goût pourri dans la bouche pendant au moins quelques heures. Elle écrasa la feuille entre ses doigts, laissant sa sève goutter dans la tasse avant d’y jeter la feuille entière. Autant ne pas faire dans la demi-mesure. Voilà la juge qui arrivait, la moue dubitative sur son visage témoignait du jugement qu’elle portait sur Bravoure, avant même d’avoir gouté à sa boisson. Eh bien elle serait servie.

« Vous avez fini ? » demanda la juge mielleusement.

Le sourire de Bravoure se fit niait et elle écarquilla légèrement les yeux. Romarin lui disait toujours que ça lui donnait un air de hoothoot. Chose que la vieille dame déniait fortement.

« Oui. Dites-moi ce que vous en pensez. » répondit-elle le plus innocemment possible, encourageant la femme à boire.

La femme pris une gorgée. Une seule. Elle recracha l’entièreté du liquide, s’étranglant à moitié sur l’eau brûlante alors que Bravoure utilisait toutes ses capacités mentales pour ne pas éclater de rire et avoir au contraire un air contrit. Comment ça elle avait saboté son thé pour pourrir la journée de quelqu’un ? Ça ne lui ressemblait pas voyons, jamais elle ne ferait ça.

« QU’EST-CE QUE C’EST QUE CETTE HORREUR ? » s’étouffa la femme.

« Un Théffroi. » ne put s’empêcher de répondre la chef.

« QUOI ?! » l’horreur et la panique étaient audible dans sa voix. Même à Mido ces pokémons avaient terrible réputation.

« Je plaisante, très chère. Faites attention cependant, vous tournez un peu rouge. Je sais que les midoyens sont en communion avec la nature mais nul besoin d’imiter une tomate. »

Sur ce, elle se leva pour rejoindre Sindri. Un sourire dansant au coin de ses lèvres. Elle lui fit signe de se taire. Sa migraine était partie remplacée par une satisfaction malsaine. Quelques secondes plus tard, un autre juge vint la voir pour lui demander gentiment de ne jamais plus essayer de refaire du thé, toucher du thé ou même penser au thé avant de repartir rapidement. Le rouquin la regardait avec les yeux ronds.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Vous savez pourtant nommer toutes les dangers des plantes, j’étais sûr que vous alliez gagner ! »

« Oh Sindri, tu apprendras que l’on peut gagner de bien des manières. » répondit-elle.

Cuisiner ? Elle préférait laisser cela à ses serviteurs. Son domaine à elle était les poisons et cette épreuve ne faisait que renforcer cette vérité. Cela ne l’empêchera pas d’aller se moquer de Ceriza, Dorcas et leurs épreuves de pacotille. Le fait qu’elles n’avaient pas confiance en leur peuple pour gagner sans tricher en disait long sur leur personne. Elle leva les yeux vers la haute falaise ou les derniers vaillants grimpait avec ardeur. L’ascension de Ran. Au point où elle en était, elle pourrait bien s’essayer à cette épreuve aussi. D’une certaine manière, l’ambiance du carnaval s’était emparée d’elle. Elle comptait bien montrer aux autres chefs qu’à Sakai, quelque soit les chances, on garde la tête haute et on se lance.

HS : Bravoure utilise le exTHÉrminateur, c’est très efficace. Bravoure se fait éjecter de la compétition.
Willy Wonka je dis n'importe quoi, je suis morte de rire avec le résultat des dés !

5 points pour cette épreuve !