Promenons nous dans les bois, pendant que l'Vortante n'y est pas ~ PV Teion Suelo

« Am, stram, gram,
Pic et pic et colégram,
Bour et bour et ratatam,
Am, stram, gram ! »

Que faisait donc Nat, au milieu de la grande forêt de Mido, à chantonner des comptines pour enfant ? Eh bien il était fort possible que la jeune fille se soit légèrement égarée. Involontairement. Et totalement par hasard. A l’origine, elle voyageait simplement avec quelques marchands ambulants, traversant la forêt pour rejoindre Kashaï et y vendre leur produit. Rien de très extraordinaire en somme. C’était même plutôt ennuyant comme début d’aventure.

Le seul événement ayant brisé la monotonie de la marche était cette drôle de tempête qui avait fait apparaitre des aurores boréales et les drôles de créatures géantes. Les marchands n'en savaient pas plus qu'elle sur ce drôle d'épisode alors elle était déterminée à le découvrir ! En plus, ça lui avait donné un super pouvoir, elle pouvait voler ! Enfin, flotter à quelques centimètres du sol était plus exact mais ce n'était qu'un détail. Tout ce que Nat voyait, c'était un pouvoir qu'elle devait apprendre à maîtriser parce qu'il était vraiment cool.

Mais cela ne répondait absolument pas à la question "Que faisait-elle seule perdue ?". Eh bien c'était très simple. Elle marchait tranquillement, à l'arrière de la troupe de marchands, quand elle aperçut soudainement quelque chose briller entre deux arbres. Intriguée, elle s'était rapprochée pour essayer de voir ce que c'était, ne faisant déjà plus attention à ses accompagnateurs. Petit à petit, sans s'en rendre compte, elle s'éloigna trop et fini par se perdre totalement. Et elle n'avait même retrouvé l'étrange truc brillant.

Nop ne l'avait pas quitté n'ont plus et voletait tranquillement à ses côtés. Il refusait catégoriquement de la quitter, même si c'était pour essayer de retrouver le groupe de marchand. Alors Nat fit confiance à son instinct et prit une direction au hasard, en chantonnant pour briser le silence de la forêt. Ce n'était pas grave qu'elle ait perdu les marchands, elle finira par vite les retrouver... Normalement. Si tout se passait bien. Et que rien n'essayait de la bouffer entre temps.

Pour l'instant, tout était calme et il n'y avait pas le moindre pokémon à l'horizon. Aucune raison de s'inquiéter alors. Elle allait vite retrouver son chemin et tout irait pour le mieux. C'était ce qui était prévu. Jusqu'à ce que, ne faisant pas attention à où elle mettait les pieds, elle manque de se faire bouffer par une plante géante.

« Waaaah c'est quoi ce truc ?!
- Stupide ! Stupide ! hurla Nop en attaquant l'immense plante pour défendre sa propriétaire. »

Le vortante, parce que c'était bien ce pokémon qui venait d'attaquer Nat même si elle l'ignorait, ne semblait pas particulièrement dérangé par les attaques de l'oiseau et se mit à poursuivre la gamine qui pourrait lui faire un bon encas. Détalant sans demander son reste, la gamine courrait le plus vite possible en espérant trouver un moyen de sauver sa peau. Et ce n’était pas gagné d'avance vu l'immense bestiole qui la poursuivait.

Evitant de justesse la gueule pleine de dent qui la poursuivait, Nat sauta soudainement, espérant réussir à attraper une branche basse pour pouvoir se hisser le plus haut possible et espérer ne plus être accessible pour cette monstrueuse plante carnivore. Coup de pot, elle réussit son coup et en quelques secondes à peine, elle était en haut de l'arbre et surveillait du coin de l'œil son assaillant. Il ne semblait pas pouvoir monter et essayait plutôt d'attraper Nop vu que sa cible principale n'était plus à disposition.

« Nop, viens ici ! J'veux pas que tu te fasses bouffer ! »

Le pijako la rejoint avec réticence, n'aimant pas laisser impuni une bestiole ayant essayé de la manger. Mais c'était plus prudent, Nat n'avait aucune envie de voir son ami transformé en amuse-bouche. Et la plante mangeuse d'homme était toujours au pied de l'arbre, semblant attendre qu'elle descende pour pouvoir enfin l'attraper. Elle s'était mise dans une sacrée galère cette fois et elle ne voyait pas très bien comment s'en sortir. Tentant malgré tout sa chance, la gamine se mit à crier :

« Il y a quelqu'un ?! J'ai besoin d'aide !
- Merde ! Merde ! »

Nop n'aidait pas vraiment mais c'était mieux que rien n'est-ce pas ?

La forêt était la même. C'était moi qui déconnais, il n'y avait pas d'autres explications. Depuis ce foutu ouragan et l'apparition potentiellement rêvée de cette Bête dans le ciel, la jungle m'envoyait des murmures. Je n'y répondais pas, mais je les recevais, comme un signal brouillé, flou. Il n'y avait pas de mots dans ces voix, mais seulement du souffle: comme si un flux d'énergie circulait entre tous les végétaux depuis la nuit des temps, mais qu'un capteur s'était brusquement éveillé en moi pour le percevoir.

Si cela s'était révélé étrange et amusant les premières heures, c'était vite devenu assez lourd et pesant par la suite. J'avais beau considérer chaque arbre comme une entité véritable à part entière depuis ma plus tendre enfance, la perspective de les "entendre" me rendait nerveux. Rien ne m'avait préparé à cela.

Par dessus le marché, Feuille n'était jamais revenue. Depuis qu'elle s'était précipitée pour se cacher pendant l'ouragan, pas un signe, pas une trace. J'errai comme un débile en criant son nom.
"Feuille! Feuille!"
Quelle connerie de l'avoir appelée comme ça!
Est-ce que les arbres eux aussi s'étaient brusquement mis à me comprendre? Est-ce qu'eux aussi ils m'entendaient hurler "Feuille" à tous les croisements? Si oui, je devais passer pour une belle andouille. "Effectivement, devaient-ils penser, ceci est une feuille. Oui, ça aussi, il y en a partout en fait, c'est un peu le concept".

Je ne pouvais pas en rester là. Si les arbres me parlaient, il fallait que j’apprenne à décoder leur langage. Je m'approchai d'un merisier qui semblait particulièrement bavard, et effectuai ce geste si banal et habituel qui prenait à ce jour une dimension toute neuve: je posai la main sur son écorce.

Et alors le message se fit extrêmement clair.

- Merde ! Merde !

Etait-ce bien la meilleure manière d'établir un premier contact avec un représentant d'une autre espèce? Rien de moins sûr, mais je fus moins outré qu'étonné.
La bonne nouvelle: ce n'était pas le merisier qui avait juré, mais un volatile un peu plus loin. Si même les oiseaux se mettaient à nous parler, le monde allait réellement prendre une tournure très, très étrange...

Je suivis la source du son et découvris, à travers la vulgarité de l'oiseau, les appels au secours d'une gamine. Comme je n'avais pas eu d'interaction sociale avec un être humain depuis plus d'une semaine, ces mots réels sonnaient comme une oasis. Et ce même si la gamine - ou le gamin, à vrai dire il n'y avait à ce stade aucune certitude sur le sujet - n'avait pas une voix particulièrement cristalline, dans la mesure où elle beuglait plus qu'autre chose.

Lorsque je rejoignis le lieu du drame, tout s'expliqua.

- Ah. Un Vortente.

L'enfant et son odieux compagnon plumé étaient perchés, hors de portée de ce prédateur en mousse. D'un geste, j'attrapai la Captis Ball de Hex à ma ceinture, et libérai le Noeunoeuf de son confinement.

- Coucou Hex. Tu peux m'hypnotiser ce machin, s'il te plaît?

Hex, contrairement à l'oiseau, était friand de politesse. Pour qu'il se mette à l'oeuvre avec entrain, il suffisait de lui dire "s'il te plaît" - et aussi que le tâche soit à la hauteur de ses possibilités, ce qui, sans être méchant, était finalement assez rare à l'époque où il n'était pas encore un Noadkoko.

Les six Oeufs, mûs par un même élan, se regroupèrent près de l'arbre où l'enfant était perchée, et entamèrent leur danse soporifique pour assoupir cette espèce de salade géante qui se prenait pour un démon de conte pour enfant. Ils firent mouche: le Vortente s'effondra dans le royaume des songes, sans transition.

J'adressai un signe de la main à l'enfant, me voulant rassurant.

- C'est bon, tu peux descendre, il ne te fera pas de mal. Sauf s'il est somnambule, auquel cas je ne réponds plus de rien.

Allait-il, allait-elle sentir la touche d'ironie? Ce n'était pas garanti, d'autant que ma pratique des codes sociaux était un peu rouillée. Certains disaient que "c'est comme chevaucher un Bourrinos, ça ne s'oublie pas! Ça revient tout seul!". Ces crétins n'avaient probablement jamais passé une semaine en autonomie totale dans la jungle, à se raconter des histoires à eux-même pour s'endormir le soir, ou à percer des baies Mangou pour leur faire des yeux et une bouche afin de discuter avec elles en les faisant parler comme des marionnettes.

Au final, entre parler à un humain ou un arbre, je n'étais pas certain de ce qui était le plus ambitieux. En cet instant, seule la communication avec le règne pokémon semblait fluide.

- Assez rigolé. Qui es-tu, et qu'est-ce que tu fabriques en solo au beau milieu de la jungle? Enfin... en solo avec ton juron à plumes, tu m'as compris.

Citation :: Bon RP :) ♫

Le vortente avait l'air d'avoir drôlement faim et ne voulait pas lâcher l'affaire. C'était drôlement embêtant, elle avait réussi à se mettre dans une sacrée galère sur ce coup-là ! Et elle n'avait pas vraiment d'idée ou de solution pour s'en sortir sans soucis. Ça lui apprendra à partir sans prévenir parce que "quelque chose brillait entre les arbres". La tempête et les aurores boréales lui avait fait oublier les règles essentielles de sécurité plutôt ! Et la voilà donc, dans une situation qui craignait beaucoup. Nop criait fort pourtant, il n'y avait personne qui l'entendait et voulait bien l'aider ?

Au moment où la gamine se fit cette réflexion, un visage apparut enfin. Un jeune homme aux cheveux sombres, presque vert, qui regardait la scène avec de l'étonnement. Effectivement, on ne devait pas voir ça tous les jours, une plante géante qui essayait de bouffer une gamine, mais elle aurait aimé qu'il se dépêche de l'aider au lieu de la regarder. Pas qu'elle était pressée mais finir en casse-croûte de plante carnivore n'était définitivement pas dans ses projets immédiats.

Heureusement, il finit par agir en faisant apparaître un groupe d'œuf avec des yeux. Drôle de pokémon que celui-là, Nat était sûre de l'avoir déjà vu par le passé mais impossible de se souvenir de son nom. Bah, après tout ce n'était pas très important. En tout cas, les œufs se rapprochèrent de la plante et entamèrent une drôle de danse qui fit s'endormir son agresseur. C'était drôlement pratique ça ! Un pokémon qui pouvait en faire dormir d'autre ! Ça lui éviterait pas mal de problème quand elle explorait. Peut-être que Nop pourrait apprendre à faire pareil ?

La menace endormie, Nat descendit de son perchoir et se rapprocha de son sauveur. Il n'avait pas l'air méchant malgré ses airs un peu... pataud ? Comme s'il ne savait pas vraiment comment parler à un autre être humain. Mais il n'avait pas l'air méchant alors la gamine ne fit aucun commentaire à ce sujet. Ce n’étaient pas ses affaires après tout.

« Merci de m'avoir aidé M'sieur ! »

La gamine ne savait pas trop quoi ajouter en plus. Maintenant qu'il n'y avait plus de danger, devait elle partir sans demander son reste ou rester avec lui ? Peut-être qu'il savait où était les marchands qu'elle avait perdus et qu'il pourrait la guider, il avait une tête à bien connaitre la forêt ! Ce fut à ce moment-là que l'homme reprit son sérieux et lui demanda qui elle était et ce qu'elle faisait ici. Mais il fit une erreur en appelant Nop "juron à plume", aussitôt l'oiseau gonfla son plumage pour avoir l'air impressionnant et hurla "Tête d'œuf ! Tête d'œuf ! Peut être qu'il insultait le pokémon plutôt ? Nat n'était plus sûre de rien à cet instant. Mais elle rappela immédiatement à l'ordre l'oiseau.

« Nop ça suffit ! Il nous a aidé, alors un peu de gentillesse ! »

Elle savait bien que demander un peu de politesse était impossible avec ce drôle d'oiseau donc elle préférait se concentrer sur plus accessible pour lui. Le pijako, ayant moyennement apprécié le rappelle à l'ordre, se posa sur une branche non loin pour bouder dans son coin. L'ignorant, Nat offrit un grand sourire à son interlocuteur.

« Bah j'étais avec un groupe de marchand, on allait vers Kashaï, quand j'ai vu un truc briller. Chui allée voir et j'ai perdu le groupe de vue donc j'ai continué de mon côté. Je suis Nat ! Et lui c'est Nop, ajouta t'elle en montrant le pijako du doigt. Et toi, pourquoi t'es là ? Comment tu t'appelles ? »

Totalement détendue, Nat n'était absolument pas inquiète. Elle n'était plus seule et il avait l'air de savoir se débrouiller en forêt. Vu qu'elle était encore une enfant, elle pourrait peut-être jouer sur le fait qu'elle était trop faible pour qu'il la raccompagne au village le plus proche. Peut-être même jusqu'à Kashaï ! Ça serait encore mieux et drôlement pratique. Si en plus les marchands acceptaient quand même de la payer pour ses services malgré sa disparition, ça serait le jackpot !

S'adossant à l'arbre qui lui avait servi de perchoir quelques minutes auparavant, Nat attendit la réponse de son interlocuteur en continuant de sourire. Autant paraître la plus fragile et inoffensive possible, ça pouvait toujours servir.

Nous avions donc affaire à un jeune vagabond, ou potentiellement une jeune vagabonde... Le genre de gosse capable de rendre fou son entourage en restant immobile pendant des heures, et en s'écartant à des kilomètres l'instant suivant. Je n'étais pas certain d'avoir très envie de m'encombrer avec ça... sans parler de Nop et son vomi verbal permanent. "Crâne d’œuf"? Que ce fût pour moi ou pour Hex, ce n'était pas franchement diplomate.

- Ton oiseau est-il malade, ou il s'exprime toujours comme ça? Je crois qu'il y a un nom pour ce syndrome-là. Ou alors s'il n'y en a pas, il faudrait le nommer comme lui. Le "Syndrome de Nop", voilà qui sonne bien.

Comme si cela ne suffisait pas, Nat semblait du genre lunatique: il/elle était passé.e très naturellement de la panique en mode survie à une insouciance déconcertante garnie de grands sourires, adossée au même arbre où il/elle était perché.e quelques secondes plus tôt. C'est à dire à deux pas du Vortente assoupi. Celui-ci bougeait dans son sommeil, la faim devait lui donner des cauchemars.

- Euh... Ne restons pas là, l'enfant. Hex l'a juste endormi, pas assommé. Il pourrait se réveiller d'un moment à l'autre.

Je pris les six œufs dans les bras pour ne pas qu'ils nous ralentissent, et fit signe à Nat de me suivre en vitesse... en me gardant bien de faire la même chose avec l'oiseau. S'il avait pu rester dans la jungle, celui-là, il y aurait trouvé toute sa place. Je ne me faisais pas d'illusion: l'enfant et lui étaient manifestement trop proches pour s'abandonner ainsi.

Autour de nous se mélangeaient cèdres, chênes et arbres à baie Grena. A chaque fois que je passais devant un tronc, chacun y allait de son petit murmure, auquel je ne comprenais toujours rien. Mais dans l'éventualité où j'aurais capté le message, je n'aurais pas eu l'occasion d'y prêter attention, dans la mesure où nous étions en train de fuir un prédateur potentiel. Hex avait beau l'avoir endormi, sans Feuille à mes côtés je me sentais vulnérable. Chaque chose en son temps.

Nous atteignîmes un ruisseau à l'eau très claire, dans lequel je plongeai mes mains pour me ressourcer, et invitai Hex et Nat à faire de même.

- Or donc, je m'appelle Teion. Et je suis là pour tirer d'affaire les nomades égarés, cela fait partie de mon travail... Ces marchands, de la famille à toi ou des inconnus? Où est-ce que je te ramène, à Kashaï? Ou bien il faut qu'on les retrouve?

Je priai intérieurement Célébi pour que Nat me réponde Kashaï, car je n'avais aucune envie de courir après des marchands. Par ailleurs, je formulais des phrases courtes, car j'étais perturbé par un cèdre dont les racines plongeaient dans l'eau, et qui m'envoyait des signaux. On ne pouvait pas être tranquilles trois minutes.

- Je te demande trente secondes, fis-je en m'approchant des racines et en posant la paume dessus.

Le signal était toujours brouillé, mais il était très différent des dernières fois. Était-ce parce que j'avais effleuré la racine plutôt que le tronc? Les impulsions se succédaient à une fréquence différente, et oscillait avec une intensité moins changeante. Je n'y comprenais rien. Les six têtes de Hex s'étaient rapprochées autour de moi, curieuses, avec leur habituelle bouche en "ô".

Je me passai un peu d'eau sur le visage pour rincer cette folie hors de ma tête.

Si Nat était un peu bizarre, il/elle n'avait pas l'air perturbé.e par les mêmes symptômes que moi. Même si c'était heureux pour lui/elle, cela n'améliora pas mon inquiétude.

- Désolé, je flanche un peu. Depuis cet ouragan absurde, j'ai l'impression que quelque chose m'a retourné le cerveau...

C'était un aveu. Pour que j'en arrive à me confier à une gamine ou un gamin, il fallait vraiment que la situation soit inédite. Or, il s'agissait là du seul être humain qui pouvait me servir de témoin, et éventuellement m'aider à y voir plus clair. Il fallait que je vérifie quelque chose:

- Dis donc, l'enfant... On est d'accord, je ne l'ai pas rêvée, cette tempête?

Visiblement, l'étranger n'aimait pas trop Nop. Et Nat ne pouvait pas vraiment lui en vouloir honnêtement, c'est vrai que le drôle d'oiseau n'était pas très sympathique au premier abord... Ni au deuxième abord en fait, Nop n'était jamais sympathique ou agréable. C'était surtout un oiseau vulgaire auquel on s'habituait petit à petit plus qu'autre chose. Lançant un regard amusé vers son compagnon à plume, elle répondit.

« Syndrome de Nop, c'est marrant ça ! Je sais pas trop pourquoi il est comme ça, il l'était déjà quand je l'ai rencontré. Le moins vulgaire qu'il ait jamais dit c'est "nope". »

C'était un drôle d'oiseau mais elle s'y était beaucoup attaché avec le temps. Il était devenu l'être vivant dont elle était le plus proche alors qu'elle n'aimait même pas particulièrement les pokémons. Et puis, les insultes à répétition ne dérangeaient pas particulièrement Nat, c'était même plutôt amusant à force. Elle savait bien qu'il ne le pensait absolument pas et qu'il répétait juste des mots qu'il avait pu entendre par le passé. Pourquoi avait-il seulement enregistré des insultes, c'était une bonne question mais Nat s'en fichait un peu. Tant que Nop restait à ses côtés, elle se fichait du reste.

Son interlocuteur finit par lui demander de le suivre, rester à côté de la plante carnivore n'étant apparemment pas une bonne idée. Il prit les six œufs dans ses bras avant de bouger et Nat lui emboita le pas. Il connaissait mieux la forêt que lui alors elle lui faisait confiance. Nop voletait non loin, retenant avec difficulté le flot d'insulte continue qui s'écoulait de son bec. Autant ne pas contrarier leur aide potentielle, ils en avaient bien besoin !

Ils finirent par arriver à un petit ruisseau et l'homme se présenta enfin. En l'écoutant parler, Nat profita de l'occasion pour boire un peu. Avec toute cette marche elle commençait à avoir vraiment soif ! Le travail de Teion était donc de retrouver les gens perdus ? C'était un peu bizarre mais pourquoi pas, la forêt était très grande après tout. Il y avait des métiers étranges un peu partout, le monde était grand.

« Pas de la famille, on voulait juste tous aller à Kashaï alors on voyage ensemble. Si tu pouvais me montrer le chemin de Kashaï où m'emmener là-bas, ça serait génial d'ailleurs ! Je les retrouverai en arrivant je pense. »

Jolie façon de dire "je me suis infiltrée dans leur groupe après de longue négociation et j'aimerai bien les trouver à l'arrivée pour quand même toucher ma paye". Mais Nat n'accordait à Teion qu'une confiance relative, elle n'allait pas lui révéler sa vie comme ça. Elle lui faisait confiance pour la mener à bon port dans cette forêt, c'était tout. D'ailleurs, il semblait perdu dans ses pensées et perturbé, comme s'il se passait un truc étrange à l'instant.

Il s'approcha d'un arbre et posa sa main dessus avant que Nat ait le temps de le questionner sur ce qui n'allait pas. Il resta un moment en silence avec les œufs qui l'observait attentivement avant de finalement se détourner et se passer de l'eau sur le visage. Bizarre tout ça, qu'est-ce qui venait de se passer. Interrogative, la gamine attendit des explications. Quand on agissait aussi bizarre, à toucher des arbres en silence sans raison, il y avait forcément une explication non ?

Effectivement, Teion finit par s'expliquer, accusant l'étrange tempête d'être la cause de son drôle de comportement. Et il lui demandait s'il l'avait rêvé ou non. Comment pouvait-on croire que c'était un rêve, c'était trop magnifique pour ça ! Elle l'avait aussi vu, comme les marchands avec qui elle voyageait donc ça ne pouvait pas être un rêve. Il n'en avait pas parlé à d'autre personne ?

« Bien sûr que ça s’est passé, je l'ai vu moi aussi ! C'était super beau, surtout l'aurore boréale. Et en plus y'avait d'immense créature qui sont apparu c'était génial ! »

Nat se tut un instant, hésitant à continuer. Devait-elle parler du drôle de pouvoir qui était apparu ? Il avait vraiment l'air perturbé, peut-être que c'était parce qu'il s'était aussi découvert un pouvoir ? Et qu'il ne savait pas si c'était normal ou pas ? Décidant finalement qu'elle ne risquait rien en lui parlant de ça, d'autant plus que ce n'était pas dangereux du tout, pas comme si elle pouvait balancer des boules de feu ou un truc du genre.

« En plus, depuis la tempête bizarre, j'ai un super pouvoir ! Je peux voler !
- Menteuse ! Menteuse ! hurla le pijako à ses côtés.
- Rooh chut Nop ! Je vole pas vraiment mais j'arrive à flotter au-dessus du sol, c'est trop marrant ! Tu as aussi un super pouvoir depuis la tempête ? »

Nat n'en avait pas parlé aux marchands de cet évènement alors elle espérait ne pas faire une bêtise. Mais pour avoir l'air aussi perturbé et dans la lune, c'était certainement à cause de ça non ? Concentrée sur la réponse de Teion, la gamine ne fit pas attention à l'ombre qui se glissait derrière elle discrètement.

Oh? Un Pokémon !

Promenons nous dans les bois, pendant que l'Vortante n'y est pas ~ PV Teion Suelo 32xr

Larvibulle ♂
Niveau 15
Lâche - EssaimCe Larvibulle ne semble absolument pas à l'aise par la présence de... de Nop. Oui. Ce n'est peut-être pas le pokémon le plus dangereux des environs proches, mais c'est bien lui qui le fait trembler comme... comme une FEUILLE !

Oh? Un Pokémon !

Promenons nous dans les bois, pendant que l'Vortante n'y est pas ~ PV Teion Suelo 1

Bulbizarre ♂
Niveau 5
Modeste - EngraisOh. Tu peux voler ? Ce petit Bulbizarre aussi a beaucoup de talent. Attendez et tendez l'oreille.
Whoa, ça c'était un superbe rugissement ! Pas de compliment merci, c'est un don naturel chez lui.

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'M - Forêts Géantes' :
Promenons nous dans les bois, pendant que l'Vortante n'y est pas ~ PV Teion Suelo 32xr

Nop avait dit "Menteuse". Cela laissait plusieurs possibilités: ou bien c'était lui le plus menteur des deux, ou bien Nat était une fille. Naturellement je m'orientai vers la seconde hypothèse, mais je n'étais pas encore entièrement convaincu.

Focalisé sur cette information, il me fallut quelques instants pour considérer ce que Nat venait de me dire. La confirmation de la tempête, en plus des apparitions de non pas une, mais potentiellement plusieurs bêtes en même temps pendant la durée de celle-ci, c'était une chose.

Mais bien plus fou encore: l'enfant m'assurait savoir voler. Le fait que cela soit démenti par le Pijako n'était en rien un signal clair.

J'eus donc un rictus, plus nerveux qu'autre chose.

"Flotter au dessus du sol. Tu te fous de ma tronche, l'enfant?" parvins-je à garder pour moi.

En y repensant avec du recul, entre ça et prétendre parler aux racines, il n'y avait qu'un pas. Mais imaginer cette gamine voler dans les airs comme son crétin de perroquet avait quelque chose d'à la fois si spectaculaire et absurde que je me demandais si elle n'était pas en train de jouer avec mes nerfs. D'autant que tout comme Nop, elle commençait elle aussi à employer des mots relativement inappropriés, pour des raisons différentes.

- Un... super-pou... gné?

Après tout, peut-être bien que Nat était une hallucination elle aussi, un prolongement du délire. La solitude m'avait fait perdre la raison, cela eût expliqué un paquet de choses. A ce stade, autant se lâcher et lui parler comme si je prenais ce qu'elle me racontait totalement au sérieux.

- Peut-être bien. A moins que ce soit une malédiction. J'entends des souffles que je n'entendais pas avant, et je crois bien que ça vient des arbres. Je leur parle depuis que je suis môme, donc quelque part ça rééquilibre le jeu, mais pour l'instant je ne comprends rien à ce qu'ils me racontent. C'est sûrement un biais très égocentrique, mais comme on est en forêt et qu'il y en a des centaines qui s'expriment tout autour de nous, j'ai l'impression qu'ils cherchent tous à me dire quelque chose...
Nat, j'ai besoin de savoir: à tout hasard, tu les entends toi aussi? Si tu tends l'oreille...

-BUUUUUUUUUUUUUuuuuuuuuuuuuuuuaA!

- Alors non, ça n'est pas de ça que je voulais parler, fis-je pour lever toute ambiguïté en me retournant vers le spécimen derrière cette performance, un Bulbizarre visiblement très en forme.

J'avais brièvement tresailli en redoutant le retour du Vortente, mais la distance de sécurité que nous avions posée entre lui et nous était objectivement suffisante. Pour autant, une autre créature semblait fuire quelque chose: un insecte aux mandibules démesurément larges.

Comme à chaque fois depuis la tempête, la vue d'une bestiole plus petite que moi et qui parlait une langue que je ne comprenais pas m'attendrit. D'autant que d'après mes notes, cette espèce pouvait muter en une sorte de coléoptère pollinisateur et assez redoutable. C'était du moins ce qu'on m'avait décrit, car pour une raison étrange, je n'en avais jamais vu dans la région.

Sans lui parler, je le suivais du regard, à faire ce qu'une partie de moi avait également envie de faire en cet instant: m'éloigner de Nop le plus possible.
Mon Noeunoeuf, qui se trouvait sur le chemin de l'insecte, se voulut plus diplomate, et tenta de l'approcher dans sa langue:

- Pas d'inquiétude, camarade. L'oiseau est avec nous, c'est un malotru mais certainement pas un danger!

- MAIS BARREZ-VOUS, CONS DE NOEUNOEUFS!

- AAAAAH!

Il y eut une petite gicle d'étincelles. Dans la précipitation, Hex dut se scinder en deux groupes de trois oeufs pour s'écarter et laisser passer le Larvibule qui, après s'être frayée un chemin à grand renfort d'arcs électriques, était bien décidé à aller s'encasrter dans le tronc le plus proche.

Comme je m'étais pris d'affection pour la chose, je la suivis sur quelques mètres.
Elle s'était planquée sous un buisson, au pied d'un jeune hêtre dans lequel avait planté ses deux grandes mandibules, comme pour se réfugier dans la douceur d'une sève sucrée après tant d'émotions.

Seulement voilà: comme tous ses congénères, le hêtre se mit à me parler à son tour. Il fallait s'y attendre.
Le plant devait avoir cinq ans grand maximum... et le signal qu'il émettait était d'une intensité très différente de ceux que j'avais captés jusqu'alors. Pour le coup, j'étais en droit d'interpréter cela comme un appel à l'aide.

Alors je m'accroupis, pris le Larvibule par les côtés, et le délogea de l'arbrisseau. Celui-ci changea de ton immédiatement, et son signal se cala sur un rythme plus calme, comme celui du reste de la forêt. En empêchant l'insecte de lui pomper sa sève alors qu'il était à un âge encore fragile, il semblait que je lui avais rendu un service. Au regard du reste de mes communications sylvestres jusqu'alors, je n'avais pas peur d'appeler cela une victoire, et cela emplit une partie de mon cœur de joie.

L'insecte, quant à lui, n'était pas ravi à l'idée de se retrouver dans mes mains, et se tortillait dans tous les sens pour s'extraire de mon emprise, mais je n'avais aucune intention de le laisser s'enfuir à nouveau.

- Mon coco, si tu veux devenir un grand pollinisateur et servir la forêt, il va falloir que tu apprennes à confronter tes peurs.

Je rejoignis mes compagnons, me dirigeai droit vers Nop et son regard odieux que j'affrontai pendant quelques secondes, avant de tendre les bras pour lui présenter Larvibule.

- Regarde-le. Franchement, tu as peur de ça, larvinette?

Noeuneouf observait la scène à distance avec une curiosité palpable. Quant à moi, j'attendais que Nop sabote sa propre crédibilité face à cette misérable chose tremblante, et je me demandais quel terme inapproprié, surréaliste ou diffamatoire il allait bien pouvoir trouver pour lui cracher à la figure.

Teion avait l'air septique quant à sa capacité à flotter dans les airs mais c'était vrai ! Elle ne savait juste pas vraiment comment le lui prouver, vu qu'elle n'avait aucune idée de comment activer son pouvoir. Il était tout récent et tout neuf, il lui fallait juste un peu de temps pour apprendre à le contrôler avant de pouvoir faire des choses vraiment classe et incroyable. La gamine avait vraiment hâte d'y être ! Et son interlocuteur ne semblait avoir d'autres problèmes que celui-là.

Qui parle aux arbres déjà ? C'était un peu bizarre non ? En tout cas pour elle, ce n’était certainement pas commun. Et il entendait les arbres parler ? Teion s'était-il cogné la tête durant la tempête ou quoi ? Enfin, ce n'était pas plus absurde que de savoir voler après tout. Donc cela voulait dire que peut être que tout le monde avait reçu des pouvoirs et pas juste elle en fait ! Ça serait vraiment très très cool. Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de lui dire qu'elle n'entendait rien de la sorte, un grand rugissement se fit entendre.

Nat se retourna en sursaut pour tomber face à une sorte de crapaud avec un bulbe sur le dos. C'était lui qui rugissait aussi fort ? C'était... Impressionnant. Une si petite chose pouvait vraiment crier aussi fort ? Nat avait du mal à y croire et pourtant c'était bien vrai, il était capable de rugir comme un immense pokémon alors qu'il n'était pas bien grand. Intriguée par le bizarre bulbe, la gamine ne fit pas attention à Teion qui semblait avoir également fait la rencontre d'une drôle de bestiole et oublia de répondre à sa question.

Nop quant à lui fixait avec curiosité le larvibule, ne comprenant pas pourquoi il l'effrayait. Le pijako faisait pourtant peur à très peu de pokémon donc c'était assez étonnant. Cette forêt pleine d'insecte semblait changer la donne, il devenait d'un coup un prédateur à craindre. Petite fierté gonflant ses plumes à cette pensée, l'oiseau ne cessa pas de fixer l'insecte qui semblait s'être trouvé un allié en la personne de Teion. L'homme essayait de rassurer l'insecte et de le persuader que le piaf n'était absolument pas dangereux. Mais avant que l'oiseau n'ait le temps de répondre quoi que ce soit, il se fit interrompre.

« BUUUUUAAaaaaaa !
- BIZAAAAAAAAaaar ! »

Nat essayait de rugir aussi fort que le bulbizarre. Pourquoi ? C'était une bonne question. Mais elle trouvait amusant le pokémon et maintenant ils faisaient un concours de celui qui rugissait le plus fort. L'étrange crapaud bulbe gagnait pour l'instant, il était plus entraîné et avait une plus grande capacité vocale que la gamine. Cela n'empêchait pas cette dernière de continuer, se retenant d'éclater de rire en même temps.

Les pokémons étaient plus marrant que ce qu'elle croyait ! Par le passé, elle avait juste croisé des prédateurs essayant de la bouffer ou des pokémons aidant leurs propriétaires dans leurs métiers, généralement en étant des bêtes de somme. Rien de très marrant. Cette découverte changeait totalement la donne, elle allait peut-être plus s'intéresser à eux dans le futur !

« Dis, comment il s'appelle ce pokémon ? demanda Nat en se tournant vers Teion. »

Elle voulait au moins connaître le nom de l'espèce de ce drôle de crapaud, ça serait dommage de l'oublier alors qu'il était aussi marrant ! Nop qui regardait le spectacle d'un air hébété, se demandant certainement pourquoi il suivait cette humaine depuis si longtemps, se retourna vers l'insecte tremblant entre les mains de Teion. Le jaugeant du regard, il finit par prendre une grande inspiration avant de hurler "Trouillard ! Trouillard !" et de s'envoler pour se rapprocher de Nat et du bulbizarre. Il n'avait pas confiance en ce bulbe rugissant, il valait mieux le garder à l'œil. On n'était jamais trop prudent.

« Waouh, Nop t'es rarement aussi poli ! Tout va bien ? T'es malade aujourd'hui ? »

Il était vrai que Nat était étonnée de voir un langage aussi peu châtié sortir du bec de son camarade plumeux. Ça n'arrivait vraiment presque jamais. Peut-être qu'il ne voulait pas traumatiser plus que cela l'insecte qui avait peur de lui. Ou qu'il s'en fichait totalement et considérait que l'insecte ne méritait pas qu'il fasse des efforts pour trouver une belle insulte. Au choix. L'oiseau, vexé par le commentaire, détourna la tête et se mit à bouder dans son coin. Mais il gardait toujours un œil sur le bulbizarre, on n'était jamais assez prudent.

Pour ce post, je cède la narration à LARVIBULE

Des malades. Des grands malades.

Tous. D'abord le bipède qui me tenait immobilisé entre ses paluches. Le Noeunoeuf qui n'avait rien trouvé de mieux que de me barrer la route. Ce perroquet complètement marteau qui, de toute évidence, voulait ma mort et celle de toute ma famille, et qui gueulait à gorge déployée comme si la forêt manquait de prédateurs pour tendre l'oreille. La gamine qui bloquait sur Bulbizarre, Bulbizarre qui bloquait sur sa propre voix, TOUS! DES MALADES!

Seul l'arbre m'avait compris. Cet arbruste, beau et doux, qui avait eu la décence de me m'offrir son suc alors que j'étais en perdition. Mais il avait fallu qu'on m'en écarte sans la moindre espèce de pitié. Quelle vie atroce et injuste.

L'humain qui me tenait captif ne me lâchait pas, il communiquait avec sa congénère comme si de rien n'était.

- On appelle ça un Bulbizarre. En grandissant, la plante sur son dos se déploie sous une forme arborescente, et la symbiose entre les deux est totale. J'en ai étudié plusieurs specimens à l'état sauvage pendant mes premières années de fonction, pour comprendre la place que ces arbres sur pattes occupaient dans l'écosystème. A chaque fois la conclusion était peu satisfaisante... comme s'il n'y avait aucun lien systémique évident entre la maturation de la plante dorsale de la bête et le reste de son environnement. C'était très bizarre.

Mais de quoi est-ce qu'il parlait, purée? Et pourquoi est-ce que la fillette essayait de crier aussi fort que le Bulbi? Ils faisaient un concours pour savoir qui attirerait le plus de Seviper, c'était ça le projet?

Et voilà que par dessus le marché, on me traitait de trouillard? Moi, un trouillard? J'étais juste plus réaliste que vous, bande d'hystériques!
Le chevelu me retourna vers lui, et me regarda en levant un sourcil.

- "Trouillard"? Moui. Cela a beau être plus poli que d'habitude, ce n'est toujours pas très sympa.

Oui! Confirmé! Enfin un peu de bon sens! Mais il ne valait mieux pas qu'il s'avise de croire avoir gagné ma confiance en me faisant avaler qu'il avait la moindre espèce d'empathie pour moi, je n'avais pas oublié la cruauté avec laquelle il m'avait arraché à mon goûter et ma zone de confort en m'extrayant de l’arbuste quelques minutes plus tôt.

- Assez traîné. Si on veut atteindre Kashaï avant la tombée de la nuit, les heures sont comptées. Dis au revoir à ton petit prof de chant verdâtre, ou prends-le avec toi, mais on part.

Il me reposa enfin au sol. Tout était allé si vite que j'étais totalement désorienté, et comme le Pijako avait bougé et disparu de mon champ de vision, il me fallut quelques temps pour savoir dans quelle direction la fuite était la plus optimale.

Mais au lieu de s'exécuter en fichant le camp, le chevelu crut malin de s'approcher de l'arbre le plus proche et de poser sa main dessus. Je voulus l'apostropher, comme pour l'inciter à partir:

- Rviiiii! Rviiiiiii!

- Silence, toi... J'essaie quelque chose.

Essayer quoi? De perdre du temps? Eh ben bravo, mission accomplie!

- Ok. Je ne suis pas encore sûr de mon coup, mais si j'en crois ce que me raconte ce cèdre, il y a un sentier qui file droit vers la vile à quelques minutes d'ici... J'ai l'habitude de crapahuter dans les bois à l'écart des chemins, mais pour toi ce sera plus confortable. Apparemment on n'a qu'à descendre le long du ruisseau, et on finira par tomber dessus.

Le ciel sembla s'assombrir brusquement. Je regardai le Bulbizarre, puis le Noeunoeuf, et leur demandai:

- Il fait plus froid d'un coup, non?

- Bof, pas spécialement, fit le Bulbi.

- Pas à ma connaissance non plus, renchérit le Noeunoeuf, pourquoi cela?

Je levais les yeux vers le sommet des arbres.

Effectivement, le froid n'était qu'une impression.

Car ce n'était pas un nuage qui masquait le soleil.

Je l'avais dit! JE L'AVAIS DIT! ON VA TOUS CREVER!!!

JUMPSCARE:

HRP:

Alors comme ça, cette drôle de bestiole rugissante s'appelait un bulbizarre ? Nat essaya de suivre l'explication de Teion mais elle ne retint pas grand-chose excepté le nom du pokémon. Symbiose ? Ecosysquoi ? Il utilisait beaucoup trop de mots compliqués, c'était sa faute si elle ne comprenait pas tout ! Elle n'avait jamais été bonne élève et avait arrêté l'école à dix ans, tous ces mots bizarres ne lui disait rien du tout. Mais la gamine fit semblant de comprendre, prenant un air très concentré comme pour montrer qu'elle comprenait.

Elle se retourna vers le bulbe rugissant et l’imita de plus belle. Nat s'amusait bien avec lui et quand Teion déclara qu'il était temps de partir, elle fut assez déçue de devoir le quitter. Pas question de le prendre avec elle, la gamine ne voulait pas s’embarrasser d'une nouvelle bouche à nourrir alors qu'elle était déjà sur un fin équilibre avec son ami à plume. Un autre pokémon, ça serait bien trop de responsabilité à gérer. Alors Nat se redressa et se prépara à partir.

« Au revoir bulbe bizarre, que ta voix porte au loin encore de longues années ! dit-elle avec une fausse solennité en faisant un petit signe au pokémon. »

Le pokémon agita une de ses lianes pour dire au revoir à sa camarade de rugissement tandis que l'insecte retrouvait enfin le sol. Mais au lieu de lui montrer la direction de Kashaï pour rapidement arriver à destination, Teion s'approcha d'un arbre et posa sa main dessus. Qu'était-il en train de faire, il parlait aux arbres là ? C'était peut-être ce dont il parlait, quand il disait que les arbres lui parlaient.

Interrogative, la gamine restait silencieuse et attendit qu'il s'explique. Et effectivement, l'arbre venait de lui dire qu'il y avait un chemin pas loin pour arriver vite à Kashaï. C'était hyper pratique en fait, les arbres pouvaient nous faire apprendre plein de truc ! Bon c'était toujours moins intéressant que de savoir voler mais c'était quand même cool !

« Super, hâte d'y être ! »

Au début, Nat ne se rendit pas compte qu'il y avait un problème. C'était le caquètement effrayé de Nop qui lui permit de le comprendre. L'ombre qui les recouvrait n'était pas un quelconque nuage un peu épais. C'était le vortente qui avait fini sa sieste et comptait bien maintenant manger un petit casse-croute.

« Oh merde. »

Pas besoin de Nop pour être vulgaire dans ce genre de situation, ils avaient véritablement des ennuis cette fois. Sans hésitation, Nat se mit à courir dans la direction que lui avait indiqué Teion, espérant trouver le sentier avant de se faire bouffer. Le bulbizarre et la larve allaient certainement s'en sortir, ils étaient trop petits pour intéresser la plante carnivore. La cible était les deux humains pleins de chaire bien fraiche. La gamine ne faisait même pas attention à si elle était suivie par son camarade humain ou pas, sa vie était définitivement plus importante à cet instant.

Apercevant une branche un peu basse, Nat se prépara à sauter. Le vortente ne semblait pas savoir grimper aux arbres alors c'était sa chance ! La gamine sauta... Et une liane lui attrapa la jambe à l'instant même où elle attrapa la branche en question. Le vortente avait réussi à l’attraper et essayait de la bouffer ! Et Nop n'arrivait pas à le faire lâcher malgré ses attaques picpic. Paniquant, Nat n'arrivait pas à le faire lâcher prise, pas question de finir bouffer par une plante géante !

« C'est la merde ! C'est la merde !
- Dégage ! »

Et soudain, un violent coup de vent s'éleva, faisant lâcher le vortente et le fit voler quelques mètres plus loin. Que venait il de se passer ? Nat n'en avait absolument aucune idée, il n'y avait pas de grosse bourrasque comme ça dans les forêts normalement alors d'où sortait ce vent soudain ? En tout cas, c'était clairement le dernier des soucis de la gamine qui voyait déjà le vortente se relever avec un appétit renouvelé.

HRP:

L'enfant avait de bonnes jambes. Quand je songeai à lui hurler de courir le plus vite possible, elle était déjà loin. Et en direction de Kashaï, comme pour ne pas perdre une seconde de plus dans la jungle. Avait-elle enfin compris où elle avait eu l'audace de mettre les pieds?

Le Voretente, frais comme un gardon après sa petite sieste forcée, avait d'abord pris mon Noeunoeuf pour cible. Comme Hex était à sa portée, je le mis en sécurité dans sa Captis sans délai, de sorte que la gueule du prédateur se referma sur le sol. Je dégainai ma serpe, prêt à l'affronter, mais le lâche orienta sa chasse vers sa proie initiale: Nat.
Pourquoi s'acharnait-il sur elle? Probablement parce qu'elle était juste assez peu dégourdie pour se laisse attraper la jambe, et assez grande pour représenter un déjeuner conséquent, voire plusieurs jours de provision pour cette plante hideuse. Je culpabilisais un peu de l'avoir sous-estimée quelques temps plus tôt, la bâtarde avait réussi à nous prendre par surprise.

Je sortis mon arc, tendis la corde et encocha une flèche en vitesse pour tenter d'atteindre le Vortente, mais il était dans le même axe que la fillette. Ma précision étant ce qu'elle était, et n'ayant pas la moindre envie de rater mon coup dans ces circonstances, la flèche resta entre mes doigts. J'en tremblai de rage.

Au moment où les carottes semblaient cuites pour la rouquine, un coup de vent très opportun balaya la salade mutante une dizaine de mètres plus loin. Pendant un bref instant, je me prit à croire que c'était Nat qui avait orchestré cette parade. Bien sûr que non, c'était absurde. Entre la probabilité qu'une bourrasque soit apparue au bon endroit et au bon moment, et celle que Nat l'ait produite de ses petites mains, il y avait une hypothèse clairement plus capillotractée que l'autre, n'est-ce pas?
Je n'étais pas au bout de mes surprises.

Le Vortente n'avait pas dit son dernier mot.

- Grimpe, l'enfant! Je m'occupe de lui!

En l'envoyant valser, Nat avait placé le monstre à l'écart de l'axe de sa course, ce qui en faisait une cible facile. Je décochai enfin la flèche, qui vint se loger dans ce qui pouvait s'apparenter à l'abdomen de la bestiole. Aucun point vital n'avait été touché, mais elle s'en trouvait ralentie, trop pour pouvoir espérer attraper Nat avant qu'elle ait terminé son ascension sylvestre. Elle était hors de danger.

Ce n'était malheureusement pas le cas du Larvibule, qui par la pire des malchances, était à portée de liane du Vortente. Celui-ci, après un bref examen des bénéfices et des risques, sembla réévaluer son menu: il s'approchait maintenant du pauvre insecte qui, tétanisé, n'était pas capable du moindre déplacement.
Il n'avait pourtant pas été le dernier à nous prévenir du danger. Alors que l'éventualité de le laisser se faire dévorer pour avoir le temps d'encocher une seconde flèche me traversa l'esprit, la culpabilité de sacrifier ce petit être me submergea.

Le protéger en le capturant dans une Captis Ball n'était pas envisageable: trop long. Je lâchai mon arc et courus vers lui, mais la distance était trop grande. C'était foutu.

- NON! hurlai-je de désespoir en tendant le bras dans sa direction.

C'est à cet instant que je me mis à croire.
A quoi?
Tout. Les Bêtes du jour du Chaos, la bourrasque de Nat qui avait précédé, l'éventualité que la vie sur Ekoe ait un sens caché: toutes les croyances possibles prirent une dimension tangible à cette seconde précise. Car entre ma main et Larvibile, dans quelque subtil éclat magique verdâtre dont Célébi avait le secret, une liane s'était déployée. Aussi fraîche et vive que celle du Bulbizarre que nous avions croisé plus tôt.

Dans un réflexe, le Larvibule s'y accrocha. Sans réellement comprendre ce qui était en train de se produire, je tirai d'un coup sec et ramenai la liane vers moi, ce qui projeta la larve droit sur mon torse. Je la plaquai contre moi.

- Je te tiens!

-Vrrrrrriivrrrirrrr, fit l'insecte en me mordillant, sûrement pour me punir de ne pas l'avoir écouté, ou pour s'assurer de rester accroché à mon vêtement.

Le Vortente avait suivi sa cible des yeux. Elle la savait sous ma protection désormais, il était très improbable qu'elle ose s'avancer vers moi, après la blessure que je lui avais infligé. Si?

Si.

- Foutue salade... t'abandonnes jamais, hein?

Comme j'avais toujours la liane dans la main droite, je la brandis pour flageller la créature verdâtre, mais ma maîtrise du fouet étant loin d'être optimale je ne parvins qu'à la gêner un peu dans son déplacement vers nous. Elle n'était plus qu'à quelques mètres.
Larvibule sentait déjà sa zone de sécurité s'effondrer, elle me courut sur le bras. Dans la précipitation, il me sembla qu'elle produisait de petites étincelles du bout des mandibules.

Aussi, comme je n'avais pas le temps de lâcher la liane et reprendre ma serpe pour me défendre, je plantai les pinces du Larvibule dans l'oeil du Vortente. L'insecte émit alors un cri strident en lâchant un puissant arc électrique dans le corps du prédateur qui, tordu par la douleur et la foudre, s'écroula en se contractant au sol comme un Insolourdo épileptique.

Je saisis l'occasion pour m'écarter le plus possible, en maintenant la larve collée à mon bras. Lorsque je fus suffisamment éloigné, je décrochai la Captis Ball vierge attachée à ma ceinture et la déverrouilla d'un geste sec avant de la poser au sol.

- T'as bien travaillé, Hercule! fis-je au Larvibule en le laissant descendre à terre également. Voilà ton nom à présent. N'en déplaise à Nop, tu n'es officiellement pas un trouillard!

Encore tout tremblant, le petit insecte n'avait pas encore l'air bien convaincu.

- Cela étant dit, si tu veux te mettre en sécurité, c'est ta chance.

Il ne fallut pas lui dire deux fois. Le scarabée se précipita sur l'embout pourpre de la petite sphère, dans un dernier couinement plaintif.

A présent, j'avais les mains libres. J'attrapai une nouvelle flèche dans mon dos puis m'approchai avec prudence du Vortente, en faisant mine de viser sa tête. La grosse laitue avait compris la leçon: elle voulut se protéger, en plaçant ses pattes hideuses et velues devant son affreux visage.

- Je préfère ça.

Elle se mit à ramper vers le buisson le plus proche.

- Et rentre chez ta mère!

Je fis volte-face et levai la tête en l'air, hagard, en cherchant la silhouette de l’enfant.

- Ça gaze, Nat? Navré, j'ai été un peu long.

Il fallait dire qu'une liane m'était littéralement sorti du bras, j'avais de quoi être perturbé.

Capture réussie !

Un nouveau membre dans l'époque, c'est toujours une bonne nouvelle. Bravo pour cette capture !

Heureusement que Teion était là, sinon elle n'aurait pas donné cher de sa peau. Dès qu'elle eut la jambe libre de l'étreinte de cette plante carnivore, la gamine grimpa sans attendre le plus haut possible pour se mettre hors de portée de son agresseur. Se faire bouffer était la dernière de ses priorités et le vortente ne savait pas grimper aux arbres après tout. Elle put observer le combat de sa hauteur, en compagnie de Nop qui refusait de la lâcher d'un pouce.

Nat n'avait pas fait attention à l'arc que portait son sauveur au début. Maintenant qu'elle le voyait en action, elle le trouvait drôlement impressionnant. La flèche s'était plantée dans la plante géante mais ne semblait pas tant la déranger que cela. Avec la gamine inaccessible, la plante s'était rabattue sur le petit insecte qui n'était peut-être pas bien grand mais ferait un casse-croûte suffisant pour le moment. Parfaitement silencieuse, bien à l'abri en haut de son arbre, Nat regardait le combat avec fascination.

Elle eut tout de même une forte exclamation de surprise quand une liane sortit du bras de Teion pour attraper le petit insecte et lui sauver la vie. C'était hyper cool ça, comment avait-il fait ? En plus de parler aux arbres, il avait des lianes qu'il pouvait contrôler comme il voulait ! Enfin, tant que ce n'était pas pour se battre vu comme la liane s'agitait mollement et ne retenait absolument le vortente.

Heureusement, Teion et l'insecte contrôlaient la situation et en un instant, le combat était fini avec une plante borgne qui disparaissait dans les profondeurs de la forêt. L'homme fit ensuite un petit discours sur le fait que l'insecte, maintenant nommé Hercule, n'était finalement pas un trouillard avant de le faire entrer dans une captis ball. Etant sûr que la forêt était maintenant sûre et qu'elle ne risquerait plus de se faire bouffer par une plante affamée, il appela Nat pour qu'elle descende de son perchoir, ce que la gamine s'empressa de faire. Avec un peu trop d'enthousiasme.

Comme la dernière fois qu'elle était descendue d'un arbre trop rapidement, donc juste après le jour des aurores boréales et des créatures géantes, Nat loupa une branche et tomba comme une pierre. Heureusement que son pouvoir semblait se déclencher à chaque fois qu'elle était en situation de mort imminente, sinon on ne donnerait pas cher de sa peau. Effectivement, la gamine se retrouva à nouveau flottante à quelques centimètres du sol, lui évitant de se rompre le cou par erreur.

« Ahah ! Je t'avais bien dit que je savais voler ! »

L'instant d'après, le pouvoir cessa de fonctionner, la faisant s'écraser lourdement au sol. Au moins, elle n'était pas blessée !

« Ouille ! »

Se redressant et époussetant la terre qui s'était pris à ses vêtements, la gamine fit un grand sourire à son interlocuteur. Il n'y avait plus aucun danger maintenant que la plante carnivore était partie, ils étaient enfin tranquilles et pouvaient se diriger vers Kashaï sans risquer leurs peaux. A moins qu'un autre prédateur ne décide de les prendre en charge mais restons positif et espérons que cela n'arrive pas pendant la fin du voyage.

« C'était super cool ton truc avec l'arc là, j'en avais jamais vu en vrai avant ! Et la liane qui est sortie de ton bras était incroyable, tu arriverais à le refaire ? Pourquoi t'as capturé l'insecte, t'en a besoin pour quelque chose ? »

Energique et curieuse, Nat semblait incapable d'arrêter de questionner son sauveur, attendant que ce dernier lui montre le chemin vers la sortie de la forêt. Elle avait eu sacrément de la chance de l'avoir croisé. Nop, encore très méfiant et ayant du mal à croire qu'ils étaient enfin en sécurité, était posé à côté d'elle et surveillait les alentours avec beaucoup d'attention. La forêt était trop calme. Peut-être parce qu'ils venaient de se faire attaquer par un prédateur et que toutes les proies potentielles s'étaient déjà enfuies. En tout cas il veillait au grain pour que rien ne les attaque à nouveau !

Petit moment d'adrénaline en voyant l'enfant descendre de l'arbre à une hauteur mortelle.
Petit moment d'incrédulité en la voyant se tirer d'affaire par magie, en annulant tout simplement la chute.

- Soit. Je m'avoue vaincu, cette journée n'a aucun sens.

Elle volait. Et je produisais des fouets-lianes. C'était donc acté: nous étions sur-humains. Étions-nous les seuls d'Ekoe? Au regard du nombre de personnes que j'étais susceptible de croiser, rien de moins probable.
En tout cas, je n'étais visiblement pas le seul que cela rendait curieux: Nat me demandait une nouvelle démonstration du phénomène. Est-ce que je pourrais seulement le refaire sans menace extérieure? Peut-être. La vérité, c'était que je n'en avais aucune envie: ce coup de maître, aussi involontaire fût-il, m'avait coûté un paquet d'énergie. L'excitation retombée, j'étais lessivé, et je m'en rendais compte seulement à ce moment-là.

- Eh bien non, princesse, tu m'en vois navré mais je ne vais pas le refaire... c'est comme quand tu flottes: pas sur commande. Pas encore, du reste.
Quant au Larvibule, d'après ce que j'en sais il deviendra un gros et puissant pollinisateur en grandissant, et ça pourrait me servir dans mon activité. Vois-tu, quand je ne sauve pas les enfants en perdition, je fais pousser des baies et autres friandises.

Au mot "friandises", je sentis une étincelle jaillir dans un cerveau à l'entour.

Je remballai mon arc et mes affaires, avant de reprendre la route. Nous suivîmes ensemble le ruisseau sans nous presser, sachant le danger derrière nous. Il restait en réalité des centaines de prédateurs aux alentours, mais la perspective d'avoir ratatiné le plus collant d'entre eux m'avait rendu la confiance que j'avais au début de cette aventure. A la santé mentale près, car accepter d'être devenu un mage parmi un continent potentiellement entier de mages, ce n'était pas une pilule nécessairement facile à avaler.

Le chemin s'offrit à nous. Il était clair, dégagé, et aussi balisé qu'un sentier de randonnée, à se demander si ce n'en était pas un. C'était typiquement le genre de route que je détestais parcourir: avec un sentier battu, l'assurance d'arriver à bon port était livrée avec celle d'un voyage ennuyeux au possible. Et si c'était précisément ce qu'il fallait à Nat, je n'avais ni l'envie ni l'énergie de l'accompagner.

Alors Célébi m'envoya une aide salvatrice. A quelques dizaines de mètres devant nous, en direction de Kashaï, il y avait une grande forme verte qui semblait nous attendre. Un frisson de soulagement me parcourut. Elle m'avait enfin retrouvée. Enfin, m'avait-elle seulement réellement perdu?
A distance, Feuille et moi échangeâmes un regard complice.

Je me tournai vers le duo infernal, et dit à Nat & Nop:

- Cette Insécateur est mon alliée. Elle s'appelle Feuille, et elle t'accompagnera jusqu'à Kashaï. Quant à moi, je dois reprendre des forces et faire le point avec moi-même,
fis-je en regardant ma main. Si je peux vraiment faire jaillir des lianes, qui sait ce que je pourrais faire pousser en un claquement de doigt... il y a de quoi réfléchir.

Une chose était sûre, la suite de la journée serait plus calme. J'en ressentis presque un pincement au cœur en adressant un signe de la main à la gamine et son emplumé de compagnon... alors au dernier moment:

- Au fait, l'enfant! La saison des récoltes arrive bientôt, les baies Ceriz ne vont pas tarder à tomber. Si tu veux te faire un peu d'argent de poche et profiter de baies bien fraîches, j'aurais peut-être besoin d'un coup de main, un coup de bec, ou les deux. J'ai une cabane au Bois des Croisements, tu ne pourras pas la rater... à moins bien sûr de suivre quelque chose de brillant sans la moindre raison valable.

Petit clin d’œil à la morale de cette histoire... même s'il n'y avait peu de doutes sur le fait que celle-ci se répéterait à nouveau, et que je ne serais pas toujours là pour sauver sa promenade dans les bois pendant que le Vortente y était. Mais avec son énergie pétillante à toute épreuve, Nop qui couvrait ses arrières, et les vents de Boréas lui-même qui soufflaient avec elle... je me surpris à me demander si elle risquait encore réellement quelque chose.

HRP:

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