Sur la trace des Valni [PV Silver]

Sujet: Sur la trace des Valni [PV Silver] Jeu 31 Oct 2019 - 15:27

► Sur la trace des Valni

Mila était fébrile le jour où elle a reçu une mystérieuse lettre. Elle ne savait pas qui était l’expéditeur, mais pour une fois, cela n’avait aucune importance. En effet, la demoiselle serrait le papier contre elle, comme s’il s’agissait de la prunelle de ses yeux. Jamais elle ne laisserait s’échapper de telles informations. Pour en venir au vif du sujet : il y aurait, selon la lettre, des personnes qui rôderaient près d’un ancien manoir abandonné et délabré. Ce manoir bordant la toundra à Sakai n’était nul autre que celui de la famille Valni. Celle de l’érudite. Ainsi, ce genre d’informations énigmatiques attisait sa curiosité. La jeune femme ne laisserait pas passer une telle occasion de pouvoir en apprendre plus sur sa famille, d’une façon ou d’une autre. Ces personnes hantant le manoir de leurs pas devaient bien avoir des choses à dire. Voleurs ou pilleurs, ils étaient peut-être au courant des évènements qui avait frappé la grande bâtisse noble il y a des années de cela. Cela pouvait tout aussi bien être un groupe d’archéologues, de chercheurs en tout genre. Ou encore des bandits, ceux-là même qui auraient incendié la maison Valni. Peu importe pour la Bleutte. Elle était décidée à en avoir le cœur net. D’autant plus qu’une lettre n’était pas anodine. Quelqu’un connaissait son passé, et ce quelqu’un voulait lui montrer quelque chose. Ces traces ne disparaîtraient pas sans une inspection de la part de Mila.

Elle avait même de la chance. Son frère, Ayden, n’allait pas revenir de sitôt d’une mission dangereuse. Bien sûr, l’érudite se rongeait les sangs à ne pas savoir si son jumeau reviendrait sain et sauf. L’Azuré n’était pas seul, par ailleurs. Ses collègues prenaient jour après jour plus d’importance aux yeux de Mila. Elle savait que désormais, elle ne supporterait pas de perdre l’un d’eux. Démolosse (dont elle ignore toujours le véritable prénom), James et Izana… Ils prenaient soin de la demoiselle sans rien demander en retour. Alors Mila avait bien besoin de changer d’air. Elle n’aimait pas être seule au campement pendant plusieurs jours. Broyer du noir ne pouvait pas lui faire du bien. Cette lettre mystérieuse tombait donc à pic… Peut-être était-ce un piège ? Mais l’érudite, naïve ou déterminée, n’en avait cure. Elle profitait de l’absence de son protecteur de frère pour s’aventurer à leur ancien manoir.

Mila prépara tout ce dont elle avait besoin pour un voyage d’un jour ou deux. Elle était équipée contre le froid, comme d’habitude et elle avait en sa possession un sac assez large pour contenir des objets de soin, de la nourriture et quelques autres choses utiles. Son départ était imminent. Elle voyagerait grâce à Amarok, cette fois. Depuis son évolution, l’Elecsprint était capable de porter l’humaine sur son dos. Une aubaine pour la pauvre Airmure qui appréciait de transporter Mila par les airs, mais qui aimait également son repos ! Ainsi donc, l’érudite boucla sa besace et passa la sangle par-dessus son épaule. Elle quitta le camp du groupe de mercenaire sans un regard en arrière.

Son voyage se déroula sans accroc. Après une courte halte à Enogen, Mila partit directement vers la Toundra. Les lieux ressemblaient un peu aux Pics de Sakai, alors la jeune femme n’était pas dépaysée. En revanche, elle se sentait un peu mal à l’aise. Les paysages ne lui rappelaient presque rien… Pourtant, l’érudite avait passé son enfance ici même ! Dans les contrées froides d’Ekoe. Mais peu de souvenirs lui revenaient en tête. Voir le manoir servirait peut-être de déclic. Cette pensée poussa Mila à accélérer. Amarok ne protesta pas car lui aussi avait hâte d’en découvrir d’avantage.

Le duo arriva finalement sur les lieux du crime, si on peut le dire. Il ne restait rien du manoir, bien entendu. Des poutres jonchaient le sol froid ci-et-là. Il y avait des marques noires un peu partout, témoignages de la violence de l’incendie. Les objets de la famille Valni furent tous pillés, sans exception. Là encore, Mila ne fut pas surprise. Mais son cœur saignait de voir un tel champ de bataille du passé. Elle souffrait de voir qu’il ne restait rien de sa famille. Pas une chaise, pas un bibelot ou un bijou… Rien. Le bois était la seule chose qui montrait qu’un jour, un manoir se tenait là, fier et grand.

Mais il en fallait plus pour décourager la jeune femme. Elle ravala des larmes montantes et descendit du dos de son compagnon Pokémon. Elle s’avança lentement vers les débris roussis.

« Nous y sommes Amarok… Le manoir n’est plus, mais je sens une connexion entre le lieu et moi. Après tout, c’est là que j’ai grandi… »

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L’Elecsprint sentit la tristesse de Mila dans tout son corps. Il tourna la tête vers son humaine et passa sa tête sous une main tremblante et blanche comme la neige. Le canidé réconforta doucement la pauvre érudite, encore trop nostalgique d’un passé révolu.

« Merci Amarok… Ne t’en fais pas. J’ai choisi de venir ici. Je ne peux pas me permettre de pleurer et d’attendre. Cherchons des indices, s’il en reste. »

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Ne se laissant pas débordée, Mila procéda à des petites recherches. Elle proposa à Ladon, le nouveau petit venu dans son équipe, de participer. Le Draby chromatique fut ravi par la décision. En effet, il avait beaucoup de mal à tenir en place. Des recherches dans la neige et dans les décombres était une partie de plaisir pour lui ! Le dragon vert s’amusa à renverser des pierres et des objets cassés. La douce jeune femme gardait un œil sur lui, tandis qu’elle fouillait partout où elle le pouvait. Pour le moment, il n’y avait rien d’autre à faire. Amarok était là pour sentir si une présence arrivait vers eux. Avec son formidable flair, le canidé était capable de repérer quelqu’un en approche, même à la toundra !

Coucou curieux lecteur !:

Awful

Sujet: Re: Sur la trace des Valni [PV Silver] Mar 5 Nov 2019 - 14:52

Je regardais d’un œil attendrissant le petit cochon gambader dans la Toundra. Aria avait été particulièrement intéressé par l’écho des montagnes lors de notre retour aux pics. Entendre sa voix se répéter en canon encore et encore à l’infini l’avait d’abord surprise puis l’avait remplie de joie.

Bernadette flottait au-dessus de la petite boule rouge en émettant de temps à autre des « glings » sonores pour accompagner son amie. Ici, l’écho était bien moindre mais Aria n’avait pas besoin de lui pour s’amuser ! Quant à Jean-René, il était pour une fois à la surface et avançait tranquillement à mes côtés, sans se presser.

Comme d’habitude, je me trouvais ici sans réelle raison autre que le plaisir du voyage et de la découverte. Malgré sa proximité avec les pics, je n’avais jamais exploré la Toundra et vu sa position septentrionale, mieux valait la visiter avant le début de l’hiver ! J’avais donc profité de mon nième retour à Sakai pour y faire un tour.

Depuis que j’avais fui mon village rannien d’adoption, je n’avais pas recroisé ce cher Jonas ou entendu parler de lui et de ses sbires. Comme je l’avais supposé, ces menaces d’alors n’étaient que des paroles en l’air. Ce type avait plus de coffre que de tripes…

J’avais prévu un petit itinéraire pour la journée qui s’achèverait aux villages du nord ce soir pour y passer la nuit. Quant à la suite, comme souvent, je ne l’avais pas encore décidée. Si la toundra me plaisait, il y avait de bonnes chances que j’y retourne demain, sinon j’irai voir ailleurs !

Un vent frais souffla une bourrasque qui fit se soulever mon écharpe et tanguer les végétaux alentours. Une végétation assez spécifique d’ailleurs. Toutes les plantes et tous les arbustes du coin étaient petits et rabougris, comme recroquevillés sur eux-mêmes et fermement agrippés au sol, sans doute pour résister au mieux à ce fichu vent !

Pour le reste, ce paysage presque uniformément blanchâtre, simplement entrecoupé çà et là de maigre verdure valait quand même le détour. Il se dégageait de cette uniformité blanche et du silence alentour une sensation de calme et de sérénité que je n’avais jamais ressentie aux pics par exemple. Les montagnes aussi étaient silencieuse mais leur relief escarpé ne permettait pas la contemplation comme ici.

« C’est beau pas vrai ? » demandai-je à Jean-René.

Ce dernier acquiesça d’un signe de tête. Il était comme moi sensible à la beauté des paysages et au calme alors que Bernadette et Aria étaient plutôt orientées vers la beauté sonore des lieux que nous traversions. Mais même pour elle, la toundra n’était pas dénuée d’intérêt : jouer un concert dans un endroit totalement désert et sans le moindre son renvoyait sans doute une expérience acoustique assez unique, même si pour ma part je n’avais pas spécialement envie de pousser la chansonnette ici. Trop de vent, trop froid et je risquais de m’enrouer, donc de perdre mon outil de travail !

Tout d’un coup, quelque chose de… informe apparut dans mon champ de vision. Avec la distance, ce n’était pour le moment qu’une silhouette indistincte mais elle jurait énormément avec la platitude ivoire du lieu.

« On va voir ? » proposai-je à mon compagnon qui se contenta de hausser les épaules. Je pris cela pour un oui. De toute façon, Jean-René était très facile à vivre. Apparemment, je n’étais pas le seul à avoir perçu cette présence car je voyais bien Aria et Bernadette devant nous qui s’éloignaient en direction de la silhouette. Sans doute étaient-elles guidées par l’odorat très développée de la jeune truie. Et si Aria avait jugé cette odeur intéressante, il y avait fort à parier qu’il s’agissait d’un humain car la petite choriste était perpétuellement en recherche d’un auditoire nouveau pour ses compositions !

► Sur la trace des Valni

« Rien ici. Là non plus. Je suis peut-être trop enthousiaste Amarok. »

Mila se tourne vers son compagnon qui a décidé de se reposer pour le moment. Le voyage ne fut pas de tout repos après tout. Ce dernier prend tout de même la peine d’offrir un regard réconfortant à son humaine. Son idée de venir ici suite à une lettre mystérieuse a de quoi inquiéter. Mais l’Elecsprint sait pertinemment que la jeune femme sait ce qu’elle fait, même au-delà de sa curiosité dévorante.

« Cela fait des années que l’attaque a eu lieu. C’est utopique de croire que j’allais y retrouver quelque chose. Même les rôdeurs mentionnés dans la missive sont absents. C’est vraiment étrange… »

Tant pis, la jeune femme préfère s’occuper encore un peu l’esprit avec les débris. Elle n’est certainement pas venue ici pour rien. Quant à Ladon, le petit explorateur, il s’amuse avec tout ce qu’il trouve. C’est au moins une bonne façon de l’occuper.

Mais le calme apparent de la toundra est rapidement troublé. Amarok redresse la tête, reniflant l’air, puis il se lève. Il est sur ses gardes. Du coin de l’œil, l’érudite constate le changement d’attitude de la part de son compagnon de toujours. Elle redoute ce que cela veut dire. Un signe au Draby vert avant de questionner le loup bleu et jaune.

« Amarok ? Tu sens quelque chose ? Des bandits peut-être… »

Prise au dépourvu, Mila porte la main sur sa fidèle épée, Sieglinde. Maintenant, elle n’a plus peur de combattre. C’est terminé. Trop d’épreuves lui ont forgé le caractère. Cela dit, elle préfèrerait ne pas avoir à en découdre avec des malfrats… Elle serait en désavantage total.

Pourtant, la belle se détend bien vite lorsqu’elle voit arriver deux Pokémon adorables. Un Gruikui, ainsi qu’un Korillon. Ils ne sont vraiment pas effrayants. Le petit cochon de feu a même l’air heureux d’avoir trouvé quelqu’un à la toundra ! Seraient-ils perdus ? Ce n’est pas quelque chose que Mila est prête à croire. Peut-être qu’il s’agit là d’un piège. Toutefois, sa gentillesse naturelle fait qu’elle ne peut pas ignorer ces créatures magiques.

Elle s’accroupit donc afin de pouvoir caresser l’un et l’autre des nouveaux arrivants. Le Korillon émet des petits sons cristallins tout à fait magnifiques.

La petite rencontre touche rapidement à sa fin lorsque, de nouveau, le loup s’alarme. Il y a quelque chose d’autre. Et sans attendre, Mila comprend. Un homme arrive dans sa direction. Elle se redresse alors immédiatement, la main sur la garde de sa lame. Elle tente ensuite une approche plus ou moins assurée.

« Excusez-moi ? Ces Pokémon sont-ils les vôtres ? »

La présentation peut attendre. Mila ne quitte pas l’humain une seule seconde des yeux. Une fois proche, elle peut voir que physiquement, il n’a pas l’air d’une brute épaisse. Sait-il seulement se battre, ce jeune homme ? Il n’a pas l’air armé. C’est une bonne nouvelle pour l’érudite. Elle commence alors à se détendre un peu. Amarok lui, continue de grogner. Il est prêt à protéger Mila contre n’importe qui. Ladon n’est pas spécialement sur ses gardes, au contraire. Mais pour une fois il sait se tenir. Sa cible actuelle semble être l’Embrylex du monsieur.

Silv !:

Awful

La question de la jeune fille m’arracha un sourire. En fait…

« Je ne sais pas si ces Pokémon sont les miens ou si c’est moi qui suis à elles vu que ce sont elles qui décident de tout avec moi. Mais oui, théoriquement, je suis bien leur dresseur. Je vous présente donc Aria la Gruikui et Bernadette la Korillon ! Et à mes pieds se trouve Jean-René. Quant à moi, je suis Silver Smith, barde itinérant. Nous visitions la toundra et nous étions seul quand Aria a flairé votre piste. Et nous voilà ! Et vous, que faites-vous ici ? Vous explorez ces ruines ? »

Explorer était probablement le mot juste. La jeune femme aux cheveux bleus n’avait ni l’attitude ni l’accoutrement d’un pilleur de grands chemins. Ou alors elle jouait très bien la comédie. Son Elecsprint ne semblait pas tranquille mais il paraissait plus inquiet pour sa maîtresse qu’enragé et prêt à passer à l’attaque. Tant que je ne faisais pas de gestes brusques, ça devrait aller.

Aria et Bernadette avaient remarqué l’attitude méfiante de l’Elecsprint, si bien qu’après avoir remercié la jeune fille pour ses compliments à leur façon, elles essayèrent d’engager la conversation avec lui pour le rassurer. Quant à Jean-René, il soutint sans rien dire le regard intrigué du Draby. Leur manège m’arracha un sourire. Le petit Embrylex était incontestablement un champion pour tout ce qui concernait les jeux de patience comme celui-là. Mais il n’était pas pour autant renfermé. Simplement, il n’était pas du genre à faire le premier pas. Si le petit dragon voulait s’amuser avec le mangeur de pierres, il faudrait qu’il engage la partie. Je l’invitais donc à s’approcher de son futur camarade de jeu avec un signe de tête et un sourire.

Alors que j’allais demander des informations à l’’nconnue, je sentie quelque chose se frotter à ma jambe. C’était Aria qui était revenue me voir et semblait impatiente de me dire quelque chose. Lorsqu’elle fut sûre d’avoir toute mon attention, elle cracha quelques flammes et un panache de fumée de son groin avant de courir jusqu’à un petit tas de bois situé non loin de là dans les décombres. Je saisis alors ce qu’elle me demandait.

« Tu veux faire un feu avec ce bois pour nous réchauffer, c’est ça ?
-Gruik !
-Eh bien moi je n’y vois pas d’objection, au contraire, mais j’aimerais d’abord avoir l’accord de notre amie ici présente. Peut-être qu’elle sait ce que sont ces ruines et pourquoi ce ne serait pas une bonne idée d’y mettre le feu. Tu comprends ?
-Gruik gruik ! »

Et Aria retourna gaîment aux pieds de l’Elecsprint où virevoltait toujours Bernadette. Se pouvait-il qu’elle veuille faire du feu pour briser la glace avec le chien de foudre, au sens propre comme au figuré. C’était gentil de sa part. Je profitai de son départ pour poser le reste de mes questions à la jeune fille :

« Excusez-moi mes… Vous savez où nous sommes ? Ces ruines sont celles d’une grande maison on dirait… Vous savez qui vivait ici ? Et ça vous dérange si Aria fait un feu comme elle l’a proposé ? »

Un vent glacial interrompit ma phrase et déclencha un frisson dans mon dos, si bien que je croisai mes bras autour de ma poitrine pour essayer me réchauffer le corps. Une fois cela fait, je repris d’un ton rusé :

« Et en plus, s’il faisait un peu plus chaud et si j’en savais plus sur cet endroit, je pourrais même vous chanter une chanson avec mes Pokémon. Alors mademoiselle, ça vous dit ? »

Et je terminais ma proposition par un clin d’oeil joueur, accompagné d’un GLING de Bernadette qui n’avait rien perdu de l’échange et qui tenait elle aussi à faire une démonstration de ses talents.

HRP:

► Sur la trace des Valni

Mila obtient sa réponse rapidement et… Quelle réponse ! Voici donc Silver Smith, un barde itinérant. Cette première information est importante pour l’érudite, elle qui adore les poèmes et les douces chansons. C’est plutôt amusant de trouver un tel personnage dans un tel endroit pense-t-elle. En d’autres circonstances, et si le manoir aurait été toujours debout, il y aurait eu de quoi faire.

Mais ce n’est pas tout. Avant de se présenter, Silver a bien dit qu’il ne sait pas si ce sont les Pokémon qui lui appartiennent, ou s’il leur appartient. Cela suffit pour faire rire doucement la jeune femme. Les humains qui pensent ce genre de choses sont rares. Il doit prendre soin de ses compagnons avec une attention toute particulière. C’est cela qui permet à Mila de se détendre complètement. Même en jouant la comédie, jamais un pilleur ou un bandit ne dirait ce genre de phrases.

« Enchantée, Sieur Smith. Je me prénomme Mila. Mila Valni et effectivement, je suis en pleine exploration. » Elle s’empêche d’ajouter un commentaire en sus.

Les yeux de l’érudite passent du barde aux Pokémon. Il semblerait qu’Aria et Bernadette soient en train de rassurer le méfiant Amarok. C’est une gentille initiative de leur part. L’Elecsprint ne met pas longtemps à être convaincu.

Ladon, lui, trouve un nouveau jeu en fixant l’Embrylex nommé Jean-René. Il ne souhaite pas le défier, loin de là, mais c’est amusant pour un jeune tel que lui.

Mila observe ensuite l’attitude de la Gruikui. C’est un curieux manège que son humain parvient à comprendre en un instant. Une complicité règne entre Silver et ses Pokémon, cela ne fait aucun doute. Il semble donc que la petite femelle souhaite faire un feu avec les débris. Intérieurement, Mila ne se sent pas très bien. Elle n’avait pas prévu de réduire en cendres le peu de manoir qu’il lui restait. D’un autre côté, ce bois ne sert à rien et le barde a la gentillesse de demander la permission.

Silver pointe ensuite le fait que les ruines ressemblent à celle d’une ancienne maison. Il ne sait pas encore à quel point il est dans le vrai. Le cœur de Mila se sert dans sa poitrine. C’est alors que le vent se lève un instant et prive les corps des interlocuteurs d’une certaine chaleur, qui reviendra dans quelques instants. Même la nature semble savoir que quelque chose perturbe la Bleuette.

Heureusement, Smith a le don de réchauffer la situation avec une proposition qui ne laisse pas la dame de marbre. Une chanson ? Avec ses Pokémon ? Elle ne peut tout simplement pas refuser.

« Votre proposition me touche Sieur Smith. C’est avec plaisir que j’accepte, merci ! Mais je vous en prie, préparons un feu pour vous mettre à l’aise comme le suggère Aria. »

La noble préfère prendre les devants. Ce manoir était le sien… Mais désormais il n’est plus qu’un lieu fantôme que peu de personnes connaissent. Peut-être est-il temps de faire une croix sur le passé en brûlant ce qu’il reste. Pas tout aujourd’hui, mais le feu proposé par la Gruikui est un commencement.

C’est même Mila qui place du bois la première, invitant au passage le jeune homme à faire de même. Rapidement, le foyer est constitué et Aria se charge de l’allumer. L’érudite sent déjà la douceur de la flamme dans son corps protégé par des vêtements chauds.

« C’est mieux ainsi, s’exclame Mila avec un sourire, puis-je vous espérer entendre votre chanson avant de répondre à vos autres questions ? »

La jeune femme aux cheveux bleus est curieuse. Elle est curieuse de savoir quel sera le thème choisi par le barde. S’inspirera-t-il du mystère des lieux ? De la toundra et de sa fine couche de neige perpétuelle ? Mila a hâte d’entendre tout cela, d’autant plus que Silver est très avenant, amical.

Amarok en profite pour prendre place aux côtés de son humaine. Sa fourrure bicolore touche le flanc de Mila, tandis que Ladon vient s’asseoir à côté de l’Embrylex. Il semble apprécier Jean-René.

Silv !:

Awful

La chanson avant les questions ?

« D’accord ! Mais j’espère bien obtenir mes réponses ensuite ! Vous me direz alors si j’ai vu juste dans ma chanson ! »

Et d’ailleurs, cette chanson, de quoi allait-elle bien pouvoir parler ? Comme je l’avais dit à Mila, je pouvais m’inspirer soit du lieu, la Toundra, soit de cette maison en ruine. Réfléchissons, qu’est-ce qui aurait pu mettre cette maison dans cet état… Un phénomène de préférence lié à la Toundra… Une idée rocambolesque issue d’autres chants montagnards que je connaissais m’assaillit.

Elle était totalement improbable, raison pour laquelle je n’arrivais pas à la chasser de mon esprit. Il n’y avait aucune chance que ce soit ça qui s’était réellement déroulé par ici, mais après tout… Cette idée pouvait donner naissance à une chanson plutôt sympathique. Je réfléchis donc pendant queles minutes au texte avant de demander à Aria de partir sur une gamme de grognements graves que Bernadette renforça avec les tintements les plus graves de son répertoires. Cela donnait à la musique un air faussement dramatique approprié aux circonstances. Jean-René indiqua alors à son petit camarade que la chanson allait commencé. Réchauffé grâce au feu que Milla avait accepté d’allumer, je m’éclaircit la voix et entonnai :

Amis connaissez vous l’histoire
Du roi de la Toundra ?
Sa légende noire,
Le grand, le terrible Blizzaroi ?

Né lors des premiers frimas,
Le Blizzi est faible est fragile.
Il ne fait pas encore assez froid,
Et sa vie ne tient qu'à un fil

Mais alors que l'hiver se renforce,
Que le blizzard reprend ses droits,
Le bonhomme durcit son écorce
Prêt à affronter le verglas.

C'est au plus fort de la tempête
Que sa petite enfance échoit.
Désormais plus rien ne l'arrête
Le géant annoncé est là.

Un jour, des bandits imprudents,
Eurent l'audace, les scélérats,
De kidnapper ses enfants
Sous l'oeil même du terrible roi.

Sa vengeance ne se fit attendre.
Les coquins eurent beau fuir à grands pas,
Ils entendaient la pierre se fendre
Derrière eux sous les Martobois.

Avec leur butin sous le bras :
Deux Blizzi, ils entrèrent dans une maison
Abandonnée et en triste état
Pensant avoir trouvé la solution:

Une baraque pareille, même vieillie
Pourrait sans doute résister aux dégâts
D'un Pokémon abruti
Plein de fureur et d'émoi.

Mais bien mal leur en prit :
Une fois la porte barrée par quelques bouts de bois
Alors qu'ils se pensaient à l'abri
La fureur du monstre se déchaîna.

Soufflant son blizzard glacial
Sur le repaire des malfrats
Il mit un point final
A leurs rêves les plus bas

Congelée, la maison n'était plus un obstacle
Et il suffit d'une pichenette, d'un doigt,
Pas même un vrai tacle
Pour faire éclater le triste endroit

Découverts, les bandits se rendirent,
Ils eurent de la chance toutefois
Blizzaroi les laissa partir
Car ses enfants étaient intact

Mais leur frayeur était telle
Que jamais ils n'oublièrent cet effroi
Et répandirent partout la nouvelle
Du noble et puissant Blizzaroi

…
Alors, ça vous a plu ? »

Une question me frappa alors : y avait-il seulement des Blizzaroi dans la Toundra ? Je n’en avais pas vu en arrivant ici, mais en tout cas, les températures s’accordaient avec le mode de vie de ce Pokémon. Aria et Bernadette me regardèrent, satisfaites de notre prestation. Mais qu’en avait pensé Mila et ses compagnons ? Et aussi...

« Alors ? Vous voulez bien me dire ce que vous savez de cet endroit maintenant ? J’avais bon avec ma chanson ? »

Et je finis ma question ridicule par un éclat de rire.

► Sur la trace des Valni

Silver est bien aimable d’accéder à la requête de la jeune femme sans même avoir eu ses réponses. Son amour pour le métier qu’il pratique transparait dans sa façon d’être. Cela fait sourire Mila qui est prête à entendre le barde, tandis que ses Pokémon sont bien installés.

La chanson débute seulement que l’érudite retient déjà son souffle. Bernadette et Aria forme un duo musical absolument incroyable. Jamais la jeune femme n’aurait cru cela possible, la musique n’étant pas l’un de ses sujets de prédilections. Elle est agréablement surprise. La voix de Silver s’accommode avec facilité aux sons des Pokémon et cela donne un rendu envoûtant et un peu effrayant grâce au ton donné par la chanson.

Le thème est donc la course-poursuite entre un Blizzaroi et des bandits. Le jeune homme n’est pas tombé juste dans son choix mais cela comble parfaitement l’érudite qui l’écoute sans un bruit, émerveillée.

Les vers sont profonds et l’histoire est prenante. Mila se prend à imaginer la scène avec précision. Le grand géant des neiges qui part à la rescousse de ses pauvres petits… La toundra déserte mais d’où les cris apeurés des humains voleurs résonnent. Le vent glacial qui souffle et qui colporte le triste destin qui attend les malfaiteurs…

La fin est plutôt inattendue. La bonté gagne le roi qui laisse fuir les malandrins. Mila aime beaucoup cette chute, car le Blizzaroi n’a pas un mauvais rôle et elle renforce la puissante image de ce colosse feuillu. Vraiment, la chanson du barde Smith a touché le cœur de la dame.

« C’était magnifique, je vous remercie. Quelle élégance dans vos mots… »

C’est la première fois que Mila s’entretient avec un chanteur et elle aime beaucoup ce qu’elle vit actuellement. Mais place aux réponses tant attendues !

« J’ai bien peur de vous décevoir, Sieur Smith. » Annonce la Bleuette avec un discret rire.

Elle soutient néanmoins que le thème sur Blizzaroi est magnifique. Elle souhaite se souvenir de chaque ver pour le restant de ses jours.

« Pour être honnête, il aurait peut-être mieux valu que votre histoire fût la réalité… »

Sans le vouloir, Mila dérive dans ses pensées. Elle se tourne vers une poutre noire comme le jais. Ses souvenirs de l’attaque sont très flous puisqu’elle préférerait les oublier. Pourtant… C’est cette attaque qui lui a valu de fuir à Kuni sans son frère. De quitter ses racines et de faire une croix sur ce qu’il lui restait de sa famille.

« Ces ruines sont celles de mon ancienne demeure, le manoir Valni. Mais des bandits étaient bien là le jour où tout brûla… »

La dame essuie une larme du revers de sa main. Son intention n’est pas de mettre le barde mal à l’aise, alors elle tente de contenir sa tristesse. Pourtant, les choses ne sont pas si simples et Amarok redresse doucement la tête avant de recevoir un doux regard de la part de Mila, lui signifiant que tout va bien.

HRP:

Awful

Les compliments de la jeune fille me touchent, et à vrai dire j’en suis même gêné :

« Allons, allons, ce n’était qu’une petite chanson improvisée sur le moment. Rien de bien extraordinaires ! »

Et par réflexe, je passe une main dans mon indomptable chevelure. Je fais toujours ça quand je ne suis pas tout à fait à mon aise.

« Je vous remercie de vos compliments ! »

Et en un instant, alors qu’elle fixait une poutre noircie par la fumée, la jeune fille passe du presque rire aux larmes en tentant de répondre à mes questions.

Misère ! Si j’avais su que cela la bouleversait autant, je n’aurais pas insisté. Un instant, je pensai à la prendre dans mes bras, ce que je faisais avec mes amis quand ils avaient un coup de cafard… Mais je ne connaissais cette fille que depuis vingt minutes. Et elle n’étaient peut-être pas à l’aise avec les contacts physiques ?

Heureusement, Bernadette et Aria n’avaient pas mes inhibitions et se frottèrent à la jeune fille en rugissant gentiment pour lui manifester son soutien.Je pus donc me contenter de quelques mots d’excuses et de réconfort :

« Je suis désolé si ce que j’ai dit vous a mis dans cet état, ce n’était pas mon intention. Alors ce sont des bandits qui ont mis le feu à votre foyer... »

Une horrible pensée me vint alors à l’esprit. Les ruines étaient bien trop étendues pour correspondre à une demeure conçue pour un seul occupant. Il y avait eu plusieurs personnes entre ces murs lorsque la bâtisse tenait encore debout. Après tout, Mila avait parlé de la demeure de « la maison Valni », pas seulement de la sienne… Le matériel n’était donc probablement pas la seule victime de cet incendie… Mais je gardais cette réflexion pour moi, ne voulant pas aggraver l’état de la jeune fille.

Malheureusement, mon expérience de vie ne m’avait pas préparé à gérer de telles situations : j’avais perdu mes deux parents jeune et jamais on ne m’avait laissé le loisir de pleurer leur mort ou leur absence. J’étais suffisamment honnête envers moi-même pour admettre que cela avait causé un vide en moi, vide que je n’acceptais de regarder que de temps en temps, lorsque les circonstances étaient idéales. Mais je ne m’étais jamais livré complètement à quelqu’un d’autre que mes Pokémon sur mon passé. Je ne savais donc absolument pas comment réagir face à la détresse de Mila.

Pour m’en sortir moi-même, j’avais « simplement » dû apprendre à accepter le caractère éphémère de l’existence, mais je voyais bien qu’il ne s’agissait ni d’une démarche réconfortante, ni de quelque chose qui pouvait être enseigné par autrui. Mila devrait trouver par elle-même comment surmonter son chagrin et en l’état actuel, je ne pouvais pas l’aider. A moi d’accepter mon impuissance face à sa situation… Ceci dit, il était toujours possible de tricher un peu sur ce point…

« Du coup, dites-moi si vous ne voulez pas continuer sur ce sujet mais… Vous êtes venue ici pour chercher quelque chose ? Je peux vous aider ? »

► Sur la trace des Valni

Silver semble douter sur la marche à suivre face à la demoiselle Valni. C’est tout naturel. Une inconnue qui se met à fondre en larmes après une chanson doit être une sensation étrange pour un barde. Mais Mila aurait voulu lui épargner tel spectacle. Malgré ses progrès, elle a du mal à faire face à ses sentiments les plus enfouis.

« N-Non. Vous n’y êtes pour rien, Sieur Smith. Votre chanson m’a fait le plus grand bien. Je n’avais rien entendu de tel depuis bien longtemps… »

Des années sûrement. La demoiselle elle-même ne peut pas mettre le doigt sur le temps exact. Sa mère lui chantait bien des comptines ou des mélodies simples, à l’occasion. Elle fut bien la seule. Ayden n’est pas doué pour le chant. Pas du tout. Quant à Krishna, ce mystérieux vieillard et sa voix de Cornèbre… Il vaut mieux ne pas y penser.

Mila se force à sourire un peu plus. Elle ne veut pas que son interlocuteur soit mal à l’aise à cause de ses larmes. Il a fait de son mieux et c’est un travail remarquable. Une telle improvisation en si peu de temps ? Non vraiment, l’érudite est conquise.

« Vous êtes adorables… » Adresse-t-elle aux Pokémon du barde qui viennent la réconforter.

Amarok saisit également l’occasion pour se blottir un peu plus contre son humaine. Il fait un peu frisquet dans la toundra, même au coin du feu.

Enfin, après un moment de silence nécessaire, Silver s’enquière de savoir la raison de la présence de Mila sur ces lieux. Si elle a mal, pourquoi elle-t-elle à côté de ces ruines ? C’est une question légitime auquel la jeune femme ne souhaite pas se soustraire. Parler de ses problèmes peut lui faire du bien, même si elle ne connait le brun que depuis une demi-heure tout au plus.

« Ne vous en faites pas, mon moment de faiblesse est passé. Je vous dois bien des explications, vous qui faites preuve d’une rare gentillesse à mon égard. » S'exprime Mila, une main sur le cœur.

Par où commencer ? La lettre peut-être ? C’est un papier voilé dans un drap de mystère et l’érudite ne sait même pas qui en est l’expéditeur. Si cela risque de ne mener sur aucune piste, c’est un excellent sujet de conversation. Elle fouille donc dans son sac en toile pour en sortir le fameux objet.

« J’ai reçu cette lettre dont je ne connais pas l’expéditeur, hélas. Mais cette personne me connait : elle connait ma famille et le sort qui fut le nôtre. »

La lettre tourne dans sa main, Mila ne sait pas trop quoi dire à propos de cette dernière.

« J’ai passé nombre de mes années à courir après n’importe quel indice concernant mon frère-jumeau, mon ancienne maison, deux Pokémon en particulier… J’avais de quoi faire mais depuis quelques temps, les sources ne sont taries. J’ai heureusement retrouvé mon frère. »

Mila ne sait même pas pourquoi elle se confie aussi aisément ? Peut-être que le barde lui inspire vraiment confiance. Après tout, Silver n’a pas la malveillance de certaines personnes. Mila pense qu’il s’intéresse réellement à ses problèmes, malgré le fait qu’ils ne se connaissent, pour ainsi dire, pas du tout.

« Alors quand j’ai reçu cette lettre, je suis venue ici sans tarder. En quête d’indices. Cela dit, je me demande si ce que je fais est utile. »

HRP:

Awful

Mila décida de donner une orientation concrète à notre conversation. Ses recherches et la mystérieuse lettre qu’elle avait reçue. Bien que je rechignais à l’ admettre, je préférais ces sujets là d’autre plus… Personnels. Non seulement je n’aivais pas spécialement envie de me livrer, mais je ne saurais pas comment réagir si Mila le faisait devant moi.

« Si j’ai bien suivi votre histoire, actuellement vous avez retrouvé votre frère mais pas ces deux Pokémon particuliers et vous êtes toujours à la recherche de détails concernant la catastrophe, c’est ça ? Je peux savoir quelle est leur espèce ? »

Un drôle de plan commença à germer dans mon esprit. Je n’étais pas enquêteur professionnel, mais alors que j’exerçais une trouzaine de petits boulots différents, j’avais dû apprendre à me sortir de pas mal de situations différentes, ce qui avait aiguisé mon sens de la débrouillardise.

Le sol ici était recouvert de glace, elle-même cachée sous une fine couche de neige. Par conséquent, il conservait très bien les empruntes. Avec un peu de chances, les Pokémon sauvages avaient évité ces restes de la présence humaine en ces lieux… Oui mais… Même si c’était le cas, quelle était la probabilité que des Pokémon domestiqués mais livrés à eux-mêmes soient resté aussi longtemps au même endroit ? Et puis, la Toundra était globalement tout sauf accueillante. A moins que ce duo n’y ait trouvé un refuge comme une grotte de glace ou un abri souterrain… Ce mot provoqua une illumination dans mon esprit et je tournai alors vers mon spécialiste du domaine qui n’avait toujours pas bougé, assis aux côté de son ami le Draby. Comprenant que j’allais lui demander quelque chose, il se redressa pour se préparer à l’action.

« Jean-René, tu veux bien fouiller le sous-sol environnant ? J’aimerais savoir si tu peux retrouver la trace de ces deux Pokémon domestiques. S’ils sont encore dans le coin, ils ont dû se fabriquer un abri depuis le temps. Dis-moi si tu trouves quelque chose de spécial, d’accord ? »

Jean-René me fixa un instant, comme pour me prévenir que je lui demandais de trouver une aiguille dans une botte de foin tout en étant même pas sûr que l’aiguille existait. Mais bon, mieux valait ça à l’inaction. J’enchaînais alors avec la deuxième piste qui m’étais venue à l’esprit et demandai à Mila :

« Excusez-moi mademoiselle mais pourrais-je connaître le contenu de votre lettre… Non attendez... »

Comme précédemment, une idée m’avait frappé alors que j’explorais ma piste.

« Vous m’avez dit que l’homme-ou la femme- qui vous a écrit la lettre était bien informé sur ce qui s’est produit ici, c’est ça ? Donc il est peut-être possible qu’il se soit rendu sur les lieux avant nous ? Que diriez-vous si Aria flairait cette lettre pour voir s’il n’a pas laissé une piste à tout hasard ? Mais vous y avez peut-être déjà pensé ? Votre Elecsprint aussi m’a l’air d’être un bon pisteur après tout»

Entendant son nom, Aria se tourna vers moi en remuant la queue et crachant de petites flammèches, signe qu’elle était prête à aider.

L’idée n’était pas aussi géniale qu’elle aurait pu le paraître aux premiers abords : même s’il était possible qu’Aria trouve une piste, il y avait de grandes chance que cet homme soit arrivé en volant ou quelque chose du genre, ce qui étoufferait ses traces. Mais savait-on jamais, si par exemple il était venu examiner ou récupérer un objet précis dans les décombre, une piste nous permettrait peut-être de savoir quoi… A condition qu’elle soit assez récente…

J’avais bien conscience que ma détermination à aider Mila pouvait paraître surprenante mais pour moi, ce n’était rien de plus qu’une déformation professionnelle : parfois, je tombais sur un public insensible à mon talent musical et il me fallait alors faire montre de mes autres talents pour obtenir ce que je voulais. Ca augmentait mes chances de survie en somme. Et se montrer avenant aidait globalement les gens à vous faire confiance.

► Sur la trace des Valni

Il ne faut pas bien longtemps pour que le barde se mette en tête d’aider Mila. Il se renseigne avant d’envoyer son Embrylex fouiller le sol. La demoiselle ne sait pas trop si elle doit le laisser faire ou s’il faut l’arrêter. Après tout, qui voudrait déballer son passé entier à un parfait inconnu ?

Mais il est trop tard pour faire retour arrière. Si elle ne l’avait pas voulu, Mila aurait pu se taire et trouver d’autres choses à dire. Peut-être qu’intérieurement, elle souhaitait que Silver l’aide dans ses recherches. Alors l’érudite choisit de répondre :

« Je serais vraiment très surprise que ces deux Pokémon aient laissé des traces… Cela fait des années que le manoir a brûlé. Ils ont sûrement trouvé refuge ailleurs. »

Mila secoue doucement la tête. Ce genre de constatation est ce qui l’empêche d’avancer. Où donc est passée la demoiselle qui rêve des Pokémon Légendaires et qui pensait que le monde ne pouvait pas être si désastreux ?

« Pardonnez mon impolitesse, je vais répondre à votre question. Ces deux Pokémon étaient respectivement un Feunard Alola femelle et un Dragmara mâle. Ils veillaient sur mon frère et moi de loin. »

C’est la première fois que la jeune femme évoque ces Pokémon à quelqu’un. En entendant leur mention, Amarok redresse la tête et fixe son humaine. Lui aussi les connaissait. L’Absol et la Feunard ne vivaient pas au manoir, Krishna ne l’aurait jamais autorisé. Mais ils avaient fait la connaissance d’Ayden et de Mila un soir de blizzard.

« Quant à la lettre… Pardon ? S’il est possible que cette personne ait laissé des traces ? Je… »

Elle n’y a pas pensé. C’est bête, d’autant qu’elle a effectivement un Pokémon capable de flairer les pistes. Son jumeau lui avait pourtant enseigner les rudiments de la traque en montagnes, mais pour une érudite, un tel comportement est loin d’être naturel.

« Je vous avoue que je n’y ai pas pensé. Je ne suis pas une chasseuse, ni une traqueuse alors… En tout cas votre idée me semble intéressante. Amarok, Aria, voulez-vous bien tenter de trouver une piste ? »

Son Elecsprint n’en demande pas plus ! Ses pattes le démangent, il a bien envie de se rendre utile lui aussi. Il n’y a que Ladon qui n’a pas envie de donner un coup de patte. Il préfère suivre les faits et gestes de chacun pour guetter le moment où il pourra en profiter pour jouer. D’ailleurs, ce trou créé par Jean-René est tentant…

Mila montre la lettre aux deux Pokémon qui la reniflent puis se mettent à la recherche d’une odeur particulière. Si l’érudite doute que cela serve à quelque chose, elle est rapidement mise au fait : Amarok aboie pour signaler qu’il a trouvé quelque chose ! Ce doit être la même chose pour Aria.

L’érudite échange un regard avec son nouvel ami barde, puis elle se dirige vers son compagnon de foudre.

« Amarok ? Cet inconnu serait passé par ici ? »

Les yeux bleus de la dame se posent sur un chemin quelconque, presque englouti par la neige de la toundra. Il n’y a plus de trace visuelle, mais olfactive, oui ! L’érudite prend tout de même le temps d’avertir Silver que les choses peuvent se compliquer.

« Votre idée semble porter ses fruits ! Je vous remercie ! En revanche… Sachez que ma famille a eu nombre d’ennemis par le passé, en plus des bandits. Je ne sais pas de qui est la lettre, ni ce qu’elle signifie réellement. C’est peut-être un piège… Je ne veux pas que vous preniez des risques pour moi. Votre aide me fut très précieuse. »

C’est vrai. Ce chemin peut très bien mener à un repaire de malfrats ou quelque chose dans le même genre. Mila peut se défendre un minimum mais quand est-il de Silver ? De toute façon, même s’il serait capable de riposter, l’érudite ne veut pas le mêler à quelques obscures affaires de famille.

HRP:

Awful

Un Feunard d’Alola et un Dragmara ? Il s’agissait donc de Pokémon des glaces, ce qui augmentait considérablement leur chance de survie dans ce milieu ! Même si depuis le temps, ils étaient probablement parti vivre ailleurs, comme l’avait dit Mila. Jean-René ressorti peu après pour me signaler qu’il n’avait rien trouvé. En revanche, la piste identifiée par Amarok et Aria s’avéra plus fructueuse.

Le chien du tonnerre semblait ravie de pouvoir s’activer tandis que ma charmante petite truie essayait tant bien que mal de suivre son rythme avec ses petites pattes. Mais impossible de s’y tromper, les deux flaireurs allaient bien dans la même direction. Ils tenaient donc bien quelque chose.
Après quelques mètres de cavalcade, Aria se retourna et, voyant que je ne la suivait pas, elle m’interrogea du regard. Je lui fis alors signe de revenir en lui expliquant :

« Reviens, va. Cette piste n’est pas pour tout de suite. »

Et cette piste n’était probablement pas pour nous. SI Mila avait voulu notre aide à tout prix, elle m’aurait donné davantage de détails dès le début. Je sentais bien qu’elle hésitait à me faire confiance parce que nous étions dans son domaine intime. C’était sa vie, sa maison, sa famille et je comprenais tout à fait sa réticence. D’un autre côté, j’avais déjà commencé à l’aider et je ne me voyais pas laisser cette tâche inachevée… Si elle était bel et bien inachevée.

Je demandai donc à la jeune fille :

« Vous allez suivre cette piste Mila ? Vous voulez qu’on vous accompagne ? »

Nul besoin d’être un Xatu et de voir le futur pour savoir que si Mila était sur la piste de gens liés d’une manière ou d’une autre aux gens qui avaient mis à sac sa maison, il risquait d’y avoir du danger. De fait, mieux valait être plusieurs pour y aller. Même si je ne faisais pas trop d’illusion sur le sujet : je n’étais pas un combattant et Mila semblait ne pas en avoir la carrure non plus. Si nous tombions sur une vingtaine de bandits armés, même avec nos Pokémon, nous ne ferions pas long feu. D’un autre côté, rien ne nous obligeait à chercher l’affrontement et si nous étions prudents, cette piste pourrait offrir à Mila de précieux renseignements sur son passé. Quant à moi, je n’aurais rien à y gagner.

Mon attitude était plus due à mon optimisme et à mon mépris pour ma propre mort qu’à un quelconque intérêt personnel. Pourquoi avais-je accepté de l’aider ? Ah oui, déformation professionnelle. Mais pourquoi avais-je choisi d’adopter cette déformation à l’origine ? Sans doute parce que j’appréciais avoir à faire à la partie vivante des gens. La partie qui voulait vivre sa propre vie, créer et découvrir des choses. Une partie au combien puissante donc mais fragile car soumise aux rudes aléas de la réalité.

Mais lorsque je discernai cette petite étincelle d’ambition vitale chez les gens, je ne pouvais m’empêcher de vouloir la faire croître, la chanter jusqu’à ce qu’elle explose au firmament. Et pourquoi avais-je un tel désir ? Parce que c’était le bois dont j’étais fait. Il n’y avait pas plus à comprendre, pas plus à justifier.
Et en parlant des bardes…

« Au fait Mila, je ne vous l’ai pas demandé … Vous connaissez mon métier mais... Quel est le vôtre ? Il a aussi un rapport avec votre présence ici ? »

Je marquai une petite pose pour réfléchir. Non, je crois bien que tout avait été dit. Je n’avais plus de questions pour la jeune fille.

« Quelle que soit votre décision Mila, je vous souhaite bonne chance dans votre quête. N’oubliez pas le sentiment qui vous fait avancer sur cette voie périlleuse. Car c’est ce qui enrichit le récit de votre vie. Et c’est de ce récit que nous autres bardes faisons nos chanson ! »

Et je terminai mes étranges encouragements par un clin d’oeil soutenu par un GLING sonore de Bernadette

HRP:

► Sur la trace des Valni

Silver a la gentillesse d’offrir sa compagnie pour cette recherche. Mais Mila secoue doucement la tête : elle préfère qu’il reste avec ses Pokémon, dans un endroit moins dangereux. Elle ne sait pas encore ce qu’elle peut trouver au bout de ce chemin, ni même si elle est prête à le suivre en définitive.

C’est vrai. Ce n’est pas une décision à prendre à la légère. L’érudite détache son regard du barbe pour se tourner et observer le chemin enneigé. Il y a un peu plus de verdure là-bas, de quoi camoufler des traces ou même des pièges. Ayden ne saura pas s’il lui arrive quelque chose. Prudence est mère de sûreté.

Sa réponse tombe alors naturellement de sa bouche.

« Je vous remercie pour votre sollicitude, Sieur Smith. Je pense que cette piste peut attendre. Et je préfère vous savoir ailleurs que dans un chemin hasardeux. »

Ainsi, aucun des deux humains ne suivra le flair des Pokémon. L’aventure d’aujourd’hui touche à sa fin, mais le mystère reste aussi épais qu’un brouillard. Cette lettre… Si Mila a raison, elle ne sera pas la seule à lui parvenir. Après tout, quelqu’un veut vraiment qu’elle enquête sur son passé. Cet inconnu se fera un plaisir de lui rappeler cela.

L’érudite a fait son choix et se concentre sur la question du barde. Il est vrai qu’elle n’a fait état de son propre métier. Ce métier qu’elle a la fâcheuse tendance de négliger. S’en suivit ensuite des encouragements, y compris de Bernadette, que la demoiselle eut un peu de mal à recevoir sans devenir rouge. Elle n’a pas l’habitude.

« Vos paroles sont un régal pour les oreilles et pour l’âme, vous savez ? Je vous remercie encore. Quant à votre question, je déroge à tous mes devoirs. Pardonnez-moi. »

La jeune femme prend le temps de revenir à sa place, prête à éteindre le feu.

« Je suis une érudite et j’étudie les Pokémon Légendaires de notre monde. Tiens, j’ai une idée ! Si cela vous convient… Vous pourriez peut-être écrire une chanson sur le Pokémon Légendaire de votre choix ? Vous en connaissez ? »

C’est sur ces belles paroles que la rencontre entre Silver et Mila s’achève. Après avoir discuté un peu plus des travaux de la dame, il est temps pour chacun de repartir sur ses pas. La famille Valni ne dévoilera pas ses secrets pour le moment mais Mila est satisfaite. Cette fameuse lettre lui a permis de rencontrer une personne formidable, accompagnée de Pokémon tout aussi géniaux.

C’est donc le cœur plus léger qu’elle quitte les ruines de son ancienne demeure. Il n’y a plus de cendres fumantes depuis le temps, mais les souvenirs sont bel et bien là. Ils attendent que l’érudite soit prête à se lancer.

Peut-être que c’est le coup du destin, ou bien celui de Zekrom, si l’on se fie aux croyances de la Bleuette.

FIN

HRP:

Awful

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