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 The Dead's Request |OS - Fête des Morts|
Leonys A. Valencia
Leonys A. Valencia

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Âge du Personnage : 27 ans
Métier / Occupation : Conseillère Économique
Lieu de Résidence : Vénovos
Équipe Pokémon : The Dead's Request |OS - Fête des Morts| 330 AETIUS - Libégon ♂ - Lévitation - Sérieux

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Message Sujet: The Dead's Request |OS - Fête des Morts|   The Dead's Request |OS - Fête des Morts| EmptyMer 25 Nov 2020 - 17:03


|!| Ce texte comporte des mentions directes à la violence conjugale et pourrait heurter le lecteur. Je préfère donc prévenir ! |!|

Je m’éveille à la sensation désagréable des draps froids sous mes doigts. Un instant, je patauge parmi un nuage de brume, l’esprit divisé entre l’éveil et l’inconscience. Encore habitée par les rêves, la réalité me semble floutée, indistincte. La fatigue me guette toujours. Derrière les épais rideaux, l’aube se fait attendre. Il n’y a plus que le son régulier de la respiration de l’enfant couché à mes côtés et les ronflements étouffés de la petite bête blottie contre lui qui trouble cette nuit. Mon regard endormi se porte vers Aster et Solal. Tous deux ont bien grandi. Le bébé tient son doudou contre lui, cet objet dont il ne se sépare plus qu’en de rares occasions désormais. Son sommeil est apaisé. Dès le matin, j’aurai encore une fois du mal à contenir son énergie débordante, sa fascination du monde extérieur, son désir de découvrir. Pour le moment, il est tranquille et surtout en paix. Je referme les yeux avec un sourire. Tant qu’il est là, je n’ai rien à craindre. Pourtant un nouveau son vient troubler mon calme. Un soupir. Un son si familier que je n’ai aucun besoin de réfléchir pour l’identifier. Encore à moitié endormie, je ne réfléchis pas à la signification de sa présence particulière, je ne m’intéresse pas au phénomène. J’ai franchi ces pas qui me séparent du passé; je retrouve mon vieux rôle sans même le réaliser. Je me retourne lourdement pour faire face à la pièce, éclairée des dernières lueurs orangées du feu dans l’âtre.

Il se tient là, son verre à la main. Les flammes dessinent contre son visage ombre et lumière, crevasses et monts. Ses traits me paraissent fatigués, hagards. Ses prunelles d’acier, tournées vers le feu, se sont assombries. Je sais, je sais. Je sais que les doutes l’assaillent. Qu’au cœur de cet esprit, il se torture de ses insécurités, qui encore une fois prennent le pas sur lui. Ce n’est pas la première fois que ses démons le rattrapent au détour de la nuit. Ses instants vulnérables ponctuent mon quotidien; je tente vainement de lui venir en aide. Il s’agit d’un combat perdu d’avance. Je ne saurais l’aider là où il n’y parvient pas lui-même. À la lumière de la cheminée, l’évidence s’impose. Il se hait. Tout autant qu’on peut haïr quelqu’un. Il se hait, cette haine est profonde, ancrée en lui. Elle a pris terre il y a longtemps, s’est enracinée en lui.

«Reviens au lit Arthur…» j’articule d’une voix pâteuse.

Je n’ai pas envie de laisser l’éveil me prendre. Je désire simplement qu’il retourne à mes côtés, de me rendormir paisiblement auprès de… De Corvus. Je rouvre les yeux. Cet homme, ce n’est pas mon compagnon sakaien. Il s’agit d’Arthur. Mon esprit embrumé est parvenu à confondre deux mondes, deux réalités, à flouter la vérité. Celle que l’homme qui se tient devant moi à la lueur des flammes n’est plus.

«Oh.»

Il est mort. Pourtant, il se tient devant moi avec une netteté surréelle. Il ne s’agit plus d’un songe. À mesure que je me redresse, les idées me reviennent, plus claires que jamais. Cette apparition n’a rien de toutes celles avant elle. D’une certaine manière, mon défunt époux est là dans la pièce, sirotant son verre où brille une boisson ambrée, ses traits préoccupés. Comme si rien de tout ceci s’était produit. Et pourtant.

«Ils t’aiment plus que moi.»

«Mais non… Tu sais bien que c’est faux. Apaise-toi.»


Je retombe avec une facilité déconcertante à mes vieilles habitudes. À ce discours, répété à l’infini, le mouvement qui régit nos vies à la manière des vagues contre la berge. Le rassurer a toujours fait partie de mon rôle et pourtant je m’adresse à un sourd. Rien de ce que je pourrai lui dire ne le rassurera. Je ne puis qu’éponger une part de ses blessures, en espérant alléger un peu le poids qui l’afflige.

«Non. Je l’ai vu. J’ai vu la dévotion dans leurs yeux. J’ai vu qu’ils croyaient en toi. Quand tu t’adresses au conseil, ils t’écoutent. Dorcas de Rosfind a foi en toi. On ne m’a jamais apprécié comme tu l’es présentement, Leo.»

Je reste silencieuse. Que pourrais-je affirmer de toute manière qui parviendrait à le convaincre ? Ses démons lui appartiennent. J’ignore la raison de sa visite aujourd’hui. Je ne comprends pas bien pourquoi ces questions le torturent encore malgré son départ ailleurs. Il se compare, encore et toujours. Aujourd’hui, je suis la cible, demain ce sera un autre. Arthur ne parvient pas à supporter le rayonnement d’autrui. Toute sa vie, on lui a dit «mais non, tu vaux bien autant qu’un autre». Toute sa vie on lui a répété la même rengaine, si bien qu’il en est devenu complètement dépendant. Ce discours, il n’a pas su l’intégrer. Il a besoin de l’entendre. Je l’observe un long moment. J’ai aussi ces difficultés. Le dénigrement me guette à chaque pas et pourtant… Pourtant je me bats. Tous les jours, j’aspire à me défaire de ces idées erronées, je travaille sur moi-même. Arthur n’en a jamais été capable. Et lorsque ses insécurités prenaient le dessus, il devenait violent. Pourquoi suis-je encore en train de le convaincre de sa qualité ? Lui aussi doit cheminer. Je ne le laisserai pas me hanter. Plus maintenant. Je soupire.

«Peut-être. Je ne cherche pas leur affection. Je fais mon travail, c’est tout.»

«Oui, je sais bien. Tout t’es tellement facile, à toi.»
il dit, sans forme de rancœur et pourtant je connais son cœur. Je le sais pourri par la jalousie. Aveuglé.

«Tout n’est pas facile. J’ai travaillé durement pour parvenir à ce résultat. J’ai étudié. J’ai travaillé de longues nuits. J’ai combattu ma propre timidité, j’ai pris en charge ma vie.»

«Je n’ai plus cette chance moi.»


Je connais le modèle. Celui qu’il reproduit constamment, qu’il reproduira encore. Il ne s’intéresse qu’à une part de mes mots, ceux qui pourront justifier ses insécurités, ceux qui nécessairement l’éloignent des solutions. Je me suis redressée désormais, laissant mes pieds s’aventurer hors du lit. Je devrais probablement avoir peur et pourtant je me sens étrangement en paix.

«Non. De toute manière, tu ne l’aurais pas fait, Arthur.» je fais toujours du même ton doux, presque maternel et pourtant brutalement honnête.

Il se retourne pour la première fois pour m’observer. Ses prunelles sombres me scrutent avec intensité.

«Tu as changé.»

Un sourire m’échappe presque. Changée… Oui. Oui je suppose qu’on peut nommer les choses ainsi. Je n’ai aucune crainte de l’assumer.

«Ah bon ?»

Il baisse les yeux. Incapable de soutenir mon regard un instant de plus, il s’en soustrait. Ma tentative de jouer les innocentes ne lui a pas plu. Ni même l’assurance dont je fais preuve aujourd’hui. Il n’a plus le contrôle. Cette perspective l’effraie.

«Je suis venu avec une requête.» fait-il pour changer le sujet.

Il l’évoque à la manière d’une transaction, en fin économiste. J’ignore les raisons qui le poussent à venir marchander cette nuit par-delà les limites du monde vivant. Pourtant, je me doute qu’il s’agit d’un espoir désespéré. Qu’au fond de lui, il sait le combat perdu d’avance. La balle est dans mon camp et je compte bien en profiter. Je me contente donc de l’observer, invitation silencieuse à poursuivre. Lui-même s’est enfermé au cœur d’un grand mutisme, impressionné je crois par mon manque flagrant d’intérêt. Les morts foulent peut-être la terre ce soir, néanmoins il n’y a rien au monde que cet homme ne m’ait déjà fait subir. Son temps ici est compté. J’ai toute la vie devant moi. Ce n’est pas son cas.

«Je veux que tu remettes Aster aux Torres. Laisse-les éduquer notre fils. Tu me dois bien cela après ce que tu as fait.»

Mon cœur se serre. La victime, il la joue si bien ! Et son jeu fonctionne, puisque la culpabilité m’envahit, sournoise et indésirée. Je ne réponds rien, car ma poitrine se contracte au souvenir encore trop douloureux de sa mort, de l’indestructible sentiment de honte face à ce qui s’est produit. Je lui ouvre la porte vers l’agression en me permettant cette faiblesse. Tant pis.

«Tu penses que tu peux trôner au Conseil, à ma place, continuer ta vie avec le soutien du peuple, sans payer un jour pour tes crimes ? Que diras-tu à notre fils lorsqu’il te questionnera à mon sujet ? Que tu lm’as froidement assassiné ? Que tu m’as regardé mourir pendant plusieurs minutes avec satisfaction ? Toute action a un prix, tu le sais bien Leonys. Je pensais te l’avoir appris.»

Toute action a un prix. Voilà ce dont il se servait pour justifier sa violence. Car j’étais responsable de ses emportées, voyez-vous ? S’il me frappait, c’était parce que je lui avais failli. Plutôt que de sentir les effets habituels de sa manipulation sur moi, je n’ai qu’un sentiment : le dégoût. Je secoue la tête, tremblante mais encore mesurée, sentant la colère prendre le pas sur la culpabilité. Je mets un moment à reprendre contenance, il en profite pour réitérer le bombardement.

«Je refuse que mon fils grandisse contaminé par tes idées, par le mal qu’il y a en toi. Tu penses qu’il s’épanouira dans ton cirque ? Dans ta maison aux folles ? Tu t’es assez amusée, il est temps maintenant de payer le prix.»

«Mon fils.»

«Pardon ?»

«Tu as bien entendu, Arthur. Aster est mon fils. Pas le tien. Tu as renoncé à ton rôle de père lorsque tu as mis sa vie en danger.»
ma voix me paraît étonnamment calme, malgré une certaine tension au cœur de ma gorge. «De cette manière, il n’a plus rien à voir avec ta famille. Il est hors de question que je me sépare de lui, encore moins pour le remettre entre les mains des gens les plus abusifs que je connaisse. Aussi longtemps que je vivrai, je veillerai sur lui, je veillerai à ce qu’il ne devienne pas comme toi.»

«Répète !?»

«Non. J’ai dit non, Arthur. Maintenant tu peux t’en aller.»


Malgré moi, l’émotion prend le dessus. La peur. Ses traits ont changé, la violence y est palpable. D’un geste furieux, il lance son verre à travers la pièce et je sursaute en l’entendant se fracasser sur le mur. Le bruit est tel qu’il réveille aussitôt Solal et Aster. Le bébé se met à pleurer et je me retourne vers lui, le cœur battant à la chamade, le sang pulsant à mes tempes. Voilà la vie que j’ai tenté de lui éviter. Le garçon tend les bras vers moi, réclamant son réconfort. Je l’attrape et le blottit contre moi. Pour sa part, l’Héricendre a sauté du lit, son dos couvert de flammes. Je l’entends siffler. Il a compris le danger.

«Je ne vais pas partir ! Je ne vais pas partir tant que je n’aurai pas la confirmation que mon fils grandira loin de tes mains maléfiques ! Tu n’as pas le droit de m’arracher la vie puis de condamner notre fils ! Je ne te laisserai pas faire.»

«Baisse la voix. Tu l’effraies.»


Le bébé, dans mes bras, semble inconsolable. Pourtant, son contact me donne un étrange sentiment de sécurité. Pour lui, je suis prête à mettre toutes mes faiblesses de côté. Je me défendrai. Je nous défendrai. Avec vigueur, je caresse le dos du petit, observant dans les ténèbres une paire de yeux rouges. Oreste, depuis les ombres, a compris mon intention. Je le vois disparaître.

«Ne fais pas l’idiote, rends-moi l’enfant ! Tu as joué assez longtemps ! Je refuse qu’il soit élevé par une folle et son sakaien de bas niveau ! »

Le Sakaien, bien sûr. Arthur vient de m’ouvrir une porte. Un sourire s’esquisse sur mon visage. Il dévoile une part de ce qui le tracasse réellement. Car avec lui, difficile d'avoir l'heure juste. Il n'adresse que rarement la véritable raison qui le pousse à la colère.

«Tout n’a toujours été qu’une question de possession avec toi. Je devais être…»

«Tais-toi, femme, et obéis !»
hurle-t-il.

«… Interromps-moi encore une fois Arthur.»

Solal s’est approché de lui en l’entendant hurler de la sorte. Ses flammes désormais brûlent avec une intensité que je ne leur avais jamais vues. Elles se mettent à luire d’une lumière aveuglante, qui me force à détourner le regard. Lorsque celle-ci s’estompe, le petit Héricendre a cédé place à un Feurisson particulièrement en colère. L’homme recule d’un pas. L’intervention du Pokémon semble l’avoir un peu calmé.

«Tu penses m’impressionner avec ta bête là ?»

«Je n’ai pas besoin de t’impressionner, mes Pokémon sont libres de leurs actions. Je pense que Solal n’aime pas ton ton de voix. Alors je t’en prie, rends-nous service et tais-toi quelques minutes.»

«Si tu penses que…»

«TAIS-TOI J’AI DIT !»


Cette fois, c’est moi qui élève le ton. Et lui qui se tait.

«Je devais être un objet pour toi, Arthur, et c’est pareil pour Aster. Or, tu es mort. Tu es mort et moi ? Je ne te dois plus rien. Je ne suis plus ta chose, ni celle de qui que ce soit.»

«Dis-moi que tu n’es pas la chose de ton corbeau, alors. Parce qu’à moi, ça me semble la même chose.»

«Ça n’a rien à voir. Il est deux fois, trois fois… dix fois l’homme que tu étais. Tu l’as dit, j’ai changé. Je ne laisserai plus qui que ce soit me faire du mal, me dénigrer ou me faire sentir comme tu l’as fait. Auprès de Corvus je me sens… je me sens…»


Je cherche un instant le mot exact.

«Libre.»

Arthur a détourné les yeux. Il souffre de la comparaison. Il souffre de ne plus me savoir lui appartenir. Tant pis. Il a eu sa chance. Sous l’œil attentif de Solal, il prend place dans un des fauteuils. Sa voix, lorsqu’elle reparaît, est bien plus calme.

«Alors ce sera lui, son père ?»

Les larmes ont envahi ses prunelles acier. Il s’est recroquevillé contre lui-même, en proie de ses regrets. Je soupire.

«Je ne sais pas. À Aster de le décider. Je ne tairai jamais ton nom, Arthur, mais je ne lui mentirai pas non plus sur notre passé. Il se forgera sa propre opinion de toi. Pour ce qui est de Corvus... Je ne peux te dire s'il sera encore là demain, ou même dans quelques années. Je ne sais pas ce qui va se passer entre lui et moi. La relation qu’il entretient avec Aster ne leur appartient qu’à eux deux. Je n’irai jamais y interférer à moins que celle-ci ne cause du tort à mon fils.»

«J’aurais voulu que les choses se passent autrement.»

«Oui. Moi aussi.»


Alors peut-être ne serions-nous pas là à discuter de l'homme qui, nécessairement, peuplera la vie de son enfant. Les choses auraient pu être bien, bien différentes. Néanmoins ses choix ont modelé les événements, nous ont fait prendre ce chemin sans retour. Le silence s’installe. Lourd. Arthur doit cheminer seul, pour ma part j’ai réussi à détendre le bébé qui, dans mes bras, a tourné sa tête vers l’homme devant la cheminée, son géniteur. Un instant, celui-ci lève les yeux vers l’enfant. La pièce semble retenir son souffle, je profite de cette accalmie pour me remettre à respirer de manière convenable.

«Je t’ai toujours aimé, tu sais ?» sa voix s’est brisée de larmes. Je tente de réfréner cette part de moi qui avait tellement, tellement besoin de l’entendre. Lentement, ces émotions que je retenais brisent leur joug. Je peux me sentir frémir, les larmes affluer. Il y a tellement de choses que j’aimerais dire à cet instant, entravées par le nœud qui s’est formé dans ma gorge. «Tu me hantes toujours, je ne pense qu’à toi. Je regarde ta vie et je me dis que c’était facile de… de me remplacer. M’as-tu simplement pleuré ?»

«Toutes les nuits pendant des lunes. Arthur, je t’ai aimé, je crois bien que je t’aimerai toujours.»


Une larme roule contre ma joue. Malgré tout ce qu’il a pu me faire subir, malgré la rage qui m’habite, je ne saurai jamais me départir du profond attachement qui me lie à lui. Mon amour pour Corvus, celui que je porte de plus en plus envers moi-même non plus. Dans ma vie, rien ne m’apparaît plus certain que l’affection que je porterai toujours à nos beaux jours.

«Tu m’as appris énormément, sans toi, je ne serais pas ce que je suis à présent. En bien et en mal. Tu as été la première personne à véritablement me voir, je ne saurai jamais l’oublier. Ensemble, nous avons voyagé le monde, nous avons repoussé nos limites. Mais tu ne pouvais me laisser prendre mon envol.»

«Est-ce pour cela que tu m’as tué ?»

«Non. Tu sais bien que je n’avais pas le choix. C’était moi, ou c’était toi. Probablement t’aurais-je laissé faire si ce n’était d’Aster. Ce soir-là, Arthur, il ne pouvait qu’y avoir un seul survivant.»

«Je n’aurais jamais…»

«Bien sûr que si. Tu le sais.»


Il se tait. Un soupir vient l’alourdir. Son corps semble se fondre dans le fauteuil.

«Je suis désolée, Arthur.»

L’homme se retourne vers moi.

«Je devais vivre. Tu m’as fait trop de mal. Il y a un jour où la violence doit prendre fin. Tu as refusé de te remettre en question, de voir à quel point je pouvais souffrir de ta faiblesse. Je me suis laissée entraînée dans tes mensonges, ça nous profitait bien d’y croire tous les deux. Nous nous aimions l’un et l’autre plus que nous-mêmes. Tu me voulais pour toute seule…»

«N’est-ce pas là la définition de l’amour ?»

«Non, Arthur. Ce n’est pas ainsi qu’on aime.»


Il y a un fracas sur le balcon. Je connais trop bien ce son pour m’en troubler; Solal lui sursaute et accourt à mes côtés dans l’objectif de me protéger. À la lueur de la lune se dessine une silhouette, derrière les portes vitrées. Deux prunelles ambrées qui se dessinent dans l’obscurité, rivées vers l’homme lui faisant face. Arthur s’est redressé de son siège pour le regarder.

Aetius.

Arthur met un moment à reconnaître le dragon lui faisant face, comment pourrait-il de toute manière ? Il n’a plus rien de son compagnon d’antan, du petit Kraknoix de l’époque. Sous sa forme de Libégon, Aetius le surclasse en taille. Là où je pensais retrouver la colère chez mon allié, je lui découvre la même paix qui m’habitait tout à l’heure. Arthur, me faisant dos, s’approche progressivement de la porte, ses pas teintés de prudence. Sa main effleure la vitre comme s’il tentait de le toucher. Le peut simplement-il ? Son corps s’est mis à briller d’une lueur dorée, phénomène tout aussi inexpliqué que sa présence dans cette pièce. Je mets un moment à comprendre que son temps parmi ce monde est compté. Sous la lune bleue de la Fête des Morts, son esprit dérive, ne sera bientôt plus qu’un souvenir. Son échange silencieux avec Aetius dure de longues minutes. Je ne comprends pas pleinement le discours échangé. Ça n’a pas d’importance. Cet instant leur appartient. La lueur qui s’est emparée du spectre se fait de plus en plus intense. Il se retourne vers moi, un sourire amer sur les lèvres.

«Adieu, Leonys.»

L’instant d’après, il a disparu.

Adieu, Arthur.
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