Souvenirs d'un passé perdu ft. Théophile L. Regathe

ft. Théophile L. Regathe

Thème Musical

Souvenirs d'un passé perdu

Rafahel grommela dans sa barbe, il venait de bousiller ses bottes. Cela pouvait paraître futile d'un œil extérieur, pourtant s'en était nullement le cas. Il fallait des chaussures solides pour affronter les Terres du Nord en plein hiver. Daf et les enfants avaient les leurs, ce qui était déjà une bonne chose de faite. Néanmoins, le père de famille devait rapidement s'en procurer des neuves avant le départ annuel ... certes le temps n'était pas compté, mais quand même.
Il profita alors d'un jour calme pour se rendre dans le centre de Vénovos, en direction d'une boutique bien spécifique. En effet, elle abritait le meilleur artisan de la région.

Marchant dans les rues de la capitale, il saluait les personnes qui croisaient son chemin. Puis sombra peu à peu dans ses pensées. Il se revoyait enfant, arpentant les mêmes ruelles sous les yeux de son père. Ces moments lui manquaient, même jamais il ne l'avouerait. La perte de son paternel avait été un réel tsunami, tant pour Rafahel que pour sa mère. Heureusement cette dernière était présente, malgré la tristesse elle sut rester forte ! Le jeune homme aux cheveux gris avait toujours admiré la courage et la combativité de sa mère. Perdre cet être cher, ce mari et ce père avait été une épreuve difficile. Pourtant il fallait avancer.
Le chef de Kuni n'oubliera jamais ces moments passés, un souvenir en particulier lui revint en tête. Une boutique de cordonnier, dans le territoire de Ran. Il avait accompagné son père et fut impressionné par le gérant de la boutique. Ce grand homme l'avait marqué.

Les bruits de la population en mouvement le sortirent de sa torpeur. Une chance car il était arrivé devant la fameuse boutique. Il poussa la porte et fut accueillit par le tintement d'une clochette avertissant de son arrivée. Une agréable odeur vint lui saisir les narines, lui rappelant son voyage à Ran. Il s'avança vers le comptoir, surpris de voir un homme non loin. Le gérant certainement. Le temps sembla alors s'arrêter lors d'un court instant, ce visage ne lui était pas inconnu. Peut-être l'avait-il déjà croisé dans la cité ... non impossible, cela remontait à plus longtemps.

-Bonjour, dit-il d'une voix clair, presque interrogatrice.

D’une main agile, je glisse mon aiguille contre le cuir qui dégage cette odeur si particulière, pour la faire traverser sa membrane exactement à l’endroit désiré, et faire glisser le fil de bord en bord, simplement pour venir percer la chaussure un peu plus loin. Une bonne heure doit s’être écoulée depuis que j’ai entamé cette réparation. Et je dois dire que cette heure a été bien dépensée. Lorsque le propriétaire de ladite chaussure s’est présenté dans ma boutique hier après-midi avec cet énorme trou au niveau du gros orteil, j’ai d’abord cru qu’il serait difficile de faire en sorte qu’une fois mon intervention complétée, il ne reste aucune trace de sa maltraitance. Pourtant, à présent que j’attache le dernier noeud de mon fil, je dois avouer être plutôt fier du résultat. Il me faudra encore brosser le nouveau cuir pour lui donner une apparence semblable au reste couvrant le produit, et ainsi éviter qu’on remarque trop la réparation, mais je suis confiant que mon client pourra être satisfait du résultat.

Mais avant de m’engager dans cette dernière étape, je prends quelques secondes pour m’étirer, et faire craquer mes articulations trop longtemps statiques à cause de ce travail de précision. Mon dos et mes épaules sont en douleur dû aux heures passées à être penché sur mes créations, et ainsi je me dis que je suis probablement dû pour une vraie pause.

-Mouë, va préparer du thé, tu veux bien?

Je sais l’adolescente jamais très loin, et ainsi, je n’ai pas à parler très fort. Et comme de fait, un bruit de course se fait entendre dans la boutique alors qu’elle s’empresse de crier à la positive. La petite rouquine a beau être épuisante par moments, elle reste tout de même toujours partante pour me prêter main forte, que ce soit pour faire le thé ou la cuisine, ou alors pour m’assister dans les travaux de la boutique. Bien sûr, elle n’a pas ma patience, ni mon expérience, alors les tâches qu’elle peut effectuer sont toujours les plus simples, mais tout de même, son aide est définitivement appréciée. En fait, si ce n’était d’elle, je ne sais pas jusqu’à quel point j’arriverais à tout faire tout seul. Car elle ne fait pas que m’aider dans les tâches manuelles, elle est aussi toujours présente pour me motiver à poursuivre.

Un bruit familier retentit dans la boutique, m’indiquant la présence d’un client potentiel. Depuis mon atelier légèrement reculé de l’entrée des clients, je peux effectivement voir que quelqu’un vient de pénétrer dans la boutique.

-Mouë! Nous avons un client!

J’attends quelques secondes, cherchant à voir si l’adolescente aura capté mon message, mais comme je n’entend aucun bruit de pas en direction de l’entrée, je me dis qu’elle doit toujours être occupée avec le thé, et ainsi, je me redresse un peu péniblement, toujours affligé par mes douleurs, pour me diriger vers l’entrée. Un air jovial au visage, je m’approche du client pour l’accueillir.

-Bonjour à vous et bienvenu chez moi très honorable cli-

Je m’arrête brusquement dans ma phrase habituel d’accueil, alors que mon regard se pose sur le visage de l’homme me faisant maintenant face. Je prends quelques secondes pour observer celui qui se tient là. Et soudainement, un sourire tendre vient se hisser contre mes lèves, alors que je lui tend la main, sans pour autant détacher mon regard de lui.

-Rafahel Snowthorn… Comme vous avez grandi mon jeune ami.

Il n’avait beau être qu’un enfant à cette époque très ancienne où mon regard a croisé le sien pour la première fois, cela ne fait aucun doute. Ses cheveux d’un gris si particulier, et ses grands yeux caramel. Et ce regard, lui qu’on ne peut oublier sous aucun prétexte. Il ne fait pas de doute qu’il s’agit du même garçon.

ft. Théophile L. Regathe

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Souvenirs d'un passé perdu

Cet homme barbu lui rappelait quelqu'un, quelqu'un qu'il avait connu il y avait bien longtemps. Mais quand ? Il se mit à farfouiller rapidement dans sa mémoire. Examinant toute les propositions que lui envoyait son cerveau. Mais aucune d'elle ne correspondait au cordonnier. L'homme accueillit Rafahel, c'est alors que tout lui revint ! Monsieur Regathe, qu'il il l'avait appelé la première fois.
Un léger sourire se dessina sur son visage, chose rare ! Il était heureux et surpris de le revoir après autant d'années.

-Mr Regathe ! Cela fait bien longtemps, avait-il dis d'un ton léger, il semblait être retombé en enfance.

Il fallait remonter à l'enfance de Rafahel, afin d'assister à leur première rencontre. Dans les contrées de Ran, le père du jeune homme aux cheveux gris avait amené sa petite famille avec lui durant un voyage. Pendant que sa épouse vaquait à ses occupations, les deux hommes s'étaient rendu dans une Cordonnerie renommée. A peine la porte passée, l'odeur du cuir était venu caresser les narines de Rafahel. Odeur qu'il retrouvait aujourd'hui. Cet endroit lui rappelait tant de souvenirs. Puis il avait vu arriver cet homme imposant, restant impressionné face à lui.
Maintenant l'enfant avait bien grandi. Dépassant beaucoup de monde, de part sa grande taille. Pourtant, l'espace d'un instant, il retomba en enfance.

-Ahah effectivement, rit-il amusé. Ceci est une merveilleuse coïncidence ! Comment allez-vous depuis tout ce temps ?

Rafahel se montra amical et avenant, chose qui pouvait surprendre les personnes qui ne le connaissaient pas. Certes, aux premiers abords, le chef de Kuni ne semblait pas sympathique. Pourtant ce n'était qu'une façade, servant de carapace protectrice. Une fois brisée, il s'avérait être une âme charmante et chaleureuse.

HRP:

Mes soupçons sont rapidement confirmés alors que le jeune homme s’adresse à moi par mon nom, où plutôt, par un nom qui sonne étrange à mon oreille. Je ne peux retenir une grimace face au nom qu’il m’adresse. Monsieur Regathe… Oh par Viridion, mes cheveux ont-ils gagnés tant de gris depuis que je me suis levé ce matin? Je rigole en silence tout en me retenant de lui indique que “Monsieur Regathe”, c’était mon grand-père! Mais j’abandonne rapidement le projet, me rappelant que le jeune garçon qu’il était à l’époque de notre première rencontre m’avait aussi vouvoyé, probablement impressionné par ma carrure de l’époque. Aujourd’hui, toutefois, alors que je scrute une nouvelle fois Rafahel, je réalise que d’entre nous deux, je ne suis définitivement plus celui qui se veut le plus imposant. L’homme à la chevelure d’argent me dépasse sans gêne, et à travers ses vêtements, bien qu’il ne soit pas une montagne de muscle, je peux tout de même déceler une bonne carrure, et ainsi il ne doit pas avoir grand-chose à envier à qui que ce soit. Le petit garçon de l’époque est devenu un véritable homme, et j’avoue être plutôt heureux de le voir ainsi.

Rafahel m’offre un sourire chaleureux, alors que je peux lire une once de nostalgie sur mon visage. Si ses traits se sont endurcis avec les années, et que le petit visage délicat de l’enfant que j’ai connu se sont évaporées avec les années, je retrouve tout de même chez lui ces mêmes traits familiers qui avaient complètement fait fondre Magda à l’époque. Ma femme n’avait pas cessé de parler de lui durant plusieurs jours. Elle avait craqué pour son regard empreint de bonté, et son sourire, dont elle disait qu’il pourrait faire tomber n’importe qui lorsqu’il serait grand. D’ailleurs, alors que le jeune homme me sourit, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour ma femme, et de lui souffler mentalement qu’elle avait bien raison.

-Je vais très bien, merci Rafahel. Comme tu peux voir, si le passage du temps a laissé des traces sur ma peau, il n’est jamais parvenu à m’arracher mon amour pour le cuir.

Et du revers de la main, je lui désigne la boutique, et les nombreuses oeuvres qui y sont affichés. L’endroit n’est pas bien grand, mais il l’est suffisamment pour que de nombreuses paires de chaussures, de chaussons, de bottes et d’autres accessoires pour les pieds soient affichés en grand nombre, en plus de proposer d’autres articles divers en cuir, tel que des gourdes, des sacs, des gants…

-Et toi mon cher ami? La vie semble bien l'avoir accueillie, je me trompe?

Je me permet de l’appeler ainsi, puisque c’est, pour moi, ce qu’il est. Un ami de longue date, connu dans une époque d'autrefois, alors qu’il n’était encore qu’un jeune enfant, et que moi, j’étais encore un jeune amoureux. Mais bien que je ne sois plus jeune, je reste tout de même un amoureux. Alors lui, pourquoi ne serait-il plus un ami?

-Puis-je t’offrir à boire? Et par tous les légendaires, je t’en pris, cesse de me vouvoyer, au risque de me faire perdre mes cheveux encore plus rapidement!

Je lui adresse un sourire moqueur, alors que je l’invite à faire comme chez lui dans la boutique. Sans plus attendre, je lui désigne l’un des fauteuils se trouvant sur le podium de la boutique, où s’installent mes clients lorsque je m’affaire à mesurer leurs pieds. Car si je souhaite plus que tout savoir comment se passe la vie du jeune homme depuis notre dernière rencontre, il y a de nombreuses année de cela, je ne veux pas pour autant l’empêcher d’avoir le service qu’il est venu quérir dans ma boutique aujourd’hui. Maintenant, si seulement Mouë pouvait se dépêcher de terminer ce thé et nous en offrir…

Waf waf!:

ft. Théophile L. Regathe

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Souvenirs d'un passé perdu

Ce fameux "Monsieur Regathe" était sorti tout seul, sans y penser et sans préméditation. Sur le moment, les lèvres de Rafahel avaient bougé toutes seules. Sûrement un automatisme. Il était adulte désormais, pourtant face à Théophile il redevenait un enfant. Et à côté de ça, ce terme était également une marque de respect.
Il se souvenait parfaitement de cette première entrevue, la première fois qu'il avait poussé la porte de la boutique. Accueilli là aussi par le doux tintement d'une clochette. Le jeune Kuniois s'était retrouvé face à cet homme imposant, rapidement rejoins par son épouse. Qui lui avait gentiment proposé quelque chose à grignoter. L'enfant qu'il était avait passé la journée, un large sourire sur le visage. Certaines rencontres pouvaient vous marquer à vie, elle était de celle-ci.

-Le temps n'épargne personne malheureusement, sauf les passions, répondit-il amicalement. Je suis heureux de voir que tu vas bien.

C'était au tour du tutoiement de sortir sans crier gare. Rien de bien dérangeant au final, puisque Théophile était un ami et que le tutoiement n'était en rien irrespectueux. Regardant la boutique et parcourant les étagères ... il avait bien fait de venir. La qualité était encore au rendez-vous, après tout Rafahel était en présence du meilleur cordonnier d'Ekoe.

-Je dois avouer qu'elle m'a plutôt gâté oui ahah, rigola-t-il toujours avec son air d'exagération. Elle m'a d'ailleurs donné deux beaux et merveilleux enfants.

Elle lui avait également pris son père, mais inutile d'en parler pour le moment. Il n'était pas l'heure de gâcher une telle discussion. Ce sujet arrivera sur la table un moment ou un autre.

-Eh bien si c'est proposé si gentiment, je ne vais pas refuser, renchérit-il. J'ai bien fais de me lancer dans le tutoiement alors, je m'en serai voulu d'être la cause d'une chute de de cheveux.

Le Kuniois rigola de nouveau, cette taquinerie ne l'avais jamais abandonné. Elle était un peu la marque de sa personnalité. C'était également comme cela que le jeune homme montrait son attachement à quelqu'un. S'installant sur le fauteuil désigné, des mouvements de firent sentir sous son manteau. Plue devait s'être réveillée, d'ailleurs elle ne connaissait pas encore son ami. Cette chipie sortie sa tête et regarda autour d'elle, l'air étonnée. Où était-elle ?

-Pendant que j'y pense, voilà Plue ... ce petit glaçon m'accompagne depuis de nombreuse années déjà.

Il lui était important de présenter son acolyte aux gens qui croisaient sa route. Après tout, elle partageait sa vie et l'aider dans ne nombreuses situations. Il était donc normal présentée en bonne et due forme. Mais c'était également une manière afin de prévenir les autres de son caractère ... hyperactif et lunatique. Il fallait mieux prévenir que guérir.

Je suis heureux de voir mon ancien ami se détendre aussi rapidement. Car si je porte dans mon coeur chacune de mes amitiés à travers les décennies, je sais que ce n’est pas le cas de tous. Je sais très bien que pour plusieurs, les relations meurent si elle ne sont pas entretenues sur une base régulière. Mais je fais partie de ceux qui pense que l’amour qu’on porte à une personne ou un Pokémon peut survivre au passage du temps, et ce, sans avoir à constamment se demander ce qu’on pourrait faire pour plaire à l’autre. Sans doute cette manière de voir les chose vient-elle de mes parents, qui me répétaient souvent qu’il en faut peu pour bâtir une amitié, mais il devrait en falloir beaucoup pour la détruire. J’ai toujours moi aussi adopté cette vision des choses, et j’en ai toujours été satisfait. Il me fait toujours plaisir de recroiser un vieux visage familier, et de me remémorer avec nostalgie ce qui nous avait d’abord attiré l’un vers l’autre, pour ensuite partager nos vécus les plus récents. C’est d’ailleurs ce que je compte faire avec Rafahel, qui m’annonce d’ailleurs s’être laissé gâté par la vie.

Une sensation de chaleur vient m’envahir alors que j’apprends que mon vieil ami est devenu papa. Il s’agit là d’un vieux rêve que j’ai moi-même longuement porté dans mon coeur, aux côtés de mon épouse qui partageait ce même projet parental. L’idée de ne jamais pouvoir faire vivre notre lignée avait été un véritable coup dur pour Magda et moi, alors de savoir que le jeune homme n’aura pas à vivre cette même douleur atroce que nous avons dû endurer me fait énormément plaisir. D’autant plus que, même s’il y a longtemps que je n’avais pas revu Rafahel, je n’ai aucun doute qu’il doit faire un merveilleux paternel pour sa progéniture. S’il n’est ne serait-ce qu’aussi doux et attentionné que son propre père, je ne doute pas un seul instant qu’il doit se débrouiller à merveille dans ce rôle.

-Il me faudra définitivement les rencontrer un jour!

Le jeune homme poursuite sa discussion, m’arrachant un nouveau rire alors qu’il fait référence à ma pauvre tête déjà un peu trop dégarnie à mon goût. Cela me rappelle d’ailleurs qu’à l’époque, son père m’avait glissé un mot sur le complexe que portait le jeune homme par rapport à la couleur de ses cheveux. Aujourd’hui, je me demande si cet embarras réside toujours. Pour l’instant, je préfère ne pas lui amener le sujet, juste au cas où. De toute manière, Rafahel amène bientôt un autre sujet, alors qu’il me présente son jeune compagnon Pokémon, du nom de Plue. Il s’agit d’un petit Stalgamin à l’air un peu espiègle. Je n’ai aucun doute que de voir cette petite créature se lier d'amitié avec Dor nous mènerait vers une véritable catastrophe! D’ailleurs, je me surprends à prier intérieurement pour que le petit Capumain ne vienne pas nous rejoindre, de crainte qu’en compagnie d’un autre Pokémon potentiellement aussi énervé, il risquerait de démolir la boutique… Je m’apprête d’ailleurs à faire part de mes inquiétudes à mon camarade quand je suis interrompu par un petit couinement provenant de derrière moi.

-Ah, la voilà! Rafahel, je voudrais te présenter ma-

Je m’arrête brusque dans ma phrase alors qu’un bruit de fracas se fait entendre dans la boutique! Je me retourne brusquement vers Mouë, qui vient de faire tomber le plateau contenant la théière et les tasses qu’elle était allé préparer. Le liquide chaud s’est répandu partout à ses pieds, mais heureusement elle n’a pas été brûlée par celui-ci.

-Bon sang Mouë, mais qu’est-ce qui te prend?! Tu aurais pu te blesser!

La jeune fille ne bronche pas, et se contente de fixer notre invité avec de grands yeux. Un petit sourire malaisé se hisse sur son visage, alors qu’elle se met à balbutier une foule de mots incompréhensibles. Et alors qu’elle se met à se tortiller sur place, je comprends aussitôt ce qui se passe… Par Arceus, cette pauvre fille agit donc toujours ainsi lorsqu’un homme lui tape dans l’oeil…

ft. Théophile L. Regathe

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Souvenirs d'un passé perdu

Rafahel et Théophile avaient des années à rattraper, tellement de choses s'étaient passées durant tout ce temps. Le jeune chef raconta qu'il avait fondé une famille, un beau sourire s'était dessiné sur son visage au même moment. Oui, il était très fier de cela. Ce dernier d'ailleurs, ne savait pas si son ami avait lui aussi fondé sa famille.

-Avec plaisir, tu viendras dîner à la maison si le cœur t'en dit !

Une petite invitation lancée au coin de la discussion. Dafne serait contente de le rencontrer et son époux heureux de le recevoir. Rafahel portait constamment un masque afin de cacher ses émotions et de garder son air froid, pourtant, face à quelques personnes, le masque tombait. Le cordonnier était ceux-là. Ils n'étaient que très peu et pouvaient se compter sur les doigts d'une main.
Le dialogue fut alors coupé immédiatement. Théo n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'un vacarme envahit la pièce. Jetant un coup d’œil, Rafahel aperçu une jeune fille qui restait sur place et qui s’appelait Mouë. Elle avait fait tomber le plateau, qu'elle semblait transporter. Était-ce la fille de Théo ? Sûrement.

-Bon, plus de peur que de mal. Heureusement, souffla le père de famille. Il ne savait que trop bien la sensation provoquait par la crainte que son enfant se blesse.

L'homme aux cheveux gris se leva et tendit une main à la jeune Mouë, en guise de salutation. Il ne remarqua pas l'attitude étrange de la jeune fille. Il fallait bien avouer qu'il n'était pas forcément doué pour repérer ce genres de choses et puis, venant d'une fille de son âge ...encore moins. Il pensait sans-doutes qu'il s'agissait d'une attitude normale chez une adolescente.

-Rafahel, enchanté demoiselle.

Pendant ce moment d’inattention, Plue en avait profité pour échapper et faire une escapade dans la boutique. L'ennuie commençait à l'envahir et elle avait besoin de se dégourdir les pattes. Et cette fois elle essaierait de rester sage.

-Je ne savais pas que tu avais également une fille, sourit-il en direction de Théophile.

Je ne peux m’empêcher de fermer les yeux et de pousser un soupire d’exaspération devant ma fille adoptive, sans être en mesure de mettre le doigt sur ce qui m’exaspère le plus ; sa maladresse, ou cette foutue admiration qu’elle a pour les hommes plus âgés… Pourtant, Arceus sait qu’il est hors de question que je permette à qui que ce soit de la courtiser avant qu’elle n’ait un minimum de soixante ans…

Rafahel est plus rapide que moi, et s’empresse de s’approcher de Mouë, qui devient aussitôt encore plus rouge, si même c’est possible. Le jeune homme s’adresse à elle de manière douce et respectueuse, ce qui, au final, ne fait qu’empirer la situation de ma fille. Elle se met à balbutier de plus belle, avec un sourire bête au visage. De toute évidence, il y a trois priorités dans la vie de ma fille, soit les Pokémon, m’embêter le plus possible, et les hommes… Et cet ordre est probablement le véritable ordre croissant de ses priorités. J’hoche la tête, désespéré, avant d’attraper un balai dans le coin de la pièce, et me mettre à ramasser les éclats de porcelaine qui jonchent à présent le sol. Il faudra nettoyer d’avantage plus tard puisqu’une marre de thé s’est répandue sur le sol, mais pour l’instant, je me contente d’envoyer le plus de liquide possible dans le coin de la pièce, histoire d’éviter que nous ne marchions dedans. De toute manière, une douce odeur de thé s’est à présent répandue dans la pièce, ce qui n’est pas pour me déplaire.

-Oh oui, c’est…

Je jette un coup d’oeil à l’adolescente, qui n’a toujours pas lâché la main de notre invité, et qui, je le sens, risque de me faire une véritable crise ce soir quand je lui demanderai de se laver les mains avant le souper. Mouë n’est pas mienne, biologiquement. Magda et moi n’avons jamais été capable de mettre au monde notre propre enfant, malgré tant d’efforts. Et pourtant, jamais je ne l’ai considéré autrement que comme mon enfant.

-C’est effectivement ma fille…

Un sourire tendre vient s’installer sur mon visage, sans que je ne puisse détourner le regard de sur ma fille. Cet enfant est une véritable peste lorsqu’elle le veut, et probablement aussi même lorsqu’elle ne le veut pas. Et pourtant, Arceus sait que jamais je ne souhaiterais changer le quotidien que nous partageons, elle et moi.

-Elle est ma petites peste bien à moi.

À ces mots, je parviens à arracher l’attention de Mouë, qui me lance un regard noir avant de me tirer la langue, ce qui me tire un rire. Tout comme elle sait comment tirer mes ficelles, je sais comment tirer les siennes, et la traiter de petite peste bien à moi fait partie des combinaisons gagnantes. Je rend à ma fille sa grimace, ce qui la fait à son tour rigoler. Notre duo en est définivitement un particulier. Et j’imagine que c’est aussi en partie ce qui fait de nous ce que nous sommes.

-Par Viridium! Regard Théo comme il est mignon!

La voix de ma fille s’est transformée du tout au tout alors qu’elle aperçoit le petit glaçon que m’a présenté Rafahel un peu plus tôt. D’accord, je pense que sa liste de priorité vient de changer d’ordre pour m’embêter, les garçons, et en premier, les Pokémon. La jeune fille s’est empressé de se lancer sur le Pokémon glace, sans plus aucune considération pour notre invité.

-Eh bien Rafahel… J’espère que tu as prévu un plan pour ramener Plue chez toi, parce que généralement, tout ce qui s’apparente à un Pokémon et qui rentre ici, n’en ressort généralement jamais.

Sur ces paroles, j’offre un sourire un peu désespéré à notre invité tout en lui pointant le coin de la pièce en guise d’exemple, où est apparu Dor, le Capumain qui est un jour apparu chez nous, courtoisie de Mouë.

ft. Théophile L. Regathe

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Souvenirs d'un passé perdu

Le gris est amusé de voir que son ami était également devenu père, après tout ce rôle lui va à la perfection. Cet homme est la bonté même. Rafahel rigole en voyant la réaction de la jeune fille. Il se demande bien comment il va faire lorsque Nixie et Nevra seront à leur tour des adolescents. Nevra devait être gérable, mais Nixie … en espérant que la petite fille finisse par se calmer en grandissant. Une véritable tempête à elle seule.

Le chef de Kuni n’est plus sa cible, fort heureusement. Plue vient de le devenir ! La pauvre, elle qui est froide comme la glace. Elle se crispe et commence à râler lorsque Mouë l’attrape. Oups, désolé petite Plue.

-Ahah je vois ça ! Mais pas d’inquiétudes, avec le caractère de ce glaçon … crois moi qu’elle va vite la laisser partir.

Car oui, la Stalgamin n’a pas l’air comme ça. Mais elle a son petit caractère, elle ne se laisse pas faire et déteste qu’on la brusque. Généralement, elle court partout pour montrer son mécontentement. Sinon elle glace tout qu’elle croise, un peu drôle pour le coup. Rafahel lui lance un regard plein de signification. Pas d’écarts !

-Oh je vois, ce Capumain a fortement été invité à rejoindre la maison ahah. Tous les jeunes sont comme ça j’ai l’impression, si les miens pouvaient ramener tous les pokemon ils le feraient.

D’ailleurs, ils doivent se demander où Rafahel est passé. De base il était simplement venu acheter des nouvelles bottes et le voilà en train de prendre un café. Bon, ils comprendront ! Il s’agit quand mêmes de merveilleuses retrouvailles !

-Et sinon, j’imagine que les affaires fonctionnent toujours aussi bien ?

Mouë semble complètement fascinée par le Stalgamin, bien que cela ne semble pas vraiment être réciproque. Si je ne crains aucunement pour la sécurité de l’adolescente, je comprends rapidement aux paroles de Rafahel que la créature de glace risque de contester les caresses qui risquent de pleuvoir en sa direction. Comme de fait, ma fille s’empresse de chercher à toucher le Pokémon, sous le regard attentif de Dor, chez qui je crois percevoir une certaine jalousie à l’idée que son humaine ne soit intéressé par un autre Pokémon.

-Tu te souviens ce que je t’ai dit Mouë? Avant de toucher un Pokémon –

Trop tard, l’adolescente vient d’agripper le petit glaçon pour lui assener une caresse forcée. Tous ces efforts afin de lui faire comprendre qu’il est important de demander la permission avant de toucher un Pokémon viennent de s’envoler comme ça! Je pousse un soupir, tout en me disant qu’au fond, je ne suis aucunement surpris du comportement de ma fille. Elle a beau être la prunelle de mes yeux, par Arceus, qu’est-ce qu’elle peut m’exaspérer des fois!

Je détourne momentanément le regard vers notre invité, tout en esquissant un rictus suite à sa remarque, et je ne peux m’empêcher de me rappeler ma propre jeunesse, où j’avais moi aussi ce puissant désir de partager mon quotidien avec mon propre Pokémon. Mais ce désir n’avait jamais abouti au final. Mes parents avaient toujours refusé. Ils faisaient partie de ces esprits libres qui imaginaient plutôt un monde où humains et Pokémon pouvaient se côtoyer sans appartenance, alors l’idée d’en capturer ne leur plaisait aucunement. J’avais fini par abandonner l’idée, et au final, avec du recul, je pense qu’il en fut aussi bien ainsi. En fait, je n’ai qu’à penser à toutes les bêtises que peut accomplir le Capumain qui vit à nos côtés pour confirmer ceci.

-Plutôt oui! Je n’ai définitivement pas à me plaindre! Ma clientèle m’est si fidèle qu’à chaque fois où je songe prendre ma retraite, ils finissent toujours par me convaincre de rester ouvert encore quelques années!

Car oui, je ne peux nier que l’âge se fait ressentir à certains moments. Mes os vieillissent, et la douleur s’installe sinueusement au sein de mon corps. Je sais bien qu’un jour, il me faudra fermer la boutique, et m’accorder un peu de repos pour profiter de mes vieux jours. Mais je sais aussi que fermer maintenant serait une erreur. Je pourrais certainement m’en tirer, financièrement parlant, en faisant attention aux dépenses. Mais je pense que je m’ennuierais de mon art si je disais adieux à mon travail. Alors, je continue, et je profite de chaque journée de travail comme s’il s’agissait de la dernière.

-D’ailleurs, en parlant d’affaires, je pense avoir une idée en tête de ce qui pourrait te plaire!

Sur ces mots, je me dirige vers une armoire fermée, où je range les créations qui n’ont pas encore de place sur les présentoirs. Ainsi mon ami aurait droit à la toute première paire de cette nouvelle création signée Théophile L. Regathe. Une paire de botte ornée de détails cousus avec soin, et rembourrée d’une mousse permettant à la fois le confort et la respiration adéquate du pied. Une petite merveille pouvant accommoder les longues heures de marche.

-J’avais prévu attendre d’écouler mes anciens modèles avant de mettre celui-ci sur les tablettes, mais je pense avoir trouvé la personne parfaite à qui les refiler. Qu’est-ce que tu en pense?

ft. Théophile L. Regathe

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Souvenirs d'un passé perdu

Rafahel rit en voyant le comportement de la dénommer Mouë, elle n’a pas vraiment l’air d’écouter les conseils de son paternel. C’est donc à cela qu’il devra s’attendre avec ses propres enfants ? Pas avec Nevra, mais Nixie allait sans aucun doute lui donner du fil à retordre ! Les années passaient déjà si vite, il n’avait pas hâte de voir sa progéniture atteindre l’âge de l’adolescence.

Plue se crispe en sentant cette main inconnue la toucher, elle n’allait pas attaquer. Non, gigoter ses pieds rapidement était une meilleure idée selon elle, pour faire comprendre qu’elle n’aimait pas ça. Et au pire, elle se dégagerait d’elle-même. Elle jeta un regard pleins de sens au Capumain qui se trouvait non loin de là, l’air de dire « Eh oh pourquoi tu ne m'aides pas ! ».

-Je les comprends ! Après tout, tu es le meilleur cordonnier du continent.

Théophile avait de l’or dans les doigts. Il confectionnait des chaussures d’une immense qualité, mais également très esthétique. C’était pour cela que le géniteur de Rafahel aimait faire affaire avec lui. Et que son fils prenait désormais la relève. Il suffisait de regarder les produits sur les présentoirs pour se rendre compte du talent qui opérait ici.
Mais il pouvait comprendre cette envie de prendre sa retraite. Profiter de sa fille et de sa vie, sans se soucier de son travail. Le gris releva la tête.

-Je suis curieux de voir ça alors !

Il lui fallait effectivement de nouvelles bottes afin de rallier les Villages du Nord, situés à Sakai. Il avait réellement hâte de voir ce que son ami avait à lui proposer, quelque chose égale à sa prestance, sans doute ! Il esquissa un sourire et se leva à son tour. Et observa l’objet, ce dernier présentait des détails incroyables. Théo s’était une nouvelle fois surpassé !

-Elles sont vraiment splendides. J’en pense que j’en serai très honoré de les porter.

Il les prit et les regarda sous toutes les coutures, encore impressionné par la maîtrise. La finesse des détails et la robustesse de la semelle. Elles seront parfaites pour marcher dans la neige. Un grand sourire illumina une nouvelle fois son visage.

-Je te dois combien pour ces merveilles ?

Je reste silencieux en observant avec attention la réaction de mon vieil ami, un sourire déjà au bout des lèvres. S’il y a bien quelque chose qui me fait encore plus plaisir que de satisfaire un client, c’est de satisfaire un ami. Et comme de fait, sa réaction est exactement celle dont rêverait tout créateur. Le jeune homme ne se fait pas attendre pour complimenter la botte, et à voir comme il ne cesse de les regarder, je pense avoir trouvé le model gagnant!

Chez le commun des mortels, on a souvent tendance à dire que la personne choisi le vêtement, ou dans mon cas, la chaussure. Mais pour bien des créateurs, c’est plutôt l’habit qui choisit son porteur. Pour moi, il s’agit plutôt d’un juste mélange entre les deux. D’un côté, il faut bien que le client choisisse le modèle qui lui plait, ce qui, dans le cas de Rafahel, est déjà chose faite. Mais maintenant, il faut aussi laisser la chaussure le choisir, de par le confort de celle-ci contre son pied.

Comme je le fais avec chaque client, je m’installe à genou devant le jeune homme afin de lui glisser la botte au pied, histoire de voir si celle-ci lui fait. Et comme si cela avait été déterminé d’avance que Rafahel serait le preneur pour ce modèle, la botte lui fait à merveille. Un coup du destin, vous direz, ou alors une sacré coïncidence, mais dans tous les cas, le résultat reste le même ; la botte et le client se sont mutuellement choisis. Un match parfait, donc.

-Écoute, c’est un modèle plutôt spécial, donc…

Je fais mine de réfléchir un instant, bien qu’au fond, je connaissais déjà la réponse à cette question avant même que mon ami ne la pose. Me redressant, j’offre un large sourire au jeune homme.

-Disons, une tasse de thé bien chaude, et un, non, deux carrés de sucre! Et puis, je vais me permettre d’être avare ; un petit gâteau avec ça?

Je lui adresse un clin d’œil, puis, avant qu’il ne puisse réagir, je relève une main pour l’arrêter avant qu’il n’ose insister pour payer.

-Te revoir aujourd’hui a définitivement fait ma journée. Je préfère de loin reprendre contact avec un vieil ami au détriment de quelques écus. Que ces bottes soient synonymes d’une amitié durable à travers les âges.

Sur ce, je tends une main vers Rafahel, comme pour seller cet accord entre nous.

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