C'est propre, je ne sais pas combien d'heure j'ai mis à tout nettoyer, mais c'est propre, aussi propre que cela l'était il y a une heure, ou deux, peut-être même trois. Les gens cassent des trucs lorsqu'ils sont en colère, moi quand je suis triste, je me trouves de pitoyables excuses pour ne pas penser à la tristesse. Je suis insupportable lorsque je suis triste, personne ou presque peut rester dans la même pièce que moi lorsque je le suis. Je bouges partout, fait mille et un truc, tient trois conversations différentes à une seule personne, les déplace encore et encore? Ouais, je suis hyperactive depuis toute petite, mais arrive à me tenir correctement avec de l'entraînement, comment pensez-vous que j'ai eu l'énergie d'apprendre à pêcher et danser ? Bon j'avais aussi beaucoup de temps car aucune disposition à la sociabilisation et l'amitié, mais ça …

Krutch est le seul qui sait comment me gérer dans ces situations et pour cause, lorsque je n'ai rien à faire, c'est généralement à moi que je m'en prends, lui est là pour empêcher ça et il fait sacrément bien son job ! Pour celui me laissant le plus de cicatrice de morsures. Je n'ai plus rien à faire, alors je saisis ma canne à pêche et regarde mon tyran, un peu d'entraînement ne me fera pas de mal, à lui non plus, je ne blesserais jamais Krutch. Je ne lui dis pas à voix haute de venir me rejoindre, je n'ai plus de voix et probablement des yeux tellement gonflés qu'ils pourraient sortir de mes orbites. Je vais sans doutes passer une mauvaise journée, très mauvaise journée, cela ne serait pas la première depuis que j'ai appris qu'il … enfin, je ne veux pas y penser. Je manques de sommeil, cela se ressent dans mes gestes, mais une fois ma canne à pêche en main, je sembles péter la forme.

Krutch et moi nous sommes entraînés comme ça depuis combien de temps, des années ? Une décennies peut-être même, le petit crocodile bleu que j'ai trouvé a bien grandit, vous ne pensez pas ? Il esquive très bien le fil de ma canne à pêche, est-ce parce que je n'ai pas prié avant de commencer à pêcher ? Est-ce vraiment nécessaire que je pries dorénavant ? Je ne sais pas, j'ai l'impression d'être perdue en sachant très bien où je suis. Cette endroit est sensé être ma maison, mais je ne m'y sens pas chez moi, qu'est-ce qui faisait que j'étais chez moi ici ? Était-ce papa ? Et avant lui maman ? Pourquoi tout ce que j'aimes partent avant moi, c'est moi qui est sensée être la première à mourir, pas les autres … Est-ce pour ça que la mer m'a donné une seconde chance de vivre ? Pour que je vois ceux que j'aime mourir les uns après les autres ? Qui sera le prochain, père Solaar ? Sra ?.. Krutch ?

J'arrêtes de me battre, les larmes perlant à nouveau sur mes joues, pourquoi m'est-il si facile de pleurer ? Je n'aime pas pleurer, tout est si simple lorsque l'on sourit, tout est si joyeux, si accueillant, si chaleureux ... Je lâche ma canne à pêche, je la tenais toujours ? Apparemment, je l'entends à peine tomber par contre, tout comme je ne m'entends pas tomber à genou et plaquer mes mains sur mon visage. "Pourquoi …", mon crocodile essaye de me tendre sa patte, mais je la repousses, c'est tout ce à quoi je suis bonne de toutes manière, repousser ceux qui m'aime et les voir mourir les uns après les autres. "Pourquoi c'est moi qui doit vivre et pas les autres ! Pourquoi ! Je suis qu'une idiot ! Un faible idiot qui rêve de rencontrer les dieux et d'être une princesse, des rêves d'enfant ! Papa lui avait des vrais buts, de vrais amis, pourquoi !". Pourquoi je le cris à mon kaiminus surtout, ce n'est pas comme s'il allait me répondre de toutes manières, il ne parle pas, il ne parle jamais et ne le peut pas de toutes manières … "Juste … laisse moi …"


De toutes les humains du monde, de toutes les créatures du monde, aucun ne me fera jamais aussi mal qu'elle. La voir pleurer, souffrir, ce n'est pas une douleur ayant son pareil. Tout ce que je peux faire, c'est la regarder se noyer dans ses larmes, silencieux. Je ne pensais pas pouvoir un jour haïr ma gorge autant pour avoir failli aussi tôt dans ma vie, je pensais que cette humaine plus blanche que les nuages et aux yeux plus intenses que les étoiles avait réussi à me faire oublier ce fardeau. j'aimerais gronder ma désapprobation, lui hurler dessus même si elle n'en comprendrait pas un traitre mot, lui dire tout le bien qu'elle fait autour d'elle, qu'elle m'a fait. Lui dire que ce n'est qu'une mauvaise passe, qu'il est mort heureux, mais qu'est ce que j'en sais ? Je n'étais pas son pokémon, je suis le pokémon de sa fille, je suis son pokémon à elle, son partenaire, son ami, j'aimerais le lui dire, mais je ne peux rien exprimer d'autre que des grondements sourds. Elle m'a apprit à multiple reprise que les mots n'étaient pas nécessaire pour que l'on se comprenne, si je n'arrives pas à lui parler alors qu'elle est au plus bas, quelle genre d'erreur de pokémon je serais ? Je tends mes bras, une fois encore, les passant sous les siens, serrant sa taille pour supporter son poids, calant ma queue pour porter son dos, nichant ma tête contre son épaule. C'est tout ce que je peux faire, être là dans un silence religieux, la supporter dans son deuil.

Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour voir qui m'a prise dans ses bras, cela ne fait que me culpabiliser encore plus de l'avoir rejeter plus tôt, comment je peux me pardonner de l'avoir repousser lorsqu'il fait tant pour moi ? Je l'enserres aussi fort que mes bras me le permettent, le sentant grandir contre moins, une lumière brillant contre mes paupières fermées. Je suis tentée de les ouvrir, mais je sais que cela ne servirait à rien de ce faire. Mon pokémon reste mon pokémon, Krutch, mon meilleur ami et le meilleur partenaire que je pouvais espérer avoir, qu'il soit un kaiminus ou un crocodile.