Cadeaux de Mariage [OS] [Autorisé à Ceriza/Jeanne/Silva]

Cadeaux de mariage
OS | AUTORISÉ À CERIZA / JEANNE / SYLVA <3
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Kira rentrait enfin à la maison. Vide. Pas simplement vide de présence, mais vide d’âme. Son père devait être à la forge, il l’était de plus en plus depuis qu’elle faisait ses petites expéditions. Il avait sûrement besoin de s’occuper, et il devait répondre aux commandes en l’absence de sa fille. Elle s’en voulait un peu de lui laisser la forge pendant des semaines, mais elle travaillait dur à chaque retour pour rattraper le retard et lui épargner le plus de travail possible. Elle avait dû s’absenter plus longtemps qu’elle ne pensait pour qu’il passe si peu de temps à la maison.
En passant devant sa chambre, elle vit les draps défaits du lit de son père, lui pourtant si soigneux. Arrivée à la sienne, elle observa la poussière flotter dans la lumière d’un rayon de soleil. Ses croquis sur sa petite table n’avaient pas bougé, recouverts d’une fine pellicule, preuve de ses absences répétées qui l’avaient aussi éloigné de ses ébauches créatives.
Elle ouvrit la fenêtre, laissant entrer l’air encore frais après les intempéries mystérieuses des dernières semaines. La terre encore humide se remettait peu à peu, mais heureusement, aucune fuite apparente dans la maison.
Pressée de mettre à exécution ses plans, elle ne fit pas attention au paysage désolé qui s’offrait sous sa fenêtre. Les rues encore boueuses par endroit, les dégâts de crues inhabituelles déblayés avec patience...
La forgeronne retira ses vêtements verts, un peu abîmés et bien salis par sa visite de Mido sous la pluie et son retour à Ran. Elle allait les porter à un couturier qu’elle connaissait bien et qui avait l’habitude de repriser ses vêtements à chaque sortie. Il en profitait toujours pour lui passer commande de quelques outils, aiguilles, broches, affûtage... Leur rituel plaisait beaucoup à Kira qui enfila des vêtements propres choisis dans sa minuscule armoire. Elle allait aussi devoir lui demander de quoi s’habiller pour un mariage, car ses tenues n’étaient clairement pas adaptées à un tel événement, surtout pour une Cheffe. Toute excitée à cette idée, elle prit un petit sac à dos et y rangea les vêtements midoyens.
Elle s’occuperait de ses autres affaires plus tard, elle voulait vite passer chez le couturier pour aller à la forge voir son père et lui raconter ses aventures. Dans le couloir, elle faillit percuter Eros et Kiper, tous deux avec des mines déçus.

Qu’est-ce qu’il y a, vous avez pas réussi à ouvrir le placard ?

Perplexe car Kiper parvenait toujours à atteindre les fruits dissimulés dans la cuisine, elle alla ouvrir elle-même la porte, pour découvrir qu’il n’y avait plus rien. Elle se tourna vers ses pokemons, et vu leurs têtes, ce n’était pas de leur fait. Le placard à fruit était vide, et en vérifiant, les autres ne contenaient pas grand-chose.

Papa a dû oublier de faire des courses, il doit être occupé à la forge, j’espère qu’il n’a pas ré-emménagé là-bas, c’est plus de son âge !

Réfléchissant à la meilleure solution pour gagner du temps, elle prit deux petits paniers d’osier, les noua l’un à l’autre par l’une des anses et les posa sur le dos d’Eros, un panier de chaque côté.

Kiper, je te donne une bourse, tu vas voir Tania et tu lui montres ce que vous voulez, comme d’habitude ! Prenez de quoi manger ce soir et demain matin, et faites-vous plaisir ! Et tu lui passe le bonjour de ma part ! Oh et si vous trouvez un bassin où on pourrait faire sortir Nala, elle doit s’ennuyer dans sa Captis Ball...

Elle passa la cordelette d’une bourse bien pleine au cou de l’Evoli, habitué à ce petit manège. D’habitude, il se contentait de passer commande à la commerçante qui se chargeait de les livrer dans la journée, mais avec un Cabriolaine, ils pourraient directement ramener les victuailles à la maison. Solennel, il grimpa sur le dos d’Eros, prêts à accomplir leur mission. Kira les gratifia tout deux d’une bonne caresse et d’un bisou sur le front, et ils sortirent tous les trois de la maison, se séparant sur le palier.
La ranine trottina en évitant les flaques de boue et les passants chargés d’outils, ne prêtant pas attention à leurs activités de nettoyage. Arrivée chez le Couturier, elle entra rapidement dans la petite boutique lumineuse, et l’interpela joyeusement tandis qu’il levait des yeux amusés de son ouvrage.

Bonjour Som’ ! Je suis de retour !

Bonjour Kira, ça fait un moment ! Tes vêtements auront encore du tissu entre les trous ?

La ranine éclata de rire et sortit les vêtements verts de son sac pour les tendre au couturier qui écarquilla les yeux devant la couleur et la couture. Taquin, il prit une mine offusqué.

Ce ne sont pas mes créations ça, tu m’aurais trahi ?

Non Som’, jamais ! Mais j’ai eu quelques petits soucis en chemin et je suis tombée sur Ceriza Shalos, la Cheffe de Mido qui m’a offert des vêtements de rechange absolument magnifiques ... avant que je les porte...

En effet, entre les tâches, les accrocs et le sable collé, ils ne ressemblaient plus à grand-chose, mais la forgeronne espérait que les doigts de fée du couturier sauraient leur rendre leurs superbes. Elle s’en voudrait d’avoir ruiné ce formidable cadeau et souvenir de sa rencontre avec les midoyennes. L’expert regarda de ses yeux affûtés le tissu sous toutes ses coutures – littéralement – et rassura la jeune femme.

Je vois... Ne t’inquiète pas, ce sera peut-être un peu plus long que d’habitude mais j’arriverais à les rendre... presque comme neufs ! J’imagine que tes autres vêtements ont rendu l’âme...

Oh merci ! Merci beaucoup ! Et oui, je n’ai même pas cherché à te les amener, c’était une catastrophe... Je t’en prendrai avant mon prochain départ, mais j’aurais surtout besoin d’une commande spéciale...

Le couturier releva ses yeux de son expertise quant au travail à fournir, intrigué par une telle formulation, cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas entendu cette phrase dans la bouche de la forgeronne, sûrement depuis qu’elle avait été nommée forgeronne à part entière par son père et qu’ils avaient fêté ça.

La Cheffe de Mido m’a invité à son mariaaaage !!!! J’aurais besoin d’une tenue hyper classe, enfin convenable, et joyeuse, et pas trop dénudé parce que finalement je ne sais pas quel temps il fait quand il n’y a pas la tempête à Mido, et je ne sais pas s’il faudrait du vert pour lui faire honneur ou quelque chose de plus traditionnel ranin pour lui faire honneur ou...

Ok ok ok, calme toi. Je vais y réfléchir, et tu vas me faire confiance pour les ébauches. Tu repasse dans quelques jours pour que je te montre ce à quoi je pense d’accord ?

Apaisant, comme toujours, Som’ avait le don de trouver les mots pour calmer l’excitation vestimentaire de Kira, et vu qu’il était toujours de bon conseil, elle inspira à fond et lui sourit.

D’accord, je te fais confiance, et je meuuuurs d’impatience !!!

Som’ rit et salua la ranine qui sortit de la boutique avant de le harceler davantage. Elle repartit, direction la forge Shikatiloni, toujours en se questionnant sur ce qu’elle pouvait offrir à Ceriza. Elle n’avait besoin de rien de spécial, surtout venant d’une forgeronne. Si elle avait eu plus de talent pour l’orfèvrerie, elle aurait peut-être pu lui faire un bijou, mais ce n’était clairement pas le cas. Alors quoi ? Elle ne pouvait décemment se présenter à un mariage les mains vides, quel outrage pour ses sauveuses, et quelle réputation elle donnerait aux ranins. Alors quoi !
Posant la main sur la porte de la forge après plusieurs minutes de marche automatique et guillerette, elle sourit de toutes ses dents, l’illumination étant enfin arrivée. Elle ouvrit le battant avec conviction, aux anges.

Papa ! Je suis rentrée ! Tu devineras jamais ce qui m’est arrivé ! J’ai rencontré la Cheffe de Mido et sa future femme, tu vas voir, ça a son importance... Elles m’ont sauvé de.. presque rien, et on a passé la soirée ensemble à manger des choses extraordinaires, rien à voir avec la tarte de l’autre fois hein... Enfin bref, et du coup elles m’ont invité à leur mariage !! D'ailleurs toi aussi!

Spoil Ceriza:

Kyle, une barre de métal dans le feu, restait muet. Les ombres lancées par le foyer ne permettaient pas à Kira de déchiffrer son expression, mais il était loin du père jovial et câlin qu’elle s’attendait à voir. Il semblait sombre et ce n’était pas dû aux jeux de lumière. Elle comprenait qu’il pouvait être inquiet de ses voyages, mais elle n’était partie que quelques semaines.
Semaines. Elle était partie avant la tempête, et revenait après. Après cet événement exceptionnel qui avait dû provoquer de grosses crues dans la Rivière Serpentine, faisant des ravages dans les cultures... Inquiétant son père, qui ne savait pas où elle était partie. La jeune femme se rendit compte de ce qu’elle n’avait pas remarqué depuis son retour à Chevropolis, les dégâts subis par les habitants pendant le déluge, et l’absence de vie à la maison. Il s’était replongé dans le travail pour ne pas imaginer le pire, et maintenant, il ne savait plus comment réagir. Elle l’avait laissé seul dans ses tourments. Prise de culpabilité, elle allait s’excuser et le rassurer quand il ouvrit enfin la bouche.

Spoil Ceriza:

Des semaines sans nouvelles, j'ai cru... Tu ressembles tellement à ... à ta mère et regarde ce qu’elle est devenue !

Sa voix. Cette colère. Elle ne l’avait vu que ce jour-là. Ce jour maudit qu’ils essayaient d’oublier. Ce jour où il lui avait dit que sa mère était... partie.
Kyle se remit à frapper le métal brûlant, plus comme un exutoire qu’avec précision, des larmes discrètes mais bien présentes sur ses joues barbues et trempées de sueur. Kira resta interdite. Ils n’abordaient jamais le sujet de sa mère, c’était leur façon à eux de s’en remettre, l’oublier et faire comme si tout allait bien. Si bien qu’elle avait commencé à l’oublier, peu à peu, cette femme merveilleuse qui l’avait aimé et sauvé. Alors, malgré la promesse que son père et elle s’étaient faite, elle voulait graver son visage, ses paroles et sa sagesse à jamais dans leur mémoire.
C’était difficile de ne pas penser au drame qui lui était associé, et ces derniers-temps, la ranine voyait bien que tous les sujets la ramenaient à sa mère et que cela rouvrait ses vieilles blessures. Mais elle luttait pour pouvoir se rappeler les bonnes choses, et elle était persuadée que son père aussi en avait besoin. Il fallait qu’elle avance son projet, persuadée qu’il retrouverait un peu de ce qu’il avait perdu au fil des années. De ce qu’ils avaient perdu tous les deux.

Alors Kira lutta encore pour garder son masque de mensonge, ce masque de joie pour surmonter cette colère. Il fallait qu’elle tienne bon, pour son père. Il fallait qu’elle les remonte tous les deux hors de l’eau, pour lui montrer qu’ils pouvaient être heureux même en se rappelant de petites choses de Nyssa, rien que son visage. Et que, si la dernière expédition de la fille et la mère avait été fatale à cette dernière, ce ne serait pas le cas de Kira. Elle reviendrait. Toujours. Elle le devait.

La jeune femme n’avait pas remarqué l’arrivée de Kiper et Eros derrière elle. Les pauvres s’étaient immobilisés sur le pas de la porte, témoins silencieux de la scène, craignant que leur maîtresse ne s’effondre devant ce comportement qu’ils ne connaissaient pas chez le forgeron. Le petit Evoli tout particulièrement, lui qui avait dû ramasser les morceaux brisés du cœur de Kira quand ils s’étaient rencontrés, et qui redoutait tant qu’elle ne se brise à nouveau.
Mais quand elle se retourna, la ranine exposa un visage détendu qui calma les pokemons, quoique Kiper trouva étrange une telle indifférence. En cherchant un peu, il aurait pu déceler le vide dans le regard de son amie, mais le sourire rassurant qu’elle leur offrit en les rejoignant le détourna de ses craintes. Kira inspira à fond, caressa ses deux compagnons avant de ressortir de la forge.

Comme si rien ne s’était passé, la flamme dans ses yeux se ralluma, achevant de les convaincre, et ils filèrent tous les trois acheter le métal nécessaire à ses deux créations, grignotant même un fruit sur le chemin.