Il lui semblait que les erreurs s’accumulaient depuis qu’elle était partie. A chaque fois elle avait miraculeusement réussit à s’en sortir indemne. Malta qui avait vaillamment repoussé le Rototaupe, non pas une mais deux fois. L’incendie ou elle et son pokémon avaient bien faillit y passer si ce n’était pour les Chefs des royaumes et ce soldat. Et maintenant Vagabonde et Jolter qui en plus de la sauver du froid l’avaient sauvée d’un monstre de glace. Pour chaque incident la catastrophe semblait avoir été évitée que grâce à une chance de dernière minute et surtout, l’aide d’autrui. Elle était adulte par Arceus ! N’était-il pas temps qu’elle réussisse à se débrouiller toute seule ? Qu’elle puisse aider les autres au lieu de l’inverse ? Ne pouvait-elle donc pas rendre le monde meilleur ?

Laurel retint un sanglot qui voulait s’échapper de sa gorge. Voilà qu’en plus elle se mettait à s’apitoyer sur son sort. C’était pathétique. Toutes les émotions des dernières semaines semblaient décider à refaire surface pour venir inonder son optimisme. Elle valait mieux que ça. Elle devait être mieux que ça.

La Ranine sursauta lors que Vagabonde s’adressa à elle d’une voix douce. Lentement Laurel tourna la tête pour lui faire face, s’accrochant à ses propos comme une bouée de sauvetage. Elle se noyait dans la tempête de ses émotions sans savoir comment garder la tête hors de l’eau mais Vagabonde, Vagabonde lui tendait une main bienveillante, un soupir de bonté et une vision neuve. Sa voix chassait les nuages sans les châtier, les laissant perdre leur eau pour retrouver leur pureté. Quelques larmes perdues s’étaient mise à couler qu’elle essuya rapidement d’un revers de main.

Malta se rapprocha un peu plus. Cherchant timidement à soutenir sa dresseuse. Le dragon initiait rarement le contact. Ce n’était pas une espèce des plus chaleureuses. Les petits étaient quasiment abandonnés à leur sort après leur naissance et le fort caractère territorial de la créature rendrait les interactions encore plus difficiles et sa Peau Dure rendait l’intimité physique dangereuse. Pourtant, elle prit soin d’effleurer Laurel le plus délicatement possible, glissant son museau où les écailles étaient les plus délicate le long de sa cuisse. Elle fixait sa dresseuse de ses yeux fendus cherchant son attention et son amour.

Laurel se tourna vers Malta. Le monstre qui avait ruiné sa prothèse et volé ses bijoux semblait être un lointain souvenir. Elle avança sa main et la Griknot vint y poser sa tête comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. La Ranine regarda Vagabonde avec tumulte d’émotions.

« Merci. » souffla-t-elle avec toute sa reconnaissance. « Merci. »

Puis Laurel fit ce qu’elle avait voulu faire durant l’attaque du Grand Conseil. Ce qu’elle aurait dû faire il y a de cela des lustres. Elle pris Malta dans ses bras et la serra tendrement.

« Je suis désolé Malta. Je ne suis pas la meilleure dresseuse. Je peux à peine faire trois pas sans faire une bêtise, j’ai des rêves irréalisables et totalement fous. Et j’ai besoin de toi, j’ai tellement besoin de toi. Alors, merci. Merci d’être à mes côtés. »

La Griknot se laissa faire, frottant sa tête dans le cou de Laurel. Elle n’était pas exactement confortable, les câlins étaient tout nouveaux pour elle, mais elle ne bougea pas, profitant de ce rare moment d’intimité entre dresseur et pokémon.

Finalement Laurel soupira, relâchant la tension qui s’était accumulée au cours des dernières minutes. Malta s’installa à côté de Laurel, rassurée que son étrange amie aille bien. La Ranine remarqua finalement la présence des pokémons de Vagabonde à côté d’elle. Elle se frotta rapidement les yeux avant de lancer un sourire timide.

« Hey. Désolé pour ça. J’espère que rien n’a brûlé, ce serait bête que le repas soit immangeable ! » tenta-t-elle de plaisanter.

Elle attrapa les assiettes qu’elle avait sorti pour servir ses compagnons. Elle fit attention de préparer des portions pour l’oiseau bleu et le Goupix shiny. Elle garda les plus gros morceaux de viande pour Malta qui n’aimait pas les petites portions et préférait marcher sa nourriture.

« Bon appétit vous l’avez mérité. »

Puis elle se tourna vers Vagabonde pour lui tendre son assiette. Cette femme incroyable,

« Je te connais depuis à peine quelques heures et pourtant … Merci, pour tout. » Elle lui sourit. « Je peux te faire un câlin ? »

Les Senjak avaient toujours été du type à montrer leurs affection physiquement, Laurel ne faisait pas exception à la règle. Elle n’avait jamais été très douée avec les mots mais cela ne voulais pas dire qu’elle ne les appréciait pas. Et aujourd’hui, Vagabonde avait été exactement ce dont elle avait eu besoin. Une source de sagesse et de compassion, la voix de la raison.

Malta jeta un rapide coup d’œil vers la sortie pour voir Jolter et son équipe partir. Elle laissa échapper un grondement. La prochaine fois qu’elle croiserait cet Elekid elle le croquerait.

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En voyant la première réaction de Vagabonde, Laurel senti la gène lui teinter les joues. C’est vrai que pour c’était tout à fait normal de faire des câlins. Que ce soit après une dispute, pour remercier quelqu’un ou juste pour montrer son affection c’était toujours son premier instinct. Elle n’avait même pas imaginé que quelqu’un puisse être gêné par ça. Du coup Laurel se retrouvait à moitié en train de rougir et à moitié en train de rigoler à cause de la réaction de Vagabonde.

La tension suscitée par les émotions précédentes semblait s’être entièrement envolée. Disparue l’incroyable guerrière qui avait terrassé un pokémon sauvage et disparue la femme pleine de sagesse, à la place Vagabonde était devenue aussi adorable qu’une jeune fille timide. C’était absolument adorable.

« Comment tu peux être à la fois si mignonne et si impressionnante ! » rigola-t-elle « Et je ne t’aurais pas proposé si je ne voulais pas. »

Laurel s’avança pour prendre Vagabonde dans une embrasse, passant ses bras autour de son corps. Elle sentait bon. La Ranine ne s’était pas rendue compte de à quel point le contact humain lui avait manqué. Ça faisait du bien de pouvoir se relaxer comme ça avec quelqu’un. Au bout de quelques secondes la joaillière la relâcha.

« Tu vois ce n’était pas si terrible que ça. » dit-elle en plaisantant.

Elle prit alors son assiette pour commencer à manger comme si de rien n’était. C’était un câlin, il n’y avait pas de quoi en faire tout un plat. Laurel sourit à sa blague mentale. En parlant de plat, elle venait de remarquer que le maître d’arme et sa mini-armée n’était nulle part en vue. Elle se leva.

« Je reviens. »

Dehors, aucune trace de Jolter si ce n’était des traces de pas qui s’éloignaient dans la neige. Solitaires et déterminées. Laurel était sûre d’une chose. Elle n’appréciait pas l’homme. Elle e trouvait violent et peut-être même cruel mais, il y avait tout de même une certaine forme de respect pour cet homme qui avait maîtrisé l’art du combat. Il y avait en lui un peu de ce qu’elle rêvait d’être. Un guerrier, fort, courageux, sûr de lui. Sa rencontre avec lui restait amère. Mais de la même manière qu’on mange un fruit moisi dont le goût reste marqué sur les papilles, sa rencontre avec l’homme restera mémorable. Laurel retourna près du feu pour finir son assiette laissant derrière elle le froid de la toundra.

« Il est parti. » renseigna-t-elle simplement.

Malta ne leva même ma son museau de son morceau de viande qu’elle secouait dans tous les sens, éclaboussant de la sauce un peu partout. Les pokémons de sa compagne étaient tout aussi adorables.  

« Du coup tu as deux nouveaux compagnons ? Ils ont des noms ? » demanda-t-elle. « Tu connais un peu Sakai ? Parce que je cherche à rejoindre les Marais pour trouver un Métamoph. »

Tant Vagabonde que Jolter avaient eu de nouvelles additions à leur petite famille aujourd’hui. Avec un peu de chance, si son idée fonctionnait et si elle avait de la chance, elle pourrait peut-être elle-même se trouver un nouveau compagnon. Mais d’abord il fallait atteindre les Marais de Sakai en un seul morceau. Les Marais semblaient être un terrain hostile où la nature régnait en maître. On racontait qu’il s’y trouvait tout un tas de pokémon venimeux où le simple contact pouvait vous tuer. C’était certainement des exagérations mais il valait mieux de préparer au pire que de subir les conséquences d’un Toxic.

Malta avait développé un peu son instinct de combat au-delà du on-charge-dans-le-tas-jusqu’à-ce-que-l’ennemi-crève mais elle manquait un entraînement propice pour faire bon usage de ses capacités. Et Laurel n’avait même pas l’once d’un soldat en elle. Tant en matière de rigueur militaire que pour les connaissances et compétences martiales. Le duo avait eu de la chance dans toutes leurs aventures mais jusqu’à quand Dame Fortune allait-elle rester de leurs côté ?

Laurel reposa son plat terminé. Elle se mit à jouer un peu avec ses bijoux, intimidée à l’idée de demander une faveur à sa compagne de grotte. Elle se disait que c’était beaucoup demander à une personne dont elle ne connaissait même pas le nom. Pourtant, Vagabonde était comme un miracle des dieux. Une femme compétente, gentille, pleine de sagesse qui en plus avait une maîtrise impressionnante de ses armes. Un professeur idéal.

« Et, euh… je sais pas trop comment amener ça. Mais, est-cequetuveuxbienm’apprendreamebattre ? » demanda-t-elle d’un seul souffle. « Je sais plus si je te l’ai déjà dit mais je veux devenir Chevalier et … je n’ai jamais eu l’opportunité d’avoir un mentor. Je suis joaillière de formation donc c’est vraiment absurde comme rêve mais… je pense qu’on devrait suivre la voix que l’on veut même si celle-ci n’est pas celle qui a été désignée pour nous. » Laurel se mit à rougir légèrement. « Désolé, oublie ça, c’est idiot. »

Pendant ce temps Malta avait finalement réussit à gober un morceau de viande.

Laurel regarda le petit groupe qui somnolait gentiment. Invar et Nival semblaient s’être intégrés sans aucun problème et la Ranine enviait un peu cette facilité qu’avait Vagabonde à lier des liens avec ses pokémons. Malta s’était rapprochée le plus possible du feu pour finir son plat en silence. Laurel avait attrapé la nappe pour se la mettre sur les jambes. La scène avait un petit côté nostalgique. C’était un peu comme ces soirées passées en famille au coin du feu, calme et reposant. Après les larmes et les mots durs de Jolter cette nouvelle paix n’était que plus appréciée.

Laurel rigola un peu amèrement à la remarque de Vagabonde. « Je suis un aimant à ennuis que veux-tu ? »

Elle prit ensuite quelques secondes pour réfléchir à la proposition de sa compagne de grotte. Elle avait entendu quelques histoires pas nettes sur le Lac Noctali et il était vrai que passer par Enogen serait non seulement plus sûr mais aussi une opportunité de voir plus de monde. C’était aussi les marchants d’Enogen qui avaient les plus belles pierres et si elle voulait continuer à voyager elle allait devoir vendre quelques-uns de ses bijoux pour récupérer des écus. Elle avait en plus toujours voulu visiter la capitale de Sakai, les voyageurs ne cessaient de venter la beauté de ses pierres ébènes et la richesse de sa culture. Et puis, si la bibliothèque était aussi grande que les Sakaiens le disaient alors elle allait forcément trouver un où deux romans qu’elle n’avait pas encore lu. Elle pourrait même essayer de les ramener pour Amun.

« Va pour Enogen ! J’en profiterai aussi pour faire boutique. » répondit-elle.

La suite de la réflexion de Vagabonde la secoua un peu néanmoins. C’est vrai qu’elle leur avait dit être exilée mais, avec tout ce qu’il s’était passé c’était sorti de la tête de Laurel. Elle avait supposé au début que la femme blonde avait été chassé d’un royaume peut-être Kuni ? Elle avait entendu dire qu’il y avait des Evolis là-bas. Mais avec sa remarque sur le quota de jour à remplir et un lieu d’exil particulier elle se demandait si elle ne s’était pas trompée. Visiblement elle n’était pas Sakaienne et ne faisait apparemment pas partie de l’armée non plus. C’était un femme embaumée dans le mystère et si les lèvres de Laurel brûlaient de questions qu’elle voulait poser, sa politesse lui fit garder le silence.

Laurel sursauta en entendant la dernière plaisanterie de Vagabonde. Un large sourire naquit sur ses lèvres faisait pétiller ses yeux d’excitation. Elle avait son mentor. C’était une première étape. Un premier espoir vers un rêve titanesque. Cela faisait battre son cœur à toute vitesse. Elle avait un mentor et une amie.

« Je serais prête demain ! A vos ordres Chef ! » rigola-t-elle en prenant une parodie de pose de garde-à-vous.

Elle allait apprendre à se battre !! Elle allait apprendre à manier l’épée ! Elle rigola de joie, sautillant sur son siège. Demain une nouvelle vie allait commencer. Elle avait tellement hâte. Elle abordait l'idée de l'entrainement du lendemain avec la même impatience que les veilles d'anniversaire où elle savait pertinemment qu'elle allait pouvoir se régaler avec de bons plats et de magnifiques cadeaux.

« J’arrive pas à croire que je vais apprendre à me battre ! Merci, milles merci !! »

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