Par soucis d'économie, j'avais loué une chambre au Goelise remplumé, une auberge de Vénovos ni trop aisé - pour les prix acceptables de ses chambres - ni trop ruiné - pour éviter les odeurs malsaines et les punaises de lit. Certes, la grande salle, sous les chambres, était bruyante car souvent pleine de monde, du marin venu se rafraichir aux filles de joies qui y trouvaient des clients en passant par des saltimbanques qui s'essayaient aux art de la scène. Mais qu'est-ce donc que du bruit contre quelques pièces qui vous restent dans les poches au lieux de finir ailleurs ?

Je savais que je n'avais pas les moyens de payer une autre chambre pour Berto et j'avais passer le chemin à me demander comment faire. On ne pouvait pas dormir à deux dedans, impossible sans finir l'un sur l'autre et même ainsi, il serait bien trop dur de trouver le sommeil. Je pouvais pas le laisser dormir par terre, ce n'était surement pas convenable, mais je ne pouvais pas non plus lui laisser le lit pour finir sur le plancher. Après tout c'était quand même moi qui l'avait payer, cette chambre !

Avant de pousser les portes de l'auberge, j'avais rentrer Galantine dans sa ball pour éviter qu'elle ne s’inquiète du risque de se salir. Haka lui n'avait pas cessé de jouer avec la Plumeline ou du moins de l'occuper avec ces petites bulles. Je ne pouvais m'empecher de me demander si il n'avais pas eue un coup de foudre pour la danseuse...

Bref, passant les portes, une bonne odeur de ragoût me tapa dans le nez et mon ventre se mit à gronder. C'est vrai qu'à faire le tour des anciens clients de mes parents en peu de temps, j'avais omis de me nourrir convenablement. J'avisais une table de vide et regarder mon compagnon de fortune.

"Mangeons, nous trouverons une solution pour le coucher plus tard."

Chantons,

dansons, flirtons ~

PV Vakaris & Camille
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Hériberto suivit Vakaris tout en continuant de réfléchir. Lisa était venue sur son épaule, comme à son habitude, et semblait particulièrement de bonne humeur, comme si toutes les galères qu'ils avaient subi n'étaient déjà plus qu'un mauvais souvenir et que l'avenir serait rayonnant de réussites. Quelle optimiste décidément.
Bien qu'il soit encore un peu perdu entre tous ces changements, ces imprévus et ces découvertes, Héri se sentait lui-aussi bien plus serein qu'il n'aurait pu croire possible en pareilles circonstances.
Viré de l'armée – il avait échappé de peu à la corde – et banni de sa famille. Sans le sou ni le toit. Il avait rendu sa liberté à Vitruvius. Et il était maintenant en compagnie d'un jeune homme qu'il croyait être une femme quelques temps encore auparavant. Il y avait de quoi déconcerter !
Mais non, il avait cette étrange sensation, qu'il n'avait jamais vraiment ressenti, qu'il avait toujours désiré sans le savoir : la liberté. Maintenant qu'il n'était plus personne, il pouvait peut-être devenir qui il voulait vraiment !
Les détails n'avaient pas d'importance, il se laisserait un peu porté par le courant sans trop réfléchir, sans le combattre non plus. Il avait essayé toute sa vie et ça n'avait rien donné de bon.

Les odeurs de l'auberge assaillirent Berto qui saliva à l'idée d'un repas, quel qu'il soit. Malheureusement, il n'avait pas un sou en poche, et se retrouvait à dépendre de l'infortuné qui lui avait tendu la main. Il tâcherait de se rendre utile, de l'aider dans ses tâches du mieux qu'il pourrait et de le rembourser dès que possible. C'était la moindre des choses.

Bonne idée ! Je m'excuse d'avance, je n'ai pas de quoi payer ce repas, mais je vous promet de me rattraper, d'une manière ou d'une autre !

Ils s'installèrent à table et il laissa le soin à son compagnon de commander, histoire de lui permettre de choisir en fonction de ses moyens. Si sa phrase pouvait être interprétée de bien des manières, il n'y avait mis aucune malice. Loin de se rendre esclave à nouveau, il voulait réellement remercier son sauveur, et pourquoi pas, faire plus ample connaissance.

La salle était bien animée, remplie de chansons, de discussions bruyantes et de tintements de verres. Il ne risquait pas de tomber sur de la famille ici, et c'était parfait comme ça ! Un lieu où il n'avait pas besoin d'être quelqu'un pour être à l'aise, un lieu où on ne le connaissait pas, ni lui, ni son passé.
À moins qu'un soldat lambda ne soit venu se rafraîchir et ne le reconnaisse. À coup sûr, ce serait le genre à lui gâcher sa soirée en provocations futiles... L'avantage de ces tavernes, c'était qu'en cas de bagarre, l'ambiance ne retombait pas pour autant, il suffisait de se faufiler discrètement vers la sortie pour retrouver la paix.

Ce fut une serveuse bien chargée qui leur apporta leur collation en se frayant un chemin entre les nombreux clients, et elle leur demanda gentiment – sans vraiment leur laisser le choix à vrai dire – d'aller récupérer les boissons directement au bar.

Je m'en occupe, mangez Vaka, j'arrive tout de suite.

À lui maintenant de se frayer un chemin jusqu'à destination s'ils voulaient boire en mangeant. Fut un temps où il aurait écarté avec condescendance ceux qui se trouvaient sur son chemin, mais curieusement, il avançait plus vite en se glissant comme un Séviper.
Arrivé au bar, on lui tendit les deux verres promis, et il se prépara au chemin du retour quand on l'écarta pour prendre sa place au comptoir. Rassuré de n'avoir rien renversé – remercions l'expérience – Hériberto se retourna pour apostropher l'importun, rattrapé par ses vieilles habitudes. Mais en découvrant son visage, il se ravisa aussitôt et se détourna pour lui tourner le dos. Le fameux Yorick croisé un peu plus tôt dans la journée commandait avec quelques amis à lui. Pourvu qu'il ne l'ait pas reconnu !
Berto baissa la tête et s'éloigna avec ses boissons en se faisant le plus discret possible, il fallait qu'ils mangent et qu'ils s’éclipsent plutôt rapidement s'il ne voulait pas que la poisse ne le rattrape !

feat.

HRP: