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 What is Dead May Never Die (OS)
Corvus Eddaryon
Corvus Eddaryon

Psy


Messages : 354
Écus : 1335
Âge du Personnage : 25 ans
Métier / Occupation : Cavalier Aérien (Soldat)
Lieu de Résidence : Enogen
Équipe Pokémon : 9 pkmns
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Psy


Message Sujet: What is Dead May Never Die (OS)   What is Dead May Never Die  (OS) EmptyMar 19 Mai 2020 - 6:28

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WHAT IS DEAD MAY NEVER DIE
But rises again, harder and stronger



L’hiver était passé dans les toundras du nord et la neige avait laissé place aux steppes si typiques de cet endroit du monde. Du haut du ciel, Corvus avait vu les herbes rêches danser sous l’effet du vent et former parfois des vagues géantes de verdure, qui n’avaient rien à envier à celles de la mer. A l’image de Sakai, ces plaines étaient austères, arides à leur manière. Voisines des grandes montagnes de l’ouest qui séparaient Ekoe du reste du monde, le temps et les saisons passaient sur elles sans ne jamais les changer.

Corvus le savait, il ne reverrait pas avant longtemps ce paysage si endémique de son pays. Bientôt, le devoir le conduirait à l’autre bout du monde où l’attendait une mission ô combien complexe à laquelle il ne s’était jamais préparé. Soit prudent lui avait dit Assam … bien sûr qu’il serait prudent, mais bien d’autres choses taraudaient son esprit, des choses qui ne manquaient pas de compliquer une situation déjà bien alambiquées. Corvus avait essayé d’oublier les visions que lui avait faite voir cette maudite voyante à Enogen, pourtant bien malgré lui une part de son être s’y était refusé, car persuadé de leur véracité. Le cavalier aérien avait tenté d’être rationnel et de se convaincre que tout cela n’avait été qu’une illusion, qu’une farce savamment montée … pourtant, il y avait pensé, encore et encore, y avait chercher un sens, en vain. Y en avait-il simplement un ? Le corbeau et le grand roncier, les deux lions, le dragon dans la montagne, et cette prophétie que la voyante lui avait énoncé ... Corvus se trouvait idiot d’y porter un quelconque intérêt, pourtant c’était bien elles qui l’avait poussé à se rendre dans le nord. En partie.

Le dragon gardien de la montagne avait indubitablement tourné son esprit vers les toundras du nord. Ne cherchait-il pas sa flamme prisonnière de la glace ? A sa connaissance pourtant, aucun dragon ne vivait dans ces régions froides. La plupart des dragons d’Ekoe vivaient au sud, à Ran, où le soleil était le plus fort.  Corvus était perplexe, mais quelqu’un dans les villages du nord était peut-être en mesure d’éclaircir cette vision des plus étrange : son cousin, Sekou. Au vu des circonstances, Corvus faisait d’une pierre deux coups : il n’avait pas revu Sekou depuis qu’il était allé chercher Crowfang, son épée forgée à partir d’une des plumes de Skadia, et puisqu’il n’était pas près de revenir dans cette région du monde avant un bout de temps, c’était là un bon prétexte pour revoir une dernière fois l’adolescent avant longtemps.

La mi-journée était depuis longtemps passée lorsque Skadia se posa aux abords de Kattouga, le village nordien qui avait vu naître Ewa et au sein duquel vivait toujours une partie de sa famille. Son arrivée attira l’attention de beaucoup de monde au village et plus encore les enfants, trop peu habitués aux visites des sudistes – tel était le nom que donnaient les habitants de Kattouga à ceux qui venaient du sud de leur village – Animal peu commun dans cette partie du monde, l’Airmure suscitait leur admiration. A la fois effrayés et fascinés, les enfants firent un jeu de l’approcher, se défiant mutuellement afin de savoir qui aurait le courage d’effleurer son armure d’acier, sous le regard angoissé de leurs parents qui leur hurlaient bien en vain de garder leur distance.

A Kattouga, Corvus n’était pas un étranger. L’union de sa mère avec Assam faisait de lui le neveu de Nima – la sœur d’Ewa – et d’Ivarys, chef du village et père de Sekou. Si Corvus ne partageait aucun lien de sang avec Ivarys, les deux hommes s’appréciaient malgré l’ombre qu’Assam portait sur eux. Ivarys avait l’intelligence de ne pas tenir Corvus responsable de cette inimité qui régnait entre Assam Eddaryon et, de manière générale, Kattouga tout entier. Les circonstances faisaient que le jeune homme voyait peu son oncle, mais cela ne les empêchait pas de partager des choses. Malgré tout, c’était bel et bien avec Sekou, son cousin, que Corvus avait le plus d’affinité et ce fut lui, bien évidemment, qui fut le premier à l’accueillir. Pendant presque longtemps, Sekou le bombarda de questions … il voulait tout savoir : était-il chevalier maintenant ? Corvaillus brillait-il toujours par son absence ? Avait-il revu Laurel Senjak ? Salava avait-elle évolué ? Combien avait-il de pokémons maintenant ? Avait-il trouvé une femme ? Sekou était fatiguant, mais Corvus ne pouvait lui en vouloir. L’adolescent souffrait de ne pas pouvoir voir son cousin aussi souvent qu’il le voulait – c’est-à-dire tout le temps – et Corvus ne pouvait décemment pas lui reprocher son enthousiasme.

Lorsque Sekou en eut finalement terminé avec lui, le nordien lui offrit à boire et ils s’installèrent autour d’une épaisse table en bois sculpté. Ivarys et Nima vivaient dans une maison-longue haute d’un étage, qui servait également de lieu de célébration. A cette heure de la journée, elle était déserte et après le brouhaha du village Corvus en apprécia le calme. Au détour d’une conversation, le sakaien en vint à la raison de sa visite.

« — Sekou, j’ai une question à te poser » déclara Corvus, presque hésitant « Aurais-tu connaissance d’un dragon dans les montagnes ? Un dragon qui vous voudrait du mal, qui défendrait les montagnes ? » lui demanda-t-il.

Corvus vit le garçon froncer les sourcils, un peu étonné.

« — Les dragons nous veulent toujours du mal, Corvus » lui répondit Sekou, un sourire aux lèvres. Après tout, les dragons n’avaient-ils pas pour habitude de voler les trésors et de brûler les hommes ? « Non, pas de dragons à l’horizon » déclara-t-il finalement « Pourquoi est-ce que tu me poses cette question ? » questionna l’adolescent.

Corvus se redressa dans sa chaise, laissa ses doigts effleurer les rainures de la corne de Cochignon qui lui faisait office de verre. Pendant un instant, il fut tenté de mentir à Sekou … il savait déjà ce que le garçon allait lui dire et aurait-il vraiment tort ? Bien qu’il était plutôt mal placé pour parler de superstitions – les villages du nord regorgeaient de croyances assez peu tangibles – Corvus lui-même se trouvait idiot d’y porter un quelconque intérêt. Pourtant, résidait en son cœur une étrange pressentiment qu’il ne parvenait pas à apaiser. Lorsque Corvus avoua finalement la raison à Sekou, un sourire se dessina sur le visage de son cousin.

« — Quoi ? Tu as vu une voyante ? Toi, le Grand Corbeau de Sakai ? » s'étonna Sekou, à la fois surpris et amusé. Corvus se renfrogna.

« — Ne m'appelle pas comme ça » rétorqua le sakaien.

Etrangement, Sekou ne chercha pas à en savoir davantage. A quoi bon ? Lui non plus n’avait pas les réponses et il se garda bien de le questionner sur le reste. Après tout, c’était le fardeau de Corvus, ce genre de poids qui ne pouvait être partagé. Quand bien même l’aurait-il voulu, le cavalier était bien trop secret pour lui dévoiler ce genre de choses. Cela ne portait-il pas malheur, d’ailleurs ?

Un silence sépara les deux garçons, un silence que seul le crépitement du feu qui brûlait au cœur du foyer venait perturber de ses claquements.

« — Je pars demain pour Venovos, je ne reviendrai pas avant un bout de temps » déclara finalement Corvus.

Pendant un instant, Sekou resta silencieux, accusant le coup. L’idée de voir son cousin partir si loin pour semblait-il si longtemps le minait quelque peu. Pourquoi fallait-il qu’il parte, hein ?

« — Pourquoi est-ce que tu ne restes pas ici, Corvus, là où est ta place ? » lui demanda Sekou, presque à regret « Tu pourrais être heureux ici, avec nous, loin du monde. Je sais que tu as cela en toi, quelque part. C’est dans ton sang après tout. Ewa est née ici, et ton père a aimé cet endroit autrefois. Ma mère m’a raconté l’histoire. Il le déteste aujourd’hui parce qu’il lui rappelle cette vie à laquelle il a renoncé il y a plus de vingt ans. Lui aussi, il croyait être obligé de le faire, de partir. Pour permettre à la maison d’Eddar de prospérer, de continuer de vivre. La vérité, c’est que vous n’êtes pas obligé de faire ça. Ce n’est qu’un nom, qu’une histoire. Vous vouez vos vies à une chose qui n’est pas matérielle, vous la laissez vous enchaîner à des obligations, à des devoirs qui ne sont pas réels. Ici, tu pourrais avoir une vie, la tienne. Tu pourrais avoir une femme et des enfants, tu pourrais cultiver ta terre et pêcher ton poisson, regarder le soleil se lever à l’est et se coucher à l’ouest. Ici, tu pourrais vivre pour toi, et non pas pour les autres » affirma le nordien. Il hésita un instant, puis ajouta finalement « Une maison règne en son temps, et puis elle s’éteint. Combien de temps encore refuserez-vous de l’accepter, vous, les Eddaryon ? » déclara-t-il.

Le discours de Sekou le laissa un instant perplexe. Une part de ses mots faisaient écho à ceux prononcés par Azmitia quelques semaines plus tôt et cela troubla Corvus. Où était passé le garçon qui rêvait de découvrir le monde ? Où était ce cousin, un peu naïf, qui se moquait de tout ? Il y avait  dans ses paroles une vérité profonde, qui faisait vibrer quelque chose d’enfouis en lui : le nordien avait raison et il le savait.

« — La voyante me l’a prédit » déclara Corvus en guise de réponse « Elle m’a prédit que la maison du Grand Corbeau s’éteindrait sous ma garde » expliqua-t-il.

Les mots de la voyante le troublaient encore. Comment la maison du Grand Corbeau pouvait-elle s’éteindre, elle qui avait vu Ekoe naître, grandir et prospérer ? La maison d’Eddar faisait partie de son histoire et puisqu’elle avait toujours été là, Corvus n’imaginait pas le monde sans elle. Pourtant, une part de lui y croyait … après tout, Corvus était le dernier de la lignée. Et s’il venait à mourir avant d’avoir un fils ou une fille ?

« — Tu vois » répondit simplement le nordien.

« — Je ne laisserai jamais ça arriver » affirma le sakaien.

Une moue traversa le visage de Sekou … Corvus était tellement, tellement si sûr de lui ! Sekou le savait, son cousin était en mesure de donner sa vie pour défendre sa maison, pour défendre ce nom qui avait traversé les âges, et dans quel but ? Cela leur avait-il réellement apporter le bonheur ? Corvus s’y accrochait si désespérément, sans comprendre que parfois, lâcher prise était, non pas la seule et unique solution, mais la meilleure.

« — Il faut accepter que certaines choses se terminent pour en voir d’autres commencer. Peut-être que la maison d’Eddar est destinée à disparaître. Peut-être qu’en disparaissant, elle permettra à quelque chose d’autre de s’élever … ta propre maison peut-être, celle que tu auras bâtit à ton image, une qui montrera ce que tu es, et non ce que les autres veulent que tu sois » déclara-t-il.

Corvus l’observa longuement … il n’avait jamais pensé voir cela sous cet angle. Plus que jamais, Sekou l’étonnait par ses paroles. Il avait l’impression qu’une éternité les séparait désormais. Bien qu’étant lui-même encore jeune pour se faire cette réflexion, Corvus ne l’avait pas vu grandir.

« — Quand es-tu devenu si sage, Sekou ? » lui demanda-t-il finalement. Sekou eut un sourire, rit presque.

« — J’ai tué un Absol aujourd’hui » déclara-t-il en guise de réponse.

Y avait-il une réponse ? Non, il n’y avait pas de réponse. Dans le coeur de Sekou résidaient cet étrange paradoxe : comment pouvait-il avoir ce discours, tout en restant fondamentalement accroché aux coutumes de son village ? Encore une fois, il n’y avait pas de réponses, mais cela ne retirait en rien la véracité de ses propos.

***


Le jour avait laissé place à la nuit et au cœur du village, un immense feu avait été dressé en l’honneur de la dernière chasse. Dans le nord, les Absols avait toujours fait partie de ces pokémons chassés et persécutés. Porteurs de malheur et de mauvais augure, la mort d’un de ces pokémons à Kattouga suscitait toujours beaucoup de joie, car en tuer un revenait à tuer la malchance. Si Corvus ne partageait pas toujours leurs croyances, il ne pouvait s’empêcher d’apprécier ces instants si particuliers, si atypiques et que jamais encore il n’avait eu l’occasion de rencontrer ailleurs. Les villages du nord étaient un autre monde et paraissaient évoluer dans une autre réalité, bien différente de celle des autres contrées d’Ekoe. Etait-ce pour cela que Shama, son Osselait, aimait y passer du temps dès qu’il le pouvait ? Corvus n’en savait rien mais si tel était le cas, le jeune homme pouvait le comprendre. Shama était né dans les montagnes de Sakai, cela faisait partie de lui après tout.

Assis sur un large rondin de bois installé près du feu, Corvus l’observait s’agiter autour des flammes. Cette fois, il avait peint sur son crâne des marques différentes qui changeaient de l’ordinaire. Il avait dessiné sur front quelque chose qui ressemblait vaguement à une flamme et avait teinté le bout de ses deux cornes. Cet Osselait était étrange mais Corvus n’y faisait plus attention depuis bien longtemps. Un peu sans prévenir, Shama s’approcha de lui, se hissa tant bien que mal sur ses genoux. Il posa sa patte pleine de peinture sur le front du sakaien, laissa ses griffes glisser jusqu’à son nez.

« — Mais … qu’est-ce qu’il fait … » s’étonna le jeune homme, que la surprise avait paralysé un instant.

Oui vraiment, qu’est-ce que Shama faisait ? Corvus en était certain, il avait désormais lui aussi des marques sur le visage. Le soldat pouvait les sentir, encore fraiches sur sa peau. A côté de lui, le sakaien entendit son cousin s’en amuser. Déjà, Shama avait regagné le sol et s’était éloigné.

« — Je ne sais pas, Corvus, c’est ton pokémon » lui répondit Sekou, amusé.

Corvus soupira, observant Shama évoluer autour du feu.

« — Tu devrais le garder. Il a l’air plus heureux ici » affirma Corvus en regardant l’Osselait aviser les flammes.

« — Bien sûr que non. C’est avec toi qu’il veut être, regarde : il n’y a qu’à toi qu’il a fait ces marques » déclara Sekou en désignant le front de son cousin.

Shama était parti fouiller dans les affaires de Corvus. Le jeune homme le voyait chercher ardemment quelque chose. Lorsque l’Osselait revint finalement, il tenait entre ses griffes une flute atypique qu’il apporta au soldat. Sans attendre, Shama la lui tendit, d’abord paisiblement, puis avec de plus en plus d’insistance. Le sakaien goûtait peu à sa requête et il tenta un instant de dissuader le pokémon, mais Sekou intervint finalement.

« — Allez, fait-lui plaisir Corvus » déclara-t-il simplement « Tout le monde sait que tu sais le faire ici. Et puis, cela nous changera un peu de ce vieux Kharak. Il joue bien mais … je suis curieux de voir ce qu’Ewa t’a appris » affirma le nordien, un sourire aux lèvres.

Shama l’observait avec insistance, sans ciller, sa main résolument tendue vers lui. Tour à tour, Corvus observa son cousin et son pokémon … s’étaient-ils concertés ? Après un long instant d’hésitation, le jeune homme se décida finalement à saisir la flute. Il leur devait bien cela après tout, non ? En apercevant soudainement l’objet dans ses mains, un groupe d’enfants se précipita vers lui. Ils formèrent un demi-cercle autour de lui et Corvus sentit leurs yeux se poser sur lui. Déjà, ils s’installaient dans l’attente de le voir commencer. Une petite fille s’approcha plus que les autres, tira l’une de ses manches dans l’espoir d’attirer l’attention du guerrier.

« — Est-ce que c’est toi qui va jouer aujourd’hui monsieur ? » lui demanda-t-elle.

Corvus la fixa un instant. Aux yeux du sakaien, les enfants étaient des créatures étranges. Le jeune homme n’avait pas l’habitude de leur contact, pourtant il ne s’en trouvait pas troublé. A vrai dire, il les aimait bien … le monde était plus simple avec eux, moins compliqué, moins faux. Comme les pokémons, les enfants ne mentaient pas et ne se compliquaient pas la vie.

« — Seulement si tu es sage » lui répondit finalement Corvus.

Alors, la fillette partit s’assoir avec les autres. Pendant un moment, tout le village resta silencieux, suspendu aux mouvements du sakaien qui raffermissait son assise sur le tronc d’arbre. Lorsque le son de la flute s’éleva enfin dans la nuit et que ses premières notes parvinrent aux batteurs de tambours, Corvus sentit quelque chose battre en lui. Son cœur bien sûr, mais il y avait autre chose. Quelque chose de plus ancien, de plus séculaire, ancestrale. Shama se mit à danser autour du feu.


Finalement, quelque chose se passa dans le grand brasier devant lequel Shama se tenait, une chose que l’esprit résolument rationnel de Corvus ne pouvait expliquer, ne serait jamais en mesure d’expliquer. D’abord indistincte, une ombre apparue dans le feu ardent. Elle tremblait au rythme des flammes, vacillante, puis de plus en plus fixe. Shama l’observait avec intensité, tandis que le son de la flute et des tambours résonnait dans la nuit. L’ombre prit finalement forme et ses mouvements se détachèrent de celui des flammes. Shama se recula pour mieux l’observer, et deux yeux s’ouvrirent alors dans la nuit.

A la vue du fantôme, les tambours cessèrent brusquement et d’un bond Corvus se leva, abandonnant la mélodie vibrante qui avait envahi la nuit. L’ombre quitta le feu pour rejoindre Shama … ils se connaissaient, se reconnaissaient. Le petit Osselait s’avança vers le fantôme et l’espace d’un instant, Corvus chercha à l’en empêcher … mais une main sur son bras l’en dissuada. C’était Sekou qui, à son tour, s’était levé pour observer et qui, bien mieux que Corvus, avait compris ce qui se passait.

« — Depuis le début, il ne danse pas parce que ça lui plait » déclara Sekou. Sous la lumière des flammes, Corvus pouvait voir ses yeux briller d’émotion « Il danse pour appeler les esprits, celui de sa mère … regarde, regarde ses marques sur son crâne. Il a essayé de reproduire les mêmes. Regarde, Corvus. Regarde »

Corvus regardait. Les marques sur le crâne du fantôme s’étaient mise à briller. Elles étaient singulières et jusqu’à présent, le jeune homme ne les avait jamais rencontrés. Sans attendre, Shama vint se blottir contre le fantôme. Corvus aurait voulu comprendre par quelle magie cela était arrivé, mais il n’y parvenait pas. Au lieu de cela, ses yeux fixaient son pokémon serrer contre lui cette mère que le destin lui avait prise trop vite. Combien de temps dura l’instant ? Corvus n’aurait su le dire, mais tous s’accordaient à croire que c’était trop peu. Après une ultime étreinte, le fantôme se détacha finalement de l’Osselait, lui accorda un dernier regard. L’ombre quitta le sol pour retourner dans les flammes et, peinant à la laisser partir, Shama ne la lâcha qu’au dernier instant. Presque naturellement, lorsque le fantôme disparu dans le feu l’orphelin y plongea son os … et quelque chose changea alors. Corvus n’aurait su dire quoi, mais l’air devint soudainement plus frais et un frisson le parcourut. Cela n’était pas le froid, non, c’était quelque chose d’autre, quelque chose que ses yeux ne pouvaient percevoir mais que son cœur ressentait. Les flammes du brasier, jusqu’alors rouge et or, changèrent progressivement de couleur ; bientôt, elles prirent une teinte plus froide, passant du vert au bleu. Une explosion de lumière aveugla le village et lorsque Corvus fut de nouveau en mesure de poser les yeux sur le feu, Shama n’était plus Shama. Plus grande qu’il ne l’avait été, la créature qui se tenait à sa place sortit son os des flammes. Du feu s’en élevait encore et, se tournant vers Corvus, le pokémon le brandit dans sa direction en hurlant dans la nuit.

Corvus ne parvenait pas à détacher son regard de ce qui se trouvait devant lui. Shama était là, face à lui … il lui arrivait à la taille et dans son regard, le sakaien pouvait percevoir que, en se transformant, il avait laissé derrière lui l’orphelin. Tandis que l’Ossatueur s’approchait de lui, Corvus entendit la voix de Sekou.

« — Le feu brûlera pour toujours maintenant » déclara son cousin, fixant le feu qui brûlait désormais d’une lueur bleutée.

Corvus fixa son pokémon pendant longtemps, peinant encore à croire et plus encore à accepter ce qui venait de se passer. Où était l’Osselait pleurnichard rapporté des Pics de Sakai ? Partis. Son aura couleur terre avait laissé place à quelque chose de plus sombre, à la fois brûlant et lugubre. Shama ne pleurerait plus jamais désormais, Corvus en était persuadé.

Par la suite, le village laissa la nuit reprendre son cours. Les hommes partirent se coucher et le silence s’empara des toundras du nord. Lorsque, au lever du jour, Corvus partit pour Enogen pour rejoindre le convoi qui le mènerait à Venovos, son regard se porta une dernière fois vers Kattouga et ses habitants. Au cœur du village, une lueur bleutée dansait toujours au rythme du vent.

Le feu brûlait encore.
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