« Aller Artemis, ne relâche pas tes efforts !

-C’est ce que je fais, mais tu as l’avantage avec cette lance. Je n’arrive même pas à te toucher !

-Tu dois savoir faire face à n’importe quel adversaire maintenant que tu es chevalier. »

Un léger sourire nait sur le visage de Connor. Je sais qu’il est très fier de pouvoir m’appeler chevalier. Ses encouragements et ses séances d’entraînement y sont d’ailleurs pour quelque chose. Je ne sais pas si un jour je pourrais jamais assez le remercier. Pour tout : être mon ami, son aide, son soutien…

Soudain, je suis propulsé au sol, soulevant un nuage de poussière en même temps. La pointe d’une lance est placée juste au-dessus de mon torse. Dans un vrai combat, je serais probablement mort. Mais là, c’est différent. Une main bienveillante se tend vers moi pour remplacer l’arme qui me maintenait immobile. Je la saisis puis époussète mon armure bleue.

« Tu t’améliores !

-Aller Connor, tu peux me dire la vérité : je n’ai pas fait un seul progrès face à toi depuis plusieurs mois.

-Ne dis pas cela mon ami. C’est ce manque de confiance en toi qui t’empêche de voir. Mais moi, je sais ce que je vois ! » Termine-t-il avant de me tapoter l’épaule.

Connor est vraiment un ami sur lequel je peux compter. Il comprend la plupart de mes problèmes sans chercher à en savoir trop. Grâce à ses entraînements, je peux passer le temps sans avoir à m’inquiéter de ci ou de cela. J’ai promis  à Papa de l’inviter manger à la maison, ce n’est qu’un petit remerciement, mais c’est toujours cela.

« Connor ? Papa aimerait te faire goûter son ragoût. Tu devrais venir à la maison bientôt.

-Seulement ton père ? » Connor ne se gêne pas pour ponctuer sa question d’un clin d’œil malicieux.

De mon côté, je ne peux pas m’empêcher de rougir et de regarder ailleurs. Oui, bien sûr que c’est aussi ma volonté ! Mais je ne suis plus le même Artemis qu’avant à s’exclamer pour un tout et un rien. Je bougonne donc un « oui, moi aussi » et c’est tout. Un rire sans prétention s’échappe des lèvres du roux avant que le silence ne retombe entre nous. Connor sait quand il faut s’arrêter, et je l’en remercie. Surtout depuis… Eh bien, tout.

Ma conversation avec Lady Valencia m’a fait du bien. Mais on ne panse pas des plaies ouvertes avec simplement des mots. J’ai encore des choses à faire pour me prouver que je mérite mon nouveau titre, et retrouver mon mentor est à présent ma raison de vivre…

« Artemis, je sais à quoi tu penses. Dès que le silence est là, je peux entendre des ruminations percer à travers ton petit crâne. »

…

Je ne réponds rien. Mon ami a raison, ils ont tous raison. Mais comment faire taire son désespoir après tant de problèmes ? L’inondation de Vénovos, la destruction de la maison… Lord Heisemberg, ce maudit Brynjolf…

« Tu sais quoi ? Je suis libre dès ce soir. Si ton père est d’accord, je peux venir pour diner. Qu’en penses-tu ?

-Oh, o-oui ! Oui, bien sûr. Grypha t’apportera la réponse tout à l’heure. »

C’est vrai que je devrais rentrer, l’entraînement est fini. Nous nous saluons donc puis je retourne chez moi. Papa travaille encore, alors je lui pose simplement la question pour savoir quoi dire à Connor, avant de monter dans ma chambre.

Je rédige une courte lettre expliquant à Connor que ce soir, c’est très bien. Ma Vostourno m’attendait sur le lit et je lui offre des caresses sous le menton.

« Grypha, j’ai besoin que tu portes cette lettre à Connor. Mais reviens vite, d’accord ? »

Un cri strident, typique des Vostourno, me fait comprendre qu’elle a bien compris. J’en profite pour ma part de me laver un peu et de raccrocher mon armure.

[…]

Le soir est venu. Connor est là, et nous sommes attablés avec Papa et mon ami lancier. Papa est très heureux de pouvoir parler à Connor, cela fait un moment qu’il n’est pas venu à la maison. De mon côté, je suis plutôt silencieux, offrant discrètement des morceaux de viande à Grypha. Même la chair ne me fait pas trop d’effet de dégoût, tant je pense à autre chose.

Le ragoût était délicieux en tout cas. Je suis heureux de voir que l’assiette de notre invité est vide. J’ai moi-même fait l’effort de manger la part végétarienne préparée spécialement pour moi.

« Artemis ?

-Oui Papa ?

-Avec Connor, nous avons pensé à quelque chose. Puisque nous sommes là tous les deux, autant t’en parler.

-Tu devrais prendre du repos. Mais pas à Kuni. Là où tu n’as pas de repère pour éviter que tu ne te mettes au travail malgré tout ! »

Revoilà le sourire de mon ami, secondé par celui de mon paternel. Les fourbes, ils profitent de notre petite réunion pour me pousser à accepter. Cela dit, je pense qu’ils ont raison. Dans mon pays, je ne fais que travailler, encore et encore. C’est plus fort que moi. Ailleurs, la donne n’est pas la même. Je ne peux pas faire ce que je veux.

Je soupire avant de boire une gorgée d’eau dans mon verre en bois.

« Une idée d’où je pourrais aller ?

-J’ai pensé à la savane personnellement. Tu pourras rapporter un peu de bois à ton père et ramener certains de tes Pokémon au pays. Ils apprécieront. »

L’idée de Connor fait son chemin dans mon esprit. Ses arguments sont imparables je crois, de plus, Agapé n’en fait toujours qu’à sa tête. Peut-être qu’en retournant là d’où elle vient, elle aura une soudaine inspiration pour le travail.

C’est décidé. La soirée se termine donc paisiblement.

Le lendemain, j’annonce à l’un de mes supérieurs que je prends un ou deux jours de repos. Bien sûr, il ne refuse pas vu comment je m’acharne à la tâche ces derniers temps. L’instant d’après, j’enfourche mon Ptéra et nous voilà partis en direction de Ran et de son Canyon.

[…]

Sur place, je sens déjà la chaleur ambiante qui m’étouffe. Kuni et ce pays n’ont vraiment rien en commun.

« Agapé, viens voir un peu ! Toi aussi Titania. »

Je libère ma Nidoran et ma Ponyta. Immédiatement, elles se prennent au jeu et s’amusent dans la brousse. Ce n’était finalement pas une si mauvaise idée on dirait. Retourner à ses racines a parfois du bon.

Je dois avouer que c’est reposant de voir mes Pokémon en pleine santé. Agapé apprécie vraiment cet espace étendu qui s’offre à elle. Je m’en veux presque de l’avoir prise avec moi… Peut-être que sa liberté lui importe plus que son entraînement au final. Je ne peux pas lui en vouloir.

Je suis dans la même situation qu’elle. Je suis enchaîné, si on peut dire, à l’armée. Mon devoir est d’être toujours prêt à tout, ce qui implique des entraînements réguliers. Je n’ai que peu de temps libre, alors on peut sûrement dire que ma liberté passe aux oubliettes ? Mais c’est un mode de vie qui me convient. Sans mon métier, je me sentirais vide, je le sais. Sans but.

Mais pour ma Ponyta, c’est certainement une autre paire de manche. J’aimerai pouvoir la comprendre afin d’échanger sur le sujet. Je ne souhaite que son bonheur… L’autre possibilité est que je suis tout simplement mauvais pour son entretien. Dans un premier temps, j’avoue ne pas être capable de dire non à mes Pokémon. Bon, je le fais quand il le faut, c’est sûr. Au-delà, j’ai tendance à me laisser attendrir par leurs bouilles. Ce qui ne présage rien de bon avec Agapé.

C’est moi le problème, je pense. Ou bien c’est une question de liberté. Je dois vraiment y songer et je pense que cette sortie à Ran est le moment idéal pour. Mais je ne dois pas oublier de prendre du bois pour Papa aussi et… Qu’est-ce que ?

Un Pokémon poursuit ma Ponyta. Il est mignon… Mais elle n’a pas l’air de vouloir jouer avec lui. Ses petits crocs doivent intimider mon amie. Il est temps pour moi d’intervenir.

« Agapé, viens, je vais t’aider ! » Dis-je à ma Ponyta tout en lui faisant signe.

Entre temps, Titania est revenue à mes côtés. Elle a grignoté quelques herbes jaunes et maintenant, elle n’aspire qu’à la tranquillité. Qui se trouve troublée par le petit félin, évidemment.

Mais ma Ponyta décide que je serais d’une bonne aide cette fois. Elle vient me voir en hennissant. Elle se cache derrière moi, tandis que le Pokémon bleu s’agite devant moi.

« Hey, du calme tu veux ? Je vais te présenter à quelqu’un d’autre, je crois que tu fais peur à mon amie Ponyta. »

Un sourire accompagne mes paroles. Je ne peux pas garder mon sérieux avec des Pokémon aussi adorables. Il faut bien un moment pour se détendre.

Chose promise, chose due. Je libère mon Sancoki, Kurana de son nom. Avec sa nature enjouée, il n’aura aucun mal à s’entendre avec ce petit lion. Et rapidement, le courant passe ! Peut-être même un peu trop. Je vois des étincelles qui courent sur le pelage de la petite créature sauvage. Bon, ce n’est peut-être pas l’idée du siècle, mais pour le moment, aucun incident à déplorer.

Mon objectif est donc Agapé qui se trouve toujours derrière moi. Je souhaite qu’elle continue à se défouler tant que cela est possible. Une fois à la maison, il faudra se contenter du minimum pour peut-être un moment.

Mais alors que je m’apprête à m’occuper d’elle, mon bras est violemment tiré en arrière et la douleur m’arrache un cri. Je tourne la tête pour voir qu’un autre Pokémon a surgi des fourrées séchées pour me mordre l’avant-bras. Il grogne, je pense que ce spectacle ne lui a pas plût. Heureusement pour moi, le sauvage lâche prise une fois qu’il croise mon regard.

« Eh bien, ce n’est pas une façon de dire bonjour ! Quel est le problème ? Aïe, ça fait vraiment mal… »

Je me tiens le bras blessé et Titania s’approche directement pour examiner la chose. Heureusement, ce n’est pas très profond. J’imagine que je n’étais pas la cible principale, mais peut-être que c’était le lion. D’ailleurs, lui est bien loin de mes soucis. Il discute et joue avec ma limace.

« Ce n’est rien… Mais merci Titania. Tu peux peut-être essayer de le raisonner ? »

Ma Nidoran hoche la tête et s’apprête à se mettre au travail. Mais le chien doré ne l’entend pas de cette oreille et préfère repartir en courant. Bon, une autre fois alors. Quant à moi, j’ai une morsure à soigner. Fort heureusement, je ne me sépare jamais des quelques herbes que je transporte lors de mes missions. On ne sait jamais.

Je m’installe donc sur le sol de la savane pour préparer un pansement d’herbe. Titania n’en perd pas une miette et elle m’aide même de temps à autre. Je garde tout de même un œil sur le petit canidé, on ne sait jamais.

Ma pommade aux herbes avance bien. Je suis bien heureux d’avoir appris ces premiers soins au sein de l’armée. Comme quoi, c’est toujours utile. Bien sûr, ce n’est pas grand-chose et je ne suis pas expert en la matière. Mais ces quelques plantes réduites en bouille et mélangée avec de l’eau ont un effet relaxant. J’aurai moins mal et en plus en séchant, cela formera un pansement.

Je continue donc mon travail sous le regard attentif de Titania. Je ne savais pas qu’elle a autant d’intérêt pour la médecine, même basique. C’est bon à savoir. Peut-être qu’elle me surveille simplement. Mes Pokémon ont tendance à prendre plus soin de moi que je ne le fais moi-même ! Rien d’étonnant de la part de ma Nidoran, c’est une espèce maternelle.

Bien. Cela devrait faire l’affaire. J’en profite pour observer un peu la savane. Le canidé doré de tout à l’heure se trouve à distance raisonnable, mais je peux voir son regard fixé sur moi. Cette morsure… Je ne peux pas lui en vouloir. Je ne peux pas en vouloir aux Pokémon, quoi qu’il arrive. Mais j’ai encore un peu de mal à comprendre. C’est à cause du lionceau ? Pourtant il est fort sympathique. Agapé s’amuse bien avec lui.

En tout cas, nous allons repartir dans quelques instants. J’ai encore du bois de baobab à aller chercher et ce ne sera pas une mince affaire. Je vais devoir prendre des plaques déjà découpées et espérer que Duma pourra les maintenir.

… Oh, qu’est-ce que c’est ? Une grande silhouette se découpe dans l’horizon et s’approche. Elle est suivie en toute tranquillité. Une fois à vue, je peux voir qu’il s’agit d’une Kangourex ! Comment je connais cette espèce ? Eh bien… Kangourex était le Pokémon favori de Maman… Elle m’en avait montré plusieurs dessins et croquis, tous plus beaux les uns que les autres. J’imaginais juste leurs peaux un peu plus foncée.

Tout à coup, le chiot fonce sur elle et la toupie volante qui l’accompagne. Je me précipite bien malgré moi pour stopper le combat imminent. Mais… La Kangourex est douce comme une fleur. Le canidé doré n’ose pas attaquer. C’est incroyable.

C’est alors que je suis remarqué par la maman Pokémon et les deux autres, Titania sur les talons. D’un signe de main timide, je salue la grande dame et son petit, ainsi que le Pokémon jaune sable. Je n’ai aucune intention de les perturber et puisque l’autre Pokémon n’est pas passer à l’attaque, je peux m’en aller l’esprit serein.

C’est juste que… Cette Kangourex me rappelle vraiment Maman. Elle était douce et belle, comme ce Pokémon. Et si gentille…

Aller Artemis, trêve de rêverie. J’ai du travail qui m’attend ! Papa compte sur moi pour lui ramener un peu de marchandise de Ran. Il est temps aussi pour ma Ponyta de me porter sur son dos… Je croise les doigts. Je n’ai encore jamais réussi à la monter plus de deux minutes. Elle a son caractère, ou bien c’est juste qu’elle n’aime pas me transporter. Le voyage sera peut-être un peu long, donc !

Il faudra aussi que je remercie Papa et Connor pour leur idée.

Je me relève finalement, sous le regard du soleil de Ran. Ma blessure va un peu mieux et je pense que dès demain, elle ne sera plus qu’un drôle de souvenir inattendu ! J’en profite pour épousseter un peu mes vêtements et je me tourne vers Agapé. Le petit lion est déjà parti, lui. Il a sûrement des choses à faire, comme rejoindre sa famille ! J’espère juste qu’ils ne viendront pas par ici… Hé hé, je n’ai pas vraiment envie de me frotter à des félins.

« Agapé ? J’espère que tu t’es bien amusée ! Nous devons repartir et prendre du bois en passant pour Papa. Je vais avoir besoin de ton aide, tu viens ? »

Elle plonge son regard rubis dans le mien, et je me sens un peu mal à l’aise. Même si elle m’apprécie beaucoup, je sais que ma Ponyta n’est pas entièrement dévouée à la cause que je lui ai prévue. Du moins, pas avec moi. Peut-être qu’elle m’apprécie en tant qu’ami, mais pas en tant que cavalier. De plus, j’ai choisi la voie des airs pour mon métier… Je peux comprendre qu’elle soit frustrée.

« Cela ne prendra pas longtemps, s’il-te-plait. Duma va déjà être occupé à porter le bois, et si je marche, nous en aurons pour un moment. »

Bon, je vois que son expression est un peu plus détendue. Avec un peu de chance, ce voyage se finira sans problème !

Mais je parle toujours un peu trop vite. Ou alors c’est le sort qui s’acharne, car tout à coup, ma Ponyta se cabre. Elle pousse un cri affolé, et je ne peux pas m’empêcher de me tourner pour connaître la source de ses soudaines angoisses. Je suis surpris de voir qu’un groupe de Pokémon entier se dirige vers nous et… Il semble qu’un autre petit lion et un petit éléphant soit en train de se battre.

Je vois aussi la Kangourex de tout à l’heure qui s’approche, certainement pour résoudre le conflit. De mon côté, je charge Agapé (une fois calme) et Titania de renvoyer les autres Pokémon chez eux. Cette bataille sera déjà assez difficile à gérer, je pense.

Heureusement, la toupie, la girafe et les autres comprennent bien vite qu’il vaut mieux laisser la situation à un humain. C’est agréable de sentir qu’on a besoin de moi, qu’on a confiance en moi… Je m’approche donc des deux créatures qui se foncent dedans, et grognent avec ardeur.

« Quel est le problème, ici ? »

Je remarque des coups de griffe sur la peau du pachyderme. Il a besoin de soin lui-aussi, je suis en mesure de l’aider. Mais avant, ce petit félin rugissant doit partir ! L’attaque Rugissement combinée de mes deux Pokémon devrait faire l’affaire.

« Agapé, Titinia, Rugissement sur le petit lion ! »

Je me bouche les oreilles d’avance, et mes deux partenaires exécutent leur attaque. Le félin ne demande pas son reste, avec sa fine ouïe, cela doit faire effet ! Heureusement, l’éléphant bleu parvient à couvrir la majeure partie du bruit grâce à ses longues oreilles. Bien, une bonne chose de faite !

Je m’accroupis ensuite, près du Pokémon de type Sol. Je caresse doucement sa peau sèche et tente de le rassurer un peu. Bon, au travail ! J’ai encore un peu de pommade sur moi grâce à tout à l’heure. Je me charge d’en appliquer, quand tout à coup, je sens une pression assez importante sur mon épaule. C’est la Kangourex !

Douce comme elle est, elle souhaite m’aider à soigner le Pokémon. Oh, c’est adorable… Bien sûr, je ne peux pas refuser son coup de patte, alors je lui laisse un peu de place pour examiner son acolyte de la savane. De son œil aguerri, elle repère une griffure que je n’avais pas vue. Puis rapidement, nous terminons notre travail.

Le petit éléphant pousse un cri satisfait, avant de retourner de là d’où il vient. Cette horde était pour le moins inhabituelle. Je pense que les autres Pokémon voulaient lui venir en aide et contenir le combat dans une zone.

En tout cas, la Kangourex m’a été d’une grande aide. Je ne peux pas m’empêcher de l’admirer. Il semble qu’elle aussi ne souhaite pas partir même après ses soins. Je me risque alors à caresser son petit et à ma grande surprise, tout se passe bien.

« Merci pour ton aide, Kangourex ! »

Peut-être que… C’est un peu abusé de ma part, mais… J’ai ce sentiment que notre rencontre n’est pas totalement le fruit du hasard.

« Tu sais, ma maman aimait beaucoup votre espèce. Vous êtes si gentils, avenants… Mais également féroces si le besoin s’en fait sentir. Tout comme l’était ma mère… »

Elle m’a protégé, le jour où…

Je sens une grosse patte venir caresser mon visage avec une extrême délicatesse. Oh, c’est vraiment agréable… Je crois que c’est un signe. Je remercie du regard la grande dame Pokémon, avant de tourner mon regard vers le ciel. Maman ? Tu crois que je peux tenter le coup ?

Je n’ai aucun signe de sa part, évidemment. Mais au fond de moi, je sais que je n’ai rien à y perdre. Une mère en plus dans l’équipe, et des bras aussi… Je dois aussi avouer que la présence de ce Pokémon me rassure beaucoup. C’est quelque chose qu’il me faut pour avancer. J’avale donc ma salive, et je propose une Ball à la Kangourex.

Elle observe la sphère, curieuse. Puis elle semble comprendre. Soudain, deux cris nous font sursauter. Je cherche la source frénétiquement, et c’est Titania, qui grâce à ses grandes oreilles, me montre la voie. C’est le lion marron de tout à l’heure, aux prises avec le chiot doré ! Ils sont certainement très territoriaux et en colère, et c’est de ma faute !

La Kangourex et moi avons le même réflexe. Elle dépose son petit avec mes deux amies, puis se précipite à mes côtés pour intercepter les deux créatures belliqueuses. Son imposante carrure permet de séparer les deux, non sans un coup de dent à sa queue. Mais la femelle encaisse, patiente comme elle est.

« Arrêtez, arrêtez ! » Crié-je à leur attention.

Mais le lionceau est particulièrement énervé. Il ne tient pas en place et feule le canidé, Kangourex et moi-même.

Je vois ensuite dans ma vision périphérique que la hyène d’or s’effondre. Ils se battent depuis plusieurs minutes déjà ? Je n’en reviens pas ! Cette fois, un combat s’impose. Et je choisis Duma pour m’assister.

Le Ptéra déploie ses ailes et est prêt à en découdre. Pendant ce temps, la Kangourex emmène le blessé plus loin, avec les autres. C’est à moi de jouer.

Nous commençons par Ultrason, encore une attaque sonore. Le lionceau est perturbé, il remue la tête dans tous les sens. Cela nous permet de prendre l’avantage, et je demande à Duma d’utiliser Morsure pour infliger des dégâts. Mais le félin esquive, car mon Pokémon est un peu trop lent au sol.

Le sauvage riposte avec Rengorgement, puis Flammèche qui vient lécher la peau de pierre de la gargouille. Duma siffle entre ses dents.

« Envole-toi ! »

Suite à mon ordre, il bat des ailes et remue la poussière. Une fois en l’air, ce sera plus simple. Je tente toute de même une manière un peu plus pacifiste.

« Soulève le Duma, s’il veut descendre, il nous le dira ! »

Mon Pokémon s’exécute. Il agrippe son adversaire dans ses serres et vole en stationnaire à quelques mètres au-dessus de la brousse. Mais je vois bien que le lion n’est pas prêt à renoncer. Attendons un peu…

Toujours rien, il grogne et feule de tout son être. Je n’ai pas envie de le mettre K.O. pourtant. En tout cas, pendant que je me décide, le sauvage en profite pour utiliser Crocs Feu. Duma se dépêche alors de le reposer au sol, en lui évitant la chute.

Le combat doit continuer… J’enchaîne donc avec Cru-Aile, et je sens que notre adversaire commence à en avoir assez. Tout de même, quelle coriacité ! Je pense qu’un Hurlement fera l’affaire. Et je m’excuse d’avance pour les tympans du lion…

Bien, le voilà qui prend la fuite pour de bon cette fois. Une caresse à Duma puis je me précipite au chevet du chiot blessé. Il est encore vaguement conscient.

« Nous allons t’aider, d’accord ? Mais pour cela, je vais devoir te transporter ailleurs. Je n’ai plus de quoi te soigner et je n’ai pas envie que ton état s’aggrave… Tu dois me faire confiance. Je sais que tu m’en voulais tout à l’heure, mais je t’en prie. Je ne peux pas te laisser là. »

Doucement, j’effleure son pelage brillant et couvert ci-et-là de rouge. Il ne grogne plus, c’est déjà une bonne nouvelle. Je m’approche encore un peu, jusqu’à avoir son visage à une vingtaine de centimètres du mien. Certains penseront que c’est inconscient, mais tant pis.

« Nous avons fait fuir le lionceau qui s’en prenait à toi. »

Je réalise alors que ce dernier était peut-être celui qui l’avait énervé à la base. Ce qui explique la morsure que j’ai récolté, tandis que le canidé chassait le Lixy.

« Je vais m’occuper de toi. Tu pourras reprendre ta liberté plus tard. Je t’en fais la promesse. »

Quelques secondes passent. Je retiens mon souffle, tout comme mes Pokémon et la Kangourex. Puis une légère léchouille sur ma main m’indique que je peux agir. Je m’équipe donc d’une Captis Ball que je presse doucement contre le Pokémon blessé. Une fois à l’intérieur, je ramasse l’objet et je m’apprête à partir, direction la ville la plus proche.

Mais avant de partir, il semble que quelqu’un me regarde avec insistance. C’est Kangourex. Nous avons été interrompus alors même que j’allais lui proposer de venir… Devant l’urgence de la situation, je n’ai même pas besoin de parler. D’un regard et d’un signe de tête, elle m’indique que nous allons faire notre chemin ensemble désormais. Je ne peux pas être plus fier.

Nous nous hâtons ensuite de reprendre tout le monde et sur le dos de Duma, je me dépêche à trouver un village voisin, en bordure de la savane. Une fois là-bas, un guérisseur Pokémon se charge d’offrir les premiers soins à notre ami doré, qui est en réalité une jeune femelle. Une fois fait, je suis chargé de veiller sur elle, déjà parce qu’on me le demande, mais aussi parce que je lui ai fait la promesse.

J’en profite pour acheter un peu de bois de baobab, la situation étant moins pressante.

Maintenant, direction maison. Et pour une fois, Agapé m’accepte sur son dos.