Malta était partie.

C’était tout ce que Laurel savait. Elle s’était réveillée le matin et avait parcouru le labyrinthe qu’était le Palais d’Or, maquillage à la main, sans jamais trouver le dragon. D’habitude Malta était réveillée avant elle et attendait d’être maquillée. C’était leur petit rituel matinal qui datait d’il y a deux ans, lors que le pokémon sol était encore une Griknot. Elle passait son temps le matin à regarder la Ranine se maquiller avec du khôl. Un jour pour plaisanter Laurel l’avait attrapée et l’avait peinte avec un peu de poudre dorée. La Griknot avait alors passé la journée à se regarder dans le miroir et à tester des poses pour paraître plus impressionnante, visiblement satisfaite du résultat. Depuis, elle revenait tous les matins et s’asseyait sagement à côté de la joaillière pour attendre d’être maquillée. C’était une routine qu’elles avaient établis et l’un des moyens que la Ranine avait trouvé pour se rapprocher du dragon. Même lors qu’elles étaient fâchées pour une quelconque raison idiote, Laurel prenait quand même le temps d’appliquer sous les yeux sombres du pokémon la fameuse poudre dorée. Malta ne serait jamais partie sans son fard.

Et pourtant…

Laurel avait passé une bonne partie de la matinée à cogner des ustensiles de cuisine entre-eux pour produire ce son métallique que la Carmache aimait tant. Elle n’était jamais venue. Alors, Laurel avait décidé de faire le tour de la ville, pour demander aux passants s’ils avaient vu passer une grosse bestiole pleine d’écailles avec un air mauvais. Et effectivement, Malta avait été aperçue, sortant par la porte sud en direction du Canyon. Elle était alors allée chercher Jeanne qui était meilleure traqueuse qu’elle pour lui demander de l’aider à pister la Carmache à travers le désert. Il n’y avait donc plus qu’une seule chose à faire, la suivre et espérer que, quoi que Laurel ait fait pour la faire fuir, qu’elle puisse se faire pardonner.

La pluie s’était subitement arrêté il y a quelques jours, sans explication ni rien. Partie aussi rapidement qu’elle était venue, il n’y avait aucun doute quant à l’origine divine de cette tempête. Le commerce ne tarderait certainement pas à reprendre, si les routes étaient déblayées d’ici là. Il fallait qu’elle pense à envoyer une lettre à Artémis pour lui demander si tout allait bien et si son père avait réussi à refaire boutique. En attendant, ses pas la menaient loin de Kuni en direction des inhospitaliers escarpements.

Proto s’arrêta et secoua sa tête feuillue. L’avantage avec un Métamorph, c’est qu’on a plus besoin de louer des montures. La créature rose avait copié l’apparence d’un Chevroum sur les conseils d’Amun, avant de quitter Chevropolis. Encore une fois, Laurel remerciait son oncle, un Galopa ou un Rhinocorne n’auraient pas pu les mener très loin dans les escarpements. La Ranine ne savait pas ce que son pokémon faisait dans ce lieu, surtout que, pour autant qu’elle soit au courant, Malta n’était jamais venue ici, n’est-ce pas ?

« Tu crois qu’elle est loin ? » demanda-t-elle à Jeanne.

Laurel n’était pas inquiète. Pas encore. La Carmache était certainement le pokémon le plus têtu, bagarreur et intimidant qu’elle connaisse. Si quelqu’un ou quelque chose lui cherchait les puces, la joaillière n’avait aucun doute qu’elle puisse s’en débarrasser sans aide. Elle était donc absolument sereine. La sérénitude incarnée. Et elle n’était pas non plus en train de serrer les cornes de Proto pour se calmer. Parce qu’elle était calme.

« Je vais bien. » répéta-t-elle pour la énième fois.

Le terrain était accidenté mais ce n’était pas un problème pour les Chevroum. Le sol gorgé d’eau était plus gênant. Dans cette région où les arbres étaient rares, les glissements de terrain étaient à craindre. Sans parler des pokémons sauvages qui devaient certainement être apeurés à cause de tous les chamboulements climatiques.

Elles passèrent devant un arbre à moitié arraché. Un chasseur aguerrit aurait pu remarquer que l’arbre était dans cet état à cause d’une attaque d’un gros pokémon. Il aurait certainement aussi remarqué depuis quelques mètres on retrouvait des pokémons éloignés de leur habitat naturel qui se trouvait plus haut dans les escarpements. Le chasseur aurait aussi remarqué des marques de griffes sur certains rochets qui délimitaient un territoire. Mais Laurel n’était pas une chasseuse. Elle voulait juste retrouver son amie et repartir le plus vite possible se terrer dans le Palais d’Or pour éviter de croiser des Démolosses.

« J’attends un peu pour sortir mes casseroles et faire du bruit ou j’y vais maintenant ? » demanda-t-elle à sa bien-aimée.

Elle pouvait sentir la poêle qui cognait contre sa hanche à chaque pas du Métamorph transformé en Chevroum. C’était la vieille poêle de Malta, celle qui était toute mâchouillée et biscornue. C’était un peu comme le doudou de la Carmache lorsqu’elle était encore une Griknot. Maintenant Laurel espérait que cet objet était suffisamment cher à Malta pour la ramener auprès d'elle.

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Désolé, c’est pas génial. En gros, Malta a quitté Chevropolis durant la nuit pour aller aux escarpements. Laurel a découvrt ça le matin et est allé chercher Jeanne pour qu’elles retrouvent Malta. Proto est transformé en Chevroum et Laurel s’en sert comme monture.

Elles viennent de rentrer dans le territoire d’un gros pokémon qui terrorise les pokés de la région. Pour l’instant, ni Malta, ni le pokémon ne sont en vu.

Lorsque Laurel avait posé la question elle s’attendait à un « Non, pas tout de suite on va attirer les pokémons sauvages, allons plus loin. » ou a un « Oui bien sûr. ». Autant dire que le « J’espère que tu plaisantes là ?! » était suffisamment agressif et inattendu pour la faire se retourner d’un bloc vers Jeanne, la boue entre-ouverte de stupeur. Jeanne … était en colère ? Elle ne savait pas quoi dire alors elle resta là stupéfaite à se faire engueuler. La tête de Proto s’était déformée de manière exagérément comique alors qu’il mimait l’expression de Laurel.

« Je- » couina-t-elle. « J’ai pas réfléchi. »

La Ranine essayait de se faire la plus petite sur sa chèvre qui n’en était pas une. Elle n’avait jamais vu sa bien-aimée réagir comme ça. La rage glaciale, oui, les larmes qui vous fendent le cœur, malheureusement oui, le plus beau sourire qu’il lui ai été donné de voir, absolument. Mais cette colère presque méchante la laissait sans voix. Elle n’avait pas pensé au fait que le bruit allait attirer autre chose que Malta. Et elle avait oublié aussi pendant un court instant que les Démolosses d’Yveltal faisaient leur pillages dans le Canyon. Mais, en même temps, avec cette pluie on pouvait supposer qu’ils étaient mort non ? Ou au moins affaiblit. Il valait peut-être mieux ne pas dire ça à voix haute.

Merde. Elle perdait Malta et voilà que Jeanne imitait Malta. Laurel préférait l’inverse. Et de loin. La guerrière était légèrement effrayante dans le genre « Tu dis une autre connerie et je t’arrache les yeux et les mange pour le petit dej’ » alors que la Carmache c’était plus « Je suis un gros machin grognon, na, na, na. ». Et soyons franc, il manquait déjà un bras à Laurel du coup si elle pouvait garder le reste de ses membres ce serait cool.

Sauf que la situation empira lorsque le Chevroum – qui n’était pas Proto – décida de se débarrasser de sa cavalier en se cabrant violemment. Laurel mit sa mains devant sa bouche pour se retenir de faire un quelconque commentaire. Jeanne était couverte de boue. Le genre de boue bien gluant et dégueux avec des petites herbes accrochées. Crotte. Elle voulait rire. Ne pas rire. Nepasrire, nepasrire. Laurel laissa échapper un gloussement par erreur.

Ooops.

Annulez, annulez ! C’était une erreur !

Jeanne était furieuse. Tellement furieuse que c’en était presque comique. Sauf que c’était loin d’être comique parce qu’elle soulevait des points importants. En plus, Laurel pouvait voir ses yeux briller étrangement au soleil, des larmes ? Elle descend de Proto pour rejoindre Jeanne qui s’était déjà rabattue sur ce qu’elle connaissait de mieux, ses armes.

« Hey, ça va. Tout va bien. C’est ma faute, j’ai pas réfléchit. » tenta-t-elle de la calmer. « Tu veux rentrer au palais ? Tu m’a indiqué la direction donc j’ai juste à continuer tout droit et ça devrai aller. »

Laurel ne la toucha pas pour la prendre dans ses bras ou la rassurer avec un contact physique. Elle n’osait pas. Au dessus d’elles un Tylton passa, il brillait doré dans le ciel bleu. Avec un pincement au cœur la Ranine pensa à Malta qui aurait certainement essayé de l’attraper. Elle remarqua aussi le gros dragon qui se cachait très mal derrière les rochers, pas facile lorsqu’on fait plusieurs mètres de haut.

« Je ferais pas de bruit. » ajouta Laurel. « Et puis, il a pas l’air bien méchant ce gros pokémon griffu. » dit-elle en pointant en direction du dragon poilu.

Au même moment, des bruits violents se firent entendre. Le choc du métal contre la roche. Laurel se retourna pour apercevoir deux pokémons fracassant la roche avec une hardeur peu commune. La joaillière lança un coup d’œil crispé en direction de Jeanne, avant de courir vers le duo pour essayer de les chasser.

« Zou ! Zou ! Allez, zou ! Allez-vous-en et faites pas de bruit ! » chuchota-t-elle très fort.

Les pokémon la regardaient étrangement, visiblement peu convaincus par cette humaine. Le Débugant lança un regard à son rival avant de donner un grand coup de poing dans le mur de roche qui craqua sous le choc, se fendant légèrement. Le Tylton piqua à toute vitesse vers le duo de pokémon en piaillant. Visiblement la bestiole avait une petite réputation parce que les deux pokémons déguerpirent aussitôt. Elle se tourna ensuite vers Laurel en piaillant joyeusement, le calme était revenu et elle était heureuse. Le petit oiseau alla ensuite faire le tour du groupe, certainement pour s’assurer que tout allait bien. La Ranine en profita pour se tourner vers Jeanne avec un sourire vaguement convaincant.

« Tu vois ? Je gère. Y a plus de bruit. » tenta-t-elle prudemment.

Le dragon blanc avait profité de la distraction pour fuir. Au moins, elles n’avaient plus à s’inquiéter du gros pokémon dont Jeanne avait parlé. Et avec un petit guide aussi adorable que ce Tylton au plumage si particulier, aucun risque qu’elles ne se perdent.

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Bien évidemment, le Drampa n’était pas le gros poké du coin, mais Laurel ne le sait pas.

Laurel regardait Jeanne avec une légère angoisse qui commençait à se transformer en pitié. Visiblement, le Chévroum n’avait pas cabré parce qu’il avait eu peur de quelque chose mais bien parce qu’il ne voulait plus la porter sur son dos. Elle fit un signe de main à Proto qui repris sa forme originelle avant de se glisser dans sa fiole. Les deux s’étaient pas mal entraîné sur un langage de signe, claquement de langue et tapement de pieds pour communiquer. C’était plus rapide de faire quelques gestes précis que de gueuler au pokémon de changer de forme en plein milieu d’un combat.

Elle rejoint Jeanne qui commençait à partir dans une direction pendant que Tourmaline et le Tylton les encourageait à partir de l’autre. La guerrière grogna mais tourna du pied pour suivre le petit guide plumé. Laurel trottina pour se remettre à son niveau. Marchand silencieusement à côté d’elle pendant quelques minutes, n’osant pas trop s’approcher à cause de la partie pointue des armes. Lorsque le silence devint insoutenable elle se décida à tenter de parler avec sa bien-aimée.

« Désolé, j’aurais pas du rire. » s’excusa-t-elle sincèrement.

En même temps, devoir quitter le confort de Chevropolis pour carapater dans une zone dangereuse parce que votre petite copine est pas foutue de garder ses pokémons n’est pas forcément la situation la plus agréable. En rentrant, Laurel allait peut-être essayer de trouver un dracologue pour apprendre à mieux communiquer avec Malta. Elle s’était trop habituée à leur situation de chien et chat, venant même à l’apprécier si elle était franche avec elle-même. Elle se demandait maintenant, si elle ne s’était pas trompée. Certainement que les dragons nécessitent des dresseurs plus fermes et autoritaires pour calmer leur égo et leur tempérament fougueux. Peut-être était-ce sa faute si Malta était partie ? Peut-être devait-elle essayer de la recadrer pour se faire plus respecter. Volter avait sous-entendu ça lors de leur rencontre. Et il était vrai que le maître d’arme avait su gagner le respect de deux pokémons plutôt impressionnants...

Enfin, il ne fallait pas vendre la peau de l’Ursaring avant de l’avoir vendu. Elle devait déjà retrouver Malta. Avançant perdue dans ses pensées elle manqua d’écraser un Grindur. Heureusement, un Racaillou l’avait retenue juste à temps. Elle l’aurait pas aimé voir l’état de son pied si elle avait marché dessus. Le pokémon acier sembla peu perturbé par la situation et continua son chemin, mi roulant mi sautillant ce qui rendait ses mouvements absolument erratiques et presque comiques. La Racaillou souffla de soulagement avant de s’assurer que Laurel allait bien.

« Ne t’inquiète pas, ce n’est rien. » tenta-t-elle de rassurer le pokémon roche.

La créature émis quelques sons rocailleux que la joaillière interpréta comme une réponse affirmative avant de continuer et de se vautrer sur le Chevroum de Jeanne qui s’était arrêté pour observer avec curiosité une petite Cabriolaine blanche devant. Inquiète la Racaillou revint léviter près de la joaillière pour l’aider à se relever. Cette dernière la remercia encore une fois en rougissant légèrement de honte. Devant le groupe, un dragon orange et une chevrette s’ entraînaient avec dévotion. Le pokémon plante avait du mal à garder le rythme soutenu du dragon mais faisait de son mieux pour suivre les consignes de son mentor. Laurel sourit.

« On dirait toi et moi. Si tu avais une centaine d’année en plus et beaucoup de poils. » Elle reprit rapidement. « Par contre, je suis dégoûtée de pas avoir de cornes dorées. Ça en jette. »

10/10 la conversation Laurel.

Au même moment, un grincement anxieux se fit entendre. La Ranine se retourna pour constater que la Racaillou n’était pas partie après l’autre pokémon. Elle semblait le chercher parmi les rochers sans succès, elle fini par abandonner en grommelant quelque chose dans son langage rocailleux.

« Tout va bien ? » demanda-t-elle au pokémon.

Qui, évidement, répondit un truc incompréhensible. Elle n’avait aucune idée de comment Jeanne faisait pour avoir une conversation avec ses pokémons. Le seul pokémon avec qui elle arrivait à communiquer c’était Malta. Et encore, c’était uniquement parce qu’elle savait reconnaître la tête de « Je vais faire une connerie. ». En réalité, la Carmache faisait beaucoup plus de tête que ça et la grande majorité du temps, Laurel savait les interpréter.

« Qu’est-ce qu’elle dit ? » demanda-t-elle à Jeanne.

La Racaillou la regardait avec un air qui était mi-caillouteux mi-indéfinissable. Clairement, elle pensait à des trucs de roche. Le Tylton se posa doucement sur sa tête, visiblement curieux de savoir pourquoi le groupe s’était arrêté. Le pokémon roche s’avança pour prendre la main de Laurel et la tapoter gentiment, un peu comme le ferait une grand-mère un peu sénile. Elle souriait, visiblement anxieuse de rassurer la Ranine qui ne comprenait pas grand-chose. Enfin bon, pour une fois que le pokémon ne voulait pas 1) l’asphyxier avec des gaz, 2) l’arroser avec un jet d’eau, 3) l’embrasser, c’était plutôt pas mal.

« Okay, mémé, tout va bien. » Elle se tourna vers Jeanne ensuite « On va vers où ? C'est toi la Capitaine ! » tenta-t-elle pour détendre l'atmosphère.

Elle avait tellement appréciait pouvoir jouer le rôle de la Capitaine à Mido qu'elle se disait que si elle faisait pareil avec Jeanne, que celle-ci aussi allait pouvoir se détendre un peu.

 HS
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Je capturerais officiellement la Racaillou à la fin du RP ^^ pour l’instant, elle suit le groupe.

La falaise était plutôt haute mais la roche offrait de nombreuses prises avec ses fissures. Escalader n’allait pas être un problème en soit, surtout vu l’entraînement que lui faisait faire Jeanne. Mais avec les intempéries des précédents jours il allait falloir faire encore plus attentions aux roches instables. Elle aurait bien demandé à Proto de reprendre l’apparence de Malta afin qu’elle puisse montrer mais la Carmache était juste assez grande pour une personne. Sans parler du fait que Proto n’était pas franchement habitué à se comporter comme le dragon. C’était peut-être quelque chose qu’elle pourrait travailler avec lui. Elle demanda tout de même au pokémon change-forme de faire la prothèse pour faciliter son ascension et ne pas trop ralentir le reste du groupe. Elle savait grimper avec seulement son bras droit et en se servant de l’autre pour des appuis, c’était surtout qu’elle était plus lente lorsqu’elle faisait ça et elle ne voulait pas énerver Jeanne plus qu’elle ne l’était déjà.

Elle donna ses instructions à Proto qui obéit sans trop de manière. Il prit quand même le temps de faire quelques grimaces aux pokémons des alentours pour s’amuser. Jeanne passa à côté d’elle, la mine sombre en s’excusant de son comportement. Laurel haussa les épaules en attendant la suite des explications qui ne vint jamais. C’est juste que quoi ? La trouvait-elle pénible ? Trop demandante ? Il allait falloir attendre pour le découvrir parce que sans autre mesure, la guerrière la laissa pour aller s’attaquer à l’ascension de la falaise. Une main caillouteuse se glissa dans celle de Laurel et la Racaillou lui lança un sourire encourageant avant d’aller entamer son ascension en prenant soin de faire des trou dans la roche en arrachant des morceaux pour créer des appuis.

Le Chevroum et la Cabriolaine n’avaient aucun problème à galoper le long de la paroie, à croire que leurs sabots y étaient collés. Le dragon orange préféra plutôt suivre le Tylton doré en prenant la voie des airs et bientôt, Laurel se retrouva toute seule en bas avec Proto.

« Malta, dans quoi est-ce que tu es allée de fourrer... » murmura-t-elle en regardant les traces dans la roche.

Elle prit une inspiration avant d’entamer la montée qui était grandement facilitée par la Racaillou qui lui trouvait le chemin le plus stable possible pour qu’elle puisse passer en toute sécurité. Laurel faisait donc de nombreux détours ce qui la ralentissait mais en même temps, elle ne voulait pas gâcher le dur labeur du pokémon roche.

Au bout d’un moment le vent se mis à souffler portant avec lui quelques Tyltons paresseux qui étaient bien bleus eux. Il y avait aussi quelques pokémons qui se balançaient sur les corniches, se faufilant à travers la roche pour rejoindre un lieu quelconque. Le petit ours noir et blanc lui fait penser à Jolter, ce qui lui fit penser à Artémis puis à ce qui fait un bon Chevalier. Clairement, l’escalade était plutôt simple si elle avait le temps de penser à autant de choses.

Elle pensait aussi à Jeanne qui avançait devant elle, agile et déterminée. De temps en temps lorsqu’elle levait la tête pour chercher le prochain appui, elle pouvait la voir qui s’arrêtait pour la regarder. Comme pour s’assurer qu’elle restait bien derrière. En même temps, où voulait-elle qu’elle aille ? C’était pas comme s’il y avait beaucoup d’opportunité de se perdre sur la falaise.

Au bout d’un moment Laurel eu marre du petit manège. Ca lui rappelait méchamment le voyage entre Enogen et les marais et elle n’aimait pas ça. Forçant sur ses muscles, elle augmenta de vitesse pour tenter de se mettre au niveau de Jeanne. La pauvre Racaillou redoublait d’ardeur. Elle fit tout de même signe à la guerrière de s’arrêter sur une corniche juste avant le sommet de la falaise. Elles ne savaient pas ce qu’elles allaient trouver là haut, donc autant parler ici.

Laurel s’assit lourdement sur le sol rocailleux pendant que le pokémon roche vérifiait que la zone était bien stable. Elle regarda Jeanne en haussant un sourcil. Elle ne comprenait pas d’où venait son comportement et ça l’agaçait. Si elle avait quelque chose de mauvais, elle préférait qu’on lui dise franchement. Si c’était autre chose… et bien, elle serait ravie d’aider. Mais pour cela, il fallait que Jeanne lui parle.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » Elle leva un doigt pour l’interrompre avant qu’elle ne tente de se justifier. « Et ne me dis pas Rien ou, ça va. Tu tires une tête de Ferossinge depuis qu’on est arrivé ici. C’est quoi le problème ? » Elle continua plus doucement, réalisant qu’elle avait été un peu sèche. « Je veux dire… si quelque chose ne va pas, je préfère que tu me le dise. Je t’aime Jeanne mais je ne peux pas lire dans les esprits. Je veux t’aider mais il faut que tu me dises comment. »

Elle lui sourit pour l’encourager à parler. Là, sur cette corniche avec pour seuls spectateurs les pokémons et le vent, personne n’allait les déranger. Pas de gardes voulant bien faire, pas de parents inquiets mais bienveillants, pas de sœur perdue puis retrouvée. Juste elles deux et leurs pokémons hauts en couleur.

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C'est assez pieds dans le plat pour toi où tu veux que je change un truc ? :3

Si Laurel avait remarqué les yeux bouffi de Jeanne, elle n’avait fait aucune remarque dessus, préférant lui donner l’opportunité de s’ouvrir à elle. Cette fois-ci, elle comptait bien être digne de cette merveilleuse femme. Elle pouvait voir le trio de pokémons encourager sa bien-aimée à se confier à elle. Et le cœur de Laurel se serre dans sa poitrine comme à chaque fois que Jeanne porte cette expression sur son visage. La guerrière se mordait les lèvres et la gorge certainement nouée de larmes attendant d’être versées. La Ranine prend la main de la Racaillou dans la sienne trouvant du réconfort au près de ce pokémon bienveillant, là où normalement, elle aurait pu trouver Malta. Voire Jeanne dans cet état l’emplissait toujours de tristesse et de ce besoin viscéral de la prendre dans ses bras pour la protéger de tout. Mais, il fallait aussi qu’elle soit une adulte responsable et qu’elle laissa sa femme de sa vie s’exprimer en paix.

Alors, Laurel l’écoutait. Son cœur se brisa en même temps que la voix de Jeanne fléchit sur le « moi ». Et ses muscles se crispèrent, prête à bondir pour envelopper Jeanne dans une étreinte réconfortante lorsque que les premiers sanglots la secouèrent. Elle lâcha la main de pierre du pokémon qui respectueusement recula pour laisser champ-libre à la Ranine. C’est cet ultime cri, cet appel de l’arme qui portait tellement de désespoir qui fit chavirer Laurel.

Elle s’élança pour prendre Jeanne, dans ses bras, la serrer et ne plus la lâcher. Que ceux qui ont infligé ces tourments à son aimée aillent pourrir dans les enfers. Que plus jamais Dame Fortune ne leur sourisse. Elle resserra son étreinte autour de son amante. Elle ne savait pas comment chasser ses démons. Elle ne savait pas comment l’aider. Mais elle lui aurait offert le monde.

« Tu peux les aider, Jeanne. Et je t’aiderais. » Elle posa son front dans les cheveux de Jeanne. « On trouvera un moyen. Je ne te laisserais pas seule. »

Laurel n’avait aucune idée de ce qu’elle proposait. Elle voyait l’ampleur de la tâche mais celle-ci semblait insignifiante face au désespoir de son aimée. S’il fallait qu’elle attrape tous les Démolosses par l’oreille pour les remettre sur le droit chemin, elle le ferait. Pour Jeanne. Peut-importe si ça lui prenait la vie entière ou si elle devait frapper un dieu dans la face. Il y avait forcément un moyen pour permettre à Jeanne de retrouver sa famille.

C’était décidé. Voilà sa quête. Aider Jeanne à réformer les Démolosses d’Yveltal.

Mimant les gestes de Jeanne, elle positionna la tête de sa bien-aimée sur sa poitrine pour qu’elle puisse entendre son cœur. Caressant doucement son visage pour y sécher les larmes qui coulaient. Elle leva les yeux pour voir Tourmaline dans le même état. La petite Evoli était soutenue par la Cabriolaine dorée. Proto se déforma lentement pour prendre l’aspect d’une couverture et s’enrouler légèrement autour de la guerrière en larmes. Jeanne avait besoin de sa famille.

« Tourmaline, ma chérie, tout va bien. » Tenta-t-elle de rassurer la petite Evoli paniquée avant de reporter son attention sur la femme dans ses bras. « On va t’aider à retrouver ta famille Jeanne. Peu-importe combien de temps ça prend. » Elle l’embrassa sur le front. « Je t'aime tellement. »

Artémis lui avait dit que pour être Chevalier il fallait être altruiste. Chercher à aider les gens au lieu de chercher la gloire personnelle ou le gain. Elle n’était pas bien sûre de faire un bon Chevalier parce qu’elle aimait l’attention et l’or. Peut-être qu’aider une bande de criminels à ne plus tuer des gens au nom d’un dieu maléfique n’était pas le job d’un Chevalier, peut-être que ce n’était même pas le job d’un Homme. Mais, par tous les dieux, c’était le job qu’elle avait choisi.

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Bloup ! J'espère que ça te va !