Un Homme à la Mer pour chaque Fille Amère |Solo|

Un homme à la mer pour chaque fille amère

solo

Je m’éclipse sous une lune diaphane, appelée. Possédée de mille voix invisibles, je m’avance. La nuit a réclamé son dû, ma raison, s’appropriant mon corps et mes gestes. Sa victime bienheureuse, j’erre pieds nus dans une herbe impossiblement grasse et fraîche. Je frissonne contre la caresse d’une brise marine, me demandant où sont passés l’été et son amie la chaleur. En cette fin du mois d’août je parviens à prétendre une fraîcheur qui ne ferait même pas tiquer un Kuniois mais je suis fille du soleil. À l’orée de l’océan, je suis à la merci des éléments. Un œil en contre-bas m’offre une vue imprenable sur un dessin complexe de récifs d’apparence infinie sous un halo argenté. Les vagues s’y écrasent avec une telle puissance que j’en ressens en mon plus profond le choc brutal. Avec une humilité sans nom, je me pose près de la falaise, observant l’horizon. Je ne me suis pas sentie aussi bien depuis des semaines. Je goûte contre mes lèvres un éclat de sel. Toute cette immensité m’effraie, je crois que je ne m’y ferais jamais. Mais cet instant en terre inconnu, je le savoure dans toute sa splendeur. Un moment que je chérirai à mes heures indécises, me dis-je, sans me douter qu’elles viendront peut-être plus tôt que prévu.

Le son de pas feutrés contre l’herbe me tire un sursaut. Une silhouette presque féline se dresse dans l’éclat lunaire. Je ne vois de lui qu’une ombre chargée de deux billes d’un ambre profond. Il me scrute avec une douceur qui me fait détourner les yeux en direction de l’horizon. Égoïste, j’aurais conservé la nuit pour moi seule, mais il a décidé de troubler ma quiétude. Avec lui viennent nécessairement les doutes et la rancœur. Idriss se pose à mes côtés sans y être invité.

«Je ne croyais plus que tu avais ça en toi, Aryël.»

«Quoi?»

J’ai répondu si promptement, d’un ton qui se voulait sec mais qui même à moi-même m’apparaît faible, plaintif. Un ton qui au final semble l’amuser plutôt que l’inverse. Un sourire provocateur se dessine contre ses lèvres, comme il le faisait si souvent à une autre époque. J’étais sa victime de choix, son bienheureux souffre-douleur. Il faut dire que je lui rendais la pareille. Une sorte de saine rivalité nous animait alors. Jusqu’à ce que de fil en aiguille notre lien ne se tisse, un lien d’amitié brutalement déchiré par son départ.

«Eh bien le goût de l’aventure.»

Je ne réponds pas. Je me contente d’observer les vagues grises en contre-bas et leur tempête d’écume, malgré tout affectée par cette pique rieuse. Je n’ai rien perdu de ce besoin profond de liberté, celui qu’il a toujours compris voire encouragé en moi. Encore maintenant il est ici pour alimenter l’aspect le plus sauvage de moi-même, ce feu qui brûle. Je n’ai aucun désir de laisser l’incendie de me consumer, même si ses paroles attisent les braises encore fumantes.

«Il fallait que ce soit dans un moment de faiblesse que je parvienne à te coincer, Aryël. Tu as tout orchestré de manière à éviter de me confronter seule à seul mais cette fois, je te tiens.»

Dans son sourire, toujours cette légèreté. Je le toise cette fois, me perdant dans ses iris désinvoltes. Comment peut-il en rire ? Ma souffrance ne fait aucun doute et devant elle il s’adoucit pour devenir plus sérieux. Encore une fois, je constate à quel point il a changé. Il est plus sensible à mes émotions désormais.

«Plus sérieusement… j’ai besoin de te parler Ary. Je sais que je ne suis pas ta personne préféré du moment mais voilà deux mois maintenant que je suis revenu et… j’ai besoin de réponses.»

Je soupire, coincée. Qu’attend-il de moi?

Oh? Un Pokémon !

Un Homme à la Mer pour chaque Fille Amère |Solo| 120

Stari ♂
Niveau 32
Foufou - Medic NatureAu loin, à la surface de l'eau, vous apercevez quelque chose qui brille. Une étrange lueur rouge orangée apparaît, puis quelques bulles. Mais quel est donc ce maléfice ?! ... Ah non il s'agit juste d'un Stari un peu trop excité.

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'K - Côtes Marines' :
Un Homme à la Mer pour chaque Fille Amère |Solo| 120

Un homme à la mer pour chaque fille amère

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Des réponses à quoi de toute manière ? Je considère que nous avons tout dit lors de notre première conversation sous ma tente, lors du Grand Conseil. Est-ce possible que l’homme à la peau sombre nous accompagne déjà depuis deux mois ? Depuis, Nadim me semble plus détendu, plus sûr de lui. Oncle et neveu sont inséparables, toujours à talonner l’autre, se perdant dans d’interminables conversations que l’on ne peut interrompre. Je suis heureuse de ma décision de conserver l’ex-exilé à mes côtés, où je peux garder un œil sur lui tout en mettant à profit une part de ses talents. Si son retour a suscité beaucoup de résistance, particulièrement parmi les proches d’Elyes et du conseil, tous se sont rapidement réchauffé à son contact et son charisme naturel. D’autant plus que sa conduite a été irréprochable jusqu’à présent. Idriss prend l’éducation de son neveu avec un grand sérieux (bien que je trouve que parfois il lui apprenne des choses qui ne devraient pas être de son âge) et semble grandement apprécier le petit. Le soir, il sort de l’enceinte du château, suivi par des gardes. Il n’a jamais tenté de fuir. Au contraire, il se contente de visiter Chevropolis en discutant doucement avec les gardes et les passants.

«Tu sais ce que Nadim m’a dit?»

Je sursaute quand sa voix perce mes silences et rêveries. Il scrute mon visage avec une intensité que je fuis en jetant mon dévolu vers la mer, où j’aperçois au loin un Stari qui semble s’amuser sur les vagues.

«Non, quoi?»

«Il m’a demandé d’être ton ami. Quand je lui ai demandé pourquoi, il a dit que tu étais vraiment seule. Est-ce que c’est vrai?»

Je me retourne vivement, surprise par ses mots. J’ai du mal à croire que Nadim aurait pu dire une chose pareille.

«Franchement ! Je suis toujours entourée !»

«Oh tu sais, il y a manière d’être dans une salle pleine de gens et pourtant être parfaitement seul.»

Ses mots résonnent en moi. Je baisse les yeux, serrant les poings contre mes cuisses. Ma réaction me dévoile, dévoile une part de solitude que je ressens depuis longtemps, depuis la mort d’Elyes.

«Depuis qu’Elyes… Ce n’est juste plus pareil. Puis Joaren… Des nombreux amis sont partis. Je… Oui, on peut dire que je suis seule. Mais j’ai Nadim. C’est tout ce qui m’importe.»

«Mais Nadim est un grand garçon, pratiquement un adolescent. Bientôt, il te quittera pour poursuivre ses rêves. Tu ne peux pas… continuer ainsi. À porter tout sur tes épaules, toute seule.»

Je me redresse d’un bond. La colère pulse à mes tempes.

«Alors tu crois quoi, Idriss? Que tu peux revenir dans ma vie comme ça, te prétendre un vieux sage et me dire que ma vie est bien triste, m’offrir des conseils débiles pour mieux te sentir dans ta peau ? C’était ton objectif en venant me voir ce soir ? Me manipuler avec les mots de Nadim pour mieux obtenir ma confiance avant de me trahir à nouveau ?»

«Non… NON ! Je suis venu pour te proposer mon amitié, Aryël. Tu… tu es une vraie tête de mule ! J’essaie de te faire comprendre depuis des semaines que je suis là pour toi, que je ne vais pas repartir. J’ai été patient, je t’ai laissé du temps pour apprivoiser l’idée de mon retour. Mais tu es trop bornée pour voir que je suis bien intentionné et que j’ai envie de… Je veux juste… Que ce soit comme avant.»

Oh? Un Pokémon !

Un Homme à la Mer pour chaque Fille Amère |Solo| Opermi10

Opermine ♂
Niveau 30
Malpoli - SniperCette étrange bizarre, s'appelant Opermine semble s'embrouiller avec ... son autre main. Très étrange. Ne vous faites pas repérer, elles risquerez de s'allier contre vous. Et personne ne veut être dans le collimateur de deux mains avec des yeux.

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'K - Côtes Marines' :

Un homme à la mer pour chaque fille amère

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Comme avant ? Comment serait-ce possible ? Nous nous jugeons du regard. Je peux sentir sa confusion, sa prudence, mais aussi sa blessure. Elle prend écho en la mienne, pulse dans mes veines. Je me demande pourquoi il s’est lancé dans cette quête vers mon estime, pourquoi je continue d’espérer que toutes ces émotions en moi ne s’estompent pour ne laisser que ce qui nous caractérisait à une époque : une réelle complicité. J’avais en lui un confident, une oreille active, quelqu’un pour me pousser hors de ma zone de confort qui accueillait aussi mes vulnérabilités. Un rival aussi, à bien des égards. Une relation complexe, fondée sur des années de proximité, à partager son univers et lui le mien. Comment peut-il espérer revenir en arrière quand tant s’est produit depuis ? Il l’a dit lui-même, j’ai changé. Lui aussi à n’en pas douter. Qui est-il désormais ? Je patauge entre un sentiment de familier qui tranche avec cette impression d’éloignement. Je me suis mise à trembler, espérant être plus forte, de ne pas me laisser affecter. Des départs, il y en aura d’autres après lui, ils font partie de la vie. Mais pas comme lui, pas dans la trahison. Ou peut-être que si. Je ne sais pas.

«Tu as été patient ? Eh bien bravo, je devrais te remercier franchement. N’oublie pas ta place ! Tu es prisonnier ici, tu fais ce que je te demande ! Je ne suis pas ton amie !»

«Excuse-moi ?!»

Il s’est rapproché, presque à une distance mesurable en centimètres de mon visage. La colère règne dans ses yeux, une colère comme je ne lui ai jamais vue dirigée envers moi. Je sais que je suis allée trop loin. Je sais que j’ai parlé trop vite, sans même le penser. Qu’en voulant l’éloigner, j’ai déclenché quelque chose que je ne suis pas certaine de parvenir à arrêter.

«Tu m’as dit que je serais toujours libre Aryël ! Ce sont TES mots ! C’est donc ce que je suis pour toi ? Un vulgaire trophée ?! De quoi as-tu peur, Arceus? Dis-moi, tu as peur de moi Ary? Tu as peur?»

Il s’est rapproché d’une démarche qui se veut intimidante. Ses yeux qui lancent des éclairs. Ses yeux qui appellent à l’aide. Et sous eux, un cœur que j’ai blessé. Mes mains se referment contre ses bras pour stopper sa progression vers moi. Mon contact semble un peu l’apaiser, mais sa poitrine se soulève encore de fureur.

«Je n’ai pas peur de toi. Je n’aurais jamais laissé Nadim t’approcher si c’était le cas.»

Mon ton est beaucoup plus doux. Il s’est arrêté. Se calme. Il ne me ferait jamais de mal de toute manière. Cette idée, au moins, m’est une évidence. Il a encore besoin de tester, comme de nombreuses relations dans sa vie. Sauf que cette fois, je lui ai donné une bonne raison de le faire. Il y a eu de nombreux instants comme celui-ci dans notre histoire. Des moments où il se perdait dans les ténèbres de doute. Qu’il se fermait, qu’il remettait tout en doute, même l’immuable, même le ciel bleu au-dessus de lui. Aujourd’hui, il s’apaise bien plus rapidement qu’il l’aurait fait avant. Il reste silencieux, à mesurer ses réflexions, me laissant en proie de sentiments contradictoires. Nous n’avons pas la chance de poursuivre notre discussion. Dans l’herbe près de nous, j’ai entendu un son qui me fait sursauter. Un Opermine s’est hissé près de nous et, nous remarquant, nous menace de ses mains, se rapprochant dangereusement. Les nerfs à fleur de peau, je réagis promptement en lançant à l’assaut Alyn, mon Bastiodon. Le dinosaure apparaît dans l’herbe, somnolent, mais rapidement réveillé par la bête qui nous fait face. Le Pokémon nous menace tout d’abord d’un Poliroche qui augmentera considérablement sa vitesse par rapport à mon compagnon.

«Je vais nous en débarrasser, ne t’inquiètes pas.»

«Ary…»

Ce n’est pas le moment. Je ferme les yeux et me concentre, alors que l’Opermine lance le premier assaut, un Coup d’Boue qui s’abat contre le visage-bouclier de mon compagnon. Alyn proteste et gronde : l’attaque aura été très efficace compte tenu de son type. Il va falloir nous débarrasser rapidement de cette chose avant qu’elle ne nous cause d’autres ennuis. Heureusement, le Bastiodon reprend rapidement ses esprits, quand le Pokémon natif l’agrippe férocement de ses mains, enfonçant ses griffes dans sa patte avant. Cherchant à se protéger, mon allié utilise un Mur de Fer pour repousser l’assaillant plus loin. Il riposte ensuite avec une pluie de pierres, son pouvoir antique. Malheureusement, cette attaque est loin d’être sa plus puissante, mais au moins elle tient son adversaire à distance pour le moment. Celui-ci s’est relevé, visiblement mécontent, siffle et fulmine devant Alyn qui le menace d’un Strido-Son, un bruit qui nous fait plaquer les mains contre les oreilles à Idriss et moi. Déboussolé, l’autre est vulnérable à ses attaques ! Le Bastiodon profite de l’ouverture pour utiliser une nouvelle fois Pouvoir Antique. Le Pokémon sauvage faiblit, ça ne fait aucun doute.

«Éloigne-moi cette petite brute, Alyn !»

D’un bond étonnamment agile pour une bête aussi lourde, mon compagnon s’élance avec un enthousiasme non dissimulé. Contrairement à Lusaline, le Bastiodon apprécie beaucoup combattre et le fait volontiers pour assurer ma sécurité. Son Bélier renverse l’Opermine et l’expédie loin, loin en contrebas. En me penchant sur la falaise, je ne le vois même plus.

«Bon travail Alyn. Je suis désolée de t’avoir réveillé.»

Je le récompense d’une caresse qui le fait presque ronronner. Le dinosaure se couche dans l’herbe, fermant les yeux pour un repos bien mérité. Le silence s’abat sur la falaise. Même la mer semble avoir retenu son souffle.

Au combat !

Voilà ce qu'il se passe quand on se frotte de trop près à Aryël ... et puis, qui veut se faire attraper par un Opermine. Beurk.
Ce combat te fait remporter 5 écus !

Oh? Un Pokémon !

Azurill ♂
Niveau 35
Jovial - Coloforce

Opermine ∅
Niveau 31
Lâche - Griffe Dure

Après l'effort, le réconfort et quoi de mieux qu'un mignon petit Azurill qui s'approche de vous en sautillant joyeusement sur sa queue. Pendant ce temps, un second Opermine croise votre regard et décide de se cacher. Ne voulant pas subir le même sort que son prédécesseur.

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'K - Côtes Marines' :
Un Homme à la Mer pour chaque Fille Amère |Solo| Sprite_298_DP

Un homme à la mer pour chaque fille amère

solo

Je ne veux pas crier. Je ne veux pas avoir cette conversation. Sentir ma gorge qui me pique. Mes yeux trop humides ou trop secs. Je regarde vers le ciel avec l’ambition de m’y perdre, d’y prendre mon envol, de fuir loin, loin, loin, de tout ce qui empèse mon cœur. Sauf qu’une ombre me retient sur place, silhouette bercée d’un faisceau de lune. Je frissonne dans la fuite de son regard, celui là qui me transperce, qui attend des réponses que je ne saurais lui offrir. Car je ne sais pas moi-même. Pourquoi ai-je décidé de l’accepter à nouveau parmi nos rangs ? D’en faire un Ranin, sans être citoyen ? Pourquoi ai-je fait de lui un étranger ? Pourquoi surtout le maintenir dans ce statut quo ? Je l’ignore. Il est des décisions que d’éructe sans les avoir mûrement réfléchies. Il fait peut-être partie des trop nombreuses erreurs sur mon parcours. Pourtant rien ne me semble plus approprié que sa présence parmi nous, malgré mes réticences, malgré mon envie de me fondre dans ce ciel où règne une lune impératrice et ses alliés les étoiles. À son approche je frissonne.

«Ne prétends pas me connaître, Idriss. J’ai changé. Tu veux probablement mon bien, mais tes conseils me font croire qu’au final, tu n’as aucune confiance en mon jugement. Tu as le droit de douter, mais ne prétends pas avoir bonne intention quand tu insinues que ma vie solitaire et triste.»

«Ce n’est pas… ce n’est pas du tout ce que j’essaies de faire, Ary. Juste d’être honnête. J’ai constaté des choses depuis mon arrivée, je les communique.»

«Ce n’est pas ta place. Tu as peut-être oublié que nous ne sommes plus amis. Pas depuis que tu es parti…»

Ma voix se brise sur ce dernier mot. Je me détourne pour qu’il évite de voir que son départ m’a autant affecté. Il soupire. Il sait. La brise nous enferme de ses bras glacés.

«D’accord. Tu as raison. Je devrais me mêler de ce qui me regarde. Tu es maître de ta destinée. Mais tu connais ma grande gueule. Il est possible que je te froisse de nouveau car je ne peux pas me retenir quand je te vois t’obstiner comme un Tiboudet sur certaines choses. Je suis moi aussi. Tu le savais quand tu as accepté mon retour.»

«Je veux bien. Mais ça ne te permet pas de tout dire et de faire la paon. Ne joue pas aux protecteurs avec moi, Idriss. Tu as plus de respect pour moi que cela je crois.»

«Entendu. De toute manière, tu me botterais les fesses alors je vais m’abstenir. Par contre, tu vas faire quelque chose pour moi.»

Il s’approche et me prend le bras pour que je me retourne vers lui.

«Tu m’en veux encore, c’est évident et sincèrement, je ne peux guère t’en vouloir. Je te demande juste de me donner ma chance, pour de vrai. Moi, je tâcherai de ne pas brûler des étapes avec toi. Je pense que c’est un marché satisfaisant.»

Je cherche une pointe d’humour sur son visage, un sursaut d’un sourcil ou d’une lèvre. Mais il ne cille pas devant mon inspection minutieuse de son visage. Au contraire. Je n’ai pas encore le courage de lui répondre, en conflit contre moi-même et habitée d’un profond sentiment de culpabilité. Je ne sais pas de qui moi ou lui je trahis par mon silence. Peut-être un peu des deux. Dans tous les cas, mes réflexions sont interrompues à l’arrivée d’un petit être tout à fait charmant, rebondissant sous les rayons de l’astre de la nuit. Je n’ai jamais vu de tel Pokémon auparavant, ainsi je me penche pour l’admirer. Il a l’air d’excellente humeur, acceptant tout de suite mes caresses prudentes. Je ne voulais pas l’effrayer mais on dirait qu’il me fait totalement confiance. Mon cœur fond : on dirait tout de même une espèce de bébé ou une forme plus faible au niveau évolutif. Ce qui ne l’empêche pas de dégager une sorte de volontariat. Il n’a clairement pas froid aux yeux, pas comme moi en ce moment. Je trouve tout à fait particulier qu’il m’apparaisse exactement à ce moment, comme un signe du ciel.

«Ce Pokémon n’a pas peur des autres on dirait. Il ne craint pas que je m’approche ou même que je le touche.»

Je lui offre une énième gratouille derrière les oreilles, ce qui le fait presque ronronner de plaisir. Il se hisse sur mes genoux avec tant de naturel, comme si nous avions fait cela toute notre vie.

«Je pense que c’était notre destinée ce soir de nous rencontrer, petit bonhomme. Que dirais-tu de repartir avec moi ?»

Un peu prompt comme proposition peut-être. Sauf qu’en voyant le regard de la souris, je devine qu’elle a parfaitement compris.

Capture réussie !

Oh que c'est chouquinou ! En plus Azurill c'est genre LE pokemon trop cute <3 Bravo pour la capture, comme quoi le destin fait bien les choses.

Un homme à la mer pour chaque fille amère

solo

Ici, je ne crois pas que l’enjeu est la confiance que je peux porter ou non envers Idriss. Plutôt celle que j’octroie en mon propre jugement. Mes conseillers m’ont régulièrement amené à douter de mes propres décisions, me forçant à des nuances que je ne croyais pas pouvoir atteindre. Dans d’autres circonstances et sans cet apprentissage intrinsèque et sournois, j’aurais probablement été ravie de retrouver Idriss. Sauf que maintenant mon cœur est plus prudent et mesure bien ce que son retour implique pour moi. Les émotions que j’ai ressenties lors de sa trahison ne se sont pas totalement dissipées. À présent, il importe que je prenne une décision éclairée et que je me fasse confiance sur ce point. Et en voyant l’Azurill, si petit et pourtant si déterminé à obtenir ce qu’il désire, je suis inspirée à en faire autant. La balle que je lui présente n’est pas seulement un gage d’amitié, c’est aussi un pas en avant vers une nouvelle Aryël, une plus mûre peut-être. Le petit n’hésite pas un seul instant en poussant l’épais bouton de la Captis Ball. Lorsqu’il y disparaît, il n’y a plus que le silence entre nous deux. Un silence de triomphe. Je me redresse avec plus d’assurance. Et sous le couvert d’un ciel piqué d’étoiles, je me glisse dans les bras de mon ami, le cœur encore lourd de nombreuses misères, mais aussi vibrant d’un espoir que je croyais oublié à jamais.

Je sens son corps se crisper au contact du mien, puis frémir, comme s’il avait oublié le goût particulier de mes étreintes. Ses épaules s’affaissent alors que ses bras se referment contre moi, d’une manière prudente, comme s’il craignait de me brusquer. Je blottis ma tête contre son cou.

«Je ne te ferai pas promettre, Idriss. Mais s’il te plaît, ne me refais plus jamais ce coup-là.»

«Je vais essayer, Aryël.»

Sa voix est douce, presque un murmure. Il s’éloigne pour me regarder, avec un petit sourire gêné.

«Je ne m’habituerai jamais à tes effusions d’affection, Ary.»

«Tant pis pour toi.»

Je lui tire la langue de manière puérile. J’ai encore mal, j’aurai mal encore demain. Mais de le retrouver m’apporte plus de bien que l’inverse. Peut-être que je fais une erreur. Seul l’avenir me le dira. Je souris avant de prendre le chemin vers ma tente, préférant laisser les choses ainsi pour ce soir. Sauf que sa main vient cueillir mon bras pour me retenir. Ses gestes sont hésitants, son regard un peu troublé. Il se recule avant de sortir de son sac un objet que je reconnais aussitôt. L’éclat de la lune offre un éclat argenté à l’œuf d’un jaune prononcé.

«Tu as un nouveau Pokémon aujourd’hui mais… que dirais-tu d’un autre ? J’ai acheté cet Œuf à Mido sur notre route, p-pour toi, parce que ce Pokémon me fait vraiment penser à toi, et à ce que tu représentes pour Ran et… et pour moi. C’est un Œuf de Wattouat. Je voudrais que tu l’ailles, si tu veux bien.»

Mon regard se pose sur la coquille lisse, que je viens effleurer des doigts. Puis vers Idriss. Je ne sais pas ce que cette comparaison veut dire, mais j’accepte son cadeau. M’emparant délicatement de l’œuf, j’offre un sourire à Idriss avant de retourner à ma tente, l’esprit un peu plus léger. Idriss reste longtemps près de la falaise après mon départ. Pour ma part, je sombre dans un profond sommeil, gardant l’œuf près de mon cœur.

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